Publié le 10 Novembre 2009
Don Pasquale (Donizetti)
Représentation du 09 novembre 2009
Version de concert
Théâtre des Champs Elysées
Don Pasquale Nicola Alaimo, Norina Laura Giordano, Malatesta Mario Cassi
Ernesto Juan Francisco Gatell Abre, Le notaire Luca D'All Amico
Orchestre Giovanile Luigi Boccherini, Coro del Teatro de Piacenza
Direction musicale Riccardo Muti
Il y a encore quelques semaines, l'Opéra Bastille reprenait l'Elixir d'Amour de Donizetti avec deux distributions en alternance.
Charles Castronovo s'y était illustré par une interprétation entière du personnage de Nemorino, seul point remarquable si l'on faisait la comparaison avec le duo Netrebko/Filianoti, dont les gesticulations excessives ne firent que grimer l'ouvrage en une comédie superficielle.
Nous voici donc au Théâtre des Champs Elysées avec de jeunes artistes italiens soutenus par Riccardo Muti, ne bénéficiant d'aucune image médiatique, et ayant travaillé longuement ensemble leur vision de ce livret.
Il en résulte un tout cohérent par la justesse des rapports entre les personnages, de l'humour et du coeur, un véritable transport dans un univers qui chante l'Italie par sa seule incarnation physique, sans besoin de décor ou de costumes spécifiques.
Et si l'on se focalise sur des critères purement belcantistes, il nous est donné d'entendre Laura Giordano (Norina) virtuose et très homogène avec un timbre légèrement durci, d'être capté par les couleurs franches de Mario Cassi (Malatesta) et par tant de souplesse et de lumière dans "Bella siccome un angelo", ou bien d'apprécier un Nicola Alaimo qui ne vulgarise pas à outrance Don Pasquale.
Ténor léger et clair, Juan Francisco Gatell Abre doit tout de même se battre avec les souvenirs de Pavarotti raflant tous les solo des opéras de Donizetti - una Furtiva Lacrima (L'Elixir d‘Amour) - Tombe degli avi mei …(Lucia di Lammermoor) - et dans Don Pasquale, Com’e gentil.
La densité de l'action ne perd jamais en force, mais dès l'instant où Norina laisse tomber sa fausse timidité pour recouvrir le visage d'une mégère insupportable, l'effet de surprise du vieil oncle se métamorphose en un quatuor saisissant, l'action s'arrête, et du même coup tout est suspendu. Cette façon de faire intervenir un tel ensemble plein de grâce nous ramène dans le monde de Mozart, mais aussi laisse deviner le futur quatuor que Verdi composera dans Rigoletto, "Bella figlia dell'amore".
Comme à son habitude, Riccardo Muti stylise sans casser la dynamique stimulante, obtient une belle maîtrise des instruments solo, telle la trompette liée à Povero Ernesto, bien que subsiste une petite distance entre lui et les chanteurs.