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Publié le 17 Juillet 2014

Tamar Iveri – Un concert pour le National Coming Out Day le 11 octobre 2014 à Tbilissi

Victime d’un mari chrétien orthodoxe profondément religieux - La Georgie est un territoire qui fait de l'orthodoxie une condition d'adhésion à l'état - dont les mots dépassèrent la pensée lorsqu’il manifesta, sur le profil Facebook de sa femme, son désaccord au passage du défilé LGBT prévu à Tbilissi le 17 mai 2013 devant, notamment, le cimetière où étaient au même moment enterrés des soldats tués en Afghanistan, Tamar Iveri a subi le mois dernier une vague de dénigrements impressionnante sur internet.
 

Cette affaire, un moment éclipsée, est en effet réapparue au grand jour, stigmatisant une incroyable violence verbale envers cette chanteuse, qui apparaissait comme l’auteur de ces propos.

Malgré ses explications, les médias internationaux, musicaux où généralistes, relayèrent, selon un comportement moutonnier quasi unanime, des accusations d’homophobie sans chercher à comprendre quoi que ce soit à cette situation invraisemblable.
Car, pour ma part, je ne crois pas cette artiste capable de cela, et n’ai aucun doute sur son cœur.

 


                                                                                         Tamar Iveri (Suor Angelica - Opéra Bastille 2010)


Deux contrats furent très vite annulés, à Sydney et Bruxelles, le contrat australien ayant été résilié à sa demande pour éviter les provocations.

 

Tamar Iveri s’est alors rendue le 15 juin 2014 au siège de l’ONG Identoba, organisation dédiée à la défense des droits LGBT en Georgie, pour s’excuser à nouveau de cette lettre diffusée sur sa page Facebook.

Elle a alors décidé de réunir nombres de personnalités géorgiennes, de chanteurs lyriques et d’autres artistes à un concert qui sera joué le jour du National Coming Out Day, le 11 octobre prochain à Tbilissi.

Tous les fonds seront ainsi restitués à des associations refuges pour les victimes de violences quelles qu’elles soient. Cette condition est importante, car la Georgie est un état où les minorités religieuses subissent la même violence que les homosexuels de la part de groupes fondamentalistes, et ce, malgré la législation qui tente d'enrayer ces exactions.

Tamar Iveri (Desdémone- Opéra Bastille 2011)

Tamar Iveri (Desdémone- Opéra Bastille 2011)

Lors de la conférence de presse du 17 juillet à Tbilissi, Identoba a ainsi souligné à quel point cette initiative est un précédent important et positif et un grand exemple de soutien qui bénéficiera à tout le monde.

Ci-dessous, le communiqué d’Identoba :

As LGBT individuals, we have to deal with hate on an everyday basis. Not only does the hostile environment force some of us into the closet, but we are violently prohibited from speaking up about discrimination experienced. In these circumstances it is exceptionally valuable that well-established and respected public personae denounce violence and show support for equality. This is exactly why homophobic letter, published on Tamar Iveri’s page and dedicated to 2013 May 17th, turned out to be so offensive for the great majority of Georgian and international public.

On June 15th, 2014, Tamar Iveri paid a visit to Identoba. We had detailed and friendly discussion on the harmfulness of the hate speech in an already hostile environment that Georgia is. Hate speech only incites hatred between diverse social groups and worsens the already difficult situation for marginalized individuals. Tamar Iveri agreed that violence against human right defenders is undoubtedly harmful and that hate speech is unacceptable in public life. She expressed her deep concern for the pain that her Facebook statement caused to the LGBT individuals in Georgia and worldwide.

Coming Out Day is celebrated on October 11, dedicated to the LGBT individuals who speak about their experiences of being forced to live closeted lives and in secrecy, because of their sexual orientation and gender identity. Tamar Iveri expressed her desire to bring together notable Georgian and foreign opera singers and other artists for the day, and to express her support through a charity concert. Raised funds will be donated to various domestic violence victim shelters. It is commendable that artists will call Georgian public to establish environment for mutual acceptance and solidarity building.

We believe, it is the duty of every person to recognize the principle of universality of human rights. Without this peaceful coexistence is unimaginable. As socially marginalized groups are systematically deprived freedom of expression and have limited or no possibility to talk with the public about the discrimination they face, every step taken towards changing the culture of violence is very important. In spite of this, we also recognize that it is impossible to compensate the harm homophobic statements caused to LGBT individuals.

Acknowledgement how detrimental homophobia is, publicly expressing solidarity towards oppressed groups by each of us, and especially by notable personae, is itself an important and a positive precedence and a great example of the support that benefits everyone.

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Publié le 29 Mai 2014

Soirée Hommage à Gerard Mortier

 

Peu médiatisée car dédiée aux artistes et collaborateurs qui travaillèrent avec lui, la soirée organisée par Peter De Caluwe en hommage à Gerard Mortier fut l’occasion de réunir une grande partie de sa famille artistique et personnelle.

 

                                                                                         Sylvain Cambreling

 

On pouvait déjà croiser au Dominican - hôtel situé face à l’entrée des artistes - Krzysztof Warlikowski, Malgorzata Szczesniak, Christine Schäfer, Christoph Marthaler, Bernard Foccroulle, Jan Vandenhouwe, puis, dans la salle, Karl-Ernst et Ursel Herrmann, Dmitri Tcherniakov, Vesselina Kasarova, Teodor Currentzis, Philippe Boesmans, Viktor Schoner, Joan Matabosch, José van Dam, Peter Sellars, Christoph von Dohnanyi et Sylvain Cambreling.

Vesselina Kasarova

Vesselina Kasarova

Alors qu’à l’entrée du Théâtre, Peter De Caluwe expliquait à la télévision belge le sens de cette soirée - sa finalité étant de rappeler la philosophie du directeur flamand pour qu’elle puisse se perpétuer -, les ouvreurs distribuaient une magnifique enveloppe.

Sur celle çi, était représenté un homme marchant seul sur l’eau au milieu des vagues, et l'on pouvait y lire un extrait de Cosi fan Tutte ‘Soave sia il vento, tranquilla sia l’onda..’.
A la mémoire d'un spectacle mis en scène par Karl-Ernst et Ursel Herrmann, afin d'y recueillir les souvenirs de Gerard Mortier.

Jan Vandenhouwe, Alexander Neef, Viktor Schoner

Jan Vandenhouwe, Alexander Neef, Viktor Schoner

La soirée se déroula sans interruption, en alternant discours, passages musicaux et vidéographies.

Parmi les fragments des propos retenus, on peut citer la vision d’un monde où la cupidité semble l’emporter, la pensée d’un théâtre comme lieu où nous sommes obligés de vivre ensemble, la paix que l’Art peut amener, la nécessité pour les hommes politiques de s’intéresser à l’Art.

Elzbieta Szmytka

Elzbieta Szmytka

Et il y en eut des témoignages, en français, en anglais, en allemand et en flamand, Dmitri Tcherniakov rappelant ainsi à quel point Mortier était ‘Full of Romanticism', ou bien Peter Sellars rapportant comment Mortier était revenu d'Allemagne à Madrid très amaigri  pour accueillir Violeta Urmana, à l’occasion des répétitions de Tristan & Isolde, avec un très beau bouquet de fleurs. Ensuite, il rentra simplement chez lui.
On comprend surtout à quel point il était le protecteur de nombres d’artistes, et à quel point sa disparition laisse non seulement de la peine, mais également beaucoup d’inquiétude. Et pas uniquement dans le cœur des artistes.

Teodor Currentzis

Teodor Currentzis

Musicalement, la soirée débuta avec ‘Du bist die Ruh’, interprété par José van Dam, et se poursuivit avec une pièce de Kaija Saarahiao, jouée depuis une loge de côté, puis ‘Quatuor pour la fin des temps’ d’Olivier Messian, ‘Nun will die Sonn' so hell aufgehn’ de Gustav Mahler - chanté par Vesselina Kasarova -, un air de ‘L’enlèvement au Sérail’ par la soprano polonaise Elzbieta Szmytka, jusqu’au final du Requiem de Verdi dirigé par Teodor Currentzis, suivi, pour conclure, du trio de Cosi fan Tutte mené par Sylvain Cambreling.

Peter Sellars

Peter Sellars

Les vidéos montrèrent tout de Gerard Mortier, des situations banales et humoristiques – lorsqu’il fait le plein dans une station-service – jusqu'à de grandes interviews données dans le cadre du Palais Garnier, en passant sur ses réflexions de jeunesse, son goût pour les personnes non pas intellectuelles mais intelligentes, son art de l’improvisation, son côté "Homme de la Renaissance".

Dmitri Tcherniakov

Dmitri Tcherniakov

Après plus de trois heures d’un hommage qui a su si bien conserver la joie du souvenir, il fut finalement offert, à la sortie, deux petits livrets, l’un sur Mortier et son engagement envers l’Art et l’Europe, l’autre, intitulé 'Lof van Sisyphus’, qui est un hommage de Gerard Mortier à Hugo Clauslezing, poète flamand dont il se sentait très proche.

Vernika Dzhioeva et Teodor Currentzis (Requiem de Verdi)

Vernika Dzhioeva et Teodor Currentzis (Requiem de Verdi)

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Publié le 18 Avril 2014

Retrouver la spiritualité : (ré) apprendre à communiquer
La fondation Juan March rend hommage à Gerard Mortier avec ce court métrage extrait de son intervention « Conversations à la fondation » du 24 février 2012.
Mortier, accompagné par Antonio San José, explique combien il est important de retrouver de la spiritualité, réapprendre à regarder, écouter et sentir les autres, pour communiquer avec vérité. Pour conclure, Mortier évoque Goethe pour mettre en valeur que l’action doit aller dans le prolongement de la réflexion.

In Memoriam Gerard Mortier (1943-2014)

Les belles choses sont difficiles (Platon-La République)
Vidéo souvenir de Gerard Mortier réalisée en son honneur au Teatro Real de Madrid le 02 avril 2014.
Réflexions sur la dramaturgie et extraits de spectacles :
Life an Death of Marina Abramovic, C(H)oeurs, Grandeur et Décadence de la ville de Mahagonny, Wozzeck, La conquista de Mexico, Brokeback Mountain, La Clémence de Titus, Cosi fan Tutte, Poppea et Nerone, Iolanta / Perséphone, Tristan et Isolde, Saint François d’Assise.

Hommage à Gerard Mortier
Un documentaire audio de Camille De Rijck réalisé par Thierry Lequeux
Lien : Hommage à Gerard Mortier

Avec des interviews de :

Philippe Boesmans, compositeur
Peter de Caluwe, directeur de La Monnaie
Christoph von Dohnányi, chef d'orchestre
Serge Dorny, directeur de l'Opéra de Lyon
Bernard Foccroulle, directeur du Festival d'Aix-en-Provence
Christian Longchamp, dramaturge
Felicity Lott, soprano
Mehdi Mahdavi, journaliste
Marc Minkowski, chef d'orchestre
Alex Ollé (La Fura dels Baus), metteur en scène
Christine Schäfer, soprano
Dmitri Tcherniakov, metteur en scène
Krzysztof Warlikowski, metteur en scène

 

Une Saison d’Opéra
Une saison à l’Opéra National de Paris où Gerard Mortier monta, en 2008, Wozzeck, Parsifal et Les Noces de Figaro.

Gerard Mortier présente Brokeback Mountain

Gerard Mortier au Parlement Flamand (2013) (En néerlandais)

Gerard Mortier, crise, culture et le Teatro Real
Conférence donnée après l’annonce de la baisse de 33% de la subvention au Teatro Real.

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Publié le 11 Mars 2014

Mardi 11 mars 2014

Depuis plusieurs jours, de mauvais pressentiments sur l’état de santé de Gerard Mortier pouvaient se lire à travers ses interviews dans le journal De Standaard, et la précipitation de nombre d’hommages, dont la création du  Mortier Award est le signe le plus fort, témoignait d’une volonté profonde du milieu lyrique de lui apporter des marques d’estime et de réconfort qui le touchent et lui donnent de la force.

Pour ma part, le dernier échange que j’ai pu avoir avec lui remonte à octobre dernier, lors d’une représentation de la Clémence de Titus, son opéra fétiche, à la Monnaie de Bruxelles.  Fatigué, mais d’une douceur inoubliable, il était encore imprégné des dernières répétitions de la Conquête du Mexique, et je lui assurais, très timidement, que j’irai tout voir à Madrid.

Gerard Mortier

Gerard Mortier

Début janvier, il avait courageusement tenu à présenter, lors d’une conférence réunissant tous les artistes de la production, la création mondiale de  Brokeback Mountain, l’histoire d’amour de deux cowboys inspirée de la nouvelle d’Annie Proulx et soutenue par la musique de Charles Wuorinen.

On peut ainsi revoir des extraits de ses présentations de l’ouvrage, en anglais et en espagnol, sur la plateforme youtube.

Il se préparait également, cette semaine, le 13 mars précisément, à tenir une conférence sur le thème de l’Identité européenne et du refus des nationalismes pour la tribune des Grandes Conférences Catholiques à Bruxelles, avant de recevoir, la semaine suivante, le titre de Docteur honoris causa de l’Université de Gand.

Mais, déjà, la semaine dernière, une personnalité très engagée dans l’Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris m’annonçait qu’elle avait rencontré à la Cité de la Musique Jan Vandenhouwe, le dramaturge musical avec lequel travaillait Mortier, et il lui avait dit que celui-ci allait très mal.

Un présage pesant dont ne se doutait pas un lecteur de ce blog qui se reconnaîtra, lors de la répétition de la Flûte Enchantée à Bastille le samedi soir, c’est en arrivant au Palais Garnier dimanche matin, pour la présentation de la nouvelle saison de l’Opéra National de Paris, qu’un jeune abonné m’informa des bruits sur la disparition du directeur. Un coup d’œil vite fait sur le téléphone mobile, La Libre Belgique annonçait effectivement le décès.

A l’intérieur de l’Opéra, en revanche, Brigitte Lefèvre commençait à présenter avec beaucoup d’émotion la saison qu’elle venait d’achever de préparer avant de quitter la direction de la Danse, et elle invoqua chaleureusement le souvenir de sa collaboration avec Mortier en témoignant un enthousiasme qui révélait qu’elle n’était pas encore au courant de la nouvelle. Et pour cause, pendant la projection de la vidéo des spectacles de danses, le directeur du développement de l’Opéra de Paris, Jean Yves Kaced, vint lui glisser un mot, à elle et Christophe Ghristy, le dramaturge de Nicolas Joel.

Elle, se figea, lui, arbora une moue traduisant la mesure de l’onde de choc qui allait se propager pendant toute la journée. Une fois le film achevé, Brigitte Lefèvre reprit sa présentation, avant d’annoncer de manière laconique, fort émue et avec retenue, la disparition du directeur.

Gerard Mortier et Angela Denoke lors du récital d'adieu parisien du 28 juin 2009

Gerard Mortier et Angela Denoke lors du récital d'adieu parisien du 28 juin 2009

Durant toute cette journée de tristesse irréelle, malgré la luminosité inhabituelle de ce dimanche, les hommages et les articles ne cessèrent de pleuvoir.

Je ne citerais que trois de ces hommages, celui de Robert Wilson " Gerard Mortier was a giant ! uncompromising and unequaled in his vision for Plastic Art, Music, Poetry, Drama, Literature and Opera. He commissioned new work with a deep knowledge of the past. His intelligence, good humor, and loyality will be greatly missed, he was simply the best. Robert Wilson march 9th 2014. ", celui de Krzysztof Warlikowski "Du reste, je pense que son dernier casting pour Alceste fut celui d’un “crépuscule des dieux”, avec en perspective  une évocation de la fin pour chacun de nous... Et surtout, cela devint évident lorsqu’on apprit durant les répétitions la maladie de Gerard, avec  la terrible certitude de sa fin prochaine. La descente aux enfers d’Alceste a pris tout à coup un tour métaphorique, comme un décalque du réel. On savait dès le début que l’Inferno de l’acte III se devait d’être quelque chose qu’on lui dédierait, qui parlerait de la situation qu’on était en train de vivre, transcendée par l’ultime désir de le voir continuer d’exister." et celui de Stéphane Lissner  "J’apprends avec une grande tristesse la mort de Gerard Mortier, que nous redoutions depuis plusieurs semaines. Tout au long de sa carrière, (...) il aura été le dramaturge de sa passion, pour reprendre une expression qui lui était chère. Défenseur d’un art lyrique résolument inscrit dans le XXe puis dans le XXIe siècle, toujours désireux d’ancrer sa démarche artistique dans la vie de la cité, Gerard Mortier a combattu les conservatismes, les routines et les traditions dans ce qu’elles ont de plus rétrograde ".

Après une telle déclaration, j’attends beaucoup de Stéphane Lissner, qui prévoit plusieurs coproductions avec la Monnaie de Bruxelles, afin qu’il rétablisse la ligne artistique grandement effacée par Nicolas Joel, d’autant plus que la disparition du plus grand directeur d’opéra de notre époque et la libération des sentiments qui s’en suit doivent être le fondement d’une volonté encore plus forte de faire vivre l’art lyrique dans la vie d’aujourd’hui.

Au-delà de son professionnalisme et de son engagement musical, Gerard Mortier est celui qui a comblé des âmes. Il a ouvert un espace théâtral de manière à ce qu’il ne soit plus le carcan que le public le plus conservateur voudrait qu‘il soit, et privilégié les œuvres musicales les plus complexes. Il a même fait cela en allant aux limites des potentialités économiques, en considérant toujours les enjeux financiers comme un moyen de liberté et, en aucun cas, comme une finalité. Seul comptait son art, seul comptait d’aller au bout de ses visions.

Angela Denoke et Gerard Mortier lors du récital d'adieu parisien du 28 juin 2009

Angela Denoke et Gerard Mortier lors du récital d'adieu parisien du 28 juin 2009

Voici ce qu’il déclarait, il y a quelques semaines, au journal La Libre de Belgique sur le rôle de l’Art : " L'obscurité est la conséquence d’une crise dont nous refusons de voir les raisons en nous obstinant à n’y voir qu’une question d'économie. Non, c'est toute une mutation de la société qui est en jeu, et y inclus, la situation économique. Les grands thèmes -vieillissement, globalisation, fédéralisme européen, digitalisation, Education dans ce monde, réchauffement climatique, énergie nucléaire, détresse de nos démocraties parlementaires- ne sont pas abordés. Quant aux arts, ce n'est même pas un thème car c'est un jouet qu'on n'achète plus quand il n'y a plus d'argent. "

Il avait expliqué : " Qualifier les artistes d’élitistes, c’est un sophisme. La tâche des hommes politiques devrait être de rapprocher le peuple des artistes, mais les populistes ne veulent pas le faire car ils préfèrent garder le peuple sous leur seule emprise. Ils ont d’autres projets que le bonheur du peuple (…). Mon rôle est d’essayer de semer le doute dans les esprits "

Un tel personnage révèle à quel point la société dans laquelle nous vivons manque de référents valables.

La peine qu’il laisse est, paradoxalement, une nouvelle énergie pour l’avenir.

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Publié le 5 Mars 2014

Présentation de la saison Lyrique 2014 / 2015 de l’Opéra National de Paris
Depuis le mardi 04 mars la nouvelle saison de l’Opéra National de Paris est officiellement dévoilée. Elle comprend 3 nouvelles productions et 3 coproductions ou reprises de productions provenant d’autres théâtres nationaux ou internationaux.
Avec 16 titres au lieu de 20 habituellement, aucune création et peu d’œuvres rares, cette saison ne se veut ni innovante, ni thématique.

La Traviata (Giuseppe Verdi)
Du 8 septembre au 12 octobre (12 représentations à Bastille)
Ermonela Jaho / Venera Gimadieva, Anna Pennisi, Cornelia Oncioiu, Francesco Meli / Ismael Jordi, Dmitri Hvorostovsky / Fabio Capitanucci
Mise en scène Benoît Jacquot / Direction Dan Ettinger

Le Barbier de Séville (Gioachino Rossini)
Du 19 septembre au 03 novembre (14 représentations à Bastille)
René Barbera / Edgardo Rocha, Carlo Lepore/ Paolo Bordogna, Karine Deshayes / Marina Comparato, Dalibor Jenis / Florian Sempey
Mise en scène Damiano Michieletto / Direction Carlo Montanaro
Production originale du Grand Théâtre de Genève

Tosca (Giacomo Puccini)
Du 10 octobre au 15 novembre (20 représentations à Bastille)
Martina Serafin / Oksana Dyka / Béatrice Uria-Monzon, Marcelo Alvarez / Marco Berti / Massimo Giordano, Ludovic Tézier / George Gagnidze / Sebastian Catana / Sergey Murzaev
Mise en scène Pierre Audi / Direction Daniel Oren / Evelino Pidò
Nouvelle production

L’Enlèvement au Sérail (Wolfgang Amadé Mozart)
Du 16 octobre au 08 novembre & du 21 janvier au 15 février (19 représentations à Garnier)
Jürgen Maurer, Erin Morley / Albina Shagimuratova, Anna Prohaska / Sofia Fomina, Bernard Richter / Frédéric Antoun
Mise en scène Zabou Breitman / Direction Philippe Jordan / Marius Stieghorst
Nouvelle production

Hansel et Gretel (Engelbert Humperdinck)
Du 20 novembre au 18 décembre (10 représentations à Garnier)
Jochen Schmeckenbecher, Irmgard Vilsmaier, Andrea Hill, Bernarda Bobro, Doris Lamprecht
Mise en scène Marianne Clément / Direction Yves Abel
       
La Bohème (Giacomo Puccini)
Du 30 novembre au 30 décembre (14 représentations à Bastille)
Ana Maria Martinez / Nicole Cabell, Mariangela Sicilia, Khachatur Badalyan / Dimitri Pittas, Tassis Christoyannis, Simone Del Savio
Mise en scène Jonathan Miller / Direction Mark Elder       

Don Giovanni (Wolfgang Amadé Mozart)
Du 15 janvier au 14 février (10 représentations à Bastille)
Erwin Schrott, Lian Li, Tatiana Lisnic, Stefan Pop, Marie-Adeline Henry, Adrian Sâmpetrean, Alexandre Duhamel, Serena Malfi
Mise en scène Michael Haneke / Direction Alain Altinoglu       

Peter Mattei (Don Giovanni)

Peter Mattei (Don Giovanni)

Ariane à Naxos (Richard Strauss)
Du 22 janvier au 17 février (7 représentations à Bastille)
Franz Grungheber, Martin Gantner, Sophie Koch, Klaus Florian Vogt, Kevin Amiel, Dietmar Kerschbaum, Daniela Fally, Karina Mattila, Olga Seliverstova, Edwin Crossley-Mercer
Mise en scène Laurent Pelly / Direction Michael Schønwandt

Pelléas et Mélisande (Claude Debussy)
Du 02 au 28 mars (8 représentations à Bastille)
Stéphane Degout, Paul Gay, Franz Josef Selig, Nicolas Cavallier, Elena Tsallagova, Doris Soffel, Jérôme Varnier, Julie Mathevet
Mise en scène Robert Wilson / Direction Philippe Jordan

Faust (Charles Gounod)
Du 02 au 28 mars (9 représentations à Bastille)
Piotr Beczala / Michael Fabiano, Rémy Corazza, Ildar Abdrazakov, Jean-François Lapointe, Michał Partyka, Krassimira Stoyanova
Mise en scène Jean-Louis Martinoty / Direction Michel Plasson

Le Cid (Jules Massenet)
Du 27 mars au 21 avril (9 représentations à Garnier)
Anna Caterina Antonacci, Annick Massis, Roberto Alagna, Paul Gay, Nicolas Cavallier, Franck Ferrari
Mise en scène Charles Roubaud / Direction Michel Plasson
Production de l'Opéra de Marseille

Rusalka (Anton Dvorak)
Du 03 au 26 avril (8 représentations à Bastille)
Khachatur Badalyan, Alisa Kolosova, Olga Guryakova, Dimitri Ivashenko, Larissa Diadkova, Igor Gnidii, Diana Axentii
Mise en scène Robert Carsen / Direction Jakub Hrůša

La Flûte Enchantée (Wolfgang Amadé Mozart)
Du 17 avril au 28 juin (20 représentations à Bastille)
Edwin Crossley-Mercer / Bjorn Bürger, Elisabeth Schwartz / Norma Nahoun, Ante Jerkunica / Dimitri Ivashenko, Rodolphe Briand / Michael Laurenz, Jacquelyn Wagner / Camilla Tilling, Jane Archibald / Olga Pudova
Mise en scène Robert Carsen / Direction Constantin Trinks / Patrick Lange

Le Roi Arthus (Ernest Chausson)
Du 16 mai au 14 juin (10 représentations à Bastille)
Sophie Koch, Thomas Hampson, Roberto Alagna, Alexandre Duhamel, Bernard Richter, François Lis, Peter Sidhom
Mise en scène Graham Vick / Direction Philippe Jordan / Sébastien Rouland
Nouvelle production

Alceste (Christoph Willibald Gluck)
Du 16 juin au 15 juillet (12 représentations à Garnier)
Stanislas de Barbeyrac, Véronique Gens, Stéphane Degout, Tomislav Lavoie, Franck Ferrari
Mise en scène Olivier Py / Direction Marc Minkowski

Sophie Koch (Alceste)

Sophie Koch (Alceste)

Adriana Lecouvreur (Francesco Cilea)
Du 23 juin au 15 juillet (8 représentations à Bastille)
Marcelo Alvarez, Wojtek Smilek, Raúl Giménez, Alessandro Corbelli, Alexandre Duhamel, Carlo Bosi, Angela Gheorghiu / Svetla Vassileva, Luciana D’intino
Mise en scène David McVicar / Direction Daniel Oren
Coproduction avec le Royal Opera House Covent Garden Londres, Le Théâtre du Liceu Barcelone, le Wiener Staatsoper et le San Francisco Opera


Première impression sur cette saison 2014/2015

Du point de vue du spectateur ne fréquentant qu’occasionnellement l’Opéra National de Paris, la lecture du programme de la dernière saison de Nicolas Joel apporte quelques raretés (Le Roi Arthus, Le Cid), et du grand répertoire (Mozart, Puccini, Verdi, Rossini) dans des mises en scène soignées - si l’on passe sur la bien connue production de Faust par Jean-Louis Martinoty. Pour les grands habitués, il y a disproportion entre les moyens disponibles et l'ambition artistique. On peut par exemple comparer la saison parisienne aux choix du Teatro Real de Madrid avec 9 productions, dont 2 créations mondiales, et un budget presque 5 fois plus faible.

Le chauvinisme y est flatté avec pas moins de 6 mises en scène confiées à des directeurs français alors que la France ne dispose pas d’un tel savoir-faire théâtral, surtout dans le milieu lyrique où seuls Olivier Py, André Engel, Patrice Chéreau, Jean François Sivadier, Stéphane Braunschweig et Vincent Boussard (ces trois derniers n’ont d’ailleurs jamais été invités à l’Opéra de Paris) ont su réaliser un travail intelligent et sensible.

Le Roi Arthus est la véritable perle de cette dernière saison, et il est un peu dommage qu’il n’ait pas été associé, sur la même période, à un ouvrage tel que Tristan et Isolde, ou, à défaut, rapproché de Pelléas et Mélisande.

Adriana Lecouvreur, souvent décrié pour ses facilités, est aussi un opéra qui devrait être un incontournable de l’Opéra National de Paris car il s’agit tout de même du portrait d’une tragédienne de la Comédie Française. Mais cet ouvrage souffre d’une image d’œuvre emblématique des Maisons de Répertoire (New-York, Vienne, Londres, Barcelone) fréquentées par un public très conservateur.
Reste à savoir si Angela Gheorghiu et Svetla Vassileva sauront rendre, notamment dans le monologue de Phèdre, le caractère enflammé, meurtri et théâtral de ce personnage, et il est possible que ce soit la seconde qui crée la surprise.

Cette saison comprend également une nouvelle mise en scène de Tosca, confiée à Pierre Audi, dont on attend qu’elle fasse oublier celle de Werner Schroeter.
Mais était-il nécessaire de remplacer la production du Barbier de Séville de Coline Serreau par celle de Damiano Michieletto, moderne, sans doute, mais pas indispensable?

C’est en fait tout le problème de cette programmation qui prend très peu de risques et propose plus de 80 représentations de Puccini et Mozart en 5 titres, tout en cherchant à préserver un résultat excédentaire de plusieurs millions d’euros (5 millions en 2011, 8 millions en 2012, malgré la baisse de subvention).
Alors qu’une direction artistique digne de ce nom devrait chercher une pluralité, un sens dans le choix des œuvres, une ouverture sur le monde avec comme seul objectif financier de garantir l’équilibre des comptes, la direction est lancée dans une logique d’optimisation financière pesante.

Comment expliquer aujourd’hui que le rôle du Mécénat soutenant l’Opéra National de Paris (près de 10 millions d’euros) soit détourné afin de garantir ses résultats excédentaires, et que la direction actuelle aille jusqu’à augmenter les prix des certaines places de stalles (qui passent de 10 à 25 euros) au prétexte que tout bénéfice, aussi petit qu’il soit, est toujours bon à prendre ?

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Publié le 27 Février 2014

Le portail culturel allemand Kultiversum rapporte la création d'un nouveau prix, le "Mortier Award" destiné à récompenser les figures novatrices du Théâtre musical ( Mortier Award – ein neuer Preis für Musiktheater).

 

Le magazine " Opernwelt " et le " Ring Award " (Compétition internationale pour la mise en scène et scénographie à Graz/Styria) ont conjointement décidé de créer un nouveau Prix - le Mortier-Award – destiné à récompenser les professionnels de l’Opéra pour leur goût du risque dans leur recherche d’innovation artistique.

Le nom de ce prix est dédié à Gerard Mortier, le directeur d’Opéras et de Festivals européen.
Ce dernier sera également le premier gagnant de ce prix au cours de la septième finale « Ring Award » prévue à Graz le 31 mai 2014.

Avec le "Mortier Award", les idées et les propositions des pionniers et maîtres d’œuvres du Théâtre musical pourront être reconnues comme un univers précieux et une forme d’art essentielle traitant des questions fondamentales de l’existence humaine.

La foi en la modernité de l'Opéra, qui inspire toujours, à 70 ans, les pensées et actions du directeur, fertilise en permanence le paysage de l’Art Lyrique.

Gerard Mortier auprès du compositeur de 'Brokeback Mountain', Charles Wuorinen.

Gerard Mortier auprès du compositeur de 'Brokeback Mountain', Charles Wuorinen.

Les mises en scènes intelligentes, les combinaisons inhabituelles, les interprétations novatrices du répertoire, la création d’équipes de production originales et le développement de nouvelles plateformes de représentation sont le résultat d’une ligne de vie qui pointe vers l’avenir.

Ce nouveau prix rendra ainsi hommage à des personnalités qui se seront distinguées pour leur engagement exemplaire envers le Théâtre musical, dont les quatre cents ans d’histoire restent une source d’expériences existentielles qui nous interrogent encore aujourd’hui.
Un Théâtre musical tourné vers l’avenir. Un Théâtre musical qui se veut « politique » et forum de la société et des communautés.

Il ne s’agit pas de promouvoir une certaine esthétique, une certaine pratique artistique ou bien un groupe de professionnels, mais d’encourager une attitude qui rend possible l’impossible. Parmi les points de vue intellectuels, ‘ou ?’, ‘quand ?’, l’Opéra est une forme d’art qui doit poser la question du ‘pourquoi ?’.

En ce sens, ce prix est aussi un plaidoyer pour le renouvellement permanent des modes de fonctionnement et des institutions. L’Opéra doit pousser à ouvrir les yeux et les oreilles sur la contemporanéité, état d’esprit qui s’est largement perdu au XXème siècle. Un rappel que l’innovation artistique signifie risque et effort.

Le "Mortier-Award"  sera remis tous les deux ans, et ne devrait pas comprendre de dotation financière. Les personnes récemment récompensées auront ainsi la possibilité de proposer les prochains gagnants et candidats en étroite collaboration avec les initiateurs de ce prix.

Le Théâtre musical, qui exige beaucoup de temps, est, par définition, dynamique et accès sur les processus. Par conséquent, le profil intellectuel du prix doit être redéfini conjointement à chaque nouvelle cérémonie.

Gerard Mortier est le directeur d’Opéras et de Festivals le plus influent d’Europe. Après ses débuts en Belgique et des années d’apprentissage en Allemagne, ce diplômé en droit a dirigé, dans les années 80, l’Opéra de la Monnaie de Bruxelles. Dans les années 90, il s’est chargé de moderniser le Festival d’été de Salzbourg, est devenu le directeur de la Ruhr Triennale (2002-2004), puis, a pris la direction de l’Opéra National de Paris.
Gerard Mortier est le dernier directeur du Teatro Real de Madrid (2010-2013).

Le 31 mai prochain, sera célébrée la cérémonie de remise du prix à Gerard Mortier , et le discours préparé en son honneur sera prononcé par le cinéaste autrichien Michael Haneke, le gagnant de l' "Oscar du meilleur film étranger".

Le Magazine " Opernwelt " est une revue qui, depuis les années 1960, rend compte de la vie lyrique internationale. Le " Ring Award " a lieu à Graz depuis 1997.

Plus d'informations sur www.ringaward.com

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Publié le 25 Février 2014

Présentation de la saison Lyrique 2014 / 2015 du Teatro Real de Madrid

Le Lundi 17 février 2014, le Teatro Real de Madrid a révélé le détail de la saison 2014/2015, sur son site 
Elle comporte 3 nouvelles productions, dont deux créations mondiales, et deux nouvelles coproductions avec l’Opéra National de Paris et l’Opéra de Los Angeles.

Le Teatro Real

Le Teatro Real

Les Noces de Figaro (Wolfgang Amadé Mozart) 
du 15 au 27 septembre (10 représentations)
Luca Pisaroni / Andrey Bondarenko, Sofia Soloviy / Anett Fritsch, Andreas Wolf / Davide Luciano, Sylvia Schwartz / Eleonora Buratto, Elena Tsallagova / Lena Belkina, Helene Schneiderman
Mise en scène Emilio Sagi / Direction Ivor Bolton
Coproduction avec la Asociación Bilbaína de Amigos de la Ópera, le Teatro Pérez Galdós de Las Palmas de Gran Canaria et le Teatro Nacional de Ópera y Ballet de Lituania

La Fille du Régiment (Gaetano Donizetti) 
du 20 octobre au 10 novembre (13 représentations)
Natalie Dessay / Desirée Rancatore / Aleksandra Kurzak, Javier Camarena / Antonio Siragusa, Pietro Spagnoli / Luis Cansino, Ewa Podles / Ann Murray, Carmen Maura
Mise en scène Laurent Pelly / Direction Bruno Campanella / Jean-Luc Tingaud
Coproduction du Metropolitan Opera House de New York, le Royal Opera House Covent Garden de Londres et le Wiener Staatsoper

Death in Venice (Benjamin Britten) 
du 04 au 23 décembre (7 représentations)
John Daszak, Peter Sidhom, Anthony Roth Costanzo, Duncan Rock, María José Suárez, Vicente Ombuena, Antonio Lozano
Mise en scène Willy Decker / Direction Alejo Pérez
Coproduction  avec le Gran Teatre del Liceu de Barcelona

Hänsel und Gretel (Engelbert Humperdinck) 
du 24 janvier au 07 février (9 représentations)
Bo Skovhus, Diana Montague, Alice Coote, Sylvia Schwartz, José Manuel Zapata, Elena Copons, Ruth Rosique
Mise en scène Joan Font / Direction Paul Daniel / Diego García Rodríguez
Nouvelle production

El Público (Mauricio Sotelo) 
du 24 février au 13 mars (8 représentations)
Andreas Wolf, Arcángel, José Antonio López, Antonio Lozano, Gun-Brit Barkmin, Erin Caves, Kerstin Avemo
Mise en scène Robert Castro / Direction Pablo Heras-Casado
Klangforum Wien
Création mondiale
 

Le Teatro Real (Salon vert)

Le Teatro Real (Salon vert)

La Traviata (Giuseppe Verdi) 
du 20 avril au 9 mai (16 représentations)
Patrizia Ciofi / Irina Lungu / Ermonela Jaho, Francesco Demuro / Antonio Gandía / Teodor Ilincái, Juan Jesús Rodríguez / Ángel Ódena / Leo Nucci, Marifé Nogales, Marta Ubieta
Mise en scène David McVicar / Direction Renato Palumbo
Coproduction avec le Gran Teatre del Liceu de Barcelona, le Scottish Opera de Glasgow et le Welsh National Opera de Cardiff

Fidelio (Ludwig van Beethoven) 
du 27 mai au 17 juin (8 représentations)
Michael König, Adrianne Pieczonka, Franz-Josef Selig, Anett Fritsch, Ed Lyon, Alan Held, Goran Jurić
Mise en scène Alex Ollé (La Fura dels Baus) (avec la collaboration de Valentina Carrasco) / Direction Hartmut Haenchen
Coproduction avec l’Opéra National de Paris

Goyescas / Gianni Schicchi (Enrique Granados / Giacomo Puccini) 
du 30 juin au 12 juillet (5 représentations)
María Bayo, Andeka Gorrotxategi, José Carbó, Plácido Domingo, Maite Alberola, Elena Zilio, Albert Casals, Vicente Ombuena
Mise en scène José Luis Gómez / Woody Allen / Direction Plácido Domingo / Giuliano Carella
Coproduction avec l’Opéra de Los Angeles

La ciudad de las mentiras (Elena Mendoza) 
du 04 juillet au 10 juillet (5 représentations)
Katia Guedes, Anne Landa, Anna Spina, Graham Valentine, David Luque, Michael Pflumm, Tobias Dutschke, Guillermo Anzorena
Mise en scène Matthias Rebstock / Direction Titus Engel
Création mondiale

Romeo et Juliette (Charles Gounod)   Version de concert
du 16 au 26 décembre (3 représentations)
Sonya Yoncheva, Roberto Alagna, Roberto Tagliavini, Joan Martín-Royo, Michèle Losier, Laurent Alvaro, Mikeldi Atxalandabaso, Diana Montague
Direction Michel Plasson

Façade Est du Teatro Real (Saison 2013/2014)

Façade Est du Teatro Real (Saison 2013/2014)

Première impression sur cette saison 2014/2015

Même si certains projets de Gerard Mortier ont été supprimés, Les Troyens et Don Carlo, la prochaine saison du Teatro Real conserve les plus importants d’entre eux à travers deux créations mondiales, El Público, basée sur la pièce de théâtre El Público (1928) de Federico García Lorca, sur une musique de Mauricio Sotelo, et La ciudad de las mentiras, basée sur des récits de Juan Carlos Onetti (Un sueño realizado, El álbum, La novia robada y El infierno tan temido), sur la musique d’Elena Mendoza.

Néanmoins, certains de ses fidèles chefs d’orchestre et metteurs en scène, Sylvain Cambreling, Teodor Currentzis, Peter Sellars, Bob Wilson, Krzysztof Warlikowski, Dmitri Tcherniakov, n’apparaissent plus.
 

Cette saison prend surtout une couleur hispanique aussi bien dans le choix des œuvres, des metteurs en scène (Emilio Sagi, Joan Font, José Luis Gómez, Robert Castro, Alex Ollé) que des artistes.

La nouvelle production de Fidelio mise en scène par Alex Ollé (La Fura dels Baus) est ainsi une très belle surprise puisqu'elle sera une coproduction avec l’Opéra National de Paris. Reposant sur la présence de stars comme Woody Allen et Placido Domingo, la nouvelle production de Goyescas / Gianni Schicchi sera, elle,  programmée au même moment que La ciudad de las mentiras.

 

                                                                                            Mort à Venise (Ballet de Hambourg)

Enfin, la reprise de Death in Venice sera une rare occasion de découvrir la vision esthétique de Willy Decker, et ce spectacle se prolongera à travers le magnifique ballet de John Neumeier « Mort à Venise » (mars 2015), créé il y a dix ans, avec le Ballet de Hambourg.

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Publié le 12 Janvier 2014

« Du triomphe à la défaite : J’ai tout vécu »
 

Le 28 décembre 2013, une très longue interview de Gerard Mortier est parue dans le journal De Standaard, un quotidien belge néerlandophone. Elle est présente dans son intégralité sur le site culturel flamand « Detheatermaker».

La traduction française qui en est faite ci-dessous est un effort pour en reconstituer le sens le plus fidèlement possible.

L’interview est signée du journaliste culturel Geert Van der Speeten


Il y eut le diagnostic de son cancer, puis, son licenciement controversé. Son année désastreuse l’a marqué, mais également amaigri.

« L’Art ne nous réconcilie pas avec la vie, mais il nous aide à mieux y faire face ».
Dans la bibliothèque, très bien rangée, de son appartement du Parc du Cinquantenaire, à Bruxelles, Gerard Mortier (70 ans) nous reçoit. Sur une table, des livres sont également classés en piles très bien ordonnées.
« La mort fait partie de la vie. Et même les lettres de Mozart nous apprennent qu’il pensait à la mort tous les soirs. »

Gerard Mortier : « Je suis les recommandations de mon médecin. Vous devez garder espoir, me dit-il, mais les illusions ne vous feront pas vous sentir mieux. » Javier del Real

Son rythme est très lent. D’une vie active - il est un des plus grands intendants d’opéra d’Europe - il est passé à une vie contemplative.  « Ma force intellectuelle m’empêche de me laisser aller. Je peux écrire, lire, penser : c’est une bonne thérapie. »

Alors il lit de grands romans du calibre d’Anna Karénine. Il écrit des articles pour les journaux et magazines en les imprégnant de l'essence d’artistes comme Wagner, Verdi ou Büchner . « Je reste curieux. Ecrire m’oblige à réfléchir sur tout ce qui constitue mes convictions et mes croyances. »

Mortier va bientôt commencer une seconde chimiothérapie. Sa maladie, qui s’est révélée au printemps dernier lors d’un examen de routine, laisse des traces visibles. Il ne veut pas en parler, bien qu’il ait accepté cette interview qui dresse le bilan de cette année.

A propos de la manière dont il a vécu l’annonce de cette maladie : « En un jour, ma vie a basculé. Vous devez d'abord encaisser le choc, puis c’est au tour des gens autour de vous. En parler reste difficile. Je sais, après plusieurs visites à l'hôpital, que chaque souffrance est différente. Supposons que je sois un père de famille, je réagirais différemment à cette maladie. Maintenant, je pense surtout à mes fils spirituels, les personnalités du monde de l’opéra comme Serge Dorny, Bernard Foccroulle ou bien Viktor Schoner. Je partage mes expériences sans les imposer . La question qui se pose naturellement est si la fin est proche ou pas. »

En Septembre, Mortier a du encaisser un second coup. Le Teatro Real de Madrid, qui l’avait accueilli comme un sauveur en 2010, l’a limogé de façon inattendue. Une déclaration malheureuse dans une interview donnée à un journal - Mortier y critiquait la façon dont son successeur avait été nommé sans respecter les procédures établies - a été la goutte d'eau de trop.

Ce fut un autre moment douloureux quand Joan Matabosch, le directeur du Liceu de Barcelone, fut nommé pour remplacer Mortier à Madrid. Celui-ci fut informé de sa destitution par téléphone, alors qu’il suivait son traitement médical en Allemagne.
Il en a résulté un tollé international et une vague d’indignations et de courriers de soutien à Mortier. « A Madrid, ils commencent à se demander comment ils ont pu se laisser influencer par un ministre insolent, et réalisent qu’ils ont fait une grossière erreur. »

Vous vous êtes montré combattif. Puis, vous avez recherché la paix par le compromis, alors que c’est contre votre nature. Pourquoi?

« Ce n'était pas le problème. Pourquoi devrais-je poursuivre pendant quatre ans si je n‘ai même pas ce temps à vivre ? Mon but était de sauver cette saison et de tenir mes engagements pris antérieurement. Je souhaitais également accueillir les artistes de Brokeback Mountain et Tristan und Isolde dès le début des répétitions. Je tiens enfin à être dans la dernière ligne droite jusqu’à la première. De plus, je peux compter sur mes assistants et je peux tout arranger par email. »

« Des grands triomphes jusqu’à la défaite finale, j’aurai finalement tout vécu dans ma carrière à l'opéra . Sic transit gloria mundi ! »

« Vous voyez aussi les choses sous un angle différent. Si l’on prend l’exemple de mon travail sur Mozart, mon compositeur favori absolu, je m’y suis quelques fois cassé les dents. Au Festival de Salzbourg, j’ai eu de la réussite avec quelques œuvres. Mais je me rends compte, maintenant, que mon projet Mozart y a échoué. Il a donc conduit à de nouvelles idées, et, par conséquent, à deux productions de Mozart du réalisateur Michael Haneke. Elles ont reçu un accueil enthousiaste dans le monde entier. »

 Il y a dix ans, vous trouviez que l‘on produisait trop d‘opéras. Qu'en est-il maintenant ?

« C’est toujours le cas, nous produisons trop d’opéras et la valeur événementielle prend souvent le dessus. Prenez Der Rosenkavalier, à Anvers, où un acteur hollywoodien a fait ses débuts comme metteur en scène. Je pouvais déjà prédire les avis. »

« En outre, le manque de connaissances musicales dans de nombreuses maisons d'opéra est choquant. Et cela ne concerne pas que les metteurs en scène, mais aussi les directeurs musicaux. Ils n’ont pas suffisamment l’expérience de l’opéra  et ne sont pas prêts à travailler correctement. Prenez l’exemple d’Herbert von Karajan faisant répéter un chanteur interprétant Wotan : il connaissait chaque mot par cœur. »

« Beaucoup de metteurs en scène n'ont pas leur place dans une maison d’opéra. Ils ne savent rien sur la musique, et viennent seulement avec une idée de départ. L’Anneau du Nibelung de Wagner joué dans une station de ski : pas si difficile. Mais qui les engage ? Transposer l’opéra à notre époque ce n’est pas seulement changer les costumes.
Vous devez savoir exactement ce que vous voulez traduire.
Nous identifions nos émotions et nos sentiments à travers l’opéra. Ils vivent en nous et nous devons les confronter à des personnages qui vivent des problèmes similaires auxquels le compositeur a lui aussi pensé. Nous nous rendons compte ainsi que nous ne sommes pas seuls, ce qui nous renforce. C’est cette sensation que nous devons traduire.»

Etes-vous pessimiste sur cette évolution?

« Beaucoup de metteurs en scène appartiennent à une génération qui se réfère à Wikipedia pour comprendre l’histoire de l’opéra. Ce n’est que le symptôme d’un problème plus profond : la vitesse à laquelle tout évolue, l'abondance d'informations, ainsi que les outils de communication tels que Facebook et Twitter qui ne servent qu’à miser sur la valeur marchande de l’art. »

«Je ne vois pas vraiment de solution. Mais être pessimiste ? Non, jamais cela. Seulement, je suis dépassé par cette situation. La vie me rend mélancolique. Celui qui croit aux utopies et qui comprend qu’elles ne sont pas possibles devient triste. Par conséquent, je suis les recommandations de mon médecin. Vous devez garder espoir, me dit-il, mais les illusions ne vous feront pas vous sentir mieux. »

Qu’est-ce qui peut vous faire tenir en ce moment?

« Les vrais amis qui me soutiennent et avec lesquels je reste en contact. Les réactions positives aussi, y compris celles suscitées par l'article, paru dans votre journal, sur l’importance politique de Verdi. »

«Quand j'étais jeune, des terreurs me submergeaient parfois. En particulier, l'idée d’éternité me faisait peur, car c’est quelque chose qui ne se termine pas, contrairement au cycle de la nature que nous connaissons bien. »

« Maintenant, j’en souffre beaucoup moins. Pour moi, tout se termine avec la mort.
Ce que nous appelons résurrection se résume à vivre en sachant que nous ne faisons que passer. En outre, je crois en la spiritualité, au charisme intellectuel, aux relations que nous ne pouvons pas comprendre. »

Qu’est-ce qui vous attire dans l‘art?

« L'art donne forme à des questions existentielles que nous ne pouvons pas résoudre immédiatement dans la vie quotidienne. La dimension spirituelle de la vie trouve son expression dans l'art, c‘est une certitude. Mais, contrairement aux croyances populaires, l'art n'est pas quelque chose de flou ou d’insaisissable. Par exemple, la musique est une science aussi exacte que l'algèbre. Vous pouvez analyser une partition parfaite de façon mathématique. Cette caractéristique de l’art est parfois sous-estimée.»

« En outre, le génie d'un artiste réside dans son inspiration. On retrouve cela chez Mozart, Beethoven ou Wagner. Quelqu'un comme Richard Strauss maîtrisait parfaitement l’orchestration musicale. Mais il composait parfois comme s’il tricotait tout en parlant.»

« Quand les gens sont pris dans une situation difficile qui les jette à terre, ils se tournent vers l'art. On entend toujours de la musique aux funérailles de quelqu’un. Après les deux Guerres Mondiales, les théâtres se remplirent continument. L’art ne nous réconcilie pas avec la vie, mais il nous aide à mieux y faire face.»

Considérez-vous que l’opéra, et l’art plus généralement, est une activité élitiste?

« Cette idée que l’art est élitiste et qu’il est destiné à un club restreint est aujourd’hui dépassée. Peut-être que cela a toujours été le cas et que c’est une question qui n’intéresse qu’un petit groupe de personnes. Mais regardez les attitudes de consommation partout dans le monde. Les rayons Dior sont présents partout, les voitures et les vêtements sont symboles de statut social, et les consommateurs veulent tout immédiatement. Ils se comportent comme des enfants gâtés.»

« Grandir est synonyme de faire des choix. C‘est aussi réclamer sa liberté ultime et faire les bons choix. J'ai toujours gardé cela à l'esprit. J'ai souvent été sévèrement critiqué pour ma programmation sélective et radicale, mais je ne pouvais pas faire autrement.»

Y a-t-il quelque chose  de beau que vous vouliez faire à Madrid mais que vous ne pourrez pas réaliser?

« Mais cette saison finira en beauté. Les contes d' Hoffmann est ma dernière production. Christoph Marthaler sera le metteur en scène et Sylvain Cambreling le directeur musical.
Les opéras d'Offenbach ne sont pas aussi importants que ceux de Mozart, mais Les contes d' Hoffmann disent quelque chose d'essentiel au sujet de notre quête de l'amour idéal. Seulement, les gens ne croient plus en rien aujourd‘hui, et ne croient même pas en l’amour. »

La pièce s’achève par une ode à l'art et à l'inspiration comme moyen de consolation et d'espérance.

« Les politiciens considèrent les artistes et les intellectuels comme quantité négligeable, un cadre décoratif. Si tout allait bien, nous n'aurions pas besoin des artistes. Mais les grandes révolutions que nous devons affronter font peur aux gens. Elles les font fuir vers le matérialisme. Alors, j’ai au moins la conviction que cette peur peut-être contrée par l’art, la science et la philosophie. »

« Nous avons systématiquement refoulé la mort. Nous en avons développé la peur et cultivé des alternatives, comme le fanatisme. Mais la mort fait partie de la vie. Les lettres de Mozart nous apprennent, même s’il n’avait que 28 ans et était un homme d’esprit, qu’il pensait à la mort tous les soirs. Je partage le point de vue des stoïciens que nous serons récompensés ou punis pendant notre vie, mais pas après. »

 « Des épicuriens j'ai appris à apprécier les choses simples de la vie. Récemment, j'ai vu passer un train sur le Rhin au coucher de soleil. J’en étais très heureux. Avant, je ne l’aurais même pas remarqué parce que j’étais trop souvent penché sur les rapports et les plannings. »

« Néanmoins, ces choses simples ne sont pas suffisantes, et l’homme doit vouloir construire des cathédrales. Notre mission est d’oser rêver. La dernière chose que je peux faire est de transmettre mes connaissances. »

 

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Publié le 28 Septembre 2013

Après l’émoi suscité par la destitution de Mortier de la direction artistique du Teatro Real, le 11 septembre dernier, deux semaines de négociations s’en sont suivies afin de trouver une issue qui pénalise le moins possible les projets en cours.
Quand le New-York City Opera avait rompu son contrat avec Mortier à cause de la forte réduction du budget artistique induit par la crise financière en 2008, le directeur avait été dédommagé de 400.000$. Le conseil d’administration du Teatro Real avait donc intérêt à ne pas toucher aux projets de Mortier et, jeudi dernier, une conférence de presse a confirmé que Mortier devenait le Conseiller Artistique du Real, sans remettre en question ses projets pendant deux ans.

Le journal El Pais relate précisément les idées et projets qui ont été abordés lors de cette conférence. Cette conférence révèle à quel point Mortier a été affecté par la destruction de son projet par Nicolas Joel, après son départ de l'Opéra de Paris, et il a obtenu des engagements pour que cela ne se reproduise pas .
L’article est traduit en français ci-dessous.

https://cultura.elpais.com/cultura/2013/09/26/actualidad/1380196918_505429.html

Jeudi 25 septembre matin, Joan Matabosch a été officiellement présenté comme le nouveau Directeur artistique du Teatro Real pour succéder à Gerard Mortier qui devient, lui, le Conseiller artistique du Théâtre.
Ce nouveau poste a été créé afin de permettre à Mortier de prendre le temps de soigner son cancer en Allemagne et de réduire autant que possible la tension avivée par l’annonce de sa destitution.

Matabosch prendra officiellement ses nouvelles fonctions le 1er Janvier 2014. En attendant, il restera le directeur artistique du Liceu à Barcelone et profitera de ce temps pour s’adapter à ses nouvelles fonctions au Teatro Real. "Cela démontre la bonne relation entre le Liceu de Barcelone et nous, et la capacité de travail de Joan Matabosch", a déclaré le président du conseil d'administration du Théâtre Royal, Gregorio Marañón , au cours de la conférence de presse .

A propos de Mortier, Marañon revient sur la bonne entente entre le directeur flamand et son successeur ce qui « lui permettra de poursuivre son travail dans la continuité tout en apportant son extraordinaire connaissance de l'opéra et de la culture musicale ». Le président n‘a cependant donné aucune information sur les conditions financières de la négociation, mais il a affirmé que le Teatro Real est convaincu "du bien fondé de cette nomination" et souligné le sentiment positif qu’a généré l’annonce de son arrivée.
 

Pour sa part, Matabosch a exposé les grandes lignes de son projet au cours d’un important discours riche en références culturelles. Au début, il s’est étendu longuement sur le travail de son prédécesseur en assurant qu’il ne rompra pas la ligne suivie jusqu’à présent. « Ce théâtre bénéficie de l’extraordinaire héritage artistique de Gerard Mortier. Nous devons trouver les moyens de le préserver, conserver tout ce que ce théâtre a amélioré depuis ces dernières années comme la qualité des spectacles, y compris les plus controversés, le socle artistique commun, la projection internationale du théâtre, et d’autres aspects importants de sa gestion. C’est pourquoi je préfère parler de continuité, au moins jusqu’à un certain point. Ainsi, je voudrais dédié à Gerard Mortier ces paroles et, en même temps, lui souhaiter tout le bien possible dans sa lutte contre sa maladie ».

 

 Matabosch a alors illustré par un exemple cette «continuité» . «Nous n’allons pas faire au Teatro Real ce que l’Opéra de Paris a fait après le départ de Gerard Mortier, c’est-à-dire imposer une programmation la plus opposée possible à son travail, donnant l’impression d’une tentative pour éliminer toute trace de son passage à la direction de cette institution. Nous ne voulons rien de tout cela à Madrid » a-t-il dit en référence à Nicolas Joel, le remplaçant de Mortier à l’Opéra de Paris.

 

Matabosch ne touchera pas à la saison en cours. Il se contentera, a-t-il expliqué, de gérer et aider Mortier à développer sa programmation normalement. A partir de la saison suivante, il y aura quelques changements qui, selon lui, ont été prévus par Mortier pour des raisons qui ne tiennent pas à la ligne artistique, sinon aux disponibilités ou aux contretemps administratifs, ou bien à la situation sur le marché lui-même.

D’importantes modifications arriveront alors dès la saison 2015-2016. Matabosch pourra commencer à traduire sa vision qui se divisera en trois volets.
Le répertoire sera étendu. « Il sera plus contrasté et des opéras belcantistes que l’on n’a pas encore entendu seront pour la première fois montés. Historiquement, il y a toujours eu une grande méfiance des rénovateurs de l’art lyrique, comme Mortier, vis-à-vis d’un certain répertoire du XIXème siècle et il y a une bonne raison à cela : dans le passé, ce répertoire était lié à un style de représentation décadent et au culte des « étoiles » incapables de s’intégrer à un groupe, à la routine, et aux répétitions qu’elles expédiaient et parfois évitaient entièrement. C’était ainsi avant mais, maintenant, les choses ont complètement changé.

Matabosch veut également élargir le spectre des directeurs scéniques afin d’obtenir une «esthétique plus contrastée». « Mais la dramaturgie restera un objectif final sans concession : car elle exprime le sens de l’œuvre. Tout ce qui mettra en valeur et rendra accessible ce sens sera bien accueilli. Et le sens d’une œuvre n’est pas l’application littérale des annotations d’une partition, sinon ce qu’une lecture en exprime. C’est pourquoi nous avons besoin qu’un artiste interprète l’œuvre» en laissant entendre qu’il ne monte pas des œuvres dans l’intention d’éviter la polémique à tout prix.

Le troisième volet du projet de Matabosch consiste à renforcer le potentiel vocal et musical. Autrement dit, il y aura de bons chanteurs et un directeur musical titulaire. Mais ce dernier ne sera nommé qu’une fois les œuvres programmées par Mortier pour les deux prochaines saisons achevées, car leur concept repose sur un système de directeurs musicaux invités qui atterrissent à Madrid pour chaque production. Le débat sur le choix du nouveau directeur musical titulaire ouvrira, vraisemblablement, au milieu de la saison en cours.

Quant à l'avenir du Liceu de Barcelone, Matabosch assure qu’il ne participera pas à la nomination de son remplaçant, bien que l’on puisse lui demander son avis. La recherche de ce candidat aura lieu au cours des prochains mois et, en principe, il rentrera en fonction dès septembre 2014.

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Publié le 14 Septembre 2013

Depuis l'annonce de la destitution de Gerard Mortier de la direction artistique du Teatro Real de Madrid et de son remplacement immédiat par Joan Matabosch, le directeur du Liceu de Barcelone, un froid est tombé sur le théâtre. En attendant de connaître comment la situation juridique va être résolue, le directeur flamand a en effet fait savoir qu'il compte mener entièrement cette saison si importante pour lui, Ana Arambarri, membre des "Amis du Teatro Real", s'est exprimée dans le journal El Pais. Ce qu'elle décrit du comportement des membres du conseil d'administration n'est cependant pas spécifique à la capitale espagnole.

Sa lettre est traduite ci dessous en français.

https://elpais.com/elpais/2013/09/13/opinion/1379091800_792080.html

 

Mais ici, qui démissionne?

La disparition de Gerard Mortier du Teatro Real pénalise un projet ambitieux, intelligent et novateur pour l’Opéra sur la scène Madrilène. Il a été un directeur artistique innovateur, polémique, autant apprécié que décrié, et qui n’a laissé personne indifférent.

Mortier, durant les années où il a eu la charge de directeur artistique du Teatro Real, a été associé avec grande habileté aux personnes de pouvoir qui lui ont permis de réaliser ses objectifs. Ce sont ces mêmes personnes qui, pourtant, l’ont trahi.
 

Mortier, qui a appris par la presse qu’il a été destitué, croit que certains membres du conseil d’administration devraient démissionner. Mais qui, ici, démissionne ? Actuellement, personne ne se sent concerné par le projet de Mortier. Et nous n’entendons même pas la voix de ceux qui se disent fervents partisans de la culture par le simple fait qu'ils sont membres du conseil d'administration du Théâtre Royal. Leur attitude démontre ce que tout le monde savait : à quelques exceptions près, ces personnes ne sont là que pour des raisons sociales qui dépassent la simple défense de la cause culturelle.

Je ne crois pas dans le slogan triomphaliste répété ces dernières années : "Nous avons placé le Teatro Real sur la scène mondiale." Sûrement pas. En revanche, Mortier a rendu possible une nouvelle proposition, un répertoire peu connu, des productions théâtrales innovantes et, surtout, il a réalisé un travail exceptionnel pour améliorer l'orchestre et le chœur.

 

                              Terrasse du Teatro Real lors du concert de Rufus Wainwright (22 juillet 2013)

Alors, cette mise à l’écart est bien triste. Dans une société ouverte et démocratique, les solutions passent par la confrontation des projets et la négociation des résultats. Malheureusement, il n’en a pas été ainsi. Ni les arguments intelligents, ni les propositions de Mortier pour élire un nouveau directeur artistique n’ont été pris en compte. Le mauvais coup fait à Mortier est le symbole du triomphe de la médiocrité qui gangrène notre pays.

Interview de Gerard Mortier à l'ENO au moment de sa prise de fonction au Teatro Real (2009)

Mais ... que peut-on attendre de ces protecteurs, amis et mécènes du théâtre, qui se réfugient dans le silence au lieu de montrer leur engagement envers le projet pour lequel ils ont été nommés.

Que pouvons-nous attendre de ces personnes, si certaines d'entre elles sont capables de rédiger des notes de travail ou d'envoyer des messages sur leur mobile au cours de l' Agnus Dei du Requiem de Verdi ?

Ana Arambarri.

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