Publié le 13 Septembre 2017

Cosi fan tutte (Wolfgang Amadé Mozart)
Répétition générale du 09 septembre 2017
Palais Garnier

Fiordiligi Ida Falk-Winland / Cynthia Loemij*
Dorabella Stéphanie Lauricella / Samantha van Wissen*
Ferrando Cyrille Dubois / Julien Monty*
Guglielmo Edwin Crossley-Mercer / Michaël Pomero*
Don Alfonso Simone Del Savio / Bostjan Antoncic*
Despina Maria Celeng / Marie Goudot*

*Danseurs de la Compagnie Rosas

Direction musicale Philippe Jordan
Chorégraphie Anne Teresa De Keersmaeker (2017)
Dramaturgie Jan Vandenhouwe

                                               Ida Falk-Winland (Fiordiligi)

C’est avec l’une des deux distributions présentées en janvier et février 2017 pour la nouvelle production de Cosi fan tutte que l’Opéra de Paris ouvre sa nouvelle saison au Palais Garnier, dans une reprise d’une très grande fluidité musicale.

La première représentation est par ailleurs dédiée à Pierre Bergé auquel la vie artistique de cette maison doit tant.

Philippe Jordan

Philippe Jordan

Ce Cosi fan tutte chorégraphié par Anne Teresa De Keersmaeker, qui est bien parti pour être une originale référence, est tout à la fois éloigné de la comédie vaudevillesque que du drame social mis en scène par Michael Haneke au Teatro Real de Madrid.

Le vide et le blanc immaculé de la scène laissent en effet la place à un art du mouvement cohérent de l’harmonie mozartienne, qui se lit aussi bien à travers les impulsions des chanteurs que selon les déplacements des danseurs qui les doublent.

Ida Falk-Winland (Fiordiligi) et Cyrille Dubois (Ferrando)

Ida Falk-Winland (Fiordiligi) et Cyrille Dubois (Ferrando)

Associé à la lecture souple, impulsive et enjouée de Philippe Jordan, le meilleur Mozart entendu sous sa direction, en totale communion avec l’art de la nuance des artistes, l’auditeur est avant tout pris par l’entière musicalité du spectacle, mais aussi par les particularités physiques des danseurs qui offrent un effet miroir aux caractères qu’ils incarnent.

Samantha van Wissen et ses déhanchés humoristiques, Cynthia Loemij et ses courses feutrées, Marie Goudot et ses saccades qui évoquent une danse de la rue, sollicitent le regard du spectateur et l’influencent dans son interprétation de la musique.

Samantha van Wissen et  Stéphanie Lauricella (Dorabella)

Samantha van Wissen et Stéphanie Lauricella (Dorabella)

Les voix, elles, sont intégralement juvéniles – il est habituellement courant de voir les rôles de Despina et de Don Alfonso confiés à des vétérans du chant -, ce qui renforce le sentiment d’assister à une leçon de jeunesse, mâtinée de mélancolie, sans cruauté surjouée.

Ainsi, Ida Falk-Winland est absolument fascinante par le contraste entre le calme et la finesse de ses postures longilignes et la sincérité introvertie de son chant lumineusement touchant, Stéphanie Lauricella, mezzo-soprano claire et naturellement spontanée, voit son caractère renforcé par la présence de Samantha van Wissen, et Maria Celeng est l’une des plus musicales Despine entendues à ce jour.

Maria Celeng (Despine)

Maria Celeng (Despine)

Côté masculin, Cyrille Dubois est parfait dans ce rôle de jeune naïf lancé sur les cheminements de la maturité, Edwin Crossley-Mercer, à l'opposé, est si sombre qu’il semble porter en lui les intentions dissimulées et calculatrices d’un Don Giovanni, et Simone Del Savio se délecte d'une interprétation allègre et joliment déliée de Don Alfonso.

Les loges du Palais Garnier lors de la répétition générale de Cosi fan tutte

Les loges du Palais Garnier lors de la répétition générale de Cosi fan tutte

Il y a une apparente simplicité dans ce spectacle qui peut dérouter et faire oublier le sens des mots, mais sa cohésion lui donne une valeur un peu mystérieuse, et ce mystère en est une composante inaltérable.

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Publié le 6 Septembre 2017

Pelléas et Mélisande (Claude Debussy)
Représentation du 03 septembre 2017
Jahrhunderthalle Bochum - Ruhrtriennale

Arkel Franz-Josef Selig
Pelléas Phillip Addis
Golaud Leigh Melrose
Un médecin Caio Monteiro
Mélisande Barbara Hannigan
Geneviève Sara Mingardo
Yniold Soliste du Knabenchores der Chorakademie Dortmund

Directeur musical Sylvain Cambreling
Metteur en scène Krzysztof Warlikowski (2017)
Décor et costumes Małgorzata Szczęśniak
Orchestre du Bochumer Symphoniker
 
                                                                                           Barbara Hannigan (Mélisande)

Après Wozzeck et Die Gezeichneten joués, cette année, respectivement à Amsterdam et à Munich, Krzysztof Warlikowski met à nouveau en scène un opéra construit sur une intrigue où la rivalité entre deux hommes pour l’amour d’une même femme s’achève par la vengeance mortelle de l’amant éconduit et par la mort de celle-ci.

Barbara Hannigan (Mélisande)

Barbara Hannigan (Mélisande)

Dans le site réhabilité de la Jahrhunderthalle de Bochum, impressionnant de par ses enchevêtrements de structures métalliques complexes, l'intimisme de l’œuvre oblige à sonoriser les voix, mais cela est réalisé avec un très bon équilibre acoustique. Seule la partie grave du spectre des voix semble amplifiée par trois haut-parleurs situés en hauteur, alors que la tessiture médium/aiguë des artistes atteint, elle, directement les auditeurs.

Warlikowski ressère une trame dramatique qui oscille entre l'univers aristocratique d'une riche famille industrielle, semblable à celle des Damnés, et l'univers de la rue d'où provient Mélisande, selon son interprétation.

Barbara Hannigan (Mélisande)

Barbara Hannigan (Mélisande)

Sur la droite de la scène, un large pan mural en bois parcellé de plusieurs portes, au sol, un élégant parquet massif, à gauche, contre un pilier, un bar à néons et une terrasse qui accueillent des marginaux, et, tout à gauche, un lavoir constitué d’un ensemble de lavabos, forment les éléments de décor de cette histoire.

Enfin, en arrière-plan, un magnifique escalier orne l’écrin qui enchâsse l’orchestre du Bochumer Symphoniker.

Sylvain Cambreling et l'orchestre du Bochumer Symphoniker

Sylvain Cambreling et l'orchestre du Bochumer Symphoniker

Sylvain Cambreling, l’allure introvertie, dirige d’une main de velours un orchestre frissonnant et ondoyant, le long d’une lente langue ténébreuse aux marbrures menaçantes mais adoucies et envoutantes.

Les réminiscences wagnériennes sont perceptibles, mais elles le sont à des passages inattendus, et les déliés de bois évoquent plus les ombres de l’Anneau du Nibelung que celles de Parsifal.
C’est en tout cas une très grande émotion de le voir faire revivre les grands moments de l’ère Mortier à Paris.

Franz-Josef Selig (Arkel)

Franz-Josef Selig (Arkel)

Et les artistes sont tous, absolument tous, saisissants de présence, porteurs d’une part sombre, y compris Yniold, et Warlikowski ne raconte pas ce drame en cherchant à renforcer la poésie évanescente du livret, mais plutôt en amplifiant le suspense à la façon d’un thriller qui se nourrit d'une névrose grandissante.

Franz-Josef Selig, impérial et pathétique Arkel, incarne magnifiquement le rôle du chef de famille, l’autorité d’un parrain, une douce sensualité humaine qui, cependant, doit montrer un caractère cassant accentué, dans ce rôle-ci, par le metteur en scène.

Phillip Addis (Pelléas) et Leigh Melrose (Golaud)

Phillip Addis (Pelléas) et Leigh Melrose (Golaud)

Le Golaud de Leigh Melrose, qui débute par un monologue qui plante d’emblée la noirceur du personnage, porte une agressivité assumée qui écarte tout possibilité d’empathie.

Et Phillip Addis, Pelléas si romantique et touchant dans son interprétation du rôle à l’Opéra-Comique de Paris en 2010, est, cette fois, plus écorché et impressionnant dans ses expressions d’effroi – on repense à sa sortie du souterrain particulièrement poignante.

Phillip Addis (Pelléas)

Phillip Addis (Pelléas)

Sa trame vocale aiguë est moins nette, mais les aspérités vocales que l’on retrouve également chez Golaud jouent un rôle dans la façon de faire ressentir le drame beaucoup plus pour ses enjeux possessifs et sexuels, que pour ses démêlés sentimentaux et inconscients.

Barbara Hannigan (Mélisande)

Barbara Hannigan (Mélisande)

Barbara Hannigan, ineffable et ductile actrice, est donc l’artiste idéale pour incarner les torpeurs et le mystère de cette Mélisande qui apparaît, lors de la scène de la tour du château, comme dans un rêve, en actrice de cinéma glamour – une figure que Warlikowski aime représenter dans ses spectacles.

Barbara Hannigan (Mélisande)

Barbara Hannigan (Mélisande)

Les nombreux plans rapprochés de la caméra sur son visage révèlent la richesse de ses expressions humaines, projetées à la fois sur un téléviseur situé en marge du plateau et sur un large écran d’arrière scène, et sont d’une beauté à faire pleurer les pierres, pour reprendre les mots de Maurice Maeterlinck.

Sara Mingardo, Geneviève d’une belle stature aristocratique, Caio Monteiro, médecin bel homme, et le jeune soliste qui joue Yniold - symbole d'une enfance égarée dans un monde d’adulte qui le pervertit -, comblent ce tableau de famille replié sur lui-même.

Soliste du Knabenchores der Chorakademie Dortmund (Yniold)

Soliste du Knabenchores der Chorakademie Dortmund (Yniold)

Warlikowski utilise également une référence cinématographique, ‘The birds’ d’Alfred Hitchcock, dont il extrait la scène de l’attaque des oiseaux sur une école pour faire planer un climat d’angoisse, mais cela s’avère moins poignant et plutôt distrayant, car le rapport dramaturgique est moins immédiat.

Barbara Hannigan et Sylvain Cambreling

Barbara Hannigan et Sylvain Cambreling

Un spectacle total, un travail artistique abouti et captivant, un climat feutré qui fait ressortir petit à petit les tensions intérieures de chacun, on pourrait le croire inspiré de la mise en scène de Pierre Strosser (1985).

Mais doté d’un jeu théâtral pleinement vivant, voici un Pelléas et Mélisande qui compte dans l’histoire des représentations scéniques du chef-d’œuvre de Claude Debussy.

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Publié le 4 Septembre 2017

Kein Licht. (Philippe Manoury)
Sur le livret de la pièce "Kein Licht." d'Elfriede Jelinek
Représentation du 02 septembre 2017
Ruhrtriennale - Landshaftspark Duisburg-Nord - Gebläsehalle

avec Niels Bormann (Acteur), Christina Daletska (Alto), Lionel Peintre (Baryton), Caroline Peters (Actrice), Sarah Sun (Soprano), Olivia Vermeulen (Mezzosoprano), Cheeky (le chien)

Direction musicale Julien Leroy
Musique électronique IRCAM
Mise en scène Nicolas Stemann
Orchestre United Instruments of Lucilin et choeur Vokalquartett Croatian National Theater Zagreb

Commande de l'Opéra-Comique en coopération avec la Ruhrtriennale, le Festival Musica de Strasbourg, l'Opéra National du Rhin, le Croatian National Theater Zagreb, les Théâtres de la Ville de Luxembourg, l'Ircam - Centre Pompidou, le United Instruments of Lucilin, le Münchner Kammerspiele et 105 donneurs individuels. 
Avec le soutien du Fond de Création Lyrique, Impuls neue Musik and Fedora Prize 2016.

Christina Daletska

Christina Daletska

C'est une oeuvre étonnante qui vient d'être créée dans le confinement de la Gebläsehalle, ancienne halle industrielle agencée comme une salle de cinéma tout en longueur, et sans ouverture, qui fait partie des structures qui accueillent les pièces expérimentales de la Ruhrtriennale.

Sous une forme musicale d'une durée de deux heures, écrite en trois parties, Philippe Manoury a réalisé un travail de composition total, lié à un univers théâtral libre, méthodiquement construit et vocalement rayonnant, masqué par un semblant esprit d'improvisation, et couplé à un livret centré sur les conséquences de la catastrophe nucléaire de Fukushima et le monde des atomes.

Caroline Peters

Caroline Peters

Dès l'ouverture, la musique évoque l'angoissante tension d'une attente, fortement semblable à la scène de transition qui suggère les gestes de la décapitation de Jochanaan dans 'Salomé', sur laquelle les paroles des deux acteurs, Olivia Vermeulen et Niels Bormann, se heurtent et s'interrogent.

Un jeune chien, Cheeky, chante en gémissant sur la complainte d'une trompette et sous l'œil bienveillant de sa protectrice, ce qui attise instantanément la compassion du public qui imagine le ressenti de cet attachant animal présent sur scène.

Cheeky

Cheeky

L'orchestre est situé dans l'ombre de l'arrière scène, un bac contenant un liquide fluorescent s'élève et surplombe l'espace, quatre chanteurs, Christina Daletska (Alto), Lionel Peintre (Baryton), Sarah Sun (Soprano) et Olivia Vermeulen (Mezzosoprano) déclament de façon mystérieusement solennelle des vocalises modulées et obsédantes par leur sensation  cristalline - par ailleurs, leurs attitudes imitent les poses des vestales -, et une vidéographie noir et blanc est projetée par intermittence sur les alcôves de la halle, laissant au spectateur le soin de réinterpréter les images au regard d'un scénario catastrophe.

A certains moments, on se croirait sur un vaisseau voguant sur un océan agité.
Il est certes un peu difficile de suivre le texte qui défile en hauteur, mais nous avons la chance que Philippe Manoury lise en personne certains passages en français. 

Scène de Kein Licht. dans la salle de la Gebläsehalle

Scène de Kein Licht. dans la salle de la Gebläsehalle

L'ambiance sonore, moderne mais dénuée d'agressivité, réserve de beaux moments de douceur et de suavité, et l'humour surgit de formules lapidaires et drôles quand il s'agit de renvoyer tout un chacun à son usage des nouvelles technologies.

Et les contradictions entre danger du nucléaire et effet sur le réchauffement climatique des énergies classiques, et l'importance sous-estimée de l'électricité dans notre mode de vie, sont deux thèmes saillants du texte prétextes à toutes sortes d'effets ludiques à base de jeux d'eau et de ballons gonflables translucides, enveloppés de variations lumineuses dont l'atténuation, en dernière partie, n'est pas sans avoir une influence sur la concentration des auditeurs.

Olivia Vermeulen

Olivia Vermeulen

La construction du spectacle renvoie à tout ce que l'on imagine des origines du théâtre grec : primauté des acteurs, présence sous-jacente du chœur, mis à plat d'une problématique sociale.

Mais il règne également une ambiance de folie décalée depuis les hauteurs du monde qui rappelle les scènes des dieux dans l'Or du Rhin, ce qu'une sphère terrestre, immobilisée sur la géographie de l'Afrique, et balafrée de traces d'exploitations nucléaires, évoque au final.

Le visage de Donald Trump passe comme une étoile filante.

Orchestre United Instruments of Lucilin et choeur Vokalquartett Croatian National Theater Zagreb

Orchestre United Instruments of Lucilin et choeur Vokalquartett Croatian National Theater Zagreb

Toutefois, le rythme et la profusion de surprises ne permettent pas de conclure sur la capacité des créateurs à s'être faits comprendre où à avoir atteint leur but souhaité, mais il règne un optimisme si différent des approches dramatiques médiatiques, que chacun est renvoyé de façon bien plus efficace aux enjeux de l'ère nucléaire. 

Sur ce conglomérat de formes étranges, plane impérieusement la prégnance des appels de sirènes des solistes, prouesses indéniablement charnelles mais qui flirtent avec l'irréalité, un régal sensitif pour qui est sensible aux sonorités de voix hypnotiques.

Reste à savoir comment ce spectacle va s'adapter à des lieux bien différents, tel l'Opéra-Comique de Paris, et réussir à être aussi immersif et captivant qu'à la Gebläsehalle.
 

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Publié le 30 Août 2017

TV-Web Septembre 2017 - Lyrique et Musique

Chaînes publiques

Dimanche 03 septembre 2017 sur France 3 à 00h25
Carmina Burana (Orff) - Orchestre national Bordeaux-Aquitaine

Bauer, Cencic, Noguera

Dimanche 03 septembre 2017 sur Arte à 12h30
Luciano Pavarotti - Une voix pour l'éternité

Dimanche 03 septembre 2017 sur Arte à 18h55
Luciano Pavarotti - Chanteur Populaire

Vendredi 08 septembre 2017 sur France 2 à 00h00
René Fleming - Nuits d'été de Schönbrunn

Dimanche 10 septembre 2017 sur France 3 à 00h25
Les caprices de Marianne (Sauguet) - dm Schnitzler - ms Thomas - Opéra de Reims

Markova, Laulan, Martin, Dubois, Dear

Dimanche 10 septembre 2017 sur Arte à 12h30
Maria Callas chante Tosca

Lundi 11 septembre 2017 sur Arte à 00h30
Wagner, Waltraud Meier

Lundi 11 septembre 2017 sur Arte à 01h25
Maria Callas chante Tosca - Acte II

Lundi 11 septembre 2017 sur France 3 à 02h00
La Damnation de Faust (Berlioz) - dm Philippe Jordan - ms Alvis Hermanis

Jonas Kaufmann, Sophie Koch, Bryn Terfel - Opéra National de Paris

Vendredi 15 septembre 2017 sur France 2 à 00h00
Alceste (Gluck) - dm Bolton - ms Warlikowski - Teatro Real de Madrid

Denoke, White, Groves

Dimanche 17 septembre 2017 sur France 3 à 00h30
Cecilia Bartoli chante à Versailles

Dimanche 17 septembre 2017 sur Arte à 12h30
Joyce DiDonato au Grand Teatre del Liceu

Lundi 18 septembre 2017 sur Arte à 01h15
Verdi, Puccini, Bizet, Bellini

Sondra Radvanovsky - dm Philippe Jordan - Opéra de Paris

Dimanche 24 septembre 2017 sur Arte à 12h30
Mythos Carmen

Lundi 25 septembre 2017 sur Arte à 00h20
Le Paradis et la Péri (Schumann)

Karg, Staples, Royal, Romberger, Goerne - dm Harding

Vendredi 29 septembre 2017 sur France 2 à 00h00
Alcina (Haendel) - dm Rousset - ms Audi

Piau, Beaumont, Noldus, Puertolas, Behle

Dimanche 01 octobre 2017 sur France 3 à 00h30
Carmen (Bizet) - dm Nanasi - ms Zeffirelli

Semenchuck, Lungu, Ventre, Alvarez


Mezzo et Mezzo HD

Vendredi 01 septembre 2017 sur Mezzo HD à 20h30
Don Giovanni de Mozart au Festival d'Aix-en-Provence

Samedi 02 septembre 2017 sur Mezzo à 20h30
Der Rosenkavalier de Strauss à Glyndebourne

Dimanche 03 septembre sur Mezzo HD à 20h30
Cavalleria Rusticana et Pagliacci au Met de New York

Mercredi 06 septembre 2017 sur Mezzo à 20h30
L'Enfant et les Sortilèges de Ravel au Festival de Glyndebourne

Vendredi 08 septembre 2017 sur Mezzo HD à 20h30
Joyce DiDonato chante La Donna del Lago de Rossini au Metropolitan Opera

Dimanche 10 septembre sur Mezzo HD à 20h30
Alcina de Haendel au Festival d'Aix en Provence

Mercredi 13 septembre 2017 sur Mezzo à 20h30
Così fan tutte de Mozart à l'Opéra National de Paris

Vendredi 15 septembre 2017 sur Mezzo HD à 20h30
Lady Macbeth de Chostakovitch à l'Opéra de Lyon

Samedi 16 septembre 2017 sur Mezzo à 20h30
Saul de Haendel au Festival de Glyndebourne

Dimanche 17 septembre sur Mezzo HD à 20h30
Joyce DiDonato chante La Donna del Lago de Rossini au Metropolitan Opera

Mercredi 20 septembre 2017 sur Mezzo à 20h30
Le Barbier de Séville de Rossini au Festival de Glyndebourne

Vendredi 22 septembre 2017 sur Mezzo HD à 20h30
Cavalleria Rusticana et Pagliacci au Met de New York

Dimanche 24 septembre sur Mezzo HD à 20h30
Lady Macbeth de Chostakovitch à l'Opéra de Lyon

Mardi 26 septembre sur Mezzo à 20h30
Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc à l'Opéra de Bavière

Mercredi 27 septembre 2017 sur Mezzo à 20h30
Le Monstre du labyrinte de Jonathan Dove au Festival d'Aix

Vendredi 29 septembre 2017 sur Mezzo HD à 20h30
Alcina de Haendel au Festival d'Aix en Provence

Samedi 30 septembre 2017 sur Mezzo à 20h30
A définir ultérieurement

Web : Opéras en accès libre (cliquez sur les titres pour les liens directs avec les vidéos)

Sur Concert Arte, Medici.Tv et Br Klassik

Die Meistersinger von Nüremberg (Bayreuth) - ms Kosky

Elektra (Verbier) -dm Salonen

Salomé (Verbier) -dm Dutoit

La petite renarde rusée (Théâtre de la Monnaie) - ms  Coppens

Snegourotchka (Opéra de Paris) - ms Tcherniakov

La Création (Auditorium de la Seine Musicale) - ms La Fura Dels Baus

Le Couronnement de Poppée (Festival de Schwetzinger) - ms Claudio Cavina

Joyce DiDonato (Grand Theâtre du Liceu)

Les Indes Galantes - Chorégraphie Sidi Larbi Cherkaoui

Les Noces de Figaro (Grand Théâtre de Genève) - ms Tobias Richter

Figaro divorce (Grand Théâtre de Genève) - ms David Pountney

Le Barbier de Séville (Grand Théâtre de Genève) - ms Sam Browm

La Passion selon Saint-Marc - Une passion après Auschwitz de Michael Levinas

Roméo et Juliette et Le Château de Barbe-Bleue à Helsinski

Maria Callas - Tosca 1964 - Covent Garden

Maria Callas chante Tosca Acte II

Barbara Hannigan vue par Mathieu Amalric

Tosca (Opéra National de Norvège) - ma Calixto Bieito

Pavarotti, une voix pour l'éternité

Nabucco (Arènes de Vérone) - ms Arnaud Bernard

Operetka (Armel Festival Opera)

Pinocchio (Festival d'Aix-en-Provence) - ms Pommerat

Prima Donna (Rufus Wainwright)

The Rake'sProgress (Festival d'Aix-en-Provence) - ms Simon McBurney

Carmen (Festival d'Aix-en-Provence) - ms Dmitri Tcherniakov

Weisse Rose (Armel Festival Opera) - ms Anna Drescher

La Clémence de Titus (Festival de Salzbourg) - ms Sellars

 

Sur Operaplatform, Culturebox etc...

Aida (Chorégies d'Orange) depuis le 09 août 2017

L'ombre de Venceslao (Capitole de Toulouse) depuis le 06 août 2017

Les pêcheurs de perles (Auditorium du nouveau siècle) depuis le 05 août 2017

Les amants magnifiques (Opéra de Rennes) depuis le 04 août 2017

La clémence de Titus (Festival de Glyndebourne) depuis le 03 août 2017

Dans les coulisses du Festival d'Avignon depuis le 17 juillet 2017

Carmen (Opéra National de Paris) depuis le 16 juillet 2017

Le Concert de Paris (Champs-de-Mars) depuis le 14 juillet 2017

Erismena (Festival d'Aix en Provence) depuis le 12 juillet 2017

Rigoletto (Chorégies d'Orange) depuis le 11 juillet 2017

Don Giovanni (Festival d'Aix en Provence) depuis le 10 juillet 2017

Viva la Mamma (Opéra de Lyon) depuis le 08 juillet 2017

Otello (Opéra Royal de Wallonie) depuis le 25 juin 2017

 

Tannhäuser (Opéra de Monte-Carlo) jusqu'au 01 septembre 2017

Arsilda (Opéra de Bratislava) jusqu'au 14 septembre 2017

La Passion de Saint Matthieu (Manchester) le 17 septembre 2017

Lucrezia Borgia (Palau de les Arts Reina Sofia) jusqu'au 30 septembre 2017

 

L'écume des jours (opéra de Stuttgart) - jusqu'au 01 octobre 2017

La Foire de Sorotchintsi  (Komischen Oper Berlin) jusqu'au 01 octobre 2017

La Création (Sadler's Well Theatre - London) jusqu'au 15 octobre 2017

La Cenerentola (Opéra de Lille) jusqu'au 20 octobre 2017

Nabucco (Opera Royal de Wallonie) jusqu'au 27 octobre 2017

Le vin herbé (Opéra National du Pays de Galles) jusqu'au 27 octobre 2017

Semele (Badische Staatsteater Karlsruhe) jusqu'au 31 octobre 2017

Armino (Badische Staatsteater Karlsruhe) jusqu'au 31 octobre 2017

Alessandro (Opéra Royal de Versailles) jusqu'au 31 octobre 2017

Acis et Galatea (Opera Theatre Company de Dublin) jusqu'au 31 octobre 2017

Madame Butterfly (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 31 octobre 2017

Sadko (Vlaanderen Oper-Gent) jusqu'au 31 octobre 2017

La Sonnambula (Victorian Opera) jusqu'au 31 octobre 2017

Tosca (Opéra National de Norvège) jusqu'au 31 octobre 2017

Fagerlund (Opéra National de Finlande) jusqu'au 31 octobre 2017

La Callisto (Opéra National du Rhin) jusqu'au 03 novembre 2017

Sémiramide (Opéra de Nancy) jusqu'au 11 novembre 2017

Alcione (Opéra Comique) jusqu'au 12 novembre 2017

Aquagranda de Filippo Perocco (Teatro La Fenice) jusqu'au 14 novembre 2017

Le Requiem de Mozart (Philharmonie de Paris) - dm René Jacobs - jusqu'au 26 novembre 2017

Don Giovanni (Opéra de Liège) jusqu'au 23 novembre 2017

Anna Bolena (Opéra Grand Avignon) jusqu'au 23 novembre 2017

L'Orfeo (La Fenice) jusqu'au 23 décembre 2017

Le retour d'Ulysse dans sa patrie (La Fenice) jusqu'au 24 décembre 2017

Le couronnement de Poppée (La Fenice) jusqu'au 25 décembre 2017

La Cenerentola (Palais Garnier) jusqu'au 26 décembre 2017

Le Vaisseau Fantôme (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 27 décembre 2017

La Bohème (Festival d'Opéra en plein air) jusqu'au 29 décembre 2017

La Damnation de Faust (ms Ruggero Raimondi) jusqu'au 01 février 2018

Le retour d'Ulysse dans sa patrie (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 13 mars 2018

Jérusalem (Opéra Royal de Wallonie) jusqu'au 24 mars 2018

Le chant de la Terre (Festival de Saint-Denis) jusqu'au 09 juin 2018

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 27 Août 2017

Eclipse totale de soleil du 21 août 2017 au Wyoming (Etats-Unis)
Circonstances de l’éclipse totale de soleil

L’éclipse de soleil qui vient de traverser 14 états des Etats-Unis d’Ouest en Est, des montagnes rocheuses jusqu’aux plaines centrales, est la réplique de l’éclipse qui frôla Paris en 1999. Elle correspond au 22ème passage d’une série d’éclipses dénommée Saros 145 qui comporte en tout 77 évènements.

Elle a plongé dans l’obscurité Salem et Albany (Oregon), Idaho Falls (Idaho), le parc du Grand Teton et Casper (Wyoming), Grand Island et Lincoln (Nebraska), Kansas City et St-Joseph (Kansas), Columbia (Missouri), Carbondale Marion (Illinois), Clarksville et Bowling Green (Kentucky), Nashville (Tennessee), Nantahala National Forest (Caroline du Nord), Chattahoochee National Forest (Georgie), Columbia, Greenville et Charleston (Caroline du Sud), ainsi qu’une fraction de quelques km2 du Montana et de l’Iowa.

Couronne solaire et Régulus - 11h39 -  DMC-FZ72 - F/5.6 - 1/13 s - Focale 137 mm - Iso 100

Couronne solaire et Régulus - 11h39 - DMC-FZ72 - F/5.6 - 1/13 s - Focale 137 mm - Iso 100

L’ombre a ainsi touché la côte ouest-Pacifique à 17h15 TU (10h15 heure locale) à 3900 km/h, atteint le parc du Grand Teton à 17h35 TU (11h35 heure locale) à 3000 km/h, survolé le nord de Kansas City à 18h06 TU (13h06 heure locale) à 2400 km/h et le nord de Charleston à 18h45 TU (14h45 heure locale) à 2400 km/h également, soit un parcours d’une heure et trente minutes sur le sol américain.

Elle s’est ensuite perdue en reprenant de la vitesse dans l’Océan Atlantique, ce qui a permis aux habitants de Bretagne de percevoir une éclipse partielle à 6 % au coucher du soleil.

De fait, en plein mois d’août, ce spectacle solaire a été admiré par plus de 12 millions d’Américains vivant sur la bande de totalité et des millions de touristes venus du monde entier. Fidèles à leur opportuniste image, les Américains ont à nouveau prouvé leur sens hors pair des affaires, et il n’était pas rare de trouver des chambres à 1000 ou 2000 dollars la nuit, la veille de l’éclipse, même dans les hôtels de modestes bourgades.

La bande de totalité entre l'Oregon et le Wyoming et le parcours Seattle-Riverton

La bande de totalité entre l'Oregon et le Wyoming et le parcours Seattle-Riverton

Cependant, afin d’assurer les meilleures conditions d’observation, il fallait faire un compromis entre l’ouest où les conditions météorologiques sont statistiquement les meilleures à cette période de l’année - mais où la durée de l’éclipse est limitée à 2 minutes - et l’est où la durée du phénomène peut atteindre 2mn 40s mais avec un risque de couverture nuageuse plus important.

C’est pourquoi les environs désertiques de Riverton, ville située dans la partie centrale du Wyoming, l’état le moins peuplé du pays, se sont imposés. Dans ce climat sec, 2 minutes et 20 secondes d’éclipse étaient prévues.

Le point de départ de ce périple sera Seattle, la capitale de l’état de Washington.

Le stratovolcan du Mont Rainier (4392m) vu depuis Seattle

Le stratovolcan du Mont Rainier (4392m) vu depuis Seattle

Vers Grand Coulee Dam

En quittant Seattle vers l’est, l’interstate 90 laisse de côté l’impressionnant et massif stratovolcan du Mont Rainier (4392m) qui domine la ville, pour traverser la chaîne sud des Cascades recouverte de denses forêts de conifères.

Passé Ellensburg, et une fois croisé le fleuve Columbia, une route s’écarte vers le nord-est et longe les canyons de Dry Falls, gouffre de plus de 5km de long creusé par d’anciennes chutes d’eaux, qui abritent Soap Lake et Lenore Lake, deux étendues d’eaux prisées des pêcheurs à la truite.

Ces deux lacs sont des extensions de la rivière Coulee qui descend l’ancien lit de la Columbia depuis le barrage de Grand Coulee, en contrebas d’un autre barrage, cette fois en remblais, North Dam.

 Dry Falls et Lenore Lake

Dry Falls et Lenore Lake

Grand Coulee Dam, mis en service le 01 juin 1942, fournit une puissance 6800 MW, soit trois fois plus que le célèbre barrage Hoover Dam construit 6 ans auparavant.

Destiné à irriguer la partie centrale de l’état de Washington, ce barrage joua un rôle fondamental pendant la Seconde Guerre mondiale afin de produire l’aluminium nécessaire à la fabrication des matériels de guerre.

Cette immense construction en béton a néanmoins entraîné le déplacement de plusieurs milliers d’habitants, dont des amérindiens d’origine, et bloque définitivement la remontée des saumons le long du fleuve Columbia.

En reprenant la route vers Spokane, les paysages monotones révèlent pourtant de très belles collines couvertes de blés dorés, qui donnent l’impression de voyager à travers d'étranges dunes de sable.

Grand Coulee Dam (1592 m de long et 168 m de haut)

Grand Coulee Dam (1592 m de long et 168 m de haut)

Les incendies de forêts du Montana

Une fois rejoint l’interstate 90, la route vers Missoula, seconde ville du Montana, s’assombrit au fur et à mesure qu’elle s’enfonce dans la forêt nationale de Lolo, forêt protégée qui bénéficie à la fois d’un climat continental et d’un climat océanique, ce qui contribue à la diversité de sa végétation.

Mais cet assombrissement est dû à l’avancement d’un immense incendie naturel démarré le 15 juillet 2017 et baptisé Lolo Peak Fire. Deux villages, Lolo et Florence, se préparent à leur évacuation, alors que plus de 140 km2 ont déjà brûlé.

Le soir, depuis Missoula, la ville de naissance de David Lynch, les fumées altèrent les couleurs du coucher du soleil qui se pare de teintes fuchsia extraordinairement inhabituelles.

Coucher de soleil vu depuis Missoula à travers la fumée de Lolo Peak Fire

Coucher de soleil vu depuis Missoula à travers la fumée de Lolo Peak Fire

Le Parc National Yellowstone et le Parc du Grand Teton

Le lendemain, en reprenant la route vers l’est, les sommets des Gallatin Range apparaissent au sud. C’est vers eux qu’une route plonge afin de rejoindre le Yellowstone National Park, célèbre symbole et sanctuaire situé dans la partie nord-ouest du Wyoming.

Le parc Yellowstone le long de Gibbon river

Le parc Yellowstone le long de Gibbon river

Ce parc résulte en effet de l’effondrement d’un des 20 super-volcans existant sur terre – il est l'un des rares qui pourraient créer un hiver volcanique en cas d’éruption – dont il ne reste plus qu'une vaste zone dépressionnaire appelée ‘Caldeira’. Et dans son sous-sol, la chambre magmatique, toujours active et présente, chauffe les eaux et les glaces qui remontent à la surface sous forme de fumerolles, sources d’eaux chaudes, geysers ou mares de boue.

Toutefois, il ne s’est pas réveillé depuis 640 000 ans.

Écureuil terrestre doré

Écureuil terrestre doré

Pour camper dans le parc, il est nécessaire de réserver à l’avance à cause de la forte demande, mais il est tout à fait possible de rejoindre à tout moment des campings situés à l’extérieur du parc, le long de Hebgen Lake par exemple.

Une route en forme de 'huit' permet de parcourir 250 km au centre du parc à 72 km/h maximum, et d’approcher les nombreux sentiers de randonnées.

Près d’un millier de grizzlis et d’ours noirs, 4000 bisons, 2500 cerfs hermione, plus de 20000 Wapitis, un millier d’élans et une centaine de loups vivent notamment sur ce territoire protégé.

Troupeau de bisons sur le plateau central de Yellowstone

Troupeau de bisons sur le plateau central de Yellowstone

Et nombreuses sont les curiosités naturelles à voir, parmi lesquelles on ne peut manquer le Grand prismatique multicolore, la plus grande source d’eau chaude des États-Unis, le groupe des Fountain Geysers au coucher du soleil, et le magnifique Artist Point d’où l’on peut admirer les chutes inférieures de la Yellowstone river qui dévalent le Grand Canyon illuminé par les couleurs de soufre des parois rocheuses.

Yellowstone river (Artist Point)

Yellowstone river (Artist Point)

Plus au sud, situé sur la bande de totalité de l’éclipse solaire, le profil alpin du Grand Teton s’élance depuis les rives de Jackson Lake et offre une vision grandiose dans un environnement lumineusement fleuri et absolument envoûtant.

Puis, une route bifurque vers le sud-est pour rejoindre, à travers quelques couloirs rocheux d’un rouge splendide, la ville de Riverton située en bordure des montagnes rocheuses près d’Ocean Lake, une dépression naturelle qui héberge de nombreux oiseaux.

C’est de ce point de vue que l’éclipse va être observée.

Jackson Lake et le massif de Grand Teton

Jackson Lake et le massif de Grand Teton

L’éclipse solaire du lundi 21 août

Plus de 400 personnes se sont retrouvées à Blazing 7s Ranch, au nord de Riverton, la plus grande ville de la réserve indienne de Wind River, sur une zone de campement qui fait face à Ocean Lake avec une vue dégagée en direction de l’arrivée de l’ombre de la lune.

Après une nuit étoilée, des nuages d’altitude voilent le soleil dès l’aurore, ce qui permet l’observation des groupes de taches solaires présents à la surface de notre astre, mais risque de filtrer les détails de la couronne lors de l’éclipse totale.

Le site d'observation à Blazing 7s Ranch (Riverton)

Le site d'observation à Blazing 7s Ranch (Riverton)

A 10h19 et 30 secondes, heure de Riverton, le bord de la lune commence à occulter le disque solaire, et, 30 minutes plus tard, l’ombre de la lune apparaît quelque part sur l’Océan Pacifique Nord. 

Petit à petit, nous allons observer la disparition des tâches solaires au fur et à mesure que le croissant solaire se réduit.

Tâches solaires - 10h32 -  DMC-FZ72 - F/5.9 - 1/250 s - Focale 1200 mm  - Iso 100

Tâches solaires - 10h32 - DMC-FZ72 - F/5.9 - 1/250 s - Focale 1200 mm - Iso 100

A 11h16, cette ombre large de 99 km touche terre en Oregon sur la ville de Newport à une vitesse de 3900 km/h. Cinq minutes plus tard, à Riverton, les derniers cirrus qui couvraient jusqu’à présent d’une teinte laiteuse la surface du soleil disparaissent. Vénus devient visible.

L’ombre atteint très rapidement le Grand Teton à 11h35 et, à 11h38, l’assombrissement de l’horizon, comme si la vague grise d’un tsunami se précipitait sur nous, s’amplifie.

Le diamant - 11h38 -  DMC-FZ72 - F/5.9 - 1/800 s - Focale 215 mm - Iso 100

Le diamant - 11h38 - DMC-FZ72 - F/5.9 - 1/800 s - Focale 215 mm - Iso 100

A son arrivée, les clameurs montent, le diamant se forme, les derniers rayons du soleil se rétrécissent, et, à 11h38mn42s, le ciel vire soudainement au bleu profond et s’illumine sous la lumière d’argent d’une dague pointée ver le sol, la couronne solaire. 

Régulus brille tout près du soleil, sur sa gauche.

A cet instant, l’ombre est large de 107 km et a ralenti pour atteindre une vitesse de 2850km/h.

Couronne solaire - 11h39 -  DMC-FZ72 - F/5.9 - 1/30 s - Focale 215 mm - Iso 100

Couronne solaire - 11h39 - DMC-FZ72 - F/5.9 - 1/30 s - Focale 215 mm - Iso 100

Rarement une couronne aura donné une telle impression d’intensité et de présence, et les 2mn et 20 secondes laissent peu de temps pour regarder l’horizon à 360°. La chaîne de Wind River, qui était noyée dans la brume, se révèle en surimpression dans une lumière orangée fascinante.

De très belles protubérances ornent ensuite le bord lunaire en seconde partie de totalité.

Détail des protubérances solaires - 11h40 -  DMC-FZ72 - F/5.9 - 1/500 s - Focale 215 mm - Iso 100

Détail des protubérances solaires - 11h40 - DMC-FZ72 - F/5.9 - 1/500 s - Focale 215 mm - Iso 100

Et, à 11h41mn05s, la lumière réapparait, les cris de joies montent, et l’on peut alors suivre la libération du soleil jusqu’à 13h05mn, heure où l’éclipse sera partielle sur la pointe de la Bretagne.

Mais dès 12h49mn, l’ombre a dorénavant quitté le territoire américain, et, à 14h05, elle disparaît totalement de la surface de la terre.

Retrouvé par chance à Blazing 7s Ranch, Sylvain Rivaud, un autre chasseur d'éclipses, décrit sur son blog (https://lepithec.blogspot.fr/), avec encore plus de détails et de merveilleuses photographies, l'une des plus impressives éclipses que j'ai eu l'occasion de voir dans ma vie.

Jeune observateur depuis Blazing 7s Ranch (Wyoming)

Jeune observateur depuis Blazing 7s Ranch (Wyoming)

Le Wyoming Dinosaur Center de Thermopolis

De par son esthétique, le passage d’une éclipse totale a un pouvoir cathartique qui, une fois les émotions libérées, ramène l’individu à un état réflexif et calme.
C’est avec cet esprit qu’est abordée la visite du Wyoming Dinosaur Center, un centre de paléontologie situé à 85 km au nord de Riverton, le long de Wind River .

Ce magnifique musée a été créé dès que les premiers fossiles furent découverts en 1993 à Warm Springs Ranch, dans les environs de Thermopolis.

Squelettes de Supersaurus, Triceratops et Tyrannosaure au Wyoming Dinosaur Center

Squelettes de Supersaurus, Triceratops et Tyrannosaure au Wyoming Dinosaur Center

Il comporte un parcours d’un excellent niveau pédagogique qui permet de comprendre l’évolution de la vie jusqu’à l’apparition des mammifères, en expliquant clairement les transitions, et comporte une impressionnante collection de fossiles et de reproductions, dont un spectaculaire squelette de Supersaurus de 32m de long découvert à Douglas, dans le Wyoming. 

Il est également possible de parcourir le site des fouilles localisé à proximité, ce qui est une rare opportunité pour les visiteurs.

La lune et Jupiter dans le crépuscule sur Elliott Bay (Seattle), 3 jours après l'éclipse

La lune et Jupiter dans le crépuscule sur Elliott Bay (Seattle), 3 jours après l'éclipse

Retour à Seattle

Enfin, après une nouvelle traversée de Yellowstone Park en revenant pas l’entrée est et par la route escarpée de la chief Joseph Highway, le voyage s’achève par un nouveau passage au Montana, toujours sous l’emprise de ses feux de forêts, et par les retrouvailles avec l’interstate 90 qui mène à Seattle.

Entrée sud de Capitol Hill, le long de Broadway avenue

Entrée sud de Capitol Hill, le long de Broadway avenue

S’il y a un quartier de cette ville cosmopolite à découvrir absolument, Capitol Hill, situé à 100 m au-dessus du centre-ville, concentre verdure, résidences de millionnaires, bars et restaurants agréables, et offre un visage d’ouverture et de contre-culture qui est la meilleure impression à retenir avant de quitter les États-Unis.

Il ne reste plus qu'à attendre la prochaine éclipse américaine qui traversera le sud des États-Unis le 08 avril 2024 du Texas au Maine. Elle repassera sur la ville de  Carbondale Marion (Illinois), qui aura dont vu deux éclipses totales en moins de 7 ans, et de grandes villes telles que Austin, Dallas, Evansville, Indianapolis, Cleveland, Buffalo, les chutes du Niagara et Rochester seront parcourues intégralement par l'ombre de la lune.

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Rédigé par David

Publié dans #Astres, #Eclipse

Publié le 13 Août 2017

Quatuor Van Kuijk – La Nuit transfigurée
Concert du 12 août 2017
Parc Floral de Paris

Wolfgang Amadé Mozart 
Quintette n°2 à deux altos en do majeur K515 
Arnold Schönberg
La Nuit transfigurée opus 4

Nicolas Van Kuijk, Sylvain Favre, violons
Emmanuel François, alto, François Robin, violoncelle
Grégoire Vecchioni, alto
Lydia Shelley (Quatuor Voce), violoncelle

                                   Lydia Shelley et François Robin

A l’opposé du son âpre qui caractérise les ensembles de musique de chambre en recherche d’expressivité profondément pathétique, la rigueur mâtinée de joie du Quatuor Van Kuijk rend à la musique de Mozart une jeunesse chaleureuse bienvenue par ce temps uniformément gris et frais qui domine la capitale en plein mois d’août.

Sylvain Favre et Nicolas Van Kuijk, violons

Sylvain Favre et Nicolas Van Kuijk, violons

La quintette K515 est à la fois douce, rêveuse, mais également chargée de la mélancolie que l’on retrouve dans nombre d’airs de ses personnages d’opéra, dont l’évocation s’immisce de manière subliminale avec l’aide de notre propre imaginaire. La présence souple et subjacente du violoncelle de François Robin, la vigueur des violons et l’harmonie de l’ensemble concourent à ce sentiment de plénitude qui permet de résister aux agitations atmosphériques qui cernent la scène du grand delta du parc floral.

François Robin, violoncelle

François Robin, violoncelle

En seconde partie, la violoncelliste Lydia Shelley rejoint les cinq instrumentistes afin d'interpréter La nuit transfigurée. Que l’auditeur ne se trompe pas, si cette musique lui semble si naturelle, mais perceptiblement plus sombre que la quintette qui précède, c’est qu’elle est née du talent d’un jeune Arnold Schonberg (il avait vingt-cinq ans) bien avant qu’il ne révolutionne le monde musical avec sa technique dodécaphonique.

Les vibrations mystérieuses de ce poème nocturne sont pleinement rendues avec une verve déliée qui en atténue l’austérité de par sa rondeur sensuelle.

Nicolas Van Kuijk, Sylvain Favre, Emmanuel François, Grégoire Vecchioni, François Robin

Nicolas Van Kuijk, Sylvain Favre, Emmanuel François, Grégoire Vecchioni, François Robin

Près d’un millier de spectateurs attentifs, une aura enjouée, le Quatuor Van Kuijk et ses musiciens associés font maintenant partie du paysage musical international et trouvent un public de fidèles de plus en plus nombreux, si bien que leur prochain concert à l’amphithéâtre de la Philharmonie, le 13 janvier 2018, est déjà complet depuis plusieurs mois.

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Publié le 3 Août 2017

Die Meistersinger von Nürnberg (Richard Wagner)
Représentation du 31 juillet 2017
Bayreuth Festspiele

Hans Sachs Michael Volle 
Veit Pogner Günther Groissböck 
Kunz Vogelgesang Tansel Akzeybek 
Konrad Nachtigal Armin Kolarczyk 
Sixtus Beckmesser Johannes Martin Kränzle 
Fritz Kothner Daniel Schmutzhard 
Balthasar Zorn Paul Kaufmann 
Ulrich Eisslinger Christopher Kaplan 
Augustin Moser Stefan Heibach 
Hermann Ortel Raimund Nolte 
Hans Schwarz Andreas Hörl
Hans Foltz Timo Riihonen 
Walther von Stolzing Klaus Florian Vogt 
David Daniel Behle 
Eva Anne Schwanewilms 
Magdalene Wiebke Lehmkuhl 
Un veilleur de nuit Karl –Heinz Lehner                       
 Klaus Florian Vogt (Walther)

Direction musicale Philippe Jordan
Mise en scène Barrie Kosky (2017)

La nouvelle production des Maîtres Chanteurs de Nuremberg qui inaugure l’édition 2017 du festival de Bayreuth est un marqueur majeur car elle convoque pour la première fois un metteur en scène juif, Barrie Kosky, le directeur artistique du Komische Oper de Berlin, pour réinterpréter l’opéra de Richard Wagner qui touche fondamentalement au cœur de l’identité allemande.

Klaus Florian Vogt (Walther) et Michael Volle (Hans Sachs)

Klaus Florian Vogt (Walther) et Michael Volle (Hans Sachs)

En effet, alors qu’en 1866 la troisième guerre d’indépendance italienne aboutit à l’expulsion des derniers Autrichiens d’Italie et, qu'au même moment, les Prussiens protestants battirent l’Autriche catholique et la confédération germanique, la Bavière de Louis II resta, elle, indépendante.

Pour Richard Wagner, la Bavière ‘devait sauver l’Allemagne’. 

Lorsqu’ils furent joués pour la première fois à Munich, le 21 juin 1868, Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg célébraient, en partie sur le mode de la dérision, le retour à l’art romantique allemand comme fondement d’une nouvelle nation identitaire.

Le public fut subjugué, mais un critique musical juif viennois, Eduard Hanslick, démolit l’esthétique et l’idéologie de l’ouvrage. 

Avait-il compris que le personnage de Beckmesser était originellement inspiré par lui même?

Le Palais des Festivals de Bayreuth

Le Palais des Festivals de Bayreuth

Indéniablement, Les Meistersinger contiennent une part autobiographique et drainent les sentiments antisémites du compositeur.

Barrie Kosky est le premier artiste juif et non allemand à les mettre en scène au Palais des festival de Bayreuth, et sa manière d’aborder l’œuvre est un formidable spectacle qui permet au spectateur de comprendre l’influence du milieu familial de Richard Wagner, de voir en chaque protagoniste une part de celui-ci, de réfléchir sur Nuremberg en tant que symbole du pouvoir Nazi, dans une ambiance malgré tout déjantée qui évacue tout ressentiment émotionnel.

Richard Wagner, Cosima Wagner, Hans von Wolzogen and the elderly Franz Liszt at Haus Wahnfried Bayreuth circa 1880 (Photogravure by Franz Hafnstaengl after an oil painting by Wihelm Beckman, Liszt Museum, Bayreuth)

Richard Wagner, Cosima Wagner, Hans von Wolzogen and the elderly Franz Liszt at Haus Wahnfried Bayreuth circa 1880 (Photogravure by Franz Hafnstaengl after an oil painting by Wihelm Beckman, Liszt Museum, Bayreuth)

Le premier acte reconstitue brillamment l’atmosphère bourgeoise, richement dotée de bibliothèques et de tissus précieux, de la villa Wanfried où Wagner, grâce au soutien financier de Louis II, pu s’installer en 1874 pour laisser libre cours à ses illusions artistiques.

Le décor est confiné, ce qui renforce l’impression d’imagerie d’Epinal du dispositif scénique.

Par un jeu de correspondance rendu le plus clair possible en employant les portraits réalisés par des peintres contemporains de leur époque, Hans Sachs prend les traits de Richard Wagner, Eva celui de sa femme, Cosima, inspiratrice active de sa philosophie, Pogner, le père d’Eva, incarne Franz Liszt, et Beckmesser s'identifie au chef d’orchestre juif Hermann Levi qui dirigea Parsifal lors de sa création à Bayreuth.

Klaus Florian Vogt (Walther) et Michael Volle (Hans Sachs)

Klaus Florian Vogt (Walther) et Michael Volle (Hans Sachs)

Mais Walther et, plus surprenant, David affichent, eux aussi, des caractères physiques propres à Richard Wagner afin de représenter la fragmentation du compositeur dans l’ouvrage.

L’ensemble prend la forme d’une représentation traditionnelle, ce qu’elle n’est pas, car le jeu des acteurs est d’une virtuosité poussée, laquelle est renforcée par le chœur tout fou – mais invisible et en retrait lors de l’ouverture - qui réalise des entrées et sorties constamment loufoques. Quant aux maîtres chanteurs, ils sont désacralisés à travers toutes sortes de mimiques humaines drôles et vivantes.

Sur la forme, on se croirait dans la première partie du Capriccio de Richard Strauss tissé de conversations philosophiques sur la musique et la poésie. Mais lorsque le salon se retire en arrière-plan, il laisse apparaître la salle de jugement du tribunal de Nuremberg flanquée des quatre drapeaux soviétique, américain, britannique et français. Le jugement de l’Allemagne et de Richard Wagner s’impose comme une question lancinante dans la suite de l’opéra.

Klaus Florian Vogt (Walther)

Klaus Florian Vogt (Walther)

Le second acte, qui mélange architecture du tribunal et prairie bucolique, ne fait pas allusion au métier de cordonnier de Hans Sachs, mais développe l’ambiguïté entre relation des personnages du livret et celle de Cosima et Richard Wagner.

Il fait intervenir le chœur, c'est-à-dire le peuple, de façon intempestive et divertissante comme s’il était joué par des acteurs libres, ce qui donne un sentiment d’anachronisme aux tableaux où il intervient.

Le point central de cet acte est bien entendu l’échange entre Hans Sachs et Beckmesser autour de la scène de séduction d’Eva – sans réel enjeu apparent - qui décuple le ressentiment antisémite de Wagner caché dans la partition.

Les coups de marteau deviennent les coups de maillet d'un juge.

Michael Volle (Hans Sachs) et Johannes Martin Kränzle (Beckmesser)

Michael Volle (Hans Sachs) et Johannes Martin Kränzle (Beckmesser)

La gestuelle Yiddish du marqueur, subtilement caricaturée, les entrelacs de motifs subliminaux exacerbés par Philippe Jordan, la tonalité joyeuse de l’ensemble, tout est fait pour que l’attention soit intelligemment maintenue, jusqu’au basculement vers la scène de bastonnade qui s’assombrit soudainement et laisse apparaître un visage géant fidèle à l’image fantasmée du juif satanique, visage qui se déploie lentement et progressivement. 

L’effet saisissant laisse coi et ne manque pas de provoquer l’exaspération de quelques spectateurs.

Le troisième acte se déroule entièrement dans la scène de tribunal. David, puis Hans Sachs, sont jugés – mais il s’agit bien de juger Wagner -, et les relents antisémites du peuple s’expriment avec évidence à l’accueil des maîtres chanteurs, tous applaudis sauf le marqueur.

Les scènes de foule sont toujours aussi formidables de verve et d’invention, et l’ouvrage s’achève sur l’apparition d’un orchestre sur scène, dirigé par Hans Sachs / Richard Wagner, qui disparaît dans les arrière-fonds du théâtre, afin de créer un effet de distanciation entre la musique du compositeur et la pensée de l'homme.

Johannes Martin Kränzle (Beckmesser)

Johannes Martin Kränzle (Beckmesser)

Pour son retour dans la fosse de Bayreuth, cinq ans après sa première interprétation de Parsifal en ce même lieu, Philippe Jordan reprend en main un orchestre dont la nature germanique modifie le rendu des couleurs par rapport à la version qu’il a dirigé l’année dernière avec l’orchestre de l’Opéra National de Paris.

Sans tonitruance, l’ouverture fait la part belle au déploiement fluide et sculptural des cordes, et sa direction, exempte d’effets nets et coupants, délie et démultiplie les motifs subjacents de la partition pour les lier fortement à la caractérisation vocale des personnages.

Car, non seulement le chef d’orchestre épouse parfaitement la construction scénique et les silences, ce qui, paradoxalement, accentue l’impression d’osmose entre direction musicale et direction d’acteur, mais il enrichit également les dialogues avec une expressivité qui prend le dessus sur le texte dans une effervescence étourdissante.  

Et en grand plasticien musical qu’il est, il excelle naturellement à induire des ondes intemporelles magnifiquement évanescentes et ombrées qui semblent totalement dématérialiser l’orchestre. 

Philippe Jordan

Philippe Jordan

C’est en tout premier lieu Michael Volle, véritable bête de scène, qui bénéficie de la force délicate d’une telle direction.

Probablement insurpassable dans le rôle d’Hans Sachs, symbole, ici, de l’esprit de Wagner, sa présence vocale décline toutes sortes d’états d’âme, de l’amertume à la colère en passant par l’impétuosité et la mélancolie, et son jeu nerveux et violent rend son personnage pleinement abouti.

L’auditeur est alors capté par l’énergie animale qu’il dégage, si bien que l’on ne voit plus le musicien, sinon l’incarnation nue et totale de l’être qu’il représente.

Johannes Martin Kränzle (Beckmesser) et Michael Volle (Hans Sachs)

Johannes Martin Kränzle (Beckmesser) et Michael Volle (Hans Sachs)

Klaus Florian Vogt, lui aussi parabole, dans cette production, du jeune Wagner révolté, un timbre constamment immaculé, une puissance splendide, est un Walther von Stolzing intemporel et un délice de sincérité. L’expression de ses élans clairs et vaillants, où la douceur l’emporte sur la force brute, et les langueurs onctueuses ont un tel impact émotionnel, que son timbre extraordinaire semble comme inaltérable au temps. Il est véritablement une très grande figure du Festival, et son attitude digne et touchante face à l’accueil dithyrambique du public est inoubliable.

Günther Groissböck, en Pogner / Franz Liszt, a un rôle plus court, mais ses expressions enjouées, doublées de belles couleurs naturelles et humaines, rendent entièrement sympathique son personnage bienveillant.

Anne Schwanewilms (Eva) et Klaus Florian Vogt (Walther)

Anne Schwanewilms (Eva) et Klaus Florian Vogt (Walther)

Et pour faire vivre l’impulsivité de David, Daniel Behle lui transmet un timbre dense et une émission percutante qui rend son personnage plus terrestre et mature que celui de Walther.

Mais on se souviendra longtemps du Beckmesser vécu par Johannes Martin Kränzle - artiste allemand qui interprétait Wozzeck à l'opéra Bastille, cette saison -  sous les traits barbus d’Hermann Levi. La démarche esthétique, les variations fines et expressives qui traduisent l’ambiguïté et l’insaisissable du personnage, le timbre qui révèle une texture doucereuse, il est incarnation totale du marqueur si détesté par Richard Wagner.

Et de plus, il semble prendre un malin plaisir narquois à jouer de cette figure provocante sans la moindre inhibition. 

Quant à Anne Schwanewilms, elle n’a plus la rondeur qui pourrait restituer au mieux la symbolique idéale que représente Eva. Totalement surprenante dans un rôle comique, alors qu’elle incarne habituellement des personnages sensibles et intimistes, elle dégage surtout une personnalité qui pourrait être celle de Cosima Wagner. 

Sa compagne, Wiebke Lehmkuhl, de sa voix bien timbrée, donne enfin beaucoup de vie à Magdalene.

Le choeur du festival de Bayreuth

Le choeur du festival de Bayreuth

Le chœur, un grand sentiment d’allégresse, s’en donne pleinement à cœur joie, et contribue ainsi à la réussite d’une production qui allie mémoire historique et familiale, réflexion psychologique, vitalité exubérante, bref, une richesse stimulante pour chacun de nous qui amorce peut-être une reprise de la créativité théâtrale du Festival.

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Publié le 16 Juillet 2017

Tâches solaires (groupe 2665) le 16 juillet 2017, 12 h UTC

Tâches solaires (groupe 2665) le 16 juillet 2017, 12 h UTC

Le groupe 2665 est un ensemble composé d'une douzaine de tâches solaires visibles depuis la Terre le 16 juillet 2017 et sur le point de disparaître par le bord Est de notre étoile. Ce groupe est déclinant et est classé  β (c'est à dire qu'il dispose d'une polarité positive et d'une polarité négative nettement séparées par une seule division).

 

Tâches solaires (groupe 2665) le 16 juillet 2017, 12 h UTC - détail

Tâches solaires (groupe 2665) le 16 juillet 2017, 12 h UTC - détail

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Rédigé par David

Publié dans #Astres

Publié le 15 Juillet 2017

Le Concert de Paris au Champ-de-Mars
Concert du 14 juillet 2017 (5ème édition)
Champ-de-Mars - Paris

Hector Berlioz – La Damnation de Faust : Marche Hongroise
Giacomo Puccini – Gianni Schicchi : « O mio babbino caro » [Nadine Sierra]
Giuseppe Verdi – Rigoletto : « La donna è mobile » [Bryan Hymel]
Serge Prokofiev – Roméo et Juliette : « Danse des Chevaliers »
Wolfgang Amadé Mozart – Don Giovanni : « Deh vieni alla finestra » [Ludovic Tézier]
Wolfgang Amadé Mozart – Don Giovanni : « Fin ch’han dal vino » [Ludovic Tézier]
Charles Gounod – Roméo & Juliette : « Je veux vivre » [Diana Damrau]
Nikolaï Rimsky-Korsakov – La Fiancée du Tsar : « La chanson du houblon »
Charles Gounod – Sapho : « O ma lyre immortelle » [Anita Rachvelishvili]
Johannes Brahms – Double concerto : « Vivace non troppo » (3e mvt) [Gautier et Renaud Capuçon]
Dmitri Kabalevsky / Andrew Cottee – « Bonne Nuit »
Ruggero Leoncavallo – Pagliacci : « Vesti la Giubba » [Bryan Hymel]
Dmitri Chostakovitch – Suite de Jazz n°2 : « Valse n°2 »
Léo Delibes – Lakmé : « Duo des fleurs » [Nadine Sierra et Anita Rachvelishvili]
Richard Strauss – Morgen [Diana Damrau et Renaud Capuçon]
Vangelis / Don Rose – « Les Chariots de feu » (version pour piano et orchestre)
Giacomo Puccini – La Bohème : « O soave fanciulla » [Nadine Sierra et Bryan Hymel]
Modeste Moussorgsky / Maurice Ravel – Les Tableaux d’une exposition : « La grande porte de Kiev »
Giuseppe Verdi – Don Carlo : « E lui !... desso ! ... » [Bryan Hymel et Ludovic Tézier]
Georges Bizet – Carmen : « Les voici la quadrille ! »
Hector Berlioz / Claude Joseph Rouget de Lisle – La Marseillaise (couplets n°1 et 2)

Avec Diana Damrau, soprano, Nadine Sierra, soprano, Anita Rachvelishvili, mezzo-soprano, Bryan Hymel, ténor, Ludovic Tézier, baryton, Renaud Capuçon, violon, Gautier Capuçon, violoncelle                            

Direction musicale Valery Gergiev
Chœur et Maîtrise de Radio France
Orchestre National de France

Coproduction La Mairie de Paris, France Télévisions et Radio France 

Faire entendre un concert de musique classique en plein air face à 500 000 spectateurs installés et entassés depuis plusieurs heures sur les pelouses du Champ-de-Mars, afin d’être aux premières loges du feu d’artifice, est une ambition démesurée qui pourrait sembler dommageable à la finesse d’écriture des airs interprétés par ces chanteurs qui sont tous des références mondiales du chant lyrique.

Anita Rachvelishvili et Nadine Sierra  : Léo Delibes – Lakmé « Duo des fleurs »

Anita Rachvelishvili et Nadine Sierra : Léo Delibes – Lakmé « Duo des fleurs »

Et pourtant, suivre les artistes depuis les allées boisées latérales, tout en observant une foule hétéroclite, bruyante, agitée, impatiente ou parfois concentrée, qui réunit l’ensemble de la société française dans toute sa diversité, a quelque chose de particulièrement fort qui ne nuit même pas à l’imprégnation de la musique, car c’est le sentiment de partage qui l’emporte haut-la-main.

Ainsi, peut-on voir, perchée sur les épaules de son père, une petite fille mimer à tue-tête Bryan Hymel chantant l’air du Duc de Mantoue ‘La donna è mobile !’ - le ténor canadien fait très forte impression ce soir, y compris dans l'air poignant d'I Pagliacci -, ou bien des jeunes enfants marquer du pied les cadences de la ‘Danse des Chevaliers’ de Roméo et Juliette.

Sur l'air 'La Donna è mobile' chanté par Bryan Hymel

Sur l'air 'La Donna è mobile' chanté par Bryan Hymel

Anita Rachvelishvili doit, certes, supporter le passage d’un hélicoptère au début de son air sombre ’ O ma lyre immortelle’, mais c’est radieuse qu’on la retrouve avec Nadine Sierra dans l’enjôleur ‘Duo des fleurs’, voix doucereusement mêlées, pour achever les dernières paroles en se détachant, toutes deux, de l’avant-scène, les regards magnifiquement complices.

Quant à Diana Damrau, exubérante et extravertie, elle laisse en mémoire une interprétation lumineuse et recueillie de ‘Morgen’, totalement aérienne, et Ludovic Tézier, d’allure la plus sérieuse, se prête au jeu de Don Giovanni sans réserve.

Chœur et Maîtrise de Radio France et Orchestre National de France

Chœur et Maîtrise de Radio France et Orchestre National de France

Valery Gergiev, fier de parsemer le concert de musiques signées par les plus grands compositeurs russes,  Prokofiev, Chostakovitch, Rimsky-Korsakov, Moussorgsky, trouve donc en l’Orchestre National de France un grand vecteur qui porte brillamment l’essence même de la culture de sa nation. 

Ce concert, qui a réuni 3 088 000 téléspectateurs, peut être revu sur Culturebox - Le Concert de Paris.

Nadine Sierra, Bryan Hymel, Valery Gergiev, Diana Damrau, Ludovic Tézier, Anita Rachvelishvili

Nadine Sierra, Bryan Hymel, Valery Gergiev, Diana Damrau, Ludovic Tézier, Anita Rachvelishvili

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Publié le 4 Juillet 2017

Die Frau ohne Schatten (Richard Strauss)
Représentation du 02 juillet 2017
Bayerische Staatsoper – München

Der Kaiser Burkhard Fritz
Die Kaiserin Ricarda Merbeth
Die Amme Michaela Schuster
Der Geisterbote Sebastian Holecek
Hüter der Schwelle des Tempels Elsa Benoit
Erscheinung eines Jünglings Dean Power
Die Stimme des Falken Elsa Benoit
Eine Stimme von oben Okka von der Damerau
Barak, der Färber Wolfgang Koch
Färberin Elena Pankratova
Der Einäugige Tim Kuypers
Der Einarmige Christian Rieger
Der Bucklige Dean Power
Keikobad Renate Jett

Direction musicale Kirill Petrenko
Mise en scène Krzysztof Warlikowski (2013)
Décors et costumes Małgorzata Szczęśniak

                           Ricarda Merbeth (Die Kaiserin) 

La reprise de Die Frau ohne Schatten mis en scène par Krzysztof Warlikowski, au lendemain même de la création de la nouvelle production de Die Gezeichneten donnée en ouverture du Festival de Munich, vaut naturellement d'être revue pour son travail scénique accompli et l’investissement de sa distribution, mais vaut surtout au public munichois un choc musical qu’il n’est pas prêt d’oublier, tant la démesure de la direction de Kirill Petrenko est un déluge orchestral d’une force surhumaine.

Burkhard Fritz (Der Kaiser)

Burkhard Fritz (Der Kaiser)

Car, qui n’a jamais vu ce jeune chef russe insuffler de sa main prophétique et de son visage hurlant une énergie terrible à ses musiciens, ne peut comprendre à quel point l’âme de l’auditeur peut être ravagée par une interprétation orchestrale entrée dans la légende de l’Art vivant.

Et voir et entendre les musiciens du Bayerisches Staatsorchester tenus d’une poigne de fer, puis couverts dans l’air de l’Empereur afin de produire le son le plus concentré, doux comme une berceuse et rougeoyant comme un cœur pulsant et aimant, comme s’ils créaient une insaisissable masse omniprésente et invisible, déstabilise encore plus chaque spectateur qui ne sait qualifier la nature de l’objet qui le défie.

Kirill Petrenko

Kirill Petrenko

La fureur phénoménale de Kirill Petrenko, sortie d’un homme en apparence tout simple et tout jovial, est une interrogation qui pousse chacun à se tourner vers son voisin afin de partager l’impossibilité à parler de l’indicible.

Il y a enfin la joie ressentie non seulement pour soi, mais aussi par la prise de conscience que nombre de jeunes sont présents parmi les spectateurs et découvrent, à leur grande stupéfaction, le pouvoir embrasant de la musique lyrique dirigée par un chef extraordinaire.

S’il y a un pays capable de sauver l’esprit des Arts et de la Culture européenne, l’Allemagne est, sans aucun doute, aujourd’hui, le terreau le plus légitime.

Elena Pankratova (Färberin)

Elena Pankratova (Färberin)

Mais pour autant, Kirill Petrenko se considère bien comme le garant d’une architecture complexe et intègre qui prend en compte les particularités de chaque chanteur afin de les mettre le mieux possible en valeur.

On peut ainsi admirer sa manière d’assouplir l’orchestre afin de lui donner une profondeur mahlérienne qui permette à Burkhard Fritz de révéler l’humanité intériorisée de l’Empereur, et compenser ainsi les limites sévères que lui impose les tensions du rôle dans la tessiture aigüe.

Ricarda Merbeth (Die Kaiserin)

Ricarda Merbeth (Die Kaiserin)

Et c’est avec la même intention sensible qu’il accompagne Ricarda Merbeth, impératrice volontaire et douée d’un timbre vaillamment ouaté, qui surmonte les passages les plus extrêmes, moins crânement, toutefois, que dans ses grandes incarnations de Sieglinde ou Senta, plus largement lyriques d’écriture.

Totalement libérée, Elena Pankratova livre, elle, une interprétation fulgurante de la teinturière, et forme avec Wolfgang Koch, très touchant dans le rôle du mari humilié, un couple humain et dramatiquement fort qui leur vaut une reconnaissance absolue de la part du public munichois.

Wolfgang Koch (Barak, der Färber)

Wolfgang Koch (Barak, der Färber)

Michaela Schuster, aux éclats fortement disparates, n’en est pas moins une nourrice entière et franchement expressive, et Sebastian Holecek tient, de l’Esprit messager, la noirceur mauvaise naturellement attendue.

Usant d’effets vidéographiques tridimensionnels saisissants dans les passages les plus fantastiques, et d’une surprenante correspondance de lieu et de circonstances avec le film d’Alain Resnais ‘L’Année dernière à Marienbad’, Krzysztof Warlikowski raconte, à sa manière, le parcours qui mène à une pleine humanité. 

Elena Pankratova (Färberin)

Elena Pankratova (Färberin)

L’Empereur est représenté en homme paumé et ayant perdu contact avec la réalité, cerné qu’il est par des êtres à têtes de faucon qui traduisent le monde fantasmagorique dans lequel il vit, l’esprit messager, le poing recouvert d’un gant noir, est, lui, vendu aux forces du mal, et la teinturière se perd, elle, dans une profusion de fantasmes sexuels suscités par la présence d’un beau gosse au torse nu parfaitement dessiné.

Die Frau ohne Schatten (Merbeth-Pankratova-Koch-Schuster-Petrenko-Warlikowski) Munich

Le début du troisième acte, marqué par ces soldats qui s’enfoncent dans un océan, tels les soldats de Pharaon submergés par les vagues de la mer rouge, rêve d’un monde définitivement démilitarisé, et l’avènement d’un nouvel humanisme se réalise, dans une vision totalement idéalisée, par la reconstitution d’une famille qui s’accepte telle qu’elle est, réunie autour d’une table cernée par des dizaines d’enfants aux effets bariolés. 

Krzysztof Warlikowski

Krzysztof Warlikowski

Ce final heureux, unanimement loué, qui s'ouvre sur une galerie réunissant super-héros et guides spirituels, permet à Krzysztof Warlikowski de montrer qu’il peut avoir une vision optimiste du bonheur humain, facette consensuelle qui contrebalance celle plus noire et perçante qui traversait Die Gezeichnetenla veille.

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