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Publié le 30 Septembre 2019

Les Indes Galantes (Jean-Philippe Rameau - 1735)
Répétition générale du 26 septembre et représentation du 27 septembre 2019
Opéra Bastille

Hébé, Phani, Zima Sabine Devieilhe
Bellone, Adario Florian Sempey
L'amour, Zaïre Jodie Devos
Osman, Ali Edwin Crossley-Mercer
Émilie, Fatime Julie Fuchs
Valère, Tacmas Mathias Vidal
Huascar, Don Alvar Alexandre Duhamel
Don Carlos, Damon Stanislas de Barbeyrac

Direction musicale Leonardo García Alarcón
Mise en scène Clément Cogitore (2019)
Chorégraphie Bintou Dembélé

Orchestre Capella Mediterranea, Chœur de Chambre de Namur, Compagnie Rualité
Maîtrise des Hauts-de-Seine/ Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris                                                                Stanislas de Barbeyrac (Don Carlos)

En relevant le défi de jouer le second opéra de Jean-Philippe Rameau sur une scène aussi grande que celle de l'Opéra Bastille, l'ensemble de l'équipe artistique vient de repousser de 32 ans l’âge de l'oeuvre la plus ancienne interprétée en ce lieu, car seul quelques opéras de la période classique pré-révolutionnaire (Alceste, Iphigénie en Tauride, Idomeneo, Les Noces de Figaro et Don Giovanni) avaient pu y être représentés jusqu’à présent.

Sabine Devieilhe (Hébé)

Sabine Devieilhe (Hébé)

Et le problème majeur de cette entreprise est de trouver comment rendre captivant pour le plus large public possible une oeuvre qui, certes, mettaient en valeur les qualités chorégraphiques des danseurs français sous Louis XV, mais qui était décriée autant pour la faiblesse du texte de Louis Fuzelier, que pour la complexité de son écriture musicale, jugée telle à cette époque. 

Mathias Vidal (Valère)

Mathias Vidal (Valère)

On peut aussi observer, en filigrane, que les Indes Galantes furent composées à l’âge d’or de la Compagnie des Indes Orientales, fameuse manufacture royale créée par Louis XIV pour contrer les Anglais et les Hollandais dans leur commerce avec l’Asie. Une dizaine de bateaux par an faisaient ainsi l’aller-retour entre le port de Lorient et les Indes, dont Pondichéry fut le comptoir le plus célèbre, rapportant métaux précieux et tissus fragiles. Cette compagnie coloniale disparaîtra irréversiblement avec la Révolution.

Avec Les Indes Galantes, Jean-Philippe Rameau portait ainsi à son apogée le règne du Rococo et de l’épicurisme apparu sous la Régence, symbolisés par la réussite de l’opéra-ballet, un genre qui comprenait généralement trois actes, une intrigue par acte, et l’ajout de divertissements qui prirent une place excessive jusqu’à l’arrivée des opéras bouffes italiens

Edwin Crossley-Mercer (Osman) et Julie Fuchs (Émilie)

Edwin Crossley-Mercer (Osman) et Julie Fuchs (Émilie)

Mais pour cette nouvelle production contemporaine, l’approche choisie par l’équipe scénique consiste à sortir des codes bourgeois de l'esthétique baroque, habituellement motivée par une profusion visuelle qui remboursait l'investissement financier initial, pour plonger le spectateur dans un univers qu'il côtoie peu, la jeunesse des mondes en marge d'une société normée, sa pluralité d'origines, ses langages du corps et ses expressions d'amour qui interpénètrent les réseaux humains, même dans les situations en apparence les plus sordides.

L'association de Clément Cogitore, jeune vidéaste dont les premiers films montrent son intérêt pour les conflits entre groupes humains totalement étrangers les uns aux autres, et de Bintou Dembélé, danseuse et chorégraphe qui renouvelle les danses nées de quartiers pauvres, Hip-Hop, Krump, Electro, pour en inonder le monde entier, évoque donc sans faux dépaysement des groupes humains qui concernent l’Europe d’aujourd’hui, mais dont cette dernière craint la force déstabilisatrice.

Florian Sempey (Bellone)

Florian Sempey (Bellone)

Clément Cogitore et Bintou Dembélé organisent ainsi l’espace de ces Indes Galantes autour d’une large fosse circulaire qui peut s’ouvrir ou se refermer, et qui symbolise aussi bien un espace maritime engloutissant qu’un cratère de volcan entouré de fumerolles, ou bien le pourtour d’un immense feu de joie. La scène, sur toute sa périphérie, reste la plupart du temps dans la pénombre de lumières bleutées ou orangées.

Le prologue présente Hébé comme une femme du passé dont le goût pour une mode chatoyante sera vite dépassé par celle des jeunes et des très jeunes qui seront au centre des scènes de vie narrées tout le long de la soirée. C’est dans ce premier tableau que l’on peut entendre Sabine Devieilhe invoquer l’Amour au souffle d’une flûte mélancolique qui sublime un pur instant de poésie. Ses aigus sont fortement effilés, la clarté du timbre insolente, et la rigueur cartésienne qui émane de son chant renvoie à l’austérité du compositeur lui-même.

Le chœur face à Julie Fuchs (Émilie)

Le chœur face à Julie Fuchs (Émilie)

Par la suite, une correspondance précise entre mouvements des corps et lignes musicales se retrouve pendant tout le spectacle sans jamais verser dans l’illustratif facile, quitte à rechercher le démonstratif, et sans prendre le dessus sur la présence des chanteurs. 

L’entrée du Turc généreux décrit avec force les départs risqués de populations obligées de migrer à travers les mers, et l’image insiste sur la situation précaire de ces migrants tous protégés par une couverture de survie or-argent qu’ils brandiront spectaculairement en tournoyant sur l’onde colérique de l’océan.

Leur apparition se fait à l’arrachée d’un bras mécanique qui plonge au cœur de la scène pour en relever une carcasse de bateau, comme s’il s’agissait d’évoquer la dureté d’acier de la main du destin. 

Alexandre Duhamel (Huascar)

Alexandre Duhamel (Huascar)

Et le charisme enjôleur de Julie Fuchs allié à la candeur lunaire resplendissante de Mathias Vidal, impressionnant par sa présence alerte, font le charme hypnotique de ce tableau si dramatiquement humain.

Dans Les Incas du Pérou, c’est cette fois une jeunesse manipulée par un faux leader, Huascar, qui est représentée, et le culte du Soleil devient un grand moment de fascination sous la lumière artificielle d’un immense écran numérique tenu par ce même bras mécanique, dont on devine à peine les images qu’il draine.  L’imaginaire interrogatif du spectateur est ainsi sollicité aussi bien face à ce mystérieux écran que par les danses ensorcelantes, cheveux au vent, du peuple ainsi réuni.  

Mathias Vidal (Tacmas) et Jodie Devos (Zaïre)

Mathias Vidal (Tacmas) et Jodie Devos (Zaïre)

Alexandre Duhamel représente une noirceur méphistophélique qui prendra une formidable éloquence dans le dernier tableau des Sauvages, alors que Sabine Devieilhe offre un saisissant moment de grâce en chantant devant le corps torsadé d’un magnifique danseur porté par la délicatesse des méandres de la musique, un des points culminants de cet acte qui est aussi celui du chœur, une puissance évocatrice qui envahit le cœur de tous par sa chaleur spirituelle et l’éclat de ses résonances.

Mathias Vidal (Tacmas) et Jodie Devos (Zaïre) et les Fleurs

Mathias Vidal (Tacmas) et Jodie Devos (Zaïre) et les Fleurs

C’est alors avec surprise et amusement que le public découvre les Fleurs sous forme de prostituées dansant dans des cages en verre telles les filles des Red lights d’Amsterdam.

Et pourtant il y a grande justesse dans cette image car, à sa création, le personnage de Tacmas était représenté en travesti, ce qui choqua le public et obligea Rameau à modifier cet acte deux semaines plus tard.

Edwin Crossley-Mercer déambule nonchalamment sous couvert d’une voix de velours noir, les atmosphères nocturnes lui conviennent en fait très bien, et Mathias Vidal, méconnaissable sous son travestissement, rejoint Jodie Devos après qu’elle ait chanté ses aveux amoureux d’une pure délicatesse.

Les corps des femmes s’entremêlent pour former la corolle d’une improbable fleur chorale au chant ensorceleur, puis se succèdent au cours de la Fête des fleurs des réminiscences affectives de souvenir d’enfance, un manège enchanté, un chœur fragile de jeunes gamins si touchant, et la chaleur d’un ensemble autour d’un feu comme seule source de lumière des individus.

Les Indes Galantes (Devieilhe-Sempey-Devos-Fuchs-Vidal-Crossley-Mercer-de Barbeyrac-Duhamel-Garcia Alarcon-Cogitore-Dembélé) Bastille

Enfin, au tant attendu dernier acte des Sauvages, qui ne fut ajouté que six mois après la création des Indes Galantes, Stanislas de Barbeyrac réitère son portrait si incisif et droit de Don Carlos en en affublant avec la même autorité infaillible le français Damon.

Et Florian Sempey dépeint un Adario volontaire et percutant qui, progressivement, s’efface sous la personnalité volubile du chanteur qui prend le dessus dans la danse finale écrite à l’origine pour des indigènes des Caraïbes. Florian Sempey est un bon vivant, et cela transparaît toujours même lorsqu’il doit, comme ici, incarner un amant jaloux et sincère.

Maîtrise des Hauts-de-Seine/ Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris

Maîtrise des Hauts-de-Seine/ Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris

Il y a bien la symbolique de la frivolité des pom-pom girl, mais c’est inévitablement la danse des Sauvages, seule musique de tout l’opéra véritablement descriptive des couleurs et des rythmes d’un peuple lointain, qui permet à tous les danseurs de se retrouver dans une danse énergique et endiablée aux accents vengeurs qui finit les poings dressés au ciel.

C’est ainsi moins pour ses portraits individuels que pour les mouvements d’ensemble des destinées humaines, et leur diversité, que le travail de Clément Cogitore et Bintou Dembélé gagne une force universelle, loin de tout décalage, en laissant planer au fil de chaque acte une présence oppressive et machinale, principal horizon des groupes humains en quête d’existence.

Leonardo García Alarcón et les artistes au salut final

Leonardo García Alarcón et les artistes au salut final

Et s’il y a de l’énergie sur scène, c’est aussi parce que Leonardo García Alarcón déploie un orchestre aux cordes acérées, des sonorités métalliques et vivantes que viennent approfondir les contrebasses, réservant ainsi aux motifs aériens des flûtes des moments d’intimité gracieux, et maintenant la simplicité authentique des deux théorbes en forme de poires claires, entourées de cordes sombres, situées au centre de l’orchestre.

Clément Cogitore et Bintou Dembélé

Clément Cogitore et Bintou Dembélé

La musique de Rameau ne sonne jamais ancienne ou trop sèche, la texture de l’orchestre fait corps avec le chœur et les voix, et l’émotion du chef argentin au salut final n’est que la récompense d’un engagement pour tous les artistes dont l’adhésion de cœur se sent à chaque mouvement dansé et geste d’attention, comme s’il avait porté d’une force colossale à lui tout cet ensemble hors du commun. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’explosion de joie du public à la première, reconnaissant du travail accompli et de la vitalité généreuse de tous.

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Publié le 16 Septembre 2016

Eliogabalo (Francesco Cavalli) 
Répétition générale du 12 septembre 2016 et représentations du 19 septembre et du 07 octobre
Palais Garnier

Eliogabalo Franco Fagioli 
Alessandro Cesare Paul Groves 
Flavia Gemmira Nadine Sierra 
Giuliano Gordio Valer Sabadus 
Anicia Eritea Elin Rombo 
Atilia Macrina Mariana Flores 
Zotico Matthew Newlin 
Lenia Emiliano Gonzalez Toro 
Nerbulone, Tiferne Scott Conner 

Mise en scène Thomas Jolly 
Direction musicale Leonardo García Alarcón          Franco Fagioli (Eliogabalo)

Orchestre Capella Mediterranea
Chœur de Chambre de Namur
Coproduction avec De Nationale Opera, Amsterdam

Retransmission en direct sur le site de France Télévisions Culturebox le vendredi 07 octobre.

Avec ’Eliogabalo’, l’entrée de Francesco Cavalli au répertoire de l’Opéra National de Paris est un évènement majeur de la vie de l’institution parisienne, puisque le successeur de Claudio Monteverdi n’y a jamais été joué depuis la création de l’Académie Royale de Musique en 1669.

C’est d’autant plus surprenant que ce compositeur italien créa, en 1662, un opéra dédié aux noces de Louis XIV et Marie-Thérèse d’Autriche, ‘L’Ercole Amante’

La salle des Machines des Tuileries fut construite à cette occasion, salle qui deviendra au XVIIIème siècle une des salles de l’Académie après l’incendie du Théâtre du Palais Royal.

Franco Fagioli (Eliogabalo)

Franco Fagioli (Eliogabalo)

Si l’on devait rapprocher Heliogabale, empereur romain assassiné en 222 à l’âge de 19 ans, de souverains plus connus, on pourrait y reconnaître les traits de Louis II de Bavière ou d’Akhenaton par sa nature à la fois fantasque, ambigüe, et par sa recherche d’un dieu unique, fédérateur, Wagner pour l’un, Aton pour l’autre.

Profil différent du sanguinaire Caligula, ou même de Don Giovanni, donc.

Entre les mains du tout jeune metteur en scène de théâtre Thomas Jolly – qui, cette saison, se voit confier pour la première fois deux mises en scène d’opéras, l’une à Garnier, l’autre à l’Opéra-Comique avec ‘Fantasio’ -, ce personnage se dilue dans une fantaisie en premier lieu costumière. 

Nadine Sierra (Flavia Gemmira )

Nadine Sierra (Flavia Gemmira )

Large toge pourpre parcellée de pointes d’or, puis, travestissement d’une robe rouge aux mêmes motifs auréolaires et solaires, cet empereur surgit comme une ombre inquiétante surplombant la scène – silhouette qui évoque le Comte Dracula -, pour se révéler plus illuminé que dangereux, et sans profondeur.

Thomas Jolly crée pourtant un climat sombre, un véritable théâtre de l’intériorité, mais qu’il colore sans doute plus que la musique ne le suggère.

Matthew Newlin (Zotico)

Matthew Newlin (Zotico)

Une estrade centrale creusée par un  passage, un soleil de lumières rouges en arrière scène, dix-huit faisceaux lumineux provenant du plafond et s’orientant dans toutes les directions pour créer l’illusion d’un mur de scène, de symboles religieux, ou encore de structures qui se prolongent dans la salle sous de magiques effets étoilés, le spectacle repose en grande partie sur l’inventivité de ce travail épatant  sur les éclairages.

Le livret pose une difficulté en soi de par sa dramaturgie, qui enchaine des actions qui s’interrompent dans leur élan, ou, plus simplement, de par son édulcoration du caractère de l’empereur.

Mariana Flores (Atilia Macrina) et Paul Groves (Alessandro Cesare)

Mariana Flores (Atilia Macrina) et Paul Groves (Alessandro Cesare)

​Ses passions homosexuelles n’y transparaissent pas, mais le metteur en scène dispose, de ci, de là, quelques images qui s’y réfèrent.

Tout est dans la pose esthétique des figurants, jamais totalement nus, ou bien dans l’affection portée par Eliogabale à Zotico, mâle jeune et bien plus massif.

Les trois personnages féminins, Gemmira, Atilia et Eritea se distinguent par des costumes et maquillages très différents.

Ceux de Gemmira sont les plus purs et d’un bleu pâle aux lignes sophistiquées, alors que ceux d’Eritea, sous l’emprise d’un viol, lui donne une allure de martyre recouverte d’une blancheur calcifiée.

Et il n’y a pas personnages plus opposés qu’Alessandro Cesare, vétu d'une toge noble et bleue imprégnée de sagesse, et Lenia, version gothique et vénéneuse d’Eliogabale.

Franco Fagioli (Eliogabalo)

Franco Fagioli (Eliogabalo)

Nombre de metteurs en scène dits ‘professionnels’ de l’opéra auraient laissé les interprètes répandre leurs états d’âme sans grande force expressive, Thomas Jolly, lui, obtient d’eux une richesse d’expressions qui ajoute de la vérité à leurs airs, à défaut d’entretenir un intérêt dramaturgique infaillible.

C’est déjà beaucoup, et il suffit de se rappeler les récentes mises en scène d’opéras baroques au Théâtre des Champs Elysées pour mesurer l’originalité et la vitalité d'’Eliogabale’.

Il ne souffre que de quelques temps morts quand la baisse de luminosité crépusculaire devient trop prégnante pour soutenir les dialogues scéniques.

Valer Sabadus (Giuliano Gordio)

Valer Sabadus (Giuliano Gordio)

Et l'oeuvre bénéficie d’une distribution vocale généreuse.

Franco Fagioli, en Eliogabale, n’est certes pas dans un répertoire qui met le mieux en valeur ses affinités avec l’art volubile de Cecilia Bartoli, mais la tessiture crémeuse de sa vocalité lui cède une séduction apaisante qui sauverait presque l’âme de son personnage.

A ses côtés, Paul Groves est beaucoup plus surprenant, car sa voix a gagné en densité et maturité, ce qui lui donne une stature très affirmée et nobiliaire, si éloignée du Nemorino plus léger que nous avons entendu à Bastille il y a déja dix ans. Il est la surprise de la soirée.

Eliogabalo (Fagioli-Groves-Sierra-Sabadus-Garcia Alarcon-Jolly) Garnier

Nadine Sierra, elle, est la révélation de la soirée. Quand on l'admire jouer et chanter, on ne peut s’empêcher d’y voir une Anna Netrebko du baroque par la force de son incarnation. Elle a de la puissance, de la détermination, et un lyrisme sensible qui renforcent sa présence.

Dans un registre plus tragique, Elin Rombo porte en elle une théâtralité qui révèle des abysses intérieurs et un insondable désarroi.  Eritea en devient une femme très inquiétante, fantomatique, une âme torturée dépourvue de son corps. 

Mariana Flores, interprète d’Atilia, celle qui ne trouvera aucun amant au moment de la résolution du drame, est la plus claire des trois chanteuses. Elle montre le tempérament d’une femme pleinement démonstrative, et une tendresse qui touche par la pureté de coeur qu'elle exprime.

Nadine Sierra (Flavia Gemmira )

Nadine Sierra (Flavia Gemmira )

Ces trois chanteuses représentent ainsi trois pôles féminins très distincts qui forment à eux seuls l’architecture vocale de cet opéra.

Et le Giuliano de Valer Sabadus représente la véritable touche mélodramatique de l’œuvre, profondément sensible, une voix de sopraniste vouée au lamento dont on a de cesse de mesurer la contradiction qu’il porte, lui qui incarne le cœur du commandant de la garde prétorienne.

Très beau Matthew Newlin en Zotico, doux et viril à la fois.

Valer Sabadus (Giuliano Gordio)

Valer Sabadus (Giuliano Gordio)

Cet ensemble d’artistes qui se cherche dans un univers esthétiquement très travaillé est ainsi naturellement baigné par le flot de basses continu de l’orchestre, qui émerge de la fosse relevée à son maximum pour cette occasion.

La musique conserve une certaine épaisseur et beaucoup de chaleur, les détails des cuivres, la brillance des cordes et les scintillements du clavecin du Capella Mediterranea ont un charme prenant, et Leonardo García Alarcón, lors de cette dernière répétition, pétrit et entretient cette massivité coulante qui n’allège pas forcément l'humeur orchestrale.

Chœur de Chambre de Namur prodigue en nuances inédites dès l’ouverture.

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