Publié le 12 Février 2011

Parsifal (Richard Wagner)
Représentation du 06 février 2011
Théâtre de la Monnaie de Bruxelles

Amfortas  Thomas Johannes Mayer
Titurel    Victor von Halem
Gurnemanz Jan-Hendrik Rootering
Klingsor Tomas Tomason
Kundry Anna Larsson
Parsifal Andrew Richards

Mise en scène Romeo Castellucci

Direction musicale Hartmut Haenchen
 

 

Dorothée Daffy - Figurante de l'exode (Acte III)

 

Au premier acte, nous sommes au milieu d’une forêt dense et obscure, symbole primitif bien connu de l’inconscient où se cachent les hommes, où se perdent les voix.
Il en résulte une constante sensation de malaise pénible à soutenir, car les chanteurs restent la plupart du temps invisibles, sensation accentuée par de fréquentes dissonances au sein de l’orchestre.

La vision de Romeo Castellucci démarre plutôt mal, et Harmut Haenchen peine à tenir les musiciens à leur meilleur, créant une déception inévitable lorsque l’on se remémore le Parsifal transcendant qu’il dirigea à l’Opéra Bastille en 2008, dans la mise en scène de Krzysztof Warlikowski.

Andrew Richard (Parsifal)

Andrew Richard (Parsifal)

Il faut attendre, et rien ne laisse imaginer un changement d’univers aussi radical, l’arrivée au château de Klingsor pour tomber dans une sorte de fascination à la vue de la chambre sacrificielle blanche, brumeuse, illuminée irréellement, parcourue de danseuses nues se contorsionnant sur les convolutions de la musique.

Tomas Tomason ne laisse aucune ambigüité transparaitre, aucune pitié pour les corps qu’il tord froidement, un maître du domaine qui s’efface pourtant à l’apparition magistrale de Kundry. Andrew Richard a déjà investi l’humanité frondeuse de Parsifal, mais il se révèlera encore plus puissant au troisième acte.

Anna Larsson (Kundry)

Anna Larsson (Kundry)

Car ce second acte est avant tout celui d’Anna Larsson. Elle ôte à Kundry son agressivité naturelle pour lui donner une intensité tragique et épouvantée, avec une voix d’une complexité rare qui creuse des abysses et libère des appels tourmentés.
La maîtrise avec laquelle elle assume son rôle, tout en maniant les enroulements du serpent blanc autour de son bras, est l’élément clé de cette vision angoissante, et non heureuse, de la sexualité dont se détourne Parsifal.

L’ensemble du travail plastique de Castellucci est visuellement d’une beauté impressionnante et déstabilisante, et Haenchen - tout comme l’orchestre - est ici à son aise dans les chromatismes dynamiques et sinueux.

Anna Larsson (Kundry)

Anna Larsson (Kundry)

De retour au domaine du Graal, tristement sombre et désolé, Parsifal retrouve un Gurnemanz vieillissant, Jan-Hendrik Rootering l‘incarne avec une usure juste, et y rallie tout un peuple pour le conduire on ne sait où.

L’ensemble de figurants réunis pour l’occasion -vêtus ordinairement- entame une marche sans fin, face au public, mené par la démarche fluide d’Andrew Richard.
L’homme est un leader naturellement humble, vocalement d’une force sereine.

A nouveau l’image est superbe lorsque ce peuple d’hommes et de femmes poursuit son exode au cœur d’une galaxie, eux-mêmes distants les uns des autres comme le sont chacune de ces étoiles, jusqu’à sa dispersion dans une cité moderne et froide.

Thomas Johannes Mayer dessine un Amfortas aussi humain que Wotan à l’Opéra Bastille, bien que son rôle scénique n’exploite pas autant de potentiel théâtral.

Thomas Johannes Mayer (Amfortas) et Andrew Richard (Parsifal)

Thomas Johannes Mayer (Amfortas) et Andrew Richard (Parsifal)

Malgré sa démarche intuitive et visuelle, Castellucci ne tisse pas de lien évident entre chaque acte, mais les thèmes des deux derniers - d’une réussite artistique totale - croisent l’errance de ces jeunes qui lient sexualité et mal de vivre urbain dans Shortbus, film de John Cameron Mitchell.

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Publié le 29 Janvier 2011

Mardi 01 février 2011 sur France 2 à 00H15
Natalie Dessay : Répétitions de la Fille du Régiment au Covent Garden de Londres

Jeudi 03 février 2011 sur France 5 à 21H45

Sur les pas d'Offenbach

Documentaire écrit par Christine Lamotte et Alain Duault

Samedi 05 février 2011 sur France 3 à 00H10

Une journée à l'Opéra de Lyon

Documentaire sur le travail de mise en scène de Werther par Rolando Villazon

Samedi 05 février 2011 sur France 3 à 00H45

Trois Stars à Vienne

Anna Netrebko, Rolando Villazon, Placido Domingo en concert au Palais de Schönbrunn

Dimanche 06 février 2011 sur Arte à 09H45
La Folle Journée de Nantes
Brahms : Quintette pour piano et cordes opus 34,
                Lieder pour piano, alto et mezzo-soprano, opus 91
                Un Requiem Allemand, opus 45
                Musique de chambre
Strauss  : Musique de chambre

Dimanche 06 février 2011 sur Arte à 14H00
La Folle Journée de Nantes
Raphaël Pichon : la leçon de musique
Wagner : Prélude et Liebestod (Tristan et Isolde)
Berg      : Concerto pour violon et orchestre « A la mémoire d’un ange »
Wagner : Siegfried-Idyll
J.Strauss : Schatzwalzer opus 418
Webern : Transcription
Berg      : Sonate pour piano opus 1
Mahler/Schoenberg/Hindemith  : Transcriptions pour orchestre à cordes (Beethoven)

Dimanche 06 février 2011 sur Arte à 19H00
La Folle Journée de Nantes
Brahms : Danses hongroises n°4
               Double concerto pour violon et violoncelle
Mahler  : Symphonie n°5
Strauss  : Vier letzte Lieder

Lundi 07 février 2011 sur Arte à 22H15
Portrait Diana Damrau

Dimanche 13 février 2011 sur Arte à 19H15
Erik Satie, Surprises

Lundi 14 février 2011 sur France 3 à 20H35
Les Victoires de la Musique Classique 2011

En direct de la Cité des Congrès de Nantes

Mardi 15 février 2011 sur Arte à 00H10
Arte Lounge. Invités : Casals, Garanca, Pape, Capuçon.

Mardi 15 février 2011 sur France 2 à 00H15
Arzys et le Requiem Allemand de Johannes Brahms

Direction Pierre Cao.

Mercredi 16 février 2011 sur France 5 à 00H45
Roberto Alagna

De la banlieue à l'Opéra.

Jeudi 17 février 2011 sur TF1 à 02H50

 Schubert in love (Ballet)

Chorégraphie de Charles Gil.

Samedi 19 février 2011 sur France 3 à 00H15

La symphonie n°9 du Nouveau Monde (Dvorak)

Direction Sergiu Celibidache

Dimanche 20 février 2011 sur Arte à 09H40
Emmanuel Krivine dirige le Requiem de Fauré

Dimanche 20 février 2011 sur Arte à 10H25
Leon Fleisher, à fleur de touches

Dimanche 20 février 2011 sur Arte à 11H05
Une leçon particulière de musique avec Hermann Baumann

Dimanche 20 février 2011 sur Arte à 19H15
Max Raabe & Palast Orchester : Ce soir ou jamais (2/2)

Lundi 21 février 2011 sur Arte à 22H35
Une chef d’orchestre entre Paris et Alger : Zahia Ziouani

Mardi 22 février 2011 sur France 2 à 00H30
André Chénier (Giordano)
Enregistré à l’Opéra National de Paris en 2009
Avec Marcelo Alvarez, Micaela Carosi, Sergei Murzaev

Samedi 26 février 2011 sur France 3 à 00H10

L'heure de Franck Ferrari

Dimanche 27 février 2011 sur Arte à 09H45
Olivier Messiaen : Turangalîla Symphonie

Dimanche 27 février 2011 sur Arte à 11H05
Une leçon particulière de musique avec Yvonne Loriod

Dimanche 27 février 2011 sur Arte à 19H15
Vadim Repin joue la Symphonie Espagnole de Lalo

Lundi 28 février 2011 sur Arte à 22H35
Vadim Repin, un magicien de l’archer

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 23 Janvier 2011

Le Barbier de Séville (Gioacchino Rossini)
Représentation du 22 janvier 2011
Théâtre du Châtelet

Il Conte d’Almaviva Bogdan Mihai
Figaro Bruno Taddia
Rosina Anna Stéphany
Bartolo Tiziano Bracci
Don Basilio Nicolas Courjal
Berta Giovanna Donadini
Fiorello Christian Helmer

Mise en scène Emilio Sagi

Direction Musicale Jean-Christophe Spinosi
Ensemble Matheus

Production du Teatro Real de Madrid (2005)

                                                                                                        Bogdan Mihai (Le Comte Almaviva)

Après une reprise très réussie du Barbier de Séville à l’Opéra de Paris lors de la saison précédente, Jean-Luc Choplin invite au Théâtre du Châtelet, pour cinq soirées, la production conçue pour le Teatro Real de Madrid par Emilio Sagi, artiste sensible à la gaité des couleurs.

Dans un décor des vieilles rues de Séville en noir et blanc, ornées de moulures décoratives, les chanteurs et les danseurs sont entrainés dans une recherche de mouvements qui coulent le long des principales formes d’onde de la musique.

 Bruno Taddia (Figaro)

Bruno Taddia (Figaro)

L’élégance dansante fait des artistes des éléments musicaux en eux mêmes, ces derniers deviennent la matérialisation humaine de la vitalité raffinée contenue dans l’harmonie rossinienne.

Pour soutenir cette gestuelle fluide, la souplesse des mains charmeuses du Comte, la légèreté des pas de Figaro, la délicatesse d’une action aussi simple que le fait de s’asseoir lorsque Rosine s’installe pour écouter sa leçon de chant, Jean-Christophe Spinosi amène l’Ensemble Matheus à atteindre un style fin et rebondi qui joue sur des effets d’atténuations des cordes et de sonorités luisantes, parfois métalliques et brillantes.

A cela s’ajoute une agréable homogénéité des voix, la douceur et le moelleux de Bogdan Mihai, fin et juvénile Comte d’Almaviva d’une fraîcheur qui ne sera fortement éprouvée que par le dernier air Cessa di più resistere, la clarté sympathique de Bruno Taddia, d’une égale finesse, la mezza voce noire et ronde d’Anna Stéphany qui se transforme en radieuses et discrètes coloratures.

Anna Stéphany (Rosine)

Anna Stéphany (Rosine)

On retrouve cette douceur dans les ambiances lumineuses, naïvement poétiques lorsque le Comte se présente à Rosine.

Il en résulte une mise à l’unisson du visuel, de l’oreille et du cœur, donnant ainsi une sensation de plénitude enjouée, car l’esprit atteint son état de détente enfin retrouvé.

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Publié le 17 Janvier 2011

Jules César (Georg Friedrich Haendel)
Répétition générale du 15 janvier 2011
Opéra Garnier

Giulio Cesare Lawrence Zazzo
Tolomeo Christophe Dumaux
Cornelia Varduhi Abrahamyan
Sesto Isabel Leonard
Cleopatra Natalie Dessay
Achilla Nathan Berg
Nireno Dominique Visse
Curio Aimery Lefèvre

Direction Musicale Emmanuelle Haïm
Mise en scène Laurent Pelly                                             Natalie Dessay (Cléopâtre)
Orchestre du concert d’Astrée

 

La saison théâtrale 2010/2011, au sens large, accorde une place importante aux mises en scène de Laurent Pelly, telles Mahagonny, Funérailles d’hiver, l’Opéra de quat’sous, Ariane à Naxos  ou bien Giulio Cesare dans le cas présent.

Pour apprécier la transposition dans la section antique d’un musée d’histoire de l’homme - l’amoncellement des sculptures de marbre ou de granite, au milieu duquel s’affaire un personnel nord-africain, nous situerait probablement au musée du Caire - il faut imaginer la joie et l'émotion qu’ont du éprouver les techniciens de l’Opéra de Paris à reproduire avec une très grande précision les bustes de personnages illustres grecs, la statue de César, ou bien le gigantesque Ramsès de Memphis sur lequel Cléopâtre et Ptolémée se laissent aller à leurs rêves de pouvoir.

Natalie Dessay (Cléopâtre)

Natalie Dessay (Cléopâtre)

Car le spectateur, situé à une distance bien plus grande, ne peut que souhaiter se faufiler derrière la scène, à la fin du spectacle, pour pourvoir s'émerveiller des lignes parfaites de toutes ces copies, à moins qu'il n'attende une retransmission télévisuelle qui lui permettra de profiter des gros plans.

En jouant sur la confusion entre le réel, la vie dans le musée, et l'imaginaire, les protagonistes issus des œuvres, la confusion entre les époques, contemporaine et antique, la confusion entre le personnel égyptien du musée et l'armée égyptienne de Cléopâtre, le traitement des caractères principaux reste finalement superficiel et agité, et une distanciation s'opère avec ce qu'il y a de plus vital en chacun d'eux.

Giulio Cesare (Dessay - Zazzo msc Pelly) au Palais Garnier

Natalie Dessay n'a donc plus qu'à y superposer son personnage, toujours sympathique, calé sur deux uniques dimensions, un temps One women show, un autre temps femme sensible, et Laurent Pelly peut faire courir ses personnages en diagonale, de gauche à droite et de droite à gauche.

Manifestement, la démarche vivante et populaire de l'affiche Pelly-Dessay l'emporte.

Pourtant, après un premier acte quelque peu ennuyeux, des images deviennent moins innocentes, et cherchent à toucher l’inconscient du spectateur. Il y est question d’oppression lorsque l’empereur romain s’en prend à des tribus nord-africaines, et d’anticolonialisme et de libération, lorsque les égyptiens se lèvent pour rejeter violemment César.
Les histoires qui lient cultures latines, hellénistiques et nord-africaines ressurgissent.

Varduhi Abrahamyam (Cornelia)

Varduhi Abrahamyam (Cornelia)

Mais si Laurent Pelly avait fait de Sesto un Romain qui rallie la cause du peuple égyptien pour assassiner Ptolémée, le tyran, et lui donner ainsi une dimension politique, il aurait presque pu passer pour un visionnaire.

Si le procédé engendre une certaine déconcentration musicale, écouter Giulio Cesare reste l’occasion d’entendre l’opéra de Haendel le plus prolifique en airs, avec Alcina, airs qui sont comme les porte-paroles les plus purs des âmes chahutées.

Emmanuelle Haïm, entourée des musiciens du Concert d’Astrée, ceux avec lesquels elle peut travailler avec une naturelle complicité, ne cherche finalement pas à faire rougeoyer les sentiments, mais plutôt à garantir la rigueur et le raffinement d’une musique, le classicisme d’une époque de l’humanité.

Constante dans son rôle de pleureuse, Varduhi Abrahamyam offre un portrait à la fois digne et émouvant de Cornelia, timbre vibrant de sombres fragilités alors que celui d’Isabel Leonard, plus neutre et léger, se distingue le mieux lorsque Sesto retrouve son espérance.

Natalie Dessay (Cléopâtre) et Lawrence Zazzo (César)

Natalie Dessay (Cléopâtre) et Lawrence Zazzo (César)

Capable de percutants coups d’éclat, Tolomeo est d’un caractère dur et agressif lorsque Christophe Dumaux s’empare du personnage, à l’opposé du Nireno de Dominique Visse, tellement décontracté que sa voix en fait des vagues, et de l‘Achilla brouillon de Nathan Berg.

A croire qu’il y a un pouvoir des sentiments en musique, l’instant où Cléopâtre prend conscience de son amour pour César, vers la fin du second acte, est également le moment où Natalie Dessay se détache de son personnage bien trop connu pour s’abandonner à la gravité de ses états d‘âmes. Ce qu’elle fait est simplement magnifique. Et c’est ce que l'on retient, plutôt que les autres scènes plus légères à tout point de vue...

L’impression est identique avec Lawrence Zazzo, humain et interrogatif, d’une profondeur terne, marquant les graves avec fermeté, et avec tout de même une certaine sensualité à défaut de volupté. Son personnage se densifie pour trouver une cohérence forte, et son plus bel air, au dernier acte.

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Publié le 31 Décembre 2010

Samedi 01 janvier 2011 sur France 2 à 00H45
Carmen (Debussy)
Enregistré à l’Opéra Comique en juin 2009 avec Anna Catherina Antonacci, Andrew Richards, Anna-Catherine Gillet.
Mise en scène Adrian Noble, direction Eliot Gardiner.

Samedi 01 janvier 2011 sur Arte à 12H25
Concert du Nouvel An à Venise, Teatro La Fenice
Daniel Harding, direction
Programme symphonique et lyrique (Verdi: Nabucco, La Traviata...)

Samedi 01 janvier 2011 sur Arte à 19H15
Concert du Nouvel An à Venise, Teatro La Fenice
Daniel Harding, direction
Programme symphonique et lyrique (Verdi: Nabucco, La Traviata...)

Dimanche 02 janvier 2011 sur Arte à 09H55
Eldorado

Une chorégraphie d'Angelin Preljocaj d'après une pièce de Karlheinz Stockhausen

Dimanche 02 janvier 2011 sur Arte à 19H15
Les quatre saisons (Vivaldi)
Concert chorégraphié signé Juan Kruz Diaz de Garaio Esnaola, danseur depuis de nombreuses années au sein de la compagnie Sasha Waltz.

Lundi 03 janvier 2011 sur Arte à 22H30
Paris, Vienne, Berlin, une histoire de l’opérette Le XXe siècle : De l’argent et des femmes

Jeudi 06 janvier 2011 sur TF1 à 02H50
Les Troyens (Berlioz)

Enregistré au Théâtre du Châtelet en 2003.

Direction John Eliot Gardiner. Mise en scène Yannis Kokkos.

Avec Anna Caterina Antonacci, Susan Graham, Gregory Kunde.

Première partie : La Prise de Troie.

Dimanche 09 janvier 2011 sur Arte à 09H40
Belshazzar (Häendel)

Enregistré à Aix en Provence en 2008. Direction René Jacobs. Mise en scène Christof Nel.

Avec Bejun Mehta, Rosemary Joshua, Kristina Hammarström, Neal Davis, Rias Kammerchor.

Dimanche 09 janvier 2011 sur Arte à 14H20
L'Opéra de quat'sous (Kurt Weill)

Direction Nacho de Paz. Mise en scène André Wilms.

Dimanche 09 janvier 2011 sur Arte à 19H15
Symphonie n°7 (Beethoven)
L'Orchestre royal du Concertgebouw d'Amsterdam est placé sous la direction du Letton Mariss Jansons.

Lundi 10 janvier 2011 sur Arte à 22H30
Herbert von Karajan, le culte de l´image (Georg Wübbolt, 2008)

Mardi 11 janvier 2011 sur Arte à 23H40
Arte Lounge... avec Elina Garanca...

Jeudi 13 janvier 2011 sur TF1 à 02H30
Les Troyens (Berlioz)

Enregistré au Théâtre du Châtelet en 2003.

Direction John Eliot Gardiner. Mise en scène Yannis Kokkos.

Avec Anna Caterina Antonacci, Susan Graham, Gregory Kunde.

Seconde partie : Les Troyens à Carthage.

Samedi 15 janvier 2011 sur France 3 à 00H15
Une journée avec ... Mireille Delunsch

Samedi 15 janvier 2011 sur France 3 à 00H40
Soirée de Gala à l'Opéra royal de Versailles (2009)

Dimanche 16 janvier 2011 sur Arte à 10H05
Arte Lounge... avec Elina Garanca...

Dimanche 16 janvier 2011 sur Arte à 11H05
Flamenco, une affaire de famille.

Le portrait en musique d'une famille de gitans.

Dimanche 16 janvier 2011 sur Arte à 19H15
Concertos pour piano n°22 et n°25 (Mozart)
David Fray est ici filmé dans les célèbres studios londoniens d'Abbey Road au cours de séances d'enregistrement des oeuvres de Mozart.

Lundi 17 janvier 2011 sur Arte à 22H30
Marius et Fanny (Vladimir Cosma)
Enregistré à l’opéra de Marseille en septembre 2007.
Direction musicale : Jacques Lacombe et Mise en scène : Jean-Louis Grinda
Avec : Roberto Alagna, Angela Gheorghiu, Jean-Philippe Lafont, Éric Huchert, Bruno Comparetti, Marc Barrard, Michèle Lagrange, Antoine Garcin.

Mardi 18 janvier 2011 sur France 2 à 00H20
Au rythme de Monsieur Satie (Documentaire)

Samedi 22 janvier 2011 sur France 3 à 00H15
La Veuve Joyeuse (Franz Lehar)

Avec Véronique Gens, Henk Smitle. Direction Gerard Korsten.

Mise en scène Macha Makeïeff. Opéra de Lyon.

Dimanche 23 janvier 2011 sur Arte à 09H55
Requiem de Verdi

Dimanche 23 janvier 2011 sur Arte à 11H30
Angels That Sing (Ballet)

Dimanche 23 janvier 2011 sur Arte à 12H00
Giordano hebdo. Natalie Dessay.

Dimanche 23 janvier 2011 sur Arte à 19H15 

Zarzuelas avec Placido Domingo et Ana Maria Martinez 

Par le Mozarteum Orchester Salzburg. Dir Jésus Lopez-Cobos (2007).

Lundi 24 janvier 2011 sur Arte à 22H30

Placido Domingo, ténor et baryton. Spéciale 70 ans. Les plus beaux rôles de ma vie.

Mardi 25 janvier 2011 sur France 2 à 00H20
Sylvie Guillem sur le fil

Samedi 29 janvier 2011 sur France 3 à 00H15
L'heure de ... Ruggero Raimondi

Dimanche 30 janvier 2011 sur Arte à 09H40

Placido Domingo, ténor et baryton. Spéciale 70 ans. Les plus beaux rôles de ma vie.

Dimanche 30 janvier 2011 sur Arte à 19H15 

Martha Argerich et Mischa Maisky

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 30 Décembre 2010

Le Lac des Cygnes (Tchaïkovski) 

Représentation du 27 décembre 2010 à l'Opéra Bastille

Première historique le 15 octobre 1964 à l’Opéra de Vienne 

Production remaniée pour le ballet de l’Opéra National de Paris le 20 décembre 1984

Odette/Odile Emilie Cozette 

Le Prince Siegfried Jose Martinez 

Rothbart Stéphane Bullion 

La Reine Vanessa Legassy 

Le pas de trois Eve Grinsztajn
                        Sarah Kora Dayanova
                        Christophe Duquenne

Chorégraphie de Rudolf Noureev 

d’après Marius Petipa et Lev Ivanov

Décors Ezio Frigerio

Costumes Franca Squarciapino

Lumières Vinicio Cheli

Orchestre Colonne

Direction musicale Simon Hewett

                                                    Stéphane Bullion (Rothbart)

La version du Lac des Cygnes que l’Opéra National de Paris affiche régulièrement depuis un quart de siècle, lorsque Rudolf Noureev prit la direction de la danse, est une référence à plus d’un titre.

Elle symbolise en premier lieu le renversement de la conception littérale et traditionnelle de Vladimir Bourmeister, qui, notamment, comprenait un final bienheureux.

La Danse des coupes (Polonaise)

La Danse des coupes (Polonaise)

Mais elle constitue surtout une magnifique ouverture sur un monde bien étranger aux contes de fées, pour nous amener dans l’univers intérieur du prince Siegfried, un homme qui décline toutes les opportunités de mariage, une âme vouée à une femme totalement idéalisée, Odette, le Cygne blanc, et dont la pureté subit l’influence perturbante d’un être pernicieux, Rothbart.

Cette recherche d’idéal transfigure celle qu’a pu représenter Margot Fonteyn pour Rudolf Noureev, célèbre ballerine britannique qui fut sa partenaire de danse pendant dix sept ans, ou bien, également, l’amour que voua Louis II de Bavière à sa cousine, Elisabeth d’Autriche. Luchino Visconti est particulièrement éclairant dans son film fleuve Ludwig.

Sarah Kora Dayanova (Pas de trois)

Sarah Kora Dayanova (Pas de trois)

Insidieusement, une malédiction, sous les traits de Rothbart, interfère pour rendre impossible cet hymen, une force commune à Tchaïkovski, Noureev et Louis II, une homosexualité latente.

Noureev en fait un superbe aigle d’envergure, aussi sombre que les eaux profondes du lac vers lesquelles il va réussir à entrainer le rêve contemplatif, un être qui séduit, dirige, domine et avec lequel le prince se livre, vaincu, à d’ultimes pas.

Cozette (Odette) et Jose Martinez (Le Prince Siegfried)

Cozette (Odette) et Jose Martinez (Le Prince Siegfried)

Cette ambiguïté est par ailleurs mise en scène dès le premier acte, où les mouvements des garçons traduisent dissipation et féminité, alors que leurs gestes expriment affection et solidarité.

Et puis il y a l’élan soudain de Siegfried pour suivre les seize danseurs de la Polonaise, avant que Rothbart ne l’arrête.

Les résonnances de ce monde de cygnes, glacé, où luttent le prince et son mauvais génie, suggèrent, si l’on est y est sensible, le destin de Ludwig, le lac Schwansee au bord duquel il fut élevé, puis le château de Neuschwanstein, qu’il érigea par la suite, sur le fronton duquel le Siegfried de Wagner terrasse le dragon Fafner, édifice qui est l’exemple même de la sublimation de souffrances individuelles en création artistique et architecturale grandiose, et enfin, le lac Stanberg dans lequel ce roi dévoué à l’art disparut.

Danse espagnole (Acte III)

Danse espagnole (Acte III)

L’oscillation entre le monde extérieur, dynamique, éblouissant de couleurs et de costumes étincelants, voué au divertissement,  et le monde intérieur, recueilli et obscur, empli de lignes classiques, nous font vivre deux échelles de temps marquées, très distinctement, non seulement par le rythme de la musique, mais aussi par l’empreinte de la lumière et du mouvement.

Jose Martinez (Le Prince Siegfried)

Jose Martinez (Le Prince Siegfried)

Le romantisme de Siegfried trouve en Jose Martinez, depuis quinze ans, l’interprète le plus ingénu, idéalement souple et liquide, image même de la sincérité profondément vulnérable.

Tout au contraire, avec sa gueule plus épaisse et animale, Stéphane Bullion donne une dimension directive et sensiblement nerveuse à Rothbart, une présence très affirmée et majestueuse. Cette force très masculine a cependant le petit inconvénient d’atténuer le caractère troublant de ce personnage illusionniste, car un autre danseur étoile, Karl Paquette, fin de visage, paré d’une blondeur subtilement féminine, et donc qui n’incite pas à la méfiance, marque également un rôle où s’entrelacent des sentiments de fascinations à cœur serré.

Cozette (Odile) et Jose Martinez (Le Prince Siegfried)

Cozette (Odile) et Jose Martinez (Le Prince Siegfried)

Entre les deux facettes noire et blanche du cygne, Emilie Cozette est d’une touchante spontanéité au second acte, toujours élégamment flottante, sûre d’elle dans les très attendus fouettés avec lesquels, sous les traits d’Odile, elle séduit le prince.
Le double jeu qu’elle joue à ce moment là, entre lui et Rothbart, reste toutefois relativement neutre.

Extrêmement attentif aux détails des solistes, Simon Hewett extrait de l’Orchestre Colonne des solos de violon qui tirent de l’âme les sentiments les plus forts, ceux qui font ressurgir les visages aimés, maintient des cadences entrainantes dans les danses les plus colorées, mais reste beaucoup plus prudent avec les pas des cygnes blancs.

Les percussions désagréablement bruyantes obligent régulièrement à prendre de la distance avec la musique, ce qui est fort dommage.

Stéphane Bullion (Rothbart)

Stéphane Bullion (Rothbart)

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Publié le 26 Décembre 2010

L'article qui suit énumère les principaux évènements de notre système solaire visibles en 2011 depuis Paris.
Les périodes de visibilités favorables des planètes sont calculées sur une variation du diamètre apparent de 5% et avec un soleil au moins à 5° en dessous de l'horizon.
Les horaires sont donnés en heure locale.

Diamètres et phases apparents des planètes en 2011, tels qu'ils peuvent être vus dans un télescope grossissant environ 225X.

Diamètres et phases apparents des planètes en 2011, tels qu'ils peuvent être vus dans un télescope grossissant environ 225X.

Mercure du 01 au 10 janvier avec diamètre 7,3’’ à 09° plein Sud-Est vers 08H15

Vénus du 01 au 30 janvier avec diamètre jusqu’à  27’’ à 08° plein Sud-Est vers 08H15

Eclipse partielle de soleil (65%) le 04 janvier dès le lever du soleil (8H50)

Saturne du 05 février au 01 juin avec diamètre jusqu’à 19,2’’ à 38° plein Sud vers 01h00

Mercure du 15 au 30 mars avec diamètre à  7,3’’ à 12° plein Ouest vers 19H40

Rapprochement Mercure/Jupiter/Vénus les 11 et 12 mai (2°) à 3° au dessus de l'horizon vers 06H00

Eclipse Totale de Lune au coucher du soleil le 15 juin dès 22H00

Mercure du 28 août au 10 septembre avec diamètre à  7,3’’ à 10° plein Est vers 06H50

Jupiter du 20 septembre au 04 décembre avec diamètre jusqu’à 49,7’’ à 53° plein Sud vers 02h00

Mercure du 12 au 23 décembre avec diamètre jusqu’à  8,0’’ à 10° plein Ouest vers 19H40

Graphique de l'éclipse de soleil du 04 janvier 2011 à 9H05, à 2° au dessus de l'horizon Sud-Est.

Graphique de l'éclipse de soleil du 04 janvier 2011 à 9H05, à 2° au dessus de l'horizon Sud-Est.

Détail des principaux évènements
Date     Heure     H    Dir.                 Phénomène

Janvier 2011
01/01    08H15     21° Sud                  Vénus        27’’    (Phase 46%)
01/01    08H15      9° Sud-Est             Mercure      08''    (Phase 39%)
03/01    22H00           Zenith               Etoiles filantes Quadrantides (120 météores/h durée 15 jours)
04/01    08H50      0° Sud-Est             Eclipse partielle de Soleil (60%)
04/01    09H05      2° Sud-Est             Eclipse partielle de Soleil (65%)
04/01    10H20     10° Sud-Est            Fin Eclipse partielle de Soleil
05/01    08H10      9° Sud-Est             Mercure      7,3''  (Phase 53%)
10/01    08h10      8° Sud-Est              Mercure      7''    (Phase 65%)
10/01    20h10     22° Sud-Ouest        Jupiter Transit Io + ombres de Io & Ganymède
15/01    08H10     20° Sud-Est             Vénus        23’’    (Phase 54%)
30/01    07H30      9° Sud-Est              Rapprochement Lune-Vénus (4,5°)
30/01    07H55     16° Sud-Est             Vénus        20’’    (Phase 60%)    
  

Février/Mars 2011
05/02    05H00       37° Sud                  Saturne     18,2''  
01/03    07H05      9° Sud-Est              Rapprochement Lune-Vénus (2°)
15/03    19H25      9° Ouest                 Rapprochement Mercure-Jupiter (2°)
15/03    19H25      9° Ouest                 Mercure      6''    (Phase 74%)
22/03    19H35     12° Ouest                Mercure      7,3''    (Phase 46%)
30/03    19H45      8° Ouest                 Mercure      9,3''    (Phase 17%)

Avril/Mai 2011
05/04    00H45       38° Sud                 Saturne     19,2''
22/04    21H00         Zenith                 Etoiles filantes Lyrides (18 météores/h durée 9 jours)  
06/05    11H00         Zenith                 Etoiles filantes Êta Aquarides (85 météores/h durée 39 jours)
11/05    05H50        2°  Est                  Rapprochement Mercure-Jupiter-Vénus (2°)
12/05    05H50        2°  Est                  Rapprochement Mercure-Jupiter-Vénus (2°)
31/05    05H20        3°  Est                  Rapprochement Lune-Vénus (3,5°)

Juin 2011
01/06    22H30       37° Sud                 Saturne     18,2''
12/06    04H15       10° Est                  Jupiter Transit Io + ombres de Io & Europe
15/06    21H55        0° Sud-Est            Eclipse Totale de Lune
15/06    23H00        7° Sud-Est            Fin Totalité Eclipse de Lune
16/06    00H00      12° Sud-Est            Fin Eclipse de Lune
26/06    05H15      25° Est                   Rapprochement Lune-Jupiter (4,5°)


Juillet/Août 2011
24/07    02H00        9° Est                  Rapprochement Lune-Jupiter (4,5°)
13/08    05H00            Zenith             Etoiles filantes Perséides (100 météores/h durée 38 jours)

15/08    La Comète Elenin devrait devenir visible à l'oeil nu

20/08    06H20       55° Sud                Rapprochement Lune-Jupiter (5°)
28/08    06H35        7° Est                  Mercure      8,7''    (Phase 21%)

Septembre 2011
03/09    06H40     10° Est                  Mercure      7,3''    (Phase 45%)

05/09   Périhélie de la comète Elenin

10/09    06H50      9° Est                   Mercure      6,0''    (Phase 74%)
16/09    22H45     11° Est                  Rapprochement Lune-Jupiter (5°)
20/09    04H25       54° Sud                Jupiter     47,2''

Octobre 2011
08/10    21H00         Zenith               Etoiles filantes Draconides (750 météores/h)

13/10    20H30         8°  Est                Rapprochement Lune-Jupiter (4°)
21/10    21H00         Zenith               Etoiles filantes Orionides (30 météores/h durée 36 jours)
28/10    01H40       53° Sud                Jupiter     49,7''

Novembre 2011
09/11    17H50     10° Est                  Rapprochement Lune-Jupiter (4°)
18/11    01H30          Zenith              Etoiles filantes Léonides (20 météores/h durée 13 jours)

Décembre 2011
04/12    21H55       52° Sud                Jupiter     47,2''
06/12    17H30       25° Est                  Rapprochement Lune-Jupiter (4°)
12/12    08H05         8° Sud-Est          Mercure      8,7''    (Phase 23%)
15/12    08H05         9° Sud-Est          Mercure      8,0''    (Phase 36%)
23/12    08H10        10° Sud-Est         Mercure      6,6''    (Phase 64%)

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Rédigé par David

Publié dans #Astres

Publié le 21 Décembre 2010

The Rake's progress (Igor Stravinsky)
Représentation du 18 décembre 2010
Staatsoper im Schiller Theater

True Love Andreas Bauer
Anne Anna Prohaska
Tom Rakewell Florian Hoffmann
Nick Shadow Gidon Saks
Baba the Turk Nicolas Zielinski
Mother Goose Birgit Remmert
Sellem Erin Caves

Direction Musicale Ingo Metzmacher
Mise en scène Krzysztof Warlikowski

                                    Florian Hoffmann (Tom)

Pour Krzysztof Warlikowski, The Rake's progress est un moyen de montrer comment deux lignes de vies fortement liées, celles de Tom et Anne, vont subitement s'écarter sous la contrainte du passé, mais aussi de forces extérieures, ou bien intérieures, et de montrer comment elles vont se rejoindre pour réussir quelque chose de beau.

Anna Prohaska (Anne) et Florian Hoffmann (Tom)

Anna Prohaska (Anne) et Florian Hoffmann (Tom)

Tom est décrit comme un jeune minet, un peu frimeur et tendrement amoureux de sa fiancée, qui, sous l'emprise de Nick Shadow, se laisse entraîner vers des tentations clairement homosexuelles, jusqu’au mariage avec le personnage bien étrange de Baba.

Anne, victime d’un père incestueux et machiste, et désemparée par la manière dont Tom lui échappe, perd pied peu à peu, et vire vers une mauvaise vie, si l’on en juge à son accoutrement lorsqu’elle réapparait.

Sensible à l’histoire de ce couple défait, Baba the Turk, une part possible de Warlikowski lui-même, s’intéresse au désespoir d’Anne, sous les yeux effarés de tous ces symboles de la société conformiste, consumériste et américanisée d’aujourd’hui que sont Mickey, Spiderman, Darth Vader, Bugs Bunny et autres personnages fictifs célèbres.

The Rake's Progress (ms Warlikowski) Schiller Theater Berlin

Quant à ce Christ Noir, dont le cœur est arraché et broyé pour se projeter sur un écran télévisuel, la correspondance avec la machine dont rêve Tom pour résoudre les problèmes de l’humanité n’est pas immédiate, mais pose la question de ce que vaut le cœur de chacun lorsqu'il cherche son salut dans les technologies modernes.

Ainsi, c’est bien Baba qui en fait le plus pour l’humanité en aidant à la résolution du problème d’Anne et Tom, avant de rejoindre son théâtre.

C’est alors dans une scène où l’incroyable Gidon Saks joue à la perfection le personnage ambigu de Nick Shadow, avec une démarche forte et sûre, féminisée parfois, et une présence magnétique, que Tom décide enfin de ne plus être un jouet des évènements, et de tuer son propre démon.

Gidon Saks (Nick Shadow)

Gidon Saks (Nick Shadow)

Le dénouement final, la victoire du couple qui se retrouve pour donner vie à un enfant, et la joie de True Love qui devient ainsi grand-père, n’est pas une sorte de Happy end convenu. Il représente, plus subtilement, un rêve de paternité inaccessible.

Et comme pour se moquer de nous, Warlikowski dispose le chœur au dessus de la scène, en public respectable et miroir du spectateur, pour mieux voir ses travers et le rendre digne de l’asile final.

Les habitués de l’univers du metteur en scène polonais retrouvent ses éclairages sophistiqués, les effets d’espace au moyen d‘un sol réfléchissant, le détail des petits gestes, les allures souples et les regards perdus, un théâtre viscéralement captivant enveloppé par la musique qui se fond dans le tout visuel au point de ne plus être dissociable.

The Rake's Progress (ms Warlikowski) Schiller Theater Berlin

Ingo Metzmacher fait lui aussi du théâtre en jouant sur les rythmes et les couleurs boisées pathétiques.

Avec sa mèche efféminée, Florian Hoffmann est adorable, suave et rarement tendu, angélique souvent, Anna Prohaska est autant expressive que lui, et percutante, et Andreas Bauer ne laisse transparaître aucun scrupule à jouer un TrueLove vulgaire, sorte de Cowboy de l‘Amérique profonde.

En confiant le rôle de Baba le Turk à Nicolas Zielinski, contre ténor incisif et un peu brut, mais capable de quelques éclats bien timbrés et sombres, l’ambigüité sexuelle n'en est que plus marquée, et le caractère hors-norme tout autant.

Le Staatsoper im Schiller Theater

Le Staatsoper im Schiller Theater

Même si le langage visuel reprend des thèmes et des symboles déjà utilisés dans les spectacles de Krzysztof  Warlikowski, Le Roi Roger, Iphigénie en Tauride, Angels in América notamment, il y a toujours ce pouvoir mystérieux qui rend le cœur totalement perméable à l’enjeu émotionnel des personnages, comme à celui du directeur scénique.

 Anna Prohaska (Anne) et Florian Hoffmann (Tom)

Anna Prohaska (Anne) et Florian Hoffmann (Tom)

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Publié le 11 Décembre 2010

Ariane à Naxos (Richard Strauss) 
Répétition générale du 09 décembre 2010
Opéra Bastille

Le Majordome Franz Mazura
Le Maître de musique Martin Ganther
Le Compositeur Sophie Koch
Le Ténor (Bacchus) Stefan Vinke
Un Maître à danser Xavier Mas
Zerbinette Jane Archibald
La Primadonna (Ariane) Ricarda Merbeth
Arlequin Edwin Crossley-Mercer
Naïade Elena Tsallagova
Driade Diana Axentii
Echo Yun Jung Choi

Direction Musicale Philippe Jordan
Mise en scène Laurent Pelly                                        Sophie Koch (Le compositeur)

Pour celles et ceux qui se souviennent des soirées de décembre à Garnier, à la fin de l’année 2003,  au cours desquelles tous les regards restaient fascinés par Natalie Dessay lorsqu’elle venait  déranger celle que Thésée avait abandonnée à ses pensées les plus noires,  Ariane à Naxos, livrée à la légèreté de Laurent Pelly, trouve sa place parmi les spectacles de divertissements à l‘approche de l’hiver. 

Ariane à Naxos (Koch -Merbeth -Archibald msc Pelly) Bastille

Mais avec ses aspects ironiques, l’ouvrage est une impertinente analyse des vicissitudes de l’âme humaine sous l’emprise du sentiment amoureux.

Alors qu’Ariane se complait dans une vie accordée à son idéal d’amour, et dont la dépendance la fait sombrer lorsque la trahison survient, Zerbinette se démarque d’elle, non pas qu’elle manque de profondeur, mais tout simplement parce qu’en femme totalement consciente, elle est toute en éveil dans son rapport à la vie.

Elle est la voix dont Ariane a besoin pour se libérer d’une âme encline à l’attacher à l’être aimé. 

Ricarda Merbeth (Ariane)

Ricarda Merbeth (Ariane)

Les images qu’utilise Laurent Pelly partent de l’architecture délabrée d’un hôtel, qui n’est autre que le squelette de la demeure dans laquelle se prépare l’opéra pendant le prologue, et dont on pense bien qu’elles sont là pour suggérer les ravages mentaux auxquels Ariane est soumise. Le décalage est complet lorsque surgissent Zerbinette et ses comparses, accoutrés en touristes des tropiques, traversant parfois la scène en d’éphémères traits de vie, procédé cher au metteur en scène.

La rencontre finale avec Bacchus, peint en or, et au pied duquel Ariane se prosterne de joie en en faisant des tonnes alors que la lumière ne cible plus qu'elle même, est tristement attendrissante, car l’on pourrait penser que la jeune femme s‘est reprise, alors que toute cette extase exagérée laisse présager la rechute prochaine.

Ariane à Naxos (Koch -Merbeth -Archibald msc Pelly) Bastille

Le souvenir de sa forte et sensible Sieglinde subsiste, Ricarda Merbeth se fond à présent dans la peau d’une femme entière, terrienne dans sa gestuelle corporelle, au portrait clivé par des états d’âmes où s’entrecroisent rage, sourires hallucinatoires et désespoirs, et coloré d’un timbre à la fois charnel et nébuleux.

A l‘inverse, les longues lignes aristocratiques que dessine le fin physique de Jane Archibald sont toutefois encore un peu raides pour Zerbinette, la souplesse même de la vie, traits que l’on retrouve uniquement dans les vocalises les plus aigues, les rondeurs musicales étant bien souvent généreuses par ailleurs. 

 Jane Archibald (Zerbinette)

Jane Archibald (Zerbinette)

Et le festival vocal se poursuit avec les nymphes bienveillantes, Elena Tsallagova, Diana Axentii, Yun Jung Choi, toutes trois lumineuses, harmonieusement accordées, et chaleureusement réconfortantes.

Surgi des ombres de la scène, plaintif, mais suffisamment puissant pour soutenir les fortissimo de l‘orchestre sans sacrifier la moindre musicalité, le bien gentil Bacchus de Stefan Vinke s’épanche avec compassion sur Ariane, sans révéler par quel mystère il arrive à quitter la scène à reculons sans heurter le moindre obstacle.

Et ceci n’est que la confirmation d’une intuition apparue dès le prologue, ouvert sur la vision involontairement farceuse d'une pluie de neige cotonneuse, le lendemain d’une journée chaotique mémorable en région parisienne, intuition du soin avec lequel les qualités vocales des chanteurs ont été assorties. 

Ricarda Merbeth (Ariane)

Ricarda Merbeth (Ariane)

Alors que les arrières plans lumineux de ce tableau, compensés par les ombres que les colonnes impriment, préparent l’imaginaire du spectateur, les accents à la fois chantants et mordants de Franz Mazura, la présence captivante de Martin Ganther, et surtout la clarté adolescente avec laquelle Sophie Koch rajeunit son personnage, pour ne délivrer ses noirceurs dramatiques qu’à la toute fin, se laissent guider par la main confiante de Philippe Jordan.

Malgré l’effectif réduit, il tire de l’orchestre un volume sonore gonflé aux dimensions de la salle, réalise des merveilles de fusion entre cuivres et cordes, fait entendre les motifs les plus ronds, les fragiles courants des vibrations d’archers dans les passages symphoniques, détails piqués qui se perdent parfois dans les récitatifs.

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Publié le 5 Décembre 2010

Webern-Berg-Zemlinsky
Concert du 03 décembre 2010
Salle Pleyel

Anton Webern
Six pièces pour orchestre opus 6
(révision 1928)

Alban Berg
Suite lyrique (1927)

Alexander von Zemlinsky
Symphonie lyrique opus 18 (1924)

Angela Denoke Soprano
Peter Mattei Baryton

Peter Hirsch Direction
Svetlin Roussev Violon solo

Orchestre Philharmonique de Radio France

                                                                                           Angela Denoke

L’immersion dans l’univers chromatique et abstrait de la seconde école de Vienne serait un luxe, si l’on en juge au public restreint qui a bien voulu en vivre l‘expérience vendredi soir.

Webern-Berg-Zemlinsky (Angela Denoke-Peter Mattei) Pleyel

Ce vide immense, duquel est monté un papillotement glacial, les accords intimes de la suite lyrique perdus dans la froideur blanche de la salle, furent balayés, un temps, par l’introduction spectaculaire de la symphonie lyrique, avant que le timbre onirique de Peter Mattei n’arrive enfin à se dégager de toutes ces résonances.

Et elle, immuable présence, les yeux baissés et tournés introspectivement vers sa propre solitude, et ensuite, avec un calme aplomb et la voix lumineusement vibrante autant que sombrement inquiétante, Angela Denoke.

Webern-Berg-Zemlinsky (Angela Denoke-Peter Mattei) Pleyel

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