Publié le 16 Janvier 2009

L’Infedeltà Delusa (Joseph Haydn)
Représentation du 14 janvier 2009
Théâtre Les Gémeaux - Sceaux

Direction musicale Jérémie Rhorer
Mise en scène Richard Brunel

Vespina Claire Debono
Sandrina Ina Kringelborn
Filippo Yves Saelens
Nencio Julian Prégardien
Nanni Thomas Tatzi

Orchestre Le Cercle de l’Harmonie

 

                           Julian Prégardien (Nencio)

 

L’Opera Buffa fût au XVIIIième siècle une réaction salutaire au genre Seria.
L’Infidélité déjouée (1773) s’inscrit dans ce mouvement vif et spontané qui prend ses origines à Naples dans les années 1730.

L’élément frappant de cette Burletta est le rôle de Vespina dont semble descendre directement la Despina du Cosi fan Tutte de Mozart (17 ans plus tard).

Il n’y a alors que des louanges à faire à Claire Debono, qui sans difficulté apparente se présente sous trois déguisements différents et sous trois types de voix bien distincts.

Son émission claire, presque scintillante, se révèle accrocheuse dès son air d’entrée lorsque se décharge toute la violence du sentiment amoureux en même temps que l’orchestration se tend.
Ce passage porte quelque chose de très vrai, même pas exagéré.

Julian Prégardien est le second point focal de la distribution, ténor au grain doux et séducteur comme est son personnage de jeune bourgeois pimpant.

A l’opposé, Sandrina, Filippo et Nanni incarnent un milieu rural plus rustre, univoques dans leur attitude d’esprit, ce qui les rend peu intéressants malgré l’implication des interprètes.

                                 Claire Debono (Vespina)

C’est donc la proximité et l’intimité du contact entre le public et la scène qui font la saveur de cette pièce, Jérémie Rhorer y animant son orchestre de manière simple et enjouée.

Voir les commentaires

Publié le 2 Janvier 2009

Si l’accès à l’harmonie des œuvres lyriques et musicales est facile pour l’amateur résidant en région parisienne, il n’en va pas de même pour l’astronomie, la pollution lumineuse faisant radicalement barrage.

Il est vrai que la Lune et les planètes font exception.
Leur forte luminosité s’en accommode très bien et de plus, la pollution atmosphérique d’une grande ville comme Paris réduit les écarts de températures entre jour et nuit, ce qui a pour effet de réduire la turbulence atmosphérique.

Il suffit donc de s’équiper d’une bonne lunette astronomique (1) avec un rapport F/D supérieur à 8 et un diamètre minimum de 80mm (2)  pour profiter des objets les plus brillants de notre système solaire avec les plus forts grossissements (3) même en pleine ville.

(1) nettement préférable au télescope de par l‘absence d‘obturation centrale.
(2) bien garder à l’esprit que l’achromatisme de la lunette est de bonne qualité quand F/D > D en cm
(3) jusqu’à 1.5*D


Egalement, un télescope type Maksutov est idéalement dédié à l'observation planétaire car conçu avec des rapports F/D > 12 pour un prix comparable à une lunette de même diamètre.

En revanche pour les objets du ciel profond (amas, nébuleuses, galaxies, comètes), s’éloigner de la capitale s’avère nécessaire et le choix d’un autre type d’instrument également.
Les caractéristiques de la lunette astronomique conseillée ci avant pour l’observation planétaire n’offrent pas la meilleure luminosité possible pour les objets faiblement lumineux car un rapport F/D inférieur à 6.5 est indispensable (4).

(4) Pour atteindre le grossissement minimum G=D/6 le plus lumineux d’un instrument, il faut pouvoir avoir G=F/f = D/6 soit F/D = f /6 où f est la focale de l’oculaire et 6 l‘ouverture de la pupille de l‘œil en mm.
Comme les oculaires du marché ont des focales d’au plus 40 mm, le rapport F/D doit être inférieur à 6.5.

Le diamètre doit être le plus grand possible dans la limite de la transportabilité en voiture.
Alors si tout comme moi l’on attache d’abord de l’importance au plaisir de chercher par soi même les objets en étudiant précisément le ciel, et que l’on préfère la contemplation directe à la recherche de performances en astrophotographie, le télescope Dobson démontable est l’outil idéal avec un rapport surface / prix imbattable (5).

(5) 1,3 euro/cm2 pour un dobson de grand diamètre contre 2,5 euros /cm2 pour un télescope Newton standard et 5 euros /cm2 pour une lunette ou un télescope Maksutov.

Je me suis équipé d’un Dobson de diamètre 305mm et de focale 1524mm (D=F/5).
Il n’y a donc pas de monture équatoriale à régler, pas de système de pointage automatique, pas de motorisation : tout est manuel.
Seul un viseur laser point rouge d’intensité variable est fourni pour aider au pointage.

L’unique inconvénient est la nécessité de vérifier la collimation (alignement des miroirs primaire et secondaire) avant chaque utilisation.

                                                                        Dobson pointant vers Vénus

Mais si l’on se limite aux objets diffus du ciel noir, seul le plus faible grossissement est utile (50 X avec un 305mm) et par conséquent la qualité d’image ne nécessite pas un réglage de haute précision.

Reste à déterminer le lieu d’observation.
Les cartes de pollutions lumineuses montrent que le Perche est une des régions les plus proches de Paris avec d’excellentes conditions de vues.

Pollution lumineuse en région parisienne (bleu : ciel très bon, blanc/rose : ciel exécrable) et identification (en bas à gauche) d'une zone disposant d'un ciel de bonne qualité.

Pollution lumineuse en région parisienne (bleu : ciel très bon, blanc/rose : ciel exécrable) et identification (en bas à gauche) d'une zone disposant d'un ciel de bonne qualité.

En route donc pour l’Orne, direction Longny-au-Perche. Après 150 km et 1h45mm de route depuis Paris, une petite route de forêt aboutit au Lieu dit « Le vieux village » près de La Lande-sur-Eure.

L’horizon est dégagé dans toutes les directions et il aisé d‘installer le matériel à proximité de cet axe peu fréquenté (environ 5 véhicules/heure).

Localisation du site d'observation près de La Lande sur Eure

Localisation du site d'observation près de La Lande sur Eure

Samedi 27 décembre à 16H00 TU (17H00) le soleil se couche, Vénus resplendit dans une atmosphère sèche et froide (-2°C), puis la nuit noire tombe vers 18H00 TU (19H00) (6).

(6) si l'on définit la nuit noire comme la période où le soleil est à plus de 16° en dessous de l'horizon et que l'on évalue sa durée selon les saisons, cela donne :
Le 20 décembre : début 1h50mm après le coucher du soleil pour une durée de 12h20
Le 20 mars et 20 septembre : début 1h40 après le coucher du soleil pour une durée de 8h40
Le 20 juin : début 3h00 après le coucher du soleil pour une durée de 2h00


La voie lactée est bien visible, les Pléiades flashent, et au foyer du télescope l‘ensemble est comme une parure brillante et glacée dont l‘intensité n’est pas restituable en photographie.
C’est l’occasion de tester d’autres objets aisément reconnaissables à l‘œil nu comme la galaxie d’Andromède M31 ou l’amas ouvert NGC 7686.

Il n’est pas possible d’aller plus loin car j’ai sous estimé l’équipement nécessaire pour résister au froid notamment au niveau des pieds, mais la mission qui consistait à repérer un site facile d’accès pour les amateurs d’astronomie de la région parisienne est remplie.

Voir les commentaires

Rédigé par David

Publié dans #Astres

Publié le 1 Janvier 2009

2009 est désignée Année Mondiale de l’Astronomie par les Nations Unies, 400 ans après les premières observations du ciel par l’Italien Galilée avec des lunettes rudimentaires.
Les manifestations des astronomes amateurs vont être nombreuses à cette occasion mais il est intéressant de revenir sur l’un des symboles de l’année 1609.

Lorsque les découvertes de Galileo Galilei, dit Galilée, paraissent en 1610 dans Sidereus nuncius « Le Messager Céleste», et sont complétées quelques mois après par d’autres observations, les hypothèses de Copernic sur l’Héliocentrisme sont renforcées (l‘apparence des phases de Vénus fournissent une preuve indiscutable).

Cependant, le premier savant moderne va se retrouver dans l’impossibilité de publier les résultats de ses recherches suite aux persécutions de l’Église Catholique et de sa Sainte Inquisition.
Sa condamnation en 1633 l’oblige à abjurer.

C’est donc aux Pays-Bas, Terre Protestante, que les travaux seront publiés et exploités.

Si la religion avait été la même sur tout le continent, les travaux auraient été totalement interrompus comme le rappelle l‘historien Tzvetan Todorov dans son dernier essai « La peur des barbares ».

La force de l’Europe, malgré ses antagonismes, réside donc dans sa pluralité garante d’une certaine liberté de pensée.

D’ailleurs, la première lunette construite par Galilée en 1609 fût une copie de celle proposée par un marchand hollandais d’origine allemande, Hans Lippershey.

1609 est ainsi bien un emblème des bénéfices de la pluralité et de l’ouverture aux influences extérieures.

Il est également fascinant de relever à quel point l’astronomie et la musique sont liées.

Dans « La République » , Platon, convaincu de la concordance entre l’âme humaine et l’âme de l’univers, affirme « Il semble, répondis-je, que comme les yeux ont été formés pour l'astronomie, les oreilles l'ont été pour le mouvement harmonique, et que ces sciences sont sœurs, comme l'affirment les Pythagoriciens, et comme nous, Glaucon, nous l'admettons, n'est-ce pas ? ».

 

Et plus étrangement, Vincenzo Galilei, publia à Florence en 1581 « Dialogo della musica antica e della moderne ».
Il y attaque notamment les théories sur la tonalité élaborées par son maître Gioseffo Zarlino.
Il fût membre de la « Camerata Florentina », groupe d’étude qui sera à l’origine de la création de l‘Opéra Italien.

Ses études sur l’harmonie de la musique révisent les théories musicales connues depuis l’antiquité (relations entre la tension d’une corde et ses fréquences de vibrations), et seront suivies d’expérimentations en 1588 auxquelles aurait pu assister son fils Galilée âgé de 22 ans.

Formé aux mathématiques, le futur savant aura donc hérité de son père musicien le goût pour la confrontation des théories à la réalité, esprit qui sera décisif quand à partir de 45 ans il tournera sa première longue vue vers le ciel.

Très curieusement, les théories musicales de Vincenzo et les théories astronomiques de Galileo vont se construire par rapport à celles d’un Philosophe grec, Aristote, mais de manière très différentes.

Ce sont les affirmations d’Aristote sur le chant comme principal vecteur d’imitation dans la Tragédie (La Poétique : « J'entends par "langage rendu agréable" celui qui réunit le rythme, l'harmonie et le chant »« En cinquième lieu vient la mélopée, partie la plus importante au point de vue du plaisir à produire ») qui orientèrent les musiciens de la Camerata Florentina vers la conception d’un art chanté.

En revanche, Galilée détruisit les théories d’Aristote sur les révolutions célestes (De Caelo et Mundo) qui impliquaient que tous les objets célestes gravitaient autour de la Terre, le centre du Monde.

L’Astronomie moderne et l’Opéra Italien se sont donc bien développés au même moment par une reprise des théories de l’Antiquité grecque notamment par la famille Galilei.

Une véritable démonstration de ce qu’est l’ouverture d’esprit : une remise en question des croyances à la lumière des preuves.

Voir les commentaires

Rédigé par David

Publié dans #Astres

Publié le 28 Décembre 2008

Jeudi 01 janvier 2009 sur France 2 à 01H20
Aida (Verdi) Monumental Opera on Fire

Orchestre Philharmonique de Lvov, dirigé par Walter Haupt
Avec Iordanka Derilova

Jeudi 01 janvier 2009 sur TF1 à 02H30
Charles Aznavour et ses amis

Enregistré à l’Opéra Garnier le 17 février 2007
Par l’Orchestre Philharmonique d’Erevan

Jeudi 01 janvier 2009 sur France 2 à 11H15
Concert du Nouvel An à Vienne

En direct du Musikverein.
Philharmonique de Vienne dirigé par Daniel Barenboim

Jeudi 01 janvier 2009 sur Arte à 19H00
Concert du Nouvel An à Venise

Orchestre de la Fenice dirigé par Georges Prêtre

Lundi 05 janvier 2009 sur TF1 à 01H35
Le songe d’une nuit d’été (Britten)

Barcelone 2005. Mise en scène Robert Carsen.
Avec David Daniel, Ofélia Sala

Lundi 05 janvier 2009 sur Arte à 22H45
Clari (Halevy)

Avec Cecilia Bartoli (Zurich 2008)

Samedi 10 janvier 2009 sur Arte à 19H00
La Rondine (Puccini)

En direct du Metropolitan Opera
Avec Angela Gheorghiu, Roberto Alagna, Samuel Ramey
Direction Marco Armiliato

Lundi 12 janvier 2009 sur Arte à 22H30
Eugène Onéguine (Tchaikovski)

Enregistré à l’Opéra Garnier le 10 septembre 2008
Mise en scène Dmitri Tcherniakov
Solistes, Orchestre et chœurs du Théâtre du Bolchoï. Direction Alexander Vedernikov.
 
Dimanche 18 janvier 2009 sur Arte à 19H00
Les envolées de l´orgue avec Iveta Apkalna

Lundi 19 janvier 2009 sur Arte à 22H30
Musica : Paris, Berlin, Vienne
L'Europe de l'Opérette (1)


Mardi 20 janvier 2009 sur France2 à 00H55
Rolando Villazon chante Monteverdi
Festival de Saint Denis


Dimanche 25 janvier 2009 sur Arte à 19H00
Andreas Schiff joue Mozart au Teatro Olimpico (Vicence, Italie. 2008)

Lundi 26 janvier 2009 sur Arte à 22H30
Musica : Paris, Berlin, Vienne
L'Europe de l'Opérette (2)

 

Voir les commentaires

Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 25 Décembre 2008

La Camerata Florentina

1569     Stimulés par l’état déplorable de la musique de leur temps, des poètes, musiciens et intellectuels créent l’Accademia delgli Alterati à Florence.

1576    Un groupe de l’Accademia (nommée la Camerata Florentina) se réunit pour étudier si les grandes tragédies grecques étaient écrites pour être chantées.

1591    Vincenzo Galilei, membre de la Camerata Florentine, décède après avoir formulé le premier un nouveau style musical : sur une simple ligne, le chanteur déclame son texte.
Son fils, Galileo, deviendra un des grands astronomes du XVIIième siècle. 
A partir de 1609, ce dernier va rendre compte des premières observations du ciel grâce à la lunette astronomique.

1598    Dafne, le premier opéra écrit sur un livret de Ottavio Rinuccini, est donné dans la demeure de Corsi (marchand et musicien qui accueillait la Camerata).

1600    Marie de Médicis épouse Henri IV. A cette occasion, Ottavio Rinuccini écrit « Euridice » pour lequel Peri et Caccini composent la musique.
Le Duc de Mantoue, Vincenzo Gonzaga, y assiste probablement accompagné par l’un de ses musiciens de cour : Claudio Monteverdi.

1600    Venise est excommuniée par l’Église romaine pour avoir banni les Jésuites.

1607    En février, Claudio Monteverdi crée « L’Orfeo » à Mantoue avec 38 instruments, chœurs, corps de ballet et 11 chanteurs.

1608    Monteverdi crée « Arianna » pour les noces du fils du duc. Le succès est plus grand mais seul le « Lamento d’Ariane » a survécu.

1613    Monteverdi est nommé maître de Chapelle à Saint Marc de Venise.

Le Drama per Musica se répand en Italie

1623    Rome : Urbain VIII (famille Barberini) monte sur le trône pontifical.

1624    Monteverdi compose « Le combat de Tancrède et de Clorinde », unique madrigal du musicien dont la partition a été conservée jusqu’à nos jours.

1625    Florence : Pour la visite du Roi de Pologne, la cité monte un Opéra Ballet « La liberazione di Ruggiero dall’ Isola d’Alcina » par Francesca Caccini.

1632    Rome : Inauguration de la Grande Salle du palais Barberini avec « Il Sant’ Alessi » de Landi, introduisant des personnages comiques pour détendre l’atmosphère.
Le librettiste, Giulio Rospigliosi, deviendra le Pape Clément IX en 1667.

1637    Venise : Avec le succès croissant du carnaval et un solide esprit mercantile, des familles investissent dans l’Opéra.
La famille Tron afferme le Théâtre San Cassino à deux musiciens, Ferrari et Manelli, qui y organisent une saison d’Opéras.
Le succès est éclatant.
Entre 1640 et 1680, 385 opéras seront donnés dans 16 à 17 théâtres paroissiaux.

1641    Bologne : « Le Retour d’Ulysse dans sa patrie » de Monteverdi est donné en même temps qu’à Venise.

1641    Venise : « La finta Pazza » de Sacreti devient l’un des opéras les plus populaires de Venise et est précurseur de l’Opéra Buffa de Naples.

1642    Rome : Création de « Il Palazzo incantation » sur une musique de Luigi Rossi et un livret de Rospigliosi.
Dans la capitale pontificale, l’opéra est une affaire d’homme, les rôles féminins étaient donc chantés par des castrats.

1643    En novembre, Claudio Monterverdi meurt après avoir créé pour le carnaval de Venise  « Le couronnement de Poppée », le dernier de sa série de trois opéras composés depuis 1640 ( le livret des « Noces d’Enée et de Lavinie » est malheureusement perdu).

1650    Naples : « Didone » de Pier Francesco Cavalli est représenté.

1668    Rome : Cavalli devient maître de Chapelle à l’église du doge.

1669    Mort de Pietro Antonio Cesti qui fût l’un des premiers ambassadeurs de l’Opéra par sa nomination comme maître de chapelle de l’Archiduc Ferdinand d’Autriche.

Les Opéras Vénitiens et Seria se propagent hors d’Italie

Au fur et à mesure, les chanteurs prennent une importance croissante et le rôle des récitatifs diminue.
Le scénographe le plus célèbre, Giacomo Torelli, imagine des dispositifs sophistiqués, grandioses et frappants.
L’Opéra Vénitien devient donc une forme d’art et s’implante à travers l’Europe, notamment en Allemagne, en Autriche et surtout en France.

Les artistes cherchèrent à faire de l’Opéra une expérience du merveilleux, tout le contraire des inventeurs qui étaient partis d’une forme d’art austère et classique.

Les grands castrats vont devenir les chanteurs les plus accomplis de tous les temps.

1713    Fin de la Guerre de Succession d'Espagne due à l'alliance dynastique de la France et de l'Espagne. La branche autrichienne des Habsbourg s'installe en Lombardie et en Toscane. L'Autriche remplace l'Espagne comme puissance hégémonique en Italie.

1722    Rome : Farinelli cloue sur place la salle lors d’un duel musical avec un des trompettistes.

L’ Empereur d’Allemagne Charles VI lui recommande de privilégier l’émotion, conseil qui vaut à l’artiste l’attachement de Philippe V d’Espagne.

1725    Scarlatti meurt à Madrid en ayant laissé 115 opéras remplis d’allusions pastorales évocatrices du rapprochement de l’homme et de la nature.
Il raffina à Naples les principaux éléments musicaux de l’Opéra Seria.
L’Aria « Da Capo », bien que de formule rigide, laissa toute liberté aux chanteurs pour y ajouter leurs ornementations.

1729    Metastase, ami d’enfance de Farinelli, devient le poète de la cour impériale de Charles VI.
Il fait sa carrière presque totalement à Vienne.
Hasse, Mozart, Gluck, Haendel, et même Meyerbeer avant de s’installer à Paris, utiliseront ses vers toujours très élégants.

L’Opera Buffa agite Naples

En réaction à l’Opéra Seria surchargé de sentiments artificiels et conformistes, l’Opera Buffa se développe à Naples.
Les personnages deviennent des protagonistes inspirés de la réalité.

1733    Pergolèse écrit le plus populaire de ses opéras : La Serva Padrona.
Il meurt à l’âge de 26 ans en laissant des œuvres aussi bien comiques que religieuses (le Stabat Mater).

Porpora, qui avait enseigné le chant à Farinelli, fonde une compagnie à Londres dans les années 30 pour concurrencer Haendel et dans les années 50 s’installe à Vienne où il compte Haydn parmi ses élèves.

Jommelli, Piccinni, Paisiello, Spontini seront les successeurs de cette école napolitaine.
Il y a une raison politique au succès de Naples : position stratégique en Méditerranée, elle fût choyée par ses occupants.

1734    La Guerre de Succession de Pologne fait rage. Après la défaite de Bitonto, les Autrichiens cèdent le Royaume de Naples aux Bourbon d'Espagne.

1737    Naples : Les Bourbons dépensent des sommes folles et construisent le Teatro San Carlo.

1741    Mort à Vienne de Vivaldi, qui laissera 45 opéras dont seul « l’Orlando Furioso » (1727) est joué régulièrement aujourd’hui.

1750    Venise : Il Mondo della Luna (Goldoni et Galuppi) marque une innovation majeure : le « Finale » dans lequel plusieurs intrigues se mêlent. Mozart et Rossini s’en inspireront.

1759    Farinelli se retire en Italie, immensément riche.

Pour aller plus loin, revenir à la rubrique Histoire de l'Opéra

Voir les commentaires

Publié le 19 Décembre 2008

Genèse de l’œuvre

Le jour de la création de Simon Boccanegra, Verdi reçoit les envoyés du maire de Rimini pour signer l’engagement de monter au mois d’août 1857 la version remaniée de Stiffelio.

Malgré les vers modifiés par Piave, le troisième acte divisé en deux, l’action transposée au XIIIième siècle, la musique d’Aroldo reste pour une bonne partie celle de Stiffelio.

Par contre, le prêtre est devenu un guerrier, d’une façon toute byronienne, créant quelques invraisemblances comme la citation des paroles de l’évangile.

Le soir du 16 août 1857, l’opéra laisse l’auditoire de Rimini froid.
Cela n’empêche pas les habitants de la ville d’organiser un grand dîner en l’honneur de Verdi, que ce dernier va réussir pourtant à éviter.

Mais l’amour propre des habitants est satisfait : la gloire la plus étincelante de l’art musical italien a dignement inauguré  le théâtre de Rimini.

Aroldo

En 1187, la prise de Jérusalem par Saladin fournit le prétexte à Grégoire VIII pour déclencher la troisième croisade.

Le roi d’Angleterre, Richard Cœur de Lion, se distingue en battant les musulmans à Arsouf, mais ne peut prendre Jérusalem.
Après la signature d’un traité avec Saladin, Richard rentre en terre anglo-saxonne dès octobre 1192

La trame de l’ouvrage de Verdi se situe en Angleterre en 1200, au château du Comte Egberto.
Sa fille, Mina, est mariée à Aroldo, seigneur du château de Kent, de retour de croisade avec Briano l’ermite qui lui a sauvé la vie.
Certains faits rapportés au guerrier, mis en rapport avec la disparition de la bague de sa femme, l’amènent à soupçonner qu’elle le trompe.
Seul Egberto a compris que c’est avec Godvino.  Il signifie à Mina de ne rien dire à Aroldo, de peur que cela ne le tue.

Il est même décidé à se débarrasser lui-même de l’amant, tandis que celui-ci souhaite partir avec celle qu’il aime.
Aroldo apprend la vérité lors du duel entre Egberto et Godvino, qu’il arrive à interrompre.
Malgré tout, il propose à Mina de divorcer, ce qu’elle refuse, jusqu’à ce que son père apparaisse souillé par le sang de Godvino.

Quelques temps plus tard, dans une vallée écossaise, Aroldo rejoint Briano dans son ermitage. Mina et Egberto y arrivent eux aussi.
Le récit de leurs souffrances après l’exil d’Angleterre convainc enfin Aroldo d’accorder son pardon.

La suite Un Bal Masqué

L'ouvrage précédent Simon Boccanegra

Voir les commentaires

Rédigé par David

Publié dans #Verdi

Publié le 13 Décembre 2008

Vladimir Jurowski et le London Philharmonic Orchestra
Concert du 12 décembre 2008 au Théâtre des Champs Elysées

Brahms : Concerto pour piano et orchestre n° 2 en si bémol majeur op. 83
Tchaïkovski : Symphonie n° 6 en si mineur op. 74 « Pathétique »

Vladimir Jurowski, direction
Nicholas Angelich, piano

Il arrive qu’un concert déconcerte et finalement déçoive, la « Romantique » de Bruckner menée triomphalement par Mariss Jansons, comme s’il dirigeait une machine de guerre, en est un récent exemple.

Et parfois la rencontre avec un moment d’unité se produit, sans trop saisir si cela provient autant de l’état d’esprit que du style interprétatif.
Cela se caractérise ici par les images mentales qui se forment sur les élans sensuels de l’orchestre dès le premier mouvement du concerto, le piano ferme de Nicholas Angelich créant une opposition presque terre à terre.
Passé les exacerbations de l’allegro, le toucher du clavier s’allie aux effleurements du violoncelle et à l’ampleur des ondoyances des cordes pour sublimer ce moment contemplatif en sensations lascives.

Dans la même veine, mais cette fois avec les reflets métalliques des cuivres qui s‘immiscent sans saturer la formation, on imagine dans l’ultime symphonie de Tchaïkovski un cœur noir qui éclate, une fureur qui s’extériorise à outrance.
A l’opposé, l’allegro vivace revient à un maniérisme presque maniaque et joueur, le regard ne décrochant pas des mains de Vladimir Jurowski.

De quoi sortir du théâtre pensif et complétement sonné.

Voir les commentaires

Publié le 10 Décembre 2008

Joyce DiDonato et les Talens Lyriques (Christophe Rousset)
Concert du 09 décembre 2008 (Salle Pleyel)

Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Teseo - "Dolce riposo" - "Ira, sdegni, e furore" – "O stringero nel sen" – "Moriro, ma vendicata"
Imeneo – "Ouverture" – "Sorge nell'alma mia'
Il Pastor Fido – "Chaconne"
Serse – "Crude furie"
Ariodante – "Scherza infida"
Rodrigo – "Vincer se stesso e la maggior vittoria"
Hercules – "Ouverture" – "Cease, ruler of the day" – "Where shall i fly?"

Direction Christophe Rousset

Il faut avouer que l’investissement scénique de Joyce DiDonato éclipse parfois l’attention qu’il faudrait apporter à sa technique et aux qualités propres à sa voix.

Ce récital est donc l’occasion d’y remédier.
Tout d’abord, la jeune femme est splendidement féminine. La remarque peut faire sourire mais nous sommes habitués à l’entendre dans des rôles masculins (Idamante, Roméo).

Passé l’effet de surprise, de ce récital purement Haendel vont se dégager trois temps :
il y a ces grands moments effervescents où les trilles se succèdent certes avec facilité, mais sur des reflets peu colorés notamment dus à une tessiture grave un peu trop légère.

Dans les passages de fureurs, le timbre se ponctue de stridences, s‘enlaidit, ce qui accentue le contraste avec la beauté physique de la chanteuse tout en lui donnant une dimension encore plus étrange.

Joyce DiDonato

Joyce DiDonato

Alors qu’au contraire dans les airs où le temps s’arrête, c’est un déploiement vocal d’une projection superbe dans cette salle aussi froide, des aigus aériens d’une souplesse facile qui rendent par exemple l’air d’Ariodante sans doute moins subtilement fouillé et rageur que ne le faisait Anne Sophie von Otter à Garnier, mais augmenté d’une candeur qui lui sied bien plus.

Très à l’aise sur scène et généreuse lorsqu’il s’agit d’offrir son énergie, Joyce DiDonato surprend aussi par ce petit côté inclassable entre mezzo et soprano et par l’originalité qui consiste à posséder à la fois un vrai don théâtral et des atouts pour le bel canto.

En bis « Ombra mai fu" (Serse) et "Dopo notte" (Ariodante) concluent une soirée « intense », comme elle le dira elle même, mais quand on y repense Christophe Rousset et les Talens Lyriques auront paru bien sages.

Voir les commentaires

Publié le 30 Novembre 2008

Lundi 01 décembre 2008 sur TF1 à 02H50
Le Trouvère (Verdi)

Festival de Bregenz 2006. Avec Zeljko Lucic, Iano Tamar, Marianne Cornetti, Carl Tanner, Giovanni Batista Parodi, Orchestre Symphonique de Vienne, Thomas Rösner (direction), Robert Carsen (mise en scène), Paul Steinberg (décor)

Mardi 02 décembre 2008 sur France 2 à 01H25
Orlando Furioso

Jean-Christophe Spinosi joue les opéras de Vivaldi

Dimanche 07 décembre 2008 sur France 3 à 01H35
Elektra (Strauss)

Enregistré à l’Opéra Bastille en 2005 avec Deborah Polaski, Felicity Palmer, Eva-Maria Westbroek direction Christoph von Dohnanyi

Dimanche 07 décembre 2008 sur Arte à 19H00
Don Carlo (Verdi)

En direct de la Scala de Milan avec Furlanetto, Filianoti, Jenis, Kotscherga, Cedolins, Zajick, direction Daniele Gatti.

Lundi 08 décembre 2008 sur TF1 à 02H40
Le songe d'une nuit d'été (Britten)

Grand Théâtre du Liceu à Barcelone 2005 avec David Daniels, Ofélia Sala direction H. Bicket

Dimanche 14 décembre 2008 sur Arte à 19H00
Centenaire Olivier Messiaen

Turangâlila-Symphonie, direction Myung-Whun Chung
Concert enregistré le 3 octobre 2008 Salle Pleyel

Lundi 15 décembre 2008 sur TF1 à 02H40
Manon (Massenet)

Avec Anna Netrebko, Rolando Villazon, Christof Fischesser, Alfredo Daza, Rémy Corraza, Arttu Kataja. Direction Daniel Barenboim
Enregistré au Staatsoper Unter den Linden en 2007
 
Lundi 15 décembre 2008 sur Arte à 22H45
La liturgie de Cristal, portrait d'Olivier Messiaen

Réalisation : Olivier Mille

Vendredi 19 décembre 2008 sur France 3 à 23H25
L´heure de... Rudolf Noureev

15ème anniversaire de la mort du danseur et maître de danse à l'Opéra de Paris,

Dimanche 21 décembre 2008 sur Arte à 19H00
Récital de Juan Diego Florez:

Bel Canto Spectacular (Baden Baden, novembre 2008)
Lundi 22 décembre 2008 sur Arte à 22H45
Cecilia Bartoli évoque Malibran

Documentaire

Mardi 23 décembre 2008 sur France 2 à 01H25
L'Etoile (Chabrier)

Sir JE Gardiner / J. Deschamps et M. Makeïeff, production de l'Opéra-Comique 2007

Mercredi 24 décembre 2008 sur Arte à 19H00
Soirée de Noël Christmas in Vienna 2008

Concert de gala traditionnel avec Elina Garanca, Genia Kühmeier,Juan Diego Florez, Paul Armin Edelman, José Cura, Eteri Lamoris.
    

Jeudi 25 décembre 2008 sur France 3 à 15H00 (durée 1h15)
Raymonda

Ballet de l'Opéra National de Paris


Jeudi 25 décembre 2008 sur Arte à 19H00
Cecilia Bartoli

Récital de Barcelone


Jeudi 25 décembre 2008 sur France 2 à 22H35
Musique au coeur cinq étoiles (Eve Ruggieri)

Avec Natalie Dessay, Philippe Jarrousky, Véronique Gens, Jean Christophe Spinosi
 

Vendredi 26 décembre 2008 sur Arte à 00H35
Messe en si mineur (Bach)

Avec Joyce DiDonato, Ruth Ziesak


Samedi 27 décembre 2008 sur Arte à 19H00
Noël à Amsterdam 2008

Concert de l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam. Direction Mariss Jansons avec Elina Garanca, mezzo soprano. Enregistré le 25 décembre 2008

Dimanche 28 décembre 2008 sur Arte à 19H00
Rossini: La petite messe solennelle, 1866.

Avec Alexandrini Pendatchanska, Carmen Oprisanu, Sefano Secco, Mirco Palazzi.
Riccardo Chailly, direction. Concert enregistré à Leipzig les 6 et 7 novembre 2008.
 
Mardi 30 décembre 2008 sur France 2 à 00H55 (AC)
La Traviata (Verdi)

S. Cambreling / C. Marthaler, production de l'Opéra National de Paris

Mercredi 31 décembre 2008 sur Arte à 19H00
Reveillon en direct de l'Opéra Bastille

Un programme de fête mêlant danse et musique avec L’oiseau de feu de Stravinsky et Le boléro de Ravel chorégraphiés par Béjart, La danse slave de Dvorak...
 
Mercredi 31 décembre 2008 sur Arte à 21H00
Tosca (Puccini)

Direction Z. Mehta, film tourné en décors naturels à Rome, 1992

Mercredi 31 décembre 2008 sur Arte à 22H50
Concert de la Saint Sylvestre en direct de Säo Paulo

Direction musicale : John Neschling
Avec : Coro da Osesp, Banda Mantiqueira, Mônica Salmaso (2008, 1h30mn). Présenté par Gustav Hofer
Un programme de fête sur des musiques brésiliennes et latino-américaines d’Heitor Villa-Lobos, João Bosco, Astor Piazzolla, etc. 

Voir les commentaires

Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 29 Novembre 2008

Fidelio (Ludwig van Beethoven)
Représentation du 28 novembre 2008 (Garnier)


Direction musicale Sylvain Cambreling
Mise en scène Johan Simons
Dialogues de Martin Mosebach

Don Fernando Paul Gay
Don Pizarro Alan Held
Florestan Jonas Kaufmann
Leonore Angela Denoke
Rocco Franz-Josef Selig
Marzelline Julia Kleiter
Jaquino Ales Briscein

L’article sur la Présentation de Fidelio est une introduction à ce spectacle.

On ne pouvait pas trouver opéra plus proche de notre actualité que celui là, que ce soit à propos du problème de surpopulation carcérale en France et des conditions de détentions amenant certains prisonniers au suicide, ou bien encore plus inquiétant, la manière dont la grande démocratie américaine autorise la torture (bien entendu hors de son territoire) à Guantanamo ou Abu Ghraid, en totale contradiction avec les principes fondamentaux de la déclaration universelle des droits de l’homme.

Nous savons également que beaucoup de citoyens préfèrent fermer les yeux sur ces sujets, et élire des hommes politiques d’abord sur leur capacité à améliorer leur petit confort quotidien, même si ce dernier est déjà largement supérieur à celui des 9 dixièmes de la population mondiale.

Angela Denoke (Fidelio)

Angela Denoke (Fidelio)

Pour ce Fidelio, Sylvain Cambreling a donc rétabli la structure de Leonore (air, duo, trio, quatuor), ce qui laisse plus de temps et de cohérence à la construction des liens entre Jaquino, Marzelline, Rocco et Fidelio.

Le texte de Martin Mosebach marque une première idée sous-jacente : « la prison est pour nous atelier, bureau et machine ». La prison est dans la quotidienneté et le spectateur est ici pris à partie.

Les chanteurs évoluent dans un espace restreint (le poste de surveillance ressemble à une cage) sans lumière naturelle, et scéniquement Johan Simons insiste sur leur mal-être, leurs gestes conditionnés, commandés ou bien limités par leur univers.

Bien que Julia Kleiter et Ales Briscein tiennent des personnage simples, leur interprétation est sans reproche.

L’arrivée de Don Pizarro est portée par un Alan Held féroce, avec une voix « coup de poing » qui concoure à faire du gouverneur un homme en rapport violent avec l’autre comme preuve de sa liberté conquise.

La convergence scénique, vocale et orchestrale dans son air implacable est une réussite indiscutable.

Jonas Kaufmann (Florestan)

Jonas Kaufmann (Florestan)

Petit à petit, la scène se retrouve rayée de toute part par les ombres des barreaux de la prison, jusqu’à l’ouverture sur la cour des prisonniers, illuminée par une lumière naturelle devenue leur seul espoir.

Dans tout ce premier acte, Sylvain Cambreling donne une épaisseur à la musique et une expressivité théâtrale sans relâche assez inattendue car l’on imagine mal en 1H30 qu’il n’y ait quelques passages qui traînent (critique qui avait été faite à Beethoven).
Ce n’est pas le cas ici et il faut en être reconnaissant au chef.

Angela Denoke est d’ailleurs une Leonore émouvante rien que par son regard (et l‘on fait grâce à Simons d‘avoir aussi bien magnifié son humanité), et dans son timbre se mélangent froideur et profondeur psychologique.

Elle ne cède qu’à quelques aigus qui pourraient être plus puissants et lancés plus sèchement.

Alors naturellement, l’ouverture du IIème acte saisit la salle entière, car Cambreling accroit la tension à partir d'une atmosphère déja bien préparée au Ier acte.

Il est impossible de ne pas penser que la capacité de la peinture musicale à décrire le milieu dans lequel est détenu Florestan, ainsi que sa détérioration intérieure, donne à Beethoven un demi siècle d’avance (Verdi et Wagner n’étaient âgés que d'un an en 1814!).

Sous une lampe éblouissante, le prisonnier politique est ici livré à des spasmes où l’on pressent que le passage à l’état animal est proche.

Jonas Kaufmann souffle un « Gott! », non pas hurlé, mais piano pour ensuite l’enfler progressivement et le projeter dans un temps hors du commun.

 

Jonas Kaufmann (Florestan)

Désolé pour les fans de son physique, il est ici aveugle, les yeux bandés, et il faudra attendre la fin pour voir son visage.

Sa voix puissante, au médium riche, et sa passion visible du théâtre dessinent un homme déchiré qu’il faut absolument avoir vu. Le jeu, fouillé et subtile, évite toute dérive vers l’exposition de bête de foire.

Franz-Josef Selig est un Rocco très intéressant par les ambiguïtés de l’humanité que suggère son timbre, passant du grave large à la douceur de la voix de tête. Parfois celle ci perd ses couleurs mais cela ne gêne pas outre mesure. Il représente ici l’homme désireux d’améliorer son quotidien quitte à devenir l’instrument de l’oppresseur.

Le texte de Mosebach devient dans cette partie une dénonciation de la logique du pouvoir, pour lequel compte d'abord le fonctionnement de son système au mépris de la vie humaine.

Simons n'épargne aucun détail pour susciter l'effroi jusqu'aux craquements du plancher, seule musique sur laquelle Pizarro élabore son plan d'extermination.

Angela Denoke (Fidelio) et Jonas Kaufmann (Florestan)

Angela Denoke (Fidelio) et Jonas Kaufmann (Florestan)

Alors quand arrive le Ministre, Paul Gay paraît un peu terne, ce qui quelque part convient car son rôle de gouverneur n’en sort pas grandi quand il se tient droit face à la salle, consterné par la responsabilité qu’il a eu dans ce drame.

La scène finale est une exaltation de l’espérance, la montée du chœur s’accompagnant de manière plutôt attendue d’une lumière qui offre une vision magnifique sur tout le public de Garnier, mais une ombre reste sur les solistes, le gouverneur désemparé, et le couple uni dans la douleur.

La direction de Sylvain Cambreling, violente et à charge débridée, est sur ces dernières minutes excessive.

Il est rare de voir l'ensemble de l'orchestre applaudir autant les artistes d'autant plus que l'angoissant second acte incite à la retenue.

Voir les commentaires