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Publié le 26 Août 2008

West-Eastern Divan Orchestra

Concert du 25 août 2008 à la salle Pleyel

Variations op. 31, de Schoenberg

Ier acte de la Walkyrie

Siegmund Simon O'Neill   Sieglinde Waltraud Meier    Hunding René Pape

Direction Daniel Barenboim

Nul doute que les variations de Schoenberg n’étaient pas le clou de la soirée, pourtant force est de constater que cette musique est réellement inspiratrice tant elle donne le sentiment de décrire une action complexe faite d’intenses séquences, un peu à la manière des films d’Hitchcock, et d’ambiances plus frivoles, flûte et clarinette souplement libérées.

Waltraud Meier (Sieglinde)

Waltraud Meier (Sieglinde)

Très intéressante ouverture de la Walkyrie, tendue et plutôt sèche, qui s’ouvre sur un univers où les multiples ondes orchestrales s’entrelacent admirablement sous la direction efficace de Daniel Barenboim mais tout en laissant les cuivres à des éclats un peu plus pâles.

 

L’ impressionnant Hunding de René Pape emplit la salle entière en toute facilité, et le valeureux Siegmund de Simon O’Neill, voix bien dirigée, très claire et souple, donne un côté saillant plus proche du guerrier héroïque que de l’amoureux romantique.

 

Et en toute évidence, Waltraud Meier est toujours aussi épatante, crédible même en version concert, passant de la résignation au ravissement extatique d’une manière belle à pleurer car rien ne trahit la moindre faiblesse après tant d’années d’engagement scénique. Ces moments là comptent, et nous le savons.

 

Après ce premier concert parisien de la saison, parisien mais pas avec la superficialité de certains concerts qu’il est parfois vital de fuir, Daniel Barenboim profite de la fin de la tournée estivale du West-Eastern Divan Orchestra pour rappeler que c’est aujourd’hui l'un des rares cadres qui permette à ces musiciens du Moyen Orient de se rencontrer, politiquement inacceptable dans cette région.

Le West-Eastern Divan Orchestra, Simon O'Neill, Daniel Barenboim, Waltraud Meier

Le West-Eastern Divan Orchestra, Simon O'Neill, Daniel Barenboim, Waltraud Meier

Mais qui peut croire aujourd’hui que la politique est l’art d’améliorer le cadre de vie des peuples de manière équitable, et qui peut croire réellement que les citoyens des sociétés occidentales ont sincèrement cette motivation?

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Publié le 20 Mai 2008

Violetta Urmana (Salle Pleyel)
Récital du 20 mai 2008

Richard Wagner  Wesendonck-Lieder
Sergueï Rachmaninov Kak mne bol’no, Vocalise, Dissonans, Zdes’ khorosho, Vesennije vodv
Richard Strauss  Frühlinsgedränge, Wasserrose, Wir beide wollen springen, Belfreit, Zueignung, Mit deinen blauen Augen, Schlechtes Wetter
Giacomo Puccini  Vissi d’Arte
Amilcare Ponchielli Suicidio
Giuseppe Verdi Pace, Pace

En voilà une découverte ! La soprano lituanienne possède des moyens qui lui permettraient de réussir un long vol dans les grands rôles italiens sans trop se poser de questions.

Et bien elle est venue ce soir montrer l’étendue de son répertoire et de ses affinités avant d’incarner Lady Macbeth à Bastille.

Violetta Urmana

Violetta Urmana

Car son timbre un brin acide suggère comme une sorte de lucidité, une émotion maîtrisée adéquate aux mélodies du XXième siècle, les aigus sidérants d’aplomb ne l’entravant même pas lorsqu’il faut aller chercher les graves les plus sombres du « Suicidio ».

Violon de Poulenc, Cäcilie de Strauss, Coplas de Curro Dulce d'Obradors et une chanson folklorique lituanienne en bis généreux, rares aujourd’hui sont les chanteuses capables d’offrir de telles étendues musicales (et l’on repense à Julia Varady).

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Publié le 6 Février 2008

Lohengrin (Richard Wagner)
Version concert du 05 février 2008 (Salle Pleyel)


Lohengrin Klaus Florian Vogt         Elsa Anne Schwanewilms
Telramund Eike Wilm Schulte         Ortrud Marianne Cornetti

Orchestre Philharmonique de la Radio Néerlandaise
Choeur de la Radio Néerlandaise

Direction musicale Jaap van Zweden

Klaus Florian Vogt (Lohengrin), Anne Schwanewilms (Elsa), Marianne Cornetti (Ortrude)

Klaus Florian Vogt (Lohengrin), Anne Schwanewilms (Elsa), Marianne Cornetti (Ortrude)

« Quel noble prodige vois-je là ? Suis-je sous l’effet d’un charme magique ? » .
Entendre le chœur exprimer ces louanges, après que Klaus Florian Vogt ait achevé sa déclaration à Elsa, soulève une émotion profonde tant la voix laisse rêveur.

La clarté inhabituelle, l’ampleur avec laquelle elle envahit tout l’espace, et la puissance qu’elle dégage, lèvent les derniers doutes que pouvaient entretenir la connaissance de ce phénomène vocal uniquement à travers le DVD ( le Lohengrin mis en scène par Nikolaus Lehnhoff  à Baden Baden par exemple ).

Et puis il y a ce petit côté « prince charmant », assez insolite chez les ténors wagnériens, qui aurait pu faire de ce chanteur exceptionnel l’unique attrait de la soirée.

Il y en eut bien d’autres.
Avec des signes d’usure dans le médium et pourtant des aigus saillants et suaves à la fois,  Anne Schwanewilms  crée des ambiguïtés dans son personnage. Elle trouve ainsi une unité réelle au IIIième acte quand éclate la confrontation avec Lohengrin, un moment intense où l’artiste se révèle tragédienne et peut faire penser à la Desdemone de Verdi.

Anne Schwanewilms (Elsa)

Anne Schwanewilms (Elsa)

Mais il y eut encore plus fort pendant le cortège nuptial du deuxième acte. Jaap van Zweden empoigne la pâte très homogène de son orchestre, et, dans une fusion totale avec le chœur, réussit à former des pulsations poignantes qui prédisposent le cœur d’une manière que l’on voudrait infinie.

C’est d’ailleurs cette densité qui frappe, et qui se révèle très efficace, alors que le prélude semblait manquer d’ondes célestes.
 

Si Eike Wilm Schulte campe un Telramund, noble, presque respectable, Marianne Cornetti brille d’un très beau caractère.
Son incarnation d’Ortrud ne connaît aucune limite sonore, et libère une énergie folle assortie d’attaques implacables.

Cette soirée inoubliable avait tout de même un prix : le retour à pied chez soi en l’absence de tout transport en commun.
En somme, une occasion comme une autre de redécouvrir l’ouest parisien de nuit.

                                                                                     Marianne Cornetti (Ortrud)

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Publié le 23 Novembre 2007

Karita Mattila et l'Orchestre de Paris

Concert du 22 novembre 2007 (Salle Pleyel)
 
Strauss : Capriccio – sextuor à Cordes
Roland Daugareil et Eiichi Chijiiwa violons – Ana Bela Chaves et David Gaillard altos – Emmanuel Gaugué et François Michel violoncelles
Mozart : Quintette pour piano, hautbois, clarinette, cor et basson, K 452
Alexandre Gattet hautbois – Philippe Berrod clarinette – Giorgio Mandolesi basson – André Cazalet cor
Strauss : Salomé – Danse du voile et Scène Finale.
 
Direction et piano Christoph Eschenbach
Soprano Karita Mattila
 
Toujours immergée dans une tension sociale orageuse, la Capitale abrite heureusement des petits îlots de sérénité parfois là où nous ne l’attendons pas.
Au cours de la première partie de programme, conçue pour amener l’auditeur à retrouver les lumières de son intimité, l’espace réduit dédié aux solistes est l’unique point de focalisation des éclairages chaleureux, que chacun, depuis sa pénombre, peut vivre comme un doux feu d’hiver.
C’est donc de cette douceur que le sextuor à cordes d’ouverture de Capriccio, puis la quintette de Mozart, viennent nous bercer. Le Larghetto déborde de sensualité.
Seulement, tout ce climat s’évanouit devant l’arrivée en premier lieu symbolique de Salomé. En entamant la Danse du Voile, Christoph Eschenbach et l’Orchestre de Paris entreprennent de façonner une jeune femme gorgée de charmes voluptueux, puis à la métamorphoser en un être bien plus violent. Et cette image évolutive de la fille d’Hérodiade se forme uniquement par une interprétation musicale pleine de patience et fort réussie.
Il ne manque donc plus qu’une vision en chair et en os. Karita Mattila s’offre une entrée de Star, et achève le portrait de Salomé en concentrant toute la laideur du personnage sur son visage.
  Karita Mattila
Timbre irrésistible d’homogénéïté et de vigueur, l’envoûtement est total.
Mais que cette apparition a paru bien courte!

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Publié le 22 Octobre 2007

Jennifer Larmore à la Salle Pleyel

Concert du 21 octobre 2007
 
Vivaldi
Concerti RV 116 et RV 11
Orlando Furioso : "Alza in quelgli occhi", "Vorresti amor da me", "Cosi potessi anchio"
Rossini
L'Italienne à Alger : Ouverture, "Per lui che adoro", "Cruda Sorte"
Le Barbier de Séville : Ouverture, "Una voce poco fa".
Mendelssohn
Symphonie n°4
 
Orchestre de chambre de Bâle.
Direction David Sterne
 
Résumons la situation : en 1998, Jennifer Larmore déboule à l'Opéra Garnier avec une Italienne à Alger séduisante et une noirceur de timbre bien typée.
Mais très vite les enregistrements qu'elle réalise montrent une tendance nette à un engorgement prononcé. Puis ses apparitions au Théâtre des Champs Elysées révèlent une chanteuse peu à l'aise et une opulence physique qui s'accroit. Son cas est plié.
Pourtant l'année dernière j'entend parler d'un récital extraordinaire et il s'agit donc aujourd'hui d'aller constater par soi même.
C'est un choc lorsque survient par la gauche de la scène une femme élégante et déterminée défilant comme à une présentation de mode, longue robe noire fendue et un sourire terriblement accrocheur.
Si les deux premiers airs de l'Orlando Furioso se noyent un peu dans l'acoustique de la salle, la sensibilité avec laquelle la chanteuse interprète "Cosi potessi anchio" amorce sa prise de contact avec l'auditoire. Et l'on comprend ce qu'il va se passer lorsque Isabella puis Rosina deviennent pour elle prétexte à un show débordant d'impertinence. Elle use toujours de ses graves empruntés à Marilyn Horne mais elle joue maintenant avec l'agilité soutenue exigée dans la tessiture aigüe des deux héroïnes et se met elle même en scène sans aucune retenue avec une souplesse de corps retrouvée. Bien sûr, elle ne se risque pas à toutes les fantaisies de coloratures possibles avec Rosine. 
 
Alors dans ces conditions ce concert prend une nouvelle dimension, une démonstration d'une prise en main de soi totale. Jennifer Larmore avait la capacité et une volonté qu'elle s'est appliquée à elle même. Ce genre d'image est inestimable.

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Publié le 5 Septembre 2007

La Damnation de Faust (Berlioz)

Concert du 04 septembre 2007 à la salle Pleyel
 
Faust   Marcello Giordani
Marguerite    Yvonne Naef
Méphistophélès    José Van Dam
 
Tanglewood Festival Chorus
Chef de Chœur John Oliver
 
Boston Symphony Orchestra
Direction James Levine
 
Le BSO et les chœurs ont brillamment ouvert la nouvelle saison lyrique parisienne.
Il se dégage ainsi une luxuriance symphonique, des effets ondulatoires d'une très grande légèreté, et de la réussite dans les passages les plus spectaculaires.
C'est sans doute sur ce dernier point que je préfère James Levine. Car la subtilité n'est pas toujours au rendez-vous, marche hongroise bruyante, cuivres toniques mais trop abrupts et des contrastes limités dans les accords les plus graves de la partition.
 
Côté solistes, Marcello Giordani fait honneur à l'harmonie du chant français jusque dans le haut médium. Au delà, nous souffrons avec lui, cette faiblesse dans les aigus étant connue depuis I Pirata au Châtelet en 2002.
 
 Yvonne Naef se livre régulièrement à de petites désynchronisations dans l'expression du texte, c'est donc plutôt de l'étendue de la voix et de ses couleurs claires qu'il faut profiter.
"D'Amour, l'ardente flamme" reste néanmoins monotone.
 
Sacré José Van dam! Dans une même phrase il s'amuse à varier des graves poitrinés puis des graves retentissants. Ce n'est pas très élégant mais le caractère y est. Au moins l'on peut dire qu'il vit son Mephisto.


Acoustiquement bien mises en valeur, la fulgurance et les nuances du chœur font à elles seules l'âme de cette première soirée vécue pour ma part avec une certaine distance.
    Yvonne Naef (Marguerite)

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Publié le 11 Juillet 2007

La Création (Haydn)

Concert du 22 septembre 2006 (Salle Pleyel)
Version anglaise
 
Sandrine Piau Soprano
Mark Padmore Ténor
Neal Davies Basse
 
Gabieli Consort & Players
 
Direction Paul McCreesh
 
Inspiré des oratorios qu’il avait entendu en Angleterre, Haydn compose le sien en 1798.
Le vieux BurgTheater de la place Saint Michel de Vienne (voir L'Opéra à Vienne) accueille la première exécution publique le 19 mars 1799.
La publication de la partition en 1800 comprend les textes en anglais et en allemand.
 
Les sensations, lors du prélude bien mystérieux, sont aussi émouvantes que surprenantes lorsque l’on découvre la nouvelle acoustique de la salle Pleyel.
La distribution spatiale du son crée un effet d’immersion même aux derniers rangs du second balcon.
L’atmosphère méditative, le foisonnement des motifs n’empêchent pas totalement de s’interroger sur les intentions de la direction de Paul Mc Creesh. Le style léger mais avec peu de profondeur fait de cette création dans l’ensemble un moment bien paisible (à moins qu’un état de fatigue personnelle brouille la perception).
Les trompettes sont excellentes, les cors plus approximatifs.
Les solistes réservent tous de bonnes surprises surtout dans la troisième partie : Neal Davies est une voix de basse non dénuée de clarté, Mark Padmore réussit les passages les plus lyriques et Sandrine Piau, en petite voix ce soir, trouve couleurs et souplesse.
 
La création d’Adam et Eve est un moment extraordinaire de lumière dont les murmures des chœurs soulignent les contrastes .
 
Une soirée qui donne envie de découvrir les interprétations au disque.

 

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