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Publié le 23 Septembre 2017

Beethoven / Bartok – Philharmonique de Radio France
Concert du 22 septembre 2017
Auditorium de la Maison de la Radio

Beethoven (1770-1827)
Grande Fugue, opus 133 (1826)
Cecile Agator et Pascal Oddon (violon), Marc Desmons (Alto) et Jérôme Pinget (violoncelle)

Bartók (1881-1945)
Concerto pour violon n°1 (1907)
Vilde Frang (violon)

Beethoven (1770-1827)
Symphonie n°3 « Héroïque » (1805)

Direction musicale Mikko Franck
Orchestre Philharmonique de Radio France                 
 Musiciens du Philharmonique

Très étrange concert que celui donné à la Maison de la Radio, et qui semble raconter une vie à rebours, en débutant par la gravité de la ‘Grande Fugue’ esquissée par Beethoven trois ans avant sa disparition.

Le quatuor formé de musiciens du Philharmonique s’adonne à une lecture nerveuse et dénuée d’âpreté, à l’image de la jeunesse de ses interprètes, si bien que cette page se trouve poétiquement adoucie, d'autant plus que des reflets des lumières bleutées évoluent lentement tout autour d’eux.

Mikko Franck

Mikko Franck

La seconde pièce musicale, le premier concerto pour violon que composa Bartók en 1907, est une immersion dans un univers plus aérien et optimiste. La violoniste virtuose Vilde Frang, sous le regard bienveillant de Mikko Franck, atteint des points d’extrême délicatesse quand de fines zébrures filent au zénith et nous font ainsi dépasser la conscience du temps.

Et dans la seconde partie, le chef d’orchestre finlandais devient le véritable point vocal d’un ensemble totalement lié à son expressivité immédiate qui se lit sur son visage poupin, et à travers ses gestes qui prolongent les méandres du cœur. Même dans la marche funèbre de la symphonie ‘Héroïque’, les musiciens ne cèdent rien à une tonicité interprétative qui ne recherche aucun effet de pesanteur et fait la part belle aux beaux effets de volumes riches en couleurs. Splendide joueur de timbales, vibrant et stimulant.

Musiciens du Philharmonique de Radio France

Musiciens du Philharmonique de Radio France

Suivre Mikko Franck, qui extériorise autant la douleur, la peine que la bonté et l’emphase, est un bonheur en soi qui s’ajoute à la présence et la plénitude d’une interprétation qui rend à Beethoven une humanité sincère profondément marquante.

L’écrin chaleureusement boisé de l’auditorium ne fait que renforcer le sentiment de joie intime pourvu par ce concert réconfortant.

Mikko Franck

Mikko Franck

Présentation des quatre solistes du Philharmonique interprètes de la Grande Fugue
Cecile Agator est chef d’attaque des seconds violons du Philharmonique de la radio depuis 2007.
Pascal Oddon est violoniste et chef d’attaque du Philharmonique depuis 2002.
Marc Desmons est premier alto solo du Philharmonique depuis 2010, deuxième alto solo de l’Orchestre de l’Opéra de Paris depuis 1992, et également chef d’orchestre.
Jérôme Pinget est violoncelliste du Philharmonique depuis 2007.

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Publié le 26 Septembre 2015

Philharmonique de Radio France (dm Mikko Franck)
Concert du 25 septembre 2015
Philharmonie – Grande salle

Erich Wolfgang Korngold
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur (1945)
Violon Vilde Frang

Gustav Mahler
Das Lied von der Erde (Le Chant de la terre) (1908)
Mezzo-soprano Alisa Kolosova
Ténor Christian Elsner

Direction musicale Mikko Franck
Orchestre Philharmonique de Radio France

 

                                           Alisa Kolosova

Une semaine après son concert de rentrée à l’Auditorium de la Maison de la Radio, l’Orchestre Philharmonique de Radio France se retrouve dans la grande salle de la Philharmonie pour jouer deux œuvres en mémoire de Gustav Mahler et d’un jeune compositeur qui lui fut présenté alors qu’il n’avait que 9 ans, Erich Wolfgang Korngold.

Mikko Franck

Mikko Franck

Le concert de ce soir ne suit pas l’ordre chronologique, puisqu’il débute par le concerto pour violon en ré majeur, dédié à Alma Mahler-Werfel, la veuve du compositeur autrichien.

Au cours de sa période américaine, Korngold était devenu un fantastique compositeur de musiques de films d’aventures historiques, avec pour héros Errol Flynn, dont l’Aigle des Mers reste le chef-d’œuvre épique.

Ce concerto pour violon marque cependant la fin de cette vie américaine, et la préparation au retour vers le Vieux Continent, sorti enfin de la guerre.

La salle à la fin du concert

La salle à la fin du concert

En avant des emphases d’un orchestre opulent, la violoniste norvégienne Vilde Frang laisse transparaître une personnalité ardente et irradiante, et un sens de l’accompagnement lyrique stupéfiant au fil des ondes de l’ensemble. Les irisations sont travaillées avec une précision d’orfèvre, et sa virtuosité joyeuse est d’autant plus captivante que le Philharmonique lisse les nappes orchestrales sans exagérer la composante hollywoodienne et nostalgique de la musique.

Dans la seconde partie, la composition crépusculaire de Gustav Mahler atteint des sommets d’immatérialité qui imprègnent et subjuguent notre conscience au point de nous faire perdre tout sens du réel.

Christian Elsner

Christian Elsner

Les voiles des cordes s’évaporent de toutes parts, le corps dense des bois du Philharmonique ramène à une sérénité terrestre poétique, et Mikko Franck mène cet élan orchestral vers des hauteurs majestueuses qu’il contrôle magnifiquement, pour les faire s’éteindre ensuite avec un art de l’achèvement d’une perfection impressionnante.

Et Christian Elsner laisse entendre la clarté sans tension de son chant qui, inévitablement, se dilue dans une acoustique peu favorable aux voix, bien que, et ce sera la plus belle des surprises, celle d’ Alisa Kolosova arrive à toucher même ceux qui l’entendent de dos.

Alisa Kolosova

Alisa Kolosova

La mezzo-soprano russe est en effet toujours fascinante dans les rôles charmeurs et posés – Olga, dans Eugène Onéguine, est un personnage qu’elle incarne avec beaucoup de sensualité -, mais, ce soir, elle porte une profonde langueur, un grand chant d’espoir qui s’évade vers un horizon sans limite, amplifiée par les gestes enrobés de Mikko Franck.

Comment avoir envie de parler après avoir entendu une telle beauté d’interprétation?

 

Disponible en réécoute sur France Musique jusqu'au 25 octobre.

 

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