Publié le 30 Septembre 2024

TV-Web Octobre 2024 Lyrique et Musique

Chaînes publiques

Mardi 01 octobre 2024 sur France 4 à 21h00
Hommage à Patrick Dupond - Opéra de Paris

Mardi 01 octobre 2024 sur France 4 à 22h30
Hammer (Ballet d'Alexander Ekman) - Göteborg

Dimanche 06 octobre 2024 sur France 3 à 00h15
Ravel : la grande soirée de ballets - Ballets de Monte-Carlo

Dimanche 06 octobre 2024 sur Arte à 18h10
Ludwig van Beethoven : "Symphonie n° 9" - Gewandhaus de Leipzig

Lundi 07 octobre 2024 sur Arte à 00h10
Arnold Schönberg - L’inlassable visionnaire

Lundi 07 octobre 2024 sur Arte à 01h40
Transfiguré - 12 vies de Schönberg

Mardi 08 octobre 2024 sur France 4 à 21h00
Concert de Schönbrunn

Mardi 08 octobre 2024 sur France 4 à 22h20
Requiem de Verdi - Chorégies d'Orange

Vendredi 11 octobre 2024 sur France 5 à 21h05
Roberto Alagna aux Folies Bergère, le concert anniversaire

Vendredi 11 octobre 2024 sur France 5 à 22h30
Oh la la, Alagna ! de la Sicile à Little Italy

Dimanche 13 octobre 2024 sur France 3 à 00h15
Roberto Alagna aux arènes de Nîmes

Dimanche 13 octobre 2024 sur France 5 à 14h30
Möbius Morphosis (Rachid Ouramdane et la Compagnie XY)

Dimanche 13 octobre 2024 sur Arte à 17h55
Christian Thielemann et Igor Levit - Avec la staatskapelle Berlin

Lundi 14 octobre 2024 sur Arte à 01h20
Simon Rattle dirige Schönberg

Dimanche 20 octobre 2024 sur Arte à 18h25
Musique entre deux mers - Le Festival de musique du Schleswig-Holstein 2024

Dimanche 20 octobre 2024 sur Arte à 23h00
Orphea in Love (avec la soprano Mirjam Mesak et le danseur Guido Badalamenti)
Musique Giacomo Puccini, Georg Friedrich Händel, Christian Steiffen

Lundi 21 octobre 2024 sur Arte à 00h50
Une nuit musicale - Boston Early Music Festival

Lundi 21 octobre 2024 sur Arte à 01h40
Une soirée vénitienne avec Anastasia Kobekina - Festival de musique du Schleswig-Holstein 2024

Samedi 26 octobre 2024 sur Arte à 01h40
Jakub Jozef Orlinski - Music for a while


A compléter ultérieurement

TV-Web Octobre 2024 Lyrique et Musique

Mezzo et Mezzo HD

Mardi 01 octobre 2024 sur Mezzo à 18h00
Bernard Haitink : Ça vient à moi - Portrait d'un chef d'orchestre

Mardi 01 octobre 2024 sur Mezzo à 23h35
Monteverdi : Le Couronnement de Poppée - Théâtre des Champs-Elysées

Mercredi 02 octobre 2024 sur Mezzo à 14h55
Rivalités musicales - Callas contre Tebaldi

Mercredi 02 octobre 2024 sur Mezzo à 15h45
Dietrich Fischer-Dieskau : Dernières paroles

Mercredi 02 octobre 2024 sur Mezzo à 20h30
Strauss : Elektra - Baden-Baden

Jeudi 03 octobre 2024 sur Mezzo à 16h10
Rivalités musicales - Schönberg contre Stravinsky

Vendredi 04 octobre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
William Christie dirige 'Titon et l'Aurore' de Mondonville à l'Opéra Comique

Vendredi 04 octobre 2024 sur Mezzo à 23h20
John Adams : Nixon in China - Opéra de Paris

Samedi 05 octobre 2024 sur Mezzo à 20h30
Strauss : Salome - Opéra national de Paris

Dimanche 06 octobre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Dvorák : Rusalka - Dutch National Opera

Lundi 07 octobre 2024 sur Mezzo HD à 19h30 (direct)
Respighi: La fiamma | Deutsche Oper Berlin

Lundi 07 octobre 2024 sur Mezzo à 20h30
Scott Ross – Traces d’une étoile filante 1951 – 1989

Mardi 08 octobre 2024 sur Mezzo à 18h00
Richard Strauss et ses héroïnes

Mardi 08 octobre 2024 sur Mezzo à 22h30
A Midsummer Night’s Dream de Britten à l'Opéra de Lille

Mercredi 09 octobre 2024 sur Mezzo à 20h30
La Petite Renarde rusée de Leoš Janácek à l'Opéra de Paris

Mercredi 09 octobre 2024 sur Mezzo à 22h10
Delibes : Lakmé - Jodie Devos

Vendredi 11 octobre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Monteverdi : l'Orféo - Opéra Comique de Paris

Vendredi 11 octobre 2024 sur Mezzo à 23h45
Enesco : Oedipe - Opéra national de Paris

Samedi 12 octobre 2024 sur Mezzo à 20h30
Le Chevalier à la rose de Richard Strauss

Dimanche 13 octobre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
William Christie dirige 'Titon et l'Aurore' de Mondonville à l'Opéra Comique

Mardi 15 octobre 2024 sur Mezzo à 23h30
Mitridate de Mozart au Staatsoper Berlin

Mercredi 16 octobre 2024 sur Mezzo à 20h30
Rameau : Hippolyte et Aricie - Simon Rattle

Vendredi 18 octobre 2024 sur Mezzo HD à 21h30
Beethoven: Fidelio - Dutch National Opera

Vendredi 18 octobre 2024 sur Mezzo à 22h45
'Daphne' de Strauss au Staatsoper de Berlin

Samedi 19 octobre 2024 sur Mezzo à 16h40
Paco de Lucía : Ombre et lumières

Samedi 19 octobre 2024 sur Mezzo à 20h30
'Adriana Lecouvreur' de Cilea à l'Opéra Royal de Wallonie Liège

Dimanche 20 octobre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Monteverdi : l'Orféo - Opéra Comique de Paris

Mardi 22 octobre 2024 sur Mezzo à 16h25
Rivalités musicales - Furtwängler contre Toscanini

Mardi 22 octobre 2024 sur Mezzo à 23h05
Strauss : Elektra - Baden-Baden

Mercredi 23 octobre 2024 sur Mezzo à 20h30
'La Femme sans ombre' de Strauss à Baden-Baden

Vendredi 25 octobre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Dvorák : Rusalka - Dutch National Opera

Vendredi 25 octobre 2024 sur Mezzo à 22h50
Strauss : Salome - Opéra national de Paris

Samedi 26 octobre 2024 sur Mezzo à 20h30
'Daphne' de Strauss au Staatsoper de Berlin

Samedi 26 octobre 2024 sur Mezzo à 22h15
Strauss : Elektra - Baden-Baden

Dimanche 27 octobre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Johann Strauss: La Chauve-Souris - Opéra de Lille

Lundi 28 octobre 2024 sur Mezzo à 20h30
Pierre Henry n'est pas mort

Mardi 29 octobre 2024 sur Mezzo à 14h20
Jascha Heifetz - Le violoniste de Dieu

Mardi 29 octobre 2024 sur Mezzo à 23h25
La Petite Renarde rusée de Leoš Janácek à l'Opéra de Paris

Mercredi 30 octobre 2024 sur Mezzo à 11h00
Les Juifs de Wagner

Mercredi 30 octobre 2024 sur Mezzo à 20h30
Franck : Hulda - Gergely Madaras, Orchestre Philharmonique Royal de Liège

TV-Web Octobre 2024 Lyrique et Musique

Web : Opéras en accès libre (cliquez sur les titres pour les liens directs avec les vidéos)

Sur Operavision, Culturebox, Arte Concert etc...

                            Accès illimité dans le temps

Placido Domingo, l'homme aux mille vies

La Traviata (Chorégies d'Orange 2016) avec Domingo, Jaho, Meli

Le Requiem de Verdi (Chorégies d'Orange)

Le Barbier de Séville (Chorégies d'Orange 2018) avec Peretyatko, Sempey, Hotea

Roberto Alagna - Ma vie est un opéra

Le Royaume des Deux-Siciles (Roberto Alagna)

Patrick Dupond, un danseur chez les étoiles

Michaël Denard, le « prince » de l'Opéra de Paris

Le Lac des Cygnes, l'Ambitieux projet de Tchaïkovski

Maria Callas - Il était une voix

Body and Soul (Opéra national de Paris)

Dans les coulisses de Casse-Noisette

Dans les coulisses de Roméo et Juliette

Dans les coulisses de La Fille mal gardée

Dans les coulisses de Don Quichotte

Accès Live à l'Opéra Bastille pour « Le Lac des Cygnes »

Accès live à l'Opéra Garnier dans les coulisses de « La Cenerentola »

 

                          Octobre 2024

Der Idiot (Festival de Salzburg 2024) jusqu'à une date indéterminée.

Intimate Portraits (Polish National Opera and Ballet) jusqu'au 01 octobre 2024

Sergiu Celibidache et les Berliner Philharmoniker jusqu'au 01 octobre 2024

Mirga Gražinytė-Tyla dirige la 6e de Bruckner (Radio France) jusqu'au 01 octobre 2024

Pietari Inkinen dirige Caplet, Ravel et Rimski-Korsakov - Avec Fatma Saïd jusqu'au 4 octobre 2024

Orlando Furioso (Teatro Comunale di Ferrara) jusqu'au 05 octobre 2024

Requiem de Mozart (Festival d'Ambronay) jusqu'au 06 octobre 2024

Viva Napoli! (Festival d'Ambronay) jusqu'au 07 octobre 2024

Les Chemins de Bach / Un Voyage à Lübeck (Chapelle royale de Versailles) jusqu'au 10 octobre 2024

Idomeneo (Grand Théâtre de Genève) jusqu'au 14 octobre 2024

Monteverdi et le Caravage (Galerie Borghèse de Rome) jusqu'au 14 octobre 2024

Concours Long-Thibaud 2023 (Université d'Assas) jusqu'au 16 octobre 2024

Britten - War Requiem (Château de Prague) jusqu'au 16 octobre 2024

Roberto Alagna : Sicilien jusqu'au 17 octobre 2024

Salomé (Irish National Opera) jusqu'au 19 octobre 2024

Eden (Joyce DiDonato à Olympie) jusqu'au 19 octobre 2024

Mirga Gražinytė-Tyla dirige Bruckner, Boulanger et Gražinis jusqu'au 25 octobre 2024

Ariane à Naxos (Garsington Opera) jusqu'au 26 octobre 2024

Les Chevaux de feu (Lviv National Opera) jusqu'au 29 octobre 2024

Rose Blanche (Opéra de Hambourg) jusqu'au 30 octobre 2024

                          Novembre 2024

Turandot (Scala de Milan) jusqu'au 03 novembre 2024

Don Giovanni (Opéra de Lille) jusqu'au 06 novembre 2024

Fidelio (Dutch National Opera & Ballet) jusqu'au 06 novembre 2024

On Danse Chez Vous : Mehdi Kerkouche (Chaillot) jusqu'au 08 novembre 2024

La Sonnambula (Teatro dell'opera di Roma) jusqu'au 10 novembre 2024

Roméo, Juliette, Thomas et les autres (Opéra national de Paris) jusqu'au 11 novembre 2024

Les Contes d'Hoffmann (Festival de Salzburg) jusqu'au 14 novembre 2024

Daniel Hope et la musique sud-africaine jusqu'au 16 novembre 2024

Marco Tutino : La ciociara (Wexford Festival Opera 2023) jusqu'au 18 novembre 2024

Pablo Heras-Casado dirige Schubert, Goldmark et Brahms jusqu'au 18 novembre 2024

Les Maîtres chanteurs de Nuremberg (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 18 novembre 2024

Le Ballet national de Vienne danse Gustav Mahler (Opéra de Vienne) jusqu'au 19 novembre 2024

La Ciociara (Wexford Festival Opera 2023) jusqu'au 19 novembre 2024

Gala d'opéra - Classic Open Air 2024 (Hanovre) jusqu'au 22 novembre 2024

Don Quichotte - Massenet (Opéra national de Paris) jusqu'au 23 novembre 2024

Strauss avec Asmik Grigorian et Gustavo Dudamel (Festival de Salzburg) jusqu'au 23 novembre 2024

Guercoeur (Opéra national du Rhin) jusqu'au 25 novembre 2024

Alfred, Alfred / La serva padrona (Teatri di Reggio Emilia) jusqu'au 26 novembre 2024

Ouverture spirituelle : Nono & Dallapicolla (Festival de Salzburg 2024) jusqu'au 27 novembre 2024

                          Décembre 2024

Tosca (Teatro Regio di Parma) jusqu'au 01 décembre 2024

Requiem de Mozart (Palau de la Musica de Barcelone) jusqu'au 04 décembre 2024

Manon Lescaut (Poznan Opera) jusqu'au 08 décembre 2024

Grand concert symphonique Saint-Saëns (Auditorium de Radio France) jusqu'au 14 décembre 2024

Ballet National de España (Festival de Grenade 2023) jusqu'au 18 décembre 2024

Elektra (Festival de Baden-Baden 2024) jusqu'au 19 décembre 2024

Concert de Noël (Philharmonique de Radio France) jusqu'au 21 décembre 2024

Albert Herring (Opera North) jusqu'au 21 décembre 2024

Hommage à Patrick Dupond jusqu'au 26 décembre 2024

Don Carlo (Opéra de Vienne) jusqu'au 28 décembre 2024

Masterclasse Lawrence Brownlee et Brian Jagde jusqu'au 28 décembre 2024

Le Concert de Paris 2024 jusqu'au 31 décembre 2024

 

                           Janvier 2025

Samson (Festival d'Aix-en-Provence 2024) jusqu'au 11 janvier 2025

L'Olimpiade (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 12 janvier 2025

Pinocchio - Weinberg (Polish National Opera and Ballet) jusqu'au 12 janvier 2025

Le Baiser (National Moravian-Silesian Theatre) jusqu'au 19 janvier 2025

Gala Puccini (Place Saint-Marc de Venise) jusqu'au 19 janvier 2025

Picture a Day Like This (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 19 janvier 2025

Apaches au Palais Garnier (Opéra national de Paris) jusqu'au 24 janvier 2025

Les deux Veuves (National Moravian-Silesian Theatre) jusqu'au 26 janvier 2025

Hélène Grimaud & Konstantin Krimmel (Festival de piano de la Ruhr 2024) jusqu'au 28 janvier 2025

                           Février 2025

Operatic Oniricon (Polish National Opera and Ballet) jusqu'au 02 février 2025

Colorature, Mrs Jenkins et son pianiste - Opéra Grand Avignon jusqu'au 09 février 2025

La Walkyrie (LongBorough Festival Opera) jusqu'au 09 février 2025

Charpentier à l'honneur - Festival de musique sacrée à Madrid jusqu'au 14 février 2025

Il viaggio a Reims (Rossini Opera Festival) jusqu'au 16 février 2025

Voix des Outre-mer (Amphithéâtre de l'Opéra Bastille) jusqu'au 20 février 2025

Le Comte Ory (Rossini in Wildbad) jusqu'au 23 février 2025

Il Barbiere di Siviglia (Royal Swedish Opera) jusqu'au 28 février 2025

                           Mars 2025

Fidelio courte animation jusqu'au 01 mars 2025

La Vestale (Opéra national de Paris) jusqu'au 06 mars 2025

Sandrine Piau et Les Talens Lyriques (Bayreuth Baroque Opera Festival 2024) jusqu'au 08 mars 2025

Ravel, la grande soirée de ballets (Les ballets de Monte-Carlo) jusqu'au 10 mars 2025

Nuria Rial & Fahmi Alqhai (Bayreuth Baroque Opera Festival 2024) jusqu'au 12 mars 2025

La Chauve-Souris (Opéra de Lille) jusqu'au 13 mars 2025

Moise et Aaron (Opéra national de Paris) jusqu'au 14 mars 2025

Aladin de David Bintley (Nouveau Théâtre/Ballet national de Tokyo) jusqu'au 20 mars 2025

Fauteuils d'orchestre (Anne Sinclair) jusqu'au 21 mars 2025

Car/Men (Théâtre municipal de Béthune) jusqu'au 22 mars 2025

Maria Callas au cinéma jusqu'au 23 mars 2025

Vivaldi et Mozart au musée du Louvre jusqu'au 24 mars 2025

Nixon in China (Opéra d'Etat Hongrois) jusqu'au 29 mars 2025

                           Avril 2025

Madame Butterfly  (Opéra national de Paris) jusqu'au 01 avril 2025

D'ARC (Opéra national de Varsovie) jusqu'au 01 avril 2025

Le Messie (Festival de Pâques d'Aix-en-Provence) jusqu'au 03 avril 2025

                            Mai 2025

Médée (Opéra national de Paris) jusqu'au 30 mai 2025

La Chauve-Souris (Opéra de Lille) jusqu'au 31 mai 2025

                           Juin 2025

Adriana Lecouvreur (Opéra national de Lettonie, Riga) jusqu'au 15 juin 2025

Jour de fête chez Offenbach (Radio France) jusqu'au 22 juin 2025

                       Juillet 2025

Alain Altinoglu et Stéphane Degout (Festival de Colmar) jusqu'au 04 juillet 2025

Afanador (Ballet Nacional de España) jusqu'au 23 juillet 2025

                       Août 2025

Wozzeck (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 19 août 2025

                         Septembre 2025

Angelin Preljocaj : La visite (Picasso Danse) jusqu'au 19 septembre 2025

The Fairy Queen (Opéra Royal de Versailles) jusqu'au 23 septembre 2025

 

                         Novembre 2025

Le Ring sans paroles (Philharmonique de Strasbourg) jusqu'au 05 septembre 2025

 

                           Janvier 2026

Iphigénie en Aulide - Iphigénie en Tauride (Festival d'Aix-en-Provence 2024) jusqu'au 11 janvier 2026

                           Février 2026

Voix des Outre-Mer 2023 (Amphithéâtre Bastille) jusqu'au 22 février 2026

                           Mars 2026

Concert en soutien au peuple ukrainien (Maison de Radio France) jusqu'au 04 mars 2026

                           Mai 2026

Barry Lyndon Tribute jusqu'au 13 mai 2026

Michel Legrand, la musique enchantée (Dessay, Bertault) jusqu'au 13 mai 2026

 

                           Juillet 2026

Kiev, un opéra en guerre (1/4) - Danser pour résister jusqu'au 12 juillet 2026

 

                           Septembre2026

Kiev, un opéra en guerre (2/4) - Exister ou disparaître jusqu'au 12 septembre 2026

 

                         Novembre 2026

Kiev, un opéra en guerre (3/4) - Exilés jusqu'au 14 novembre 2026

Les trois ballets de Stravinsky (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 25 novembre 2026

                         Décembre 2026

Concert du nouvel an de l'Orchestre national de France (Radio France) jusqu'au 30 décembre 2026

   

                          Janvier 2027

Samson (Festival d'Aix-en-Provence 2024) jusqu'au 11 janvier 2027

Madame Butterfly (Festival d'Aix-en-Provence 2024) jusqu'au 13 janvier 2027

                        Février 2027

Kiev, un opéra en guerre (4/4) - Transmettre jusqu'au 08 février 2024

 

                         Juin 2028

Dream Requiem - Rufus Wainwright (Radio France) jusqu'au 13 juin 2028

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 29 Septembre 2024

Œuvres d’ Aram Khatchatourian (de 1942 à 1964 – Moscou, Perm, Leningrad)
Concert du 29 septembre 2024
Cité de la Musique
Salle des Concerts

Mascarade - suite orchestrale ( 8 novembre 1944,  All-Union Radio Symphony Orchestra)
Valse, Nocturne, Mazurka, Romance, Galop

Concerto-Rhapsodie pour violoncelle et orchestre en ré majeur ( 4 janvier 1964 – dédicacé à Mstislav Rostropovitch)

Gayaneh – extraits (9 décembre 1942, Théâtre Kirov de Perm)
Berceuse, Danse des jeunes filles , Danse d’Aïcha , Danse du sabre

Spartacus – extraits des suites orchestrales (27 décembre 1956, Théâtre Kirov de Leningrad)
Danse des nymphes, Scène et danse avec les crotales, Variation d’Égine et bacchanale, Adagio de Spartacus et Phrygia, Danse des filles de Gadès et victoire de Spartacus

Violoncelle Astrig Siranossian
Direction musicale Sergey Smbatyan
Orchestre symphonique d’État d’Arménie

Peuple ayant éprouvé la domination perse, l’influence macédonienne, la résistance aux Parthes et aux Romains, les expansions successives sassanide, omeyyade, abbasside, byzantine, seldjoukide, mongole, turque, ottomane et soviétique, les Arméniens affichent avec grande fierté d’être la première nation chrétienne de l’histoire depuis que le roi Tiridate IV accepta de se convertir au christianisme en 301.

Aujourd’hui, en conflit avec l’Azerbaïdjan qui vient de contraindre à l’exode les Arméniens du Haut-Karabagh (80% de la population), l’Arménie renforce ses relations avec la France.

Sergey Smbatyan et l'Orchestre symphonique d’État d’Arménie

Sergey Smbatyan et l'Orchestre symphonique d’État d’Arménie

Le week-end du 28 et 29 septembre 2024 à la Philharmonie de Paris vise ainsi à célébrer la culture arménienne riche de ses traditions.

Le concert programmé en ce dimanche après-midi est dédié à Aram Khatchatourian (1903-1978), musicien emblématique qui a su faire renaître la musique traditionnelle arménienne à travers ses compositions modernes, et notamment ses musiques de ballets dont trois de ces œuvres sont interprétées en partie à cette occasion.

Bien que créé sous forme de musique de scène en 1941, puis transformé en suite orchestrale en 1944, ‘Mascarade’ ne deviendra un ballet qu’en 1982 sur la scène du Théâtre d’opéra et de ballet d’Odessa grâce au montage réalisé par Edgar Oganesyan

Sa valse introductive est bien connue, mais son galop final, lui, vaut surtout pour son énergie facétieuse et endiablée qui annonce ‘La danse du sabre’. Cette première pièce permet de découvrir l’excellente cohésion du jeune Orchestre symphonique d’État d’Arménie et la souplesse explosive de la direction de Sergey Smbatyan qui laisse toutefois les percussions éclater avec un lâcher prise à la limite du hors contrôle.

Mascarade Gayaneh Spartacus (Aram Khatchatourian) Cité de la musique

Puis, la violoncelliste française Astrig Siranossian rejoint les musiciens en place centrale pour interpréter le 'Concerto-Rhapsodie', une pièce qui commence par des réminiscences orchestrales orientalisantes, et qui laisse place ensuite à la verve de la soliste.

Elle laisse couler une douce mélancolie, mais imprime aussi un mordant de fer avec les cordes qui traduit le très grand volontarisme du tempérament arménien.

Et pour faire plaisir au public, elle fait découvrir un air arménien ‘Sareri Hovin Mernem’ - Je mourrai au vent des sommets de tes montagnes - qui nous connecte instantanément à la haute spiritualité arménienne qu’elle chante avec profondeur tout en jouant du violoncelle, une correspondance entre voix et instrument absolument somptueuse qui nous emmène loin sur des lieux anciens de haute altitude.

Astrig Siranossian

Astrig Siranossian

La seconde partie du concert rend encore plus hommage à l’inventivité de Khatchatourian à travers deux célèbres ballets, ‘Gayaneh et ‘Spartacus’.

De ‘Gayaneh’, personne n’ignore ‘ La danse du sabre’ et sa folie pétaradante, mais ‘La danse d’Aicha’ permet aussi d’entendre le velours des cordes graves de l’orchestre.

Cependant, quel dommage que nous n’ayons pas entendu de ce ballet  l’’Adagio’ que tout amateur de ‘2001 L’Odyssée de l’espace’ de Stanley Kubrick connaît bien, puisque ce passage qui exprime une solitude nostalgique poignante y est utilisé dans la scène où Dave s’entraîne seul sur le pont du vaisseau spatial. 

L'Orchestre symphonique d’État d’Arménie

L'Orchestre symphonique d’État d’Arménie

Il est vrai que les musiques que l’on découvre, ou redécouvre, en seconde partie montrent à quel point Aram Khatchaturian a su développer un style qui allait inspirer nombre de musiques de films du XXe siècle.

C’est particulièrement évident dans ‘Spartacus’, ballet créé en 1956 à Leningrad, dont l’'Adagio de Spactacus et Phrygia' évoque le romantisme hollywoodien et notamment l’ouverture de ‘Mayerling’ de Terence Young, avec Omar Sharif et Catherine Deneuve, dont le thème est directement empreint de ce si beau passage.

Sergey Smbatyan

Sergey Smbatyan

En rendant hommage à Aram Khatchatourian, ce concert d’une essence véritablement populaire, fait ainsi sentir comment le compositeur arménien a su intégrer la tradition arménienne au cœur des grands élans musicaux contemporains, et le petit bijou chanté par Astrig Siranossian permet aussi d’atteindre le cœur éternel de cette culture dont les musiciens vus et entendus cet après-midi ont su si bien défendre la force et la très haute tenue.

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Publié le 22 Septembre 2024

Les Brigands (Jacques Offenbach – 10 décembre 1869, Théâtre des Variétés de Paris)
Répétition du 17 septembre 2024, et représentations du 21 septembre et du 03 octobre 2024
Palais Garnier

Falsacappa Marcel Beekman
Fiorella Marie Perbost
Fragoletto Antoinette Dennefeld
Le Baron de Campo-Tasso Yann Beuron
Le Chef des carabiniers Laurent Naouri
Le Prince de Mantoue Mathias Vidal
Antonio Sandrine Sarroche
Le Comte de Gloria-Cassis Philippe Talbot
La Princesse de Grenade Adriana Bignagni-Lesca
Adolphe de Valladolid Flore Royer
Le Précepteur Luis-Felipe Sousa
Carmagnola Leonardo Cortellazzi
Domino Éric Huchet
Barbavano Franck Leguérinel
Pietro Rodolphe Briand
Zerlina Ilanah Lobel-Torres
Fiammetta Clara Guillon
Bianca Maria Warenberg
Cicinella Marine Chagnon
La Marquise Doris Lamprecht
La Duchesse Hélène Schneiderman
8 Comédiennes et comédiens et 12 danseuses et danseurs          
Stefano Montanari

Direction musicale Stefano Montanari
Mise en scène Barrie Kosky (2024)
Nouvelle Production

Diffusion le 19 octobre 2024 à 20h sur France Musique dans l’émission ‘Samedi à l’opéra’ présentée par Judith Chaine.

Lors d’une interview accordée à Jérémie Rousseau le 16 novembre 2020 en pleine pandémie, Alexander Neef avait laissé transparaître son intention de programmer une opérette à l’Opéra de Paris, et lors de la présentation des ‘Brigands’ qu’il a assuré il y a deux semaines à l’amphithéâtre Bastille auprès de Barrie Kosky, il revint sur cette période au cours de laquelle des artistes de l’Académie avaient chanté un duo de la ‘Belle Hélène’ sur la scène Garnier.

Cela le convainquit qu’il fallait inscrire une œuvre de Jacques Offenbach dans ce splendide écrin Second Empire qu’est le Palais Garnier, car, d’après lui, cet artiste a réussi à réagir à son époque tout en restant éternel.

Marcel Beekman (Falsacappa)

Marcel Beekman (Falsacappa)

Il se tourna naturellement vers Barrie Kosky, metteur en scène et ancien directeur du Komische Oper de Berlin dont Offenbach est le compositeur favori depuis son enfance, et dont il a déjà produit ‘La Belle Hélène’ (octobre 2014, Komische Oper), ‘Les Contes d’Hoffmann’ (octobre 2015, Komische Oper), ‘Orphée aux Enfers’ (août 2019,  Festival de Salzburg) et ‘La Grande Duchesse de Gérolstein’ (octobre 2020, Komische Oper).

Mais le directeur australien ne souhaitait plus revenir à la veine comique – fin 2019, il mis en scène à Bastille un chef-d’œuvre du romantisme russe, Le Prince Igor’, dont on espère une prochaine reprise -.

Pourtant, trouvant que ‘La vie parisienne’, l’opérette la plus évidente pour le lieu, risquait de trop centrer l’évènement sur Paris, il proposa à Alexander Neef ‘Les Brigands’ qu’il n’avait jamais monté, faisant remarquer que le thème des bandits importé par Meilhac et Halévy des opéras-comiques d’Auber et Scribe tels ‘Fra Diavolo’ (1830), ‘Les Diamants de la couronne’ (1841) ou ‘Marco Spada’ (1852) se retrouvera plus tard dans le livret de ‘Carmen’ (1875) dont il sont également les auteurs.

Les Brigands (Beekman Perbost Dennefeld Montanari Kosky) Paris Opera

L’ouvrage a déjà été joué à Bastille en 1993 dans une mise en scène de Jérôme Deschamps et Macha Makeieff sous la direction de Louis Langrée, ce qui démontra le peu de pertinence à le présenter dans une salle aussi spacieuse – le Théâtre des Variétés n’accueillait à l’origine que 800 places -.

Mais en ce soir de première à Garnier, la démonstration est tout autre grâce au sens du mouvement électrisant de Barrie Kosky, et par la présence hors-norme de Marcel Beekman qui incarne Falsacappa sous un travestissement hommage à la Draq Queen ‘Divine’, l’héroïne trash et violente du film de John Waters ‘Pink Flamingos’ (1972), affublé d’une large robe rouge écarlate ampoulée, d’un maquillage bleu ciel et de boucles d’oreilles en diamants.

Marcel Beekman (Falsacappa)

Marcel Beekman (Falsacappa)

Ce personnage de chef des brigands prend une dimension extraordinairement charismatique non seulement à cause du volume de son costume, mais surtout parce Marcel Beekman a une fascinante technique lyrique et déclamatoire d’une grande plasticité vocale pouvant donner l’impression d’un personnage baroque évoluant dans une tessiture de contre-ténor, et qui joue habilement avec toutes les modulations possibles pour en rendre le caractère aussi bien comique que pincé et sarcastique avec une excellente diction et projection.

Le spectacle est intégralement joué dans un décor orné de pilastres corinthiens que l’on retrouve partout sur les façades haussmanniennes entourant la place de l’Opéra, décor usé et doré à l’avant pour induire une continuité avec les dorures de la salle, et grisé en arrière plan pour accentuer l’effet du temps passé.

Sandrine Sarroche (Le Caissier - Ministre du Budget)

Sandrine Sarroche (Le Caissier - Ministre du Budget)

Les rebondissements de l’action du livret des ‘Brigands’ sont complexes à suivre dans leurs moindres détails, mais ses grandes lignes se suivent sans problème : le chef de bande Falsacappa a promis sur la tête de sa fille d'enrichir son équipe grâce à un énorme coup qui va effectivement se présenter lorsqu’il découvre que 3 millions seront échangés lors de la rencontre entre l’ambassade italienne de Mantoue et l’ambassade espagnole de Grenade à l’occasion d’un mariage.

Les bandits vont donc se travestir, d’abord en marmitons pour accueillir les Italiens dans un hôtel haussmannien, puis en carabiniers à l’arrivée des Espagnols, afin de neutraliser respectivement les deux délégations et permettre à la fille de Falsacappa, Fiorella, de paraître comme la fiancée promise du Prince de Mantoue en espérant récupérer ainsi l’argent.

Mais l’on va s’apercevoir que la Ministre du budget a dilapidé la somme tant convoitée.

Marcel Beekman (Falsacappa), Marie Perbost (Fiorella) et Antoinette Dennefeld (Fragoletto)

Marcel Beekman (Falsacappa), Marie Perbost (Fiorella) et Antoinette Dennefeld (Fragoletto)

Loin de mettre en scène une société actuelle banale, Barrie Kosky mêle aux chanteurs une troupe de huit comédiennes et comédiens et douze danseuses et danseurs qui vont transformer cette intrigue en sensationnelle exaltation du rythme, des couleurs et de l’impertinence de la musique, mais aussi de la sensualité délurée de leurs corps.

Mathias Vidal (Le Prince de Mantoue)

Mathias Vidal (Le Prince de Mantoue)

D’emblée, le bariolage des costumes, chapeaux et perruques qui envahit la scène est éblouissant avec beaucoup de touches de bleu, vert, orange et mauve, les mouvements des chevelures donnant une fluide dynamique à l’ensemble, et du début à la fin il n’y a pas une seconde où l’enjouement de la musique d’Offenbach ne soit surligné par la chorégraphie de ces artistes qui renvoient vers la salle une énergie érotisée et décomplexée dont chacun puisse se nourrir avec plaisir.

Par ailleurs, l’effervescence scénique est augmentée autant par les cris de joie de la troupe que les déambulations en tous sens, dans des postures très drôles, mais sans paraître hystérisées, ce qui permet aux spectateurs de rester contemplatifs du mouvement en lui-même.

Victorien Bonnet (Pizzaiolo), Jules Robin (Zucchini), Rachella Kingswijk (Tortilla), Rodolphe Briand (Pietro), Marcel Beekman (Falsacappa), Nicolas Jean-Brianchon (Flamenco), Corinne Martin (Castagnetta), Manon Barthelémy (Sangrietta), Cécile L'Heureux (Burratina) et Hédi Tarkani (Siestasubito)

Victorien Bonnet (Pizzaiolo), Jules Robin (Zucchini), Rachella Kingswijk (Tortilla), Rodolphe Briand (Pietro), Marcel Beekman (Falsacappa), Nicolas Jean-Brianchon (Flamenco), Corinne Martin (Castagnetta), Manon Barthelémy (Sangrietta), Cécile L'Heureux (Burratina) et Hédi Tarkani (Siestasubito)

Si le premier acte permet à chacun de se familiariser avec cet univers déjanté, d’apprécier le style parlé exagéré et très direct des figurants et interprètes, d’assister à une réunion ‘syndicale’ des brigands qui pourrait faire croire à un bureau politique de la ‘France Insoumise’, d’entendre de premières allusions politiques à propos d’un ‘certain banquier devenu Président’ et de découvrir les grandes qualités de comédien de Mathias Vidal chantant son mélancolique air ‘Une furtiva lagrima’ avec légèreté et facilité, ce sont surtout les deux actes suivants qui enchevêtrent les situations étourdissantes avec une débauche de luxueux costumes dorés et accessoires de défilés chrétiens, et avec Christ aux abdominaux bien travaillés et têtes de chevaux érotisées, qui vaudra à l’arrivée de la délégation espagnole des applaudissements d’une partie du public émerveillé.

Adriana Bignagni-Lesca (La Princesse de Grenade) et Philippe Talbot (Le Comte de Gloria-Cassis)

Adriana Bignagni-Lesca (La Princesse de Grenade) et Philippe Talbot (Le Comte de Gloria-Cassis)

Adriana Bignagni-Lesca déguisée en Infante est impressionnante par sa manière d’accentuer ses noirceurs d’élocution quasi ‘viriles’ avec beaucoup de drôlerie, et Philippe Talbot en Comte de Gloria-Cassis affiche une éloquence piquée et très fine dans les aigus.

Marie Perbost, en Fiorella qui va se substituer à la Princesse de Grenade, débute au premier acte avec une projection un peu réservée, mais gagne tout au long de la soirée en amplitude avec l’impact vocal qu’on lui connaît car elle est une grande artiste de scène également.

Adriana Bignagni-Lesca (La Princesse de Grenade)

Adriana Bignagni-Lesca (La Princesse de Grenade)

Et après avoir entendu Antoinette Dennefeld à Strasbourg la saison dernière dans une interprétation de 'Guercoeur' qui mettait en valeur son lyrisme intense, c’est une toute autre personnalité qu’elle dévoile en Fragoletto travesti dans un registre de pure comédie. Il y a son duo d’amour avec Marie Perbost, en roulades enjôleuses, mais aussi nombre d’interventions provocantes auxquelles elle se livre avec beaucoup d’aisance.

Marie Perbost (Fiorella), Rodolphe Briand (Pietro) et Antoinette Dennefeld (Fragoletto)

Marie Perbost (Fiorella), Rodolphe Briand (Pietro) et Antoinette Dennefeld (Fragoletto)

On retrouve avec plaisir Yann Beuron (Le Baron de Campo-Tasso) – qui a gardé de la maturité dans son timbre de voix - et Laurent Naouri (Le Chef des carabiniers) tous deux sollicités dans leur registre de comédiens, et c’est avec beaucoup d’émotions qu’un autre duo fait son apparition en personnes de Doris Lamprecht et Hélène Schneiderman, la Marquise et la Duchesse, car la première incarnait Fragoletto en 1993 sur la scène Bastille, et la seconde Marcellina dans ‘Les Noces de Figaro’ mis en scène par Christoph Marthaler sur la scène Garnier en 2006 à l’époque de Gerard Mortier.

Yann Beuron (Le Baron de Campo-Tasso) et Laurent Naouri (Le Chef des carabiniers)

Yann Beuron (Le Baron de Campo-Tasso) et Laurent Naouri (Le Chef des carabiniers)

Leur duo rendu nostalgique par leur simple présence se déroule à la cour du Prince de Mantoue qui permet d'apprécier un Mathias Vidal dansant à la ‘Fred Astaire’, entouré de religieuses aux jupes fendues qui leur donnent un style élancé de grande classe.

Mathias Vidal (Le Prince de Mantoue)

Mathias Vidal (Le Prince de Mantoue)

Mais cette seconde partie est aussi le moment où la résonance avec l’actualité politique s’exprime à travers les dialogues réécrits, et il faut saluer la performance de l’humoriste Sandrine Sarroche qui prend le rôle du Caissier, et donc de la Ministre du budget, pour déclamer un texte en vers qui évoque les préoccupations budgétaires du moment sans éviter de nommer clairement Michel Barnier ou Bruno Le Maire

Une spectatrice s’impatientera, ce qui lui vaudra en retour ‘Mais c’est pour déstresser l’audience!’, audience qui d’ailleurs aura un regard bienveillant et très amusé sur ce comédien qui fera un aller-retour en avant-scène équipé d’un aspirateur, et qui se prendra au jeu du ‘One man show’ en clin d’œil au Frantz des ‘Contes d’Hoffmann’.

Doris Lamprecht (La Duchesse) et Hélène Schneiderman (La Marquise)

Doris Lamprecht (La Duchesse) et Hélène Schneiderman (La Marquise)

Final désinvolte sur rythme de French-cancan qui verra le sacre de Falsacappa en ‘Premier Ministre’, l’ensemble est cependant très bien organisé sur scène avec un groupe à droite en avant scène, une ligne diagonale en arrière avec différents plans chorégraphiques, puis un regroupement au centre qui s’achève sur la pose victorieuse du chef des brigands.

Marcel Beekman (Falsacappa)

Marcel Beekman (Falsacappa)

A la direction musicale, Stefano Montanari est très attentif à la dynamique scénique et conduit l’orchestre en faisant entendre une sonorité authentique pas trop léchée, la profondeur de la fosse semblant réglée afin que la vocalité de tous les chanteurs ne soit pas couverte par l’ensemble. 

Ce spectacle est absolument un régal pour les yeux, pour son sens du mouvement inaltérable et son énergie explosive, hallucinant par tant de travail aussi bien de la part des ateliers de décors et costumes de l’Opéra de Paris, que de la part de tous les artistes pour réussir un tel enchaînement scénique jamais ennuyeux. 

Marcel Beekman (Falsacappa)

Marcel Beekman (Falsacappa)

Public très enthousiaste au final, les éclats de rires auront ponctué le spectacle tout le long de la soirée, y compris pour l’équipe de production malgré une minorité plus mitigée, c’est à en rester véritablement admiratif et sonné par une telle verve!

Antoinette Dennefeld, Ching-Lien Wu, Barrie Kosky, Marcel Beekman, Marie Perbost et Mathias Vidal

Antoinette Dennefeld, Ching-Lien Wu, Barrie Kosky, Marcel Beekman, Marie Perbost et Mathias Vidal

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Publié le 19 Septembre 2024

3e Symphonie (Gustav Mahler -
                          9 juin 1902, Krefeld)
Concert du 19 septembre 2024
Maison de la Radio et de la Musique 
Auditorium de Radio France

Ce que me content les Rochers.
Ce que me content les Fleurs des Prés
Ce que me content les Animaux de la Forêt
Ce que me conte l’Homme
Ce que me content les Anges
Ce que me conte l’Amour

Contralto Gerhild Romberger
Direction musicale Jukka-Pekka Saraste
Orchestre Philharmonique de Radio France
Chœur de Radio France et Maîtrise de Radio France

En résonance avec l’ouverture de la saison précédente qui avait permis d’entendre à la Philharmonie la '3e symphonie' de Gustav Mahler interprétée par l’Orchestre de Paris sous la direction de Semyon Bychkov, c’est cette fois le Philharmonique de Radio France qui présente en ce mois de septembre l’un des monuments éblouissants de la fin du romantisme dont la première exécution fut dirigée par le compositeur lui-même en juin 1902 à la Stadthalle de Krefeld, une salle de 1600 places, devant Richard Strauss, Alma Mahler et Engelbert Humperdinck.

Gerhild Romberger et Jukka-Pekka Saraste

Gerhild Romberger et Jukka-Pekka Saraste

Ce soir, c’est Jukka-Pekka Saraste qui assure la direction musicale, Mikko Franck, souffrant, ayant du se désister.

L’auditorium de la Radio, empli de spectateurs jusque dans les recoins les plus escarpés de ses chaleureux balcons en bois, se présente comme un écrin qui devrait accentuer la profondeur des passages les plus intimes, mais ce qui frappe dans l’interprétation du premier mouvement est la nature abrupte de sa structure avec des cuivres qui creusent des courants dissonants comme pour traduire les torsions de la matière. Les cordes entretiennent une tension frémissante, et il est assez étrange de se sentir dans l’univers du second acte du ‘Siegfried’ de Richard Wagner, ce qui a du sens puisque les impressions de la nature y jouent aussi un rôle important.

Orchestre Philharmonique de Radio France

Orchestre Philharmonique de Radio France

L’engagement des musiciens est merveilleux, et le soin qu’ils accordent tous à la clarté des détails, à la vivacité des lignes, à l’étirement des sons afin de les fusionner irrésistiblement, tout en semblant se nourrir eux-mêmes du son qu’ils produisent, est très beau à voir.

Chœur de Radio France et Maîtrise de Radio France

Chœur de Radio France et Maîtrise de Radio France

Vient le moment où la contralto Gerhild Romberger aborde le passage sur ‘ce que me conte l’Homme’, et le pathétisme du galbe de sa voix chargée de noirceur est d’une plénitude magnifique tant elle semble travaillée avec la même délicatesse que celle d’un verrier modelant finement un cristal à chaud - il sera d’ailleurs possible de la réentendre en Erda dans ‘Siegfried’ en avril prochain à la Philharmonie -.

Installés en arrière scène avec une allure de juges sérieux et impassibles, les enfants de la Maîtrise de Radio France se révèlent des anges très sûrs d’eux, leurs voix étant bien timbrées et harmonieusement équilibrées à celles des femmes, ce qui rend une impression de sérénité joyeuse fort charmante.

Orchestre Philharmonique de Radio France

Orchestre Philharmonique de Radio France

Mais le plus beau est dans la façon dont l’orchestre s’enfonce dans les voluptés de l’Amour. Il est souverain à insuffler un mouvement de fond aux contrastes prenants, un son d’une plasticité magnifique chargé d’irisations et d’éclats crépusculaires portés par une respiration à fleur de peau d’une densité chaleureuse impossible à se défaire.

Une interprétation rare qui vous reconnecte à l’essentiel.

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Publié le 14 Septembre 2024

Madame Butterfly (Giacomo Puccini – 17 février 1904, Milan)
Répétition générale du 11 septembre et représentations du 17 septembre et 01 octobre 2024
Opéra Bastille

Cio-Cio-San Eleonora Buratto
Suzuki Aude Extrémo
B.F. Pinkerton Stefan Pop
Sharpless Christopher Maltman
Goro Carlo Bosi
Il Principe Yamadori Andres Cascante
Lo Zio bonzo Vartan Gabrielian
Kate Pinkerton Sofia Anisimova
Yakuside Young-Woo  Kim
Il Commissario Imperiale Bernard Arrieta
L'Ufficiale del registro Hyunsik Zee
La Madre di Cio-Cio-San Marianne Chandeliern
La Zia Liliana Faraon
La Cugina Stéphanie Loris

Direction musicale Speranza Scappucci
Mise en scène Robert Wilson (1993)

Retransmission en direct sur France TV le 01 octobre 2024 à 19h30, et ultérieurement sur une chaîne de France Télévisions et sur Paris Opera Play, la plateforme de l’Opéra national de Paris

Le 11 juin 1971, le Théâtre de la Musique, devenu aujourd’hui La Gaité Lyrique, accueillit un spectacle parti en tournée depuis l’Iowa et New-York, ‘Deafman Glance’, une histoire mise en scène par un réalisateur trentenaire, Robert Wilson, inspirée par son amitié avec un enfant sourd qu’il avait adopté.

Dans la salle, Pierre Bergé était l’un des spectateurs, et lorsqu’il devint le directeur de l’Opéra national de Paris à la fin des années 80, il devint à ce moment là le principal soutien de la fondation de Robert Wilson, The Watermill Center.

Il lui proposa de mettre en scène ‘Madame Butterfly’ à l’opéra Bastille, spectacle qui vit le jour le 19 novembre 1993 et qui est dorénavant la production la plus ancienne de l’institution avec 31 ans d’existence.

Eleonora Buratto (Cio-Cio-San)

Eleonora Buratto (Cio-Cio-San)

Son intemporalité ne cesse d’émouvoir par la justesse avec laquelle les gestes et les variations de postures sont totalement liés à la dramaturgie de la musique, par la géométrie simple et précise des espaces au sol qui délimitent le plancher en bois de la maison de Butterfly – espace relié à un chemin sinueux en galets noirs savamment éclairé, ainsi qu’au ponton du port légèrement surélevé -, et par les nuances des lumières bleu éclipse qui évoluent en fond de scène pour traduire les états d’âme en jeu.

Ces états d’âme peuvent aussi bien être la colère de l’oncle Bonze qui embrase le ciel d’une tonalité rouge orangée laissant transparaître le symbole solaire du Japon, que la joie à la vue de l’enfant qui illumine toute la scène, ou bien des tonalités plus froides, virant au vert, quand Butterfly perd tout espoir et se tourne vers la mort.

Eleonora Buratto (Cio-Cio-San) et Stefan Pop (B.F. Pinkerton)

Eleonora Buratto (Cio-Cio-San) et Stefan Pop (B.F. Pinkerton)

Robert Wilson joue beaucoup avec les facultés des ambiances lumineuses à envoûter l’auditeur vers des horizons qui dissolvent le temps avec une sensibilité musicale à fleur de peau, et l'une des raisons pour lesquelles sa mise en scène est aussi réussie est que son esprit correspond à ce que vit Butterfly, c’est à dire une attente infinie qui semble invincible et dont le spectateur peut éprouver la lenteur en ayant l’impression d’être connecté à l’intériorité de l’héroïne.

Et de cette nouvelle reprise se ressent d’emblée une grande concentration de la part des artistes et une grande cohésion entre orchestre, chant des solistes et pureté de l’expressivité, qui créent une véritable tension comme si chacun des protagonistes évoluait sur une corde solide et fragile à la fois.

Carlo Bosi (Goro), Vartan Gabrielian (Lo Zio bonzo), Stefan Pop (B.F. Pinkerton) et Eleonora Buratto (Cio-Cio-San)

Carlo Bosi (Goro), Vartan Gabrielian (Lo Zio bonzo), Stefan Pop (B.F. Pinkerton) et Eleonora Buratto (Cio-Cio-San)

Eleonora Buratto fait ses débuts sur la scène Bastille après une première apparition 15 ans plus tôt sur la scène du Palais Garnier où elle avait interprété une lumineuse Creusa dans le ‘Demofoonte’ de Jommelli dirigé par Riccardo Muti.

Elle offre ce soir un portrait de Cio-Cio-San d’une impressionnante maîtrise qui s’entend dans l’émission assurée de sa voix, vibrante juste ce qu’il faut pour lui donner du soyeux, et se gorgeant d’intensité de façon poignante dans les moments les plus affectés. Elle cherche l’impact, mais sans verser dans le mélodrame pour autant.  C’est donc bien une femme de caractère qu’elle dépeint avec une délicate mélancolie, et elle entretient un rapport très soigné à la gestuelle de Robert Wilson.

Eleonora Buratto (Cio-Cio-San)

Eleonora Buratto (Cio-Cio-San)

Sa partenaire, la servante Suzuki, possède une noirceur rare qui évoque la nuit et les prémonitions funestes, et Aude Extrémo use de cette profondeur fascinante avec la même inspiration que Eleonora Buratto, ce qui leur permet à toutes deux d’entremêler leurs timbres sur un souffle continu.

De la même manière, cette artiste française que l’Opéra de Paris avait déjà accueilli en 2017 et 2019 pour interpréter Berlioz à l’occasion de ‘Béatrice et Bénédict’ et ‘Les Troyens’se plie à la symbolique théâtrale avec ductilité.

Aude Extrémo (Suzuki), Eleonora Buratto (Cio-Cio-San) et l'enfant

Aude Extrémo (Suzuki), Eleonora Buratto (Cio-Cio-San) et l'enfant

Il interprétait il y a tout juste un mois Rodolfo dans ‘La Bohème’ de Puccini sur la scène du théâtre romain du Festival de Sanxay, près de Poitiers, Stefan Pop est lui aussi de retour sur la scène Bastille après dix ans d’absence, et du haut de son impressionnante carrure il incarne un Pinkerton avec une belle homogénéité d’assise et une forme d’humilité qui fait qu’il devient difficile de l’identifier à une personnalité désinvolte, malgré les mises en garde de Sharpless. 

Il forme par ailleurs un duo puissant et équilibré avec Eleonora Buratto, et les qualités légèrement ombrées de son chant ajoutent de la profondeur à son personnage, ses aigus bien menés et sans esbroufe traduisant aussi une forme de stoïcisme très bien contrôlé.

Andres Cascante (Il Principe Yamadori), Christopher Maltman (Sharpless) et Eleonora Buratto (Cio-Cio-San)

Andres Cascante (Il Principe Yamadori), Christopher Maltman (Sharpless) et Eleonora Buratto (Cio-Cio-San)

Et c’est un Sharpless grand luxe que dépeint Christopher Maltman, avec cette solidité bienveillante alliée à une douce autorité qui dégagent une très grande impression d’humanisme et d’expérience.

On retrouve également Carlo Bosi en Goro, ténor de caractère à la tonalité sarcastique qui arpente la scène Bastille depuis 15 ans sans discontinuité, et tous les petits rôles épisodiques, dont six assurés par des membres du chœur, sont bien tenus, particulièrement celui du Prince Yamadori auquel le baryton costaricien Andres Cascante, membre de l’Académie de l’Opéra jusqu'au printemps dernier, apporte une suavité qui aurait du séduire Cio-Cio-San.

Christopher Maltman (Sharpless)

Christopher Maltman (Sharpless)

Et pour parfaire cette saisissante unité artistique d'ensemble conduite avec une grande rigueur, Speranza Scappucci réalise un superbe travail de mise en valeur des timbres et des couleurs des instrumentistes, y compris, le métal sombre des cordes, au point de réussir à faire émerger un intimisme inhabituel dans une salle aussi vaste. 

Sa direction soigne les coloris, la cohérence dramaturgique avec la scène et les chanteurs, et se montre implacable dans les moments dramatiques en évitant les épanchements trop appuyés, afin de rendre la pleine violence tragique et impitoyable que subit Butterfly.

Eleonora Buratto (Cio-Cio-San)

Eleonora Buratto (Cio-Cio-San)

Malgré la dureté de cette histoire, l’épure de ce spectacle magnifique n’a rien perdu de son pouvoir d’imprégnation, et la présence de l'enfant ajoute une poésie à couper le souffle par la finesse de sa manière d’être, un des éléments essentiels de cette mise en scène retravaillée avec une sensibilité extrême.

Stefan Pop, Speranza Scappucci et Eleonora Buratto - Répétition du 11 septembre

Stefan Pop, Speranza Scappucci et Eleonora Buratto - Répétition du 11 septembre

Fait rare pour un mois de septembre, le spectacle affiche quasiment complet avant le début des représentations, comme si les spectateurs avaient anticipé qu’il ne fallait pas manquer cette reprise.
Ils ont vu juste.

Stefan Pop, Speranza Scappucci, Eleonora Buratto, l'enfant et Aude Extrémo - Représentation du 17 septembre

Stefan Pop, Speranza Scappucci, Eleonora Buratto, l'enfant et Aude Extrémo - Représentation du 17 septembre

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Publié le 11 Septembre 2024

Falstaff (Giuseppe Verdi – 9 février 1893, Milan)
Répétition générale du 07 septembre et représentation du 10 septembre 2024
Opéra Bastille

Sir John Falstaff Ambrogio Maestri
Mrs Alice Ford Olivia Boen
Mrs Meg Page Marie-Andrée Bouchard-Lesieur
Ford Andrii Kymach
Docteur Cajus Gregory Bonfatti
Mrs Quickly Marie-Nicole Lemieux
Fenton Iván Ayón-Rivas
Nannetta Federica Guida
Bardolfo Nicholas Jones
Pistola Alessio Cacciamani

Direction musicale Michael Schønwandt
Mise en scène Dominique Pitoiset (1999)
Cette série de représentations est dédiée au souvenir d’Hugues R. Gall, directeur de l’Opéra national de Paris de 1995 à 2004, qui a fait entrer cette production au répertoire.

Bien que Falstaff s’inspire de Sir John Oldcastle, compagnon fidèle d‘Henry V et leader qui contestait l’ordre social et religieux dans l’Angleterre du début du XVe siècle, il ne subsiste plus grand-chose des origines nobiliaires du chevalier, que ce soit dans la pièce de Shakespeare ou dans l’ultime opéra de Giuseppe Verdi composé à l’âge de 80 ans.

Il est devenu un personnage burlesque vivant de vol et de débauche qui, pour se refaire matériellement, décide de séduire simultanément deux bourgeoises, Alice Ford et Meg Page.

Ces dernières vont se jouer de lui, ce qui finira par le rendre amer après avoir déclenché la jalousie démentielle de Ford.

Marie-Andrée Bouchard-Lesieur (Mrs Meg Page), Marie-Nicole Lemieux (Mrs Quickly), Federica Guida (Nannetta) et Olivia Boen (Mrs Alice Ford)

Marie-Andrée Bouchard-Lesieur (Mrs Meg Page), Marie-Nicole Lemieux (Mrs Quickly), Federica Guida (Nannetta) et Olivia Boen (Mrs Alice Ford)

Représenté la première fois le 09 février 1893 à la Scala de Milan, puis à l’Opéra Comique dans une version française le 18 avril 1894, cette véritable comédie musicale italienne n’entrera au Palais Garnier que le 3 avril 1922, et ultérieurement à l’opéra Bastille le 10 décembre 1999 dans une production de Dominique Pitoiset qui en est dorénavant à sa quatrième reprise.

Au regard de la forte théâtralité qui innerve aujourd’hui nombre d’œuvres lyriques, cette mise en scène témoigne d’une époque où il s’agissait de présenter un spectacle classique bon enfant, coloré et grand public, sans que ne s’immisce une quelconque résonance contemporaine. Ce spectacle s’apprécie donc avec un regard tendre, mais également un peu distancié.

Falstaff (Maestri Boen Lemieux Schønwandt Pitoiset) Opéra de Paris

Le décor assez imposant dresse une muraille de briques coulissante pour illustrer les lieux et habitations qui se juxtaposent en bord de Tamise au début du XXe siècle, univers aux couleurs austères qu’un modèle de voiture ancienne rehausse par sa seule luxueuse présence.

Comme les costumes le traduisent clairement, notamment ceux portés par les femmes, l’œuvre est traitée à la façon d’une comédie bourgeoise qui confronte un individu seul à une société attachée à ses règles morales, et l’animation scénique est très bien réglée dans ce sens. Mais ces personnalités peu approfondies servent surtout à induire un mouvement qui évolue au gré de la verve musicale extrêmement inventive de Verdi

Et dans cet opéra où les femmes ont un rôle majeur, on pourrait s’attendre à un traitement plus engagé sur leur rapport aux hommes, en abordant la question du corps de façon plus politique, alors que toute dimension physique, voir érotique, est ici absente.

Ambrogio Maestri (Sir John Falstaff)

Ambrogio Maestri (Sir John Falstaff)

La virtuosité du traitement musical est donc primordiale car c’est sur elle que repose grandement l’intérêt de cette représentation.

Depuis sa prise de rôle de Falstaff à la Scala de Milan le 27 mars 2001, Ambrogio Maestri l’a interprété chaque année, hormis en 2023, c’est dire si ce personnage est profondément intégré en lui. 

Dans cette production, il est amené à jouer avec une dimension enjouée et désabusée un être qui a envie de vivre mais qui est aussi assez las, le chanteur pavesan arborant un accent attachant de bon père verdien au rire rassurant. Il n’a rien perdu de son éloquence bravache, particulièrement en première partie.

Et en même temps, il sait faire sentir dans son monologue du début du troisième acte, ‘Ehi ! Taverniere’, les noirceurs du ‘Credo’ de Iago tout en préservant l’humanité de Falstaff.

Gregory Bonfatti (Docteur Cajus), Alessio Cacciamani (Pistola), Andrii Kymach (Ford), le tavernier et Nicholas Jones (Bardolfo)

Gregory Bonfatti (Docteur Cajus), Alessio Cacciamani (Pistola), Andrii Kymach (Ford), le tavernier et Nicholas Jones (Bardolfo)

A chaque réécoute de cet ouvrage, il y a d’ailleurs toujours de quoi s’étonner des nombreuses réminiscences musicales qui proviennent du précédent opéra du compositeur italien, ’Otello’, dont l’énergie est pourtant si différente et bien plus dramatique. La jalousie est l’un des thèmes communs à ces deux ouvrages, celle d’Otello, d’une part, et celle de Ford, d’autre part.

Ford est interprété par le baryton ukrainien Andrii Kymach qui imprime naturellement un accent slave qui évoque Onéguine, et sonde même les ombres d’un Boris Godounov. Sa tessiture fine et mate combinée à une puissance appréciable lui donnent de la tenue sans verser dans une noirceur névrotique pour autant. Son personnage reste donc digne malgré les déconvenues

Ambrogio Maestri (Sir John Falstaff) et Olivia Boen (Mrs Alice Ford)

Ambrogio Maestri (Sir John Falstaff) et Olivia Boen (Mrs Alice Ford)

Son épouse sur scène, Alice, est incarnée par la soprano Olivia Boen pour qui il s’agit aussi d’une prise de rôle importante. De couleur et d’une clarté homogènes, elle peut compter sur une impulsivité qui lui permet d’extérioriser une présence très énergique, d’impressionner par ses modulations de timbre qui changent très souvent la perception de son personnage qui se rapproche autant de Suzanne (‘Les Noces de Figaro’) qu’elle peut tendre vers le dramatisme de Desdemone (‘Otello’). 

Et sa complice, Mrs Meg Page, trouve en Marie-Andrée Bouchard-Lesieur une interprète qui fait entendre des reflets cuivrés un peu plus corsés, dans un style toujours très bien posé, avec la même énergie malicieuse.

Iván Ayón-Rivas (Fenton) et Federica Guida (Nannetta)

Iván Ayón-Rivas (Fenton) et Federica Guida (Nannetta)

Pour entendre un feu d’artifice de couleurs, il faut se tourner vers Marie-Nicole Lemieux qui était déjà de l’aventure avec Ambrogio Maestri lors de la reprise de ce spectacle en 2013.  Avec elle, Mrs Quickly devient un personnage caméléon sondant les graves autant qu’elle peut faire vibrer avec affolement des colorations baroques et virtuoses.

Quant à Federica Guida, sa Nannetta rayonne avec une puissance et une fraîcheur qui obligent Iván Ayón-Rivas à faire chanter Fenton avec ardeur, et une solidité bien assurée qui a du charme. Tous deux jouent ici une comédie de 'Roméo et Juliette' tout à fait innocente.

Et parmi les trois petits rôles qui entourent Falstaff dès la scène d’ouverture, Nicholas Jones offre à Bardolfo une jolie homogénéité.

Federica Guida (Nannetta) et Marie-Andrée Bouchard-Lesieur (Mrs Meg Page)

Federica Guida (Nannetta) et Marie-Andrée Bouchard-Lesieur (Mrs Meg Page)

‘Falstaff’ est cependant un opéra pour orchestre tant la subtilité d’écriture exige une agilité hors-pair.

L’immense salle Bastille n’est sans doute pas la meilleure scène pour restituer au mieux la finesse d’entrelacement entre les motifs musicaux et le chant-parlé des solistes, mais Michael Schønwandt amène l’orchestre à déployer une théâtralité foisonnante avec une rythmique qui ne lâche pas les chanteurs et les entraîne de manière très fluide. Il arrive parfois que la dynamique des volumes orchestraux enveloppe un peu trop les chanteurs, mais cela est fait avec une envergure lumineuse qui a aussi le pouvoir d’enfiévrer l’auditeur. Les éclatements de cuivres sont par ailleurs très réussis.

Reste qu’il s’agit d’une interprétation qui se distancie de lectures plus piquées et mouchetées et qui privilégie l’enveloppement sonore.

Fugue finale

Fugue finale

Au final, ce ‘Falstaff’ d’ouverture de saison déclenche un accueil formidablement enthousiaste alors qu’il s’agit d’une musique dont la complexité n’est absolument pas évidente, ce qui est une joie pour tous, et pour les artistes en particulier.

Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Iván Ayón-Rivas, Federica Guida, Ambrogio Maestri, Michael Schønwandt, Alessandro Di Stefano (Chef des chœurs), Olivia Boen, Andrii Kymach, Dominique Pitoiset, Elena Rivkina (Costumes) et Marie-Nicole Lemieux

Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Iván Ayón-Rivas, Federica Guida, Ambrogio Maestri, Michael Schønwandt, Alessandro Di Stefano (Chef des chœurs), Olivia Boen, Andrii Kymach, Dominique Pitoiset, Elena Rivkina (Costumes) et Marie-Nicole Lemieux

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Publié le 31 Août 2024

TV-Web Septembre 2024 Lyrique et Musique

Chaînes publiques

Dimanche 01 septembre 2024 sur France 3 à 00h30
Prades 2022 - Festival Pablo Casals

Dimanche 01 septembre 2024 sur Arte à 18h45
Sergiu Celibidache et les Berliner Philharmoniker - Les grands moments de la musique

Dimanche 01 septembre 2024 sur Arte à 23h55
Anton Bruckner - Un génie énigmatique

Lundi 02 septembre 2024 sur Arte à 00h55
La "Sixième symphonie" de Bruckner

Mardi 03 septembre 2024 sur France 4 à 21h00
Jean-François Zygel & André Manoukian, le concert aux Invalides

Mardi 03 septembre 2024 sur France 4 à 22h05
Jean Rondeau, Variations Goldberg

Vendredi 06 septembre 2024 sur Arte à 22h30
Annie Lennox - De Eurythmics à l'engagement - Itinéraire d'une icône pop

Vendredi 06 septembre 2024 sur Arte à 23h25
Eurythmics Live from Heaven - Londres, 1983

Dimanche 08 septembre 2024 sur France 3 à 00h25
Cathedral (Patricia Guerrero)

Dimanche 08 septembre 2024 sur France 5 à 14h30
«Roots», Nemanja Radulovic, un voyage musical autour du monde

Dimanche 08 septembre 2024 sur Arte à 18h20
Blomstedt dirige Bruckner

Dimanche 08 septembre 2024 sur Arte à 23h50
"Bovary" - Spectacle de danse de Christian Spuck

Lundi 09 septembre 2024 sur Arte à 01h50
Manfred Honeck dirige la "8e" de Bruckner au Concertgebouw

Mardi 10 septembre 2024 sur France 4 à 21h00
Ravel : la grande soirée de ballets (Jean-Christophe Maillot)

Mardi 10 septembre 2024 sur France 4 à 22h25
Le songe d'une nuit d'été (George Balanchine) - Opéra national de Paris

Dimanche 15 septembre 2024 sur France 3 à 00h20
Les Concerts de Poche

Dimanche 15 septembre 2024 sur Arte à 18h45
Mischa Maisky interprète Tchaïkovski

Lundi 16 septembre 2024 sur Arte à 00h00
Luigi Nono - Le son de l'utopie

Lundi 16 septembre 2024 sur Arte à 00h55
Ouverture spirituelle : Nono & Dallapiccola - Festival de Salzbourg 2024

Mardi 17 septembre 2024 sur France 4 à 21h00
Roberto Alagna, le Sicilien

Mardi 17 septembre 2024 sur France 4 à 23h50
«Roots», Nemanja Radulovic, un voyage musical autour du monde

Dimanche 22 septembre 2024 sur France 3 à 00h15
Le songe d'une nuit d'été (Britten) - Opéra de Lille

Dimanche 22 septembre 2024 sur Arte à 03h15
Force & Freedom - Beethoven entre contrainte et liberté

Dimanche 22 septembre 2024 sur Arte à 18h45
Concert au château de Prague

Lundi 23 septembre 2024 sur Arte à 00h20
Richard Strauss : "Elektra" - Festival de Baden-Baden 2024

Lundi 23 septembre 2024 sur Arte à 02h15
Les grands rivaux en musique - Schönberg vs Stravinsky

Lundi 23 septembre 2024 sur Arte à 03h10
Kirill Petrenko dirige Rachmaninov et Tchaïkovski - Concert de Pâques des Berliner Philharmoniker

Mardi 24 septembre 2024 sur France 4 à 23h00
L'envolée, les virtuoses de la Guadeloupe

Samedi 28 septembre 2024 sur France 5 à 14h35
Je danse autour du monde

Dimanche 29 septembre 2024 sur France 3 à 00h15
Les Noces de Figaro (Mozart) - Opéra de Paris - dm Dudamel - ms Jones

Dimanche 29 septembre 2024 sur Arte à 18h40
Riccardo Chailly dirige Rachmaninov - Festival de Lucerne 2024

Dimanche 29 septembre 2024 sur Arte à 23h10
Don Carlo (Verdi) - Opéra de Vienne - dm Philippe Jordan - ms Serebrennikov

Tagliavini, Guerrero, Étienne Dupuis, Ulyanov, Grigorian, Hubeaux

Lundi 30 septembre 2024 sur Arte à 02h25
Contrebasses virtuoses ! - Avec l'ensemble Bassiona Amorosa

TV-Web Septembre 2024 Lyrique et Musique

Mezzo et Mezzo HD

Dimanche 01 septembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Die Tote Stadt de Korngold au Staatsoper de Munich

Lundi 02 septembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Klaus Mäkelä - Vers la flamme

Mercredi 04 septembre 2024 sur Mezzo à 20h30
'Les Pêcheurs de perles' de Bizet au Capitole de Toulouse

Vendredi 06 septembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Tchaïkovski : La Dame de Pique - Bayerische Staatsoper

Vendredi 06 septembre 2024 sur Mezzo à 23h15
Mozart : Don Giovanni - Staatsoper Berlin

Samedi 07 septembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Delibes : Lakmé - Jodie Devos

Dimanche 08 septembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
'Eugène Onéguine' de Tchaïkovski à la Monnaie de Bruxelles

Lundi 09 septembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Musique, un voyage pour la vie: Riccardo Chailly

Mardi 10 septembre 2024 sur Mezzo à 23h50
'Saul' de Haendel au Theater an der Wien

Mercredi 11 septembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Monteverdi : Le Couronnement de Poppée - Théâtre des Champs-Elysées

Vendredi 13 septembre 2024 sur Mezzo à 08h50
Les Juifs de Wagner

Vendredi 13 septembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
'Le Nez' de Chostakovitch à la Monnaie de Bruxelles

Samedi 14 septembre 2024 sur Mezzo à 22h00
John Adams : Nixon in China - Opéra de Paris

Dimanche 15 septembre 2024 sur Mezzo HD à 22h30
Tchaïkovski : La Dame de Pique - Bayerische Staatsoper

Mardi 17 septembre 2024 sur Mezzo à 23h10
Le Chevalier à la rose de Richard Strauss

Mercredi 18 septembre 2024 sur Mezzo à 20h30
A Midsummer Night’s Dream de Britten à l'Opéra de Lille

Vendredi 20 septembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Die Tote Stadt de Korngold au Staatsoper de Munich

Vendredi 20 septembre 2024 sur Mezzo à 23h00
Berlioz : La Damnation de Faust - Pene Pati, Aude Extremo - Monte-Carlo

Samedi 21 septembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Haendel: Giulio Cesare - Jaroussky, Arquez, Devieilhe

Dimanche 22 septembre 2024 sur Mezzo à 16h10
Les Juifs de Wagner

Dimanche 22 septembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
'Le Nez' de Chostakovitch à la Monnaie de Bruxelles

Lundi 23 septembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Bernard Haitink : Ça vient à moi - Portrait d'un chef d'orchestre

Mardi 24 septembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Rivalités musicales - Schönberg contre Stravinsky

Mardi 24 septembre 2024 sur Mezzo à 23h15
'Les Pêcheurs de perles' de Bizet au Capitole de Toulouse

Mercredi 25 septembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Mitridate de Mozart au Staatsoper Berlin

Vendredi 27 septembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
'Eugène Onéguine' de Tchaïkovski à la Monnaie de Bruxelles

Vendredi 27 septembre 2024 sur Mezzo à 23h25
Delibes : Lakmé - Jodie Devos

Samedi 28 septembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Enesco : Œdipe - Opéra national de Paris

Dimanche 29 septembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Beethoven: Fidelio - Dutch National Opera

Lundi 30 septembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Richard Strauss et ses héroïnes

TV-Web Septembre 2024 Lyrique et Musique

Web : Opéras en accès libre (cliquez sur les titres pour les liens directs avec les vidéos)

Sur Operavision, Culturebox, Arte Concert etc...

                            Accès illimité dans le temps

Placido Domingo, l'homme aux mille vies

La Traviata (Chorégies d'Orange 2016) avec Domingo, Jaho, Meli

Le Requiem de Verdi (Chorégies d'Orange)

Le Barbier de Séville (Chorégies d'Orange 2018) avec Peretyatko, Sempey, Hotea

Roberto Alagna - Ma vie est un opéra

Le Royaume des Deux-Siciles (Roberto Alagna)

Patrick Dupond, un danseur chez les étoiles

Michaël Denard, le « prince » de l'Opéra de Paris

Le Lac des Cygnes, l'Ambitieux projet de Tchaïkovski

Maria Callas - Il était une voix

Body and Soul (Opéra national de Paris)

Dans les coulisses de Casse-Noisette

Dans les coulisses de Roméo et Juliette

Dans les coulisses de La Fille mal gardée

Dans les coulisses de Don Quichotte

Accès Live à l'Opéra Bastille pour « Le Lac des Cygnes »

Accès live à l'Opéra Garnier dans les coulisses de « La Cenerentola »

 

                           Septembre 2024

Der Idiot (Festival de Salzburg 2024) jusqu'au (indéterminé)

Carmen (Opéra de Rouen) jusqu'au 03 septembre 2024

Nadine Sierra et Pretty Yende (Philharmonie) jusqu'au 04 septembre 2024

Lise Davidsen (Den Norske Opera & Ballett) jusqu'au 08 septembre 2024

Dalibor (Théâtre national de Prague) jusqu'au 10 septembre 2024

Valer Sabadus (Bayreuth Baroque 2023) jusqu'au 15 septembre 2024

Cambio madre (Muziehtheater Transparant, Flanders Festival Ghent) jusqu'au 15 septembre 2024

Eugène Onéguine (Deutsche Oper Am Rhein) jusqu'au 23 septembre 2024

Bruno de Sa (Festival d'Ambronay 2023) jusqu'au 24 septembre 2024

Il était une fois Casse-Noisette (Karl Paquette - Châtelet) jusqu'au 25 septembre 2024

Serse (Opéra de Rouen) jusqu'au 26 septembre 2024

John Neumeier - Une vie pour la danse jusqu'au 28 septembre 2024

John Neumeier - La Ménagerie de verre (Opéra de Hambourg)jusqu'au 28 septembre 2024

Télémaque et Calypso (Festival d'Ambronay 2023) jusqu'au 29 septembre 2024

Rivoluzione (La Monnaie) jusqu'au 29 septembre 2024

Nostalgia (La Monnaie) jusqu'au 30 septembre 2024

                          Octobre 2024

Intimate Portraits (Polish National Opera and Ballet) jusqu'au 01 octobre 2024

Sergiu Celibidache et les Berliner Philharmoniker jusqu'au 01 octobre 2024

Mirga Gražinytė-Tyla dirige la 6e de Bruckner (Radio France) jusqu'au 01 octobre 2024

Pietari Inkinen dirige Caplet, Ravel et Rimski-Korsakov - Avec Fatma Saïd jusqu'au 4 octobre 2024

Orlando Furioso (Teatro Comunale di Ferrara) jusqu'au 05 octobre 2024

Requiem de Mozart (Festival d'Ambronay) jusqu'au 06 octobre 2024

Viva Napoli! (Festival d'Ambronay) jusqu'au 07 octobre 2024

Les Chemins de Bach / Un Voyage à Lübeck (Chapelle royale de Versailles) jusqu'au 10 octobre 2024

Idomeneo (Grand Théâtre de Genève) jusqu'au 14 octobre 2024

Monteverdi et le Caravage (Galerie Borghèse de Rome) jusqu'au 14 octobre 2024

Concours Long-Thibaud 2023 (Université d'Assas) jusqu'au 16 octobre 2024

Britten - War Requiem (Château de Prague) jusqu'au 16 octobre 2024

Roberto Alagna : Sicilien jusqu'au 17 octobre 2024

Salomé (Irish National Opera) jusqu'au 19 octobre 2024

Eden (Joyce DiDonato à Olympie) jusqu'au 19 octobre 2024

Ifigenia in Aulide (Bayreuth Baroque Opera Festival 2024) jusqu'au 20 octobre 2024

Mirga Gražinytė-Tyla dirige Bruckner, Boulanger et Gražinis jusqu'au 25 octobre 2024

Ariane à Naxos (Garsington Opera) jusqu'au 26 octobre 2024

Les Chevaux de feu (Lviv National Opera) jusqu'au 29 octobre 2024

                          Novembre 2024

Turandot (Scala de Milan) jusqu'au 03 novembre 2024

Don Giovanni (Opéra de Lille) jusqu'au 06 novembre 2024

Fidelio (Dutch National Opera & Ballet) jusqu'au 06 novembre 2024

On Danse Chez Vous : Mehdi Kerkouche (Chaillot) jusqu'au 08 novembre 2024

La Sonnambula (Teatro dell'opera di Roma) jusqu'au 10 novembre 2024

Roméo, Juliette, Thomas et les autres (Opéra national de Paris) jusqu'au 11 novembre 2024

Les Contes d'Hoffmann (Festival de Salzburg) jusqu'au 14 novembre 2024

Daniel Hope et la musique sud-africaine jusqu'au 16 novembre 2024

Marco Tutino : La ciociara (Wexford Festival Opera 2023) jusqu'au 18 novembre 2024

Pablo Heras-Casado dirige Schubert, Goldmark et Brahms jusqu'au 18 novembre 2024

Les Maîtres chanteurs de Nuremberg (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 18 novembre 2024

Le Ballet national de Vienne danse Gustav Mahler (Opéra de Vienne) jusqu'au 19 novembre 2024

La Ciociara (Wexford Festival Opera 2023) jusqu'au 19 novembre 2024

Gala d'opéra - Classic Open Air 2024 (Hanovre) jusqu'au 22 novembre 2024

Don Quichotte - Massenet (Opéra national de Paris) jusqu'au 23 novembre 2024

Strauss avec Asmik Grigorian et Gustavo Dudamel (Festival de Salzburg) jusqu'au 23 novembre 2024

Guercoeur (Opéra national du Rhin) jusqu'au 25 novembre 2024

Alfred, Alfred / La serva padrona (Teatri di Reggio Emilia) jusqu'au 26 novembre 2024

Ouverture spirituelle : Nono & Dallapicolla (Festival de Salzburg 2024) jusqu'au 27 novembre 2024

                          Décembre 2024

Tosca (Teatro Regio di Parma) jusqu'au 01 décembre 2024

Requiem de Mozart (Palau de la Musica de Barcelone) jusqu'au 04 décembre 2024

Manon Lescaut (Poznan Opera) jusqu'au 08 décembre 2024

Grand concert symphonique Saint-Saëns (Auditorium de Radio France) jusqu'au 14 décembre 2024

Ballet National de España (Festival de Grenade 2023) jusqu'au 18 décembre 2024

Elektra (Festival de Baden-Baden 2024) jusqu'au 19 décembre 2024

Concert de Noël (Philharmonique de Radio France) jusqu'au 21 décembre 2024

Albert Herring (Opera North) jusqu'au 21 décembre 2024

Hommage à Patrick Dupond jusqu'au 26 décembre 2024

Masterclasse Lawrence Brownlee et Brian Jagde jusqu'au 28 décembre 2024

Le Concert de Paris 2024 jusqu'au 31 décembre 2024

 

                           Janvier 2025

Samson (Festival d'Aix-en-Provence 2024) jusqu'au 11 janvier 2025

L'Olimpiade (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 12 janvier 2025

Pinocchio - Weinberg (Polish National Opera and Ballet) jusqu'au 12 janvier 2025

Le Baiser (National Moravian-Silesian Theatre) jusqu'au 19 janvier 2025

Gala Puccini (Place Saint-Marc de Venise) jusqu'au 19 janvier 2025

Picture a Day Like This (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 19 janvier 2025

Apaches au Palais Garnier (Opéra national de Paris) jusqu'au 24 janvier 2025

Les deux Veuves (National Moravian-Silesian Theatre) jusqu'au 26 janvier 2025

Hélène Grimaud & Konstantin Krimmel (Festival de piano de la Ruhr 2024) jusqu'au 28 janvier 2025

                           Février 2025

Operatic Oniricon (Polish National Opera and Ballet) jusqu'au 02 février 2025

Colorature, Mrs Jenkins et son pianiste - Opéra Grand Avignon jusqu'au 09 février 2025

La Walkyrie (LongBorough Festival Opera) jusqu'au 09 février 2025

Charpentier à l'honneur - Festival de musique sacrée à Madrid jusqu'au 14 février 2025

Il viaggio a Reims (Rossini Opera Festival) jusqu'au 16 février 2025

Voix des Outre-mer (Amphithéâtre de l'Opéra Bastille) jusqu'au 20 février 2025

Le Comte Ory (Rossini in Wildbad) jusqu'au 23 février 2025

Il Barbiere di Siviglia (Royal Swedish Opera) jusqu'au 28 février 2025

                           Mars 2025

Fidelio courte animation jusqu'au 01 mars 2025

La Vestale (Opéra national de Paris) jusqu'au 06 mars 2025

Sandrine Piau et Les Talens Lyriques (Bayreuth Baroque Opera Festival 2024) jusqu'au 08 mars 2025

Ravel, la grande soirée de ballets (Les ballets de Monte-Carlo) jusqu'au 10 mars 2025

Nuria Rial & Fahmi Alqhai (Bayreuth Baroque Opera Festival 2024) jusqu'au 12 mars 2025

La Chauve-Souris (Opéra de Lille) jusqu'au 13 mars 2025

Moise et Aaron (Opéra national de Paris) jusqu'au 14 mars 2025

Aladin de David Bintley (Nouveau Théâtre/Ballet national de Tokyo) jusqu'au 20 mars 2025

Fauteuils d'orchestre (Anne Sinclair) jusqu'au 21 mars 2025

Car/Men (Théâtre municipal de Béthune) jusqu'au 22 mars 2025

Maria Callas au cinéma jusqu'au 23 mars 2025

Vivaldi et Mozart au musée du Louvre jusqu'au 24 mars 2025

                           Avril 2025

Le Messie (Festival de Pâques d'Aix-en-Provence) jusqu'au 03 avril 2025

                            Mai 2025

Médée (Opéra national de Paris) jusqu'au 30 mai 2025

La Chauve-Souris (Opéra de Lille) jusqu'au 31 mai 2025

                           Juin 2025

Adriana Lecouvreur (Opéra national de Lettonie, Riga) jusqu'au 15 juin 2025

Jour de fête chez Offenbach (Radio France) jusqu'au 22 juin 2025

                       Juillet 2025

Alain Altinoglu et Stéphane Degout (Festival de Colmar) jusqu'au 04 juillet 2025

Afanador (Ballet Nacional de España) jusqu'au 23 juillet 2025

                       Août 2025

Wozzeck (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 19 août 2025

                         Septembre 2025

Angelin Preljocaj : La visite (Picasso Danse) jusqu'au 19 septembre 2025

 

                         Novembre 2025

Le Ring sans paroles (Philharmonique de Strasbourg) jusqu'au 05 septembre 2025

 

                           Janvier 2026

Iphigénie en Aulide - Iphigénie en Tauride (Festival d'Aix-en-Provence 2024) jusqu'au 11 janvier 2026

                           Février 2026

Voix des Outre-Mer 2023 (Amphithéâtre Bastille) jusqu'au 22 février 2026

                           Mars 2026

Concert en soutien au peuple ukrainien (Maison de Radio France) jusqu'au 04 mars 2026

                           Mai 2026

Barry Lyndon Tribute jusqu'au 13 mai 2026

Michel Legrand, la musique enchantée (Dessay, Bertault) jusqu'au 13 mai 2026

 

                           Juillet 2026

Kiev, un opéra en guerre (1/4) - Danser pour résister jusqu'au 12 juillet 2026

 

                           Septembre2026

Kiev, un opéra en guerre (2/4) - Exister ou disparaître jusqu'au 12 septembre 2026

 

                         Novembre 2026

Kiev, un opéra en guerre (3/4) - Exilés jusqu'au 14 novembre 2026

Les trois ballets de Stravinsky (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 25 novembre 2026

                         Décembre 2026

Concert du nouvel an de l'Orchestre national de France (Radio France) jusqu'au 30 décembre 2026

   

                          Janvier 2027

Samson (Festival d'Aix-en-Provence 2024) jusqu'au 11 janvier 2027

Madame Butterfly (Festival d'Aix-en-Provence 2024) jusqu'au 13 janvier 2027

                        Février 2027

Kiev, un opéra en guerre (4/4) - Transmettre jusqu'au 08 février 2024

 

                         Juin 2028

Dream Requiem - Rufus Wainwright (Radio France) jusqu'au 13 juin 2028

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 31 Août 2024

Tannhäuser (Richard Wagner – 19 octobre 1845, Dresde)
Version de Dresde 1845
Représentation du 04 août 2024
Bayreuther Festspiele

Landgraf Hermann Günther Groissböck
Tannhäuser Klaus Florian Vogt
Wolfram von Eschenbach Markus Eiche
Walther von der Volgelweide Siyabonga Maqungo
Biterof Olafur Sigurdarson
Heinrich der Schreiber Martin Koch
Reinmar von Zweter Jens-Erik Aasbø
Elisabeth Elisabeth Teige
Venus Irene Roberts
Ein Juger Hirt Flurina Stucki 
Le Gâteau Chocolat Le Gâteau Chocolat
Oskar Manni Laudenbach 

Direction musicale Nathalie Stutzmann
Mise en scène Tobias Kratzer (2019)

Devenue l’une des productions modernes et emblématiques fortement plébiscitée sous la direction de Katharina Wagner, la lecture de ‘Tannhäuser’ par Tobias Kratzer nous emmène au cœur de la problématique de l’œuvre par une mise en scène du conflit entre liberté artistique et académisme artistique qui se déroule dans le cadre même du festival de Bayreuth.

Elle est de plus soutenue par la direction orchestrale de Nathalie Stutzmann qui, dès l’ouverture, donne un élan vertigineux au survol spectaculairement filmé du château de la Warthurg et de la nature qui l’entoure, et se révèle d’une exaltante envergure tout en faisant ressortir des cuivres un sentiment de regret nostalgique auquel il est difficile d’être insensible.

Klaus Florian Vogt (Tannhäuser) - Photo : Enrico Nawrath

Klaus Florian Vogt (Tannhäuser) - Photo : Enrico Nawrath

Comme chaque année, le metteur en scène allemand a revu certaines scènes de sa vidéo introductive qui raconte la fuite délurée mais aussi meurtrière de quatre saltimbanques, Vénus, le nain Oskar, la Drag Queen Gâteau Chocolat grimée en Blanche-Neige, et Tannhäuser, sous l’apparence d’un triste clown. Au moment où il insère dans le film une photographie en mémoire à Stephen Gould - grand ténor wagnérien fidèle à Bayreuth et inoubliable interprète de Tannhäuser à l’Opéra Bastille en 2007, soudainement disparu à la fin de l’été 2023 -, une partie du public applaudit, mais l’émotion qu’engendre un tel souvenir inattendu est aussi très poignante. Et la manière dont l’orchestre achève cette splendide embardée dans un soupir crépusculaire annonce d’emblée que l’histoire se finira mal et ajoute au trouble émotionnel.

Excellente transposition des Pèlerins allant à Rome tels des spectateurs internationaux se rendant sur la colline verte, outre la flamboyance de la direction de Nathalie Stutzmann, le premier acte est l’occasion de découvrir la Vénus impétueuse d'Irene Roberts au timbre agile et vivant, qui déborde d’énergie et de présence. Klaus Florian Vogt étonne en premier lieu car, coutumier des rôles magnétiques et d’une grande éloquence, on ne l’attend pas forcément en anti-héro marginal.

Jens-Erik Aasbø (Reinmar von Zweter ) et Le Gâteau au Chocolat

Jens-Erik Aasbø (Reinmar von Zweter ) et Le Gâteau au Chocolat

A l’entracte, spectateurs et nombre de passants peuvent aller écouter Le Gâteau Chocolat - première Drag Queen noire invitée à Bayreuth pour jouer son propre rôle - chanter de la musique pop au bord de l'étang du Festspielpark. Ce grand moment de divertissement prépare le second acte du château de la Wartburg, et c’est avec amusement qu'Irene Roberts se mêle aux vacanciers pour peindre sur un drapeau noir ‘Frei im Wollen, frei im Thun, frei im Geniessen’, c'est-à-dire ‘Libre dans ses désirs, ses actes, sa jouissance’, une devise anarchiste tirée de l’essai de Richard Wagner ‘Die Kunst und die Revolution’ écrit en 1849, que nous retrouverons au second acte pour illustrer la révolution qu’amène Tannhäuser.

Et à la fin du show, Le Gâteau Chocolat prend aussi le temps de poser pour tous les selfies que ses admirateurs lui proposent. Une très forte énergie se dégage de ces artistes hors norme.

Le Gâteau au Chocolat au bord de l'étang du Festspielpark

Le Gâteau au Chocolat au bord de l'étang du Festspielpark

Le succès du second acte provient de l’approche géniale de Tobias Kratzer qui monte le grand tableau de la Wartburg de façon historisante avec beaux décors d’une salle moyenâgeuse et costumes d’époque qui séduisent immédiatement le public le plus traditionnel de l’audience.

Mais un ensemble de vidéos, souvent très drôles, montre en parallèle les coulisses, avec un art de la continuité qui fait que l’auditeur ne peut prendre ce qu’il voit au premier degré et devient lui-même le spectateur de l’ensemble de la machinerie. Il verra aussi la troupe de Tannhäuser s’immiscer dans le Festspielhaus et venir perturber de manière hilarante le spectacle en cours, Katharina Wagner jouant la méchante en apparaissant dans la vidéo lorsqu’elle appelle la police qui interviendra effectivement sur scène. 

La question de la liberté artistique est finalement posée par la mise en avant, hors cadre, des intrus dont la présence se démarque du faux tableau présenté au cours de cet acte, sous un éclairage qui les met parfaitement en exergue.

Irene Roberts (Vénus), Klaus Florian Vogt (Tannhäuser) et Elisabeth Teige (Elisabeth) - Photo : Enrico Nawrath

Irene Roberts (Vénus), Klaus Florian Vogt (Tannhäuser) et Elisabeth Teige (Elisabeth) - Photo : Enrico Nawrath

Cet acte est aussi celui de l’apparition d’Elisabeth Teige qui dépeint une Élisabeth mélancolique et presque introvertie. Son chant est d’une grande vibrance avec des couleurs qui se rapprochent de celles d’Irène Roberts, mais avec des aigus plus brillants du fait de sa tessiture de soprano. 

Klaus Florian Vogt y est somptueux, mais cela n’est pas une surprise, et la suavité très claire de Siyabonga Maqungo, en Walther, fait merveille tant elle s’allie idéalement au timbre de l’interprète de Tannhäuser.

Ce ténor sud africain, qui fit ses débuts à l’opéra de Meiningen en 2015, a dorénavant intégré l’ensemble de l’opéra d’État de Berlin, et les excellentes qualités de sa voix lui ouvrent l’accès à un répertoire très large, y compris belcantiste.

 Siyabonga Maqungo (Walther von der Volgelweide)

Siyabonga Maqungo (Walther von der Volgelweide)

Dans cette production, Wolfram von Eschenbach – Markus Eiche l’interprète avec souplesse et douceur mais sans velours noir - n’a pas le beau rôle, puisque son romantisme affiché ne semble qu’une façade, et le troisième acte où on le voit coucher avec Elisabeth sous les traits de Tannhäuser montre la faiblesse même de ses convictions.
Mais Dieu est ici l’Art conventionnel et aussi l’Art de Richard Wagner dont Tannhäuser finit par déchirer la partition.

La Révolution prônée par le compositeur même a avorté, sa liberté et ses désirs l’ont porté vers un art révolutionnaire pour l’époque mais que la société bourgeoise et capitaliste s’est appropriée afin de l’ancrer dans la tradition. Klaus Florian Vogt est étonnant, car il pousse très loin les déformations du chant pour exprimer la rage intérieure du héros, et en même temps réserve des instants d’élégie fabuleux. 

Irene Roberts, Elisabeth Teige, Nathalie Stutzmann et Klaus Florian Vogt

Irene Roberts, Elisabeth Teige, Nathalie Stutzmann et Klaus Florian Vogt

A cela s’ajoute l’intensité dramatique qu’imprime Nathalie Stutzmann à un orchestre puissant et galvanisé, tout en ayant aussi montré, au second acte, une très grande capacité à décrire une atmosphère plus introspective.

C’est donc sur la verve resplendissante du chœur final des pèlerins et sur un goût de bonheur manqué que s’achève l’histoire avec cette très émouvante image d’Élisabeth et du musicien roulant vers la liberté et un horizon apaisé. 

Depuis l'ambiance agitée de la création en 2019, ce spectacle aura par la suite soulevé un enthousiasme jamais démenti qui justifierait de prolonger sa programmation. Il devrait être repris en 2026 pour les célébrations des 150 ans du Festival, mais ensuite, il sera difficile de prendre la relève.

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Publié le 20 Août 2024

Der Idiot (Mieczysław Weinberg – 1986-1989 – 09 mai 2013, Mannheim)
Livret de Alexander Medwedew d’après le roman de Fiodor Dostoïevski
Représentation du 10 août 2024
Felsenreitschule
Salzburger Festspiele 2024

Fürst Lew Nikolajewitsch Myschkin Bogdan Volkov
Nastassja Filippowna Baraschkowa Ausrine Stundyte
Parfjon Semjonowitsch Rogoschin Vladislav Sulimsky
Lukjan Timofejewitsch Lebedjew Iurii Samoilov
Iwan Fjodorowitsch Jepantschin, General Clive Bayley
Jelisaweta Prokofjewna Jepantschina, seine Frau Margarita Nekrasova
Aglaja Iwanowna Jepantschina Xenia Puskarz Thomas
Alexandra Iwanowna Jepantschina Jessica Niles
Gawrila (Ganja) Ardalionowitsch Iwolgin Pavol Breslik
Warwara (Warja) Ardalionowa Iwolgina Daria Strulia
Afanassi Iwanowitsch Totzki Jerzy Butryn
Messerschleifer Alexander Kravets
Adelaida Iwanowna Jepantschina Jutta Bayer

Direction musicale Mirga Gražinytė-Tyla
Mise en scène Krzysztof Warlikowski (2024)
Décors et costumes Małgorzata Szczęśniak
Lumières Felice Ross
Vidéo Kamil Polak
Chorégraphie Claude Bardouil
Dramaturgie Christian Longchamp

Herren der Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Wiener Philharmoniker


                                                           Mirga Gražinytė-Tyla, Krzysztof Warlikowski et Bogdan Volkov
                                                                                                (Photo Festival Salzburg)
Nouvelle production du Festival de Salzbourg (Première le 02 août 2024)
Diffusion sur Medici TV et Stage + le 23 août 2024 à 20h

Depuis la première scénique de ‘Die Passagierin’ au Festival de Bregenz en juillet 2010, à celle de ‘Der Idiot’ à Mannheim en mai 2013, les œuvres de Mieczysław Weinberg trouvent une reconnaissance tardive, et c’est un véritable coup de maître que vient de provoquer le directeur artistique Markus Hinterhäuser en choisissant le dernier opéra du compositeur russe comme première nouvelle production scénique du Festival de Salzbourg 2024.

Ausrine Stundyte (Nastassja) et Bogdan Volkov (Myschkin)

Ausrine Stundyte (Nastassja) et Bogdan Volkov (Myschkin)

Juif polonais ayant du fuir Varsovie suite à l’avancée de la Wehrmacht, ce qui aboutira à l’extermination de toute sa famille sous le régime Nazi, Mieczysław Weinberg se réfugia en URSS, d’abord à Minsk, puis à Tachkent, quand les Allemands envahirent les territoires soviétiques.

Il sera cependant victime des persécutions antisémites du régime stalinien après la guerre, et devra endurer 11 semaines d’emprisonnement jusqu’à la mort du dictateur en mars 1953. C’est sans doute à ce moment que son amitié avec Dmitri Chostakovitch atteindra son paroxysme, puisque ce dernier n’hésitera pas à s’adresser aux autorités pour le faire libérer, geste éminemment risqué.

Malgré les propos de Fiodor Dostoïevski sur ‘la question juive’ tenus dans son ‘Journal d’un écrivain’, Mieczysław Weinberg a traduit son intérêt pour la littérature russe en adaptant de 1985 à 1989 l’un de ses romans, ‘L’Idiot’, sous forme d’une œuvre lyrique qui connaîtra une première en version de concert réduite et orchestration de chambre le 19 décembre 1991 à Moscou, la seule interprétation jouée du vivant du compositeur.

Der Idiot - Weinberg (Volkov Gražinytė-Tyla Warlikowski) Salzbourg

Après Mannheim (2013), Oldenbourg (2014), Saint-Pétersbourg (2016), Moscou (2017) et Vienne (2023), la production de 'Der Idiot' que présente le Festival de Salzbourg prend une forte valeur politique, car elle est confiée à une équipe artistique qui partage une histoire commune avec la Russie, et une même vision des Russes.

Un metteur en scène polonais, Krzysztof Warlikowski, un héros interprété par un chanteur ukrainien, Bogdan Volkov, soit deux artistes originaires de deux pays en conflit avec la Russie depuis le XVIIe siècle (‘La Khovanchtchina’ de Modeste Moussorgski est un exemple d’opéra qui intègre dans son livret des éléments historiques liés à cette période), une cheffe d’orchestre lituanienne, Mirga Gražinytė-Tyla, originaire d’un état balte qui a aussi subi l’occupation soviétique, sa consœur, Ausrine Stundyte, qui chante le rôle de Nastassja, tous ont en eux la méfiance des Russes, voir une profonde peur commune.

‘Weinberg: Symphonies Nos. 2 & 21’  par Gidon Kremer et Mirga Gražinytė-Tyla

‘Weinberg: Symphonies Nos. 2 & 21’ par Gidon Kremer et Mirga Gražinytė-Tyla

Gidon Kremer, violoniste letton dont le père est un survivant juif de l’holocauste, a connu Mieczysław Weinberg lorsque ce dernier participait en tant que pianiste à la création de ‘Sept romances’ de Chostakovitch, le 25 octobre 1967 à Moscou.

Mais à l’époque, Gidon Kremer le considérait comme appartenant à une ancienne génération de musiciens. Il regrette ce jugement hâtif et défend dorénavant le compositeur à travers des concerts et des enregistrements discographiques.

Il a ainsi transmis sa passion à Mirga Gražinytė-Tyla avec qui il a édité un disque en 2019  ‘Weinberg: Symphonies Nos. 2 & 21’ chez Deutsche Grammophon. Et il y a quelques mois encore, elle dirigeait ‘Die Passagierin’ au Teatro Real de Madrid dans la production originale de Bregenz mise en scène par David Pountney.

Mirga Gražinytė-Tyla et Bogdan Volkov

Mirga Gražinytė-Tyla et Bogdan Volkov

La conséquence de cette passion partagée est que Mirga Gražinytė-Tyla fait œuvre d’un contrôle somptueux du Wiener Philharmoniker avec lequel elle emmène l’auditeur dans les méandres sombres de ‘Der Idiot’ avec une patience et une précision qui laissent fasciné. Les transitions au piano, les mouvements de fond coulant des contrebasses, les grands moments dramatiques, voir épiques, que les cuivres puissamment alliés aux cordes font intensément ressentir avec éclat mais sans stridences excessives, créent une atmosphère méditative d’une beauté mystérieuse qui fait aussi parfois penser à celle de Ligeti. Mais l’écriture de Weinberg mêle également les motifs mélancoliques des bois au chant des solistes, et la profondeur poignante de l’orchestre fait merveille ici, car elle est rendue avec tout son pouvoir immersif que l’on pourrait presque trouver trop embaumant.

Qu’une telle osmose entre le Wiener Philharmoniker et Weinberg se réalise sous la direction de Mirga Gražinytė-Tyla signe l’adoption définitive de celle-ci par l’orchestre, car la cheffe lituanienne sera la première femme à le diriger au Musikverein les 3 et 4 mai 2025 à l’occasion de deux concerts d’abonnement, une reconnaissance historique.

Bogdan Volkov (Myschkin) - photo SF / Bernd Uhlig

Bogdan Volkov (Myschkin) - photo SF / Bernd Uhlig

L’équipe de Krzysztof Warlikowski est également pour beaucoup dans la réussite absolue de cette mise en valeur à couper le souffle. Le large cadre de scène de la Felsenreitschule est décomposé avec clarté, à droite un espace confortable où logent en premier lieu les fauteuils mobiles des wagons du train qui ramène le Prince Myschkin de Suisse à Saint-Pétersbourg, à gauche, l’univers de l’argent et de la mort (appuyé par la présence d’un squelette) symbolisé par une salle de marché qui est liée à l’enjeu que représente Nastassja pour ses courtisans, un peu plus au centre une chambre coulissante recouverte d’art traditionnel russe, prémonitoire du destin fatal de l’héroïne, et, légèrement décentré, un tableau où seront gravées des formules de la physique newtonienne et d’Einstein qui traduisent la fascination pour les lois fondamentales et élégantes de la nature.

Bogdan Volkov (Myschkin), Ausrine Stundyte (Nastassja) et Vladislav Sulimsky (Rogoschin)

Bogdan Volkov (Myschkin), Ausrine Stundyte (Nastassja) et Vladislav Sulimsky (Rogoschin)

Le tout est serti d’un fond de décor boisé conçu avec goût par Małgorzata Szczęśniak, qui renvoie à la prévalence de ce matériau dans la tradition russe.

Les vidéos de Kamil Polak sont utilisées parcimonieusement, d’abord pour donner l’illusion sur toute la longueur de scène du défilé des paysages avec l’avancée du train, laissant entrevoir des quartiers de villes détruits ou abîmés, une image destructrice et délabrée de la Russie, ensuite en temps réel, lorsque Nastassja filme narcissiquement son propre visage, jusqu’à cette sublime scène finale où l’on voit Myschkin, Nastassja et Rogoschin réunis l’un à côté de l’autre dans le même lit, trois visages de l’humanité qui se rejoignent, mélange de pureté et de noirceur qui se retrouve dans la musique lancinante qui s’éteint.

Bogdan Volkov (Myschkin) et ‘Le Christ mort’ de Hans Hoblein - photo SF / Bernd Uhlig

Bogdan Volkov (Myschkin) et ‘Le Christ mort’ de Hans Hoblein - photo SF / Bernd Uhlig

Mais le plus touchant réside dans l’extrême sensibilité avec laquelle Krzysztof Warlikowski vise à ne surtout pas briser le caractère fragile du Prince en poussant très loin la caractérisation de la beauté pure de Myschkin. 

Bogdan Volkov connaît bien ce caractère puisqu’il l'a déjà interprété à plusieurs reprises au Théâtre du Bolshoi depuis 2017. Dans les mains d’un tel metteur en scène, son personnage semble comme irradié à fleur de peau par sa perception des êtres humains qui l’entourent, et son expressivité solide et plaintive, homogène de clarté de timbre dans une tonalité slave, est véritablement poignante. 

Héros à la fois adulte sincère et enfant authentique, supportant par compassion les faiblesses de son entourage malade, Krzysztof Warlikowski lui offre une image magnifique lorsqu’il le représente à demi nu allongé sous la peinture ‘Le Christ mort’ de Hans Hoblein, une référence au roman où il est évoqué, eux deux se situant sous les deux formules de Newton et Einstein inscrites sur le tableau. Serait-ce une manière de dire que par sa blancheur immaculée, Myschkin porte en lui quelque chose d’encore plus grand que le Christ?

Cette surprenante scène apparaît d’ailleurs après une crise d’épilepsie extraordinairement jouée par Bogdan Volkov, avec des mimiques compulsives, alors que l’orchestre atteint une telle emphase dans la violence qu’elle résonne comme un cri provenant des entrailles, un mode d’expression cher à Krzysztof Warlikowski.

Pavol Breslik (Ganja) et Jerzy Butryn (Totzki)

Pavol Breslik (Ganja) et Jerzy Butryn (Totzki)

Nastassja et Rogoschin sont eux aussi très bien dessinés par le metteur en scène. Ausrine Stundyte use beaucoup de sa voix fauve et noire pour caractériser la jeune femme à coups de traits outranciers, pouvant se montrer séductrice par le corps, provocante avec les hommes, mais témoignant aussi d’une passion affective pour le Prince qui l’absout de tout. Elle aussi a un jeu qui s’enflamme, tout en la rendant très humaine. Elle incarne quelqu'un d'assez extraordinaire lorsqu'elle adjure le Prince de ne pas l'aimer, sinon il en serait abîmé.

Vladislav Sulimsky a tout autant de noirceur à revendre, un regard très ancré, une incarnation du mal lucide qui trouve sa place dans cette société calculatrice, et quelque peu une bête rampante, sans tomber dans le manichéisme pour autant.

Et bien que le livret aborde de façon plus parcellaire les autres caractères, ils sont tous incarnés de manière très vivante et colorée, Margarita Nekrasova, la femme exubérante du général Jepantschin, joué par un Clive Bayley en pleine forme, Pavol Breslik toujours aussi fortement impliqué en Ganja, l’autre amoureux de Nastassja, ou bien le très marquant Jerzy Butryn dans le rôle de Totzki, pourtant souvent limité à de simples interjections.

Enfin, le chœur d'hommes, mené de manière très active sur scène, forme un personnage social à part entière d'une très grande éloquence.

Bogdan Volkov (Myschkin) - photo SF / Bernd Uhlig

Bogdan Volkov (Myschkin) - photo SF / Bernd Uhlig

La richesse de ce spectacle mériterait d’être revue, surtout lorsque l’on en admire la complexité et la précision du montage (très impressives sont les différentes nuances de bleu que Felice Ross injecte dans les lumières de la scène finale, et quelle magnifique vidéo numérique signée Kamil Polak qui identifie le Prince au 'Voyageur' de Caspar David Friedrich lorsqu’il chante ses souvenirs de jeunesse à la montagne, un hommage aux 250 ans de la naissance du peintre).

Le public ne s’y est pas trompé, ni la presse lyrique internationale qui a salué avec grand enthousiasme l’importance de cet évènement, car il s'agit d'une découverte majeure qui est rendue avec une force et une lisibilité qui font honneur à Mieczysław Weinberg.

Et pour retrouver le duo Mirga Gražinytė-Tyla / Krzysztof Warlikowski, il ne faudra attendre que peu de temps jusqu'à la première de Káťa Kabanová prévue au Bayerische Staastoper le 17 mars 2025. 

Bogdan Volkov, Ausrine Stundyte et Vladislav Sulimsky

Bogdan Volkov, Ausrine Stundyte et Vladislav Sulimsky

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Publié le 15 Août 2024

Tristan und Isolde (Richard Wagner – Munich, le 10 juin 1865)
Représentation du 04 août 2024
Bayreuther Festspiele

Isolde Camilla Nylund
Tristan Andreas Schager
König Marke Günther Groissböck
Brangäne Christa Mayer
Kurwenal Olafur Sigurdarson
Melot Birger Radde
Ein Hirt Daniel Jenz
Ein Steuermann Lawson Anderson
Junger Seemann Matthew Newlin

Direction musicale Semyon Bychkov
Mise en scène Thorleifur Örn Arnarsson (2024)
Orchester der Bayreuther festspiele
Nouvelle production

                                         Olafur Sigurdarson (Kurwenal)

 

Metteur en scène islandais connu de plusieurs scènes du sud et du centre de l’Allemagne, Wiesbaden, Hanovre, Kassel, Karlsruhe, Augsbourg, où il a déjà réalisé des relectures de trois ouvrages de Richard Wagner, ‘Lohengrin’, ‘Siegfried’ et ‘Parsifal’, Thorleifur Örn Arnarsson suscite beaucoup d’intérêt à l’occasion de la nouvelle production de ‘Tristan und Isolde’ à Bayreuth.

Pourtant, à l’issue du spectacle, le scepticisme est de rigueur.

Camilla Nylund (Isolde) et Andreas Schager (Tristan)

Camilla Nylund (Isolde) et Andreas Schager (Tristan)

Certes, il conçoit un univers visuel où les jeux de lumières latéraux et d’arrière scène isolent le centre de la scène d’un horizon noir sans contour, ce qui crée une impression d’intériorité et d’enfermement oppressante.

Des cordages descendent des cintres afin d’évoquer, au premier acte, la forme stylisée d’une voile dominant un pont de navire sans limites, noyé dans les brumes, puis, au second acte, Tristan et Isolde se retrouvent dans la cale du navire qui a accosté en Cornouailles – son arrivée issue de l’ombre, en fin du premier acte, est impressionnante –, lieu qui se trouve chargé d’un tas d’antiquités, meubles, animaux empaillés, globes terrestres, miroirs, statues, peintures, qui renvoient à l’idée d’un passé révolu, mais qui, paradoxalement, engendrent aussi un sentiment de vide, car toute vie en est absente.

Et au dernier acte, le navire a totalement implosé, ses bribes se sont étalées sur la scène, et Tristan se meurt sur un petit monticule d’objets, une île déserte qui est aussi son univers désolé et désillusionné.

Camilla Nylund (Isolde) et Christa Mayer (Brangäne)

Camilla Nylund (Isolde) et Christa Mayer (Brangäne)

On en resterait là, et nous aurions une scénographie très esthétique qui cadre bien avec une vision d’un amour qui, par essence, aspire à la mort. Mais le fait de présenter au premier acte Isolde en princesse écrivant à l’encre noire, sur son immense robe blanche rayonnante au sol, son histoire passée en Irlande avec Tristan, ajoute une touche introspective et bovaryste vaine, qui ne laisse plus qu’aux chanteurs le soin d’exprimer les sentiments du cœur.

On comprend donc surtout que c’est cette quête philosophique qui tue finalement les deux amants, et on peut même se demander si Tristan et Isolde ne font pas que ressasser tout au long des trois actes un amour qui a connu son apogée en Irlande, et qui, dorénavant, les emprisonne dans un monde qui les déconnecte de la vie.

Thorleifur Örn Arnarsson ne construit cependant aucune dramaturgie forte et ne développe aucune expressivité marquée qui permette d’animer les relations, et lorsqu’il s’y risque, il modifie certains gestes attendus, tel celui de Tristan qui rejette le filtre à l’acte I, mais qui le boit au II au lieu de se battre avec Melot. A quoi bon ces modifications sans grand sens?

Andreas Schager (Tristan) et Camilla Nylund (Isolde)

Andreas Schager (Tristan) et Camilla Nylund (Isolde)

Dans la fosse d’orchestre, Semyon Bychkov est de retour après cinq ans d’absence, lui qui dirigeait ici même ‘Parsifal’ en 2018 et 2019. Sa lecture est lente et hypnotique, évanescente mais avec de l’envergure qui permette d’appuyer le drame. Étant donné que la mise en scène limite l’action et la gestuelle, cette belle ligne envoûtante s'avère très adaptée à un parti pris symbolique, et l’on peut saisir avec un peu d’attention avec quelle finesse les miroitements de vents tissent des voiles sonores irréels aussi bien que les cordes. Il est même un peu dommage d’entendre la tension monter en puissance au moment du retour d’Isolde dans la scène finale, alors que rien ne précipite véritablement autour de Tristan.

Andreas Schager (Tristan) et Camilla Nylund (Isolde)

Andreas Schager (Tristan) et Camilla Nylund (Isolde)

Tristan, Andreas Schager l’a dans la peau depuis 12 ans lorsqu’il interprétait le rôle pour la première fois à l’occasion du projet ‘Wagner’ mené par le théâtre néo-baroque de Minden situé près de Hanovre. Incomparable avec cette attitude de solide gaillard au chant souriant, il compose un Tristan viril dans le médium, délicat quand il le faut, avec un éclat franc et oscillant dans les grands moments d’exclamation, et, surtout, est mu par une générosité incandescente qui peut lui faire prendre une posture très entière, comme au final du second acte lorsqu’il est confronté à Melot. Il y gagne aussi la sympathie inconditionnelle du public.

Mais ce soir là, dans le troisième acte où il a pourtant toute l’endurance requise, son volontarisme démonstratif déborde à plusieurs reprises de façon trop libre, donnant l’impression qu’il ne tient plus la bride. On apprendra trois jours plus tard qu’il souffre d’une inflammation des voies respiratoires, et sera remplacé en cours de représentation le 06 août, sans conséquence pour les représentations suivantes.

Camilla Nylund

Camilla Nylund

Camilla Nylund, elle, est une Isolde plus récente, rôle qu’elle appréhende avec une très grande maturité. Son chant Hyalin s’épanouit majestueusement en ayant la résistance d’un cristal fragile, et elle ne se départit jamais d’une grande noblesse de posture. Au côté de son partenaire, elle paraît moins puissante, mais le duo d’amour sera mené avec une belle communion, ainsi que le Liebestod chanté d’un souffle respirant qui en contrôle la plénitude.

Cette représentation permet aussi de découvrir que Christa Mayer, animée par un sens mélodramatique attachant, exprime en Brangäne un lyrisme plus profilé que pour Fricka ou Waltraude.

Olafur Sigurdarson, le formidable Alberich de ce même Ring, est un solide Kurwenal mais dont on ne sent pas de véritable affect avec Tristan, et le Roi Marke de Günther Groissböck, qui mélange sombre douceur souffrante et intonations menaçantes, manque de présence écrasante, sans que l’on ne mesure bien l’impact de l’absence de dramaturgie sur cette impression.

Semyon Bychkov

Semyon Bychkov

Rôles secondaires irréprochables mais maintenus dans l’ombre, excepté le Melot très confiant de Birger Radde, il ressort tout de même de ce spectacle trop guindé l’impression qu’une reprise du jeu de tous les solistes est nécessaire de façon à renforcer leurs interactions et permettre à l’auditeur d’être pris par une théâtralité qui le convainque mieux.

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