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Publié le 12 Juillet 2007

Theodora (Haendel)

Concert du 19 octobre 2006 au Théâtre des Champs Elysées

Direction Emmanuelle Haïm

Theodora Geraldine Mc Greevy
Iréne Anne Sophie Von Otter
Dydimus Stephen Wallace
Septimus Paul Agnew
Valens Matthew Rose

Orchestre et Choeurs du Concert d'Astrée
 
Je suis venu écouté un oratorio de Haendel et immanquablement il devait s’y trouver un passage extraordinaire. Alors merci encore à Stephen Wallace et Geraldine McGreevy pour avoir interprété le duo de la fin du second acte avec une réelle profondeur spirituelle, l’orchestre s’étant montré particulièrement attentif et inspiré sur le coup.
Deux voix absolument faites pour s’allier ensemble.
Anne Sophie Von Otter se révèle un peu rude dans les forte, en revanche elle retrouve dans les piani toute la sensualité de son timbre.
Paul Agnew, chanteur très expressif, réussir à émouvoir au premier acte alors que Matthew Rose, deux à trois plus sonore que ses partenaires, jure également d’un point de vue stylistique.
Chœurs en phase et riches en couleurs.
 
Belle ovation pour l’ensemble au final.

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Publié le 11 Juillet 2007

Missa Solemnis (Beethoven)

Concert du 19 septembre 2006 au Théâtre des Champs-Élysées
 
Camilla Nylund Soprano
Birgit Remmert Mezzo-Soprano
Charles Workman Ténor
Franz Josef Selig Basse
 
Orchestre de la Suisse Romande
Chœur de la Radio de Berlin
 
Direction Marek Janowski
 
Durant 1h30 le Théâtre des Champs-Élysées a enveloppé son public pour l’entraîner dans des élans épiques ou le plonger dans des moments de gravité intenses.
La manière dont le capitaine Janowski maîtrise l’orchestre de la Suisse Romande est admirable, d’autant plus que les tempi choisis atteignent une rapidité que les musiciens soutiennent sans la moindre désynchronisation. Les chœurs limpides et aériens se mêlent à l’ensemble avec un souffle qui inspire au cœur comme une délivrance.
 

Mais l’effet recherché par les solistes est ambigu : s’ils ont tous une réelle personnalité vocale, l’impression globale est sans éclat, trop humaine, Birgit Remmert ayant sans doute prodigué la plus belle musicalité lors de l’Agnus Dei, le passage le plus saisissant.
 

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Publié le 10 Juillet 2007

Die Walküre (Richard Wagner)

Représentation du 02 février 2006 (Fenice de Venise)
 
Siegmund Christopher Ventris
Sieglinde Petra Lang
Hunding Kristinn Sigmundsson
Brünnhilde Janice Baird
Wotan Greer Grimsley
Fricka Doris Soffel
 
Direction musicale Jeffrey Tate 
Mise en scène Robert Carsen
 
Deux mots me paraissent suffire à caractériser le style de direction de Jeffrey Tate : fascinant et frustrant. Il signe là une lecture très raffinée (à l’ouverture, l’effet des bois qui s’entrelacent est magnifique) sans jamais céder au déchaînement même lors de la chevauchée des Walkyries (qui regrette à ce moment précis l’emballement un peu hors de contrôle d’Eschenbach au Châtelet? Moi oui).
C’est à se demander si cette limpidité ne s’harmoniserait pas mieux avec la mise en scène de Bob Wilson.
 
Le premier acte démarre bien tranquillement : Sigmundsson nous propose un Hunding pas vraiment imposant.
Si Christopher Ventris fait montre d’accents vaillants et d’un timbre clair, quelque chose manque : du lyrisme. L’accueil est enthousiaste. Le problème semble donc venir de mon oreille.
Heureusement Petra Lang est d’une musicalité sublime avec une ligne de chant très liée et graduée dans les effets. Son timbre est la seule source de chaleur de cette partie. Elle s’épanouie complètement au 3ième acte.
La Walkyrie à La Fenice de Venise
Finalement nos trois premiers protagonistes sont d’un format vocal véritablement humain, car avec le deuxième acte on a plutôt l’impression d’atterrir dans la cage aux fauves.
La scène, à croire fortement inspirée des « Damnés » de Visconti, commence avec la Brünnhilde de Janice Baird qui balance nonchalamment ses hoïotoho ! Scéniquement elle affiche la même désinvolture qu’Helmut Berger dans le film. Sa voix est puissante, les couleurs fortement métalliques ce qui retire un peu d’humanité à son personnage notamment au 3 ième acte.
 
De l’humanité et de l’autorité Greer Grimsley en a en réserve. C’est un Wotan d’une force douce dont la voix bien dirigée est très enveloppante. Peu de graves caverneux, il est presque trop charmeur. Très émouvant au 3ième acte.
 
Face à lui Doris Soffel anime une Fricka d’un indescriptible tempérament autoritaire et agressif. Excellente actrice, sans doute rodée aux emplois de femmes machiavéliques, sa voix d’une grande richesse de couleurs et d’irrégularités traduit une sauvagerie stupéfiante.
 
N’ayant pas vu l’intégralité du Ring de Carsen, mieux vaut faire preuve de réserve, mais l’intérêt de ce qu’il a fait dans ce 2ième volet me semble assez limité. Sieglinde cherchant Siegmund parmi les corps des guerriers morts au combat est une des rares images marquantes du 3ième acte.

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Publié le 9 Juillet 2007

Il Trittico (Puccini)

Représentation du 07 mai 2006 (Capitole de Toulouse)
 
Direction Musicale Marco Armiliato
Mise en scène Stéphane Roche
 
Il Trittico fût crée à New York en décembre 1918 (Guerre oblige) puis monté pour la première fois à Paris en 1967 (Opéra Comique).
Cette saison, le Capitole reprend la production de 1997.
 
Il Tabarro
 
Michele Juan Pons               Luigi Nicola Rossi Giordano
Giorgetta Doina Dimitriu     Talpa Michele Bianchini
 
Une péniche toute en bois stationne sur la Seine devant les vannes d’une écluse.
Fidèle au souvenir de son Rigoletto à Bastille (mai 2000), Juan Pons se distingue par la crédibilité de ses personnages. Alors ce rôle d’homme qui bascule du pathétique vers la cruauté ne lui pose aucune difficulté.
Nicola Rossi Giordano campe un Luigi assuré, et un peu rude vocalement, auquel répond une Doina Dimitriu vive mais sans douceur. D’ailleurs la force et la dureté de ses aigus déchirent un peu trop le tissu orchestral.
Car Marco Armiliato nous propose une richesse de motifs raffinés, une tension grandissante portée par des sonorités cuivrées sans la moindre brutalité : un vrai plaisir.
 
Suor Angelica
 
Suor Angelica Tamar Iveri                         Suor Genovieffa Eunyee You
La zia principessa Marjana Lipovsek        La suora infermiera Cécile Galois
La maestra delle Novizie Nona Javakhidze
 
Une chapelle intégralement blanche percée en son centre d’une croix d’argent et surplombée d’un vitrail (très connu) dont les couleurs éclairent l’enfant qu’il représente.
 
En 1989 Marjana Lipovsek édite un disque d’air d’opéra chez Orphéo (Gluck/Haëndel/Mozart/Verdi/Bizet/Massenet/Saint-Saens) à signaler aux amateurs d’altos dramatiques. C’est donc enfin l’occasion de l’entendre sur scène.
Sans doute la voix doit être bien usée : pas du tout. La chanteuse impose une princesse inquiétante et d’une superbe noirceur.
Il faut attendre l’air « Senza Mamma » pour entendre Tamar Iveri faire évoluer Suor Angelica d’un rôle plutôt effacé vers celui d’une femme qui libère ses tensions à travers une expression théâtrale inattendue (surtout lorsque l’on n’a jamais entendu l’œuvre intégralement).
Je n’ai capté que quelques éclats de voix de Cécile Galois mais c’était bien beau.
 
Gianni Schicchi
 
Gianni Schicchi Juan Pons                     Zita Cinzia De Mola
Lauretta Anne-Catherine Gillet            Rinuccio Ismael Jordi
Nella Eunyee You
 
Sur fond noir, un lit se détache, flanqué de part et d’autre de deux escaliers.
 
Il faut reconnaître la présence écrasante de Juan Pons, étrange inspiration d’un Jean Philippe Laffont et d’un RuggeroRaimondi (mais avec sa voix d’aujourd’hui !).
La pièce est drôle, et tout le monde en fait des tonnes.
Eunyee You (remarquée récemment en Oscar lors de la télédiffusion du Bal Masqué de Lieptzig) dispense une gaîté extrêmement communicative.
Et elle met énormément du cœur tout comme sa Suor Genovieffa dans la nouvelle précédente.
Anne-Catherine Gillet interprète une Lauretta sensible et espiègle.
 
De bout en bout, Marco Armiliato et l’orchestre du Capitole auront maintenu une atmosphère très chaleureuse.
 
Tout le public est heureux, même une certaine personnalité de l’administration de l’Opéra National de Paris  présente à l’orchestre. Il fallait au moins cela pour récupérer de la toute dernière production iconoclaste de Monsieur Mortier.
 

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Publié le 9 Juillet 2007

Les Noces de Figaro (Mozart)

Répétition générale du 09 mars 2006 (Garnier)
 
Mise en scène Christoph Marthaler
Direction musicale Sylvain Cambreling
 
Figaro Lorenzo Regazzo
Suzanne Heidi Grant Murphy
La comtesse Dwayne Croft
Chérubin Christine Schäfer
Bartolo Roland Bracht
Marcelline Helene Schneiderman
 
Une générale à Garnier se savoure dés l’ouverture des portes. Il y règne une décontraction inhabituelle, l’on retrouve les visages connus, certains sourires sont charmants.
Puis la lumière faiblit et un petit homme arrive sur scène : j’apprend qu’il s’appelle Gerard Mortier et qu’il est le directeur de la maison. Avec nostalgie son hommage à Strehler, qui fit l’ouverture de la première saison Liebermann, nous prépare à un tournant historique dans la mise en scène des Noces de Figaro. Mais cette fois il paraît que l’on va rire.
 
Alors effectivement, l’entrée d’une grande maison où toute l’action va se dérouler constitue l’univers unique. Un grenier surplombe l’ensemble.
Loin de chercher à éclairer l’œuvre, la pièce est prétexte à un déploiement de gags, de scènes cocasses pour le plaisir du non-sens. Mais je laisse à chacun d’aller apprécier directement au théâtre surtout que la première n’a pas encore eu lieu.
 
Sur scène, bien que ce ne soit qu’une répétition, il nous est donné une occasion d’entendre une interprétation de bonne qualité à quelques réserves prés :
Lorenzo Regazzo est un Figaro vocalement soigné mais qui doit faire face à un Peter Mattei qui survole tout avec ses accents mordants et sa prestance naturelle.
L’on découvre une Christiane Oelze au premier abord un peu gauche. Elle est cependant très vite entraînée dans la farce et présente une comtesse douce, musicale mais un peu pâle.
La très vivante Heidi Grant Murphy laisse perplexe : il y a bien peu d’élégance dans son chant aux graves peu marqués et pourtant son dernier air nous laisse en suspend.
 
Mais quelle stupéfaction en découvrant Chérubin : Christine Schäfer est totalement méconnaissable en adolescent et seule sa très belle interprétation permet de lever le doute sur le fait que ce n’est pas un gamin de 15 ans qui joue sur scène.
 
J’ai été très touché par l’humanité que Roland Bracht apporte au personnage de Bartolo (et il a du coffre). D’autant plus que le chanteur doit composer avec les tics voulus par Marthaler et il m’est difficile de ne pas être sensible à la difficulté supplémentaire qu’ils engendrent.
 
Enfin Helene Schneiderman fait rayonner une Marcelline espiègle, joueuse et vocalement enivrante à en éclipser Suzanne.
 
Dans la fosse, pas de surprise, l’orchestre fait ce qu’il peut avec un chef qui n’est jamais aussi bon que lorsqu’il participe lui-même aux gags.
 
Le contraste entre le délire sur scène et l’image nostalgique et triste du grenier est troublant.
 
Inutile de dire que les puristes crieront à l’outrage (notamment par la manière dont les passages au clavecin ont été remaniés).
Il s’agit seulement ici de célébrer l’exubérance et la fantaisie de la vie et de l’accepter dès le départ.

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Publié le 9 Juillet 2007

Semiramide (Rossini)

Représentation du 22 avril 2006 (Théâtre des Champs Elysées)
 
Semiramide Alexandrina Pendatchanska
Arsace Barbara Di Castri
Assur Michele Pertusi
Oroe Federico Sacchi
Idreno Kunde
 
Mise en scène Gilbert Deflo
Direction musicale Evelino Pidò
 
 
Je ne savais pas que Semiramide utilisait ses aigus comme arme de dissuasion ! Je dois dire être impressionné par la représentation de ce personnage ; Alexandrina Pendatchanska manie avec brillant un tempérament enflammé, puissant, et tout à la fois émaille son chant d’une virtuosité colorée (elle atteint même des graves d’une très furtive noirceur).
Ce n’est pas du pur bel canto, et peu d’ornements délicats viennent effleurer nos oreilles ; mais l’on a compris que le dramatisme de l’action est ici privilégié.
Dans sa dernière scène (al mio pregar t’arrebdi), la chanteuse est d’une sensibilité touchante. On ne sait plus très bien si c’est une Lady Macbeth ou une Desdemone, et cela traduit bien toute l’ambiguïté du caractère.
 
Barbara Di Castri arrive sans trop de mal à maintenir l’équilibre avec sa partenaire. Arsace a de l’aplomb et un registre grave solide.
Cependant sa maîtrise du souffle est étrange (des experts pourront peut être l’analyser) et certains effets deviennent subitement inaudibles malgré les fortes respirations.
 
Michele Pertusi réalise une prestation honorable. Il ne s’impose véritablement qu’au deuxième acte lors de la confrontation initiale avec Pendatchanska d’abord et surtout lors du monologue d’Assur (scène IV). L’homme est atteint et son chant porte une détresse plus émouvante par ses qualités musicales que par son expressivité.
 
Gregory Kunde est aussi une des attractions de la soirée. Il fait montre d’une très belle musicalité tant qu’il reste dans le médium et les passages largo. Mais dés qu’il s’agit de s’élever dans les aigus, la voix se rétrécie et s’atténue d’autant plus qu’il faut se montrer agile.
Ainsi on a droit a un superbe " La speranza più soave " suivi par un  " Que’ numi furenti " emporté à la débrouille !
 

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Publié le 8 Juillet 2007

Don Giovanni (Mozart)

Représentation du 27 janvier 2006 (Opéra Garnier)
 
Direction musicale Sylvain Cambreling
Mise en scène Michael Haneke
Décors Christoph Kanter
Costumes Annette Beaufays
Éclairages André Diot

Don Giovanni Peter Mattei
Il Commendatore Robert Lloyd
Donna Anna Christine Schäfer
Don Ottavio Shawn Mathey
Donna Elvira Mireille Delunsch
Leporello Luca Pisaroni
Masetto David Bizic
Zerlina Aleksandra Zamojska
 
Ce soir c'est style efficace.
Le meilleur : Peter Mattei. Un chant enrobé ....Zerline ne craque toujours pas ... c'est pas grave ...les abdos retravaillent et un nouveau son encore plus malaxé est prêt à la faire fondre. Un délice vocal!!!
Luca Pisaroni est un Leporello jamais vulgaire, au sang à peine plus chaud que Don Giovanni....... ce soir j'ai entendu du beau chant.

Chez les dames, Christine Schäfer est celle qui s'en sort le mieux.
Femme fragile et déboussolée elle trouve ses limites dans le deuxième acte où elle ne peut que fonctionner par à-coups dans les parties vocalisantes.
Mireille Delunsch est bonne actrice mais la tessiture me gêne. Style trop criard. En plus ce n'est pas toujours juste.

Si la mise en scène est enthousiasmante au premier acte (le cauchemar d'un cadre supérieur déconnecté des autres pour lequel tout va mal se finir), le décrochage est spectaculaire au II acte. Personnellement je n'y crois plus, l'Elvire aimante qui pense pouvoir retourner la situation me manque, l'humour me manque également et le final frise le ridicule.
 
 
Voici quelques éléments que j’ai capté lors du plein feux sur DonGiovanni et qui permettent de mieux appréhender la vision de Haneke.

M.Haneke part du principe que le livret de Da Ponte n’est pas crédible car on ne peut tuer une personne et continuer la partie de rigolade comme ci de rien n’était.
Il n’y croit donc pas et préfère partir de quelque chose qu’il connaît.

Se pose alors la question de qui représente les puissants aujourd’hui : les politiques ? Mais ceux-ci sont souvent aux services d’affairistes. Le metteur en scène choisit donc le milieu de l’entreprise et de l’argent.

Comment faire ensuite pour justifier l’intervention du commandeur dans une société qui ne croit plus en dieu et dont la spiritualité se délite. Qu’est ce qui peut faire peur aujourd’hui ?

Enfin il explique que son œuvre ne répond pas aux attentes d’une société (laquelle ?) mais ne représente que lui-même. C’est à prendre ou à laisser.

Il est vrai que cette vision des employés se saisissant de Don Giovanni pour s’en débarrasser définitivement peut toucher fortement un public qui a intériorisé du ressentiment vis-à-vis de comportements oppressants dans le milieu de l'entreprise.

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Publié le 8 Juillet 2007

Adriana Mater (Kaija Saariaho)

Représentation du 15 avril 2006 (Opéra Bastille)
 
Adriana Patricia Bardon
Refka  Solveig Kringelborn
Tsargo Stephen Milling
Yonas Gordon Gietz
 
Direction musicale Esa-Pekka Salonen
Mise en scène Peter Sellars
 
 
Le décor évoque certains villages (d’Afrique du Nord ?) ornés de coupoles, symboles spirituels. Il n’en reste plus qu’une au second acte (celle d’Adriana) épargnée malgré les ravages de la guerre. 
La pâle lueur rouge d’espoir vacille : la luminosité de la scène semble alors exprimer les couleurs des sentiments en jeu, les ruines prenant une teinte particulièrement glacée au moment où le cœur de Jonas se durcit le plus face à son père.
 
Au premier balcon, Kaija Saariaho contrôle elle-même la sonorisation des voix qu’elle accentue fortement au cours du duo Refka/Adriana qui suit le viol. La scène est étrangement surnaturelle.
 
La musique entretien une tension perpétuelle, parfois harcelante dans ses effets vifs, les coups d’éclats pouvant être forts et violents.
Il y a même quelque chose d’épique car les sonorités me font penser un moment à la scène de couronnement de Boris Goudonov ou bien à Guerre et Paix.
 
Le texte de Amin Maalouf est très intéressant (j’aime beaucoup Adriana éclairant Refka sur la peur qui se cache derrière le mépris que cette dernière lui recommande).
Il pose les questions de fond, exprime les sentiments les plus instinctifs (Refka est en permanence la voix qui peut entraîner l’esprit d’Adriana vers la régression).
L’influence des spiritualités orientales est visible, il y a une tentative de prise de conscience de ce qui se passe en chacun des protagonistes afin que leur action permette malgré tout de réussir leur vie.
Pour Adriana, il s’agit de mettre à l’épreuve son fils en le laissant aller se confronter à son père après lui avoir donné pendant sa jeunesse la meilleure éducation possible.
 
Patricia Bardon et surtout Solveig Kringelborn réussissent des expressions vocales parfois  tranchantes et assez inhabituelles à l’opéra.
 
Je ne me souviens pas avoir décroché du spectacle un seul instant.

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Publié le 8 Juillet 2007

Alceste (Jean-Baptiste Lully)
Version de concert du 22 mars 2006 au Théâtre des Champs Elysées

Jean-Claude Malgoire, direction musicale
La Grande Écurie et la Chambre du Roy
Choeur de chambre de Namur, direction Jean Tubéry

Nicolas Rivenq, Alcide (Baryton)
Véronique Gens, Alceste (Soprano)
Simon Edwards, Admète (Ténor)
Judith Gauthier, Céphise, la deuxième ombre (Soprano)
James Oxley, Lychas, Alecton, Apollon (Ténor)
Renaud Delaigue, Straton (Basse)
Bernard Deletré, Lycomède, Caron (Baryton)
Alain Buet, Pluton, Éole, l’homme désolé (Baryton)
Jean Delescluse, Phérès (Ténor)
Hjördis Thébault, Proserpine, la Nymphe de la Marne, la Nymphe des Tuileries, la troisième ombre (Soprano)
Stéphanie d’Oustrac, la femme affligée, la Nymphe de la Seine, la première ombre (Mezzo-soprano)

C'est ma deuxième soirée avec Malgoire cette saison.
A nouveau je retrouve un ensemble orchestral vivant, d'une grande chaleur et des sonorités chatoyantes (j'aime beaucoup le clavecin situé au centre de la formation).

Les chanteurs ont tous fait honneur à l'oeuvre, surtout que j'ai pu mieux les apprécier dans la deuxième partie en me replaçant à l'orchestre.
Citons par exemple :
Les voluptueuses interprétations de Stéphanie d’Oustrac (assez sophistiquée ce soir) qui profitent d'une belle couleur sombre, l'élégance scénique de Nicolas Rivenq et la conjugaison parfaite avec son chant,
James Oxley, au regard espiègle, qui réussit un très beau duo de ténors avec Jean Delescluse (est-ce une adaptation car le rôle de Phérès était prévu au départ pour Pierre Yves Pruvot qui est une basse?), le Caron irrésistible de Bernard Deletré dont l'allure sérieuse initiale, lunettes à la main, ne sert qu'à donner plus d'effets comiques à son personnage par la suite, la simplicité touchante de Hjördis Thébault ou bien la gravité de Véronique Gens

Pas de rôle principal, mais un équilibre dans la distribution des onze solistes qui ont chacun l'occasion d'être mis en valeur.
Cela va de paire avec une certaine complexité théâtrale.
Le mélange orchestral et choral porte l'ensemble en continu jusqu'à ce qu'un air délicieux (et il y en a) vienne surprendre.

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Publié le 8 Juillet 2007

Madame Butterfly (Giacomo Puccini)

Représentation du 20 février 2006 (Bastille)
 
Mise en scène Bob Wilson
Direction musicale Dennis Russell Davies
 
Cio-Cio San Liping Zhang
Pinkerton Marco Berti
Sharpless Dwayne Croft
Suzuki Ekaterina Gubanova
 
Il fallait que je revoie une dernière fois l’interprétation de celle qui fût choisie au dernier moment pour faire la première de la reprise de Madame Butterfly.
 
Liping Zhang est d’une aisance indéniable dans ce rôle. Sa gestuelle souple et gracieuse a du vraiment subjuguer Bob Wilson. Son chant fluide atteint un niveau de projection appréciable pourtant sans puissance exceptionnelle. Et le tout s’allie admirablement dans cette mise en scène épurée.
L’intelligence de cette chanteuse s’admire de bout en bout avec cette préférence pour la musicalité à la tentation d’atteindre toutes les notes. 
Dés son entrée elle ne risque aucun aigu qui trop forcé pourrait créer une rupture des lignes.

Ainsi rarement l’intention vocale ne se tourne vers une expressivité affirmée et encore moins vériste.
L’émotion surgit donc plus d’une certaine beauté et d’une certaine dignité qui rendent les larmes indésirables.
 
Je suis sans illusion devant les réactions instantanées. Mais il est possible que nous ayons assisté à un sommet de l’interprétation pour cette mise en scène dont cette artiste a transcendé l’esthétique.
 
Marco Berti s’est encore révélé ce soir d’une puissance et d’une solidité sereines.

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