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Publié le 23 Mai 2012

Dmitri Hvorostovsky
Récital du 21 mai 2012
Théâtre du Châtelet
Piano Ivari Ilja

Serge Rachmaninov
Près des portes du saint monastère. Elle est belle comme le jour. Le Lilas. La Résurrection de Lazare

Serge Taneïev
Tout dort. Menuet. Non, ce n'est pas le vent. La route en hiver. Stalactites. Le coeur bat en repos.

Franz Liszt
Oh! Quand je dors. Je ne trouve point la paix. Il m'a été donné de voir sur terre un ange

Piotr Ilitch Tchäikovski
Nous étions assis tous les deux. Nuit. Par cette nuit de lune. Le soleil s'est couché. Dans les jours sombres. A nouveau seul, comme avant                                                                          Dmitri Hvorostovsky

Bis
Duparc Extase. Verdi Credo de Iago


Régulièrement invité à l'Opéra de Paris entre 2003 et 2008 pour incarner de grands personnages issus de la noblesse - le Comte Almaviva, le Comte di Luna, Simon Boccanegra et le Marquis de Posa -, le baryton sibérien à la blanche chevelure léonine se distingue sur scène par sa (trop?) fière allure, et par un art du chant au charme froid et au timbre voilé.

Il en résulte ainsi d'instables variations entre expressions dissoutes et intonations cinglantes.

Dans l'exercice du récital, Dmitri Hvorostovsky devient inévitablement plus présent, et les mélodies principalement russes de ce soir prennent, sous les couleurs sombres et amères de sa voix, l'expression d'un cœur noir et dur sans affectation.

L'écriture étonnamment âpre des quatre romances de Rachmaninov l'amène à des inflexions justes et significatives, et l'on retrouve dans la seconde partie, plus latine même chez Tchaïkovski, son sens du legato doux mais incolore, frappé d'une émission qui peut être très puissante.

Dmitri Hvorostovsky

Dmitri Hvorostovsky

Toute la soirée est vouée à la poésie qui exprime autant l'indicible du sentiment amoureux que son souffle violent, sans que cela n'empêche cependant l'artiste de sortir de son intériorité pour saluer le public entre chaque air d'un sourire franc.
Le geste est sympathique, mais invite aussi à la distance.

Et si le premier bis, l'Extase (Henri Duparc), prolonge l'atmosphère méditative du récital, le second, le Credo de Iago (Giuseppe Verdi), sacrifie un air d'opéra au goût d'une partie du public pour les numéros démonstratifs, le distrayant sans doute de son ennui, même si l'incarnation est au final bien fade.

Au piano, Ivari Ilja aura joué un rôle essentiel dans le dessin d’un relief musical tendu et poignant.

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Publié le 7 Juillet 2008

Don Carlo (Giuseppe Verdi)
Représentation du 06 juillet 2008 à l’Opéra Bastille

Don Carlo (direction Teodor Currentzis) à Bastille

Don Carlo Stefano Secco
Elisabeth Tamar Iveri
Rodrigue Dimitri Hvorostovsky
La princesse Eboli Yvonne Naef
Le roi d’Espagne Philippe II Ferruccio Furlanetto
Le Grand Inquisiteur Mikhael Petrenko
Un frère, Charles Quint Paul Gay
Tebaldo Elisa Cenni

Direction musicale Teodor Currentzis
Mise en scène Graham Vick

Le profond désespoir qui traverse « Don Carlo », les sentiments qui se fracassent aux rôles sociaux malgré la volonté de chaque protagoniste à conduire son destin, pourraient figurer l’âme de toute une vie.

Cette noirceur trouve une illustration parfaite dans l’atmosphère tamisée et les subtils éclairages voulus par Graham Vick.
Et c’est aussi un peu de nostalgie pour ceux qui découvrirent cette mise en scène il y a tout juste dix ans à l’Opéra Bastille.

Les points forts ne manquent pas. Stefano Secco se révèle d’entrée un Don Carlo juvénile, impulsif, volontaire et immature, avec une projection vocale absolument éclatante.

Elisa Cenni (Tebaldo) et Yvonne Naef (Eboli)

Elisa Cenni (Tebaldo) et Yvonne Naef (Eboli)

Cette énergie folle se heurte au vieux lion théâtralement parfait : Ferruccio Furlanetto.

Chaque échange est une confrontation tendue et cette voix puissamment caverneuse fait pâlir légèrement l’Inquisiteur défendu très honorablement par Mikhael Petrenko, bien qu’un peu jeune pour maintenir constamment pareille intensité.

Dans le registre basse, Paul Gay est un moine très bon d'autant plus que situé en fond de scène il lui faut passer un orchestre gonflé à bloc.

 

Tamar Iveri, très touchante dans son duo avec Don Carlo est aussi d’une grande dignité et d’une grande intelligence pour libérer toute sa tension dans un « Tu che le vanità conoscesti del mondo» à la douleur prenante. Ailleurs la recherche de nuances la rend parfois confidentielle.

 

Reprendre le rôle d’Eboli après Dolora Zajick et Olga Borodina n’a également rien d’évident. Alors bien sûr Yvonne Naef n’a peut être pas l’agilité de la première et la sensualité de la seconde, mais l’agressivité et le tempérament (un peu trop outré) sont là.  Tout le chant du haut médium au grave est d’une grande profondeur de souffle, ce qui lui permet même de maintenir très longtemps les piani de la chanson du voile.

 

Tamar Iveri (Elisabeth)

 

 

Seules ses limites dans l’aigu l’obligent à les écourter et les adoucir pour privilégier la musicalité et limiter ses défauts de justesse.

Le duo avec Elisa Cenni (Tebaldo) est par ailleurs d’une grande gaîté.

 

C’est en fait la star du Metropolitan Opera qui aura un peu déçu.

Sans doute Dimitri Hvorostovsky compte t’il trop sur son charme pour limiter au minimum son investissement scénique. La voix porte souvent vers l’arrière, ne s’impose que de manière inégale, et finalement, le chanteur donne l’impression de tout miser sur la scène de la prison, qu’il chante avec une fluidité remarquable.

Stefano Secco (Don Carlo)

Stefano Secco (Don Carlo)

Avec le très jeune Teodor Currentzis (35 ans), Verdi ressuscite avec impertinence et fougue.

D’une gestique vive et ornementale, le chef se laisse porter par le lyrisme de la partition au point de soulever un flot dont émergent de ci de là quelques désynchronisations. Mais ce sont les risques nécessaires pour tenir la fosse dans une vitalité admirable, accélérant avec pertinence et rythmant puissamment les passages spectaculaires.

 

Et puis il y a ces sonorités éclatantes comme dans l’ouverture du dernier acte, où les motifs des cuivres sont considérablement amplifiés pour accroître la tension, ronflant là où les enregistrements ne signalent que des mouvements discrets.

C’est donc avant tout l’expression de la personnalité exubérante de Currentzis qui plaira ou pas.

Cette reprise de la version Milanaise de Don Carlo (1884) inclut une petite surprise musicale : la réintroduction du duo Philippe II / Don Carlo déplorant la mort de Rodrigue.

Ce passage supprimé dés la création de « Don Carlos » à Paris en 1867 est ici restitué en italien bien évidemment, à la fois en clin d’œil à la version parisienne et pour faire revivre l’hommage fort à l’ami des deux hommes.

 

 

Ferruccio Furlanetto (Philippe II)

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