Publié le 23 Juillet 2024

Elizabeth Costello - Seven Lectures and Five Moral Tales (Nowy Theatr, 11 avril 2024)
Représentation du 16 juillet 2024
Festival d’Avignon

Artistes du Nowy Theatr  Mariusz Bonaszewski, Magdalena Cielecka, Andrzej Chyra, Ewa Dałkowska, Bartosz Gelner, Małgorzata Hajewska-Krzysztofik, Maja Ostaszewska, Ewelina Pankowska, Jacek Poniedziałek, Magdalena Popławska

Artistes invités  Jadwiga Jankowska-Cieślak, Maja Komorowska, Hiroaki Murakami

Mise en scène Krzysztof Warlikowski (2024)
Décor et costumes Małgorzata Szczęśniak
Lumière Felice Ross
Collaboration artistique Claude Bardouil
Video et animations Kamil Polak
Musique Paweł Mykietyn
Dramaturgie Piotr Gruszczyński

 

Textes basés sur les œuvres de John Maxwell Coetzee ‘Elizabeth Costello’ (2003), ‘Slow Man’ (2005), ‘Moral Tales’ – dont sont tirés des extraits de 'Woman Grows Older', 'Vanity', 'The Glass Abattoir' – (2017) et une interview de J.M. Coetzee par Soledad Costantini (2018)

Extraits musicaux  ‘Symphony N°2’ de Pawel Mykietyn, ‘First Six Months of Love’ de Michelle Gurevich

Coproduction: Schauspiel Stuttgart, Festival d’Avignon, Théâtre de Liège, La Colline – théâtre national, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Athens Epidaurus Festival, Malta Festival Poznań 2024

Pour la première fois, Krzysztof Warlikowski dédie intégralement un de ses spectacles à un auteur contemporain qui compte énormément pour lui depuis au moins une quinzaine d’année, John Maxwell Coetzee, romancier sud-africain installé à présent à Adélaïde, qui reçut le prix Nobel en 2003.

Ce dernier a imaginé un personnage, Elizabeth Costello, écrivaine invitée à des colloques dans le monde entier pour recevoir des récompenses pour ses œuvres, voix par laquelle il développe librement des idées destinées à bousculer la société bien-pensante. Elizabeth Costello fait l’objet d’un livre qui lui est entièrement consacré - ‘Elizabeth Costello’ (2003) -, mais elle apparaît aussi dans des ouvrages ultérieurs - ‘Moral Tales’ (2017) -.

Jadwiga Jankowska-Cieślak, Andrzej Chyra (le singe), Jacek Poniedziałek, Mariusz Bonaszewski, Hiroaki Murakami et Ewelina Pankowska (Photo Magda Huecke)

Jadwiga Jankowska-Cieślak, Andrzej Chyra (le singe), Jacek Poniedziałek, Mariusz Bonaszewski, Hiroaki Murakami et Ewelina Pankowska (Photo Magda Huecke)

A l’occasion de trois de ses pièces – ‘(A)pollonia’ (Avignon, 2009), ‘La Fin’ (Odéon, 2011) et ‘Phèdre(s)’ (Odéon, 2016), Krzysztof Warlikowski avait préalablement inséré la parole d’Elizabeth Costello dans ses réflexions. Elle devient dorénavant le personnage central de sa dernière création qui signe son retour au Festival d’Avignon après 11 ans d’absence et le souvenir de ‘Kabaret warszawski’ (2013).

Pas moins de cinq actrices et un acteur incarnent cette femme aux multiples visages, Jadwiga Jankowska-Cieślak (La conférencière de ‘Réalisme’), Małgorzata Hajewska-Krzysztofik (La conférencière du paquebot des mers du sud du ‘Roman en Afrique’), Maja Ostaszewska (la jeune Elizabeth dans ‘Le problème du mal’), Ewa Dałkowska (La grand-mère de ‘Vanité’ et ‘Une femme en train de vieillir’), Maja Komorowska (la suppliante dans ‘La Porte’), et Andrzej Chyra (Elizabeth dans ‘L’Homme ralenti’).

Hiroaki Murakami, Krzysztof Warlikowski et Magdalena Cielecka

Hiroaki Murakami, Krzysztof Warlikowski et Magdalena Cielecka

Krzysztof Warlikowski construit la première partie de sa pièce, la plus longue et la plus difficile, principalement sur les récits d’’Elizabeth Costello’ et sa vie de conférencière, et dédie la seconde partie, plus courte, à des thèmes de deux ouvrages ultérieurs, ‘Slow Man’ et ‘Moral Tales’, qui confrontent le déclin de l’énergie existentielle aux traits de la vieillesse.

Le décor de Małgorzata Szczęśniak, d’une épure géométrique réglée au millimètre près, représente, côté cour, une cage transparente sertie d’un cadre d’un beau bois foncé pouvant pivoter pour être présentée soit de face, soit sur toute sa longueur.

Un petit salon, sobre, se tient sur la gauche, surmonté d’un grand écran téléviseur, et sur le mur côté jardin s’étirent des toilettes, lieu intime très prégnant dans la symbolique warlikowskienne mais qui découle pourtant bien d’une scène du ‘Problème du mal’. Cette estrade servira un peu plus loin d’étrange lieu de conférence.
Au sol, de larges cercles concentriques – il faut être un peu en hauteur pour bien les voir – donnent l’impression que la cage de verre flotte sur les eaux et qu’elle se situe au centre du champ de force du pôle sud.

Mariusz Bonaszewski, Magdalena Popławska, Bartosz Gelner et Jadwiga Jankowska-Cieślak (Photo Magda Huecke)

Mariusz Bonaszewski, Magdalena Popławska, Bartosz Gelner et Jadwiga Jankowska-Cieślak (Photo Magda Huecke)

La pièce commence par une installation vidéo de Philippe Parreno qui présente un esprit virtuel, Ann Lee, issu du marché numérique, destiné à animer des êtres redessinés par leurs créateurs. Le spectateur est de suite interpelé afin de différencier la simulation de la vie, d’une part, et les qualités qui font qu’un être humain est pleinement humain, d’autre part.

Puis, débute la présentation de J.M Coetzee et de son personnage d’Elizabeth Costello lors d’une remise de prix. L’écrivain est incarné par Mariusz Bonaszewski qui lui ressemble de par sa tenue et ses cheveux blancs, bien qu’il paraisse de carrure plus massive, et Jadwiga Jankowska-Cieślak se livre, dans son beau costume vert-émeraude, à un hypnotisant numéro de captation du public, douée qu’elle est d’une déclamation en polonais extrêmement séduisante.
Sur un divan, son fils prévenant, sous les traits de Bartosz Gelner, joue aussi les séducteurs.

A la différence du livre qui, par son style clair et bien rythmé, interpelle de son écriture le lecteur, c’est ici la manière d’être de chacun, et la façon de regarder l’autre et de s’exprimer avec vérité, qui crée l’illusion du réel à partir du réel. 

Hiroaki Murakami, Ewa Dałkowska, Maja Ostaszewska, Magdalena Cielecka, Maja Komorowska, Jacek Poniedziałek, Ewelina Pankowska, Bartosz Gelner et Andrzej Chyra

Hiroaki Murakami, Ewa Dałkowska, Maja Ostaszewska, Magdalena Cielecka, Maja Komorowska, Jacek Poniedziałek, Ewelina Pankowska, Bartosz Gelner et Andrzej Chyra

Krzysztof Warlikowski introduit le personnage du singe, évoqué en début de roman, pour ajouter au doute. Celui ci peut aussi bien être un double de l’auteur ou du metteur en scène, silencieux et observateur, un miroir de la cause animale qu’Elizabeth Costello va défendre en rapprochant la cruauté des abattoirs et les horreurs de la Shoah, et peut être autrement une figure qui questionne l’humanité, puisque ce singe inspire aussi, par son comportement, la bienveillance et un naturel non altéré. 

Et toute la première partie s’appuie sur le texte pour brouiller la distinction entre l’humain et l’animal en cherchant à faire perdre pied au spectateur. Il y a, par exemple, cette grande conférence où les protagonistes sont installés latéralement le long d’une grande table tout en déjeunant, sans regard direct vers le public. Leur discussion est filmée et projetée sur le fond de scène, si bien que c’est une image virtuelle qui est regardée. Qu’est donc l’homme lorsqu’il est en représentation? Une parole qui lui appartient? Une imitation?  Le décalage entre le repas et la réflexion sur la nécessité de montrer aux gens ce qu’est la violence d’un abattoir, en proposant d’en construire un totalement en verre, est au centre de la question de la duplicité humaine.

Ewelina Pankowska, Andrzej Chyra et Maja Ostaszewska (Photo Magda Huecke)

Ewelina Pankowska, Andrzej Chyra et Maja Ostaszewska (Photo Magda Huecke)

Le problème du mal est approfondi à travers une séquence où la jeune Elizabeth Costello, échappant à un agresseur rencontré par hasard, réussit à se réfugier dans les toilettes pour laisser éclater sa douleur. Maja Ostaszewska joue de manière bouleversante un saisissant sens de l’urgence.

L’homme est un loup pour l’homme, et défile ensuite un sombre et inquiétant travelling sur un champ recouvert de moutons, rassemblés de manière serrée, ce qui dit tout du regard que certains hommes peuvent porter sur d’autres hommes qui seront leurs victimes, image qui renvoie aussi à leur mentalité grégaire et suiviste qui rappelle une célèbre image du film de Luis Buñuel, ‘L’Ange Exterminateur’

Il s’agit bien sûr d’une autre illustration de la menace de la Shoah telle que Krzysztof Warlikowski l’aborde dans nombre de ses spectacles, y compris dernièrement dans ‘Le Grand Macabre’ qui vient d’ouvrir le festival lyrique de Munich.

Małgorzata Hajewska-Krzysztofik (Photo Magda Huecke)

Małgorzata Hajewska-Krzysztofik (Photo Magda Huecke)

L’être humain ainsi décrit n’est donc sûrement pas sympathique, mais des images d’un troublant onirisme ponctuent également ce discours, comme lorsque l’image d’Elizabeth Costello, incarnée cette fois par Małgorzata Hajewska-Krzysztofik, se dépouille et se dissout sur fond de neiges en Antarctique – car l’impact de la présence humaine sur le climat est aussi suggérée sur scène -.

En seconde partie, le spectateur peut se projeter plus directement et se sentir plus immédiatement touché, puisque les thèmes de la perte des moyens physiques et de la dépendance au cours de la vie sont au cœur de la préoccupation de l’auteur. On y voit Ewa Dałkowska jouer le rôle d’une femme qui cherche à sauver la face devant ses enfants qui voient bien qu’elle aura besoin d’assistance un jour. 
Ses petits enfants sont masqués, comme pour signifier que l’expérience de la vie n’a pas encore forgé leur personnalité.

Magdalena Cielecka et Mariusz Bonaszewski (Photo Magda Huecke)

Magdalena Cielecka et Mariusz Bonaszewski (Photo Magda Huecke)

Cette petite scène de famille réunie et attendrissante, mais aussi angoissante, se déroule dans la cage translucide, alors que, côté jardin, on assiste à une poignante scène de ‘Slow man’ où Paul, un homme unijambiste, se raccroche à une femme, scène dont Elizabeth Costello est en fait l’autrice. Un jeu torturé et déboussolé y est représenté dans tout son désespoir.

C’est cependant le visage de l’actrice polonaise Maja Komorowska qui marque définitivement la dernière partie, car elle exprime dans la voix et le regard la charge tragique des souffrances du passé et des sentiments saisis à vif. Elle dessine ainsi un portrait humain d’une grande puissance impressive. L’actrice, âgée de 87 ans, a une capacité extraordinaire à transmettre un vécu, si bien qu’à l’entendre le cœur se serre instinctivement. Jamais, dans le théâtre français, vous ne pourrez voir cela.

Bartosz Gelner, Mariusz Bonaszewski, Maja Komorowska, Magdalena Popławska, Andrzej Chyra et Maja Ostaszewska

Bartosz Gelner, Mariusz Bonaszewski, Maja Komorowska, Magdalena Popławska, Andrzej Chyra et Maja Ostaszewska

Finalement, elle se décide à traverser la porte, ouverte par le singe attentionné, ce qui laisse donc imaginer qu’Elizabeth Costello a choisi par elle même, et de façon très réfléchie, le moment de quitter le monde en toute liberté. ‘Les étoiles sont des traces de lumière vieilles de millions d’années’.

Krzysztof Warlikowski, Magdalena Cielecka et Małgorzata Hajewska-Krzysztofik

Krzysztof Warlikowski, Magdalena Cielecka et Małgorzata Hajewska-Krzysztofik

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Publié le 14 Juillet 2024

Ukrainian Freedom Orchestra – Keri-Lynn Wilson - 9e de Beethoven – St Eustache
Bucha Lacrimosa (Victoria Vita Poleva) et Symphonie n°9 (Ludwig van Beethoven)
Concert du 12 juillet 2024
Eglise Saint-Eustache, Paris

Victoria Vita Polevá
Bucha Lacrimosa (Bonn, le 29 août 2022)
Violon Marko Komonko

Ludwig van Beethoven
Symphonie n°9 (Vienne, le 7 mai 1824)
Olga Bezsmertna (soprano), Nataliia Kukhar (mezzo-soprano), Valentyn Dytiuk (ténor), Andrii Kymach (baryton-basse)

Yuri Shevchenko
We are! / paraphrase sur le thème de l’hymne national d’Ukraine (Kyiv, le 26 février 2022)

Direction musicale Keri-Lynn Wilson
Ukrainian Freedom Orchestra
Chœur uni Ukranien Symbole et Chœur de l’Armée Française

Sous le haut patronage de Madame Olena Zelenska, Première dame d’Ukraine, et de Madame Anne Hidalgo, Maire de Paris
Concert organisé en partenariat avec la ville de Paris, l’Ambassade d’Ukraine et avec le soutien du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères

Peu après le début de l’agression russe contre l’Ukraine, le 24 février 2022, le New-York Metropolitan Opera et le Grand Théâtre de Varsovie (Teatr Wielki) réunirent des musiciens ukrainiens, réfugiés de guerre pour certains, afin de fonder l’Ukrainian Freedom Orchestra.

The Ukrainian Freedom Orchestra, Chœur uni Ukranien Symbole et Chœur de l’Armée Française

The Ukrainian Freedom Orchestra, Chœur uni Ukranien Symbole et Chœur de l’Armée Française

Destiné à défendre l’art ukrainien et à redistribuer les bénéfices des concerts aux victimes de l’invasion, l’orchestre initia sa première tournée d’été le 28 juillet 2022, sous la direction de la cheffe d’orchestre canado-ukrainienne Keri-Lynn Wilson, artiste ardemment engagée, avec cœur et détermination, dans cette action de résistance, et inspiratrice de ce projet.

Cette année, c’est l’église Saint-Eustache de Paris, lieu d’inhumation de Jean-Philippe Rameau, qui donne le coup d’envoi de la troisième tournée internationale de l’ensemble qui se poursuivra à Varsovie, Londres, New-York et Washington.

Ukrainian Freedom Orchestra Keri-Lynn Wilson 9e Beethoven St Eustache

Au creux de cet édifice dont la première pierre fut posée en 1532, plus de 300 ans après la première paroisse, le sentiment d’intimité créé par la nef centrale entourée d’un double bas-côté est puissant, malgré sa hauteur vertigineuse.

Après un court discours introductif de la part de Vadym Omelchenko, ambassadeur d’Ukraine, et d’Arnaud Ngatcha, adjoint à la Maire de Paris en charge de l'Europe, des relations internationales et de la francophonie, le chœur, qui réunit chanteurs ukrainiens de la capitale et choristes de l’Armée Française, s’installe en premier, suivi des musiciens. Sont présents parmi les premiers rangs d’honneur, Peter Gelb, directeur du New-York Metropolitan Opera et époux de Keri-Lynn Wilson, et Alexander Neef, directeur de l’Opéra national de Paris.

Keri-Lynn Wilson

Keri-Lynn Wilson

Le concert ouvre avec ‘Bucha Lacrimosa’, pièce de Victoria Vita Polevá créée suite au massacre perpétré par les Russes au nord-ouest de Kyiv au début de la guerre. Les accords finement aigus du violon solo, Marko Komonko, flottant au dessus de l’évanescence orchestrale, évoquent la légèreté d’une âme slave qui finit par être rattrapée par la menace.

La rythmique devient de plus en plus stridente, et les vents assombrissent l’atmosphère jusqu’à ce qu’une fureur d'une lourdeur d'acier, fortement martelée par Keri-Lynn Wilson, balaye la clarté insouciante initiale, pour ne laisser place qu’à un dernier souffle abattu qui s’évanouit dans le silence.

La compositrice remerciera avec beaucoup de gratitude tous les musiciens pour cette interprétation très forte, sous le regard heureux et bienveillant de la cheffe d’orchestre.

The Ukrainian Freedom Orchestra, Chœur uni Ukranien Symbole et Chœur de l’Armée Française

The Ukrainian Freedom Orchestra, Chœur uni Ukranien Symbole et Chœur de l’Armée Française

Puis, la pièce centrale, la ‘9e symphonie’ de Beethoven, poème en musique universellement célèbre qui fête ses 200 ans d’existence, développe son premier mouvement avec un dramatisme d’emblée implacable. A plusieurs reprises se fera entendre un alliage de cordes et de cuivres à l’explosivité éclatante, alors que le sentiment d’harmonie s’installe très rapidement dans l’acoustique de cette église qui instille inévitablement un certain sentiment d’irréalité.

Contrebasses et violoncelles manœuvrent puissamment, mais le détail des phrases les plus vivaces se dissout également du fait du temps de réverbération qui règne à l'intérieur du transept.

Keri-Lynn Wilson

Keri-Lynn Wilson

Chaleur et luminosité de fin de jour irriguent l’ensemble de l’interprétation dont le troisième mouvement, un très bel adagio, prend en ce lieu tout son pouvoir de suspension temporelle, les mélodies des vents se réfléchissant avec enchantement à travers la complexité architecturale des volumes de l’édifice.

Andrii Kymach (Baryton-Basse)

Andrii Kymach (Baryton-Basse)

Le tant attendu final choral prend une tournure plus politique à travers un ’Ode à la Joie’ qui remplace ‘Freude’ par ‘Slava’, et réinterprète en ukrainien la partie chantée des quatre solistes.

Le chant de l’ensemble des chœurs reste très doux, porté par l’élégance de Keri-Lynn Wilson, et les accents slaves des chanteurs (Olga Bezsmertna, Nataliia Kukhar, Valentyn Dytiuk et Andrii Kymach) transmettent un esprit qui est un véritable appel à embrasser le cœur de tout un peuple.

Keri-Lynn Wilson et l'ensemble des musiciens

Keri-Lynn Wilson et l'ensemble des musiciens

Ovation sans retenue de la part des auditeurs, grand moment de joie pour tous les artistes, nous aurons aussi la chance d’entendre en bis l’adaptation de l’hymne national d’Ukraine que composa Yuri Shevchenko, désormais décédé, quelques jours après le début de l’invasion, ‘We are !’, une mélopée traversée de réminiscences nostalgiques.

Grande fierté et grande unité se dégagent de l’Ukrainian Freedom Orchestra, l’âme de ce concert en fait toute son humble puissance!

Le site de l'Ukrainian Freedom Orchestra.

The Ukrainian Freedom Orchestra - Eglise Saint-Eustache, 12 juillet 2024

The Ukrainian Freedom Orchestra - Eglise Saint-Eustache, 12 juillet 2024

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Publié le 7 Juillet 2024

Le Grand Macabre (György Ligeti – Stockholm, le 12 avril 1978)
Représentations du 28 juin et 01 juillet 2024
Münchner Opernfestspiele 2024
Bayerische Staatsoper

Chef der Geheimen Politischen Polizei (Gepopo)
           Sarah Aristidou
Venus Sarah Aristidou
Amanda Seonwoo Lee
Amando Avery Amereau
Fürst Go-Go John Holiday
Astradamors Sam Carl
Mescalina Lindsay Ammann
Piet vom Fass Benjamin Bruns
Nekrotzar Michael Nagy
Ruffiack Andrew Hamilton
Schobiack Thomas Mole
Schabernack Nikita Volkov
Weißer Minister Kevin Conners
Schwarzer Minister Bálint Szabó
Refugees (Chorsoli) Isabel Becker, Sabine Heckmann, Saeyong Park, Sang-Eun Shim

Direction musicale Kent Nagano
Mise en scène Krzysztof Warlikowski (2024)               
      Kent Nagano
Décors et costumes Małgorzata Szczęśniak
Lumières Felice Ross
Vidéo Kamil Polak
Chorégraphie Claude Bardouil
Dramaturgie Christian Longchamp, Olaf Roth

Né au sein d’une famille juive hongroise le 28 mai 1923, György Ligeti étudia en Roumanie à Cluj-Napoca. Il désirait devenir scientifique, mais les lois antisémites nazis contrarièrent ce projet.

Il connut le travail forcé sous ce régime et perdit son père et son frère dans les camps de concentration. Sa mère survivra à Auschwitz, mais il devra fuir Budapest en 1956 au moment de la révolution hongroise qui sera écrasée par Staline.

Michael Nagy (Nekrotzar)

Michael Nagy (Nekrotzar)

Réfugié à Vienne puis à Cologne, il étudie la musique d’avant-garde et commence à composer. Il connaît son premier véritable succès avec ‘Atmosphères’ (1961), une pièce orchestrale d’une durée de 9 mn qui sera par la suite popularisée en 1968 à travers le film de Stanley Kubrick ‘2001, A Space Odyssey’ dont elle fera l’ouverture.

Sa créativité engendre par la suite nombre de concertos pour orchestre ou instrument seul, ainsi que des pièces chorales – le célèbre ‘Lux Aeterna’, autre composition utilisée dans ‘2001’ -, et ce sens pour le développement de textures denses et surnaturelles combinées à des sonorités mécaniques inspirera nombre de musiciens.

Le Bayerische Staatsoper, lundi 01 juillet 2024

Le Bayerische Staatsoper, lundi 01 juillet 2024

De 1974 à 1977, il compose son unique opéra ‘Le Grand Macabre’ d’après la pièce de Michel de Ghelderode ‘La balade du Grand Macabre’ (1934), qui connaîtra sa première le 12 avril 1978 à l’Opéra Royal de Stockholm, en suédois – le compositeur souhaitait que l’ouvrage soit interprété dans la langue du pays qui l’accueille -. Bien qu’amalgame d’inspirations diverses, la musique décrit un univers ayant son identité propre. 

La première à l’Opéra de Paris aura lieu trois ans plus tard, le 23 mars 1981.

Ouverture du 'Grand Macabre' - ms Krzysztof Warlikowski

Ouverture du 'Grand Macabre' - ms Krzysztof Warlikowski

György Ligeti crée par la suite, en 1996, une version révisée en langue anglaise qui réduit les passages parlés et retravaille la structure orchestrale. Cette nouvelle version sera mise en scène en 1997 par Peter Sellars au Festival de Salzbourg sous la direction de Esa-Pekka Salonen, en coproduction avec le Théâtre du Châtelet (une coproduction Gerard MortierStéphane Lissner, si l'on peut dire ainsi), et c’est celle-ci qui est jouée pour la première fois à l’opéra d’État de Bavière à l’occasion de l’ouverture du Festival lyrique d’été 2024.

Salle du Bayerische Staatsoper, lundi 01 juillet 2024

Salle du Bayerische Staatsoper, lundi 01 juillet 2024

Pour mettre en scène cet ouvrage difficile à interpréter, vocalement et musicalement, Serge Dorny a choisi Krzysztof Warlikowski qui en est à sa septième production munichoise depuis ‘Eugène Onéguine’ donné le 31 octobre 2007 sous la direction du chef d’orchestre américain Kent Nagano, lorsque ce dernier était directeur musical de l’institution.

Avec ‘Le Grand Macabre’, les deux artistes en sont dorénavant à leur quatrième collaboration en incluant ‘The Bassarids’ (Salzbourg, 2018) et ‘A Quiet Place’ (Palais Garnier, 2022).

Benjamin Bruns (Piet vom Fass)

Benjamin Bruns (Piet vom Fass)

Le décor monumental représente une salle d’accueil de réfugiés aux murs gris comprenant plusieurs larges fenêtres quadrillées de barreaux donnant une impression de grande froideur. Cette salle prendra de plus en plus la forme d’une salle de sport.

Dès l’ouverture, un écran longitudinal descend des cintres pour montrer à contre-jour l’arrivée de personnes dans ce centre où un gardien vérifie l’identité de chacun. Ce gardien, vêtu d’un long manteau noir, n’est autre que Nekrotzar qui annonce la fin du monde. Visage de mort, blanc blafard et les yeux cernés de noir, cette symbolique se retrouve sur tous les personnages qui incarnent une autorité policière. 

Seonwoo Lee (Amanda) et Avery Amereau (Amando)

Seonwoo Lee (Amanda) et Avery Amereau (Amando)

Éprises de narcissisme, le visage bandé par une opération de chirurgie esthétique traduisant leur désir de jeunesse éternelle afin de contrer l’arrivée de la mort, Amando et Amanda livrent une charmante danse d’amoureuses.

Krzysztof Warlikowski superpose les scènes selon un art du contrepoint théâtral qui lui est propre. Ainsi, au même moment que la première scène menée par Nekrotzar et l’ivrogne Piet se développe, les personnages principaux de la seconde scène, Astradamors et Mescalina, se préparent à l’exposition de leur relation sadomasochiste qui, une fois passée au premier plan, joue avec beaucoup d’humour sur les interprétations sexuelles qui tendent à accentuer l’identité homosexuelle du jeune astronome.

Sarah Aristidou (Gepopo), Bálint Szabó (Schwarzer Minister) et Kevin Conners (Weißer Minister)

Sarah Aristidou (Gepopo), Bálint Szabó (Schwarzer Minister) et Kevin Conners (Weißer Minister)

Une cage grillagée se plante en plein centre de la scène pour constituer une zone d’enfermement. 

Au fur et à mesure de la représentation, devient ainsi sensible, en trame de fond, l’expérience que connut Ligeti face aux régimes autoritaires avec leurs tribunaux administratifs chargés de sélectionner les personnes et de les enfermer, ce qui se produira dans cette production lorsque le prince Go-Go passera sous l’influence de deux ministres et du chef de la police, Gepopo.

Scène d'ouverture de 'Melancholia' de Lars von Trier

Scène d'ouverture de 'Melancholia' de Lars von Trier

Les impressions musicales, mélange de brusqueries et d’atmosphères métalliques, se retrouvent dans cette conception visuelle acerbe, mais l’équipe de production révèle aussi un rapport très poétique à l’univers par sa manière de présenter l’imminence de la catastrophe planétaire sous des lumières bleu nuit-orangé impressives (Felice Ross), toujours magnifiquement alliées à la musique surnaturelle de Ligeti, à travers un choix de vidéos montrant un astre incandescent tournant sur lui-même, ou bien en reprenant l’ouverture du film de Lars von Trier ‘Melancholia’ (2011mettant en scène la collision entre une planète gigantesque et la Terre.

Sam Carl (Astradamors) découvrant l'arrivée de la Comète

Sam Carl (Astradamors) découvrant l'arrivée de la Comète

Il y a ainsi l’apocalypse engendrée par une catastrophe stellaire – on peut d’ailleurs voir, à travers la scène des enfants écoutant Astradamors autour de son écran d’ordinateur, une référence à l’envie originelle de Ligeti de devenir scientifique, ce qui apparaîtra sous force de témoignage du compositeur en fin de spectacle -, mais il y a aussi l’apocalypse engendrée par la démesure et la folie humaine, l’holocauste, bien sûr, tout autant que les guerres dévastatrices des grands conquérants tels Gengis-Khan ou Napoléon.

Scène de la mort de Nekrotzar et de l'apocalypse

Scène de la mort de Nekrotzar et de l'apocalypse

Krzyzstof Warlikowski et Kamil Polak font défiler au moment de l’impact irrépressible une série d’extraits de plusieurs films muets issus de l’entre-deux-Guerres où naquit Ligeti, ‘Faust’ (Murnau), ‘Napoléon (Gance), ‘Les Dix Commandements’ (DeMille), ‘Sodom und Gomorrha’ (Curtiz), tous fascinants par leur imagerie poétique, ainsi que la scène finale de ‘Theorem’ (Pasolini) qui montre l’anéantissement de l’homme dans le désert.

En aparté, on peut remarquer qu'Abel Gance fut l'auteur en 1931 d'un film de transition entre le muet et le parlant intitulé 'La fin du monde', sur une musique d'Arthur Honegger et d'après le roman éponyme de l'astronome et écrivain français Camille Flammarion (1893), dont le thème du passage d'une comète, qui croise la trajectoire de la Terre en l'évitant de justesse, suscitant des scènes d'orgie, rejoint totalement l'histoire du 'Grand Macabre'.

Michael Nagy (Nekrotzar)

Michael Nagy (Nekrotzar)

Car le cataclysme a bien lieu – la manière dont le décor se recouvre d’une noirceur macabre le long des grilles est d’un très grand impact dramatique -, et à la toute fin, trois astronautes ayant découvert les restes de cette planète récupèrent le seul souvenir de tous ces gens que nous avons vu enfermés, puis revenir affublés de masques d’animaux fantomatiques, une émouvante collection de photographies de familles.

Lindsay Ammann (Mescalina) et Sam Carl (Astradamors)

Lindsay Ammann (Mescalina) et Sam Carl (Astradamors)

A travers le costume laid et dénudé de Nekrotzar, puis de Mescalina, au second acte, le grotesque insiste également sur l’obsession de la détérioration des corps, et c’est donc une réflexion sur l’angoisse de la vieillesse qui est renforcée dans ce spectacle en renvoyant férocement chaque individu à sa finitude.

Il y a donc quelque chose de particulièrement savoureux, mais aussi de malicieux de la part du directeur du théâtre, à programmer ‘Le Grand Macabre’ en ouverture de festival, lorsque le public munichois vient parader dans ses plus beaux effets. Il faut d’ailleurs souhaiter que la personne qui a fait un malaise au parterre, lors de la seconde représentation, au paroxysme de la brutalité musicale qui démultipliait les effets hystérisés du chef de la police, s’en est bien remise depuis.

John Holiday (Go-Go)

John Holiday (Go-Go)

Virevoltant sur leurs chaises à roulettes, comme en apesanteur, Go-Go et Piet semblent passés dans un autre monde, et les trois gardes qui les rejoignent révèlent, sous leurs tenues de policiers d’état, des vêtements résilles qui les érotisent. La perspective de la mort est ainsi faussement dédramatisée à travers un grand cocktail partagé à l’avant scène, en montrant en arrière plan ce qu’il reste de tous ceux qui ont disparu par la faute des régimes politiques, comme si le destin de l’homme n’était que dérisoire.

Scène finale

Scène finale

Pour un chanteur, travailler avec Krzysztof Warlikowski ne consiste pas seulement à s’intégrer dans une dramaturgie originale qui fait très souvent se croiser plusieurs histoires personnelles et parfois plusieurs niveaux temporels, mais également à étoffer sa propre manière d’incarner sur scène afin de conserver cet acquis dans le temps. Et c’est pour cela que beaucoup d’artistes apprécient de s'en remettre avec ce metteur en scène qui les fait se dépasser.

Ainsi, ceux qui ont connu Benjamin Bruns en Pilote du ‘Vaisseau Fantôme’ (Bayreuth, 2012), en Tamino (Vienne, 2015) ou bien Lohengrin (Munich, 2024) seront surpris du jeu absolument clownesque qu’il imprime à Piet, avec une expressivité sardonique mêlée de clarté adoucie.

Sarah Aristidou (Gepopo)

Sarah Aristidou (Gepopo)

La même sidération s’impose face à Sarah Aristidou, soprano franco-chypriote née à Paris mais surtout connue en Allemagne où elle chante régulièrement Zerbinette à Frankfurt et Berlin, tout en se passionnant pour la musique contemporaine, qui se retrouve dorénavant à interpréter les rôles de Vénus et du Chef de la Police après les avoir abordés à la Maison de la Radio et de la Musique, en français, en décembre 2023. 

Non seulement son agilité vocale fait merveille, mais elle tire aussi des sonorités formidablement malléables et puissamment effilées dans les aigus, tout en leur donnant un métal consistant d’une grande souplesse avec des glissandi surnaturels, en se livrant à un jeu qui peut se révéler assez acrobatique, notamment avec l’utilisation du cheval d’arçons. Cette soirée est autant importante pour elle que pour le public qui n’a pas manqué de lui transmettre, au rideau final, ses fortes impressions.

Salut final

Salut final

Autre voix assez atypique, celle du contre-ténor américain John Holiday a une capacité à glisser de la clarté baroque à une étrange vocalité purement féminine qui ajoute une ambiguïté considérable à son personnage, accrochant en permanence l’auditeur par les changements de représentations mentales qu’il engendre naturellement. Il joue ainsi le rôle d’un homme politique qui vire au portrait d’un enfant gâté qui fuit ses responsabilités en envoyant au front médiatique ses deux ministres.

Baryton d’origine hongroise né à Stuttgart, Michael Nagy donne de l’épaisseur à Nekrotzar tout en suggérant une mélancolie désabusée qui fait penser à celle d’Amfortas. Son personnage, qui évolue de l’inquiétant au grotesque maladif, évoque pas son évolution esthétique glauque un rapport morbide à la mort.

Krzysztof Warlikowski avec en arrière-plan Avery Amereau et Sam Carl

Krzysztof Warlikowski avec en arrière-plan Avery Amereau et Sam Carl

En parallèle, la contralto Lindsay Ammann et le basse-baryton Sam Carl mettent beaucoup de vivacité et de drôlerie dans la peinture décomplexée de la relation entre l’astronome et sa femme, jouée avec beaucoup de présence.

Enfin, il y a une concordance idéale dans la fusion sensuelle des timbres des deux amants incarnés par Seonwoo Lee et Avery Amereau, Bálint Szabó et Kevin Conners sont deux ministres aux très grands talents de comédiens, et Andrew Hamilton, Thomas Mole et Nikita Volkov forment un groupe de trois soldats cerbériques aux profils de grands gaillards espiègles.

Kent Nagano, avec en arrière plan Sarah Aristidou, Sam Carl et Michael Nagy

Kent Nagano, avec en arrière plan Sarah Aristidou, Sam Carl et Michael Nagy

En grand défenseur des œuvres contemporaines, Kent Nagano impressionne beaucoup par sa maîtrise d’un orchestre d’une telle complexité, engageant les musiciens dans une théâtralité sans ambages dans les passages les plus violents – le paroxysme étant atteint dans la scène délirante de l’officier de la police secrète -, avec une très grande densité du son, mais aussi avec un soin merveilleux accordé à l'immatérialité des tissures orchestrales. La nature chaotique de la musique est aussi très bien contrôlée de manière à ce qu’elle respire avec le jeu des solistes, les jaillissements des cuivres sont toujours éclatants, et le sentiment d’unité du spectacle en est renforcé.

Seonwoo Lee, Krzysztof Warlikowski et Avery Amereau

Seonwoo Lee, Krzysztof Warlikowski et Avery Amereau

Avec une telle lecture d’ensemble, ce ‘Grand Macabre’ immerge l’auditeur dans le génie artistique de György Ligeti autant que dans son histoire personnelle, et montre à quel point celle-ci recouvre des résonances avec notre monde et ses images inquiétantes.

Kent Nagano, John Holiday, Felice Ross et Claude Bardouil

Kent Nagano, John Holiday, Felice Ross et Claude Bardouil

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Publié le 2 Juillet 2024

Elektra (Richard Strauss – Dresde, le 25 janvier 1909)
Représentation du 30 juin 2024

Münchner Opernfestspiele 2024
Bayerische Staatsoper

Klytämnestra Violeta Urmana
Elektra Elena Pankratova
Chrysothemis Vida Miknevičiūtė
Aegisth John Daszak
Orest Károly Szemerédy
Der Pfleger des Orest Bálint Szabó
Die Vertraute Natalie Lewis
Die Schleppträgerin Seonwoo Lee
Ein junger Diener Kevin Conners
Ein alter Diener Martin Snell

Direction musicale Vladimir Jurowski
Mise en scène Herbert Wernicke (1997)

 

Créée le 27 octobre 1997 au Bayerische Staatsoper, et reprise plusieurs fois au Festival de Baden-Baden où fut enregistré un DVD en 2010, la production d'’Elektra’ dans la mise en scène d’Herbert Wernicke (1946-2002) est un très bel exemple de lecture universelle d’une œuvre qui marque la première collaboration entre Richard Strauss et le dramaturge Hugo von Hofmannsthal.

Violeta Urmana (Klytämnestra)

Violeta Urmana (Klytämnestra)

Le décor sépare en deux l’espace d’avant scène de la scène centrale par un immense panneau rectangulaire frontal et incliné pouvant pivoter sur lui même pour révéler le grand escalier du palais mycénien édifié en arrière plan.

La symbolique des couleurs des costumes est très explicite également, le blanc pour la virginité et l’aspiration au mariage de Chrysothemis, le noir pour la nature dépressive et vindicative d’Elektra, le rouge pour la puissance sexuelle et la nature criminelle de Klytämnestra.

Les lumières qui filtrent le long des arêtes du mur mobile central prennent également des teintes qui s’alignent sur les intentions en jeu, le tout dégageant une épure fort lisible.

Vida Miknevičiūtė (Chrysothemis)

Vida Miknevičiūtė (Chrysothemis)

Elektra rumine ses pensées sur une estrade en bois où elle pourra planter sa hache au moment du meurtre du couple royal, et lorsque Orest apparaît depuis la loge située côté jardin pour rejoindre ensuite sa sœur, le temps qu’il prend à ajuster le manteau royal abandonné par sa mère, et que Chrysothemis avait refusé de porter au grand dam d’Elektra, laisse transparaître le conflit intérieur du jeune homme entre lien de parenté, envie de vengeance, conscience du mal et ambition personnelle.

Les meurtres respectifs des amants se dérouleront derrière les murs, et alors que nous assistons à l’avènement d’Orest, Elektra met fin à ses jours. Un nouvel ordre est établi.

Elena Pankratova (Elektra)

Elena Pankratova (Elektra)

Le jeu d’acteur reste très sobre, mais Vida Miknevičiūtė offre une jeunesse irradiante à Chrysothémis qui lui vaudra un immense succès au rideau final. La soprano lituanienne possède en effet une projection perçante mais sans dureté avec une très grande solidité de moyen qui exprime une forme d’idéalisme adolescent qui gagne facilement les cœurs.

Károly Szemerédy (Orest)

Károly Szemerédy (Orest)

Sa compatriote, Violeta Urmana, dresse une stature impériale de Klytämnestra, pouvant compter sur une opulence de timbre fascinante, un galbe des graves d’un luxe d’ébène, et un profil des aigus vrillé et très maîtrisé. Son visage et sa gestuelle très expressifs lui donnent dorénavant une force théâtrale saisissante, et ses inflexions vocales tranchées taillent les moindres reliefs de ce caractère prêt à s’effondrer aux pieds de sa fille sous le poids de la culpabilité, avant que la fausse nouvelle de la mort d’Orest ne lui redonne l’espoir de croire qu’elle ne subira aucun châtiment.

C’est toujours un émerveillement de voir comment le talent de cette grande artiste traverse le temps avec une telle densité.

Violeta Urmana (Klytämnestra)

Violeta Urmana (Klytämnestra)

L’ensemble de la distribution présente ce soir ayant déjà été réunie dans cette même production en novembre 2022, Elena Pankratova reprend donc le rôle d’Elektra, et si la puissance de ses aigus et sa longueur de souffle restent mesurées, son chant offre un lyrisme travaillé de fines nuances assez rare dans ce rôle où nombre d’interprètes chargent habituellement l’héroïne de raucités pour en traduire l’animalité blessée. Rien de tout cela ici, c’est la dignité dans la douleur qui est dépeinte avec une certaine douceur, pourrait on dire.

Impressionnant par sa stature inaltérable, Károly Szemerédy est un formidable Orest, doué d’une ligne vocale bellement homogène et de grande classe, et John Daszak décrit un Aegisth avec de l’éclat mais aussi une certaine mesure attendrissante.

Vida Miknevičiūtė (Chrysothemis), Károly Szemerédy (Orest) et John Daszak (Aegisth)

Vida Miknevičiūtė (Chrysothemis), Károly Szemerédy (Orest) et John Daszak (Aegisth)

Mais quel plaisir d'entendre dans cette salle la violence feutrée et la noirceur tristanesque de l’orchestre de l’Opéra de Bavière sous la conduite de Vladimir Jurowski! Ce son fantastiquement noir, d'une noblesse dispendieuse, enveloppe l’auditeur d’une plénitude fabuleuse, et de la fusion des timbres des cordes et des cuivres découle une lave d’une malléabilité fluide et sidérante par la manière dont des traits ardents, des lames rutilantes et clinquantes se cristallisent d’un coup sans altération de leur éclat. L’agilité des musiciens permet de maintenir un excellent rythme théâtralisant avec toutefois un niveau de contrôle qui évite les débordements excessifs, y compris dans les attaques sauvages toujours d’une nette précision.

Vida Miknevičiūtė, Elena Pankratova, Károly Szemerédy, Violeta Urmana, John Daszak et Vladimir Jurowski

Vida Miknevičiūtė, Elena Pankratova, Károly Szemerédy, Violeta Urmana, John Daszak et Vladimir Jurowski

Une interprétation magnifique à tous les niveaux, qui laisse de côté une vision par trop horrifique, pour raconter cette histoire de vengeance familiale à travers une intense somptuosité narrative.

Vida Miknevičiūtė, Elena Pankratova et Violeta Urmana

Vida Miknevičiūtė, Elena Pankratova et Violeta Urmana

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Publié le 30 Juin 2024

TV-Web Juillet-Août 2024 Lyrique et Musique

Chaînes publiques

Vendredi 05 juillet 2024 sur France 5 à 21h10
Opéra de Paris : Roméo et Juliette, Thomas et les autres

Samedi 06 juillet 2024 sur Arte à 03h25
Khachatryan joue Brahms

Samedi 06 juillet 2024 sur France 4 à 22h35
Entre duel et duo - André Manoukian et Jean-François Zygel improvisent sur l'amour

Dimanche 07 juillet sur France 3 à 00h25
Hyuk Lee au Palais Royal

Dimanche 07 juillet sur France 5 à 14h30
Car/Men - Compagnie Les Chicos Mambo

Dimanche 07 juillet 2024 sur Arte à 18h50
Fazil Say et Alain Altinoglu jouent Bach

Lundi 08 juillet 2024 sur Arte à 01h25
Picture a Day Like This (Benjamin) - Festival d'Aix-en-Provence 2023

Mardi 09 juillet 2024 sur France 4 à 21h00
Requiem (Verdi) - Chorégies d'Orange

Mardi 09 juillet 2024 sur France 4 à 22h30
Samson et Dalila - Chorégies d'Orange

Samedi 13 juillet 2024 sur Arte à 22h25
Madama Butterfly (Puccini) - Festival d'Aix-en-Provence 2024

Dimanche 14 juillet 2024 sur France 3 à 00h25
Concert Inaugural de Gustavo Dudamel (Opéra de Paris)

Dimanche 14 juillet 2024 sur Arte à 18h55
Daniil Trifonov interprète Mozart - Concerto pour piano n°25

Dimanche 14 juillet 2024 sur France 2 à 20h40
Le Concert de Paris (direct)

Lundi 15 juillet 2024 sur Arte à 02h45
Barenboim dirige Beethoven - Symphonies n°5 et n°6

Mardi 16 juillet 2024 sur France 4 à 21h00
La Garde Républicaine à Assas

Mardi 16 juillet 2024 sur France 4 à 22h20
Concert Inaugural de Gustavo Dudamel (Opéra de Paris)

Mardi 16 juillet 2024 sur France 4 à 23h45
Concert au Palais princier - Cour d'honneur

Vendredi 19 juillet 2024 sur France 5 à 21h00
L'Olympiade (Vivaldi) - Théâtre des Champs-Elysées - dm Spinosi

Dimanche 21 juillet 2024 sur France 3 à 00h25
La Garde Républicaine à Assas

Dimanche 21 juillet 2024 sur France 5 à 14h30
Requiem (Verdi) - Chorégies d'Orange

Dimanche 21 juillet 2024 sur Arte à 18h40
Eden - Joyce DiDonato chante à Olympie

Lundi 22 juillet 2024 sur Arte à 01h00
Wozzeck (Berg) - Festival d'Aix-en-Provence 2023

Mardi 23 juillet 2024 sur France 4 à 21h00
Möbius Morphosis (Rachid Ouramdane et la Compagnie XY) - Opéra de Lyon

Mardi 23 juillet 2024 sur France 4 à 22h30
Ne me touchez pas (Le parcours de la danseuse et chorégraphe Laura Bachman)

Jeudi 25 juillet 2024 sur Arte à 00h50
Chœur à cœur

Dimanche 28 juillet 2024 sur Arte à 18h55
Le "Ring" du centenaire (Boulez-Chéreau) - Les grands moments de la musique

Dimanche 28 juillet 2024 sur Arte à 20h05
Joséphine Baker - Première icône noire

Lundi 29 juillet 2024 sur Arte à 01h05
Alain Altinoglu et Julia Fischer jouent Debussy et Sibelius

Mardi 30 juillet 2024 sur France 4 à 21h00
Le Concert de Paris 2024

Mardi 30 juillet 2024 sur France 4 à 22h35
Miniatures françaises

Mardi 30 juillet 2024 sur France 4 à 23h35
Requiem (Verdi) - Chorégies d'Orange

Samedi 03 août 2024 sur France 4 à 22h35
Les cercles sacrés (Aldo Brizzi)

Dimanche 04 août 2024 sur Arte à 02h00
And me, I'm dancing too (Mohammad Valizadegan)

Dimanche 04 août 2024 sur France 5 à 14h25
Samson et Dalila (Saint-Saens) - Chorégies d'Orange

Mardi 06 août 2024 sur France 4 à 21h00
Notre Sacre - Le Sacre du printemps (Igor Stravinsky) - Blanca Li, Abd al Malik et David Grimal

Mardi 06 août 2024 sur France 4 à 22h23
Suresnes Cités Danse - Casse-Noisette (Tchaïkovski) - Bianca Li

Dimanche 04 août 2024 sur Arte à 18h10
Riccardo Muti dirige la Missa Solemnis - Festival de Salzbourg 2021

Vendredi 09 août 2024 sur Arte à 22h25
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 9 - Leipzig, Paris, Milan, Vienne

Vendredi 09 août 2024 sur Arte à 23h50
Ode à l'humanité - La "Neuvième" de Beethoven (documentaire)

Dimanche 11 août 2024 sur Arte à 19h00
Rachmaninov au Festival de Lucerne - Mao Fujita, Riccardo Chailly, Lucerne Festival Orchestra

Lundi 12 août 2024 sur Arte à 00h35
Chercheurs d'orgues

Lundi 12 août 2024 sur Arte à 03h10
Peter Doherty et Frédéric Lo - The Fantasy Life of Poetry and Crime

Mercredi 14 août 2024 sur Arte à 02h15
Le West-Eastern Divan Orchestra joue Brahms - Festival de Salzbourg 2021

Vendredi 16 août 2024 sur Arte à 22h40
Les contes d'Hoffmann (Offenbach) - Festival de Salzbourg 2024

Dimanche 18 août 2024 sur France 3 à 00h10
Amor azul

Dimanche 18 août 2024 sur Arte à 18h30
Concert de Prague avec Daniel Hope

Dimanche 18 août 2024 sur Arte à 23h45
Daniel Hope et la musique sud-africaine

Lundi 19 août 2024 sur Arte à 00h40
Bedrich Smetana, un bicentenaire

Jeudi 22 août 2024 sur Arte à 02h05
Le Ballet national de Vienne danse Gustav Mahler

Jeudi 22 août 2024 sur Arte à 03h20
Lea Desandre, récital baroque - Amazone

Dimanche 25 août 2024 sur France 3 à 00h10
La Méditerranée en fête : Alexandre Kantorow

Dimanche 25 août 2024 sur France 5 à 14h30
Prades 2022- Festival Pablo Casal

Dimanche 25 août 2024 sur Arte à 18h45
Gala Puccini à Venise

Lundi 26 août 2024 sur Arte à 01h15
Young Euro Classic 2023 - Ukraine et Estonie

Dimanche 01 septembre 2024 sur France 3 à 00h30
Prades 2022- Festival Pablo Casal


A compléter ultérieurement

TV-Web Juillet-Août 2024 Lyrique et Musique

Mezzo et Mezzo HD

Mercredi 03 juillet 2024 sur Mezzo à 20h30
Berlioz : La Damnation de Faust - Pene Pati, Aude Extremo - Monte-Carlo

Vendredi 05 juillet 2024 sur Mezzo HD à 21h00
'Adelaide di Borgogna' de Rossini à Pesaro

Vendredi 05 juillet 2024 sur Mezzo à 23h05
Rameau : Hippolyte et Aricie - Simon Rattle

Samedi 06 juillet 2024 sur Mezzo à 20h30
Puccini : Madama Butterfly - Opéra National Grec

Dimanche 07 juillet 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Wagner : Das Rheingold - Opernhaus Zurich

Mercredi 10 juillet 2024 sur Mezzo à 20h30
'Le Rossignol' de Stravinsky et 'Les Mamelles de Tirésias' de Poulenc au Théâtre des Champs-Elysées

Vendredi 12 juillet 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Janácek : Káta Kabanová - Festival de Salzbourg

Vendredi 12 juillet 2024 sur Mezzo à 23h05
Jonas Kaufmann chante 'Werther' de Massenet à l'Opéra de Paris

Samedi 13 juillet 2024 sur Mezzo à 20h30
'La Sonnambula' de Bellini à l'Opéra Royal de Wallonie Liège

Dimanche 14 juillet 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Wagner : Die Walküre - Opernhaus Zurich

Mardi 16 juillet 2024 sur Mezzo à 22h45
Richard Coeur de Lion de Grétry à l'Opéra Royal de Versailles

Mercredi 17 juillet 2024 sur Mezzo à 20h30
Verdi: I Lombardi alla prima crociata - Opéra Royal de Wallonie-Liège

Vendredi 19 juillet 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Puccini : Turandot - Vérone

Vendredi 19 juillet 2024 sur Mezzo à 23h40
Gluck : Iphigénie en Aulide

Samedi 20 juillet 2024 sur Mezzo à 20h30
Sartorio: L'Orfeo - Philippe Jaroussky - Opéra de Montpellier

Samedi 20 juillet 2024 sur Mezzo HD à 21h
Wagner : Siegfried - Opernhaus Zurich

Mardi 23 juillet 2024 sur Mezzo à 23h05
Berlioz : La Damnation de Faust - Pene Pati, Aude Extremo - Monte-Carlo

Mercredi 24 juillet 2024 sur Mezzo à 20h30
Haendel: Flavio - Festival Baroque de Bayreuth

Vendredi 26 juillet 2024 sur Mezzo HD à 23h10
Mozart : La Flûte enchantée - Festival de Salzbourg

Samedi 27 juillet 2024 sur Mezzo à 20h30
Massenet : Thaïs - Opéra de Monte-Carlo

Dimanche 28 juillet 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Wagner : Götterdämmerung - Opernhaus Zurich

Mardi 30 juillet 2024 sur Mezzo à 23h00
'Le Rossignol' de Stravinsky et 'Les Mamelles de Tirésias' de Poulenc au Théâtre des Champs-Elysées

Mercredi 31 juillet 2024 sur Mezzo à 20h30
Donizetti : La Fille du régiment - La Fenice de Venise

Vendredi 02 août 2024 sur Mezzo HD à 21h00
'Adelaide di Borgogna' de Rossini à Pesaro

Vendredi 02 août 2024 sur Mezzo à 23h30
Bellini : La Sonnambula - Opéra Royal de Wallonie Liège

Samedi 03 août 2024 sur Mezzo à 20h30
Die Tote Stadt de Korngold au Staatsoper de Munich

Dimanche 04 août 2024 sur Mezzo HD à 21h00
'Le nozze di Figaro' de Mozart au Festival de Salzbourg

Mardi 06 août 2024 sur Mezzo à 23h45
Verdi: I Lombardi alla prima crociata - Opéra Royal de Wallonie-Liège

Mercredi 07 août 2024 sur Mezzo à 20h30
Mozart : Idomeneo - Opéra Royal de Wallonie-Liège

Vendredi 09 août 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Verdi : Le Trouvère - Maggio Musicale Fiorentino

Samedi 10 août 2024 sur Mezzo à 20h30
Haendel: Giulio Cesare - Jaroussky, Arquez, Devieilhe

Dimanche 11 août 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Mozart : La Flûte enchantée - Festival de Salzbourg

Mardi 13 août 2024 sur Mezzo à 23h50
Haendel: Flavio - Festival Baroque de Bayreuth

Mercredi 14 août 2024 sur Mezzo à 20h30
'Serse' de Haendel à l'Opéra de Rouen

Vendredi 16 août 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Janáček : Káťa Kabanová - Festival de Salzbourg

Vendredi 16 août 2024 sur Mezzo à 23h45
Massenet : Thaïs - Opéra de Monte-Carlo

Samedi 17 août 2024 sur Mezzo à 20h30
Mozart : Don Giovanni - Staatsoper Berlin

Dimanche 18 août 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Verdi : Le Trouvère - Maggio Musicale Fiorentino

Mardi 20 août 2024 sur Mezzo à 23h00
Donizetti : La Fille du régiment - La Fenice de Venise

Mercredi 21 août 2024 sur Mezzo à 20h30
'Saul' de Haendel au Theater an der Wien

Vendredi 23 août 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Puccini : Turandot - Vérone

Vendredi 23 août 2024 sur Mezzo à 22h35
Die Tote Stadt de Korngold au Staatsoper de Munich

Samedi 24 août 2024 sur Mezzo à 20h30
Jonas Kaufmann chante 'Werther' de Massenet à l'Opéra de Paris

Dimanche 25 août 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Prokofiev: Le Joueur - Festival de Salzbourg

Mardi 27 août 2024 sur Mezzo à 23h45
Mozart : Idomeneo - Opéra Royal de Wallonie-Liège

Mercredi 28 août 2024 sur Mezzo à 20h30
Le Chevalier à la rose de Richard Strauss

Vendredi 30 août 2024 sur Mezzo HD à 21h00
'Le nozze di Figaro' de Mozart au Festival de Salzbourg

Vendredi 30 août 2024 sur Mezzo à 23h20
Haendel: Giulio Cesare - Jaroussky, Arquez, Devieilhe

Samedi 31 août 2024 sur Mezzo à 20h30
Berlioz : La Damnation de Faust - Pene Pati, Aude Extremo - Monte-Carlo

TV-Web Juillet-Août 2024 Lyrique et Musique

Web : Opéras en accès libre (cliquez sur les titres pour les liens directs avec les vidéos)

Sur Operavision, Culturebox, Arte Concert etc...

                            Illimité

Placido Domingo, l'homme aux mille vies

La Traviata (Chorégies d'Orange 2016) avec Domingo, Jaho, Meli

Le Requiem de Verdi (Chorégies d'Orange)

Le Barbier de Séville (Chorégies d'Orange 2018) avec Peretyatko, Sempey, Hotea

Roberto Alagna - Ma vie est un opéra

Le Royaume des Deux-Siciles (Roberto Alagna)

Patrick Dupond, un danseur chez les étoiles

Michaël Denard, le « prince » de l'Opéra de Paris

Le Lac des Cygnes, l'Ambitieux projet de Tchaïkovski

Maria Callas - Il était une voix

Body and Soul (Opéra national de Paris)

Dans les coulisses de Casse-Noisette

Dans les coulisses de Roméo et Juliette

Dans les coulisses de La Fille mal gardée

Dans les coulisses de Don Quichotte

Accès Live avec Rim'K à l'Opéra Bastille pour « Le Lac des Cygnes »

Accès live à l'Opéra Garnier dans les coulisses de « La Cenerentola »

 

Maria Callas - Il était une voix

A la mémoire de Jodie Devos

                           Juillet 2024

Innocence (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 01 juillet 2024

La Fiancée vendue (Théâtre national de Prague) jusqu'au 01 juillet 2024

Innocence (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 01 juillet 2024

Grace Bumbry est Carmen jusqu'au 08 juillet 2024

La Chauve-Souris (Croatian national Theatre in Zagreb) jusqu'au 09 juillet 2024

L'incoronazione di Poppea  (Gran Theatre del Liceu de Barcelone) jusqu'au 11 juillet 2024

Andrea Chénier (Teatro Comunale di Bologna) jusqu'au 12 juillet 2024

Wozzeck (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 12 juillet 2024

Richard Siegal : Ballet of (Dis)Obedience jusqu'au 12 juillet 2024

L'opéra de quat'sous (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 12 juillet 2024

Picture a day like this (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 13 juillet 2024

Gala d'opéra - Classic Open Air Hannover jusqu'au 14 juillet 2024

Concours Reine Elisabeth 2014 - Chant - La finale avec Jodie Devos jusqu'au 18 juillet 2024

Valuska (Hungarian State Opera) jusqu'au 19 juillet 2024

Klaus Mäkelä, vers la flamme jusqu'au 20 juillet 2024

Idomeneo (Aix-en-Provence 2022) jusqu'au 23 juillet 2024

                          Août 2024

Nereydas (Festival de Grenade 2023) jusqu'au 02 août 2024

E.Garanca et J.D. Florez (Festival de Salzbourg 2020) jusqu'au 02 août 2024

Artifacts Assembly (Palau des Les Arts Reina Sofia) jusqu'au 02 août 2024

Orchestre des Champs-Elysées (Festival de Grenade 2023) jusqu'au 02 août 2024

Le cinéma de Maurice Jarre jusqu'au 06 août 2024

Picture a day like this (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 06 août 2024

Theodora (MusikTheater an der Wien) jusqu'au 12 août 2024

Carmen (Opernhaus Zürich) jusqu'au 15 août 2024

Mantoue en musiques - Lea Desandre jusqu'au 17 août 2024

Le Diable chantant (Theater Bonn) jusqu'au 17 août 2024

Opera in Love - Yoncheva / Grigolo (Arènes de Vérone) jusqu'au 18 août 2024

Hyuk Lee (Palais Royal) jusqu'au 27 août 2024

Le 'Ring' du centenaire (Bayreuth) jusqu'au 27 août 2024

                           Septembre 2024

Carmen (Opéra de Rouen) jusqu'au 03 septembre 2024

Nadine Sierra et Pretty Yende (Philharmonie) jusqu'au 04 septembre 2024

Lise Davidsen (Den Norske Opera & Ballett) jusqu'au 08 septembre 2024

Dalibor (Théâtre national de Prague) jusqu'au 10 septembre 2024

Valer Sabadus (Bayreuth Baroque 2023) jusqu'au 14 septembre 2024

Cambio madre (Muziehtheater Transparant, Flanders Festival Ghent) jusqu'au 15 septembre 2024

La Fille mal gardée (Opéra de paris) jusqu'au 21 septembre 2024

Eugène Onéguine (Deutsche Oper Am Rhein) jusqu'au 23 septembre 2024

Bruno de Sa (Festival d'Ambronay 2023) jusqu'au 24 septembre 2024

Il était une fois Casse-Noisette (Karl Paquette - Châtelet) jusqu'au 25 septembre 2024

Serse (Opéra de Rouen) jusqu'au 26 septembre 2024

John Neumeier - Une vie pour la danse jusqu'au 28 septembre 2024

John Neumeier - La Menagerie de verre (Opéra de Hambourg)jusqu'au 28 septembre 2024

Télémaque et Calypso (Festival d'Ambronay 2023) jusqu'au 29 septembre 2024

Rivoluzione (La Monnaie) jusqu'au 29 septembre 2024

Nostalgia (La Monnaie) jusqu'au 30 septembre 2024

                          Octobre 2024

Intimate Portraits (Polish National Opera and Ballet) jusqu'au 01 octobre 2024

Pietari Inkinen dirige Caplet, Ravel et Rimski-Korsakov - Avec Fatma Saïd jusqu'au 4 octobre 2024

Orlando Furioso (Teatro Comunale di Ferrara) jusqu'au 05 octobre 2024

Requiem de Mozart (Festival d'Ambronay) jusqu'au 06 octobre 2024

Viva Napoli! (Festival d'Ambronay) jusqu'au 07 octobre 2024

Les Chemins de Bach / Un Voyage à Lübeck (Chapelle royale de Versailles) jusqu'au 10 octobre 2024

Idomeneo (Grand Théâtre de Genève) jusqu'au 14 octobre 2024

Concours Long-Thibaud 2023 (Université d'Assas) jusqu'au 16 octobre 2024

Britten - War Requiem (Château de Prague) jusqu'au 16 octobre 2024

Salomé (Irish National Opera) jusqu'au 19 octobre 2024

Eden (Joyce DiDonato à Olympie) jusqu'au 19 octobre 2024

Mirga Gražinytė-Tyla dirige Bruckner, Boulanger et Gražinis jusqu'au 25 octobre 2024

Ariane à Naxos (Garsington Opera) jusqu'au 26 octobre 2024

Les Chevaux de feu (Lviv National Opera) jusqu'au 29 octobre 2024

                          Novembre 2024

Turandot (Scala de Milan) jusqu'au 03 novembre 2024

Don Giovanni (Opéra de Lille) jusqu'au 06 novembre 2024

Fidelio (Dutch National Opera & Ballet) jusqu'au 06 novembre 2024

On Danse Chez Vous : Mehdi Kerkouche (Chaillot) jusqu'au 08 novembre 2024

La Sonnambula (Teatro dell'opera di Roma) jusqu'au 10 novembre 2024

Roméo, Juliette, Thomas et les autres (Opéra national de Paris) jusqu'au 11 novembre 2024

Les Contes d'Hoffmann (Festival de Salzburg) jusqu'au 14 novembre 2024

Marco Tutino : La ciociara (Wexford Festival Opera 2023) jusqu'au 18 novembre 2024

Pablo Heras-Casado dirige Schubert, Goldmark et Brahms jusqu'au 18 novembre 2024

Les Maîtres chanteurs de Nuremberg (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 18 novembre 2024

Don Quichotte - Massenet (Opéra national de Paris) jusqu'au 23 novembre 2024

Guercoeur (Opéra national du Rhin) jusqu'au 25 novembre 2024

Alfred, Alfred / La serva padrona (Teatri di Reggio Emilia) jusqu'au 26 novembre 2024

                          Décembre 2024

Tosca (Teatro Regio di Parma) jusqu'au 01 décembre 2024

Requiem de Mozart (Palau de la Musica de Barcelone) jusqu'au 04 décembre 2024

Manon Lescaut (Poznan Opera) jusqu'au 08 décembre 2024

Grand concert symphonique Saint-Saëns (Auditorium de Radio France) jusqu'au 14 décembre 2024

Ballet National de España (Festival de Grenade 2023) jusqu'au 18 décembre 2024

Concert de Noël (Philharmonique de Radio France) jusqu'au 21 décembre 2024

Albert Herring (Opera North) jusqu'au 21 décembre 2024

Hommage à Patrick Dupond jusqu'au 26 décembre 2024

Masterclasse Lawrence Brownlee et Brian Jagde jusqu'au 28 décembre 2024

Le Concert de Paris 2024 jusqu'au 31 décembre 2024

 

                           Janvier 2025

Samson (Festival d'Aix-en-Provence 2024) jusqu'au 11 janvier 2025

L'Olimpiade (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 12 janvier 2025

Pinocchio - Weinberg (Polish National Opera and Ballet) jusqu'au 12 janvier 2025

Le Baiser (National Moravian-Silesian Theatre) jusqu'au 19 janvier 2025

Gala Puccini à Venise jusqu'au 19 janvier 2025

Gala Puccini (Place Saint-Marc de Venise) jusqu'au 19 janvier 2025

Apaches au Palais Garnier (Opéra national de Paris) jusqu'au 24 janvier 2025

Les deux Veuves (National Moravian-Silesian Theatre) jusqu'au 26 janvier 2025

Hélène Grimaud & Konstantin Krimmel (Festival de piano de la Ruhr 2024) jusqu'au 28 janvier 2025

                           Février 2025

Operatic Oniricon (Polish National Opera and Ballet) jusqu'au 02 février 2025

Colorature, Mrs Jenkins et son pianiste - Opéra Grand Avignon jusqu'au 09 février 2025

La Walkyrie (LongBorough Festival Opera) jusqu'au 09 février 2025

Charpentier à l'honneur - Festival de musique sacrée à Madrid jusqu'au 14 février 2025

Il viaggio a Reims (Rossini Opera Festival) jusqu'au 16 février 2025

Voix des Outre-mer (Amphithéâtre de l'Opéra Bastille) jusqu'au 20 février 2025

Le Comte Ory (Rossini in Wildbad) jusqu'au 23 février 2025

                           Mars 2025

Fidelio courte animation jusqu'au 01 mars 2025

Maria Callas au cinéma jusqu'au 03 mars 2025

Fauteuils d'orchestre (Anne Sinclair) jusqu'au 21 mars 2025

Car/Men (Théâtre municipal de Béthune) jusqu'au 22 mars 2025

Vivaldi et Mozart au musée du Louvre jusqu'au 24 mars 2025

 

                            Mai 2025

Médée (Opéra national de Paris) jusqu'au 30 mai 2025

                           Juin 2025

Adriana Lecouvreur (Opéra national de Lettonie, Riga) jusqu'au 15 juin 2025

Jour de fête chez Offenbach (Radio France) jusqu'au 22 juin 2025

 

                       Juillet 2025

Alain Altinoglu et Stéphane Degout (Festival de Colmar) jusqu'au 04 juillet 2025

                         Septembre 2025

Angelin Preljocaj : La visite (Picasso Danse) jusqu'au 19 septembre 2025

 

                         Novembre 2025

Le Ring sans paroles (Philharmonique de Strasbourg) jusqu'au 05 septembre 2025

 

                           Janvier 2026

Iphigénie en Aulide - Iphigénie en Tauride (Festival d'Aix-en-Provence 2024) jusqu'au 11 janvier 2026

                           Février 2026

Voix des Outre-Mer 2023 (Amphithéâtre Bastille) jusqu'au 22 février 2026

                           Mars 2026

Concert en soutien au peuple ukrainien (Maison de Radio France) jusqu'au 04 mars 2026

                           Mai 2026

Barry Lyndon Tribute jusqu'au 13 mai 2026

Michel Legrand, la musique enchantée (Dessay, Bertault) jusqu'au 13 mai 2026

                           Juillet 2026

Kiev, un opéra en guerre (1/4) - Danser pour résister jusqu'au 11 juillet 2026

 

                           Septembre2026

Kiev, un opéra en guerre (2/4) - Exister ou disparaître jusqu'au 12 septembre 2026

 

                         Novembre 2026

Les trois ballets de Stravinsky (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 25 novembre 2026

                         Décembre 2026

Concert du nouvel an de l'Orchestre national de France (Radio France) jusqu'au 30 décembre 2026

   

                          Janvier 2027

Samson (Festival d'Aix-en-Provence 2024) jusqu'au 11 janvier 2027

Madame Butterfly (Festival d'Aix-en-Provence 2024) jusqu'au 13 janvier 2027

 

                         Juin 2028

Dream Requiem - Rufus Wainwright (Radio France) jusqu'au 13 juin 2028

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 30 Juin 2024

Il Trovatore (Giuseppe Verdi – 19 janvier 1853, Rome)
Représentation du 29 juin 2024

Münchner Opernfestspiele 2024 - Bayerische Staatsoper

Ferrando Tareq Nazmi
Inez Erika Baikoff

Leonora Marina Rebeka
Count di Luna George Petean
Manrico Vittorio Grigolo
Azucena Yulia Matochkina
Ruiz Granit Musliu

Direction musicale Francesco Ivan Ciampa
Mise en scène Olivier Py (2013)

Production qui fit l’ouverture du Festival lyrique de l’Opéra de Munich le 27 juin 2013, et qui est régulièrement reprise tous les 2 ou 3 ans, la vision macabre du 'Trouvère' par Olivier Py a pour elle de laisser planer en permanence la malédiction du meurtre de la mère d’Azucena dans un décor industriel sombre dont la complexité interroge encore, d’autant plus qu’il imbrique une scène théâtrale, l’histoire étant une narration. 

Marina Rebeka (Leonora)

Marina Rebeka (Leonora)

La mort est un acteur omniprésent qui prend la forme de figurants aux têtes d’Anubis, ou bien se revêt d’un corps totalement noir lorsque Leonora songe au suicide.

Manrico est dépeint comme un fanatique dont la ferveur atteindra son paroxysme devant une croix enflammée, et l’on peut dire que Vittorio Grigolo représente à outrance ce personnage animé par une flamme intérieure destructrice. Car le ténor italien affiche un rayonnement, une clarté et une richesse de couleurs d’une très grande insolence qui arrivent à susciter l’admiration malgré un jeu exacerbé et un rythme personnel qui ne doivent sûrement pas faciliter la tâche du chef d’orchestre. Rien ne résiste à son chant sanguin d’une implacable efficacité, comme si le chanteur était en recherche d'une rupture.

Vittorio Grigolo (Manrico) et Marina Rebeka (Leonora)

Vittorio Grigolo (Manrico) et Marina Rebeka (Leonora)

Ainsi, on ne peut pas trouver plus opposé de caractère que celui de Marina Rebeka, dont la technique sophistiquée fait entendre à quel point l’écriture verdienne est d’une grande finesse, parcellée de progressifs changements de teintes toujours chargées d’éclat.

Et comme très souvent chez cette élégante artiste, le panache dans la souffrance ne cède en rien aux effets mélodramatiques, comme si la retenue dans l’expression des tendres sentiments de Leonora était la manifestation d’une inséparable maîtrise de soi.

Yulia Matochkina (Azucena) et Vittorio Grigolo (Manrico)

Yulia Matochkina (Azucena) et Vittorio Grigolo (Manrico)

Grand interprète du style verdien également, George Petean porte avec lui l’essence de la vitalité italienne, un chant chargé d’une terre de caractère, ce qui s’entend le mieux lorsqu’il est en dialogue avec la salle. Toutefois, dans les ensembles où l’orchestre prédomine, son timbre se dilue plus nettement que ses partenaires, ce qui lui fait perdre en impact, notamment lorsqu’il est en duo avec le Manrico galvanisant de Vittorio Grigolo.
Mais cela humanise aussi  le portrait du Conte di Luna.

Et sans sembler trop forcer sur ses moyens, Yulia Matochkina inspire en Azucena un personnage d’un grand raffinement, capable autant de puiser dans une noirceur nobiliaire que d’extérioriser des aigus brillants.

Il Trovatore (Rebeka Grigolo Matochkina Petean Ciampa Py) Munich

Parmi les seconds rôles, Tareq Nazmi n’a aucun problème à donner du corps à ce Ferrando qui se révélera être le meurtrier de Manrico, et si le chant profondément moiré d’Erika Baikoff (Inès) a un contour trop flou, c’est d’une belle prestance et d’une forte coloration de timbre que Granit Musliu dote le personnage de Ruiz. Ce jeune chanteur découvert l’année dernière au Festival de Sanxay en Don Ottavio, n’a pas fini d’imprimer sa marque.

George Petean (Le Comte di Luna)

George Petean (Le Comte di Luna)

Avec ces personnalités vocales assez disparates – seules Marina Rebeka et Yulia Matochkina sont les plus proches, stylistiquement parlant -, l’unité d’ensemble est confortée par la direction de Francesco Ivan Ciampa qui, non seulement insuffle un courant orchestral d’une grande puissance, mais combine aussi avec talent les différentes lignes de l’ouvrage afin d’en faire ressortir les traits dramatiques et sombres, comme pour faire ressentir une force sous-jacente à la manœuvre.

Le son de l'Orchestre de l'Opéra de Bavière conserve une excellente souplesse mêlée à une fougue italianisante qui ne vire jamais au vulgaire, et les cuivres sont très chaleureux. Le public n’en est que plus survolté, et avec un chœur d’une grande présence et très bien chantant, tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette soirée une interprétation d’une grande générosité.

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Publié le 24 Juin 2024

La Vestale (Gaspare Spontini – 15 décembre 1807 – Opéra de Paris, salle Montansier)
Répétition générale du 10 juin et représentations des 15, 23 juin et 05 juillet 2024
Opéra Bastille

Licinius Michael Spyres
Cinna    Julien Behr
Le Souverain Pontife     Jean Teitgen (10 & 15)
                                       Nicolas Courjal (23)
Julia Elza van den Heever (10 & 23)
         Élodie Hache (15)
La Grande Vestale Eve-Maud Hubeaux
Le chef des Aruspices, un consul Florent Mbia

Direction musicale Bertrand de Billy
Mise en scène Lydia Steier (2024)
Nouvelle Production

Retransmission en direct le 29 juin 2024 sur Paris Opera Play, la plateforme de diffusion de l’Opéra national de Paris, et diffusion entre le 06 septembre 2024 et le 06 mars 2025 sur OperaVision.
Diffusion sur France Musique le samedi 21 septembre 2024 à 20h dans l’émission ’Samedi à l’Opéra’ présentée par Judith Chaine

Au cours des 15 années qui précédèrent la Révolution Française, la nouvelle salle du Palais Royal de l’Académie Royale de Musique, inaugurée en 1770, fut le lieu de la révolution Gluck, où seront créés ‘Orphée et Eurydice’ (1774), ‘Alceste’ (1776), ‘Armide’ (1777) et ‘Iphigénie en Tauride’ (1779).

Ce théâtre s’enflamma à nouveau en 1781, et c’est à la salle de la Porte-Saint-Martin que la résistance des Italiens s’illustra par les créations de ‘Didon’ de Piccinni (1783), 'Renaud’ (1783) et ‘Oedipe à Colone’ (1787) de Sacchini, ‘Tarare’ (1787) de Salieri, en même temps que la veine comique gagnait ses plus grands succès avec ‘La Caravane du Caire’ (1784) et ‘Panurge dans l’Ile des Lanternes’ (1785) de Grétry, et ‘Les Prétendus’ de Lemoyne (1789).

Elza van den Heever (Julia)

Elza van den Heever (Julia)

La Révolution marqua un arrêt net à cette profusion de créations et de genres qui dépassèrent tous très largement la centaine de représentations, et au cours des 15 ans qui suivirent, aucun ouvrage ne fut créé qui puisse remporter un succès durable. 

Mademoiselle Montansier fit construire en 1793 un vaste théâtre, rue de la Loi – l’actuelle rue Richelieu -, qui deviendra un lieu de culte impérial sous le contrôle de Napoléon Ier

L’Opéra devint ainsi un lieu de propagande, et les ouvrages qui y furent créés ‘Astyanax’ (1801), ‘Sémiramis' (1802), ‘Le Triomphe de Trajan’ (1807), ne resteront pas plus de 20 ans au répertoire.

La Vestale (van den Heever Hache Spyres Hubeaux de Billy Steier) Opéra de Paris

La véritable renaissance artistique de l’Opéra de Paris fut cependant marquée par une date, celle du 15 décembre 1807.
Ce soir là, en présence de l’Impératrice Joséphine qui avait œuvré afin que les répétitions se maintiennent malgré les réticences des musiciens, ‘La Vestale’ de Gaspare Spontini remporta un triomphe retentissant, si bien que l’Académie des Beaux-Arts lui décerna le prix décennal du Grand Opéra en 1810.

Grand admirateur de l’œuvre, Hector Berlioz considérait que ‘La Vestale’ laissait loin derrière la ‘Didon’ de Piccinni, et que la peinture des sentiments n’avait jamais connu auparavant une telle vérité. L’ouvrage connut un immense succès à Paris, où elle sera jouée jusqu’au 12 juin 1854, mais aussi à Naples et dans toute l’Allemagne. Richard Wagner dirigea lui même l'ouvrage à Dresde en présence du compositeur, le 15 octobre 1844.

Le retour au répertoire de l’Opéra de Paris de ‘La Vestale’, après 170 ans d’absence, est donc un évènement qui vise à faire redécouvrir un opéra charnière qui annonce le Grand Opéra français, genre qui n’émergera que 20 ans plus tard, tout en conservant l’esprit des tragédies de Gluck, et où poignent également les qualités belcantistes enflammées que déploiera avec force le romantisme italien grâce à Vincenzo Bellini.

Julien Behr (Cinna) et Michael Spyres (Licinius)

Julien Behr (Cinna) et Michael Spyres (Licinius)

Pour sa seconde production parisienne après la biblique ‘Salomé’ d’Oscar Wilde et Richard Strauss (2022),  Lydia Steier aborde le sujet des abus de pouvoir spirituels et despotiques.

En s’appuyant sur une reproduction inspirée et finement détaillée du grand amphithéâtre de la Sorbonne – ses dimensions sont proches de celles de la scène Bastille -, elle inscrit la maison des Vestales au tournant du XXe siècle, dans un temple de la science où l’on brûle les livres du savoir. Et au second acte, le feu de Vesta devient même l’émanation d’un autodafé clairement organisé .

Au cours de la longue introduction qui met en scène le serment d’amitié entre le général romain Licinius et son ami Cinna, des corps suspendus par les pieds payent durement leur dénonciation de la devise du pouvoir ‘Talis est ordo Deorum’ (‘Tel est l’ordre divin’). Ce général porté sur la bouteille n’apparaît pas particulièrement sympathique, et le final du premier acte met en scène son triomphe à partir d’un film de propagande évoquant le culte du chef des grands régimes autoritaires du XXe siècle, non sans friser volontairement le kitsch.

Elza van den Heever (Julia) et Eve-Maud Hubeaux (La Grande Vestale)

Elza van den Heever (Julia) et Eve-Maud Hubeaux (La Grande Vestale)

Ce premier acte, le plus long de l’œuvre, conçu initialement comme un hommage flatteur au Sacre de l’Empereur Napoléon Ier victorieux, montre les travers de l’association des pouvoirs militaires et religieux qui s’appuient sur la terreur et la violence vis à vis des populations faibles et minoritaires.

La Grande Vestale n’hésite pas à violenter les réfractaires, le cortège de gladiateurs et d’esclaves ressemble à une parade de l’Inquisition où des corps sont ensanglantés et même gazés aux yeux de tous, et le peuple apparaît comme un groupe conditionné prompt à juger et à devenir lui même tortionnaire.

C’est toute une mise en scène de la déshumanisation qui est dépeinte ici – les Vestales sont départies de leur chevelure dès leur entrée dans les ordres - avec force de détails et une lisible organisation des mouvements de la foule, de la cour et des exécutants. La musique, y compris chorale, respecte un certain formalisme académique qui permet de suivre assez froidement le rituel quelque peu artificiel de ce monde révulsant, surtout que les emblèmes du pouvoir (drapeaux, décorations, teintes pourpres) sont volontairement ostentatoires.

Elza van den Heever (Julia)

Elza van den Heever (Julia)

Au second acte, cœur palpitant de l’ouvrage qui emportera l’adhésion du public dès sa création, des livres en flamme créent une lumière pénombrale tout en donnant un aspect intime à la bibliothèque. Le délire et les souffrances de la Vestale, qui n’en peut plus de vivre contre ses désirs, se projettent sous forme d’ombre sur l’un des murs, et la scène de retrouvailles avec Licinius montre un peu maladroitement les désirs des corps.

Mais du haut d’un passage invisibilisé en arrière scène, le Souverain Pontife a été alerté et observe la scène. L’autodafé s’est éteint. A son retour, la Grande Vestale s’en prend à Julia sans retenue, avant d’être elle-même désignée par le Souverain comme responsable de l’extinction du feu.

Michael Spyres (Licinius)

Michael Spyres (Licinius)

Enfin, le dernier acte montre l’arrestation de Licinius, ainsi qu’une très belle scène de La Vestale chantant son air d’adieux ‘Toi que je laisse sur la terre’ attachée à un poteau, mais sur un fond galactique poétique qui est aussi l’évocation d’une vision de l’univers opposée à celle d’un Dieu incarné. Nous assistons finalement à l’avènement de Cinna en tant que véritable traître conspirateur qui recherche la reconnaissance du Souverain Pontife désormais affaibli. 

Le couple semble sauvé par le coup d’éclat final, mais lorsque la grande Vestale est emmenée de force hors de la salle, les tirs de mitraillettes des trois sbires du nouveau tyran concluent à une issue fatale pour tous.

Lydia Steier fait ainsi d’une fable antique monolithique, marquée par l’intervention divine, une analyse très maîtrisée des mécanismes de durcissement et d’adaptations comportementales induits par l’installation d’un pouvoir dictatorial.

Michael Spyres (Licinius) et Elza van den Heever (Julia)

Michael Spyres (Licinius) et Elza van den Heever (Julia)

A l’origine, elle prévoyait de conclure les dernières notes sur un texte rappelant que près des 3/4 des habitants de la planète vivent sous des régimes autocratiques, mais c’est finalement la citation de Voltaire ‘Le fanatisme est un monstre qui ose se dire le fils de la religion’ (1774) qu’elle retient pour signifier son inquiétude face à l’instrumentalisation de la religion par les fanatiques.

Étrangement, en accentuant l’ambiance oppressive de cette façon là, dans un ouvrage qui annonce le belcanto, se crée un lien évident avec ‘Beatrice di Tenda, œuvre de Bellini que le public parisien a découvert sur cette même scène quelques mois auparavant, sur le thème de la torture d’État.

Elza van den Heever (Julia)

Elza van den Heever (Julia)

Pour faire vivre ce drame lyrique et lui donner une unité, Bertrand de Billy est de retour dans la fosse de Bastille, après avoir dirigé ‘La Vestale’ cinq ans auparavant au Theater an der Wien, dans une mise en scène de Johannes Erath.

D’un geste très enveloppant, ornant la moindre coda d’un récitatif, il obtient de beaux volumes fluides au son dense et lumineux auxquels il insuffle une théâtralité souple et raisonnée, tel un artiste peignant une grande fresque par des mouvements de respirations développés avec assurance. Il en résulte un très grand sentiment de confort et d’osmose avec tous les solistes.

Élodie Hache (Julia)

Élodie Hache (Julia)

Il retrouve dans les rôles principaux deux grands artistes de l’aventure spontinienne à Vienne en 2019, Michael Spyres et Elza van den Heever. Le bariténor américain est absolument somptueux, d’une parfaite clarté d’élocution, avec ce timbre résonnant au toucher de velours qui transmet une tendresse ombreuse, la marque de ce grand interprète du répertoire français. Il serait un Enée idéal à l’occasion d’une reprise du monument homérique de Berlioz, ‘Les Troyens’.

Ayant le physique d’un grand personnage classique, la soprano sud-africaine caractérise la Vestale par un chant d’une très longue portée de souffle, usant d’un art de la modulation qui lui permette de varier les nuances et les effets d’intensité tout en maintenant une ligne vibrante continuement musicale.

Expressions désespérées de grande ampleur, très touchante par la profondeur de son imploration envers Vesta ‘Mon trouble, mes combats, mes remords, ma douleur’, elle offre un mélange de sensibilité et de solidité fort saisissant.

Ching-Lien Wu, Élodie Hache et Michael Spyres

Ching-Lien Wu, Élodie Hache et Michael Spyres

Souffrante cependant lors des deux premières représentations, c’est Elodie Hache qui la remplace ces deux premiers soirs, un impressionnant défi que la soprano française relève en réussissant à imposer une présence qui se manifestera par une forte intensité au célèbre second acte.

Elle bénéficie d’une diction parfaite rendant tout intelligible, et dramatise aussi les effets théâtraux afin d’appuyer les sentiments d’urgence avec véhémence. De par sa plus petite taille, elle peut décrire une personnalité plus immédiate et naturelle, avec une projection bien canalisée qui soutient la largeur de la salle.

Elza van den Heever, Bertrand de Billy, Ching-Lien Wu, Michael Spyres et Eve-Maud Hubeaux

Elza van den Heever, Bertrand de Billy, Ching-Lien Wu, Michael Spyres et Eve-Maud Hubeaux

En Cinna, Julien Behr chante avec un engagement infaillible, ses expressions de voix restant assez monochromes et portées par un flux inaltérable dont l’impact est renforcé, en ouverture, par la présence du mur des suppliciés.

Et dans le rôle de la Grande Vestale dont la méchanceté est nettement appuyée, Eve-Maud Hubeaux fait entendre des accents fauves et une impétuosité décomplexée qui rend sa personnalité très entière, son jeu ayant toujours une expressivité efficace. Mais elle devient aussi très émouvante quand la situation se retourne contre elle, en bouleversant totalement sa position de tortionnaire à celle de victime.

Enfin, Jean Teitgen assure toujours une noblesse de ligne qui, même dans les instants de colère, diffuse un fond humain qui se ressent immédiatement. Souffrant lors de la représentation du 23 juin, c’est le chant de Nicolas Courjal qui vient l’appuyer pour brosser un Souverain Pontife tout aussi saisissant et d’une excellente diction, mais d’une noirceur plus farouche.

Par ailleurs, chaque intervention de Florent Mbia s'impose par sa droiture accomplie.

Lydia Steier entourée de son équipe créative

Lydia Steier entourée de son équipe créative

Chœur très bien intégré à la mise en scène, toutes les nuances de ses personnalités se distinguent dans les scènes de stupeurs et de jugements qui caractérisent les deux derniers actes.

Lorsque l’on connaît bien les œuvres qui émergeront à Paris tout au long du XIXe siècle, ‘Guillaume Tell’, ‘Faust’, ‘Don Carlos’, ‘Les Troyens’, on peut, au premier abord, trouver ‘La Vestale’ moins consistante, mais en se mettant dans l’esprit de la période de création, et avec une distribution d’un tel niveau, il devient possible de se laisser immerger par une musique qui imprègne le caractère principal avec passion.

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Publié le 15 Juin 2024

Dream Requiem (Rufus Wainwright – Lord Byron – Paris, le 14 juin 2024)
Concert du 14 juin 2024
Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique

Dream Requiem (2024) – Création mondiale
Pour narrateur, soprano solo, chœur d’enfants, chœur et orchestre, sur le poème « Darkness » de Lord Byron et la messe de Requiem.
1. Darkness I, 2. Requiem aeternam, 3. Lux perpetua, 4. Kyrie, eleison!, 5. Sequentia I: Dies irae, 6. Darkness II, 7. Sequentia II: Mors stupebit, 8. Sequentia III: Rex tremendae, 9. Sequentia IV: Ingemisco,  10. Sequentia V: Confutatis, 11. Darkness III, 12. Offertorium, 13. Sanctus, 14. Agnus Dei, 15. Lux Aeterna, 16. Darkness IV, 17. In paradisum

Direction musicale Mikko Franck
Orchestre Philharmonique de Radio France
Chœur et Maîtrise de Radio France
Violon Solo Nathan Mierdl
Récitante Meryl Streep
Soprano Anna Prohaska

Commande de Radio France, Royal Ballet London, Los Angeles Master Chorale, Palau de la Música Catalana Barcelona, RTÉ Concert Orchestra, Helsinki Philharmonic Orchestra, Nederlands Philharmonisch Orkest

Depuis son passage à Paris en octobre 2003 lors d'une soirée unique passée sur le Batofar, une péniche branchée flottante au pied de la Grande Bibliothèque de Paris, pour y interpréter au piano des mélodies de ses trois premiers albums, ‘Rufus Wainwright’ (1998), ‘Poses’ (2001) et ‘Want One’ (2003), la carrière de Rufus Wainwright a atteint un rayonnement inimaginable au cours des 20 ans qui suivirent.

Mikko Franck, Meryl Streep et Rufus Wainwright

Mikko Franck, Meryl Streep et Rufus Wainwright

Fortement imprégné de l’univers de l’opéra, le chanteur canadien a créé son premier ouvrage lyrique ‘Prima Donna’, en langue française, au Palace Theatre de Manchester, le 10 juillet 2009, puis un second opéra, ‘Hadrian’, à la Canadian Opera Company le 13 octobre 2018, sous la direction d’Alexander Neef.

‘Dream Requiem’ est donc sa troisième composition lyrique qui reprend la structure d’une messe liturgique en y insérant des extraits du poème de Lord Byron ‘Darkness’, écrit en 1816 suite à l’éruption du Mont Tambora (Indonésie), dont la violence entraîna un hiver volcanique pendant 3 ans, au point de provoquer des baisses de température de 3°C en moyenne en Europe.

Philharmonique et Chœur de Radio France à l'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique

Philharmonique et Chœur de Radio France à l'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique

Le lancinant et sombre déroulé introductif des cordes donne l’impression de survoler un paysage lunaire évoquant le désastre humain après un cataclysme, et la voix narrative de Meryl Streep, simplement posée sur le souffle avec une diction très précise et accrocheuse, s’allie à l’ensemble et à la ligne mortuaire d’une clarinette avec beaucoup de naturel.

La voix d’Anna Prohaska appelle à la lumière, et l’élan extatique de l’orchestre explose et porte le chœur, surélevé en arrière scène sous la sculpture monumentale de l’orgue, avec une vigueur qui semble virer à la transe. La musique devient très rythmée et dansante, comme une mécanique en marche.

Anna Prohaska

Anna Prohaska

On reconnaît par la suite des motifs de cordes oscillants emblématiques de la musique de Philip Glass, ainsi que le chant allant sautillant de l’écriture vocale de John Adams, jusqu’à ce magnifique moment d’évasion joué à l’alto par Marc Desmons en plein milieu de l’ouvrage avec le soutien des cordes, qui nous emmène dans l’univers onirique de ‘La Femme sans ombre’ de Richard StraussMikko Franck est d'une implication impeccable.

Le retour sur terre est vif avec une reprise grandiose du chœur, des passages a cappella, le chant de l'ensemble coulant sur un seul souffle sans discontinuité cette fois, l’atmosphère sombre et dévastée du début est à nouveau rappelée, et le chœur d’enfants conclut la pièce par une évocation de l’espoir, de l’apaisement, et un retour à une certaine pureté.

Meryl Streep

Meryl Streep

Salle comble devant un public très jeune que l’on ne voit pas habituellement à l’occasion des concerts classiques, car Rufus Wainwright, plus connu pour ses ballades, soit intimes et uniquement accompagnées au piano, soit enveloppées d’une orchestration sophistiquée et baroque, a ainsi le pouvoir de capter ses admirateurs et de les inviter à le suivre dans ses incursions lyriques et symphoniques.

Marc Desmons (Alto)

Marc Desmons (Alto)

Standing ovation nourrie pour tous les artistes, Rufus Wainwright compris, cela va sans dire!

A revoir sur Arte Concert ici jusqu'au 13 juin 2028.

Maîtrise de Radio France

Maîtrise de Radio France

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Publié le 7 Juin 2024

Don Quichotte (Jules Massenet –
Opéra de Monte-Carlo, le 24 février 1910)
Représentations du 14, 29 mai et 05 juin 2024
Opéra Bastille

Don Quichotte Christian Van Horn (14&29/05)
                         Gábor Bretz            (05/06)
Dulcinée Gaëlle Arquez
Sancho Étienne Dupuis
Pedro Emy Gazeilles
Garcias Marine Chagnon
Rodriguez Samy Camps
Juan Nicholas Jones
Deux serviteurs Young-Woo Kim, Hyunsik Zee
Chef des bandits Nicolas Jean-Brianchon
Quatre bandits Pierre André, Bastien Darmon, Gabriel Paratian, Joan Payet

Direction musicale Patrick Fournillier
Mise en scène Damiano Michieletto (2024)

Retransmission en direct sur France TV / Culture Box le 23 mai 2024 à 19h30
Diffusion sur France Musique le samedi 29 juin 2024 à 20h dans l’émission ‘Samedi à l’opéra’ présentée par Judith Chaîne

Présenté au Palais Garnier pour la première fois dans son intégralité le 16 avril 1974 – il y eut auparavant une production à l’Opéra Comique en 1945 sous l’égide de la R.T.L.N –, ‘Don Quichotte’ de Jules Massenet a connu plusieurs mises en scène successives à l’Opéra national de Paris de la part de Peter Ustinov (1974), Piero Faggioni (1986) puis Gilbert Deflo (2000 et 2002).

Le livret n’est pas une adaptation directe du roman de Cervantès, mais celle du drame héroïque de Jacques Le Lorrain ‘Le Chevalier de la longue figure’, qui fut créé au Théâtre Victor Hugo (l’actuel Trianon situé sur le boulevard Marguerite-de-Rochechouart à Paris) le 30 avril 1904.

Gaëlle Arquez (Dulcinée) et Christian Van Horn (Don Quichotte)

Gaëlle Arquez (Dulcinée) et Christian Van Horn (Don Quichotte)

A l’instar de ‘Werther’ et ‘Manon’, l’ouvrage s’est imposé au répertoire de l’institution alors qu’il n’y a pas été créé – c’est la salle Garnier de l’Opéra de Monte-Carlo qui en eut le privilège, le 24 février 1910 – au point de faire partie des 60 ouvrages régulièrement repris ces dernières années, loin devant les opéras du compositeur stéphanois écrits spécifiquement pour l’Opéra, ‘Le Roi de Lahore’, ‘Le Cid’, ‘Le Mage’, ‘Thaïs’ ou ‘Ariane’.

Et pour cette nouvelle production, l’Opéra de Paris fait appel à l’un des directeurs scéniques les plus prolixes du moment, Damiano Michieletto.

Samy Camps (Rodriguez), Christian Van Horn (Don Quichotte), Nicholas Jones (Juan) et Marine Chagnon (Garcias)

Samy Camps (Rodriguez), Christian Van Horn (Don Quichotte), Nicholas Jones (Juan) et Marine Chagnon (Garcias)

Les incursions du metteur en scène vénitien dans les ouvrages en langue française sont d’ailleurs de plus en plus fréquentes depuis ‘Roméo et Juliette’ (Venise, 2009) jusqu’à ‘Carmen’ (Londres, 2024), en passant par 'Guillaume Tell’ (Londres, 2015), ‘Samson et Dalila’ (Opéra de Paris, 2016), ‘Cendrillon’ (Berlin, 2018) ou bien ‘Les Contes d’Hoffmann’ (Sydney, 2023).

Pour ce ‘Don Quichotte’, il reste sans surprise à distance de tout contexte historique ou folklorique, ce qui se révèle d’emblée frustrant dans l’ouverture Flamenco menée sans danse, avant de laisser place à la peinture d'un portrait intérieur d’une très grande sensibilité.

Il a conçu un décor modulable qui, en situation de repli, représente un salon d’intérieur simple et décoré d’un vert mélancolique, avec en arrière plan une petite cuisine, le plafond étant relativement bas afin de donner une impression panoramique et d’enfermement.

Christian Van Horn (Don Quichotte)

Christian Van Horn (Don Quichotte)

Don Quichotte est un poète en mal d’inspiration, les chants de la foule résonnent dans sa tête, et les quatre amoureux surgissent des meubles pour moquer son amour passé pour Dulcinée, une sorte de maîtresse d’école dont le souvenir est projeté en vidéo sur le mur longitudinal.

Et lorsque ses pensées s’ouvrent sur ce passé et ses scènes imaginaires, les murs s’élargissent pour révéler un vaste espace en forme de chambre photographique qui s’étire et se rétrécit de manière circulaire comme pour donner une impression de puits sans fond. On assiste ainsi à une alternance entre le monde mental et la condition d’un homme seul, simplement accompagné par son serviteur.

Un amateur d’opéra pourrait faire une analogie avec la condition que connut Maria Callas en fin de carrière, vivant seule à Paris avec ses domestiques et revivant intérieurement son passé.

Don Quichotte (Van Horn Bretz Arquez Dupuis Fournillier Michieletto) Opéra de Paris

Les variations de lumières passant du blanc-vert franc aux teintes plus sombres et chaleureuses permettent d’amener doucement les transitions entre les différents niveaux d’états d’âme et de faire ressentir intuitivement au spectateur les changements d’état psychique.

Le lever d’aurore où apparaît dans les airs Dulcinée parmi des chevaux de manège est l'un des magnifiques moments de cette production, poésie qui se retrouve également dans la scène de fête chez la jeune femme où la musique invisible devient celle qu’écoute seul Don Quichotte, enivré par la magie d’une mélodie issue d’un casque.

Le metteur en scène a ensuite recours à des personnages vêtus de noirs pour imager les symptômes dépressifs qui envahissent la tête de celui qui se vit comme un chevalier. La lutte avec les géants devient ainsi une manifestation maladive de son cerveau perturbé, la vidéo venant y superposer des images de nuées de mouches noires pour accentuer ce mal-être intérieur. 

Gábor Bretz (Don Quichotte)

Gábor Bretz (Don Quichotte)

La scène clé se situe cependant très clairement au moment où le héros réussit à récupérer le collier pour sa belle, toujours dans une imagerie mentale, où sa foi chrétienne est simplement soulignée par une lumière jetée sur lui quand il tend la main vers le ciel, sur une musique d’orgue et sous la pression des bandits. Aucune main ne descend pour soulager sa douleur, et un des voleurs lui rend le bijou, illusion d’un sens déique. 

On peut alors se demander si la foi de Don Quichotte n’est pas une émanation visant à contrer son obscurité et ses tortures intérieures, et à lui rendre la vie plus supportable, tout simplement.

Et toutes ces questions sur la maladie mentale, les doutes de la foi, et la créativité que soulève la mise en scène de Damiano Michieletto en font véritablement un spectacle très attachant, d’autant plus que le burlesque de situation n’est pas oublié avec le personnage de Sancho Panza qu’il travestit amusement au second acte.

Reste que ce délire ‘sublime’ s’achève par un dur retour à la réalité et à la solitude humaine.

Patrick Fournillier

Patrick Fournillier

Ce spectacle ne doit pas seulement sa force à la puissance de la mise en scène, mais aussi à la manière dont Patrick Fournillier fait vivre la musique de Jules Massenet avec une passion généreuse et une somptuosité grisante. Hormis la direction d’un ‘Casse-Noisette’ au Palais Garnier en 1988, le chef d’orchestre français n’était plus revenu à l’Opéra de Paris, ce qui ne l’a pas empêché de développer une carrière internationale qui l’a amené de l’Opéra de Saint-Étienne à la direction musicale du Teatr Wielki de Varsovie.

Plusieurs enregistrements d’opéras rares de Jules Massenet détiennent sa signature, ‘Griselidis’, ‘La Vierge’, ‘Amadis’, ‘Esclarmonde’, ‘Cléopâtre’, et cet amour pour le compositeur s’entend par la manière dont le chef enlace l’orchestre de l’Opéra de Paris pour en tirer des sonorités gorgées de chaleur, un éclat opulent, des volumes sensuels et charnels, et une plasticité volubile inouïe qui a une grande capacité à envelopper l’auditeur dans une sensation de bien-être difficile à se défaire.

Et en même temps, tout est mené avec un art poétique ardent qui se retrouve même dans les beaux passages intimes qui singularisent l’art de chaque musicien, que ce soit à l’alto où à la harpe.

On sent qu’il s’agit probablement d’un grand moment de reconnaissance pour Patrick Fournillier qui suscite l’envie de le retrouver prochainement dans ce répertoire.

Gábor Bretz (Don Quichotte)

Gábor Bretz (Don Quichotte)

Les solistes disposant ainsi d’un cadre avantageux pour faire vivre cet ouvrage avec soin et vitalité, on retrouve en alternance dans le rôle de Don Quichotte deux interprètes, Christian Van Horn et Gábor Bretz.

Le premier, taillé aux dimensions d’un Méphisto, possède une très grande résonance et une noirceur caverneuse qui ancrent solidement la présence du héros, et le chanteur américain, bon acteur par nature, rend émouvante sa déchéance mentale.

Son élocution manque cependant de définition, tant la largeur vocale est prédominante, et c’est donc Gábor Bretz, l’actuel Wotan du ‘Ring’ de La Monnaie, qui offre un timbre fumé et plus raffiné et une excellente élocution, mais sans la profondeur de basse qui caractérise si bien son confrère.

Sa projection dans la salle Bastille est très bonne, et son portrait retrouve une jeunesse qui est très bien mise en valeur au moment des retrouvailles douloureuses avec Dulcinée.

Gaëlle Arquez (Dulcinée)

Gaëlle Arquez (Dulcinée)

Dans ce personnage de maîtresse d’école un peu étrange pour l’ouvrage, Gaëlle Arquez est très à l’aise avec un timbre vibrant qui rend son chant vivant, ses couleurs vocales qui tirent vers le crème brillant, mais une certaine sévérité en émane aussi, car elle n’est pas dans un rapport de séduction avec son entourage. Le regard de Don Quichotte, tourné vers un portrait d’elle, influence aussi le regard porté sur cette Dulcinée ordinaire.

Quant à Étienne Dupuis, son élocution franche et la noblesse verdienne de son chant rehaussent le caractère de Sancho Panza en le distanciant d’une caricature bourrue, et le rajeunissent également, surtout lorsqu’il donne de grands coups d’éclat qui montrent la portée que peut avoir ce grand chanteur.

Étienne Dupuis (Sancho Panza)

Étienne Dupuis (Sancho Panza)

Les rôles secondaires sont très bien incarnés, Samy Camps particulièrement très charmeur, et parmi les figurants qui font vivre les bandits avec des allures de mauvais garçons contemporains, Nicolas Jean-Brianchon ne manque pas de se distinguer par son élocution très narquoise.

Chœur très bien dirigé et très impliqué scéniquement pour décrire ce monde conformiste et moderne qui se moque à outrance de Don Quichotte, l’ensemble contribue lui aussi à rendre ce spectacle tragique en accentuant la pression que subit une âme tourmentée poussée à la désocialisation.

Christian Van Horn, Gaëlle Arquez et Étienne Dupuis

Christian Van Horn, Gaëlle Arquez et Étienne Dupuis

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Publié le 31 Mai 2024

TV-Web Juin 2024 Lyrique et Musique

Chaînes publiques

Dimanche 02 juin 2024 sur France 3 à 00h40
Jean Rondeau, Variations Goldberg

Dimanche 02 juin 2024 sur Arte à 01h45
Innocence (Kaija Saariaho) - Festival d'Aix-en-Provence 2021 - dm Mälkki - ms Stone

Dimanche 02 juin 2024 sur France 5 à 14h35
Mythologies (Preljocaj)

Dimanche 02 juin 2024 sur Arte à 18h40
Monteverdi et le Caravage à la galerie Borghèse de Rome

Dimanche 02 juin 2024 sur Arte à 23h50
Le théâtre Bolchoï, l'art et la guerre

Lundi 03 juin 2024 sur Arte à 01h15
La belle au bois dormant (Tchaikovski) - Opéra de Lyon - chr Marcos Morau

Lundi 03 juin 2024 sur Arte à 02h50
Barenboim dirige la Symphonie n° 8 de Beethoven - Staatsoper Unter den Linden, Berlin

Lundi 03 juin 2024 sur Arte à 03h20
Barenboim dirige la Symphonie n° 4 de Beethoven - Staatsoper Unter den Linden, Berlin

Mardi 04 juin 2024 sur France 4 à 21h10
Requiem de Mozart - Palau de la Musica Catalana

Mardi 04 juin 2024 sur France 4 à 22h30
Les clefs de l'orchestre de Jean-Francois Zygel - Les grandes ouvertures d'opéra de Mozart

Dimanche 09 juin 2024 sur France 3 à 00h15
Thibaut Garcia aux Grandes Écuries de Chantilly

Dimanche 09 juin 2024 sur France 5 à 14h35
Un été en France : Gautier Capuçon

Dimanche 09 juin 2024 sur Arte à 18h25
Grace Bumbry est Carmen - Les grands moments de la musique

Mardi 11 juin 2024 sur Arte à 03h05
Grand concert Camille Saint-Saëns - Avec Cristian Macelaru

Vendredi 14 juin 2024 sur France 5 à 21h10
Fauteuils d'orchestre (
Anne Sinclair) - Pretty Yende, Maxim Vengerov, Sol Gabetta, Marine Chagnon

Vendredi 14 juin 2024 sur France 5 à 22h55
Bach pour tous

Dimanche 16 juin 2024 sur France 5 à 14h35
Carmen (Bizet) - Chorégies d'Orange - ms Grinda

Dimanche 16 juin 2024 sur Arte à 18h55
Arthur Rubinstein, le concert d'adieu - Les grands moments de la musique

Lundi 17 juin 2024 sur Arte à 00h05
Vivre avec Bach - Un voyage musical autour du monde

Lundi 17 juin 2024 sur Arte à 01h05
Sur mesure - Bach Evolution

Mardi 18 juin 2024 sur France 4 à 21h10
Mythologies (Preljocaj)

Mardi 18 juin 2024 sur France 4 à 22h40
Les enfants terribles (Glass) - Opéra de Rennes

Mercredi 19 juin 2024 sur France 3 à 21h10
Musiques en fête, en direct des Chorégies d'Orange

Samedi 22 juin 2024 sur France 2 à 21h10
La Fête de la Musique 2024 - en direct de Reims

Dimanche 23 juin 2024 sur France 3 à 00h30
Un été en France : Gautier Capuçon

Dimanche 23 juin 2024 sur France 2 à 00h45
La Fête de la Musique 2021

Dimanche 23 juin 2024 sur France 5 à 15h05
Hyuk Lee (pianiste) au Palais-Royal

Dimanche 23 juin 2024 sur Arte à 18h55
Martha Argerich à Varsovie, 1965 - Les grands moments de la musique

Lundi 24 juin 2024 sur Arte à 00h35
"Finlandia", l'hymne à la liberté de Jean Sibelius

Lundi 24 juin 2024 sur Arte à 01h30
Idoménée, roi de Crète (Mozart) - Festival d'Aix-en-Provence 2022

Mardi 25 juin 2024 sur Arte à 03h30
Olivier Messiaen - "Quatuor pour la fin du temps"

Mardi 25 juin 2024 sur France 4 à 21h10
Car / Men (Bizet) - Théâtre libre - ms Philippe Lafeuille - Compagnie Chicos Mambos

Mardi 25 juin 2024 sur France 4 à 22h15
Carmen (Bizet) - Chorégies d'Orange

Dimanche 30 juin 2024 sur France 3 à 00h25
Carmen (Bizet) - Chorégies d'Orange

Dimanche 30 juin 2024 sur Arte à 18h55
Le Collegium 1704 interprète "Water Music" de Haendel

Dimanche 30 juin 2024 sur Arte à 23h40
John Neumeier - Une vie pour la danse

Lundi 01 juillet 2024 sur Arte à 00h35
La ménagerie de verre (John Neumeier) d'après Tennessee Williams

TV-Web Juin 2024 Lyrique et Musique

Mezzo et Mezzo HD

Samedi 01 juin 2024 sur Mezzo à 20h30
'Manon Lescaut' de Puccini au Gran Teatre del Liceu

Dimanche 02 juin 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Karlsson: Melancholia - Royal Swedish Opera

Mardi 04 juin 2024 sur Mezzo à 23h50
Mozart : Don Giovanni - Staatsoper Berlin

Mercredi 05 juin 2024 sur Mezzo à 20h30
Ponchielli : La Gioconda - Gran Teatre del Liceu

Vendredi 07 juin 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Strauss : Elektra - Baden-Baden

Samedi 08 juin 2024 sur Mezzo à 22h00
La Petite Renarde rusée de Leoš Janácek à l'Opéra de Paris

Dimanche 09 juin 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Verdi: La Traviata - Aida Garifullina - Opéra de Monte-Carlo

Mardi 11 juin 2024 sur Mezzo à 23h05
Gounod: Faust - La Fenice

Mercredi 12 juin 2024 sur Mezzo à 20h30
'Polifemo' de Porpora au Festival d'Opéra Baroque de Bayreuth

Vendredi 14 juin 2024 sur Mezzo HD à 22h00
Manon Lescaut de Puccini à l'Opéra de Monte-Carlo

Vendredi 14 juin 2024 sur Mezzo à 23h40
'Roméo et Juliette' de Gounod à l'Opernhaus de Zurich

Samedi 15 juin 2024 sur Mezzo à 20h30
Rameau : Hippolyte et Aricie - Simon Rattle

Dimanche 16 juin 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Wagner : Das Rheingold - Opernhaus Zurich

Mercredi 19 juin 2024 sur Mezzo à 20h30
'Jenufa' de Janacek au Staatsoper Berlin

Vendredi 21 juin 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Wagner : Die Walküre - Opernhaus Zurich

Vendredi 21 juin 2024 sur Mezzo à 23h40
'Manon Lescaut' de Puccini au Gran Teatre del Liceu

Samedi 22 juin 2024 sur Mezzo à 20h30
Jonas Kaufmann chante 'Werther' de Massenet à l'Opéra de Paris

Dimanche 23 juin 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Wagner : Siegfried - Opernhaus Zurich

Mardi 25 juin 2024 sur Mezzo à 23h30
Ponchielli : La Gioconda - Gran Teatre del Liceu

Mercredi 26 juin 2024 sur Mezzo à 20h30
Richard Coeur de Lion de Grétry à l'Opéra Royal de Versailles

Mercredi 26 juin 2024 sur Mezzo à 21h55
Grétry: La Caravane du Caire - Opéra Royal, Versailles

Vendredi 28 juin 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Wagner : Götterdämmerung - Opernhaus Zurich

Vendredi 28 juin 2024 sur Mezzo à 23h30
La Petite Renarde rusée de Leoš Janácek à l'Opéra de Paris

Samedi 29 juin 2024 sur Mezzo à 22h10
Gluck : Iphigénie en Aulide

Dimanche 30 juin 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Puccini : Turandot - Vérone

TV-Web Juin 2024 Lyrique et Musique

Web : Opéras en accès libre (cliquez sur les titres pour les liens directs avec les vidéos)

Sur Operavision, Culturebox, Arte Concert etc...

                            Illimité

Placido Domingo, l'homme aux mille vies

La Traviata (Chorégies d'Orange 2016) avec Domingo, Jaho, Meli

Le Barbier de Séville (Chorégies d'Orange 2018) avec Peretyatko, Sempey, Hotea

Roberto Alagna - Ma vie est un opéra

Le Royaume des Deux-Siciles (Roberto Alagna)

Patrick Dupond, un danseur chez les étoiles

Michaël Denard, le « prince » de l'Opéra de Paris

Le Lac des Cygnes, l'Ambitieux projet de Tchaïkovski

Maria Callas - Il était une voix

Body and Soul (Opéra national de Paris)

Dans les coulisses de Casse-Noisette

Dans les coulisses de Roméo et Juliette

Dans les coulisses de La Fille mal gardée

Dans les coulisses de Don Quichotte

Accès Live avec Rim'K à l'Opéra Bastille pour « Le Lac des Cygnes »

Accès live à l'Opéra Garnier dans les coulisses de « La Cenerentola »

Le Requiem de Verdi (Chorégies d'Orange)

Maria Callas - Il était une voix

A la mémoire de Jodie Devos

                          Juin 2024

Dans les coulisses de Roméo et Juliette (Opéra national de Paris) jusqu'au 02 juin 2024

Maria de Buenos Aires (Grand Théâtre de Genève) jusqu'au 03 juin 2024

Masque of Might (Opera North) jusqu'au 03 juin 2024

Don Carlo (Scala de Milan 2023) jusqu'au 05 juin 2024

Vissi d'Arte : Gala Maria Callas jusqu'au 06 juin 2024

Haendel : Flavio, re de' Longobardi (Bayreuth Baroque 2023) jusqu'au 07 juin 2024

A.Netrebko et Y.Eyvazov chantent Tchaïkovski (Festival de Salzbourg 2020) jusqu'au 07 juin 2024

Lili Elbe (Theater St Gallen) jusqu'au 08 juin 2024

Ballerina Boys jusqu'au 08 juin 2024

Il Turco in Italia (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 09 juin 2024

Suor Angelica - L'Enfant et les sortilèges (New National Theatre Tokyo) jusqu'au 15 juin 2024

Casse-Noisette (Opéra national de Paris) jusqu'au 19 juin 2024

Giselle (Opéra national de Bordeaux) jusqu'au 19 juin 2024

Fauteuils d'Orchestre - Maria Callas (Palais Garnier) jusqu'au 19 juin 2024

Requiem de Verdi (Teatro Regio Parma) jusqu'au 23 juin 2024

La Vie parisienne (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 26 juin 2024

Il Giustino (Drottningholm Court Theater) jusqu'au 26 juin 2024

Soirée Maurice Béjart (Opéra de Paris) jusqu'au 26 juin 2024

Don Carlo (Scala de Milan 2023) jusqu'au 28 juin 2024

Concert du nouvel an du Philharmonique de Vienne (1ère partie) jusqu'au 29 juin 2024

Concert du nouvel an du Philharmonique de Vienne (2d partie) jusqu'au 29 juin 2024

Les Indes Galantes - version resserrée (Opéra national de Paris) jusqu'au 30 juin 2024

Melancholia (Opéra Royal de Stockholm) jusqu'au 30 juin 2024

                           Juillet 2024

Innocence (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 01 juillet 2024

La Fiancée vendue (Théâtre national de Prague) jusqu'au 01 juillet 2024

Innocence (Festival d'Aix-en-Provence 2021) jusqu'au 01 juillet 2024

Grace Bumbry est Carmen jusqu'au 08 juillet 2024

La Chauve-Souris (Croatian national Theatre in Zagreb) jusqu'au 09 juillet 2024

L'incoronazione di Poppea  (Gran Theatre del Liceu de Barcelone) jusqu'au 11 juillet 2024

Andrea Chénier (Teatro Comunale di Bologna) jusqu'au 12 juillet 2024

Wozzeck (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 12 juillet 2024

Richard Siegal : Ballet of (Dis)Obedience jusqu'au 12 juillet 2024

L'opéra de quat'sous (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 12 juillet 2024

Picture a day like this (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 13 juillet 2024

Gala d'opéra - Classic Open Air Hannover jusqu'au 14 juillet 2024

Concours Reine Elisabeth 2014 - Chant - La finale avec Jodie Devos jusqu'au 18 juillet 2024

Valuska (Hungarian State Opera) jusqu'au 19 juillet 2024

Klaus Mäkelä, vers la flamme jusqu'au 20 juillet 2024

                          Août 2024

Nereydas (Festival de Grenade 2023) jusqu'au 02 août 2024

E.Garanca et J.D. Florez (Festival de Salzbourg 2020) jusqu'au 02 août 2024

Artifacts Assembly (Palau des Les Arts Reina Sofia) jusqu'au 02 août 2024

Orchestre des Champs-Elysées (Festival de Grenade 2023) jusqu'au 02 août 2024

Le cinéma de Maurice Jarre jusqu'au 06 août 2024

Theodora (MusikTheater an der Wien) jusqu'au 12 août 2024

Carmen (Opernhaus Zürich) jusqu'au 15 août 2024

Mantoue en musiques - Lea Desandre jusqu'au 17 août 2024

Le Diable chantant (Theater Bonn) jusqu'au 17 août 2024

Opera in Love - Yoncheva / Grigolo (Arènes de Vérone) jusqu'au 18 août 2024

Hyuk Lee (Palais Royal) jusqu'au 27 août 2024

                           Septembre 2024

Nadine Sierra et Pretty Yende (Philharmonie) jusqu'au 04 septembre 2024

The Gondoliers (Scottish Opera) jusqu'au 04 septembre 2024

Christiane Eda-Pierre, en scène jusqu'au 05 septembre 2024

Lise Davidsen (Den Norske Opera & Ballett) jusqu'au 08 septembre 2024

Dalibor (Théâtre national de Prague) jusqu'au 10 septembre 2024

Valer Sabadus (Bayreuth Baroque 2023) jusqu'au 14 septembre 2024

Cambio madre (Muziehtheater Transparant, Flanders Festival Ghent) jusqu'au 15 septembre 2024

La Fille mal gardée (Opéra de paris) jusqu'au 21 septembre 2024

Eugène Onéguine (Deutsche Oper Am Rhein) jusqu'au 23 septembre 2024

Bruno de Sa (Festival d'Ambronay 2023) jusqu'au 24 septembre 2024

Il était une fois Casse-Noisette (Karl Paquette - Châtelet) jusqu'au 25 septembre 2024

Serse (Opéra de Rouen) jusqu'au 26 septembre 2024

Télémaque et Calypso (Festival d'Ambronay 2023) jusqu'au 29 septembre 2024

Rivoluzione (La Monnaie) jusqu'au 29 septembre 2024

Nostalgia (La Monnaie) jusqu'au 30 septembre 2024

                          Octobre 2024

Intimate Portraits (Polish National Opera and Ballet) jusqu'au 01 octobre 2024

Pietari Inkinen dirige Caplet, Ravel et Rimski-Korsakov - Avec Fatma Saïd jusqu'au 4 octobre 2024

Orlando Furioso (Teatro Comunale di Ferrara) jusqu'au 05 octobre 2024

Requiem de Mozart (Festival d'Ambronay) jusqu'au 06 octobre 2024

Viva Napoli! (Festival d'Ambronay) jusqu'au 07 octobre 2024

Les Chemins de Bach / Un Voyage à Lübeck (Chapelle royale de Versailles) jusqu'au 10 octobre 2024

Idomeneo (Grand Théâtre de Genève) jusqu'au 14 octobre 2024

Britten - War Requiem (Château de Prague) jusqu'au 16 octobre 2024

Salomé (Irish National Opera) jusqu'au 19 octobre 2024

Mirga Gražinytė-Tyla dirige Bruckner, Boulanger et Gražinis jusqu'au 25 octobre 2024

Ariane à Naxos (Garsington Opera) jusqu'au 26 octobre 2024

Les Chevaux de feu (Lviv National Opera) jusqu'au 29 octobre 2024

                          Novembre 2024

Don Giovanni (Opéra de Lille) jusqu'au 06 novembre 2024

On Danse Chez Vous : Mehdi Kerkouche (Chaillot) jusqu'au 08 novembre 2024

La Sonnambula (Teatro dell'opera di Roma) jusqu'au 10 novembre 2024

Marco Tutino : La ciociara (Wexford Festival Opera 2023) jusqu'au 18 novembre 2024

Les Maîtres chanteurs de Nuremberg (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 18 novembre 2024

Don Quichotte - Massenet (Opéra national de Paris) jusqu'au 23 novembre 2024

Guercoeur (Opéra national du Rhin) jusqu'au 25 novembre 2024

Alfred, Alfred / La serva padrona (Teatri di Reggio Emilia) jusqu'au 26 novembre 2024

                          Décembre 2024

Tosca (Teatro Regio di Parma) jusqu'au 1 décembre 2024

Manon Lescaut (Poznan Opera) jusqu'au 8 décembre 2024

Grand concert symphonique Saint-Saëns (Auditorium de Radio France) jusqu'au 14 décembre 2024

Ballet National de España (Festival de Grenade 2023) jusqu'au 18 décembre 2024

Concert de Noël (Philharmonique de Radio France) jusqu'au 21 décembre 2024

Albert Herring (Opera North) jusqu'au 21 décembre 2024

Hommage à Patrick Dupond jusqu'au 26 décembre 2024

 

                           Février 2025

Colorature, Mrs Jenkins et son pianiste - Opéra Grand Avignon jusqu'au 09 février 2025

Charpentier à l'honneur - Festival de musique sacrée à Madrid jusqu'au 14 février 2025

Voix des Outre-mer (Amphithéâtre de l'Opéra Bastille) jusqu'au 20 février 2025

                           Mars 2025

Fidelio courte animation jusqu'au 01 mars 2025

Maria Callas au cinéma jusqu'au 03 mars 2025

Fauteuils d'orchestre (Anne Sinclair) jusqu'au 21 mars 2025

Vivaldi et Mozart au musée du Louvre jusqu'au 24 mars 2025

 

                            Mai 2025

Médée (Opéra national de Paris) jusqu'au 30 mai 2025

                           Juin 2025

Adriana Lecouvreur (Opéra national de Lettonie, Riga) jusqu'au 15 juin 2025

Jour de fête chez Offenbach (Radio France) jusqu'au 22 juin 2025

 

                         Septembre 2025

Angelin Preljocaj : La visite (Picasso Danse) jusqu'au 19 septembre 2025

 

                         Novembre 2025

Le Ring sans paroles (Philharmonique de Strasbourg) jusqu'au 05 septembre 2025

 

                           Février 2026

Voix des Outre-Mer 2023 (Amphithéâtre Bastille) jusqu'au 22 février 2026

                           Mars 2026

Concert en soutien au peuple ukrainien (Maison de Radio France) jusqu'au 04 mars 2026

                           Mai 2026

Barry Lyndon Tribute jusqu'au 13 mai 2026

Michel Legrand, la musique enchantée (Dessay, Bertault) jusqu'au 13 mai 2026

                           Juillet 2026

Kiev, un opéra en guerre (1/4) - Danser pour résister jusqu'au 11 juillet 2026

 

                           Septembre2026

Kiev, un opéra en guerre (2/4) - Exister ou disparaître jusqu'au 12 septembre 2026

 

                         Novembre 2026

Les trois ballets de Stravinsky (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 25 novembre 2026

                         Décembre 2026

Concert du nouvel an de l'Orchestre national de France (Radio France) jusqu'au 30 décembre 2026

 

 

                         Juin 2028

Dream Requiem - Rufus Wainwright (Radio France) jusqu'au 13 juin 2028

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique