Histoire de l'Opéra, vie culturelle parisienne et ailleurs, et évènements astronomiques. Comptes rendus de spectacles de l'Opéra National de Paris, de théâtres parisiens (Châtelet, Champs Élysées, Odéon ...), des opéras en province (Rouen, Strasbourg, Lyon ...) et à l'étranger (Belgique, Hollande, Allemagne, Espagne, Angleterre...).
Siegmund Simon O'Neill Sieglinde Waltraud Meier Hunding René Pape
Direction Daniel Barenboim
Nul doute que les variations de Schoenberg n’étaient pas le clou de la soirée, pourtant force est de constater que cette musique est réellement inspiratrice tant elle donne le sentiment de décrire une action complexe faite d’intenses séquences, un peu à la manière des films d’Hitchcock, et d’ambiances plus frivoles, flûte et clarinette souplement libérées.
Waltraud Meier (Sieglinde)
Très intéressante ouverture de la Walkyrie, tendue et plutôt sèche, qui s’ouvre sur un univers où les multiples ondes orchestrales s’entrelacent admirablement sous la direction efficace de Daniel Barenboim mais tout en laissant les cuivres à des éclats un peu plus pâles.
L’ impressionnant Hunding de René Pape emplit la salle entière en toute facilité, et le valeureux Siegmund de SimonO’Neill, voix bien dirigée, très claire et souple, donne un côté saillant plus proche du guerrier héroïque que de l’amoureux romantique.
Et en toute évidence, Waltraud Meier est toujours aussi épatante, crédible même en version concert, passant de la résignation au ravissement extatique d’une manière belle à pleurer car rien ne trahit la moindre faiblesse après tant d’années d’engagement scénique. Ces moments là comptent, et nous le savons.
Après ce premier concert parisien de la saison, parisien mais pas avec la superficialité de certains concerts qu’il est parfois vital de fuir, Daniel Barenboim profite de la fin de la tournée estivale du West-Eastern Divan Orchestra pour rappeler que c’est aujourd’hui l'un des rares cadres qui permette à ces musiciens du Moyen Orient de se rencontrer, politiquement inacceptable dans cette région.
Le West-Eastern Divan Orchestra, Simon O'Neill, Daniel Barenboim, Waltraud Meier
Mais qui peut croire aujourd’hui que la politique est l’art d’améliorer le cadre de vie des peuples de manière équitable, et qui peut croire réellement que les citoyens des sociétés occidentales ont sincèrement cette motivation?
Le 29 mars 2006, l’éclipse de soleil qui surplombait la Libye s’était achevée sur la pointe nord de la Mongolie au moment du coucher des deux astres.
Et bien un peu à la manière d’un passage de relais, la Mongolie est devenu la nouvelle destination pour observer l’éclipse de soleil du 01 août 2008.
L’éclipse n’est bien sûr qu’un prétexte, une motivation supplémentaire pour se rendre dans une région peu connue et compléter notre mémoire d'une nouvelle vision humaine.
Photomontage de l'éclipse de soleil du 01 août 2008. 10 minutes séparent chaque phase du chapelet. La protubérance en bas à droite est visible partiellement faute d'une photo du 3ième contact.
La première vision a de quoi surprendre car une fois passé le spectacle des tristes blocs soviétiques que les nouvelles constructions de verre viennent petit à petit remplacer, une évidence s’impose : la population d’Ulan Bator est maintenant embarquée dans le flot de la société de consommation, le concert de klaxons ne s’arrête jamais, et même les enseignes françaises se distinguent parmi les affiches invitant à la célébration de Ghengis Khan, un guerrier ! Mais peut être ce culte traduit-il surtout l’attente d’une direction ?
Vient alors la seconde vision depuis un avion de ligne intérieure, celle des steppes vertes où s’éparpillent les yourtes, puis les dunes de sables avant d’atterrir à Khovd point d’entrée vers les steppes montagneuses de l’Altaï Mongol.
Camp de yourtes au bord du Lac Noir (Khar Nuur), site de l'éclipse.
En remontant vers la province de Bayan-Olgiy, à l’extrême nord ouest, c’est vers un tout autre peuple que nous nous dirigeons.
Car pas moins de 100.000 Kazakhs à la culture nomade et de religion musulmane vivent ici.
Les visages des jeunes n’expriment que curiosité et sympathie, les enfants conduisent crânement leurs chevaux dés l’âge de 5 ans et tout respire le naturel, sans artifice.
Coucher de soleil sur les sommets de Chine, paysage que l'ombre de la Lune parcourera le lendemain.
Arrivés sur le camp de yourtes de Khar Nuur (le Lac Noir) à 100kms sud-ouest d’Olgiy, nous dénichons au coucher du soleil un site d’observation de l’éclipse depuis un petit col situé à 2600m.
L’horizon est dégagé sur 40 Kms à l’ouest vers les montagnes chinoises.
Lors de ce moment magnifique, deux très jeunes cavaliers s’approchent, s’arrêtent pour nous observer en silence, puis reprennent indifféremment leur balade.
Jeunes cavaliers participant à une course de chevaux.
Le lendemain c’est jour de fête. Aux courses de chevaux succèdent les compétitions de tir à l’arc, pas sûr que l’éclipse ne suscite plus d’intérêt chez la population.
En fin de journée, le soleil surplombe l’horizon à une trentaine de degrés dégagé de toute nébulosité.
Le grand spectacle commence par la perte des premiers degrés de température, la variation de luminosité qui accroît étrangement les contrastes puis l’arrivée dramatique de l’ombre de la lune.
Le diamant. ISO 100, Focale 432mm, vitesse 1/500s, ouverture 5.6 (Panasonic Lumix DMC-FZ8)
Au nord ouest, les sommets de plus de 3500m disparaissent, les nuages blancs s'assombrissent, le diamant scintille et l’élégante couronne solaire accompagnée de Mercure et Vénus surgit dans un ciel anthracite tandis que l’horizon s’illumine de couleurs dans toutes les directions.
De 28°C il ne reste plus que 20°C et même 17°C après la phase de totalité avant que la température ne commence à remonter une demie heure plus tard pour se stabiliser à 23°C et retomber avec le coucher du soleil.
Paysage et totalité. ISO 100, Focale 36mm, vitesse 1/6s, ouverture 3.2 (Panasonic Lumix DMC-FZ8). Mercure surplombe la couronne solaire. La forme elliptique de l'ombre à l'horizon est nettement visible, le soleil n'étant qu'à une hauteur de 25°.
Afin de profiter de ces 2 minutes et des poussières, le temps dédié aux photographies est volontairement réduit. Ce moment a nécessité une préparation rigoureuse de la mise au point, une estimation précise des temps de poses et des ouvertures nécessaires pour ne pas avoir à réfléchir dans le feu de l’action.
Indubitablement, une éclipse au dessus d’un paysage grandiose quand le soleil et l’horizon sont dans le même champ de vision (25° ce soir là) est d’une force impressive supérieure à des conditions où le phénomène se produit vers midi, proche du zénith.
Spectaculaire coucher de soleil sur le lac Hoton.
Le plaisir de cet instant est accru par le fait que les statistiques météorologiques pour le lieu ont été contredites (55% de chance d’avoir un ciel couvert) et maintenant la suite du voyage va nous amener encore plus loin dans cette zone extrême de la Mongolie en longeant la frontière chinoise le long du lac Hoton jusqu’au glacier Potanin d’abord en Oaz (4x4 russes) puis à pied accompagnés de chevaux et chameaux.
Souslik et Gerboise mongole.
Les sousliks (écureuils terrestres) et gerboises mongoles avertissent leurs compagnons sur notre passage, les oiseaux migrateurs viennent parfois noircir le ciel du soir sur nos têtes, la nécessaire adaptation à cette nature sauvage s’opère.
Bien sûr il va falloir batailler avec les moustiques mais ce petit inconvénient s’oublie face à l’émotion d’un bain au milieu du lac Hoton (au moins 17°C malgré les 2000m d’altitude) où dans les ruisseaux vivifiants.
Edelweiss et Gentianes, flore de Mongolie adaptée à des altitudes de plus de 3000m.
Les Edelweiss abondent, la végétation s’enrichit à 3000m et jusqu'à l’arrivée au pied de cette extraordinaire langue glacière qui dévale au milieu des sommets de plus de 4000m.
Le glacier Potanin
En grimpant sur le flanc sud d’une falaise nous découvrons l’étendue de l’Altaï russe jusqu’au Belukha (4506m), heureusement sans personne pour nous demander notre visa.
Il nous faudra ensuite 3 jours pour quitter cette région qui peut connaître les conditions les plus difficiles pour retrouver Khovd puis rejoindre Ulan Bator.
Le massif du Beluka vu depuis la frontière russe
L’inconfort des pistes mongoles (ce qui n’est pas une surprise dans les endroits peu peuplés) suggère que la Mongolie est un pays qui se découvre à cheval.
Peu de chance qu’une éclipse soit la motivation principale pour revenir car la prochaine à s’y produire surviendra en août 2063 après deux éclipses annulaires en 2041 et 2057.
Trajectoires des éclipses totales (bleu) et annulaires (rouge) sur la Mongolie au XXI ième siècle
Quant à la réplique de cette éclipse, il suffira de se rendre dans le nord de l’Espagne le 12 août 2026 pour l’observer en soirée.
Pays très peu documenté et pourtant le plus proche de la culture européenne de toute l’Amérique latine, le Chili mérite de retrouver le rayonnement que l’épisode Pinochet lui a fait perdre.
Le film de Carmen Castillo« Rue Santa Fe »n’occulte aucune zone d’ombre de cette période mais en s’achevant sur une espérance nouvelle il donne à ce pays fabuleux une ouverture pour révolutionner la discrétion de sa mentalité.
Pourquoi les conditions d’observation au Chili sont-elles uniques ?
C’est donc l’occasion de s’y rendre pour révéler une de ses facettes peu connue; terre d’accueil des astronomes du monde entier, le Chili dispose de conditions exceptionnelles pour l’observation du ciel toutes réunies dans la partie nord du pays.
Jugez plutôt :
1. très faible couverture nuageuse (95% de nuits dégagées). Le désert d’Atacama est le plus aride au monde et certaines régions n’ont jamais connu la pluie.
2. réduction de l’épaisseur atmosphérique (25% à 2500m d’altitude et près de 50% à 5000m) ce qui permet de réduire le taux d’humidité, l’eau étant un filtre pour le rayonnement infrarouge et visible.
3. faible turbulence atmosphérique grâce à la proximité de la mer. L’océan joue un rôle de régulateur thermique ce qui limite fortement la force du vent. Sans cela, tout aussi performant que soit un instrument, son pouvoir de résolution serait limité par les mouvements de l’air.
4. faible pollution lumineuse bien que les lumières de La Serena commencent à se voir depuis l’observatoire de La Silla.
Quelles questions les Astronomes cherchent-ils à éluder ?
Il n’est évidemment pas possible en un seul article de rendre compte de tous les aspects d’un voyage au Chili qui a duré trois semaines et où les volets humains, botaniques, géologiques et animaliers y ont eu une place très importante.
Le point de vue proposé est de montrer certains des instruments rencontrés qui permettent aux astronomes de chercher les réponses à des questions qui dépassent notre imagination :
1. Comment les planètes se sont-elles formées ?
2. Comment la vie s’est-elle développée sur Terre et est-elle répandue dans tout l’Univers ?
3. Comment les Galaxies se sont-elles formées ?
4. Que sont la matière et l’énergie sombres ?
Grand et Petit Nuages de Magellan (tels que visibles à l'oeil nu)
Direction donc pour la région d’Antofagasta où deux 4x4 attendent les amis du Club Eclipse prêts pour rejoindre deux instruments professionnels : le Very Large Telescope européen et le RadiotélescopeALMA en cours de construction.
Le VLT (Very Large Telescope)
Depuis le plateau face au VLT (2635m) à 110kms au sud d’Antofagasta, la nuit à la belle étoile est douce (plus de 10°C) et dans ce désert sec aucune bestiole ne vient ramper jusqu’à votre sac de couchage. Ce serait donc l’endroit idéal pour s’endormir si dame Pleine Lune n’avait pas choisi ce moment pour rayonner feux à puissance maximale.
Lumières de la pleine Lune sur le Paranal
Arrivés le lendemain au sommet du Paranal, nous allons avoir deux jours pour découvrir ce complexe astronomique et profiter de ce qui est la véritable perle d’un observatoire : le restaurant… des grillades sont même proposées sur une terrasse en plein soleil !
L’ESO (European Organisation for Astronomical Research in the Southern Hemisphere) a été créée en 1962 et dispose d’une contribution annuelle de 120 millions d’euros tout en employant 570 personnes dans ses trois sites chiliens.
UT1 (Soleil), UT2 (Lune), UT3 (Croix du Sud) et UT4 (Vénus), les 4 miroirs géants du VLT.
Et c’est le 1er avril 1999, que le premier des 4 télescopes du VLT entre en service.
Chacune des coupoles abrite un miroir de 8m20 de diamètre permettant d’obtenir des images d’objets célestes de magnitude 30.
Le spectacle de ces gigantesques plateformes qui s’ouvrent le soir dans les lueurs du crépuscule est d’autant plus saisissant que tout se passe dans un silence absolu sans le moindre grincement mécanique.
Optique adaptative : la structure fabriquée par Nexter Basculement du miroir de UT2
Ce joyau technologique est d’ailleurs équipé d’un système d’Optique Adaptative qui permet de corriger les turbulences atmosphériques.
En effet chaque miroir repose sur une structure de vérins fabriquée par Giat Industries
(devenu Nexter en 2007 et constructeur notamment du char Leclerc et du véhicule d’infanterie VBCI) de façon à pouvoir modifier sa forme et générer ainsi des images d’une qualité de détails inatteignable même par le télescope spatial Hubble.
Pour aider à la mesure de la turbulence, un laser est installé dans une des coupoles afin de créer une étoile artificielle dans l’atmosphère (à 90kms d’altitude). L’écart entre l’étoile observée et sa position théorique permet de calculer les compensations optiques nécessaires.
Utilisation d'un Laser par UT4 pour créer une étoile artificielle.
Mais ce n’est pas tout : 4 petites coupoles de 1.8m de diamètres coulissent sur des rails à quelques dizaines de mètres des grands miroirs.
Elles constituent en fait comme un second œil. En visant le même objet, un grand miroir et un miroir auxiliaire peuvent être associés en fusionnant leurs signaux. Ainsi la lumière d’un bord étoile (de nature ondulatoire bien entendu) ne va pas arriver avec le même temps de trajet sur chaque miroir.
En variant la position du télescope auxiliaire il est possible d’obtenir des ondes en phases ou déphasées.
Ce principe d’interférométrie rend ainsi possible la mesure du diamètre des étoiles
Au coucher du soleil, un des télescopes auxiliaires dirige son miroir vers l'est.
Observant principalement dans l’infrarouge et le visible, c’est avec le VLT que des astronomes ont pu obtenir également la première image d’un faible point représentant une exo planète c'est-à-dire une planète située hors de notre système solaire.
ALMA (Atacama Large Millimiter Array)
Même si les 4 grands télescopes du VLT peuvent fonctionner ensembles quelques nuits par an (par combinaison de 2 ou 3), ils ne suffisent pas pour traquer les signaux émis à la création de l’Univers.
C’est pourquoi l’ESO construit à présent un réseau de radiotélescopes sur les hauteurs du plateau de Chajnantor.
Nous revenons donc à Antofagasta pour prendre la piste vers San Pedro à quelques 300kms à l’Est.
Le Salar d'Atacama
Traversée du Tropique du Capricorne, de la Pampa désertique, du Salar d’Atacama d’où 1/3 du Lithium mondial est extrait, escapade vers la Laguna Leija (4300m) pour s’acclimater à l’altitude et finalement direction le poste de garde de l’ALMA pour réaliser la plus haute expédition en 4x4 que chacun n’ait fait jusqu’à présent.
Laguna Leija (4300m). En second plan, Aguacalientes (5890m) et Acamarachi (6050m)
Car pour étudier les objets les plus froids de l’Univers (-263°C), les astronomes n’ont pas d’autre choix que de trouver un site où la vapeur d’eau ne pourra qu’absorber faiblement ces signaux.
A 5100m d’altitude, l’air est deux fois plus rare qu’en plaine ce qui n’est pas sans risque et il est recommander de monter à ce niveau avec des bouteilles d’oxygène de secours.
Arrivée sur le plateau de Chajnantor (5100m), site du futur Atacama Large Millimiter Array
Le projet ALMA est un partenariat international entre Européen, Nord Américains, Japonais en coopération avec la République du Chili.
Chaque partenaire construit des antennes radio télescopiques qui commenceront à être installées sur le plateau dès 2008 pour une mise en service en 2012.
Antennes japonaises Antenne américaine
Le réseau de 54 antennes (12m de diamètre chacune), auquel s’ajouteront 12 antennes japonaises de 8m, formera un seul instrument travaillant dans les longueurs d’ondes de 0.3 à 10 millimètres.
Les antennes pourront ainsi se déplacer sur une distance de 15kms pour effectuer des opérations de zoom radio et offrir une fenêtre sur les origines célestes, la naissance d’étoiles dans les premiers nuages de gaz et enfin la formation des toutes premières galaxies.
En attendant, un prototype d’antenne est déjà en service.
APEX (Atacama Pathfinder EXperiment) est déjà utilisé par les scientifiques pour étudier la composition de certaines nébuleuses dans des longueurs d’ondes variant de 0.2 à 1.5mm.
Récemment de la Fluorine a été découverte dans Orion ce qui n’avait jamais été perçu avant.
Le radiotélescope APEX
La montée sur ce site reste un moment fascinant, le rythme respiratoire y est bien entendu accru, les contrastes de luminosité s’accentuent, et seul un journaliste du quotidien belge Le Soir en sera quitte pour une redescente express.
Nous retrouvons des ingénieurs japonais à la base d’assemblage qui vont nous détailler les caractéristiques des antennes radio avant de quitter ce lieu hors du commun.
Lever de soleil sur le Chascon (5548m) vu depuis San Pedro
S’en suit une escapade de 4 jours sur l’Altiplano Bolivien où nous sommes saturés de couleurs incroyables, de montagnes entrelacées de strates en dégradés de couleurs rouge, ocre et terre de Sienne, des lagunes d’un vert de magnésium fascinant ou submergés de micro-organismes pourpres.
La Lune et Vénus (à droite) visibles à midi à l'oeil nu (frontière Bolivie-Chili)
Puis nous rejoignons le Chili et l’aéroport de Calama pour revenir à Santiago.
LA SILLA
Depuis Santiago, l’autoroute mène rapidement à La Serena (400kms au nord de la capitale) puis une piste se dégage vers le Nord-Est pour grimper à l’observatoire de La Silla.
Alors que le VLT du Paranal est le grand vaisseau moderne de l’ESO, le site d’observation original de l’organisation européenne se trouve sur les montagnes de La Silla (2400m).
En 1977 un télescope de 3.6m entre en opération,œuvre d’un gigantisme mécanique ahurissant lorsque l’on se retrouve au pied de sa monture en fer à cheval.
A cette époque, les montures des télescopes sont équatoriales, c'est-à-dire agencées autour d’un axe construit parallèlement à l’axe Nord-Sud de la Terre.
Ceci facilite le suivi d’objets célestes par compensation de la rotation du globe, mais au prix d’une architecture extraordinairement massive et précise.
Monture "Fer à Cheval" du 3.6m de La Silla
Le Fer à cheval permet de répartir le poids du télescope à la fois sur son axe principal et sur le point de contact entre le fer et le sol, point nécessairement huilé pour limiter les frottements.
Suivant différentes améliorations, cet instrument est toujours en service et est équipé de matériels de mesures pour chasser les planètes extrasolaires.
C’est alors qu’en 1989, un télescope d’un genre nouveau entre en service.
Le NTT (New Technology Telescope) est monté sur une monture Altazimutale (rotation horizontale et verticale pour trouver un objet) plus simple car maintenant tous ses mouvements sont contrôlés par ordinateur.
Les coupoles de La Silla vues depuis le 3.6m : à droite au premier plan le NTT
Mais surtout, il est le pionnier d’une nouvelle technologie : l’optique active.
Il est le prototype des télescopes du VLT. Son optique est active car elle permet de corriger les défauts du mince miroir. Elle ne permet cependant pas de corriger la turbulence atmosphérique (optique adaptative), ce qui sera mis au point avec son successeur du Paranal.
Avec son diamètre de 3.58m et des images 3 fois plus piquées que le plus ancien 3.6m, le NTT reste un acteur majeur dans l’observation des galaxies lointaines.
La majorité des 19 coupoles de La Silla n'est plus en service.
Se distingue alors le petit télescope genevois Euler.
Rouge et de 1.2m de diamètre, il est devenu un des grands outils dans la recherche d’exo planètes.
Le 1er mai 2007 c’est lui qui observa le transit complet d’une planète de la taille de Neptune, GJ436b, découverte quelques jours avant dans les Alpes valaisannes à l’observatoire suisse François-Xavier Bagnoud (OFXB) mais dans des conditions météorologiques difficiles.
Et c'est avec surprise que la constitution de cette planète s'est révélée être de la glace d'eau chaude !?
Le télescope suisse Euler
Il ne reste plus qu’à observer le ciel austral à la nuit tombée avec nos instruments bien modestes, nulle part ailleurs la Voie Lactée ne nous a paru plus brillante que lors des nuits chiliennes.
La voie Lactée vers le Sagittaire, la Lune se couchant suivie par Jupiter. En bas à gauche, les lumières de la Serena sont perceptibles.
Mais après avoir fait le tour des installations européennes, il est temps de s’intéresser à la concurrence américaine.
Rien de plus simple, car à 30kms au nord, l’observatoire de Las Campanas nous attend avec l’accueil le plus informel que nous ayons rencontré.
LAS CAMPANAS
C’est en 1902 que l’industriel Andrew Carnegie fonde le Carnegie Institution of Washington.
Son ambition est que cette organisation de recherche scientifique regroupe des hommes et des femmes exceptionnels et capables de travailler à la pointe de leur domaine.
Les deux coupoles Magellan, Baade et Clay
Plus tard, cette institution créé un consortium avec les Universités d’Harvard, du Michigan et d’Arizona pour construire l’outil astronomique le plus performant au monde.
Ainsi, c’est en septembre 2002 que les deux télescopes Magellan sont entièrement exploités par les astronomes depuis les hauts de Las Campanas.
Miroir d'un des télescopes Magellan
Avec leurs diamètres de 6.5m et une technologie miroir innovante (l’épaisseur du film d’aluminium qui sert de réflecteur n’est que de 0.1 micron !), Baade et Clay atteignent des performances proches de celles du VLT pour des programmes de recherches similaires que ce soit l’étude de trous noirs de galaxies ou bien l’observation d’exo planètes.
Et de même qu’en 1977 La Silla inaugurait un 3.6m équatorial, Las Campanas mettait à disposition Irénée du Pont Télescope (hommage à l’homme d’affaire américain), d’un diamètre de 2.5m mais avec un champ de vision très large pour réaliser de l’astrophotographie directe.
Nous avions prévu initialement de finir notre voyage en passant par les observatoires américains de Cerro Tololo (avec un télescope de 4m) et Cerro Panchon (la construction du télescope de 8m s’achève en 2008) mais le manque de temps ne nous a pas laissé d’autre choix que de revenir à Santiago après un petit détour vers une ville pleine de chaleur d’âme : Valparaiso.
Le télescope Irénée du Pont
Nul doute qu’un retour au Chili vers 2020 s’annonce encore plus spectaculaire car la course aux télescopes géants est tout juste lancée :
Las Campanas vient d’être choisi pour accueillir le futur télescope de diamètre équivalent 24m avec optique adaptative pour une mise en service vers 2016, alors que l’ESO désireuse de maintenir sa supériorité en astronomie sol vient de lancer l’étude préliminaire d’un télescope géant de 42m de diamètre (Le European Extremely Large Telescope E-ELT) pour une première utilisation en 2018!
Car malgré tout, 95% de notre univers est toujours inconnu et constitué de ces mystérieuses matière et énergie noires.
Deux régions très différentes à l’ouest de la Mongolie sont sur le point d’être prises d’assaut par des amateurs de nature et d’astronomie du monde entier.
La province du Bayan-Ölgiy à la frontière de la Russie, dont les glaciers dévalent depuis des sommets de plus de 4300m, et la région sud de Hovd située à quelques 500 km au sud et au climat beaucoup plus sec.
Cette éclipse s’annonce bien plus spectaculaire que celle de mars 2006 enLibye.
Elle va en effet se produire en fin de journée vers 11H00 TU (13H00 heure à Paris) soit vers 19H00 ou 18H00 en heure locale (le décalage horaire n’étant pas très clair).
Le soleil ne sera donc plus qu’à 25° au dessus de l’horizon, et même 22° au sud de Hovd. Également, la largeur de la zone d’ombre sera de 256 Km (au lieu de 184 km en Libye), laissant prévoir une atmosphère très sombre.
En revanche, avec une durée d’à peine plus de 2 minutes, cela laissera peu de temps pour réaliser des photos de la couronne solaire et donc je ne saurais trop recommander de profiter d’abord de l’ambiance fantastique d’une nature réagissant à la baisse de température et de luminosité dans un cadre extrêmement sauvage.
La carte ci-dessus rappelle quelques éléments de cette éclipse (ligne de centralité en rouge et limites de l’ombre en vert) :
A Bayan-Ölgiy, l’éclipse débutera à 9H 56mn 45s TU et atteindra le point maximal de la phase de totalité à 10H58 TU. Le soleil sera noir pendant 2 minutes et 12 secondes.
La vitesse de l’ombre de la Lune au sol sera de 65km/mn (près de 4000 km/h c'est à dire Paris-Orléans en deux minutes).
Dans la zone sud de l'Altaï Mongol, le phénomène se produira 7 minutes plus tard mais déjà l'ombre de la Lune aura atteint une vitesse de 75 km/mn pour 2mn 05s de totalité.
Durée de l'éclipse selon la localisation de l'observateur sur la zone d'ombre
Se pose souvent aux observateurs la question de la durée de l'éclipse s'ils ne se situent pas exactement sur la zone de centralité.
Une seule formule est à connaître :d= D/2*√(1-(T1/T) ²) avec D diamètre de l'ombre au sol (256 km dans ce cas)
T durée de l'éclipse sur la ligne de centralité (2mn 12s dans la région d'Olgiy)
d distance du lieu d'observation à la ligne de centralité
T1 durée de l'éclipse à la distance d de la ligne de centralité
Si t est la perte de durée de l'éclipse (c'est à dire T0-T1), cette formule peut s'approximer pour devenir
d=D√(t/2T)pour des valeurs de t < T/5
Ainsi pour
t= 1s d= 15km
t= 5s d= 35km
t= 10s d= 50km
t= 25s d= 80km
Autrement dit, à 15 km de la ligne de centralité, la durée de l'éclipse n'est réduite que de 1s!
Inutile de dire qu'envisager de se décaler de quelques kilomètres vers l'ouest de la ligne centrale pour compenser l'erreur due à l'altitude et à la forte l'inclinaison de l'ombre de la Lune par rapport à la verticale (le phénomène a lieu en soirée) est d'un raffinement négligeable.
Ballet en 7 tableaux :Signe du sourire, Loire du matin, Mont de Guilin, Les Moines de la Baltique, L’esprit du Bleu, Les couleurs de Maduraï, Victoire des signes.
Kader Belarbi et Marie Agnès Gillot
Avec ses décors et costumes d’une variété et d’une beauté exceptionnelles, l’onirisme de Signes est un incroyable stimulant de notre propre imaginaire.
L’humanité qui est figurée rivalise d’expressions mécaniques comme pour rythmer le temps qui passe, se prend de convulsions puis se laisse aller à une fluidité de mouvements jusqu’au tableau le plus romantique de « l’esprit du bleu. »
Marie Agnès Gillot (L'Esprit du Bleu)
S’y retrouve également un mélange de peintures paysagistes vivement colorées et de civilisations naïvement esthétisées, si nécessaires pourtant à une époque où les rêves œcuméniques menacent de s’effondrer.
L’écriture mélodique de René Aubry s’apparente à celle des musiques répétitives de Philip Glass et draine autant d'humour que de mystère.
Marie Agnès Gillot, Kader Belarbi et l’ensemble du corps de ballet y sont magnifiques.
Il n’y a que les artistes pour vivre ces départs incroyables sous confettis et applaudissements en compagnie de leurs proches. Cet après-midi, Kader Belarbi tirait sa révérence.
Du Don Carlos de Paris (1866) au Don Carlo de Modène (1886)
Don Carlosestl'une des oeuvres qui a connu le plus de remaniements dans l'histoire de l'opéra.
GiuseppeVerdiy travailla de 1865 à 1867 pour l'Opéra de Paris, mais dès 1872, il procéda aux premières retouches, puis, en 1882, remania considérablement son chef d'oeuvre avec la collaboration deCharlesNuitter.
Il existe ainsi pas moins de quatre versions bien identifiées de Don Carlos, et le présent article a pour objectif de rendre compte le plus clairement possible de l’ampleur des changements qui l'ont traversé. Ces versions sont :
- La version française en cinq actes des répétitions générales parisiennes de 1866
- La version française en cinq actes de la première représentation parisienne en mars 1867
- La version italienne en quatre actes de Milan de 1884
- La version italienne en cinq actes de Modène de 1886
Une version italienne fût également créée le 4 juin 1867 à Covent Garden parAchille de Lauzières,qui supprima l'Acte I et le ballet et effectua de multiples remaniements anticipant ainsi les décisions queGiuseppeVerdiprendra en 1882.
Une autre version italienne de la version parisienne, sans coupures cette fois, reçut sa première à Bologne le 27 octobre 1867.
Le graphique qui suit représente de manière schématique le découpage en actes des 4 principales versions de Don Carlos (1866, 1867, 1884 et 1886):
Le fond orange désigne les passages écrits en 1866 et maintenus jusqu'en 1886.
Le fond rose clair désigne les passages écrits en 1866 qui disparurent après 1867.
Le fond vert désigne les passages totalement nouveaux dans la version de 1884.
Le fond hachuré désigne les passages qui furent réécrits en 1884.
La version la plus complète sur le plan dramaturgique est celle de 1866.
Cinq passages seront supprimés avant la première représentation :
- La rencontre d’Elisabeth et des bûcherons dans la forêt de Fontainebleau (Acte I)
- L'air 'J'étais en Flandres' de Rodrigue (Acte II) lors de ses retrouvailles avec Don Carlo
- Le duo Elisabeth et Eboli 'J’ai tout compris' (Acte IV) où Eboli avoue à Elisabeth sa liaison avec le roi.
- Le duo Philippe II et Don Carlo 'Qui me rendra ce mort' (Acte IV)
- Un échange entre Elisabeth et Eboli (fin Acte IV)
Durée approximative : 3H45
La véritable version parisienne est celle de la première en 1867.
Selon les conventions de l'époque, la création devait inclure un ballet.
Verdi compensa alors les airs supprimés depuis les répétitions par l’ajout de deux passages :
- Une brève introduction des chœurs des bûcherons (Acte I)
- Le Ballet de la Reine (Acte III)
L’émeute finale de l’acte IV fut par ailleurs abrégée, et totalement supprimée dès la seconde représentation.
Durée approximative : 3H40. C’était encore trop long, et quelques coupures supplémentaires eurent lieu dès la seconde représentation pour permettre aux parisiens de rentrer sûrement chez eux le soir.
La version italienne réécrite par Verdi est celle de Milan en 1884
A plus de 70 ans, Verdi dédia à Milan une version italienne en 4 actes.
Par rapport à la version française de 1867, les passages suivants furent supprimés :
- L’Acte I de Fontainebleau
- L’introduction et les chœurs de l’Acte III devenu Acte II
- Le ballet de la Reine (Acte III devenu Acte II)
Les passages suivants furent également réécrits avec une meilleure expressivité musicale :
- Le duo Rodrigue et Don Carlo (Acte II devenu Acte I)
- Le duo Philippe II et Rodrigue (Acte II devenu Acte I)
- La scène et quatuor dans le bureau du roi (Acte IV devenu Acte III)
- Le duo Elisabeth/Eboli (Acte IV devenu Acte III) supprimé en 1867 et partiellement rétabli.
- La scène d’émeute (Fin Acte IV devenu Acte III) supprimée après la première de 1867
- Le duo Don Carlo et Elisabeth (Acte V devenu Acte IV)
- L’intervention de Philippe II et de l’Inquisiteur (Acte V devenu Acte IV)
Les passages suivants, totalement nouveaux, furent enfin créés pour cette version :
- La romance de Don Carlo (Acte I, ancien Acte II) qui rappelle les évènements survenus au cours de l’acte de Fontainebleau dorénavant supprimé.
- Le prélude de l’Acte II (ancien Acte III)
Durée approximative : 3H00
La version italienne 5 actes est celle de Modène en 1886
Verdi n’y a pas participé.
Cette version restaura, à la version de Milan 1884, l’acte I de Fontainebleau tel qu’il fut écrit en 1867 et traduit en italien. La Romance de Don Carlo (Acte II) fut alors supprimée.
Durée approximative : 3H20
Discographie/Filmographie
La version studio de référence du Don Carlo de Modène (1886) est celle dirigée par Solti (1966 chez Decca)avec Carlo Bergonzi, Renata Tebaldi, Nicolai Ghiaurov, Dietrich Fischer-Dieskau, Grace Bumbry, Martti Talvela.
Insurpassé depuis plus de 40 ans!
La version live de référence du Don Carlos Parisienest celle dirigée par John Matheson (1976 chez Ponto)avec Joseph Roleau, Andrée Turp, Robert Savoie, Richard Van Allen, Edith Tremblay, Michèle Vilma.
Des chanteurs inconnus mais très engagés.
Les actes I, II, IV et V sont ceux de1866mais l’acte III (avec le ballet) est celui de 1867.
C’est donc la version parisienne la plus complète qui soit!
En 1993, James Levine enregistre en studio (Sony) une version de Modène inédite.
Avec la traduction du Ier acte de 1866 (et non plus 1867) nous avons ici la version italienne intégrale.
Michael Sylvester, Dolora Zajick et Samuel Ramey y sont par ailleurs excellents, mais Ferruccio Furlanetto est encore un peu trop jeune pour Philippe II.
15 ans plus tard à Paris, le constat est clair : c'est l'un des plus grands interprètes actuels de Philippe II.
En 1996, le Châtelet monte la version parisienne avec un casting prestigieux (Karita Mattila, Roberto Alagna, Thomas Hampson, Jose van Dam, Waltraud Meier).
A y regarder de plus près, cette version est un peu trafiquée. C'est bien la version de 1867, mais sans le ballet, avec une coupure dans le chœur de l’acte III et la suppression quasi intégrale du final à Saint Just.
En revanche l'air de Rodrigue 'J'étais en Flandres', le duo Elisabeth/Eboli (aveu d'adultère avec le roi) et le final de l'acte IV (déploration de Rodrigueet échange Elisabeth/Eboli) de 1866 sont rétablis.
Le DVD est un achat obligatoire rien que pour la beauté de l’ensemble.
Le 25 octobre 1970, le Staatsoper de Vienne lâche sur scène Franco Corelli, Gundula Janowitz, Shirley Verrett, Eberhard Waechter et le duo Inquisiteur/Philippe II du siècle : Martti Talvela/Nicolai Ghiaurov.
Sous la direction de Horst Stein, la version IV actes de 1884 trouve une interprétation intense dans un son live très correct (stéréo) qu'au moins 5 labels proposent à l'écoute (Rodolphe, Myto, Opera d'Oro, Gala, Orfeo d'Or).
Don Carlo (Giuseppe Verdi) Représentation du 06 juillet 2008 à l’Opéra Bastille
Don Carlo Stefano Secco Elisabeth Tamar Iveri Rodrigue Dimitri Hvorostovsky La princesse Eboli Yvonne Naef Le roi d’Espagne Philippe II Ferruccio Furlanetto Le Grand Inquisiteur Mikhael Petrenko Un frère, Charles Quint Paul Gay Tebaldo Elisa Cenni
Direction musicale Teodor Currentzis Mise en scène Graham Vick
Le profond désespoir qui traverse « Don Carlo », les sentiments qui se fracassent aux rôles sociaux malgré la volonté de chaque protagoniste à conduire son destin, pourraient figurer l’âme de toute une vie.
Cette noirceur trouve une illustration parfaite dans l’atmosphère tamisée et les subtils éclairages voulus par Graham Vick.
Et c’est aussi un peu de nostalgie pour ceux qui découvrirent cette mise en scène il y a tout juste dix ans à l’Opéra Bastille.
Les points forts ne manquent pas. Stefano Secco se révèle d’entrée un Don Carlo juvénile, impulsif, volontaire et immature, avec une projection vocale absolument éclatante.
Elisa Cenni (Tebaldo) et Yvonne Naef (Eboli)
Cette énergie folle se heurte au vieux lion théâtralement parfait : Ferruccio Furlanetto.
Chaque échange est une confrontation tendue et cette voix puissamment caverneuse fait pâlir légèrement l’Inquisiteur défendu très honorablement parMikhael Petrenko,bien qu’un peu jeune pour maintenir constamment pareille intensité.
Dans le registre basse, Paul Gay est un moine très bon d'autant plus que situé en fond de scène il lui faut passer un orchestre gonflé à bloc.
Tamar Iveri, très touchante dans son duo avec Don Carlo est aussi d’une grande dignité et d’une grande intelligence pour libérer toute sa tension dans un « Tu che le vanità conoscesti del mondo» à la douleur prenante. Ailleurs la recherche de nuances la rend parfois confidentielle.
Reprendre le rôle d’Eboli après Dolora Zajick et Olga Borodina n’a également rien d’évident. Alors bien sûr Yvonne Naef n’a peut être pas l’agilité de la première et la sensualité de la seconde, mais l’agressivité et le tempérament (un peu trop outré) sont là. Tout le chant du haut médium au grave est d’une grande profondeur de souffle, ce qui lui permet même de maintenir très longtemps les piani de la chanson du voile.
Tamar Iveri (Elisabeth)
Seules ses limites dans l’aigu l’obligent à les écourter et les adoucir pour privilégier la musicalité et limiter ses défauts de justesse.
Le duo avec Elisa Cenni (Tebaldo) est par ailleurs d’une grande gaîté.
C’est en fait la star du Metropolitan Opera qui aura un peu déçu.
Sans doute Dimitri Hvorostovsky compte t’il trop sur son charme pour limiter au minimum son investissement scénique. La voix porte souvent vers l’arrière, ne s’impose que de manière inégale, et finalement, le chanteur donne l’impression de tout miser sur la scène de la prison, qu’il chante avec une fluidité remarquable.
Stefano Secco (Don Carlo)
Avec le très jeune Teodor Currentzis (35 ans), Verdi ressuscite avec impertinence et fougue.
D’une gestique vive et ornementale, le chef se laisse porter par le lyrisme de la partition au point de soulever un flot dont émergent de ci de là quelques désynchronisations. Mais ce sont les risques nécessaires pour tenir la fosse dans une vitalité admirable, accélérant avec pertinence et rythmant puissamment les passages spectaculaires.
Et puis il y a ces sonorités éclatantes comme dans l’ouverture du dernier acte, où les motifs des cuivres sont considérablement amplifiés pour accroître la tension, ronflant là où les enregistrements ne signalent que des mouvements discrets.
C’est donc avant tout l’expression de la personnalité exubérante de Currentzis qui plaira ou pas.
Cette reprise de la version Milanaise de Don Carlo (1884) inclut une petite surprise musicale : la réintroduction du duo Philippe II / Don Carlo déplorant la mort de Rodrigue.
Ce passage supprimé dés la création de « Don Carlos » à Paris en 1867 est ici restitué en italien bien évidemment, à la fois en clin d’œil à la version parisienne et pour faire revivre l’hommage fort à l’ami des deux hommes.
Gustav Mahler: Symphonie n°8. Les 40 ans de l´Orchestre de Paris
Sous la direction musicale de Christoph Eschenbach. Avec l’Orchestre Nationale de Paris
Marina Mescheriakova (soprano) ; Erin Wall (soprano) ; Marisol Montalvo (soprano) ; Nora Gubisch (alto) ; Annette Jahns (alto) ; Nikolai Schukoff (ténor) ; Franco Pomponi (baryton) ; Stephen Milling (basse).
Lundi 07 juillet 2008 sur TF1 à 02H35
Paquita (Musique de Minkus)
Par le ballet du Kirov
Lundi 07 juillet 2008 sur Arte à 23H45
Villa-Lobos, portrait
Auteur et réalisation : Eric Darmon (2007-52mn). Coproduction : ARTE France, Artline Films, French connection
Mardi08 juillet 2008 sur France 3 à 00H20
L'heure de l'Opéra (Alain Duault)
Carmen (durée 55mn)
Mardi08 juillet 2008 sur France 2 à 00H45
Don Quichotte (Minkus)
Par le ballet national de Cuba
Samedi12 juillet 2008 sur TF1 à 02H15
Noé (Bizet et Halevy)
Mise en scène de Pierre Jourdan
Dimanche 13 juillet 2008 sur Arte à 19H00
Accordéon et bandonéon. Concert de Marc Perrone et Cesar Stroscio (2005)
Réalisation : Pierre Philippe (France, 2005, 43mn)
Lundi 14 juillet 2008 sur TF1 à 02H35
Airs sacrés de MozartBasilique de Saint Denis
Mardi 15 juillet 2008 sur France 3 à 00H15
L'heure de l'Opéra (Alain Duault)
Manon de Massenet (durée 55mn)avec Natalie Dessay et Rolando Villazon
Mardi 15 juillet 2008 sur France 2 à 01H30
9ième symphonie de Beethoven (Kurt Masur)
Dimanche 20 juillet 2008 sur France 2 à 01H05
L'Auberge du Cheval Blanc
Opérette de Robert Stolz et Ralp Benatzky
Dimanche 20 juillet 2008 sur Arte à 19H00
Festival de Verbier 2007
Thomas Quasthoff et Hélène Grimaud
Lundi 21 juillet 2008 sur TF1 à 02H30 (durée 1H50)
Erik Satie - Offenbach - Dukas - Chopin
Mardi 22 juillet 2008 sur France 3 à 00H20 (durée 55 mn)
Répétition générale du 17 juin 2008 à l’Opéra Bastille
LouiseMireille Delunsch JulienGregory Kunde La MèreJane Henschel Le PèreAlain Vernhes Un noctambule, le marchand d’habitsLuca Lombardo
Direction musicalePatrick Davin Mise en scèneAndré Engel Chef des chœursAlessandro Di Stefano
La manière dont les œuvres se répondent cette saison à l’Opéra National de Paris évoque un tissu musical complexe à travers lequel les thèmes se croisent. Cardillacse situait à la croisée des motifs de l’Opéra Allemand, de l’Opéra du XXème siècle et de la ville de Paris, et donc André Engelretrouve avec « Louise » la capitale française, ses toits décidément toujours aussi fréquentés, l’Opéra contemporain français bien entendu et à nouveau la condition d’une femme qui vit chez son père.
Mireille Delunsch (Louise)
Il paraît que l’on y entend un fleuve wagnérien chatoyant de délicatesses dignes de Massenet, et pourtant l’atmosphère du bonheur parental au second tableau vaut assurément la sereine euphorie du duo deRoméo et Julietteimaginé par Berlioz.
Patrick Davinn’a alors de cesse de dépeindre les lignes mélodiques en accordant un soin immense à l’harmonie avec les chœurs sans que la scène de fête n’en devienne assourdissante. Ce transport en est d’autant plus appréciable que le livret peine à passionner.
EnGregory Kunde, Louise trouve un Julien mature, un homme peut être plus solide que poète, mais qu’elle sait pouvoir suivre les yeux fermés, alors qu’Alain Vernhes, d’apparence père tranquille,offre un grand moment de théâtre lorsque sa colère éclate.
Mireille Delunsch (Louise)
Sans trop de surprise, Mireille Delunsch joue magnifiquement ce rôle de jeune fille un peu gauche et rêveuse, Jane Henschel est toujours aussi impeccable dans les rôles de femmes fortes et dirigistes, et, avec ses petits airs de fils idéal, Luca Lombardo offre une générosité d'âme évidente.
« Louise » fait écho à « La Bohème ». Alors qu'il y a deux ans l’atelier d’artistes de l’opéra de Puccini comportait une affiche de «Cardillac », Gerard Mortier nous rappelle cette fois de ne pas oublier d’aller voirl’Affaire Makropoulosl’année prochaine. Au passage de la station de métro "Montmartre",un irrésistible sens du message subliminal en somme!
A la seconde moitié du mois de mai 1854, la composition des « Vêpres siciliennes » n’a pas avancée.
Verdi loue alors pour l’été une maison de campagne à Enghien près de Paris.
Mais un évènement va considérablement le retarder : La Cruvelli, qu’il a choisi pour chanter le rôle d’Hélène, disparaît sans aviser personne, alors qu’elle doit participer à une représentation des « Huguenots ».
Pendant plus d’un mois il est impossible de la trouver. Le scandale est énorme.
Elle revient le 20 novembre, s’excuse, et réussit même à remporter le public à sa faveur.
Roqueplandoit cependant démissionner, et les répétitions n’avancent pas mieux avec son successeur, Crosnier.
Verdi se plaint que Scribe ne fait aucune des rectifications nécessaires au livret. Mais ce qu’il ignore est que ce livret est un tripatouillage du « Duc d’Albe », écrit pour Donizetti, et qui ne sera représenté en Italie qu’en 1882.
Le 26 janvier 1855, Victor-Emmanuel II et Cavour engagent le Piémont dans la guerre de Crimée au côté des Anglais et des Français pour soutenir la Turquie contre la Russie.
Cette opération est destinée à racheter le renom de l’armée savoyarde après ses défaites face à l’Autriche.
Dans ce contexte, le livret des « Vêpres siciliennes » a tout pour ne plaire à personne (Verdi compris), aussi bien aux Français à cause du massacre final, qu’aux Italiens en raison de la trahison des patriotes siciliens.
La première représentation a lieu le 13 juin 1855 à la salle Le Peltier lors de l’Exposition universelle de Paris.
On accourt de Lombardie et du Piémont pour donner à l’évènement l’importance d’une démonstration politique.
L’œuvre est bien accueillie et se maintient pour une cinquantaine de soirées.
Verdi se charge alors de la traduction italienne qui est représentée à Turin et à Parme en décembre 1855 sous le titre de « Giovanna di Braganza » en changeant les circonstances historiques pour se référer à un évènement de l’histoire du Portugal.
Ce n’est qu’en 1861, quand les Italiens auront retrouvé leur indépendance politique que « I Vespri siciliani » seront redonnées avec le livret original.
Les Vêpres siciliennes
Entre 1047 et 1090, les Normands conquièrent le sud de l’Italie et la Sicile.
Si l’empereur Hohenstaufen Frederic Barberousse échoue à prendre contrôle de l’Italie lors de la célèbre Battaglia di Legnano en 1176, son fils Henri VI réussit à se faire couronner roi de Sicile en 1194, après la mort du roi Normand Tancrède de Lecce.
Frederic II, fils d’Henri, tente de consolider les positions du Saint Empire Germanique en Italie mais, face à l’hostilité de la Papauté et des villes Lombardes (trame historique d’ Oberto), son règne se finit sur un échec.
Sa dynastie s’éteint en 1266, date à laquelle son fils, Manfred Ier de Sicile, est tué par Charles d’Anjou avec le soutien du Pape Urbain IV.
Le gouvernement odieux de Charles sur la Sicile entraîne la révolte des Siciliens le lundi de Pâques 1282, au moment où l’on sonne les vêpres. Des milliers de Français de Sicile sont massacrés.
Le chancelier de la couronne d’Aragon, Jean de Procida, a en effet noué des contacts avec les Gibelins de Siciles (opposants au Pape) pour le compte du Roi d’Aragon.
Pierre III le Grand est marié à la fille de Manfred. Il envoie donc une flotte aragono-catalane à Palerme pour en chasser les Français.
De plus, l’empereur d’Orient, Michel VIII Paléologue, inquiet des visées de Charles sur l’Empire Byzantin, est contacté par des siciliens.
Il ne participe cependant pas directement aux opérations.
Le bilan politique de cette longue tension politique et du carnage final est le rattachement du Royaume de Sicile à l’Aragon.
L’argument du livret de Verdi relate, de façon imaginaire, la manière dont Procida aurait attisé les tensions entre Français et Siciliens à Palerme (en réalité, il n'était plus présent en Sicile à cette période).
Un Sicilien, Henri s’éprend de la duchesse Hélène. Mais le patriotisme du jeune homme est contrarié lorsqu’il apprend qu’il est le fils de Montfort, gouverneur de l’Ile.
Il intervient lui-même pour sauver son père d’une tentative d’assassinat commanditée par Procida à l’occasion du bal du gouverneur français.
Henri reconnaît publiquement sa filiation, ce qui permet de libérer les conspirateurs et Hélène.
Cependant, Procida les informe qu’un navire rempli d’armes attend dans le port.
Au signal des cloches célébrant l’union entre Henri et Hélène, les siciliens se soulèvent et le massacre commence.