Histoire de l'Opéra, vie culturelle parisienne et ailleurs, et évènements astronomiques. Comptes rendus de spectacles de l'Opéra National de Paris, de théâtres parisiens (Châtelet, Champs Élysées, Odéon ...), des opéras en province (Rouen, Strasbourg, Lyon ...) et à l'étranger (Belgique, Hollande, Allemagne, Espagne, Angleterre...).
Pour la première journée de printemps, l’Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris organisait une visite de deux heures, le dimanche 20 mars matin, afin de faire découvrir les lieux les plus intéressants du Palais Garnier.
Des groupes d’une vingtaine de personnes étaient alors invités, tous les quarts-d’ heure, à monter le grand escalier puis à prendre les ascenseurs pour rejoindre directement les hauteurs du bâtiment.
Après un premier parcours à travers des couloirs étroits qui ouvraient sur des vues uniques de Paris, la visite débuta tout d'abord par le Studio Petipa de la grande Coupole.
La Coupole – Studio Marius Petipa
Le Foyer de la Danse et le Studio Marius Petipa sont les studios de danse les plus prestigieux du Palais Garnier.
Juste au-dessous, se trouvent les petits studios Rudolf Noureev et Serge Lifar, séparés par une paroi centrale amovible qui permet d’en agrandir l’espace.
Les studios Chauviré et Zambelli se situent, eux, sous les deux autres coupoles latérales.
Marius Petipa est notamment connu pour sa carrière de chorégraphe et sa création du "Lac des Cygnes" avec Piotr Ilitch Tchaïkovski en 1895.
Nous sommes donc au-dessus de la salle de spectacle et de son grand lustre, mais nous ne sommes pas à l’endroit le plus élevé du bâtiment, puisque la cage de scène, utilisée pour camoufler les peintures en trompe l’œil et le fameux rideau de scène, se trouve encore plus haut.
Coupole du studio Marius Petipa
Camouflé sous les stucs et les mosaïques, le squelette du bâtiment, visible dans ce studio, est en métal, et rappelle l’univers de la Tour Eiffel dont la construction débuta 12 ans après l’inauguration de l’Opéra, preuve que Charles Garnier eut recours aux technologies les plus modernes.
Le sol du studio est incliné de 5% afin de permettre aux danseurs de répéter en s’habituant à la pente de la scène conçue pour créer un effet de perspective vers la salle.
Avenue de l'Opéra
Les ateliers de couture
Le parcours se poursuit en descendant le long des flancs du Palais, pour atteindre les ateliers de couture, vaste complexe où pas moins de 150 tailleurs, couturières, modistes, décorateurs … œuvrent à l’embellissement des costumes ou à la réalisation de moulages à travers plusieurs ateliers.
Atelier de couture
L’atelier décoration
L’atelier décoration couvre tout ce qui complète la réalisation des costumes : peinture sur chaussons, raccords des collants, patine, affinage de la taille, épaisseur du volume.
On peut également y vieillir les costumes, les adapter à la morphologie des danseurs, confectionner les bijoux d’ornement et les accessoires de tête.
Les peintures utilisées sont par ailleurs testées sur les tissus.
On y trouve également des moulages pour la mise en volume, comme ceux des jouets de « Casse-Noisette » présentés sur des étagères. Ces jouets en petit modèle sont ensuite agrandis.
Atelier décoration
Le central costumes
C’est dans ce très intime comptoir recouvert de bois que tous les costumes sont rangés.
Nous sommes ainsi à la jonction entre le service Couture et le service Patrimoine – le stockage des costumes est réparti entre Bastille, Garnier et les ateliers Berthier.
Le service Couture utilise ces comptoirs pour préparer les costumes, la planification permettant de connaître la programmation des 2 ou 3 prochaines saisons.
En ce moment, on prépare les costumes pour "Giselle", maintenant que la distribution est connue, la première étant prévue le 28 mai 2016.
On regarde si les costumes vont encore aux danseuses ou bien s’ils doivent être refaits. Par exemple, cette couronne dont les couleurs du contour doivent être ajustées aux couleurs des cheveux de la danseuse.
Central costumes
Le central dispose d’un atelier laverie/pressing qui offre plusieurs possibilités de nettoyage, comme le nettoyage à sec, et dispose d’une machine à ozone, substance qui détruit la transpiration.
Les costumes sont enfin classés par catégories, ici les tutus de défilés, là les vestes des hommes …
Au total, 32 personnes en contrats à durée indéterminée et un nombre comparable d’intermittents travaillent pour ce service.
Maquette de l'Opéra Garnier en coupe longitudinale, visible au Musée d'Orsay
Le Foyer de la danse
Nous redescendons ensuite à l’arrière du Palais Garnier pour rejoindre le Foyer de la danse que les spectateurs ont pu revoir dans la reprise de la production de « Capriccio » par Robert Carsen.
Il est surmonté de 20 médaillons qui représentent les danseuses les plus célèbres depuis sa création, mais il est dorénavant fermé au public depuis 1935, quand Jacques Rouché, le directeur de l’époque, ne voulut plus permettre aux abonnés de venir au Palais Garnier pour rencontrer les danseuses
Cette salle d’échauffement possède, à l’instar du Studio Marius Petipa, une pente de 5%, orientée à l’opposé de celle du plateau.
Le Foyer de la danse
Le Plateau
Quelques mètres suffisent pour rejoindre le plateau où se trouve actuellement l’arrière du décor de « Iolanta ».
Le treuil et la pente de la scène sont utilisés pour avancer ce décor vers la salle, pente que l’on retrouve dans tous les théâtres à l’italienne pour permettre aux scénographes du XVIIème et XVIIIème siècle de créer des illusions d’optique.
Charles Garnier a donc hérité du savoir-faire de ses prédécesseurs, mais a également profité de l’apport de la Révolution Industrielle pour construire son théâtre de fer et de fonte.
Ainsi, l’apparition des décors, depuis le dessous de scène situé 15m en profondeur, est rendue possible par l’utilisation d’une ossature de fer.
Cette cage de scène a ensuite été sensiblement modifiée en 1995 par l’électrification du cintre sur lequel sont installés des moteurs électriques reliés à des ordinateurs.
Les techniciens peuvent actionner 83 porteuses, chacune pouvant porter 850 kg, et les manœuvrer à n’importe quelle vitesse pour engendrer des apparitions ou des disparitions.
Décor arrière de "Iolanta" vu depuis le plateau de scène
Au théâtre on utilise les mots « charger » et « appuyer », termes très particuliers à ce monde qui est l’héritier de celui de la voile. En effet, les premiers machinistes étaient sûrement des charpentiers de marine qui réalisaient les cages de scène, les cabestans et les dessous de scène. Faire apparaitre une toile ou carguer une voile relève finalement du même métier.
Et pour « Iolanta/Casse-Noisette », par moins de 12 machinistes, 3 cintriers, 8 électriciens, 6 accessoiristes, et 3 techniciens vidéo sont nécessaires au déroulement du spectacle.
Allée de la Bibliothèque
La Bibliothèque
En longeant le plateau par la droite, nous rejoignons la bibliothèque qui est partiellement ouverte au public. Quinze personnes y travaillent.
La salle de lecture de la Bibliothèque Nationale de France, où l’on trouve les partitions des compositeurs depuis le XVIIième siècle, est totalement dédiée au monde de l’opéra.
18 places sont ainsi réservées à ceux qui disposent de sujets de recherches suffisamment sérieux pour y avoir accès.
Détail de la salle de lecture
La Bibliothèque a été créée en 1866, et fut installée dans ces lieux en 1880, à la place de l’ancien salon de Napoléon III situé au-dessus de l’entrée qui porte le même nom.
On y conserve deux exemplaires de tout ce qui est imprimé, et des chefs d’orchestre y viennent pour comparer les différentes partitions et préparer leurs interprétations.
Présentation de la saison Lyrique 2016 / 2017 de l’Opéra National de Paris
Hotel Intercontinental Paris Le Grand
Le vendredi 12 février, au salon Opera de l'Hotel Intercontinental Paris le Grand
Depuis le mercredi 10 février, la seconde saison de Stéphane Lissner à la direction de l’Opéra National de Paris est dévoilée. Elle comprend 4 nouvelles productions et 5 coproductions.
Aux 17 œuvres scéniques jouées dans les grandes salles, s’ajoutent deux productions à l’amphithéâtre Bastille, et une version de concert de ‘Béatrice et Bénédict’, interprétée pour un seul soir à l’Opéra Garnier.
Affiche d'Eliogabalo - ouvrage d'ouverture de la saison 2016/2017
Après avoir présenté aux abonnés, au cours de l’après-midi, sa seconde saison, alors que seule la moitié de sa première saison s’est déroulée, Stéphane Lissner s’est à nouveau plié à l'exercice de la présentation des œuvres pour l’Association pour le Rayonnement de L’Opéra de Paris, en s’appuyant sur des présentations filmées de Thomas Jolly, Dmitri Tcherniakov, Luca Francesconi, ou bien des extraits de la mise en scène de Krzysztof Warlikowski pour la reprise d’'Iphigénie en Tauride', qu’il a présenté avec un regard particulièrement malicieux.
Se confirment la poursuite du cycle wagnérien (‘Lohengrin’) et du cycle Berlioz (‘Béatrice et Bénédicte’) dirigé par Philippe Jordan, le début du cycle de créations sur la littérature française (‘Trompe La Mort’), et la venue des grandes stars telles Jonas Kaufmann, Anna Netrebko, René Pape ou bien Roberto Alagna.
Stéphane Lissner n’a pas manqué de présenter la reprise de ‘Wozzeck’ comme un hommage à Pierre Boulez qui le fit entrer au répertoire de l’Opéra de Paris en 1963.
Et transparaît d'abord, tout au long de sa présentation, son attachement aux artistes qu’ils soient chanteurs, danseurs, musiciens ou metteurs en scène.
Stéphane Lissner
Les Nouvelles productions
Eliogabalo (Francesco Cavalli - 1667)
Du 16 septembre au 15 octobre (12 représentations à l'opéra Garnier) Direction musicale Leonardo Garcia Alarcon, Mise en scène Thomas Jolly
Franco Fagioli, Paul Groves, Nadine Sierra, Valer Sabadus, Elin Rombo, Mariana Flores, Matthew Newlin
Coproduction avec De Nationale Opera, Amsterdam
Cet opéra dont le sujet est Heliogabale, adolescent devenu Empereur à 14 ans et mort à 17 ans, assassiné par la foule, a été censuré après sa composition en 1667. C’est uniquement en 2004 que René Jacobs le fera découvrir à la Monnaie de Bruxelles.
L’ouvrage est violent, magnifique, et c’est un grand spécialiste de Cavalli, Leonardo Garcia Alarcon, qui va le diriger. Thomas Jolly, que l’on a pu découvrir à Avignon dans la grande saga Shakespearienne ‘Henry VI’, fera ses débuts à l’Opéra de Paris pour mettre en scène ce personnage sanguinaire fascinant.
Samson et Dalila (Camille Saint-Saëns - 1877)
Du 04 octobre au 05 novembre (11 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Philippe Jordan, Mise en scène Damiano Michieletto
Anita Rachvelishvili, Aleksandrs Antonenko, Egils Silins, Nicolas Testé, Frédéric Guieu
Coproduction avec le Metropolitan Opera, New York
Ce chef d’œuvre de l’opéra français du XIXème siècle n’a pas été monté depuis 25 ans à l’Opéra de Paris. Anita Rachvelishvili, découverte à la Scala de Milan dans ‘Carmen’, interprétera le rôle principal.
Cavalleria Rusticana / Sancta Susanna (Pietro Mascagni – 1890 / Paul Hindemith - 1922)
Du 30 novembre au 23 décembre (9 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Carlo Rizzi, Mise en scène Mario Martone
Elīna Garanča, Elena Zhidkova, Yonghoon Lee, Marco Berti, Elena Zaremba, Stefania Toczyska, Vitaliy Bilyy, Antoinette Dennefeld
Anna Caterina Antonacci, Renée Morloc, Sylvie Brunet-Grupposo
Production du Teatro alla Scala, Milan (Cavalleria Rusticana) et Nouvelle production (Sancta Susanna)
Lohengrin (Richard Wagner - 1850)
Du 18 janvier au 18 février (11 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Philippe Jordan, Mise en scène Claus Guth
René Pape, Rafal Siwek, Jonas Kaufmann, Stuart Skelton, Martina Serafin, Edith Haller, Wolfgang Koch, Tomasz Konieczny, Evelyn Herlitzius, Michaela Schuster, Egils Silins
Production du Teatro Alla Scala, Milan
Le salon Opera de l'Hotel InterContinental Paris Legrand
Cosi fan Tutte (Wolfgang Amadé Mozart - 1790)
Du 26 janvier au 19 février (9 représentations à l'opéra Garnier) Direction musicale Philippe Jordan, Mise en scène Anne Teresa De Keersmaeker
Jacquelyn Wagner, Ida Falk-Winland, Michèle Losier, Stephanie Lauricella, Frédéric Antoun, Cyrille Dubois, Philippe Sly, Edwin Crossley-Mercer, Paulo Szot, Simone Del Savio, Ginger Costa-Jackson, Maria Celeng
Coproduction avec La Monnaie/De Munt, Bruxelles
Carmen (Georges Bizet - 1875)
Du 10 mars au 14 avril et du 13 juin au 16 juillet (25 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Lionel Bringuier, Mark Elder, Mise en scène Calixto Bieito
Roberto Alagna, Bryan Hymel, Roberto Tagliavini, Ildar Abdrazakov, Boris Grappe, François Rougier, François Lis, Jean-Luc Ballestra, Clémentine Margaine, Varduhi Abrahamyan, Anita Rachvelishvili, Elīna Garanča, Aleksandra Kurzak, Nicole Car, Maria Agresta, Vannina Santoni, Antoinette Dennefeld
Nouvelle production
Roberto Alagna n’a jamais chanté Don José à Paris, et Clémentine Margaine fera ses débuts à ses côtés en Carmen.
Trompe-la-Mort (Luca Francesconi - 2017)
Du 16 mars au 05 avril (6 représentations à l'opéra Garnier) Direction musicale Susanna Mälki, Mise en scène Guy Cassiers
Thomas Johannes Mayer, Julie Fuchs, Cyrille Dubois, Jean-Philippe Lafont, Ildikó Komlósi, Philippe Talbot, Béatrice Uria-Monzon, Chiara Skerath, Laurent Naouri, François Piolino, Rodolphe Briand, Laurent Alvaro
Création mondiale – Commande de l’Opéra National de Paris
La Fille de Neige - Snegourotchka (Nikolai Rimski-Korsakov - 1882)
Du 15 avril au 03 mai (8 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Mikhail Tartarnikov, Mise en scène Dmitri Tcherniakov
Aida Garifullina, Rupert Enticknap, Martina Serafin, Luciana D'Intino, Carole Wilson, Vasily Efimov, Olga Oussova, Ramón Vargas, Thomas Johannes Mayer, Vladimir Ognovenko, Franz Hawlata
Nouvelle production
La Cenerentola (Gioacchino Rossini - 1817)
Du 10 juin au 13 juillet (12 représentations à l'opéra Garnier) Direction musicale Ottavio Dantone, Mise en scène Guillaume Gallienne
Juan José De León, Alessio Arduini, Maurizio Muraro, Chiara Skerath, Isabelle Druet, Teresa Iervolino, Roberto Tagliavini
Nouvelle Production
Luca Francesconi - compositeur de Trompe-la-Mort
Les reprises
Tosca (Giacomo Puccini - 1900)
Du 17 septembre au 18 octobre (11 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Dan Ettinger, Mise en scène Pierre Audi
Anja Harteros, Liudmyla Monastyrska, Marcelo Alvarez, Bryn Terfel, Alexander Tsymbalyuk, Sergey Artamonov, Jean-Philippe Lafont
Lucia di Lammermoor (Gaetano Donizetti - 1835)
Du 14 octobre au 16 novembre (10 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Ricardo Frizza, Mise en scène Andrei Serban
Artur Ruciński, Pretty Yende, Nina Minasyan, Piero Pretti, Abdellah Lasri, Oleksiy Palchykov, Raimondo Bidebent, Rafal Siwek, Gemma Ní Bhriain
Les Contes d’Hoffmann (Jacques Offenbach - 1881)
Du 02 au 27 novembre (9 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Philippe Jordan, Mise en scène Robert Carsen
Sabine Devieilhe, Kate Aldrich, Ermonela Jaho, Stéphanie d'Oustrac, Doris Soffel, Jonas Kaufmann, Stefano Secco, Rodolphe Briand, Cyrille Lovighi, Paul Gay, Yann Beuron, Roberto Tagliavini
Iphigénie en Tauride (Christoph Willibald Gluck - 1779)
Du 02 au 25 décembre (9 représentations à l'opéra Garnier) Direction musicale Bertrand de Billy, Mise en scène Krzysztof Warlikowski
Véronique Gens, Étienne Dupuis, Stanislas de Barbeyrac, Thomas Johannes Mayer, Ruzan Mantashyan
Parterre du Palais Garnier lors du récital de René Pape le dimanche 7 février soir.
La Flûte Enchantée (Wolfgang Amadé Mozart - 1791)
Du 23 janvier au 23 février (17 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Henrik Nánási, Mise en scène Robert Carsen
Stanislas de Barbeyrac, Pavol Breslik, Gabriela Scherer, Annika Schlicht, Nadine Weissmann, Michael Volle, Florian Sempey, Christina Gansch, René Pape, Tobias Kehrer, Andreas Conrad, Nadine Sierra, Kate Royal, Elsa Dreisig, Albina Shagimuratova, Sabine Devieilhe, José Van Dam, Sebastian Pilgrim, Paul Kaufmann
Wozzeck (Alban Berg - 1925)
Du 26 avril au 15 mai (7 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Michael Schønwandt, Mise en scène Christoph Marthaler
Johannes Martin Kränzle, Štefan Margita, Florian Hoffmann, Stephan Rügamer, Kurt Rydl, Mikhail Timoshenko, Birger Radde, Rodolphe Briand, Gun-Brit Barkmin, Eve-Maud Hubeaux
Eugène Onéguine (Piotr Ilyitch Tchaikovski - 1879)
Du 16 mai au 14 juin (10 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Edward Gardner, Mise en scène Willy Decker
Elena Zaremba, Anna Netrebko, Sonya Yoncheva, Varduhi Abrahamyan, Hanna Schwarz, Peter Mattei, Pavel Cernoch, Arseny Yakovlev, Alexander Tsymbalyuk, Raúl Giménez, Vadim Artamonov
Rigoletto (Giuseppe Verdi - 1851)
Du 27 mai au 27 juin (11 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Daniele Rustoni, Mise en scène Claus Guth
Vittorio Grigolo, Željko Lučić, Nadine Sierra, Kwangchul Youn, Elena Maximova, Marie Gautrot, Robert Pomakov, Christophe Gay, Julien Dran, Mikhail Timoshenko, Joanna Jakubas
La Fille de Neige - Snegourotchka - nouvelle production
Version de Concert
Béatrice et Bénédict (Hector Berlioz - 1862)
Le 24 janvier (1 représentation à l'opéra Garnier) Direction musicale Philippe Jordan
François Lis, Florian Sempey, Sabine Devieilhe, Stéphanie d'Oustrac, Aude Extrémo, Laurent Naouri
Dans la continuité du cycle Berlioz, qui se poursuivra les prochaines saisons avec 'Benvenuto Cellini' et 'Les Troyens', ‘Béatrice et Bénédict’ sera joué un seul soir, à Garnier, avec une distribution essentiellement française.
A L’amphithéâtre Bastille
Owen Wingrave (Benjamin Britten - 1971) Du 19 au 28 novembre (5 représentations à l'amphithéâtre Bastille) Direction musicale Stephen Higgins, Mise en scène Tom Creed
Artistes de l’Académie de l’Opéra national de Paris
En pleine guerre du Vietnam, Benjamin Britten aborde un sujet difficile et controversé, miroir de ses propres convictions. Le pacifisme est-il un acte de lâcheté ou une volonté de sortir de l'engrenage de la guerre afin d'accéder à un monde où règne la paix?
Les Fêtes d’Hébé ou Les Talens liriques (Jean-Philippe Rameau - 1739)
Du 22 au 25 mars (3 représentations à l'amphithéâtre Bastille) Direction musicale Jonathan Williams, Mise en scène Thomas Lebrun
Artistes de l’Académie de l’Opéra national de Paris
Coproduction avec le Centre de musique baroque de Versailles
En partenariat avec le Royal College of Music, London
Le Prologue met en scène Hébé, déesse de la jeunesse, harcelée par les Plaisirs et obligée de fuir l'Olympe pour trouver son salut dans les bras de l'Amour.
Détail d'architecture du salon Opera du Grand Hotel
Première impression sur cette saison 2016/2017
Avec 7 ouvrages programmés, la langue française est nettement plus représentée qu'à l'accoutumée (généralement 4 ou 5 ouvrages), et le répertoire slave devrait faire l'évènement à deux reprises, d’abord avec la nouvelle production de 'La Fille de neige’ – œuvre d’un compositeur, Nikolai Rimski Korsakov, absent depuis plus de 40 ans de l’Opéra de Paris -, puis avec la reprise d’'Eugène Onéguine' avec Anna Netrebko et Peter Mattei.
Tous les ouvrages, y compris les reprises, ont leur intérêt par le choix des interprètes, qu’ils soient des stars aguerries ou bien des artistes en plein envol.
11 nouvelles productions dont 1 création mondiale, 'Trompe-la-Mort', 1 opéra baroque quasiment injoué, 'Eliogabalo', près de 190 représentations, de nouveaux metteurs en scène, Guy Cassiers, Mario Martone, Anne Teresa De Keersmaeker, mais aussi Thomas Jolly et Guillaume Gallienne, un équilibre entre le répertoire classique/baroque et le répertoire du XX/XXIème siècle, l'abondance de propositions fait tourner la tête.
4 de ces nouvelles productions, 'La Cenerentola', 'Cosi fan Tutte', 'Carmen', 'Cavalleria Rusticana', viendront par ailleurs remplacer les anciennes productions présentées par Nicolas Joel.
Paul Hindemith, qui a été servi par deux très belles productions, 'Cardillac' et 'Mathis der Maler' , grâce à Gerard Mortier et Nicolas Joel, continue également sa progression au répertoire avec 'Sancta Susanna'.
Quant à Benjamin Britten, joué qu'une seule fois au cours des 13 années précédentes, il entame un retour à l'Opéra de Paris avec 'Owen Wingrave', à l'amphithéâtre Bastille, qui se poursuivra la saison d'après avec une nouvelle production de 'Billy Budd' par Deborah Warner.
Dmitri Tcherniakov - metteur en scène de La Fille de Neige - Snegourotchka
Enfin, la nouvelle production de 'Lohengrin', en provenance de la Scala, est naturellement très attendue, non seulement parce qu'elle va remplacer l'ancienne production déclassée de Robert Carsen, non seulement pour la présence de Jonas Kaufmann, mais aussi pour les débuts à l'Opéra National de Paris de la soprano allemande Evelyn Herlitzius.
Cependant, les opéras interprétés par Jonas Kaufmann, qui revient deux fois cette saison, ou par Anna Netrebko seront majorés de 20% dès la catégorie 8 (35 euros).
En contrepartie, la direction a revu le plan de salle à Bastille - voir l'article sur le prix des places à l'ONP pour 2016/2017 -afin d'augmenter sensiblement le contingent de places à moins de 60 euros, ce qui donne, de la part de l'Opéra de Paris, une image de résistance aux contraintes économiques et une détermination que l’on arrive à peine à croire.
On rêverait juste de voir cesser les petites campagnes parisiennes qui tentent de gêner le mouvement de la direction pour rénover son fonctionnement et offrir le plus de propositions possibles.
Car jamais une équipe dirigeante n’aura donné une telle impression d’intelligence et de force dans son approche d'ensemble, valorisée par un contexte très contraignant. Son seul défaut est de trop miser sur la volonté de comprendre de ses observateurs et détracteurs.
Il est possible de revoir sur Medici.tv la vidéo de présentation aux abonnés au Palais Garnier.
Mithridate, entre amours et trahison.
Présentation au Théâtre des Champs Elysées, le 03 février 2016
Une heure avec … Clément Hervieu-Léger
de la Comédie-Française Emmanuelle Haïm
Chef d’orchestre
Et Mariam Chapeau
Conférencière des musées nationaux à la RMNGP
Afin d’illustrer les sources qui ont inspiré l’équipe artistique de la nouvelle production de ‘Mithridate, re di Ponto’, Clément Hervieu-Léger, le metteur en scène, Emmanuelle Haïm, la Chef d’orchestre et Mariam Chapeau, conférencière des musées nationaux, proposent de présenter 10 tableaux en rapport avec l’esthétique et les sentiments de l’œuvre.
Chacun de ces tableaux est ainsi projeté sur le grand écran de scène, face au public du Théâtre des Champs Elysées.
1. Une reine devant un roi, tenant un crâne – Luca Penni (1500-1556)
Mariam Chapeau : Ce peintre est un artiste qui introduit en France la Renaissance italienne, une architecture antiquisante, une dentelle particulièrement gracieuse et élégante, des figures qui sont sinueuses aux proportions allongées.
Cette scène nous a inspiré par le thème de la justice d’Othon, qui évoque le Pouvoir, l’Amour, la Justice et surtout la volonté de Vérité. Le personnage féminin tend un crâne qui semble troubler le souverain, le tableau est réalisé dans des couleurs assez caractéristiques de l’école de Fontainebleau, des teintes roses, orangées, complétées par la chaleur des rouges royaux.
C’est une mise en scène très architecturale, valorisant l’architecture antique, les colonnes corinthiennes, permettant aux différents personnages d’être organisés de façon savante sur ce tableau.
Clément Hervieu-Léger : ‘Mithridate’ est cette œuvre d’un jeune Mozart de 14 ans, auquel le Théâtre de Milan a confié un livret qui est inspiré d’une traduction italienne de l’œuvre de Racine, ‘Mithridate’.
La question est de savoir comment le XVIIIème siècle s’empare de la tragédie classique française, et de savoir comment se saisir du thème de l’Antiquité pour monter cet opéra aujourd’hui. Le risque est grand d’en rester au plaisir de la forme, alors qu’il s’agit de montrer que l’oeuvre peut nous toucher au cœur autant qu’au théâtre.
Emmanuelle Haïm : Pour un compositeur du XVIIIème siècle, le voyage en Italie est important car ce pays est un modèle pictural mais aussi un modèle musical et, de manière plus ample, un modèle culturel.
Mozart arrive avec son père en Italie en février 1770, et en quelques mois, il s’imprègne de ce style italien, et en particulier du modèle de l’opéra séria napolitain. On l’entend revisiter du Jommelli, et ce jeune adolescent devient capable de manier avec finesse la langue italienne qu’il ne connaissait pas avant ce voyage vers un pays si amoureux des arts.
Il espérait un poste, qu’il n’aura pas, malheureusement, mais obtient quelques commandes qui vont lui permettre d’aborder la tragédie, et de montrer sa subtile compréhension du sentiment amoureux dans cette pièce, ‘Mithridate’, où la vengeance et la justice sont aussi de mise.
Clément Hervieu-Léger : Pour en revenir à ce premier tableau, la figure d’Othon est importante. On peut lui substituer celle de Mithridate qui est passionnante dans cet opéra, car la figure du pouvoir est aussi celle du père, père qui avait accompagné Mozart dans ce voyage en Italie. Leur relation nécessaire sera également difficile, conflictuelle et passionnée. Sans vouloir faire de psychanalyse facile, on peut en effet être frappé par le fait qu’un jeune homme de quatorze ans écrive, comme première grande œuvre sérieuse, une histoire entre un père et son fils.
2. Anne de Clèves – Hans Holbein dit « Le Jeune » (1497-1543)
Mariam Chapeau : Ce portrait de la Princesse de Clèves, quatrième épouse d’Henri VIII Tudor, est un tableau de petit format que l’on peut découvrir dans les petits cabinets de peinture allemande au musée du Louvre.
Hans Holbein est un artiste germanique, né à Augsburg, qui sillonne l’Europe, se rend à Bâle, y rencontre Erasme, séjourne en France, passe à plusieurs reprises en Angleterre et finit par devenir le portraitiste officiel de la cour d’Angleterre. Il a connu, lors de ses voyages, de grands esprits humanistes. Il a également pu constater l’évolution des Guerres de religions.
Ce tableau a été commandé en 1539. Il est envoyé en mission à la cour de Clèves, en Rhénanie, afin d’exécuter les portraits des deux sœurs du Duc Guillaume, Prince germanique, protestant réformé. L’idée vient de Cromwell, qui envisage une alliance avec les réformés, pour pouvoir contrer les très catholiques rois de France et d’Espagne.
Le peintre a pour mission de faire le portrait le plus magnifique possible de la Princesse, ce qui explique cette raideur, cet axe symétrique qui découperait ce visage au centre de ses deux yeux, du nez, de la bouche, de la croix, des mains et de la boucle de la ceinture.
Ce peintre réussit à rendre la soie de sa robe somptueuse, et cette tenue vestimentaire qui n’est pas sa tenue de mariée va effectivement séduire Henri VIII. Il va l’épouser, mais à son arrivée à la cour de Londres, il va être quelque peu déçu par sa grandeur, par cette tenue vestimentaire qu’il qualifiera de ‘Jument des Flandres’.
Il exécute le contrat, mais fait annuler ce mariage six mois plus tard, au motif qu’il éprouve du dégoût pour cette femme, dont il se souvient, tout à coup, qu’elle est déjà fiancée, et, enfin, que les tensions qui l’opposaient à la France et à l’Espagne s’étant un peu apaisées, ce sacrifice ne lui semble plus nécessaire.
Clément Hervieu-Léger : Et on retrouve, dans ‘Mithridate’, ce thème des princesses de sang, qui étaient devenues à la fois objets de désir et objets d’enjeux politiques majeurs, avec les personnages d’Aspasie, promise à Mithridate, et d’Ismène, promise à Farnace, allié aux Parthes, qui devient ainsi en mesure de défier Rome.
Ce tableau est donc particulièrement juste, et permet d’évoquer l’importance de se parer ou de retirer des bijoux en scène, acte fort, car on se demande alors si le costume est un carcan ou un objet de séduction.
Nous avons donc repris des éléments de cette iconographie, tout en s’en éloignant. Et comme dans cette production nous avons la très grande chance d’avoir Patricia Petibon qui chante Aspasie, et Sabine Devieilhe qui chante Ismène, nous avons deux grandes interprètes de personnages forts.
Le personnage d’Ismène, si l’on s’en tient simplement à ce qui est écrit, est un peu le personnage raisonnable puisque c’est elle qui va ramener Mithridate à la raison en lui conseillant le pardon. Elle peut, du coup, être un personnage en demi-teinte si on ne lui apporte pas une attention particulière.
Quand on a la chance d’avoir une interprète comme Sabine Devieilhe, on ne se pose plus la question de la demi-teinte, et l’on a envie de faire un autre personnage qu’une fille bien rangée.
Emmanuelle Haïm : Chaque personnage a en effet des moments beaux et touchants, tel Mithridate qui, dans son air d’arrivée, va nous chanter sa défaite militaire mais pas sa défaite morale. Et pour ces personnages féminins, Mozart a composé une musique extrêmement variée, qui va nous montrer, dans le cas d’Aspasie, le poids de l’amour de ces hommes envers elle, mais aussi la douleur de l’aveu envers Sifare, un air incroyablement douloureux de tourments.
Certains personnages vont également être chantés par des femmes. Myrto Papatanasiu interprète ainsi Sifare, qui était à l’époque chanté par un castrat, et dont la tessiture était très aigüe. On a donc choisi un contre-ténor pour être un des frères, Christophe Dumaux, et, pour incarner l’autre frère, une soprano à la couleur très sombre. Et c’est une chance d’avoir toute une gamme de couleurs possibles sous ce nom-là.
Clément Hervieu-Léger : Evidemment, Emmanuelle vient de dire quelque chose de magnifique, la difficulté pour Aspasie est d’être trop aimée, d’être amenée à être épousée, et d’être soudainement rejetée.
On parle toujours de la musique racinienne pour dire que l’agencement des mots donne une musique qui nous raconte quelque chose au-delà des mots. Mozart, lui, nous fait entendre directement cette musique, l’état de l’âme, le cœur qui bat.
On peut alors soit décider de voir cette œuvre comme une succession d’airs, soit décider d’en faire du théâtre, et c’est ce que nous avons choisi de faire avec Emmanuelle.
Nous avons alors demandé à des comédiens de rejoindre l’équipe, de façon à jouer des rôles de confidents auxquels les airs s’adressent.
3. L’Enlèvement des Sabines – Nicolas Poussin (1594-1665)
Mariam Chapeau : Ce tableau de grand format, réalisé en Italie par un artiste considéré comme une pierre angulaire de la peinture française, est inspiré de l’Antiquité, et est un symbole de la folie guerrière.
Poussin est un artiste qui travaille de façon très organisée. Vous avez la présence de Romulus, à gauche, vêtu de rouge, couleur royale, qui fait un geste qui déclenche un chaos inouï mais mesuré, puisque l’enlèvement des Sabines s’organise selon une triangulaire très précise.
Sur votre droite, un premier Romain s’empare d’une Sabine, sur un autre premier plan, à gauche, un autre Romain soulève une Sabine, et un troisième couple nous révèle l’enlèvement de la Sabine.
En réalité, cette démonstration évoque l’idée d’action et la maîtrise absolue de cette peinture, tenue par une architecture précise et classique, avec en arrière-plan, un temple dorique monumental pour évoquer l’autorité de Romulus.
Au centre, une organisation de mise en perspective apporte à cette peinture une forme de respiration, ce qui permet à Poussin de montrer son intérêt pour la théorie des modes, musicale et architecturale, qui fonde l’harmonie de cette peinture.
On a pu ainsi découvrir, sous la couche picturale la présence de petits trous laissant apparaitre une organisation spatiale anticipée avant l’installation des figures.
Clément Hervieu-Léger : Dans mon travail de metteur en scène, je suis sensible à l’engagement des corps, et à la façon dont ces corps peuvent raconter sur un plateau des sentiments, des attirances ou des rejets.
Ainsi, on peut voir sur ce tableau que le fait de regarder dans une direction à l’inverse de l’endroit vers lequel on courre, est une manière très efficace de donner de la distance sur scène.
Tout est là, et je trouve que ce tableau est fascinant par la manière dont les corps se contrarient ou bien se fondent. Evidemment, je sais à quel point on peut me taxer de ‘Classicisme’, mais si la manière d’être classique est de s’attacher à construire l’image, alors je veux bien être ‘Classique’.
Mariam Chapeau : Je rajouterais enfin que Poussin n’est pas un artiste séducteur. C’est un artiste qui demande un effort, un effort de concentration sur sa peinture.
Emmanuelle Haïm : La forme est effectivement très rigoureuse, car lorsque l’on aborde l’Opéra Seria, on a des arias avec da capo, c'est-à-dire des airs en trois parties, l’une reprenant la première. Et, en principe, cette dernière partie est variée par l’interprète lui-même qui connait cet art de l’ornementation, et qui doit le faire avec goût, bonne mesure et discrétion.
Mozart va sortir malgré tout de ce modèle un peu trop académique, et il va sans-cesse changer les proportions.
Il ne va proposer qu’une seule fois la proportion régulière de l’air, mais va avoir, par moment, un A très développé, un B minuscule, l’esquisse d’une deuxième idée, et reprendre la première idée mais, cette fois, en voyageant.
4. Vue d’intérieur, ou les Pantoufles – Samuel van Hoogstraten (1627-1678)
Mariam Chapeau : Le peintre à l’origine du tableau suivant est passé brièvement par l’atelier de Rembrandt, historien d’art, passionné d’optique et de perspective, qui semble, ici, ne rien raconter. Et l’on se demande pourquoi cette multitude de portes, de chambranles, de sols carrelés qui changent de couleurs, et qui vous invitent à aller vers une dernière salle, qui est la salle de l’intimité.
Le sujet pourrait être, justement, l’absence de sujet. L’oeuvre met en scène les attributs d’une femme que nous ne voyons pas, son balais, son torchon, symboles de propreté, une paire de pantoufles, abandonnée négligemment, puis un jeu de clés que tient, normalement, une hollandaise du XVIIème siècle, de bonne tenue, fièrement à sa ceinture.
Et l’on distingue, au fond de la salle, une bougie, un peu tordue, qui est éteinte et laisse imaginer des cachoteries.
Finalement, un tableau représente une jeune femme se faisant disputée par son père.
La peinture s’interroge ainsi sur le comportement de cette femme.
L’artiste travaille sur des passages d’ombres et de lumières, utilise une gamme chromatique qui contribue à donner une atmosphère de murmures et de silences, une envie de chuchoter.
Clément Hervieu-Léger : La grande différence entre la tragédie classique et celle de Mozart est celle du lieu. On se demande comment on va passer des jardins suspendus à la tente d’Ismène, quel lieu unique permettrait de faire ce voyage si mobile ?
Un théâtre ne pourrait-il pas être ce lieu d’action tragique, au moment où Mozart découvre cette théâtralité ?
Il m’a paru alors évident qu’un lieu unique, donnant toute sa place à la lumière, permet toute l’expression du tragique.
Emmanuelle Haïm : Quand on rencontre ensuite le metteur en scène, on a la merveilleuse surprise de découvrir tout cet imaginaire, on échange, on parle de l’œuvre, on lit la pièce avec l’honneur de la partager avec un comédien de la Comédie-Française, et l’on a ensuite le sentiment que mêmes les chanteurs de notre production ressentent très fortement le tragique de cette histoire.
Le metteur en scène les guide, donne l’exemple, mais leur laisse une liberté, ce qui nous permet, même à moi, de nous sentir en osmose avec le spectacle.
Clément Hervieu-Léger : On a la chance d’avoir un distribution idéale avec des chanteurs qui sont également des acteurs. Il n’est pas difficile de les faire bouger, mais il faut aussi être conscient de ce que la technique vocale demande, et qu’il est compliqué de demander à une chanteuse de se mettre la tête à l’envers, marcher sur les mains, tout en chantant sa cadence.
Cela fait partie intégrante du travail du metteur en scène d’opéra que d’être à l’écoute de la difficulté à chanter de tels airs.
5. La mort de Didon – Pierre-Paul Rubens (1577-1640)
Mariam Chapeau : C’est une œuvre bouleversante qui évoque la détresse, la douleur sans pudeur.
Didon est une femme qui a été séduite par Enée, puis abandonnée par lui car sa destinée n’est pas Carthage mais Rome.
Didon tente de tromper son monde en réunissant tous les souvenirs de cet amour passé.
Elle les a disposés tout autour d’elle, le manteau rouge, l’épée qu’il lui a offert, et elle a commencé à entamer un bucher à ses pieds.
Rubens, grand peintre flamand, spécialiste des émotions, nous offre ce corps en totale détresse, grandeur nature, la femme est assise, totalement nue, éplorée, une larme coule sur sa joue droite.
Cette dernière énergie qu’elle met à presser le glaive dans sa poitrine nous annonce aussi qu’un corps instable va s’effondrer. Il y a donc une forme d’impudeur dans la douleur qui ne se préoccupe pas de notre regard.
Clément Hervieu-Léger : Au moment où Aspasie décide de se suicider, on rejoint ces grandes héroïnes féminines majeures dans ce grand répertoire théâtral ou opératique, et c’est pour cela que l’on a eu envie d’évoquer Didon.
6. Anne de Boleyn condamnée à mort – Pierre-Nolasque Bergeret (1782-1814)
Mariam Chapeau : Ce tableau appartient au XIXème siècle romantique qui aime revisiter l’histoire par la petite porte.
Ce tableau est présenté par Bergeret au Salon de 1814, le premier salon de la Restauration. On aime renouer avec les sujets monarchiques, parce que c’est le sens de la mode. C’est un moment très théâtral, un tableau de petite dimension qui correspond au goût de la peinture dite ‘Troubadour’, où l’on s’intéresse au genre des petits peintres hollandais, un travail de facture très minutieusement détaillée.
Anne de Boleyn attend son exécution, sujet plein de théâtralité avec lequel l’artiste cherche à nous émouvoir.
Clément Hervieu-Léger : Là encore on rejoint l’œuvre de Mithridate, puisqu’Aspasie se suicide et a été condamnée à mort. ‘
Emmanuelle Haïm : 'Pallid’ombre’, que chante Aspasie au moment de se donner la mort, demande aux ombres heureuses des Champs-Elysées de l’accueillir avec bienveillance.
Mozart écrit, à ce moment-là, un air où les dissonances qu’il crée avec la voix sont très apaisantes, où Aspasie chante des notes qui vont contre les grandes tenues de hautbois, et qui sont douloureuses comme des pointes d’épingles que l’on enfoncerait.
Il y a donc une dualité d’une plénitude, d’une grande douceur, et des tourments extrêmement forts, que Patricia Petitbon chante sublimement.
Je n’arrive pas à croire que Mozart avait quatorze ans lorsqu’il a composé cet air.
Et ce qui est magnifique dans cet air ‘da capo’, est que l’on commence avec un récitatif accompagné, que l’orchestre y répond comme un personnage théâtral lui aussi, ponctue, amplifie, contredit ou colore ce que dit le personnage, et subrepticement, on rentre dans cet air, un océan tranquille en mi bémol majeur, que l’on quitte violemment au moment où l’héroïne se saisit du poison.
7. Le grand prêtre Corésus se sacrifie pour sauver Callirhoé – Jean-Honoré Fragonard (1732-1806)
Mariam Chapeau : Ce tableau, présenté au Salon de 1769, est le plus grand tableau dans la carrière de Fragonard. Il est salué comme le renouvellement de la peinture française.
Nous sommes à l’époque du règne de Louis XV, du règne de Boucher en peinture, où l’Académie considère que la peinture s’est un peu fourvoyée dans les thèmes mythologiques.
C’est donc le retour au grand genre, à une peinture que l’on qualifiera plus tard de ‘néobaroque’.
Fragonard rétablit l’Antiquité, l’histoire d’un sacrifice féminin destiné à conjurer la peste qui ravage Athènes.
Quand Corésus, secrètement amoureux de Callirhoé, s’apprête à commettre son acte, il tourne le glaive vers sa propre poitrine pour la sauver, et elle s’effondre.
Cette peinture, très théâtrale par les mouvements et par l’usage de nuées et d’allégories dans le ciel, est équilibrée par cette architecture monumentale qui signifie que l’on revient vers les sujets sérieux.
Clément Hervieu-Léger/Emmanuelle Haïm : Ce tableau date de la composition même de Mithridate, et pose la question du grand genre, celle du genre sérieux qui se pose à Mozart. Comme Fragonard, il a dû passer par ce genre sérieux pour être reconnu. Mithridate est la première grande commande pour le compositeur autrichien, et la question de savoir si la Tragédie vaut mieux que la Comédie est un débat qui va tellement bien concerner Mozart, que l’on aura à la fin de sa vie ‘La Clémence de Titus’ en passant par ‘Idoménée’, œuvres d’un genre qu’il aura pourtant dépassé.
8. La Malédiction paternelle (Le Fils ingrat – Le Fils puni) – Jean-Baptiste Greuze (1725-1805)
Mariam Chapeau : Ces deux tableaux de la maturité de Jean-Baptiste Greuze sont à envisager comme des dépendants qui présentent la malédiction paternelle. Le thème biblique, ici, est celui de l’enfant prodigue qui s’apprête à quitter la demeure familiale. C’est une mise en scène très théâtrale, d’un artiste qui va finalement se situer entre deux genres, celui de la scène d’agrément, et celui de la scène d’Histoire.
Il propose deux peintures qui ont une composition en frise, dans laquelle la gestuelle, l’organisation des bras, des figures, des personnages créent une véritable dynamique. On est plus proche des drames populaires, et il suscite l’émotion chez le spectateur par un certain nombre de diagonales, d’obliques, qui sont composées par les bras des hommes.
Il oppose le rapport entre les hommes en colère et les femmes qui tentent de calmer les choses, tel que c’est conçu dans la pensée populaire, et dans la partie droite se tient l’enrôleur, le militaire qui est en train d’arracher un fils utile à une famille.
Dans la seconde version, le fils revient à la maison, les gestes et les bras se sont apaisés, les nombreuses obliques répondent cette fois à une organisation horizontale. Au premier plan trainent des objets qui appartiennent à l’environnement quotidien, et cette fois-ci, cette horizontalité résonne avec le fils éploré, puisque le père est mort.
Clément Hervieu-Léger : Ce peintre illustre parfaitement le passage de la tragédie au drame, y compris dans le mode de jeu, et dans le naturalisme vers lequel le jeu du comédien passe sous l’influence du théâtre italien qui considère que les acteurs ont un corps en scène. Par ailleurs, la question du schisme est centrale dans ‘Mithridate’, où l’on a un peu tendance à penser qu’il y a un fils bon et un mauvais fils.
C’est en fait plus complexe que cela chez Mozart, et le dernier air de Farnace, qui devait être le mauvais fils mais, finalement, a décidé de regagner la confiance de son père, est d’une beauté incroyable.
Enfin, le tableau du ’Fils puni’ met en scène la mort du père, ce par quoi s’achève ‘Mithridate’, et illustre comment raconter la mort, une question centrale au théâtre.
9. L'empereur Sévère reproche à Caracalla, son fils, d’avoir voulu l’assassiner – Jean-Baptiste Greuze (1725-1805)
Mariam Chapeau : Nous terminons avec une composition qui, dans la vie de Greuze, est un véritable mélodrame. L’artiste aspire absolument à être reconnu comme un peintre d’Histoire.
Il compose cette œuvre, inspirée de l’Antiquité, qui choisit un moment où Septime Sévère accuse son fils d’avoir voulu l’assassiner, et lui ordonne d’achever ce qu’il a projeté de faire.
Ce sujet horrible et l’organisation des corps va frapper les critiques de l’époque, la lourdeur de la main de Sévère, notamment, les comportements des personnages situés derrière d’Empereur qui chuchotent, et surtout, la posture de Caracalla lui-même qui ne semble pas du tout se repentir.
Le peintre cite l’Antiquité par le mobilier, l’architecture, et l’on va inlassablement reprocher à Greuze de ne pas avoir vu l’Antiquité réelle, une peinture trop moderne pour l’époque qui annonce l’Ere de Jacques-Louis David.
Mithridate, re di Ponto
Wolfgang Amadeus Mozart
Emmanuelle Haïm direction
Clément Hervieu-Léger, de la Comédie-Française mise en scène Frédérique Plain dramaturgie Eric Ruf décors Caroline de Vivaise costumes Bertrand Couderc lumières
Vendredi 02 octobre 2015, une rencontre était organisée au Théâtre Firmin Gémier / La piscine de Sceaux afin de se donner un temps de réflexion sur la question du rajeunissement du public de la musique classique.
Le débat, d’une durée de plus de deux heures, questions du public comprises, regroupait sept intervenants, chefs d’orchestres, représentants politiques, compositeur et musicien.
Antoine Pecqueur, musicien et journaliste (Mezzo, La Lettre du Musicien, Classica) est chroniqueur sur France Musique. Il est l’auteur d’un livre à paraître prochainement : "Les espaces de la musique, architecture des salles de concert et des opéras" (éditions Parenthèses).
Ce soir, après une brève présentation par Marc Jeancourt, Directeur du Théâtre de la Piscine, il assurait le rôle de modérateur et d’animateur de la rencontre avec :
John Harte, chief executive of Aurora Orchestra Bernard Cavanna, compositeur et directeur du Conservatoire de Gennevilliers Laurent Bayle, directeur général de la Cité de la musique et président de la Philharmonie de Paris Stéphane Kutniak, responsable du pôle culture du Conseil Général des Hauts-de Seine David Grimal, violoniste et directeur artistique des Dissonances, ensemble orchestral Laurence Equilbey, directrice artistique et musicale, chef d'orchestre, directrice musicale d'Insula orchestra et d'accentus Eric Denut, délégué à la Musique au Ministère de la Culture et de la Communication
Les échanges, hors questions du public, sont restitués quasi intégralement et aussi fidèlement que possible.
Antoine Pecqueur, musicien et journaliste
La loi de finance 2016 prévoit une hausse du budget de la culture. Va-t-elle toucher la musique, et comment va-t-elle se traduire ?
ERIC DENUT : Le budget de la Culture et de la Communication est en hausse de 2,7% et de 1% à périmètre égal, et la Musique, au sein du Grand Tout de la Création qui pèse 700 millions d’euros, directement mobilisés au service des créateurs et de leurs initiatives, va recevoir 15 millions d’euros, l’équivalent du budget d’un théâtre en région, consacrés à des initiatives quasiment entrepreneuriales qui ne s’inscrivent pas dans des institutions publiques.
Nous aurons des possibilités de résidences et d’associations, l’exemple très parlant est celui de la Philharmonie où nous avons cinq orchestres et ensembles résidents, ce qui leur permettra d’avoir une présence pérenne au cours de la programmation et de les accompagner dans leurs projets.
Nous allons développer le dispositif de compagnonnage, afin de suivre des artistes arrivés à maturité.
Et nous allons également accompagner des gestes artistiques assez forts, y compris ceux de la jeune génération.
Cela peut paraître abstrait, mais nous disposons dorénavant d’un effet de levier, sanctifié dans la loi afin de magnifier le tissu musical, et d’en rendre compte de façon responsable.
Il y a eu un moment où l’on a cru que les aides envers les conservatoires allaient être supprimées et, finalement, elles ont été maintenues, voir renforcées. Dans quelle mesure ces aides sont-elles importantes ?
BERNARD CAVANNA : Oui c’est bien entendu important. La semaine dernière, à Gennevilliers, nous avons pu signer un contrat républicain avec Fleur Pellerin, mais il vrai que depuis trente ans ces aides diminuent, et que tous les efforts pour l’apprentissage de la musique sont consentis par les villes et les municipalités. La ville de Gennevilliers vient ainsi de consacrer 14 millions d’euros pour l’agrandissement et la rénovation de son conservatoire.
Mais ce que nous aimons le plus est le soutien artistique et humain des Tutelles, et cela nous l’avons notamment dans le domaine de la création.
L’argent diminue, il faut donc user d’intelligence pour créer de nouvelles organisations et des coproductions.
Il y a une baisse des dotations de l’Etat envers les collectivités locales de 3,5 milliard d’euros cette année. Or, lorsque les régions aident, l’Etat suit généralement. Si l’on prend votre exemple, David Grimal, dont l’orchestre des Dissonances est basé à Dijon, pouvez-vous témoigner de l’importance de ce lien entre l’Etat et les collectivités, et nous dire ce que vous attendez en tant que musicien ?
DAVID GRIMAL : Nous sommes en effet bien implantés à l’Opéra de Dijon où nous n’avons aucun lien avec la collectivité qui soutient, et c’est légitime, l’orchestre de l’Opéra.
Nous dépendons donc plus de la volonté d’un homme, Laurent Joyeux, le directeur de l’Opéra, qui a cru en notre projet, et qui nous soutient dans nos actions envers les jeunes, à travers le développement d’ateliers notamment.
Mais nous sommes également en résidence au Volcan du Havre où, dans ce cas, nous avons signé une convention sur trois ans avec la ville qui soutient notre présence. Et nous avons ainsi d’autres endroits où nous sommes un peu en résidence sans avoir un véritable ancrage pour l’instant.
Cependant, nous attendons plutôt un développement européen, sur lequel nous travaillons, et cherchons à créer des résidences dans de grandes villes européennes afin de rentrer dans une offre légitime.
John Harte et sa traductrice, Bernard Cavanna, Laurent Bayle, Antoine Pecqueur, Stéphane Kutniak, David Grimal, Laurence Equilbey, Eric Denut.
La question de l’architecture d’une salle contemporaine est aujourd’hui au cœur de la problématique du renouvellement du public. Vous vous trouvez, ici, dans un théâtre d’architecture contemporaine réalisé par Nicolas Michelin, qui a construit le nouveau bâtiment du Ministère de la Défense et rénové la Bibliothèque universitaire de Strasbourg,
Or, la question du lieu est primordiale, parfois bien avant le choix d’une œuvre ou de l’interprète, pour faire venir les gens qui recherchent un endroit où ils se sentent bien.
Face à cette problématique, qu’apporte une nouvelle salle de concert ?
LAURENT BAYLE : La question posée ainsi donne envie de répondre « pas grand-chose ! ».
Mais si l’on prend en considération la question de la relation des artistes au public, alors se pose plus largement la question de nouveaux modèles.
La salle de concert est un modèle principalement hérité du XIXème siècle, c'est-à-dire le passage à une époque industrielle et l’ouverture à un public issu de la bourgeoisie flamboyante.
Le concept du concert, rien que le concert, qui débute à 20h et finit à 23h, lui, n’a pas bougé. Tout au plus, certaines salles prennent en considération qu’il faut des salles de répétitions autour de la scène principale.
Il faut donc imaginer de nouvelles formes et des complexes qui permettent de nouveaux modes d’appropriation. On pense à la dimension éducative, on pense à la relation aux enfants, on pense à la pratique collective, en pensant à tout cela on pense « famille » au sens large du mot, et donc à la possibilité de créer en week-end des ateliers intergénérationnels.
On pense à l’articulation de ces ateliers qui peuvent préparer au concert, on pense à ce que peut donner des espaces d’expositions temporaires autour, on pense au numérique, on pense à tout un ensemble de fonctionnalités qui font qu’à partir du moment où vous avez réussi à contextualiser votre propos, vous pouvez commencer à parler du projet culturel.
Vous pouvez également aborder la problématique de l’acoustique de la salle en fonction de la confrontation ou de la superposition de différents modèles de concerts, avec amplification ou pas.
L’autre question est celle du contexte historique. Au XIXème siècle, les salles sont construites dans le centre-ville, et dans un certain nombre de villes, le centre-ville excentré – le quartier confortable. Si vous avez raté la mutation des années 1870, il devient difficile, dès 1920, de construire dans le centre. On construit alors là où se trouve le public supposé déjà acquis.
Partant de ce constat, si l'on fait l’analyse de certains publics du Théâtre des Champs Elysées ou du Théâtre du Châtelet, on constate effectivement son caractère homogène, et une structure de pyramide d’âge élevée, même lorsque vous tentez de faire des croisements de répertoire dans ce type de salle.
A la Philharmonie, nous avons choisi de créer un pôle de référence dans le Nord-Est de Paris, dans une zone géographique où vit une population plus mélangée, et où se côtoient des catégories sociales très diversifiées. On reste dans Paris, avec la faculté de dialoguer avec la métropole et la première couronne.
L’autre modèle choisi par le Conseil Général des Hauts-de Seine est de sortir de Paris Intra-Muros, et de s’implanter dans l’Ouest parisien là où se trouvent de grandes agglomérations.
Justement, un auditorium est en construction à l’Ile Seguin. Où en sont les travaux, et quand la cérémonie d’ouverture est-elle prévue ?
STÉPHANE KUTNIAK : Dans cet endroit très symbolique de l’Ouest parisien, qui a servi de lieu de villégiature et de plateforme industrielle aux portes de Paris, va s’ouvrir la Cité musicale de l’Ile Seguin qui sera un grand bâtiment dessiné par les architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines et construit par Bouygues. Il comprendra un auditorium de 1100 places, et une grande salle pour les musiques actuelles, ainsi que des commerces.
Ce sera également un lieu de travail avec de nombreux espaces de répétitions, ce qui permettra à des artistes tels Laurence Equilbey et son orchestre Insula orchestra et la Maîtrise des Hauts-de Seine d’y trouver résidence.
Son modèle économique est aussi différent de celui de la Philharmonie car il s’agit d’un partenariat Public-Privé. En quoi consiste-t-il ?
STÉPHANE KUTNIAK : Dans ce type de partenariat, la puissance publique va pouvoir travailler en direct avec le partenaire privé, mais de façon très règlementée, afin d’affiner le projet. Le montage économique est différent d’un montage habituel où vous payez en une fois, car la durée du contrat est suffisamment longue pour permettre au partenaire privé d’être remboursé des avances qu’il doit réaliser.
L’autre originalité de ce montage est que l’exploitation artistique sera confiée à une société privée dont les actionnaires sont TF1 et Sodexho. On devrait annoncer une date d’ouverture vers avril 2016, logiquement un an avant la date d’ouverture officielle.
Privilégie-t-on au Ministère de la Culture ce type de partenariat Public-Privé ?
ERIC DENUT : La Philharmonie a souffert d’aléas d’ordre politique et non d’aléas dus au mode de financement ou au conducteur des travaux qui est le même que celui de la Cité musicale de l’Ile Seguin.
La Mairie de Paris contribue à moins de 5% de son budget pour la Culture, soit 5 fois moins que ne consacre une ville telle Toulouse, Bordeaux ou Lyon pour la construction de projets avec l’Etat.
LAURENT BAYLE : Le partenariat Public-Privé se justifie lorsqu’il y a un modèle économique derrière. Dans le cas de l’Ile Seguin, il y a une salle de 6000 places, et un auditorium de musique classique. Vous n’avez pas dans le monde, même aux Etats-Unis, un modèle de salle classique de cette taille qui arrive à tenir son équilibre financier. Ici, un élément bénéficiaire peut couvrir partiellement un apport sur l’autre élément.
La particularité de la Philharmonie est que nous devons l’articuler avec la Cité de la Musique, et bien que nous essayons d’être dans un modèle le plus vertueux possible – quand la Cité de la Musique est née, 80% de son budget reposait sur la subvention et seulement 20% sur ses recettes propres-, les recettes propres équilibrent la subvention.
Deuxième point : dans notre modèle, l’architecte est indépendant. C’est le modèle de la puissance publique qui s’exerce dans les grands travaux. Dans le modèle du partenariat Public-Privé, l’architecte est directement choisi et articulé par l’entreprise, il y a donc une limitation de son rôle.
Bernard Cavanna, Laurent Bayle, Antoine Pecqueur
Comment voyez-vous, John Harte, votre situation en Angleterre par rapport au modèle de subventions en France, et cela vous donne-t-il envie de vous implanter ici ?
JOHN HARTE : En Grande Bretagne on parle beaucoup de rentabilité, même dans la Culture. Et dès que l’on souhaite investir dans ce secteur, il faut justifier des bénéfices à en tirer. Cela fait donc plaisir d’entendre un membre du gouvernement, ici, parler de la valeur inestimable de la Culture.
Maintenant, nous sommes dans une autre phase. Les baisses de subventions s’accélèrent surtout dans les régions, et dans certaines collectivités locales on a vu des réductions de plus de 50%.
Et alors que nous essayons de développer des relations entre Aurora Orchestra et ces structures régionales, nous nous rendons compte qu’elles n’ont plus les moyens de nous soutenir.
Le point positif est que nous sommes obligés d’être plus créatifs dans nos recherches de subventions.
Nos partenaires principaux à Londres sont situés à King Place, qui est un endroit qui ne dépend d’aucun financement public.
Nous avons ici la représentante d’un autre jeune orchestre qui va entrer en résidence à la Cité de la Musique de l’Ile Seguin. Comment voyez-vous, au XXIème siècle, Laurence, le défi que va rencontrer votre ensemble avec le public ?
LAURENCE EQUILBEY : A notre niveau nous essayons de développer tout un projet de transmission et d’éducation, de nouvelles propositions, comme faire participer des enfants aux répétitions, afin de donner de l’intérêt et du sens à notre démarche qui est essentielle.
DAVID GRIMAL : On peut également se rapprocher de la situation d’Aurora Orchestra à Londres. Les Dissonances est un jeune orchestre qui a grandi dans des conditions difficiles en France.
Le marché est saturé de tas de choses, si bien que nous devons trouver les pistes pour nous développer sans sacrifier pour autant l’objectif qui est de faire de la musique.
Il faut donc trouver les financements privés, cela fonctionne aussi ainsi en France, et les Dissonances, bien que subventionné à hauteur de 5% de leur budget, doit financer une bonne partir de son budget. Nous pouvons développer des actions culturelles, mais nous ne pouvons pas le faire à n’importe quel prix.
Mais l’essentiel reste de pouvoir donner de nous-mêmes sur scène. La Musique n’a pas besoin de devenir Justicier. Elle n’a pas besoin d’être vendue mais défendue comme il convient.
Mais vous-même ne réinventez-vous pas votre relation avec le public, puisque votre orchestre fonctionne sans chef ?
DAVID GRIMAL : C’est d’abord un travail qui permet de développer d’autres liens entre les musiciens, et les spectateurs peuvent assister aux échanges entre eux.
Lors du Festival d’Enescu, auquel nous avons participé à Bucarest il y a une quinzaine de jours, lesDissonances ont joué du Debussy alors que j’étais assis dans la salle. La circulation des énergies, des regards et des concentrations, amène effectivement une autre lecture de l’orchestre pour le public.
Il écoute d’une manière différente, ce qui n’est qu’une autre alternative de représentation.
Je pense qu’il y a une partie des mélomanes qui ne voit aucun intérêt à venir à un concert des Dissonances, dans la mesure où toute la fétichisation est faite autour de l’interprétation du chef.
Mais un public qui est peut-être intimidé par le rituel habituel va être curieux de découvrir une aventure musicale qui se décline d’une autre manière.
Pour en venir à la question des jeunes, je crois que l’éducation musicale ne doit pas se réaliser uniquement dans une salle de concert, mais doit s’appuyer sur une terre fertile, dans les écoles, dans les conservatoires.
Nous créons des salles, des orchestres, mais nous ne nous rendons pas bien compte de ce dont nous disposons, d'un apport pour la Société, pour la Civilisation, et les décisions devraient être d’abord prises au niveau de l’Education Nationale avec une politique ambitieuse.
Et plein de jeunes musiciens sont prêts à y contribuer.
Vous sentez-vous un peu fétiche quand vous dirigez, Laurence ?
LAURENCE EQUILBEY : Un chef incarne et rassemble les énergies et les individualités, donc c’est irremplaçable (sourires) !
Pour revenir aux concerts de musique de chambre et les récitals, j’aimerais rappeler que leurs musiciens sont des gens qui souffrent beaucoup de la désaffection du public. Il y a ainsi de quoi s‘inquiéter que leurs concerts ne soient, un jour, plus joués, si les coupes budgétaires devenaient plus complexes et plus profondes.
Mais je pense que la musique classique a encore quelques belles années devant elle.
Et pour faire venir le public dans ces endroits où il peut se passer quelque chose, il ne faut pas négliger le travail sur les réseaux sociaux, le numérique, même si cela peut paraître superficiel, car cela ne l’est pas autant que l’on veut bien le dire, pour créer du lien, et aussi pour créer des formes artistico-pédagogiques, voir artistiques pures.
J’ai commandé, par exemple, un clip artistique auprès d’une agence de création graphique qui a créé un court-métrage sur Orphée arrivant aux Champs-Elysées. Ce clip a fait un triomphe sur le web, et, peut-être, a-t-il un peu capté ce futur public.
David Grimal, Laurence Equilbey, Eric Denut
On sait que Fleur Pellerin et Najat Vallaud-Belkacem se sont rencontrées pour rapprocher la Culture et l’Education. Comment réagissez-vous par rapport à la place de la Musique dans l’enseignement?
ERIC DENUT : Nous avons aujourd’hui environ 55.000 établissements de l’Education Nationale dont 1 à 2% disposent d’un orchestre à l’école, soit un millier d’orchestres. Et nous avons également un établissement sur 5 qui dispose d’une chorale.
Je ne dis pas que c’est une grande réussite partout, mais c’est une grande réussite dans certains endroits, et nous avons là une possibilité d’apprentissage qui est majorée par rapport au passé.
Pour rassurer les citoyens et les contribuables, certes l’Etat s’est retiré en partie des conservatoires comme celui que dirige de main de maître Bernard Cavanna, mais ils ne représentent qu’une partie de l’enseignement musical. Car si 95% des Français ont fait un apprentissage dans ces institutions, ce qui représente environ 350.000 personnes, 5% continuent vers la professionnalisation.
Et là, l’Etat est bien présent avec un maillage de deux Grands Conservatoires d’Enseignement Supérieur, l’un créé à la Révolution Française, l’autre dans les années 70-80 à Lyon, et de 9 pôles d’Enseignement Supérieur.
45 millions d’euros sont alors dédiés à plusieurs milliers d’étudiants, et d’ailleurs, plusieurs intervenants présents autour de cette table sont diplômés de ces conservatoires qui sont une forme d’excellence pédagogique au niveau national, européen, et nous l’espérons, au niveau international.
Bernard Cavanna, comment voyez-vous votre rôle ? Former des amateurs, des mélomanes ?
BERNARD CAVANNA : Notre conservatoire, c’est 1200 élèves pour une ville d’à peine 35.000 habitants. Mais depuis les années 80, les médias se sont désolidarisés de la Musique Classique. Et le problème est d’arriver à faire sentir à un enfant, un adolescent ou un adulte, le besoin de comprendre à quel point être sensible aux modulations d’une interprétation musicale est important pour sa propre construction.
STÉPHANE KUTNIAK : Pour poursuivre sur ce sujet, c’est plutôt la question de l’accès à l’œuvre qui est aujourd’hui primordial. Je suis passé par un Conservatoire, mais j’en suis parti, et pourtant, il en reste que j’ai une pratique culturelle beaucoup plus élevée que nombres de nos concitoyens.
Pour réussir la rencontre avec une œuvre, le fait de savoir précisément ce que je vais écouter, de savoir pourquoi j’ai envie d’être spectateur, de savoir appréhender tout ce qui va me permettre de prendre du plaisir, ensemble, dans une salle, tout cela je le dois à ce bien public, qui, je le rappelle, provient de nos impôts.
Nous avons une responsabilité très forte sur ce savoir.
LAURENCE EQUILBEY : Pour élargir la réflexion, comment se fait-il également que la Télévision publique a à ce point démissionné, alors que jamais autant n’a été fait pour l’éducation musicale ?
Mais la Culture n’est plus forcément à la télévision, seulement sur le web. France Télévision lui dédie une plateforme pour cela, Culture Box.
LAURENCE EQUILBEY : C’est très bien pour les mélomanes, mais pas pour le jeune public. Il faut travailler le format, il faut être inventif.
DAVID GRIMAL : Petite remarque : depuis un an on parle de la fermeture d’un des deux orchestres de la Maison de la Radio, soit le Philharmonique de Radio France, soit l’Orchestre National de France. Pourquoi n’en confierions-nous pas un à France Télévision, avec un concert en semaine en prime-time (applaudissements) ?
ERIC DENUT : Il est vrai que l’on peut regretter l’absence de la musique savante sur les écrans de télévisions avant la tombée de la nuit, mais sans la puissance publique, il n’y aurait pas les grands sites de Culture Box et d’Arte Concert qui diffusent un nombre considérable de concerts et de spectacles.
LAURENT BAYLE : Et il ne peut pas y avoir d’orchestre à France Télévision car il n’y a pas de structure de management pour cela, ce qui ne permet pas de disposer d’une équipe performante.
Nous l’avons bien vu pendant la crise, le cœur du dispositif de Radio France pour sa survie face à la concurrence est pluraliste. Les chaines telles que France Musique ou les orchestres ne s’inscrivent pas dans la mission principale, et c’est pourquoi ils ont été menacés d’exclusion.
En région, le plan Landowski (1969) est en fait un demi-plan, car la moitié des orchestres ne sont pas de vrais orchestres symphoniques. Ils n’ont souvent pas les effectifs suffisants.
Concernant Radio France, il ne faut pas une réforme qui tue les musiciens, mais une réforme qui permette aux orchestres de rayonner.
John Harte (Aurora Orchestra) accompagné de sa traductrice
Nous nous tournons maintenant vers John Harte dont l’orchestre Aurora Orchestra, qui n’a jamais joué en France, a décidé de jouer les grandes œuvres du répertoire sans pupitre et sans chef. Pourquoi cette idée ?
JOHN HARTE : On a décidé de jouer par cœur, sans partition, avec, pour chacun, son parcours défini dans l’espace. Il n’y a ainsi plus de barrière entre les musiciens et le public. Nous avons, à ce moment-là, une écoute qui est complètement différente.
LAURENCE EQUILBEY : Nous n’avons pas parlé du prix du billet. Il faut remercier la puissance publique de permettre de maintenir des tarifs pour le grand public, mais je dirais aussi que les plateaux sont très souvent fermés, très entre soi, très fermés notamment aux femmes, ce que le public ressent.
Et s’il ne se déplace pas, c’est aussi parce qu’il n’y a pas assez de lien avec ce qu’il se passe sur le plateau. Il faut donc savoir se remettre en question.
DAVID GRIMAL : Je trouve l’expérience d’Aurora Orchestra enthousiasmante, car l’on voit de jeunes professionnels qui ont envie de défendre cette manière de faire, l’étendard levé.
Mais il est illusoire, au regard de leur emploi du temps, de voir les musiciens des Dissonances faire la même chose.
L’apport musical est réel, car lorsque les musiciens se regardent, l’oeuvre surgit par elle-même. C’est très réjouissant.
LAURENT BAYLE : La force est de ne pas reproduire l’existant et d’avoir une diversité de situations. Mais d’autres situations ont été explorées quand, par exemple, des groupes de musiciens ont été disséminés dans le public, ou bien quand le lieu de concert a été déplacé et que le public s'est trouvé assis parterre.
Il faut cependant avoir conscience du danger que représente le par cœur, car c’est un obstacle au renouvellement de l’expérience.
Certains solistes veulent se réapproprier la partition, et la remettre sous leurs yeux pour se remettre en difficulté.
Dorothée Daffy - récitante dans EsotErik, l'alchimiste du son
A une époque où la technique détruit la nature et l’âme humaine en en bridant rêve, sentiment et créativité, la troupe des Cassandres réunit des artistiques du monde musical et théâtral afin de faire connaître, dans les lieux où vivent des communautés humaines, de nouvelles formes de spectacles alliant Art Lyrique, mises en scène vivantes et théâtrales et regard audacieux sur la manière de partager cette passion avec le public.
Leurs représentations s’adressent à celles et ceux qui veulent être surpris autant par des numéros imaginatifs que par la passion extravertie du chant lyrique, et découvrir également à quel point l’Opéra et sa musique parlent de l’humain dans tous ses états d’âme.
La présente section regroupe les comptes rendus de spectacles chroniqués sur ce site, ainsi que quelques articles de presse.
Voir également le site des Cassandres : Les Cassandres » Compagnie de théâtre lyrique
Représentation du 27 novembre 2016 - Carrières-sur-Seine La Grange Aux Dîmes
Avec Julie Traouën (Piano), Elizabeth Baz (Soprano), Dorothée Daffy (Récitante)
Avec Virginie Rodde (piano), Charlotte Schumann (Mezzo-soprano), Emmanuel Gendre (Baryton)
Mise en espace Dorothée Daffy - Assistant technique et président des Cassandres Florian Dintilhac
Virginie Rodde (Piano) Florian Dintilhac (Président des Cassandres)
Variations sur « Une souris verte » pour cor anglais, soprano, comédienne et musique électroacoustique.
Représentation du 03 juillet 2014 - Galerie Talmart (Paris 4ème)
Avec Marie Soubestre (Soprano), Sylvain Devaux (Cor anglais), Dorothée Daffy (Voix)
Marie Soubestre (Soprano), Sylvain Devaux (Cor anglais), Dorothée Daffy (Voix)
Présentation de la saison Lyrique 2015 / 2016 du Théâtre des Champs Elysées
Depuis le mercredi 08 avril, la sixième saison de Michel Franck à la direction du Théâtre des Champs Elysées est officiellement dévoilée devant un public venu en nombre au théâtre en fin d’après-midi.
Cette saison comprend 6 nouvelles productions d’opéras en versions scéniques – dont l’un, l’Enfant et les sortilèges sera dédié en priorité aux enfants – jouées sur un total de 24 soirées, 17 opéras en versions de concert, chacun pour une unique soirée, 38 concerts symphoniques, 16 récitals vocaux, 24 concerts de musique de chambre, 22 concerts du dimanche matin et 9 ballets dansés sur 32 soirées. Par ailleurs, 9 représentations supplémentaires de l’Enfant et les sortilèges seront interprétées en matinées pour un public exclusivement scolaire.
Raymond Soubie, président du théâtre, et Michel Franck ont ainsi introduit cette présentation en marquant leur contentement à l’ouverture de la Philharmonie et du nouvel auditorium de Radio France, qui rajoutent à eux deux, une fois déduits les sièges de la salle Pleyel, une capacité de 1500 places supplémentaires réservées à la musique classique dans la capitale.
Pourtant, le contour musical du théâtre n’en est en rien modifié, et il reste le seul établissement de Paris à pouvoir offrir une telle diversité de concerts lyriques, vocaux, orchestraux et chorégraphiques.
Et les travaux de rénovation du Théâtre du Châtelet et du Théâtre de la Ville prévus dès la saison prochaine devraient constituer une opportunité afin d'attirer une partie de leur public vers la programmation de l’avenue Montaigne.
Raymond Soubie et Michel Franck
Opéras en versions scéniques
Theodora (Georg Friedrich Haendel) Du 10 au 20 octobre (5 représentations)
Direction musicale William Christie Mise en scène Stephen Langridge
Katherine Watson, Stéphanie d’Oustrac, Philippe Jaroussky, Kresimi Spicer, Callum Thorpe
Orchestre et Chœur Les Arts Florissants
Norma (Vincenzo Bellini) Du 08 au 20 décembre (5 représentations)
Direction musicale Riccardo Frizza, Mise en scène Stéphane Braunschweig
Maria Agresta, Sonia Ganassi, Marco Berti, Riccardo Zanellato, Sophie van de Woestyne, Marc Larcher
Orchestre de chambre de Paris
Coproduction Opéra de Saint-Etienne, Staatstheater Nürnberg
Mithridate re di Ponto (Wolfgang Amadé Mozart) Du 11 au 20 février (5 représentations)
Direction musicale Emmanuelle Haïm, Mise en scène Clément Hervieu-Léger
Michael Spyres, Patricia Petibon, Myrto Papatanasiu, Christophe Dumaux, Sabine Devieilhe, Cyrille Dubois, Jaël Azzaretti
Le Concert d’Astrée
Coproduction Opéra de Dijon
L’Enfant et les sortilèges (Maurice Ravel) Le 19 et 30 mars (2 représentations tout public et 9 représentations pour les scolaires du 16 mars au 01 avril)
Direction musicale et mise en scène Gaël Darchen
Alix Le Saux et les Solistes de la Maîtrise des Hauts-de-Seine
Ensemble Instrumental des Hauts-de-Seine
Tristan et Isolde (Richard Wagner) Du 12 au 24 mai (5 représentations)
Direction musicale Daniele Gatti, Mise en scène Pierre Audi
Torsten Kerl, Emily Magee, Steven Humes, Brett Polegato, Andrew Rees, Michelle DeYoung, Marc Larcher, Francis Dudziak
Orchestre National de France et Chœur de Radio France
Coproduction Radio France
L’Italienne à Alger (Gioachino Rossini) Le 08 et 10 juin (2 représentations)
Direction musicale Jean-Claude Malgoire, Mise en scène Christian Schiaretti
Anna Reinhold, Artavazd Sargsyan, Domenico Balzani, Sergio Gallardo, Samantha Louis-Jean, Renaud Delaigue, Lidia Vinges
La Grande Ecurie et la Chambre du Roy
Ensemble Vocal de l‘Atelier Lyrique de Tourcoing
Coréalisation Atelier Lyrique de Tourcoing
Maria Agresta
Opéras et oratorio en versions de concert
Le Freischütz (Carl Maria von Weber) le 14 septembre
Véronique Gens, Nikolai Schukoff, Christina Landshamer, Frank van Hove, Miljenko Turk, Franz-Josef Selig, Dimitry Ivashchenko
Thomas Hengelbrock direction, NDR Sinfonieorchester Hamburg, WDR Rundfunkchor Köln, NDR Chor Hamburg
L’Enlèvement au sérail (Wolfgang Amadé Mozart) le 21 septembre
Jane Archibald, Norman Reinhardt, Albert Pesendorfer, David Portillo, Rachele Gilmore, Tobias Moretti
Jérémie Rhorer direction, Le Cercle de l’Harmonie, Chœur Aedes
Ariane à Naxos (Richard Strauss) le 12 octobre
Anja Harteros, Jonas Kaufmann, Brenda Rae, Alice Coote, Markus Eiche, Christian Rieger, Matthew Grills, Kevin Conners, Elliot Madore, Johannes Klama, Dean Power, Tareq Nazmi
Kirill Petrenko direction , Bayerisches Staatsorchester
Messa di Gloria (Giacomo Puccini) le 15 octobre
Saimir Pirgu, Florian Sempey
Paolo Arrivabeni direction, Orchestre National de France, Chœur de Radio France direction Alberto Malazzi
En complément de programme Capriccio sinfonico (Puccini), Siegfried-Idyll (Wagner)
Zelmire (Gioachino Rossini) le 14 novembre
Patrizia Ciofi, John Osborn, Antonino Siragusa, Marianna Pizzolato, Michele Pertusi, Patrick Bolleire
Evelino Pidò direction , Orchestre de l’Opéra de Lyon, Chœurs de l’Opéra de Lyon
Partenope (Georg Friedrich Haendel) le 13 janvier
Philippe Jaroussky, Karina Gauvin, John Mark Ainsley, Emöke Baráth
Riccardo Minasi direction, Il Pomo d’Oro
Rinaldo (Georg Friedrich Haendel) le 10 février
Franco Fagioli, Sandrine Piau, Karina Gauvin, Daria Telyatnikova, Alex Esposito, Terry Wey
Riccardo Minasi direction, Il Pomo d’Oro
Les Sept Dernières Paroles du Christ en croix (Joseph Haydn) le 16 mars
Sara Wegener, Maria-Henriette Reinhold, Robin Tritschler, David Soar
Philippe Herreweghe direction, Orchestre des Champs-Elysées, Collegium Vocale Gent
Didon et Enée (Henry Purcell) le 20 mars à 11h (Concert du dimanche matin)
Véronique Gens, Nicolas Rivenq, Hasnaa Bennani, Aurore Bucher, Diana El Zein, Marie-Laure Coenjaerts, Denis Mignien, David Witczak
Jean-Claude Malgoire direction, La Grande Ecurie et la Chambre du Roy
Passion selon Saint Jean (Jean-Sébastien Bach) le 23 mars
Ian Bostridge, Neal Davies, Julia Doyle, Iestyn Davies, Stuart Jackson, Roderick Williams
Stephen Layton direction, Orchestra of the Age of Enlightenment, Chœur Polyphony
Persée (Jean-Baptiste Lully) le 06 avril
Mathias Vidal, Hélène Guilmette, Katherine Watson, Tassis Christoyannis, Jean Teitgen, Chantal Santon-Jeffery, Elodie Hache, Cyrille Dubois, Marie Kalinine
Hervé Niquet direction, Le Concert Spirituel, Chœur du Concert Spirituel
Werther (Jules Massenet) le 09 avril
Juan Diego Flórez, Joyce DiDonato, Valentina Naforniţă, Marc Larcher, John Chest, Nicolas Rivenq, Luc Bertin Hugault
Jacques Lacombe direction, Orchestre National de France, Maîtrise de Radio France
La Somnambule (Vincenzo Bellini) le 11 avril
Sabine Devieilhe, John Osborn, Rachel Kelly, Jennifer Michel, Nicola Ulivieri, Ugo Rabec
Christopher Franklin direction, Orchestre de chambre de Paris, Chœur Les Cris de Paris
Magnificat (Jean-Sébastien Bach) le 13 avril
Hana Blažiková, Joanne Lunn, Robin Blaze, Colin Balzer, Dominik Wörner
Masaaki Suzuki direction , Bach Collegium Japan
En première partie de programme, Bach Ich hatte viel Bekümmernis, cantate BWV 21, Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust, cantate BWV 170
Oratorio pour la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ (Alessandro Scarlatti) le 22 avril
Philippe Jaroussky, Valer Sabadus, Sonia Prina
Patrick Cohën-Akenine direction et violon, Les Folies Françoises
Lucia di Lammermoor (Gaetano Donizetti) le 27 mai
Diana Damrau, Giorgio Berrugi, Gabriele Viviani, Nicolas Testé, Francesco Marsiglia, Daniela Valdenassi, Saverio Fiore
Gianandrea Noseda direction, Orchestre du Teatro Regio Torino, Chœur du Teatro Regio Torino
Olympie (Gaspare Spontini) le 03 juin
Karina Gauvin, Kate Aldrich, Charles Castronovo, Josef Wagner, Patrick Bolleire
Jérémie Rhorer direction, Le Cercle de l’Harmonie, Vlaams Radio Koor
Stabat Mater (Giovanni Battista Pergolesi) le 27 juin
Sonya Yoncheva, Karine Deshayes
Ensemble Amarillis
Sonya Yoncheva
Les Récitals vocaux
Bejun Mehta (Vivaldi, Haendel, Veracini, Albinoni, Geminiani) le 09 octobre Patricia Petibon – Nahuel di Pierro (Haendel, Purcell) le 17 octobre Jonas Kaufmann (Puccini) le 29 octobre N. Dessay, K. Deshayes, R. Raimondi, N. Radulovic… (Hommage à Solenn) le 09 décembre Stacey Kent (Concert Jazz) le 12 décembre Natalie Dessay, Laurent Naouri (Carte blanche) le 13 décembre Andreas Scholl (Bach) le 18 décembre Olga Peretyatko (Rossini) le 11 janvier Alexander Vinogradov (Gounod, Berlioz, Bizet, Poulenc) le 12 janvier Max Emanuel Cenčić (Porpora, Sarro, Scarlatti, Vinci, Porpora, Leo) le 20 janvier Bryan Hymel, Aida Garifullina (Verdi, Puccini, Gounod) le 17 février Julia Lezhneva (Mozart, Hasse, Rossini) le 19 février Anne Sofie von Otter, Laurent Naouri (Rameau, Lully, Charpentier, Leclair) le 18 mars Ian Bostridge (Lully, Purcell, Rameau, Haendel) le 21 mars Ermonela Jaho, Charles Castronovo (Boito, Cilea, Donizetti, Gounod, Massenet, Puccini) le 07 juin Philippe Jaroussky (Cavalli, Monteverdi, Sartorio, Strozzi, Legrenzi, Steffani) le 25 juin
Anne Sofie von Otter
Concerts (sélection subjective)
Orchestre Lamoureux - Ayyub Guliyev, E. Mansurov, M. Mansurov.- musique orientale d'Azerbaïdjan le 13 septembre
Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg – Yuri Temirkanov, Matthias Goerne – Mahler Kindertotenlieder le 23 octobre Orchestre Philharmonique de Rotterdam – Yannick Nézet-Séguin, S. Connolly, R. Dean-Smith – Mahler Das Lied von der Erde le 26 octobre Orchestre de chambre de Paris, Douglas Boyd, Toby Spence – Tippet/Britten/Purcell/Corelli le 03 novembre Philharmonia Orchestra – Esa-Pekka Salonen, Arabella Steinbacher – Brahms Concerto pour violon le 07 décembre Orchestre des Champs-Elysées - Louis Langrée, Anna Caterina Antonacci - Chausson/Debussy le 13 février
Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise – Mariss Jansons – Mahler Symphonie n° 5 le 17 mars Orchestre Lamoureux – D. Waldman, M.Onfray, S. Rakcheyeva- Universités populaires… le 20 mars Orchestre National de France – Gustavo Gimeno, Patricia Petibon – Mozart/Britten/Bartok le 31 mars Orchestre Philharmonique de Rotterdam – Yannick Nézet-Séguin – Bruckner Symphonie n° 8 le 01 avril Orchestre Colonne – Roger Epple – Mahler Symphonie n° 6 le 20 avril Orchestre National de France – Daniele Gatti, Christine Schäfer – Mahler/Berg/Mozart le 21 avril Orchestra of the Age of Enlightenment – Sir Simon Rattle – Bruckner Symphonie n° 6 le 20 avril Orchestre National de France, Daniele Gatti, Jonas Kaufmann Liszt/Wagner/Brüchner le 19 mai Orchestre Philharmonique de Vienne – Daniele Gatti, Jonas Kaufmann – Mahler Das Lied von der Erde le 23 juin
Le Théâtre lors de la présentation de la saison 2015/2016
Autres concerts et ballets
Voir l’ensemble de la saison sur le lien suivant Saison 2015/2016 Théâtre des Champs Elysées
Première impression sur la saison 2015/2016
La prochaine saison lyrique du Théâtre des Champs-Elysées est marquée par une inhabituelle présence du répertoire allemand (6 opéras en versions de concert) dont l'apothéose sera la mise en scène de Tristan et Isolde par Pierre Audi.
Mais, globalement, le répertoire se répartit équitablement entre le 18ième et 19ième siècle, comme les saisons précédentes, et le répertoire italien reste dominant.
Et trois opéras en versions de concert feront particulièrement l'évènement, Ariane à Naxos, Werther et Lucia di Lammermoor, pour leurs distributions fortement starisées.
Reste ensuite à prendre la mesure, avec le temps, d'un programme riche où l'on voit même poindre le philosophe Michel Onfray afin d'animer l'Université populaire symphonique.
Présentation de la saison Lyrique 2015 / 2016 de l’Opéra National de Paris Hotel Intercontinental Paris Le Grand - Mercredi 04 février 2015
Depuis le mercredi 04 février, la première saison de Stéphane Lissner à la direction de l’Opéra National de Paris est enfin dévoilée. Elle comprend 4 nouvelles productions et 5 coproductions - dont une, le Vol retour, sera jouée à l’Amphithéâtre Bastille. Avec 19 titres au total, cette saison renoue ainsi avec un volontarisme que le nouveau directeur affiche fermement, comme un contrepied au climat actuel de repli sur soi face à la crise.
Lors de cette présentation, qui s’est déroulée sous les reflets des statues érotiques suspendues parmi les glaces de la salle Opéra de l’Hotel Intercontinental, il n’a pas souhaité commenter les œuvres programmées, mais plutôt rappeler quelques personnalités qui l’ont marqué- le chef d’orchestre Pierre Boulez, et les metteurs en scène de théâtre Peter Brook et Patrice Chéreau -, et définir une logique avec un esprit, et un vocabulaire, de chef d’entreprise et de producteur de spectacles.
Aucun complexe à parler d’argent, à fidéliser un mécénat privé qui sera décisif dans la réussite de ses projets artistiques inscrits dans la durée, et la vision lucide d’une concurrence internationale des scènes lyriques pour capter les fonds nécessaires.
De grandes lignes sont évoquées, un cycle Berlioz sur 6 ans, la forte présence de la musique et de la littérature françaises tout au long de son mandat, et une ouverture sans précédent à la jeunesse par le biais de 13 avant-premières qui lui seront entièrement réservées.
Stéphane Lissner
Un ouvrage biblique en ouverture de mandat
Moses und Aron (Arnold Schönberg) Du 17 octobre au 09 novembre (8 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Philippe Jordan, Mise en scène Romeo Castellucci Thomas Johannes Mayer, John Graham-Hall, Julie Davies, Catherine Wyn-Rogers, Nicky Spence, Michael Pflumm, Chae Wook Lim, Christopher Purves, Ralf Lukas Coproduction avec le Teatro Real de Madrid
L’œuvre n’a été jouée que onze fois à l’Opéra National de Paris, entre septembre 1973 et avril 1975.
Patrice Chéreau devait le mettre en scène pour cette ouverture, mais, suite à sa disparition, c’est Roméo Castellucci, prévu initialement pour un autre opéra biblique, Salomé, qui reprend la direction scénique du quatrième opéra de Schönberg.
Évocation de l’Exode, des limites du débat théologique face à l’urgence de la situation et des grandes réflexions liées aux religions, elle est un écho brulant aux courants spirituels et médiatiques d’aujourd’hui.
Ludovic Tézier et Philippe Jordan
La Damnation de Faust (Hector Berlioz) Du 05 décembre au 29 décembre (10 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Philippe Jordan, Mise en scène Alvis Hermanis Sophie Koch, Jonas Kaufmann, Bryan Hymel, Bryn Terfel, Edwin Crossley-Mercer, Sophie Claisse Nouvelle production
Absent de la scène de l’Opéra National de Paris depuis 10 ans – cela ne lui était jamais arrivé depuis son entrée au répertoire -, La Damnation de Faust initie un cycle Berlioz qui s’achèvera avec les Troyens, en passant, sûrement, par Benvenuto Cellini.
Die Meistersinger von Nurnberg (Richard Wagner) Du 01 mars au 28 mars (7 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Philippe Jordan, Mise en scène Stefan Herheim Gerald Finley, Günther Groissböck, Dietmar Kerschbaum, Ralf Lukas, Bo Skovhus, Michael Kraus, Martin Homrich, Stefan Heibach, Robert Wörle, Miljenko Turk, Panajotis Iconomou, Roman Astakhov, Brandon Jovanovich, Paul Schweinester, Julia Kleiter, Wiebke Lehmkuhl, Andreas Bauer Coproduction avec le Festival de Salzbourg, la Scala de Milan et le Metropolitan Opera de New York
Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg n’ont jamais été représentés en version scénique sur le plateau de l’Opéra Bastille.
Cette production, en provenance de Salzbourg, initie ainsi un cycle de nouvelles productions des oeuvres de Richard Wagner – une par an – que Philippe Jordan n’a, pour certaines, jamais dirigé à Paris.
Viendront, dans les années suivantes, le Lohengrin conçu par Claus Guth à la Scala de Milan, une nouvelle production de Parsifal, et l'Anneau des Nibelungen.
Trilogie populaire de Verdi
Bien que l’année Verdi soit dernière nous, la trilogie populaire de Giuseppe Verdi est pour la première fois montée intégralement au cours de la même saison sur la scène de l’Opéra Bastille.
En plus de la reprise de la Traviata, deux nouvelles productions du Trouvère et de Rigoletto sont donc programmées, afin de constituer une ligne d’œuvres facilement accessibles.
Il Trovatore (Giuseppe Verdi) Du 28 janvier au 15 mars (13 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Daniele Callegari, Mise en scène Alex Ollé Ludovic Tézier, Vitaliy Bilyy, Anna Netrebko, Hui He, Ekaterina Semenchuk, Ekaterina Gubanova, Marcelo Alvarez, Fabio Sartori, Roberto Tagliavini, Liang Li, Marion Lebègue Coproduction avec De Nationale Opera, Amsterdam
Rigoletto (Giuseppe Verdi) Du 09 avril au 30 mai (18 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Nicola Luisotti, Pier Giorgio Morandi, Mise en scène Claus Guth Michael Fabiano, Francesco Demuro, Quinn Kelsey, Franco Vassallo, Olga Peretyatko, Irina Lungu, Rafal Siwek, Andrea Mastroni, Vesselina Kasarova, Isabelle Druet, Mikhail Kolelishvili, Michal Partyka, Christophe Berry, Tiago Matos, Andreea Soare Nouvelle production
Autres nouvelles productions
Lear (Aribert Reimann) Du 23 mai au 12 juin (7 représentations à l'opéra Garnier) Direction musicale Fabio Luisi, Mise en scène Calixto Bieito Bo Skovhus, Gidon Saks, Andreas Scheibner, Michael Colvin, Kor-Jan Dusseljee, Lauri Vasar, Andrew Watts, Andreas Conrad, Ricarda Merbeth, Erika Sunnegardh, Annette Dasch, Edda Moser, Nicolas Marie Nouvelle production
L’opéra d’Aribert Reimann – en version française - n’a été représenté que huit fois, en novembre 1982, sur la scène de l’opéra Garnier.
Cette nouvelle production, montée en langue originale pour l'anniversaire des 80 ans du compositeur berlinois, signe également l’arrivée sur la scène parisienne du metteur en scène catalan Calixto Bieito.
Le Château de Barbe-Bleue (Bela Bartok) / La voix humaine (Francis Poulenc) Du 20 novembre au 12 décembre (10 représentations à l'opéra Garnier) Direction musicale Esa-Pekka Salonen, Mise en scène Krzysztof Warlikowski Johannes Martin Kränzle, Ekaterina Gubanova Barbara Hannigan Coproduction avec le Teatro Real de Madrid
Alors que Gerard Mortier lui avait confié quatre nouvelles mises en scène, et Nicolas Joel aucune, Krzysztof Warlikowski fait son retour à l’Opéra de Paris avec une de ses chanteuses fétiches, Barbara Hannigan.
C’est aussi le grand retour d’ Esa-Pekka Salonen, absent depuis la création d’Adriana Mater en 2006.
Krzysztof Warlikowski
Iolanta / Casse-Noisette (Piotr Ilyitch Tchaikovski) Du 07 mars au 01 avril (13 représentations à l'opéra Garnier) Direction musicale Alain Altinoglu, Mise en scène Dmitri Tcherniakov Alexander Tsymbalyuk, Sonya Yoncheva, Arnold Rutkowski, Andrei Zhilikhovsky, Vito Priante, Roman Shulakov, Gennady Bezzubenkov, Elena Zaremba, Anna Patalong, Paola Gardina Direction musicale Alain Altinoglu, Décors Dmitri Tcherniakov, Chorégraphie Sidi Larbi Cherkaoui, Édouard Lock, Benjamin Millepied, Arthur Pita, Liam Scarlett Nouvelle production
De même, Gerard Mortier lui avait confié deux nouvelles mises en scène, et Nicolas Joel aucune, Dmitri Tcherniakov fait son retour à l’Opéra de Paris pour défendre son répertoire national.
Iolanta est représentée telle qu'elle fut créée au Théâtre Mariinsky de Saint-Peterbourg le 18 décembre 1892, c'est à dire suivie du ballet Casse-Noisette.
Cette version de Casse-Noisette ne remplace cependant pas la version de Rudolf Noureev inscrite au répertoire de l'Opéra National de Paris depuis 30 ans.
Vol retour – The Way Back Home (Joanna Lee) Du 04 décembre au 19 décembre (9 représentations à l'amphithéâtre Bastille) Direction musicale Stephen Higgins, Mise en scène Katie Mitchell Solistes de l'Académie / Atelier Lyrique et Solistes de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris Coproduction avec l'English national Opera Spectacle pour enfants à partir de 4 ans
Créé en décembre dernier à l’English National Opéra, The Way Back Home est un conte d’hiver qui raconte le voyage d’un petit garçon à travers les étoiles qui, après un atterrissage forcé sur la Lune, rencontre un martien, lui aussi échoué. Katie Mitchell, célèbre metteur en scène de théâtre britannique, débutera à l'Opéra de Paris.
Les reprises
Pour toutes les reprises, les metteurs en scène ont été convaincus de revenir afin de retravailler les œuvres, et un soin est particulièrement accordé aux petits rôles.
Madame Butterfly (Giacomo Puccini) Du 5 septembre au 13 octobre (13 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Daniele Rustioni, Mise en scène Robert Wilson Oksana Dyka, Ermonela Jaho, Annalisa Stroppa, Piero Pretti, Gabriele Viviani, Carlo Bosi, Tomasz Kumięga
Svetla Vassileva (Madame Butterfly mars 2014)
Platée (Jean-Philippe Rameau) Du 7 septembre au 08 octobre (12 représentations à l'opéra Garnier) Direction musicale Marc Minkowski, Mise en scène Laurent Pelly Frédéric Antoun, Alexandre Duhamel, Florian Sempey, Julie Fuchs, Armelle Khourdoïan, Colin Lee, Franck Ferrari, Julien Behr, Aurélia Legay
Don Giovanni (Wolfgang Amadé Mozart) Du 12 septembre au 18 octobre (12 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Patrick Lange, Marius Stieghorst, Mise en scène Michael Haneke Artur Ruciñski, Alexander Tsymbalyuk, Maria Bengtsson, Matthew Polenzani, Karine Deshayes, Alessio Arduini, Fernando Radó, Nadine Sierra, Gaëlle Arquez
L'Elisir d'Amour (Gaetano Donizetti) Du 02 novembre au 25 novembre (8 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Donato Renzetti, Mise en scène Laurent Pelly Aleksandra Kurzak, Roberto Alagna, Mario Cassi, Ambrogio Maestri, Mélissa Petit
Capriccio (Richard Strauss) Du 19 janvier au 14 février (9 représentations à l'opéra Garnier) Direction musicale Ingo Metzmacher, Mise en scène Robert Carsen Adrianne Pieczonka, Wolfgang Koch, Benjamin Bernheim, Lauri Vasar, Lars Woldt, Daniela Sindram, Chiara Skerath, Juan José De León, Graham Clark, Jérôme Varnier
Werther (Jules Massenet) Du 20 janvier au 04 février (6 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Alain Lombard, Mise en scène Benoît Jacquot Piotr Beczala, Stéphane Degout, Paul Gay, Rodolphe Briand, Lionel Lhote, ElĪna Garanča, Elena Tsallagova, Arto Sarkissian, Gemma Nì Bhriain
Il Barbiere di Siviglia (Gioacchino Rossini) Du 02 février au 04 mars (10 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Giacomo Sagripanti, Mise en scène Damiano Michieletto Lawrence Brownlee, Nicola Alaimo, Pretty Yende, Alessio Arduini, Ildar Abdrazakov, Pietro Di Bianco, Anaïs Constans, Laurent Laberdesque
Der Rosenkavalier (Richard Strauss) Du 09 mai au 31 mai (8 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Philippe Jordan, Mise en scène Herbert Wernicke Anja Harteros, Michaela Kaune, Peter Rose, Daniela Sindram, Martin Gantner, Erin Morley, Irmgard Vilsmaier, Dietmar Kerschbaum, Anna Lapkovskaja, Fabio Sartori, Jan Štáva, Charles Reid, Peter Galliard
La Traviata (Giuseppe Verdi) Du 20 mai au 29 juin (13 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Michele Mariotti, Mise en scène Benoît Jacquot Sonya Yoncheva, Maria Agresta, Antoinette Dennefeld, Elisabeth Moussous, Bryan Hymel, Abdellah Lasri, Željko Lučić, Simone Piazzola, Plácido Domingo, Julien Dran, Fabio Previati, Boris Grappe, Luc Bertin-Hugault
Diana Damrau (La Traviata - juin 2014)
Aïda (Giuseppe Verdi) Du 13 juin au 16 juillet (14 représentations à l'opéra Bastille) Direction musicale Daniel Oren, Mise en scène Olivier Py Orlin Anastassov, Anita Rachvelishvili, Daniela Barcellona, Sondra Radvanovsky, Liudmyla Monastyrska, Aleksandrs Antonenko, Fabio Sartori, Kwangchul Youn, George Gagnidze, Vitaliy Bilyy, Yu Shao, Ileana Montalbetti
Première impression sur cette saison 2015/2016
Chacun a pu entendre, ou du moins sentir, la clameur qui s’est élevée à l’annonce de la première saison Lissner.
Et chacun a pu noter, en premier lieu, le retour et l’arrivée de metteurs en scène internationaux négligés par le précédent directeur Nicolas Joel, qui avait privilégié des directeurs français dont les créations artistiques – hormis celles d’Olivier Py – ont été un enchaînement de catastrophes scéniques qui se poursuit actuellement avec la production de Zabou Breitman pour l’Enlèvement au Sérail au Palais Garnier.
De nouveaux grands chefs arrivent, Ingo Metzmacher, Patrick Lange, et certains grands chanteurs font leur retour après plus de cinq ans d’absence - Anna Netrebko, Jonas Kaufmann, Placido Domingo, Elina Garanca, Sondra Radvanovsky…
Anja Harteros, Bryan Hymel, Olga Peretyatko et Barbara Hannigan feront également leurs débuts à l’Opéra National de Paris.
Barbara Hannigan (Donna Anna à la Monnaie de Bruxelles - décembre 2014)
Et mis à part la présence de quatre Verdi au cours de la même saison (une première !), la diversité des compositeurs ne néglige ni le répertoire germanique, ni le répertoire du XXème siècle.
C’est plutôt la prédominance du répertoire XIXème siècle, la moindre importance du répertoire slave, et l’absence de création mondiale, qui distinguent cette première saison de l’esprit de Gerard Mortier.
Mais on sait que les créations commenceront la saison suivante, et que la ligne artistique se construit sur 6 ans.
Nous verrons également si il y aura une bonne alchimie, pour chaque spectacle, entre les chanteurs, les metteurs en scène, le chef d'orchestre et les musiciens.
Élément économique non négligeable, les tarifs augmentent très peu, et ne concernent que des changements de catégories dans les places à plus de 100 euros, avec même des déclassements au parterre de Garnier. Et les moins de 28 ans auront donc accès à 13 avant-premières, dont toutes les créations, pour 10 euros.
On sent aussi la volonté de séduire un très large public, ouvert, et une exigence tendue vers l’avenir, ce qui est, pour nombre d’amateurs d’opéra, une source d’exaltation et d'inspiration qui va durer, et on le souhaite tous, sur de longues années.
Stéphane Lissner
Vive Stéphane Lissner, son enthousiasme, sa détermination, son intelligence et sa générosité !
On the 9th October, georgian soprano Tamar Iveri has presented to the national library of georgian parliament the charity foundation « Saved Society ». This foundation – she will be its president – will aim to protect all types of victims of violence. It is born from offending words written by her husband against gay rights, after a LGBT march was attacked in Tbilisi by orthodox and christian fondamentalists.
These violences were condemned by the president Guiorgui Margvelachvili and the prime minister Bidzina Ivanishvili, whose policy is to align Georgia on Western Human Rights values, although the Orthodox Church influence is prevailing in this country that suffers intimidation of Russia.
Opera House Tbilisi
After meeting and apologizing to Identoba, the Lesbian-Gay-Bi-Trans organization based in Tbilisi, Tamar Iveri had planned a benefit concert on the 11th October, the National Coming-out Day.
Tbilisi Concert Hall and the Muse (11th, October)
But, as she has just become the mother of twins, a daughter and a son, she has finally decided to postpone the concert on the 10th December, day of the Universal Declaration of Human Rights. And this concert will mark the beginning of her foundation’s activities.
Irakli Vacharidze, the Identoba Leader, has expressed his happiness for Tamar Iveri with all his heart.
Presentation of the Foundation with subtitles in english
Depuis la fin de l’année 2013, Gerard Mortier sentait que ses heures étaient comptées, si bien qu’il se mit à préparer son départ, en multipliant les articles et les interviews destinés à transmettre ses convictions sur son métier de directeur d’opéra et sa vision de la société.
Quelques jours avant sa mort, il fit parvenir une lettre aux élèves du Collège Sainte-Barbe de Gand, dans laquelle il exprimait le sens de son éducation, et sa fascination comme sa méfiance vis-à-vis des possibilités offertes par le monde d’aujourd’hui.
Cette lettre fut lue le 07 septembre dernier à l’Eglise Saint Nicolas de Gand, devant les élèves du collège qui l’avaient connu, à l’occasion de la journée dédiée par la ville pour commémorer son parcours extraordinaire.
J’ai obtenu l’autorisation de traduire cette lettre – sous la supervision d’une personnalité flamande - et de la diffuser ci-dessous, à condition que la version française soit associée à la version originale rédigée en flamand.
Eglise Saint Nicolas de Gand : Lecture de la lettre de Gerard Mortier par un des professeurs du collège.
Choisissez votre futur - Gerard Mortier
Dans « La Flûte enchantée » de Mozart, nous pouvons apprendre à distinguer le « Savoir » et la « Sagesse ». Une vertu, qui ne peut être uniquement réalisée que par l’expérience et par un engagement dévoué, afin d’en faire profiter la société.
Peu d'écoles, comme le Collège Sainte-Barbe de Gand, peuvent vous apporter autant de savoir et aborder, de plus, les éventuelles manières de le mettre en pratique.
Et nous avons besoin, de toute évidence, de visions à long terme qui s’opposent aux décisions politiques quotidiennes prises dans l’urgence. Nous vivons une révolution difficile mais fascinante. Ce que nous trouvons évident est remis en cause. Les valeurs d’hier ne sont plus nécessairement celles d’aujourd’hui.
Je crois beaucoup en votre génération parce qu’elle dispose de beaucoup, sinon trop, de possibilités pour répondre aux problèmes existants, et pour trouver des solutions nouvelles et durables. Par conséquent, vous devez commencer par choisir vos ressources qui vous renforceront, et vous débarrasseront de plein de choix qui vous ont été offerts.
Facebook semble être indispensable, mais c’est en réalité une peste puisque, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les informations individuelles sont transformées en produit marchand, que les principaux éléments qui fondent le contact humain, tels que le regard et le visage, se vendent sur le marché, et que l’on se présente comme une putain.
La diversité de la Tour de Babel était un progrès, car elle a rompu avec la monopolisation et a permis une pluralité. Les messages Twitter bouleversent la communication pluraliste, brouillent définitivement la vérité, faisant un évènement de ce qui n’en n’est pas un. Nous sommes submergés par un flot d’informations que nous ne pouvons pas gérer avec créativité par manque de sélection et d’appréciation.
Et, ce que vous avez été heureux d’apprendre au collège ces dernières années, vous aidera à vous diriger vers la vraie recherche, la création réelle et le but visionnaire. Au seuil de votre vie étudiante, qui vous mènera vers votre futur monde professionnel, il faut se souvenir d’Alexandre Le Grand prenant comme décision de couper pour la première fois le nœud Gordien de notre prétendue société de communication.
Mais vos études au collège Sainte-Barbe ne sont pas uniquement une préparation à l’enseignement supérieur. Selon vos centres d’intérêt, vos talents et votre niveau d’engagement, vous pourrez être compositeur, créateur de mode, écrivain ou ébéniste.
Ne choisissez pas une profession pour l’argent qu’il vous rapportera, vous devrez d’abord rechercher le bonheur dans les petites choses de la vie, comme les épicuriens nous l’enseignent. Vous n’avez pas besoin d’être riche pour profiter d’un beau coucher de soleil sur la mer du Nord, c’est uniquement notre société de consommation qui prétend que nous avons absolument besoin de boire un verre de champagne pour en profiter.
Et pour aller dans le sens des stoïciens, je voudrais également recommander de conserver une distance contemplative envers l’Amour et la Souffrance. Prenez du temps pour vos choix, discutez-en avec vos amis et votre famille et, une fois votre décision prise, allez-y avec enthousiasme, force et courage.
Gerard Mortier
In Mozart’s "Toverfluit" kan men het onderscheid tussen « weten » en « wijsheid » leren. Een deugd, die men enkel bereikt door ervaring en geëngageerde inzet waarmee men zijn weten kan omzetten in voor de maatschappij dienstvolle creaties.
Weinig scholen brengen u zoals het St.-Barbara college zoveel weten bij met bij met bijzondere gave ook reeds op haar mogelijke praktische omzetting te wijzen.
Wat we vandaag nodig hebben zijn visies op lange termijn in tegenstelling met de dagdagelijkse urgentiebeslissingen op politiek vlak. We leven in een moeilijke maar fascinerende omwenteling. Veel van wat we vanzelfsprekend vonden wordt in vraag gesteld. De waarden van gisteren zijn niet noodzakelijk meer die van vandaag.
Ik geloof enorm in uw generatie omdat zij vele, wellicht teveel mogelijkheden ter hare beschikking heft om voor vele bestaande vraagstukken langdurige en nieuwe oplossingen te vinden. Daarom moeten jullie beginnen bij het kiezen van jullie middelen, en veel schrappen wat u daarbij wordt aangeboden.
Facebook schijnt een must en is een pest omdat het voor de eerste keer in de humanitaire geschiedenis het individu ertoe aanzet zichzelf als een product op de markt aan te bieden, waarbij de belangrijkste elementen van het contact, zoals de blik van aangezicht tot aangezicht verloren gaat, en waardoor men zichzelf als hoer declareert.
De diversiteit van de toren van Babel was een vooruitgang omdat het brak met de monopolisatie en kans gaf aan pluraliteit. Het gekwakkel van Twitter verstoort die pluralistische communicatie, verdraait permanent de waarheid en creëert een event daar waar er geen is. We worden overspoeld door een stortvloed van informatie die we door gebrek aan selectie en appreciatie niet meer creatief kunnen verwerken.
Dit laatste hebben jullie gelukkig kunnen leren in het college en zal jullie zeker helpen terug te keren naar het werkelijke onderzoek, de echte creatie en het visionaire beeld. Op de drempel van jullie latere studies en daarop volgend beroepsleven moeten jullie dus zoals Alexander de Grote de Gordiaanse van onze zogenaamde communicatiemaatschappij vooreerst doorhakken. Uw studies in het St-Barbara college zijn niet enkel een voorbereiding geweest op het hoger onderwijs. Al naargelang uw talenten interesses en engagement moet u niet aarzelen eventueel componist, mode ontwerper, schrijver of ebenist te worden.
Kies uw beroep niet in functie van rijk- maar gelukkig worden, welwetend dat u het geluk vooreerst moet zoeken in de kleine dagelijkse dingen van het leven zoals de epicuriërs dat ons vertellen. U moet niet rijk zijn om fantastisch te genieten van een mooie zonsondergang aan de Noordzee, en het is enkel onze consumptiemaatschappij die u wijsmaakt dat u daar absoluut een glas champagne moet bij drinken.
In de zin van de stoïcijnen zou ik u daarbij bovendien aanbevelen een beschouwende afstand te houden tot lief en leed. Neem tijd voor uw keuzes, bespreek ze met vrienden en familie en eens de beslissing genomen, ga ervoor met enthousiasme, moed en kracht.
L'Eglise Saint Nicolas, vue depuis la halle de l'Hôtel de ville de Gand
Après l’hommage rendu à Gerard Mortier par le Théâtre de La Monnaie de Bruxellesle 27 mai dernier, ce fut au tour de la ville de Gand – qui est aussi la ville de naissance de Charles Quint - de consacrer une journée entière à l’un de ses fils devenu l’un des plus grands directeurs d’opéra de notre temps.
Aucune communication concernant cet évènement n’avait dépassé les journaux d’information de la ville, afin de conserver son caractère privilégié et intime à ses habitants.
Répétition de C(H)oeur
Par chance, une fois sorti des brumes matinales, le soleil irradia entièrement les monuments témoins d’une ambiance festive, au cours d’une journée qui, au fur et à mesure, souleva une profondeur de sentiment mettant à l’épreuve la sensibilité de chacun.
Cet hommage débuta vers midi, sous la petite halle construite devant l’Hôtel de ville, par les répétitions des extraits de C(h)oeur, le ballet d'Alain Platel créé en 2012, et qui a parcouru toute l’Europe jusqu’à l’Opéra de Perm, en Russie.
Répétition de C(H)oeur
47 hommes et femmes de toutes générations, gantois bénévoles, s’amusèrentà régler la synchronisation de leurs pas avec une joie de bouger communicative, et ils ne trouvèrent de solution qu'en choisissant de séparer le groupe en deux, de manière à danser en face à face.
Pour les guider, cinq artistes de la troupe des ballets C de la B se livrèrent avec eux à ces exercices entrainants, gamins et adultes au cœur d’enfants sautillants en tous sens, le sourire hilare.
Ces répétitions se déroulèrent au son des carillons de la Mairie devant les badauds heureusement surpris.
A l'Eglise Saint-Nicolas
Arrivés vers à 13h30, une trentaine d'anciens élèves du collège Sainte-Barbe de Gand - institution d'enseignement secondaire catholique fondée par les Jésuites- où Gerard Mortier fut formé se réunirent à l'église Saint-Nicolas, édifice gothique situé à quelques mètres de la halle. Nombreux discours en son souvenir, entrecoupés de passages musicaux joués à la harpe (Debussy, Bach..) ou à l'orgue magnifique, une lettre écrite - quelques jours avant sa mort - à l’intention des nouveaux élèves du collège fut lue. Sa traduction sera déposée sur ce blog ultérieurement.
L'Eglise Saint-Nicolas
Puis, à 14h30, les deux pièces de C(h)oeur, le 'Va pensiero' de Giuseppe Verdi et 'Yaka-scène' de Steven Prengels furent jouées devant des centaines de personnes. C'était, sans doute, moins spontané que pendant la répétition.
Musique de deuil maçonnique, Sylvain Cambreling, deFilharmonie (Cathédrale Saint-Bavon)
A 15h00, tout le monde entra dans la cathédrale Saint-Bavon où, devant un millier de personnes, Sylvain Cambreling dirigea l’impressionnante Musique de deuil maçonnique et la Gran Partita de Mozart. Les Funeral Sentences de Purcell clôturèrent ce programme interprété par le Collegium Vocale Gente en deFilharmonie, au milieu des rayons transverses de lumière naturelle qui mettaient en valeur les reliefs du Chœur et des chapelles. Les gens n’étaient pas seulement assis sur les bancs, ils avaient aussi investi la totalité du monument en s’appuyant, debout, sur les colonnes et les parois latérales.
Gerard Mortier
Puis vint le moment de se diriger vers l’Opéra, et quelques centaines de personnes en prirent le chemin à travers les rues de la ville dominées par le son des cloches de la cathédrale, qui nous accompagnèrent pendant tout ce temps.
Gerard Mortier
Il était 16h15 passé quand Gerard de Smet, ancien ami de collège, rappela en photographies toute la vie de Mortier, depuis l’icône de sa mère jusqu’à ses derniers jours au Teatro Real de Madrid. Nombre de ces témoignages se retrouvent dans son livre « L’Opéra réinventé », mais il y eut également des inédits, comme cette photographie prise en contrebas alors qu’il tenait un immense parapluie rouge.
Johan Simons et, en arrière plan, Gerard De Smet
La célèbre vidéo de l'ascension de Tristan (Bill Viola 2005) fut ensuite projetée, mais sans l’éclat qu’il était possible d’admirer au Grand Palais cette saison. Cela ne gâcha en rien l’effet émotionnel de cette montée majestueuse.
Maquette d'un projet de grande salle
Et Johan Simons - metteur en scène et nouvel intendant de la Ruhrtriennale qui débuta sa carrière au Théâtre National de Gand – évoqua avec un sérieux impressionnant, mais aussi avec cœur, les moments conflictuels qui l’opposèrent à Mortier lors de la mise en scène de Simon Boccanegra à L’Opéra Bastille.
Maquette d'un projet de grande salle
Grand moment hallucinant, le projet que Mortier rêvait de bâtir, une grande salle de musique configurable, fut présenté sous forme de maquettes par Daan Bauwens, le directeur du centre musical de Bijloke à Gand. Mais le manque de moyens n’a finalement pas permis de faire aboutir cet ambitieux édifice.
Rückert-Lieder (Adriaan Jacobs - Piano et Charles De Keyser - Basse)
Enfin, après un extrait des Rückert-Lieder (Mahler) chanté par Charles De Keyser (basse) et accompagné au piano par Adriaan Jacobs, le maire de la ville, Daniël Termont, vint conclure cette journée en remettant à Rita Mortier, la sœur du directeur, deux énormes livres de deuil. Instant de recueillement très émouvant.
Rita Mortier
Elle s’adressa alors au public pour lui témoigner sa gratitude et lui dire que, dorénavant, Gerard Mortier restera en ceux qui ont bien voulu être présents ce soir, et c'est le plus important.