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Publié le 20 Avril 2008

Mort à Venise (chorégraphie de John Neumeier)
Une danse Macabre librement adaptée de la nouvelle de Thomas Mann
Représentation du 19 avril 2008 (Théâtre du Châtelet)

Ballet de Hambourg
Gustav von Aschenbach           Lloyd Riggins       (Américain)
Tadzio                                     Edvin Revazov     (Ukrainien)
La mère de Tadzio                   Joëlle Boulogne   (Française)
L’ami de Tadzio                      Arsen Megrabian (Arménien)
Frédéric le Grand                    Dario Franconi      (Argentin)

La Barbarina                           Hélène Bouchet    (Française)
Aschenbach Adolescent          Konstantin Tselikov (Ukrainien)

Piano                                      Elizabeth Cooper

C’est une chance extraordinaire de pouvoir admirer en vrai ce ballet qu’Arte avait diffusé en 2005 lors d’une captation du Festspielhaus de Baden Baden ; elle est d’autant plus grande que les danseurs principaux sont les mêmes. 

Loyd Riggins (Aschenbach) et Edvin Revazov (Tadzio)

Loyd Riggins (Aschenbach) et Edvin Revazov (Tadzio)

Certes, il ne s’agit plus exactement de la fascination d’un écrivain vieillissant pour la beauté d’un adolescent, dans un monde qui tombe en décrépitude.

Aschenbach, chorégraphe en mal d’inspiration, s’accroche pourtant à son univers conventionnel et rationnel que suggère la musique de Bach.

Nous comprenons bien que le personnage de Frédéric le Grand lui pose problème et étend son emprise sur sa conscience.

Et puis surviennent les premiers accords wagnériens au piano, comme un écho au « Ludwig » de Visconti et aux tourments du Roi de Bavière.

Il y a bien tentative de maîtrise intellectuelle mais le créateur a de plus en plus de mal à résister à ses émotions.

John Neumeier nous offre alors une magnifique image de l'amour de jeunesse de Gustav à travers un jeune couple vivant, heureux et s’enlaçant au fil des motifs de l’ouverture de Tristan et Isolde avec une étourdissante fraîcheur.

Suivant son destin, Aschenbach part pour Venise et arrive à la réception de l’Hôtel du Lido ; élégance et légèreté s’estompent à l’apparition de Tadzio sur les notes du duo d'amour de Tristan.

Edvin Revazov est un bel éphèbe sans doute mais d’une grande force également qui s’exprime à travers une portée qui renverse totalement son admirateur avant de le livrer à la sensualité irrésistible des jeunes hommes jouant sur la plage.

                                                                                                                   La Bacchanale

Mais lorsque le malheureux se laisse aller aux songes, le pouvoir suggestif de la musique de Wagner se manifeste à nouveau par la bacchanale de Tannhäuser et enveloppe les pulsions les plus animales de ses rêves dans une scène d’orgie qui ne lui laisse finalement qu’aversion.

 Vient la tentative de rajeunissement, la rencontre avec les saltimbanques en musiciens de rock macabres et ridicules, puis cette scène où Aschenbach endosse les habits de Frédéric le Grand pour exprimer l’intensité qui liait l’Empereur à son ami Keith sur le thème de la mort d’Isolde fort émouvante au moment de l’enlacement imaginaire avec Tadzio.

Loyd Riggins (Aschenbach) et Edvin Revazov (Tadzio)

Loyd Riggins (Aschenbach) et Edvin Revazov (Tadzio)

Tout cela mis en scène dans une chorégraphie belle par sa sensibilité, ses traits de joies et de tristesses, la délicatesse du piano d’Elizabeth Cooper, les éclairages subtils, ces danseurs splendides, et le regard pathétique de Loyd Riggins.

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Publié le 24 Janvier 2008

Véronique (André Messager)

Représentation du 21 janvier 2008

Théâtre du Châtelet

Hélène de Solanges (Véronique) Amel Brahim-Djelloul
Florestan de Valaincourt Dietrich Henschel
Agathe Coquenard Ingrid Perruche
Gaston Coquenard Laurent Alvaro
Ermerance de Champ d'Azur Doris Lamprecht
Séraphin Sébastien Guèze
Loustot Gilles Ragon
Tante Benoît Catherine Hosmalin

Direction musicale Jean-Christophe Spinosi
Mise en scène Fanny Ardant                                                  
Ingrid Perruche (Agathe)

A première vue, l’histoire de Véronique n’est que banale. Une jeune fille découvre que son futur époux aime la femme d’un fleuriste. Seulement, endetté jusqu’au cou, Florestan se résigne au mariage de raison.

Tout le premier acte chez le fleuriste Coquenard met en place l’intrigue, sorte de défilé de personnages surexcités,  comédiens dans la comédie, finalement à l’image d’un milieu mondain léger et en perpétuelle représentation.

D’emblée, Fanny Ardant ne se pose aucune limite, les personnages les plus excentriques se pavanent avec une débauche de costumes et de couleurs, le spectateur en a plein la vue et se demande tout de même combien de temps cela va durer ! 

Heureusement, les deux parties suivantes réservent de très beaux moments de vérité que ce soit le duo entre Florestan et Véronique ou bien la complainte d’Ermerance considérant sa réelle solitude. Et tout cela sans que le sérieux ne prenne le dessus. 

Visuellement, le deuxième acte à Romainville est le plus réussi si l’on considère la fusion impeccable entre la vidéo illustrant les paysages de campagne, et les décors et lumières de la scène. 

La mise en valeur de la vie dans tous les tableaux de cette œuvre ( plein de choses se passent dans les vidéos) est également une constante qui ne surprend guère chez une femme aussi passionnée que Fanny Ardant.

                                                            Amel Brahim-Djelloul (Véronique) et Dietrich Henschel (Florestan)

Bien que la dynamique musicale ne soit particulièrement pas accentuée au premier acte, la direction de Jean-Christophe Spinosi se fond très bien dans l’ensemble.

Tous les artistes sont excellents acteurs. Laurent Alvaro est nettement le plus sonore, Dietrich Henschel exprime les plus beaux sentiments, Doris Lamprecht nous réjouit de sa drôlerie, Ingrid Perruche s’amuse sans complexes, et Amel Brahim-Djelloul évoque tant l’espièglerie d’Audrey Hepburn qu’elle achève de faire de cet Opéra Comique une transposition vivante et très élégante des comédies américaines des années 50-60.

Sans doute n'est-ce qu'un hasard si Fanny Ardant resitue l'histoire en 1953, qui est aussi l'année où l'actrice d'Hollywood reçut son premier Oscar.

Scène finale à l'Opéra

Scène finale à l'Opéra

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Publié le 26 Décembre 2007

Christmas in Paris

 

Théâtre du Châtelet le 25 décembre 2007
Clarinettiste Woody Allen
Direction Musicale Eddy Davis

New Orleans Jazz Band

 

Et oui c’est bien lui! Woody Allen en personne avec sa bande de copains qui vient nous apporter en Europe un peu de cette chaleur jusque là réservée au café Carlyle tous les lundis soirs.
Et il faut voir avec quel esprit cela est interprété : concentré, nonchalant et battant la mesure du pied gauche, Woody Allen s’efface pour jouer le meilleur de sa clarinette et rendre ainsi ce style Nouvelle-Orléans entraînant et ironique.
Et tout ceci avec une humilité qui ravit les amateurs de jazz, cinéphiles et nostalgiques de New York.
Au piano, la grâce vocale de Conal Fowkes communique plein de tendresse.

Woody Allen et le New Orleans Jazz Band

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