Voici quelques notes que j’ai pu recueillir sur l’histoire de l’opéra à Paris.
Le ballet de cour et la découverte des opéras italiens
1573 Catherine de Médicis offre un ballet de cour aux ambassadeurs polonais.
La cour se fait défenseur de ce genre prisé par les cercles éclairés où la danse et le décor visuel servent musique et poésie.
1581 Belgiojoso crée le premier spectacle baroque complet, prétexte à danses éblouissantes.
1589 Mort de Catherine de Médicis. Henri IV lui succède.
1605 Les ballets sont entièrement chantés.
1610 Assassinat d’Henri IV. Marie de Médicis assure la régence.
1617 En guerre avec son fil, Marie de Médicis s’exile.
1624 Richelieu entre au conseil du Roi.
Louis XIII fait venir la troupe des Fedeli : Les styles intensément dramatiques de Rossi, Monteverdi enthousiasment les beaux esprits.
1643 Mort de Louis XIII et début de la régence d’Anna d’Autriche.
1645 Mazarin devenu 1er ministre révèle les splendeurs du grand Opéra Baroque Italien à Paris.
14 décembre : « La Finta Pazza » de Giulio Strozzi est donné à la salle du Petit Bourbon à l’est du Palais du Louvre. Le public parisien peut y assister pour une modique somme.
Il s’agit de distraire les esprits agités d’un souffle de fronde.
1647 7 mars : L’Orfeo de Rossi est joué au Palais Royal. Les machines de Torelli impressionnent.
1648 Mazarin met fin à la guerre de 30 ans (traité de Westphalie) mais déclenche contre lui la Fronde. Il s’exile pour que la paix soit restaurée.
1653 Mazarin est rétabli dans son pouvoir.
1654 14 avril : Lors des Nozze di Peleo e di Theti (Capicoli) représenté au Petit Bourbon, Louis XIV danse Apollon. Un autre danseur est Lully.
1659 Mazarin impose la paix des Pyrénées entre Bourbons et Habsbourg. Construction d’une salle de 7000 places aux Tuileries.
1661 Mort de Mazarin. Louis XIV devient monarque absolu.
L’Académie d’Opéra français sous Louis XIV
1664 Lully commence sa collaboration avec Molière (Le Bourgeois Gentilhomme en 70).
1669 Le poète Pierre Perrin obtient le privilège d’une Académie d’Opéra français et crée un théâtre au jeu de Paume du Becquet (Vaugirard).
1672 Lully obtient la succession de Perrin. Il rencontre Philippe Quinault qui composera ses livrets : Alceste (74), Thésée (75), Atys (76), Persée (82), Roland (85), Armide (86).
C’est le règne de l’opéra courtisan où le spectacle prime sur l’action en musique.
1694 Médée de Charpentier puis Alcyone de Marais (1706) sont fêtés à l’Académie.
Le public montre ainsi un goût plus sensible et raffiné.
Rameau : l’émotion dans la musique
1697 André Campra illustre la mutation des activités lyriques avec l’Opéra Ballet.
L’Europe Galante triomphe suivi par Le Carnaval de Venise (1699)
1715 Mort de Louis XIV.
L’Opéra se déplace de la cour royale vers des résidences moins importantes.
1735 Les Indes Galantes de Rameau achèvent le règne de l’épicurisme de la Régence et du Rococo.
Avec une mentalité de chercheur Rameau intellectualise les ressorts de la tragédie. Poussé par Voltaire, il déploie de nouveaux timbres orchestraux et esquisse plus de vérité psychologique.
1751 Ainsi le succès de Pygmalion à Paris marque l’adéquation parfaite entre une esthétique, une ville et une société donnée. Mais cette suprématie renferme un débat violent.
1762 Une troupe Italienne arrive à Paris. Elle diffuse une musique simple et naturelle aux coûts de productions réduits, et lance un nouveau genre : l’Opéra Comique.
L’Opéra devient la préoccupation et le plaisir majeur de l’opinion.
1770 Construction d’une nouvelle salle au Palais Royal (2000 places).
1774 Gluck arrive à Paris après une longue carrière à Vienne. Il est ici sous la protection de son ancienne élève de Schönbrunn, Marie Antoinette, devenue reine cette année là.
L’enthousiasme pour Iphigénie en Aulide se transforme en délire pour Orphée et Eurydice.
Le directeur de l’Opéra de Paris a l’idée de faire concourir Gluck et Piccinni.
1779 Iphigénie en Tauride de Gluck donne la vie à un drame sans amour.
1781 Piccinni joue son Iphigénie appréciée mais incomparable à celle de Gluck reparti à Vienne.
L’Opéra impérial et la propagande politique
L’Opéra Italien incarne la modernité
1781 Incendie de la salle du Palais Royal. L’Opéra est déplacé place St Martin.
1783 L’Opéra Comique à enfin sa salle nommée en l’honneur du librettiste Favart.
L’année d’après « Richard Cœur de Lion » de Grétry est connu de toute l’Europe.
1784 Salieri, élève de Gluck met en musique Les Danaïdes. Le maître rentre à Vienne.
1787 La situation économique puis politique s’aggrave. L’Italien retourne auprès de Joseph II
Un autre Italien arrive à Paris, Sacchini, soutenu par Marie Antoinette. Elle ne peut empêcher les cabales organisées contre lui de peur de donner l’impression de soutenir le parti étranger.
Il meurt avant le triomphe de son chef-d’œuvre : Œdipe à Colone
Cherubini est le dernier Italien à s’installer à Paris. Il y reste plus de 50 ans.
1791 Rue Feydeau, un théâtre concurrent à Favart s’installe.
La période révolutionnaire favorise surtout une certaine forme d’agitation politique.
1792 Gossec récupère la Marseillaise pour « Offrande à la liberté ». Huées, sifflets deviennent monnaie courante dans tous les théâtres de France jusqu’au Directoire.
1800 Triomphe de Cherubini à Feydeau avec « Les Deux Journées » dont l’humanisme fascine Beethoven pour « Fidélio ». L’œuvre est renommée « Le Porteur d’Eau » pour Vienne.
1801 Napoléon pousse Feydeau et Favart à fusionner. Les deux théâtres s’installent à Feydeau.
1804 Proclamation de l’Empire. Le théâtre des Arts devient l’Académie Impériale de Musique.
Le Sueur triomphe avec « Ossian ou Les Bardes ». Napoléon le choisit pour succéder à Paisiello à la tête de la chapelle des Tuileries.
Le sujet évoque l’Ecosse et l’apparition du surnaturel correspond au goût de Napoléon et du romantisme naissant. Les mythologies Celtes et Scandinaves rentrent à l’Opéra, mais l’Empereur rappelle que l’on ne bâti pas un empire en rêvant.
Des sujets plus réalistes sont nécessaires à la propagande officielle.
1807 Avec ses défilés de chevaux, Le Triomphe de Trajan (Persuis) atteint l’invraisemblable.
Un journaliste allemand constate que le premier théâtre de France est devenu un manège où la musique n’a plus qu’un rôle d’apparat. Les leçons de Gluck sont oubliées.
Spontini présente La Vestale qui, malgré le cadre antique, porte la grâce mélancolique du Bel Canto romantique.
1807-1811 La troupe fait entendre Les Noces de Figaro /Cosi/Don Giovanni en italien à Feydeau.
1819 L’Inganno Felice obtient le succès malgré l’hostilité d’une partie de la presse française qui tente d’abattre Rossini. On dirait une querelle d’Anciens et de Modernes. Le « Barbier de Séville » fait craquer le barrage. Le théâtre Italien devient le point de ralliement des Modernes.
1825 « La Dame Blanche » (Boieldieu) évoque avec fantaisie l’Ecosse romantique de Walter Scott.
Les dix dernières années de la Restauration, les compositeurs français voient avec jalousie le succès de Rossini que l’intendant des théâtres royaux attire pour deux ou trois triomphes : le Comte d’Ory (1828), Guillaume Tell (1829) à l’Académie de Musique