Histoire de l'Opéra, vie culturelle parisienne et ailleurs, et évènements astronomiques. Comptes rendus de spectacles de l'Opéra National de Paris, de théâtres parisiens (Châtelet, Champs Élysées, Odéon ...), des opéras en province (Rouen, Strasbourg, Lyon ...) et à l'étranger (Belgique, Hollande, Allemagne, Espagne, Angleterre...).
L’Oiseau de Feu (Igor Stravinsky 25 juin 1910, Opéra de Paris)
Daphnis et Chloé, suite n°2 (Maurice Ravel 08 juin 1912, Théâtre du Châtelet)
Valse (Maurice Ravel 12 décembre 1920, Concerts Lamoureux, Paris)
Bis : Boléro (Maurice Ravel 22 novembre 1928, Opéra de Paris)
Concert du 09 décembre 2024
Grande salle Pierre Boulez
Philharmonie de Paris
Direction musicale Teodor Currentzis Orchestre de l’Opéra national de Paris
Chef d’orchestre énormément apprécié par Gerard Mortier qui le fit découvrir au public parisien à travers les lectures verdiennes de 'Don Carlo' et‘Macbeth’représentées à l’opéra Bastille respectivement en juillet 2008 et mai 2009, Teodor Currentzis célèbre cette année ses 20 ans de trajectoire artistique extraordinaire depuis la fondation de son premier ensemble, Musica Aeterna, en 2004 au même moment où il devint le chef d’orchestre principal de l’opéra de Novossibirsk.
Cette même année, il dirigea ‘Aida’ dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov qui sera récompensée d’un ‘Masque d’Or’.
Teodor Currentzis
Depuis, les collaborations se sont poursuivies avec ce génial metteur en scène (‘Macbeth’ – Paris 2009, ’Wozzeck’ – Bolshoi 2009), puis, quelques années plus tard, avec Peter Sellars (‘Iolanta/Perséphone’ – Madrid 2012, ‘The Indian Queen’ – Madrid 2013, ‘La Clémence de Titus’ – Salzbourg 2017, ‘Idomeneo’ – Salzbourg 2019) et Romeo Castellucci (‘Le Sacre du Printemps’ – Ruhrtriennale 2014, ‘Jeanne au Bûcher’ – Perm 2018, ‘Don Giovanni’– Salzbourg 2021, ‘Le Château de Barbe-Bleue/De Temporum fine comœdia’ – Salzbourg 2022).
Teodor Currentzis est ainsi un artiste qui a à dire dans tous les répertoires, du Baroque au contemporain, en passant par les grands compositeurs du XIXe siècle ('Das Rheingold'- Ruhrtriennale 2015), faisant entendre des couleurs, des ornementations et des rythmes souvent inhabituels dans ces ouvrages. Il a dorénavant créé un nouvel ensemble, Utopia, qui regroupe depuis 2022 des musiciens du monde entier dont certains sont Russes et Ukrainiens.
Musiciens de l'orchestre de l'Opéra national de Paris
Pour ses retrouvailles avec l’orchestre de l’Opéra national de Paris, 15 ans après ‘Macbeth’, le chef d’orchestre greco-russe a choisi un programme classique et couramment enregistré qui regroupe deux œuvres de commande de Serge Diaghilev pour les scènes parisiennes, ‘L’Oiseau de Feu’ de Stravinsky et un extrait de ‘Daphnis et Chloé’, la suite n°2, de Maurice Ravel, complété par une apothéose, ‘La Valse’, née également sous l’impulsion du fondateur des Ballets russes.
La souplesse avec laquelle il dirigera ce soir la phalange parisienne sera un enchantement de bout en bout. Dans ‘L’Oiseau de Feu’, il obtient un son d’un velouté somptueux, les motifs sombres serpentent sous une tension éclatante, et il entraîne les bois dans des jeux de courbes orientalistes qu’il dessine lui même avec son corps comme s’il cherchait à communiquer au subconscient des musiciens une manière de faire vivre la musique. Il peut ainsi passer d’une lascivité hypnotique à une sauvagerie rythmique parfaitement précise qui donne à l’ensemble du ressort et un allant très élancés.
Teodor Currentzis
Dans ‘Daphnis et Chloé’, puis la ‘Valse’, on retrouve cette même volupté et finesse d’ornementation avec un contrôle des volumes caressant et une frénésie diabolique d’où jaillit un hédonisme sonore fait de chatoiements mirifiques et de peintures chaleureuses au sensualisme véritablement klimtien.
Cette rigueur enrobée d’une tonalité ludique fait ainsi ressentir une volonté d’imprégner l’auditeur en profondeur de ces musiques enivrantes, et de lui offrir une plénitude obsédante.
Le choix du 'Boléro' en bis découle naturellement du thème de l’exposition Ravel Boléro inaugurée six jours plus tôt à la Philharmonie, mais est aussi une manière d’exposer à nouveau cette science de l’envoûtement qu’aime tant arborer Teodor Currentzis.
Teodor Currentzis
Standing ovation spontanée de la part des musiciens et du public aux sourires béats, et, pour un instant, le rêve d’une rencontre de cœur entre un chef et des musiciens qui puisse se nouer en une grande aventure artistique.
Quoi qu’il en soit, nous retrouverons Teodor Currentzis au Palais Garnier à partir du 20 janvier auprès de son complice Peter Sellars pour interpréter une version de ‘Castor et Pollux’ avec l’Orchestre et les Chœurs Utopia qui pourrait bien être encore source d’innovations musicales inspirantes.
Rigoletto (Giuseppe Verdi – 11 mars 1851, Venise)
Répétition générale du 28 novembre et représentations du 01 et 24 décembre 2024
Opéra Bastille
Rigoletto Roman Burdenko
Gilda Rosa Feola
Il Duca di Mantova Liparit Avetisyan
Sparafucile Goderdzi Janelidze
Maddalena Aude Extrémo
Giovanna Marine Chagnon
Il Conte di Monterone Blake Denson
Marullo Florent Mbia
Matteo Borsa Manase Latu
La Contessa di Ceprano Teona Todua
Il Conte di Ceprano Amin Ahangaran
Usciere di corte Julien Joguet
Paggio della Duchessa Seray Pinar
Double de Rigoletto Henri Bernard Guizirian
Direction musicale Domingo Hindoyan
Mise en scène Claus Guth (2016)
10e opéra le plus joué à l’Opéra national de Paris depuis le début de la période Rolf Liebermann (1973) avec 143 représentations au 01 décembre 2024 – mais plus de 1230 soirées depuis son entrée au répertoire le 27 février 1885 -, ‘Rigoletto’ représentait initialement, en tant qu’adaptation du ‘Roi s’amuse’ de Victor Hugo, une ouverture à la modernité alliée à la tradition littéraire française, et servait de vecteur de résistance aux œuvres de Richard Wagner qui bénéficiaient du soutien de très influents mécènes au tournant du XXe siècle.
Roman Burdenko (Rigoletto) et Rosa Feola (Gilda)
Aujourd’hui, il est devenu un drame riche en grands airs et ensembles populaires qui peuvent être très entraînants malgré la façon dont les femmes y sont considérées, drame qui montre comment un homme, Rigoletto, amené à jouer de façon complice avec une société immorale, va voir cette société se retourner contre lui et sa fille, Gilda, totalement inconsciente de la manipulation qu’elle subit du fait du Duc de Mantoue, et pour lequel elle va pourtant sacrifier sa vie de manière insensée.
Depuis le 11 avril 2016, une nouvelle mise en scène de Claus Guth est régulièrement reprise sur la scène Bastille (voir les comptes-rendus de 2016,‘Rigoletto (Kelsey-Fabiano-Peretyatko-Luisotti-Guth)’,et 2021, ‘Rigoletto (Calleja - Lučić - Lungu - Sagripanti - Guth)’qui décrivent en détail son esprit théâtral), production qui accentue le ressenti pathétique du spectateur en représentant en avant scène une immense boite en carton, déployée vers la salle, où toute l’action se déroule.
Ce dispositif représente ainsi la petite boite qu’a conservé un Rigoletto âgé, incarné par un acteur - il s’agit d’Henri Bernard Guizirian ce soir -, qui se remémore sa vie passée détruite par le jeu sordide auquel il s’est lui même livré. Ne lui reste pour pleurer que la robe souillée de sa fille qu’il conserve maladivement.
Naturellement, tout décor somptueux est évacué pour éviter une séduction facile, et le metteur en scène cherche avant tout à resserrer l’action au plus près du public en compensant ce visuel, abîmé et déchiré, par des jeux d’ombres et de lumières qui mettent en relief la monstruosité des personnages tout autant que l’artifice de la cour de Mantoue.
La chute soudaine du rideau de spectacle bleu final au moment du meurtre de Gilda est particulièrement glaçante.
Henri Bernard Guizirian (Rigoletto - rôle muet)
Pourtant Claus Guth réserve les plus belles images, un peu naïves, pour Gilda, à travers une imagerie vidéographique bucolique et une évocation toute inventée de l’aspiration de la jeune fille au monde de la danse.
Et pour cette nouvelle série, la distribution réunie est particulièrement liée par une implication totalement généreuse, à la mesure de la salle.
Tous ont en effet des voix très sonores et des statures qui leur donnent une présence forte.
Aude Extrémo (Maddalena)
C’est ainsi le cas du couple formé par Maddalena et Sparafucile dont Aude Extrémo, au galbe noir d’une résonance saisissante, et Goderdzi Janelidze, grande basse au mordant vif et expressif, mettent en relief la dureté de sa mentalité criminelle, mais aussi du Conte di Monterone de Blake Denson qui jette des vibrations violemment fusées au front de Rigoletto avec un aplomb fascinant.
Blake Denson (Il Conte di Monterone)
Le baryton russe, Roman Burdenko, pourrait d’ailleurs paraître dans la première scène assez réservé, mais il va faire ressortir peu après les blessures de l’âme mélancolique du bouffon en gardant une excellente tenue de voix qui va s'imposer progressivement avec une assise solide et une tessiture assez souple et peu heurtée.
Le chanteur, 40 ans, est encore jeune et peut paraître plus frêle que son collègue acteur, Henri Bernard Guizirian, et pourtant son sens du tragique s’impose à la hauteur d’autres grands caractères verdiens, comme Macbeth qu’il évoque très souvent ce soir. C'est cette nature tragique qui passe d'ailleurs au premier plan, devant la relation paternelle à Gilda.
Liparit Avetisyan (Il Duca di Mantova)
Et quel formidable Duc de Mantoue que fait vivre le ténor arménien Liparit Avetisyan, absolument sensationnel par sa manière de préserver l’unité de son timbre tout en tenant des aigus avec un souffle splendide, mêlant des accents graves à sa tessiture mature et très agréable à l’écoute!
Il y a surtout chez lui une impulsivité qui répond au rythme imprimé par le chef d’orchestre, et il se livre à des gamineries et un jeu de jeune homme immature qui rendent crédible son potentiel séducteur. Et la confiance qu'il affiche tout au long de la soirée donne du baume au cœur car elle inspire l'optimisme, surtout qu'elle émane d'un artiste qui vient d'une région du monde qui n'est pas aussi privilégiée que la France, et c'est tout à son honneur.
Véritablement, c’est un personnage entier et passionnant à suivre qu’il décrit avec toute sa joie de vivre et son esprit de liberté, au point de faire parfois oublier l'univers dépravé auquel il participe.
Rosa Feola (Gilda)
Entourée par tous ces caractères marquants, Rosa Feola s’en détache par la sensibilité qu’elle est sensée dégager. Son timbre a de la personnalité dans le médium, ce qui lui permet de donner beaucoup d’authenticité et de féminité à Gilda.
Elle est capable d’afficher un rayonnement puissant avec finesse, et de rendre la poésie rêveuse de la jeune fille sans pour autant la confiner dans un rôle transparent. Cette fraîcheur mêlée à une technique expérimentée donne ainsi une entièreté à son personnage que l’on ne ressent pas toujours avec autant de naturel.
Rosa Feola (Gilda) et Marine Chagnon (Giovanna)
Et parmi les seconds rôles, on découvre un jeune ténor néo-zélandais, Manase Latu, en Matteo Borsa, qui tient fièrement les échanges avec le Duc de Mantoue, et plusieurs interprètes de l’Académie et de la troupe de l’Opéra de Paris, Teona Todua, Amin Ahangaran, Seray Pinar, le très sympathique Florent Mbia, en Marullo, et la Giovanna précieuse de Marine Chagnon, qui tous contribuent à la coloration vocale et vivante des différents tableaux.
Domingo Hindoyan
Les chœurs sont eux aussi à leur affaire dans ce répertoire qu’ils connaissant si bien, mais dans la fosse d’orchestre, Domingo Hindoyan entretient une fougue et un dramatisme flamboyants d’une grande tension, forçant les attaques pour ne par lâcher l’action, se montrant très souple et plus léché dans les moments détendus où la beauté de l’atmosphère prime, réussissant à ce que la violence de l’action n’induise pas un écrasement des couleurs.
Rosa Feola et Roman Burdenko
La rougeur des cuivres s’amalgame ainsi au flux des cordes et clarté des vents dans un même courant ambré, les contrebasses noircissent l'austérité ambiante, et avec son allure de jeune Verdi ambitieux, le chef d’orchestre vénézuélien nous emporte lui aussi un peu plus vers les régions d’Émilie-Romagne et de Lombardie.
Rosa Feola et Roman Burdenko, le 24 décembre 2024 soir
Salle comble dès la première représentation de cette reprise, et c’est bien mérité quand un tel éclat et un tel allant emportent les cœurs des auditeurs.
Domingo Hindoyan, Rosa Feola, Henri Bernard Guizirian, Roman Burdenko, Liparit Avetisyan, Goderdzi Janelidze et Blake Denson
Les Offrandes oubliées (Olivier Messiaen – 19 février 1931, Théâtre des Champs-Élysées)
Symphonie n°7 (Anton Bruckner – 30 décembre 1884, Leipzig)
Concert du 21 novembre 2024
Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique
Direction musicale Philippe Jordan Orchestre national de France
Violon solo Sarah Nemtanu
‘Les Champs-Élysées sont aussi pour moi un grand souvenir, car on y a donné ma première œuvre d’orchestre – j’étais à ce moment là un petit jeune homme fort timide de 22 ans -, et c’est Walter Straham qui a dirigé mes ‘Offrandes oubliées’ – c’était, je crois, en 1931 -. J’avais le cœur si tremblant que je n’entendais absolument rien de ce qui se passait sur la scène, mais je crois que l’exécution a été excellente, et l’accueil a été très favorable, ce qui est assez surprenant.’
Ainsi se rappelait Olivier Messiaen de la création de son œuvre lors d’une interview rediffusée sur France Musique, une méditation symphonique décomposée en trois volets, ‘La Croix’, ‘Le Péché’ et ‘L’Eucharistie’, que Cristian Măcelaru avait déjà choisi d’interpréter il y a 3 ans avec l’Orchestre national de France, en ouverture de saison à l’Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique.
Philippe Jordan
Dans sa structure, l’œuvre commence par de lents entrelacs de cordes dont le métal est utilisé pour créer des effets d’irisations, puis, après une brève transition assombrie par les bassons, un déferlement d’attaques décrit une course vers l’abîme, un peu comme dans ‘La Damnation de Faust’, les cisaillements des cordes se faisant âpres, battus par les timbales, jusqu’à une montée prodigieuse mêlant cuivres et percussions. Après une fracture nette, les bassons reprennent leur motif de calme noir pour mener au mouvement lent final, où les violons s’étirent dans les aigus dans une ambiance quasi-mystique.
Philippe Jordan, dont a été annoncé dès le matin avec joie et sourires sa nomination à partir de septembre 2027 à la direction de l’Orchestre national de France, obtient des musiciens une clarté diaphane qu’il affectionne beaucoup dans le répertoire français du XXème siècle, une flamboyance quasi-straussienne dans le mouvement central avec un net effet d’entraînement qui bouscule cette surprenante envolée, avant de retrouver un espace de recueillement intime qu’il va étirer avec finesse jusqu’au long silence conclusif.
L'Orchestre national de France - 7e symphonie de Bruckner
La pièce principale de la soirée est cependant la 7e Symphonie d’Anton Bruckner rendue célèbre au cinéma par le film de Luchino Visconti‘Senso’ (1954), à travers laquelle on retrouve sous la gestuelle souple et enveloppante de Philippe Jordan les ombres veloutées et sous-jacentes qu’il sait si bien mettre en valeur dans les ouvrages wagnériens pour lesquels le compositeur autrichien vouait aussi une immense admiration.
Ce soir, la volonté de maintenir un rapport au corps serré avec l’orchestre est saillant ce qui transparaît dans la grande densité de l’interprétation. Les mouvements des contrebasses s’apprécient pour leur moelleux, les cuivres clairs se montrent pimpants et les cors chaleureux, le trait poétique de la flûte est lumineusement coloré, et après un superbe adagio prenant et recueilli, sans virer aux états d’âmes trop crépusculaires, scherzo et final sont menés avec une véhémence flamboyante aux courbes et volumes d’une malléabilité magnifique.
On sent le soin accordé à l’enchantement suscité par des motifs très fins et des piqués légers, et il est très beau de voir comment sous un apparent calme cérémoniel Philippe Jordan peut faire ressortir une effervescence d’un grand raffinement tenue par une ligne aristocratique très élancée.
Philippe Jordan - 7e symphonie de Bruckner
Beaucoup d’enthousiasme en fin de concert entre musiciens, public et chef d’orchestre, tant cette soirée est placée sous le sceau de l’évidence, et augure d’un avenir prometteur.
L'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique
Dimanche 01 décembre 2024 sur France 3 à 00h15
Alice (Amir Hosseinpour et Jonathan Lunn) - Opéra national du Rhin - musique de Philip Glass
Dimanche 01 décembre 2024 sur France 5 à 14h35
Requiem de Mozart - Palau de la Musica Catalana
Dimanche 01 décembre 2024 sur Arte à 18h45
Le monde de Hans Zimmer
Dimanche 01 décembre 2024 sur Arte à 23h30
Miucha, la voix de la bossa nova
Lundi 02 décembre 2024 sur Arte à 01h10
Claudio Monteverdi - Vêpres de la Vierge - Cathédrale Saint-Pierre de Worms
Lundi 02 décembre 2024 sur Arte à 02h45
L'art de la danse : Cunningham
Vendredi 06 décembre 2024 sur France 5 à 21h05
Fauteuils d'orchestre (Anne Sinclair) - A l'Opéra Comique avec Louis Langrée
Samedi 07 décembre 2024 sur France 2 à 21h15 (direct)
Notre-Dame de Paris - La Grande soirée
Dimanche 08 décembre 2024 sur France 3 à 00h15
Madame Butterfly (Puccini) - Opéra de Paris - dm Scappucci - ms Wilson
Dimanche 08 décembre 2024 sur Arte à 18h25
Jonas Kaufmann - Les plus belles musiques de film - Salle Smetana, Prague
Dimanche 08 décembre 2024 sur France 4 à 22h35
Notre-Dame de Paris (Roland Petit) - Opéra de Paris
Dimanche 08 décembre 2024 sur Arte à 22h55
La Forza del destino (Verdi) - Scala de Milan - Netrebko, Tézier, Jagde - dm Chailly
Lundi 09 décembre 2024 sur Arte à 02h10
Christmas in Vienna 2019
Mardi 10 décembre 2024 sur France 4 à 21h00
Renaud Capuçon : Au cinéma II
Mardi 10 décembre 2024 sur France 4 à 22h30
The Morricone Duel - Danish National Symphony Orchestra - dm Sarah Hicks
Jeudi 12 décembre 2024 sur Arte à 02h40
Christmas@Home 2021 - Avec Daniel Hope, Lang Lang, Fatma Said…
Vendredi 13 décembre 2024 sur Arte à 00h45
Le moine noir - Festival d'Avignon 2022
Dimanche 15 décembre 2024 sur Arte à 18h30
Beethoven - Symphonie n° 9 - Konzerthaus de Vienne - Baumgartner, Schager, Willis-Sørensen, Fischesser
Dimanche 15 décembre 2024 sur Arte à 23h40
Giselle (Adam - Petipa) - Dutch National Ballet - Olga Smirnova, Jacopo Tissi, Giorgi Potskhishvili
Lundi 16 décembre 2024 sur Arte à 01h35
Bach, Debussy et Chopin par Beatrice Rana
Lundi 16 décembre 2024 sur Arte à 02h20
Harold en Italie (Berlioz) - Orchestre Philharmonique de Radio France - dm John Eliot Gardiner
Mardi 17 décembre 2024 sur France 4 à 21h00
L'enlèvement au Sérail (Mozart) - Opéra Royal de Versailles - Version française - dm Jarry - ms Fau
Jeudi 19 décembre 2024 sur Arte à 20h55
Les parapluies de Cherbourg (Jacques Demy)
Jeudi 19 décembre 2024 sur France 2 à 23h20
Gautier Capuçon - Voyage musical
Samedi 21 décembre 2024 sur Arte à 00h10
Médée (Charpentier) - Opéra de Paris - dm Christie - ms Vicars
Samedi 21 décembre 2024 sur Arte à 18h25
Klaus Mäkelä dirige la 9e de Beethoven
Dimanche 22 décembre 2024 sur Arte à 01h35
Jonas Kaufmann et Diana Damrau - Des lieder de Brahms et Schumann
Dimanche 22 décembre 2024 sur Arte à 18h00
Le Ring de Vienne - L'histoire d'une adresse prestigieuse
Dimanche 22 décembre 2024 sur Arte à 18h55
Messa di Gloria (Puccini) - Pèlerinage au Tessin
Dimanche 22 décembre 2024 sur Arte à 22h50
Ennio Morricone
Lundi 23 décembre 2024 sur Arte à 01h20
Le Turc en Italie (Rossini) - Teatro Real de Madrid - dm Sagripanti - ms Pelly
Lundi 23 décembre 2024 sur Arte à 23h05
Etre noir à l'Opéra : le danseur étoile Guillaume Diop et la contrebassiste Sulivan Loiseau, une saison dans un Opéra de Paris qui s’ouvre timidement à la diversité
Mardi 24 décembre 2024 sur Arte à 00h05
"Peter I. Tschaikowski", ballet de Cayetano Soto
Mardi 24 décembre 2024 sur Arte à 01h30
Graines d'étoiles, les années de maturité - Opéra de Paris
Mardi 24 décembre 2024 sur Arte à 19h00
Noël en Bavière - avec Elsa Dreisig et Benjamin Appl - Cathédrale de Ratisbonne
Mardi 24 décembre 2024 sur France 4 à 23h55
Notre-Dame de Paris (ballet de Roland Petit) - Opéra national de Paris
Mercredi 25 décembre 2024 sur Arte à 12h15
Un Noël musical avec la famille Kanneh-Mason
Mercredi 25 décembre 2024 sur Arte à 19h00
Lang Lang - Mes mélodies préférées - De Bach à Walt Disney
Mercredi 25 décembre 2024 sur France 4 à 21h00
Sonya Yoncheva, un Noël à Versailles
Mercredi 25 décembre 2024 sur France 4 à 22h00
Il était une fois «Casse-Noisette»
Mercredi 25 décembre 2024 sur France 4 à 23h45
The Morricone Duel
Jeudi 26 décembre 2024 sur Arte à 00h20
Le chant de Noël - Un ballet d'après Charles Dickens
Jeudi 26 décembre 2024 sur Arte à 13h35
La Flûte enchantée (Film de Florian Sigl)
Jeudi 26 décembre 2024 sur Arte à 18h30
Beethoven - Symphonie n° 9 - Scala de Milan
Jeudi 26 décembre 2024 sur Arte à 22h30
Jour de fête chez Offenbach - Avec Patricia Petibon & Cyrille Dubois
Vendredi 27 décembre 2024 sur Arte à 03h40
Etre noir à l'Opéra : le danseur étoile Guillaume Diop et la contrebassiste Sulivan Loiseau, une saison dans un Opéra de Paris qui s’ouvre timidement à la diversité
Vendredi 27 décembre 2024 sur France 5 à 21h05
George Balanchine - Ballet impérial - Who Cares ?
Vendredi 27 décembre 2024 sur Arte à 22h40
Pavarotti
Samedi 28 décembre 2024 sur Arte à 00h30
Les Trois Ténors - Naissance d'une légende
Dimanche 29 décembre 2024 sur Arte à 09h40
Les Trois Ténors - Naissance d'une légende
Dimanche 29 décembre 2024 sur Arte à 10h35
Jonas Kaufmann - Les plus belles musiques de film - Salle Smetana, Prague
Dimanche 29 décembre 2024 sur Arte à 11h35
Pavarotti
Dimanche 29 décembre 2024 sur Arte à 17h15
Puccini, la passion du féminin (Film d'Aurine Cremieu -2024)
Dimanche 29 décembre 2024 sur Arte à 18h10
Gala Puccini à la Scala de Milan (Anna Netrebko - Jonas Kaufmann)
Dimanche 29 décembre 2024 sur Arte à 18h55
Gala Puccini à Venise - La bohème, Tosca, Turandot...
Lundi 30 décembre 2024 sur Arte à 00h00
La Bohème (Puccini) avec Anna Netrebko et Piotr Beczala - Festival de Salzbourg 2012
Mardi 31 décembre 2024 sur Arte à 00h30
Le Messie de Haendel - Festival de Pâques d'Aix-en-Provence - Insula Orchestra - dm Laurence Equilbey
Mardi 31 décembre 2024 sur Arte à 18h05
Concert de la Saint-Sylvestre 2024 des Berliner Philharmoniker - Avec Kirill Petrenko et Daniil Trifonov
Mardi 31 décembre 2024 sur Arte à 22h45
"Le lac des cygnes" (Tchaïkovski) par Rudolf Noureev
Mardi 31 décembre 2024 sur Arte à 23h30
Un lac des cygnes (Tchaïkovski) par Johan Inger
Mercredi 01 janvier 2025 sur Arte à 01h30
La Flûte enchantée (Film de Florian Sigl)
Mercredi 01 janvier 2025 sur France 2 à 11h15 & 12h15
Concert du Nouvel An du Philharmonique de Vienne - dm Riccardo Muti
Mercredi 01 janvier 2025 sur France 2 à 13h55
Escapades viennoises (Stéphane Bern)
Mercredi 01 janvier 2025 sur France 2 à 14h50
Gautier Capuçon, voyage musical
Mercredi 01 janvier 2025 sur Arte à 18h40
Concert du Nouvel An à la Fenice de Venise
Mercredi 01 janvier 2025 sur France 4 à 20h00
Sortilèges à l'Opéra - Saison 2
Mercredi 01 janvier 2025 sur France 4 à 21h
Concert du Nouvel An du Philharmonique de Vienne - dm Riccardo Muti
Mercredi 01 janvier 2025 sur France 4 à 23h05
Le Berliner Philharmoniker et Zubin Mehta
Mezzo et Mezzo HD
Dimanche 01 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Monteverdi : L'Orfeo - Festival d'Opéra Baroque de Bayreuth
Dimanche 01 décembre 2024 sur Mezzo à 23h50
Of Vineyards and Shoeboxes - In search of the perfect concert hall acoustics
Lundi 02 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
David Oïstrakh, artiste du peuple ?
Mardi 03 décembre 2024 sur Mezzo à 23h10
Monteverdi : l'Orféo - Opéra Comique de Paris
Mercredi 04 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Puccini: Tosca - Arena di Verona
Vendredi 06 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
'Les Pêcheurs de perles' de Bizet au Capitole de Toulouse
Vendredi 06 décembre 2024 sur Mezzo à 23h05
Verdi : Un Ballo in maschera - Palau de les Arts, Valencia
Samedi 07 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
La Bohème de Puccini à l'Opéra Royal de Wallonie-Liège
Dimanche 08 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Porpora: Ifigenia in Aulide - Bayreuth Baroque Opera Festival
Lundi 09 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Itzhak Perlman, violoniste virtuose
Mardi 10 décembre 2024 sur Mezzo à 23h45
Bellini: I Capuleti e i Montecchi - Opéra Royal de Wallonie Liège
Mercredi 11 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Magnard: Guercœur - Opéra du Rhin
Vendredi 13 décembre 2024 sur Mezzo HD à 19h45 (direct)
Karlsson: Fanny and Alexander - Théâtre de la Monnaie, Bruxelles
Vendredi 13 décembre 2024 sur Mezzo HD à 22h45
Haendel: Flavio - Festival Baroque de Bayreuth
Vendredi 13 décembre 2024 sur Mezzo à 23h30
'Ernani' de Verdi au Palau de les Arts de Valence
Samedi 14 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Puccini : Manon Lescaut - Opéra de Monte-Carlo
Dimanche 15 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Rachmaninov: Aleko - Bartók: Le château de Barbe-Bleue - Greek National Opera
Lundi 16 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Yehudi Menuhin, le violon du siècle
Mercredi 18 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Verdi: La Traviata - Opéra Royal de Wallonie, Liège
Vendredi 20 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Mozart : La Flûte enchantée - Festival de Salzbourg
Vendredi 20 décembre 2024 sur Mezzo à 22h40
Puccini : Madama Butterfly - Opéra National Grec
Samedi 21 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Puccini: Turandot - Staatsoper Vienne
Samedi 21 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Rameau; Les Fêtes d'Hébé - William Christie, Les Arts Florissants
Dimanche 22 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Monteverdi : Le Couronnement de Poppée - Versailles
Lundi 23 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Jascha Heifetz - Le violoniste de Dieu
Mercredi 25 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
'Les Contes d'Hoffmann' au Staatsoper d'Hambourg avec Benjamin Bernheim et Olga Peretyatko
Vendredi 27 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Lully : Atys - Opéra de Versailles
Vendredi 27 décembre 2024 sur Mezzo à 23h20
La Bohème de Puccini à l'Opéra Royal de Wallonie-Liège
Samedi 28 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
'Roméo et Juliette' de Gounod à l'Opernhaus de Zurich
Dimanche 29 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Johann Strauss: La Chauve-Souris - Opéra de Lille
Lundi 30 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Jacqueline du Pre A Gift Beyond Word
Mercredi 01 janvier 2025 sur Mezzo à 20h30
Prokofiev: Le Joueur - Festival de Salzbourg
Web : Opéras en accès libre (cliquez sur les titres pour les liens directs avec les vidéos)
Miss Knife Forever (Olivier Py et Antoni Sykopoulos)
Textes d’Olivier Py sur des musiques de Stéphane Leach, Jean-Yves Rivaud, Antoni Sykopoulos et Olivier Py
Récital du 10 novembre 2024
Théâtre du Châtelet
Chant Olivier Py
Piano Antoni Sykopoulos
Le tour de chant de Miss Knife : La Vie d’artiste, Le funambule, Je rêve d’un monde meilleur, Plage de la sirène, La chanson d’Arlequin, Mes amours défuntes, Je suis le vieux poète, Juste le temps d’une chanson, Le rôle est trop court, L’Amour est entre nous, Les cafés du Ve, J’ai trop joué mon personnage, Les ailes noires, Nocturne, Le tango du suicide, Il arrive souvent, J’entends ta voix.
C’est dans la peau de Miss Knife, personnage né d’une pièce ‘La nuit du Cirque’ créée par Olivier Py au ‘Théâtre du peuple’ de Bussang (Vosges) en 1992, que le metteur en scène s’est glissé pour la première fois en 1996 au Festival d’Avignon pour en faire un moyen d’expression poétique très proche de lui-même.
Antoni Sykopoulos et Olivier Py (Miss Knife)
Depuis, il a traversé le temps et parcouru le monde avec elle, et alors qu’il débute sa première saison à la direction du Théâtre du Châtelet, Olivier Py reprend le costume de sa très chère amie pour chanter pendant cinq soirs la vie éphémère de l’artiste - parfois anonyme et teintée de noirceur -, la mort qui souffle l’exaltation pour un amour charnel idéalisé, la beauté de l’univers et l’amour de la vie pour conjurer le cynisme du monde, l’image du bel autre qui envahit le cœur, l’esprit libre du poète et son regard émerveillé sur la jeunesse, l’âme mélancolique au souvenir des amours passées, le tout baigné de chants et de poèmes, la gaîté malgré l’évanescence de la vie, l’approche de la mort qui met le cœur à nu, l’amour comme force invisible, les souvenirs des bonheurs insouciants dans les cafés, le personnage que l’on fait vivre en soi jusqu’à l’ultime révérence, l’âme sombre qui protège, le désir de nuit et les formes de suicides, le retour à la vie et les rêves d’anges.
Ces chansons ont un fond souvent nostalgique et désespéré mais également très lumineux quand elles évoquent les images des êtres aimés, et le travestissement auquel Olivier Py a recours tend à entremêler le sourire de la vie à des mots parfois très sombres.
Grand Foyer du Théâtre du Châtelet et la scène de Miss Knife
Une scène temporaire (150 places) est installée au centre du Grand Foyer du Théâtre restauré entre 2017 et 2019, et le comédien apparaît depuis l’un des rideaux rouges suspendus sous les oculi finement décorés avec l’aisance déclamatoire qu’on lui connaît bien.
Affublé d’une perruque blonde – qu’il mettra de côté en cours de spectacle -, de faux cils et d’une robe scintillante, il se rit de l’humeur parfois morbide de ses textes, ce qui donne une tonalité assez originale à l’esprit de cabaret qu’il recrée en faisant ressentir une tristesse joyeuse au souvenir d’une époque heureuse mais assombrie par les drames qui traversèrent les années 80.
Il forme un duo complice avec le pianiste Antoni Sykopoulos, professeur de chant au sein de l’école de comédie musicale du Théâtre Royal du Parc à Bruxelles, qui, lui-même, donne aussi de la voix, et la chaleur de ce récital ramène l’auditeur à une forme d’essentialisme sentimental, c’est à dire à ce qu'il suffirait de vivre dans la vie s’il ne fallait pas trouver une place dans la société et s'y confronter.
Antoni Sykopoulos
Et quand on connaît certaines de ses mises en scène à l’opéra, telles ‘La Force du destin’ , ‘Le Prophète’ ou bien la ‘La Dame de Pique’, on est frappé de retrouver dans ces textes certains éléments de sa poétique, comme la figure de l’ange aux ailes noires qui parle des conflits intérieurs entre l’espérance – Olivier Py revendique sa foi catholique - et les pulsions de mort.
Bien entendu, c’est aussi sa personnalité qui se met à nue d’une manière très sensible par le biais de Miss Knife tout en se dissociant du rôle managérial qu’il occupe en tant que directeur du Théâtre.
Probablement ne peut-on voir cela que dans les milieux artistiques de par l’espace de liberté qu’ils représentent plus que jamais aujourd’hui, et c’est pour cela que ce récital apporte un doux sourire aux lèvres, précieux en ce dimanche soir.
Œuvres de Gabriel Fauré, Philippe Bodin et Guillaume Villiers
Concert du 09 novembre 2024
Temple Protestant de Port Royal - Paris XIIIe
Gabriel Fauré (1845-1924) Barcarolle n°12, La Chanson d’Eve, Prélude n°6, Hymne à Apollon, Nocturne n°13, Le Parfum impérissable, Le plus doux chemin, Mandoline, Au Bord de l’Eau, Green, Le secret Philippe Bodin (1960-) La Lune Blanche (2014) sur une poésie de Paul Verlaine Guillaume Villiers (2005-) … Et ce soir-là (2024) sur des vers d’Albert Samain
Mezzo-soprano Stéphanie Guérin
Piano Lucas Bischoff
Construite en 1898 le long du boulevard d’Arago dans le 13e arrondissement, l’église réformée de Port-Royal présentait en ce samedi 9 novembre 2024 un hommage à Gabriel Fauré, donné cent ans exactement après sa disparition, interprété par la mezzo-soprano Stéphanie Guérin, artiste lyrique (‘Cosi fan tutte’ – Lausanne 2018, ‘Là-haut’ – Athénée Louis Jouvet 2022) qui aime défendre la mélodie française, et le jeune pianiste Lucas Bischoff, 21 ans, issu du CNSM.
Guillaume Villiers (musicien et compositeur), Lucas Bischoff (pianiste) et Stéphanie Guérin (chant)
Au cœur du temple, il faut imaginer un décor avec relativement peu de profondeur, des bancs en bois sombre et robuste provenant de Sibérie, une simple croix rétroéclairée frontale, surmontée d’une coupelle en vitraux figuratifs vers lesquels convergent les arches blanches du dôme.
Une très grande proximité s’installe naturellement entre le public et la scène, et un petit état d’esprit familial se ressent parmi l’audience.
Le programme permet d’entendre des vers de poètes français contemporains du compositeur ariégeois, Paul Verlaine,Leconte de Lisle, Armand Silvestre, ainsi que les poésies de Charles van Lerberghe à travers le cycle ‘La Chanson d’Eve’ qui ouvre le récital. L'observation de la nature y est prégnante.
Le sens de la respiration de Stéphanie Guérin fait immédiatement ressentir une fluidité dans le discours qui, sous l’effet de l’ambiance sensiblement réverbérée, prend une tonalité assez éthérée à laquelle vient se mêler les couleurs plutôt corsées du timbre de voix. Le chant reste bien centré, les teintes graves subtiles, avec un lyrisme délié à cœur ouvert.
Temple Protestant de Port Royal
Mais la soirée comporte également deux œuvres de compositeurs présents dans la salle.
La première, ‘La Lune Blanche’ de Philippe Bodin, basée sur les mêmes vers de Paul Verlaine que ceux que Gabriel Fauré mit en musique pour son recueil de neuf mélodies ‘La bonne chanson’, se démarque par une écriture plus aérienne, une véritable ode tournée vers le ciel avec des notes longuement tenues, alors que le piano apporte un contrepoint sombre et très ancré, presque inquiétant.
Puis, Guillaume Villiers, 19 ans, resté auprès du pianiste pour tourner les pages, est à l’honneur à travers l’une de ses compositions de l’année 2024, ‘..Et ce soir-là..’, d’après les vers d’Albert Samain, autre poète dont Gabriel Fauré mit en musique plusieurs poèmes (‘Soir’, ‘Pleurs d’or’, Arpège’).
La nuit est à nouveau évoquée, et le climat musical saisissant enferme l’auditeur dans un intimisme feutré poignant, d’autant plus que Stéphanie Guérin décrit cette fois les états d’âmes mélancoliques d’une tierce personne au bord du désespoir. Et l’écriture musicale, très expressive pour le piano - des effets sonores sont réalisés par pression directe sur les cordes -, suggère profondément un mystère sinistre et un poids émotionnel tout intérieur.
Lucas Bischoff
Tout au long du concert, le toucher pianistique de Lucas Bischoff est souvent réaliste mais aussi précautionneux quand il accompagne sa partenaire lyrique. Mais quelle surprise lorsqu’au final il propose en bis la mélodie ‘Malagueña’ du compositeur cubain Ernesto Lecuona avec un esprit de liberté ahurissant! Une forme de coda festive qui achève pleinement ce récital si à propos en ce soir d’automne.
Passion selon Saint-Jean (Jean-Sébastien Bach – 7 avril 1724, Leipzig)
Représentation du 04 novembre 2024
Théâtre des Champs-Élysées
Trame : L'arrestation, l’interrogatoire chez Anne et Caïphe et le reniement de Pierre, l’interrogatoire chez Pilate, la flagellation et le couronnement d'épines, la crucifixion et la mort de Jésus, l'ensevelissement
Soprano Sophie Junker Pilate Georg Nigl
Jésus Christian Immler Contre-ténor Benno Schachtner
L’Evangéliste Valerio Contaldo Ténor Mark Milhofer
Ancilla Estelle Lefort* Soprano Camille Hubert*
Contre-ténor Logan Lopez Gonzalez* Servus Augustin Laudet*
Pierre Rafael Galaz Ramirez * artiste lyrique du Chœur de chambre de Namur
Danseurs Rosa Dicuonzo, Yuya Fujinami, Tian Gao, Eva Georgitsopoulou, Hwanhee Hwang, Annapaola Leso, Jaan Männima, Margaux Marielle-Tréhoüart, Virgis Puodziunas, Orlando Rodriguez, Joel Suárez Gómez
Direction musicale Leonardo García-Alarcón
Chorégraphie, mise en scène Sasha Waltz (2024) Compagnie Sasha Waltz & Guests
Ensemble Cappella Mediterranea
Chœur de chambre de Namur, Chœur de l’Opéra de Dijon Production créée le 22 mars 2024 dans le cadre du Festival de Pâques de Salzbourg et reprise à l’Opéra de Dijon les 30 et 31 mars 2024
Animé du désir de consacrer son art au service de l’Église, Jean-Sébastien Bach fit ses débuts comme cantor à Saint-Thomas de Leipzig le 30 mai 1723. Il ne devait pas seulement composer et jouer de la musique sacrée, mais aussi enseigner le chant aux élèves, superviser l’Institution et encadrer les prières du matin et du soir.
Le jour de Noël de la même année, il présenta une première version de son ‘Magnificat’ et, quelques mois plus tard, le 07 avril 1724, il fit entendre la ‘Passion selon Saint-Jean’ pour célébrer Pâques.
Au cours des années qui suivirent, il continua à l’améliorer en ajoutant des airs où en réarrangeant la partition jusqu’en 1749. Mais seules les versions de 1725 et 1749 sont éditées aujourd’hui.
Passion selon Saint-Jean - Photo Sasha Waltz & Guests
Le Théâtre des Champs-Élysées est une salle où il est régulièrement possible d’entendre ‘La Passion selon Saint-Jean’, et au cours des 15 ans du mandat de Michel Franck, de 2010 à 2025, l’ouvrage a été représenté en version de concert en moyenne tous les deux ans, depuis l’interprétation donnée par Ton Koopman et l’Amsterdam Baroque Orchestra and Choir en 2011, à celle dirigée par Mark Padmore avec l’Orchestra of the Age of Enlightenment en 2021.
En revanche, il faut remonter au 21 octobre 1985 pour retrouver une version scénique de ‘La Passion selon Saint-Jean’ jouée en ce lieu qui accueillit la production de La Fenice mise en scène par Luigi Pizzi et dirigée par William Christie.
Mais loin de reproduire une imagerie iconographique catholique surchargée, le spectacle de Sasha Waltz est d’une totale intériorité que onze danseuses et danseurs font vivre à partir d’un art du mouvement circulaire et de torsions des corps qui traduisent de façon esthétique et poignante la souffrance mais aussi la grâce de la résistance à cette souffrance.
Les hauts de la salle du Théâtre des Champs-Elysées
La nudité est d’emblée exposée pour exprimer le dépouillement et la fragilité de l’être humain, et elle s’insère tout au long de l’œuvre sous une lumière pénombrale caravagesque dont le sensualisme se fond au sentiment d’affliction engendré par le chant et la musique de Bach.
Par moments, la chorégraphe berlinoise a également recours à des à-coups théâtraux et des bruitages électroacoustiques pour marquer la violence que subit le Christ, mais les planches qui claquent en tombant au sol altèrent aussi la perception musicale ce qui fera réagir une partie du public. Plus loin, le percement du corps du Christ est suggérer par un ensemble de lances toutes pointées vers lui.
Le symbole du sang n’est néanmoins jamais évoqué.
Une très belle évocation d’un retable vivant est esquissée à partir d’un simple cadre dépliant où danseurs et musiciens prennent pose, toujours dans cet esprit de distanciation vis-à-vis de l’iconographie qui place la chair et le vivant au cœur du drame, et il y a aussi cette impressionnante plongée dans le noir, de toute la salle, au moment où le Christ se libère de la mort, ce qui rappelle le procédé qu’avait employé Dmitri Tcherniakov au Palais Garnier dans ‘Casse-Noisette’ pour signifier un changement de monde. Sauf que ce soir, l’orchestre continue de jouer dans le noir total.
Passion selon Saint-Jean
L’Ensemble Cappella Mediterranea voit d’ailleurs son unité rompue puisqu’il est divisé en deux sections chacune disposée au pied du cadre de scène côté cour, pour la première, où dirige Leonardo García-Alarcón, et côté jardin pour la seconde. Un fort intimisme se dégage de l’interprétation aux couleurs franches sans effet d’éthérisation prononcé, et la musicalité curviligne s’harmonise naturellement avec la fluidité du mouvement chorégraphique.
Quelques choristes complètent chacun des deux ensembles, mais la surprise provient de cet inhabituel écho des voix qui semble se réfléchir sur les parois circulaires donnant l’impression que le chant vient de toute part. Et ce, jusqu’à qu’une vingtaine de choristes assis parmi les spectateurs au parterre se lèvent, révélant ainsi leur présence et la raison de cet effet de spatialisation saisissant.
L’Ensemble Cappella Mediterranea
Les solistes du drame ont par ailleurs une expressivité qui permet d’apprécier les différences de caractérisation de chaque artiste de façon très nette. Christian Immler traduit la sagesse et l’humanité du Christ avec justesse et une douce humilité, Georg Nigl, en Pilate, a le mordant d’un prédateur et une posture d’une solidité inflexible, l’évangéliste de Valerio Contaldo s’emplit au fil de la soirée d’un dramatisme tragique de plus en plus ancré, Mark Milhofer se montre d’une inépuisable profondeur de souffle, ainsi que d’une tenue de ligne impeccable avec un timbre bien incarné, et Benno Schachtner distille une légèreté rêveuse et mélancolique bien plus diaphane.
Quant à Sophie Junker, elle met à genoux les cœurs dans la déploration finale où les danseurs autour d’elle expriment sentiments de consolation et d’apaisement par des mouvements et étreintes d’une poésie naturelle fort chaleureuse.
Valerio Contaldo, Georg Nigl, Christian Immler et Benno Schachtner
Salle pleine pour deux soirs seulement, le directeur, Michel Franck, ayant même cédé sa place à la jeunesse, on ressort de ce spectacle fortement imprégné de son atmosphère ambiguë et de ses très beaux jeux de lumières d’apparence simple dans leur mise en place, mais également très impressionné par la manière dont l’interprétation musicale renouvelle notre perception de la spiritualité des corps.
Leonardo Garcia Alarcon, Sasha Waltz et les danseurs
Dimanche 02 novembre 2024 sur France 3 à 00h20
Islands (Carolyn Carlson) - Théâtre antique de Vaison-la-Romaine
Dimanche 03 novembre 2024 sur France 5 à 14h35
Les clefs de l'orchestre de Jean-Francois Zygel - Roméo et Juliette (Tchaïkovski)
Dimanche 03 novembre 2024 sur Arte à 18h40
Le "Requiem" de Fauré au Panthéon
Dimanche 03 novembre 2024 sur Arte à 23h35
Don Giovanni (Mozart) - Festival de Salzbourg 2021
Mardi 05 novembre 2024 sur France 4 à 21h00
La Flûte enchantée (Mozart) - Théâtre des Champs-Elysées - dm Roth - ms Klapisch
Mardi 05 novembre 2024 sur France 4 à 23h45
Requiem de Mozart - Palau de la Musica Catalana - dm Pichon
Dimanche 10 novembre 2024 sur France 3 à 00h15
Félicien Brut, j'ai deux amours
Dimanche 10 novembre 2024 sur Arte à 18h45
L'accordéon selon Martynas Levickis
Dimanche 10 novembre 2024 sur Arte à 23h50
Wartime Elegy - Une soirée de ballet à l’Opéra national d'Ukraine
Lundi 11 novembre 2024 sur Arte à 01h15
Symphonie n° 9 (Mahler)- Mahler Festival Leipzig 2023
Mardi 12 novembre 2024 sur France 4 à 21h00
Gautier Capuçon à l'Olympia
Mardi 12 novembre 2024 sur France 4 à 22h40
Félicien Brut, j'ai deux amours
Vendredi 15 novembre 2024 sur Arte à 22h50
Whitney - Can I Be Me
Dimanche 17 novembre 2024 sur France 3 à 00h20
La Flûte enchantée (Mozart) - Théâtre des Champs-Elysées - dm Roth - ms Klapisch
Dimanche 17 novembre 2024 sur France 5 à 14h35
Gautier Capuçon à l'Olympia
Dimanche 17 novembre 2024 sur Arte à 18h40
Lang Lang au Carnegie Hall - Les grands moments de la musique
Lundi 18 novembre 2024 sur Arte à 00h20
Le couronnement de Poppée (Monteverdi) - Gran Teatre del Liceu, Barcelone
Mardi 19 novembre 2024 sur France 4 à 21h00
Le canard sauvage - Marit Moum Aune et le Ballet National de Norvège
Dimanche 24 novembre 2024 sur France 3 à 00h15
Hélène Grimaud à Polling, en Bavière
Dimanche 24 novembre 2024 sur France 5 à 14h35
Ravel : la grande soirée de ballets - Les Ballets de Monte-Carlo
Dimanche 24 novembre 2024 sur Arte à 18h45
Angela Gheorghiu chante La Traviata à Covent Garden
Lundi 25 novembre 2024 sur Arte à 00h55
Il Trittico (Puccini) - La Monnaie
Mardi 26 novembre 2024 sur Arte à 00h15
Adentro mío estoy bailando – The Klezmer Project
Mardi 26 novembre 2024 sur France 4 à 21h00 Les clefs de l'orchestre de Jean-Francois Zygel - Daphnis et Chloé
Mardi 26 novembre 2024 sur France 4 à 22h40 Madame Butterfly (Puccini) - Opéra national de Paris - ms Robert Wilson
Vendredi 29 novembre 2024 sur Gulli à 21h05
Ballerina (Film d'animation d'Eric Summer et Éric Warin) - deux jeunes gens cherchent à intégrer le Corps de Ballet de l'Opéra national de Paris
Dimanche 01 décembre 2024 sur France 3 à 00h15 Alice (Amir Hosseinpour et Jonathan Lunn) - Opéra national du Rhin - musique de Philip Glass
Dimanche 01 décembre 2024 sur France 5 à 14h35 Requiem de Mozart - Palau de la Musica Catalana
Dimanche 01 décembre 2024 sur Arte à 18h45 Le monde de Hans Zimmer
Dimanche 01 décembre 2024 sur Arte à 23h30 Miucha, la voix de la bossa nova
Lundi 02 décembre 2024 sur Arte à 01h10 Claudio Monteverdi - Vêpres de la Vierge - Cathédrale Saint-Pierre de Worms
Lundi 02 décembre 2024 sur Arte à 02h45 L'art de la danse : Cunningham
Mezzo et Mezzo HD
Vendredi 01 novembre 2024 sur Mezzo à 19h00
Scott Ross – Traces d’une étoile filante 1951 – 1989
Vendredi 01 novembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
A Midsummer Night’s Dream de Britten à l'Opéra de Lille
Vendredi 01 novembre 2024 sur Mezzo à 23h00
Le Chevalier à la rose de Richard Strauss
Samedi 02 novembre 2024 sur Mezzo à 20h30
La Traviata de Verdi au Gran Teatre del Liceu
Dimanche 03 novembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Rameau : Hippolyte et Aricie - Simon Rattle
Lundi 04 novembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Of Vineyards and Shoeboxes - In search of the perfect concert hall acoustics
Mercredi 06 novembre 2024 sur Mezzo à 20h30
William Christie dirige 'Titon et l'Aurore' de Mondonville à l'Opéra Comique
Vendredi 08 novembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Mitridate de Mozart au Staatsoper Berlin
Vendredi 08 novembre 2024 sur Mezzo à 23h20
'Adriana Lecouvreur' de Cilea à l'Opéra Royal de Wallonie Liège
Samedi 09 novembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Strauss : Arabella - Teatro Real de Madrid
Dimanche 10 novembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
John Adams : Nixon in China - Opéra de Paris
Lundi 11 novembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Arte Flamenco - 35 ans
Lundi 11 novembre 2024 sur Mezzo à 20h55
Rafael Riqueni, ser flamenco
Mardi 12 novembre 2024 sur Mezzo à 23h40
'La Femme sans ombre' de Strauss à Baden-Baden
Mercredi 13 novembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Monteverdi : l'Orféo - Opéra Comique de Paris
Vendredi 15 novembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Strauss : Salome - Opéra national de Paris
Vendredi 15 novembre 2024 sur Mezzo à 23h30
Haendel: Giulio Cesare - Jaroussky, Arquez, Devieilhe
Samedi 16 novembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Verdi : Un Ballo in maschera - Palau de les Arts, Valencia
Dimanche 17 novembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Mitridate de Mozart au Staatsoper Berlin
Lundi 18 novembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Paco de Lucía : Ombre et lumières
Mardi 19 novembre 2024 sur Mezzo à 23h20
Franck : Hulda - Gergely Madaras, Orchestre Philharmonique Royal de Liège
Mercredi 20 novembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Bellini: I Capuleti e i Montecchi - Opéra Royal de Wallonie Liège
Vendredi 22 novembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Rameau : Hippolyte et Aricie - Simon Rattle
Samedi 23 novembre 2024 sur Mezzo à 20h30
'Ernani' de Verdi au Palau de les Arts de Valence
Dimanche 24 novembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Strauss : Salome - Opéra national de Paris
Dimanche 24 novembre 2024 sur Mezzo HD à 22h45
La Petite Renarde rusée de Leoš Janáček à l'Opéra de Paris
Dimanche 24 novembre 2024 sur Mezzo à 23h30
Pierre Henry n'est pas mort
Lundi 25 novembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Andrés Segovia à Los Olivos
Mercredi 27 novembre 2024 sur Mezzo à 20h30
'The Perfect American' de Philip Glass au Teatro Real de Madrid
Vendredi 29 novembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
John Adams : Nixon in China - Opéra de Paris
Vendredi 29 novembre 2024 sur Mezzo à 23h25
Strauss : Arabella - Teatro Real de Madrid
Samedi 30 novembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Puccini : Madama Butterfly - Opéra National Grec
Dimanche 01 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Monteverdi : L'Orfeo - Festival d'Opéra Baroque de Bayreuth
Dimanche 01 décembre 2024 sur Mezzo à 23h50
Of Vineyards and Shoeboxes - In search of the perfect concert hall acoustic
Web : Opéras en accès libre (cliquez sur les titres pour les liens directs avec les vidéos)
The Time of our singing (Kris Defoort – 14 septembre 2021, La Monnaie)
Représentation du 27 octobre 2024
La Monnaie de Bruxelles
Delia Daley Claron McFadden
William Daley Mark S. Doss
David Strom Simon Bailey
Jonah Levy Sekgapane
Joey Peter Brathwaite
Ruth Abigail Abraham
Lisette Soer Lilly Jørstad
Robert Rider Hervé Loka Sombo (rôle muet)
Direction musicale Kwamé Ryan
Mise en scène Ted Huffman (2021)
Orchestre de chambre de la Monnaie
Ensemble de jazz (Robin Verheyen, Lander Gyselinck, Nicolas Thys, Hendrik Lasure)
Chœur d’enfants Equinox Coproduction LOD Muziektheater (Gand), Theater St Gallen
Ouvrage récompensé par l’International Opera Awards comme la ‘Meilleure Création Mondiale’ de la saison 2021 / 2022', ‘The Time of our singing’ est repris trois ans plus tard à la Monnaie de Bruxelles, et c’est à une œuvre très touchante et chaleureuse qu’il est possible d’assister en ce début d’automne, de par la manière dont l’histoire d’amour entre une jeune musicienne noire originaire de Philadelphie et un physicien juif allemand est racontée en nous faisant traverser l’Histoire américaine et ses injustices vis à vis de la communauté noire au XXe siècle.
Simon Bailey (David Strom) et Levy Sekgapane (Jonah)
Décor dépouillé, la scène est simplement entourée de tables de classe sur tout son pourtour, et un tableau étendu en arrière plan remémore les noms de civils noirs ayant été victimes de meurtres depuis la guerre civile à aujourd’hui. Parmi ces noms se discerne celui de Delia Daley qui disparaîtra dans un incendie que sa fille, Ruth, estimera être intentionnel.
Et au dessus de ce tableau mémoriel, des vidéos noir et blanc évoquent le contexte historique en commençant par le récital de Marian Anderson interprété au Lincoln Memorial de Washington le 09 avril 1939 devant plus de 75 000 spectateurs, la contralto afro-américaine s’étant vu refuser l’accès au Constitution Hall par les ‘Filles de la Révolution américaine’.
Elle sera plus tard la première cantatrice noire à apparaitre sur la scène du MET, le 07 janvier 1955, pour chanter le rôle d'Ulrica dans 'Un Ballo in maschera' de Giuseppe Verdi.
Au cours de cette histoire basée sur le roman éponyme de Richard Powers, la question raciale est abordée par le biais de la famille Daley.
Claron McFadden, soprano New-yorkaise installée dorénavant aux Pays-Bas qui célébrera ses 40 ans de carrière l’année prochaine, joue avec beaucoup de finesse et de profondeur le personnage de Delia Daley en montrant par ses sourires naturels comment elle entend dépasser les préjugés raciaux qui existent même au sein de sa propre famille.
Car son père, William (incarné par la présence autoritaire de Mark S. Doss), considère que les noirs ne peuvent se défaire de leur groupe d’origine. Il y a donc ici un conflit d’appartenance entre un communautarisme qui souhaite s’imposer à l’individu, d'une part, et l'envie de faire partie d'une société unifiée, d'autre part.
Levy Sekgapane (Jonah) et Claron McFadden (Delia)
L’idéal de Delia et de son fils, Jonah, chanté avec un timbre tendre et poétique par Levy Sekgapane, ténor sud-africain qui mûrit actuellement un parcours très assuré dans les interprétations belcantistes, se sublime par la manière dont tous deux voient dans leur parcours lyrique l’aboutissement d’un universalisme humaniste, alors que Ruth, la sœur de Jonah, mue par une volonté revendicative qui se traduit dans la gestuelle scénique vive d' Abigail Abraham, préférera développer un art du chant plus proche de ses racines à travers une école qu’elle va dédier aux jeunes avec l’aide de son autre frère, Joey (Peter Brathwaite).
Cela permettra en dernière partie d’entendre le chœur d’enfants Equinox entraîner le public sur un air entêtant qui sera repris en bis au rideau final face à une salle acquise et debout.
Abigail Abraham (Ruth), Levy Sekgapane (Jonah) et Peter Brathwaite (Joey)
Quand Jonah les rejoint, il comprend tout l’intérêt de la démarche qui devient un moyen de concilier le besoin d’émancipation par l’art tout en restant connecté à la vie d’aujourd’hui et de ses difficultés. Et ce d’autant plus que les violences policières vis-à-vis des populations noires se poursuivent.
Et brutalement, le chœur d’enfants met sans dessus-dessous la scène au moment des émeutes survenues à Los Angeles en 1992 lors de l’acquittement des agresseurs de l’activiste Rodney King.
Chœur d’enfants Equinox
La musique qu’a composé Kris Defoort, qui en est à son quatrième ouvrage à la Monnaie après ‘The Woman who walked into doors’ (2001), ‘House of the sleeping beauties’ (2009) et ‘Daral Shaga’ (2014), inclut des parties jazzy et feutrées jouées à la batterie, un accompagnement délicat au piano qui accroît le sentiment d’intimité des relations humaines, un saxophone qui induit une narration sentimentale et rêveuse, alors que l’écriture des cordes tend à diffracter leurs sonorités en mille discrets chatoiements, ce qui crée du relief et des aspérités qui évitent d’entendre un flot trop coulant et uniforme.
Lilly Jørstad (Lisette Soer) et Levy Sekgapane (Jonah)
Kwamé Ryan - les parisiens se souviennent peut-être qu'il interprétait en 2004 'L'Espace dernier' de Matthias Pintscher à l'Opéra Bastille - dirige l’Orchestre de chambre de la Monnaie dans un esprit d’osmose avec les musiciens et la scène qui se retrouve dans sa souplesse de lecture et sa maîtrise sonore qui invitent à un climat convivial et généreux.
Et c'est autant plus sensible que la direction d’acteurs de Ted Huffman s’inscrit continuellement dans la sobriété et la justesse.
Claron McFadden, Kwamé Ryan, Levy Sekgapane, Peter Brathwaite et Abigail Abraham
Et voir à quel point cet ouvrage contemporain peut réunir des publics très différents laisse penser que Peter Gelb pourrait-être intéresser pour le porter sur la scène du New-York Metropolitan Opera afin de lui donner un impact encore plus grand.
Donnerstag aus Licht - Acte III (Karlheinz Stockhausen - 03 avril 1981, La Scala de Milan)
Concert du 26 octobre 2024
Philharmonie de Paris
Grande salle Pierre Boulez
Michaël Safir Behloul (ténor), Henri Deléger (trompette), Emmanuelle Grach (danse)
Eve Elise Chauvin (soprano), Iris Zerdoud (cor de basset), Suzanne Meyer (danse)
Lucifer Damien Pass (basse), Mathieu Adam (trombone), Frank Gizycki (danse)
Une vieille dame Bernadette Le Saché
Michael adolescent Ilion Thierrée
Direction musicale Maxime Pascal
Mise en scène Benjamin Lazar
Ensemble Le Balcon
Étudiants du Conservatoire de Paris
Étudiants du Pôle Sup'93 Le Jeune Chœur de Paris - Département supérieur pour jeunes chanteurs, CRR de Paris Orchestre Impromptu
Quatre ans, jour pour jour, après avoir dirigé'Dienstag aus Licht'dans la grande salle de la Philharmonie, probablement le plus spectaculaire des sept volets du cycle 'Licht', Maxime Pascal revient avec son ensemble Le Balcon, renforcé par les cordes de l'Orchestre Impromptu, pour interpréter le 3e acte de 'Donnerstag aus Licht' dans une scénographie spatio-temporelle qui inspire pleinement à un mysticisme subtil en s'appuyant sur la puissance et les possibilités qu'offre la grande salle de la Philharmonie.
Ce spectacle avait été donné à l’Opéra Comique en novembre 2018, puis repris à la Philharmonie en novembre 2021 mais sans le 3e acte, les contraintes de la pandémie ne le permettant pas.
Donnerstag aus Licht - Acte III
Ce dernier acte repris ce soir se décompose en deux parties, la première, 'Festival', dont le climax est le combat entre Michaël et Lucifer, et la seconde, 'Vision', qui est une réflexion sur ce qu'est l'être humain et comment Lucifer cherche à l'empêcher dans sa quête d'absolu.
Les musiciens sont disposés en arrière scène sur une large estrade sur laquelle repose un grand gong.
Des faisceaux lumineux pointent au dessus de lui pour y projeter quelques mots, et cet ensemble va de plus en plus évoquer la vision du centre d'un système solaire où l'humanité se retrouverait pour y régler ses comptes. Cette impression s’accroît avec la distance à la scène que permet la salle.
Damien Pass (Lucifer)
Au début, des chœurs descendent des escaliers vers la scène en frontal, avant de se disperser, et l'on entendra pas la suite ces voix invisibles venir de toutes parts y compris des moindres interstices du fond de parterre. Les cordes instillent une atmosphère évanescente, un fond omniprésent, et les cuivres agissent comme des stimuli qui commentent l’action de façon vive et haut-en-couleur avec un sens du burlesque qui se manifeste lors du combat entre Michaël et Lucifer, rendu ici de façon assez ludique.
Lucifer perd et s'en va à travers les hauteurs de la Philharmonie en scandant de façon répétitive à Michaël ‘Du bist ein Narr!' (‘Tu es un imbécile!’). A priori, on peut y voir une simple réaction à une déception humaine, mais ceci se déroule à travers un espace si vaste que l’on ne peut s’empêcher de voir, mais de manière très personnelle, comme une métaphore de la manifestation du chaos dans la formation de la vie de notre système solaire.
En effet, on a au centre de la scène un couple qui s’aime et qui se retrouve devant un gong en forme de Soleil, des musiciens qui pourraient symboliser une force environnante hors du temps et impalpable, et un Lucifer venu de l’extérieur de ce système et qui perturbe la vie qu'il abrite mais sans réussir à la détruire, et qui finalement repart dans le cosmos - en y associant la texture étrange de la musique, un rapprochement naturel s'opère entre le personnage de Lucifer, incapable de participer à la société, et le 'Wozzeck' d'Alban Berg -.
En seconde partie, Michaël le présentera comme un ange noble qui s’est révolté à la création de l’homme, une force qui vise à empêcher chaque individu d'avancer dans sa propre construction humaine.
Ilion Thierrée (Michael adolescent) et Bernadette Le Saché (Une vieille dame)
L’ésotérisme de la musique et les symboles qui apparaissent dans ce spectacle augmentent ainsi l’espace de jeu, tel ce chiffre ‘9’ qui surgit indirectement à travers 3 groupes de 3 faisceaux lumineux verticaux qui résonnent avec les trois formes que chacun des trois êtres, Michaël, Eve et Lucifer, prend sous les traits d’un chanteur, d’un danseur et un d’instrumentiste, comme en écho aux ‘9’ planètes qui gravitent autour de notre étoile (dans les année 80, Pluton était encore considérée comme une planète).
Cette évocation montre ainsi comment cette mise en scène, magnifiquement insérée dans la salle Boulez, et les éléments hypnotiques contenus dans la musique de Stockhausen ont la capacité à ouvrir les limites du temps tout en nous maintenant connectés à l’essence de la vie qui s'anime devant nos yeux.
L’utilisation des lumières, notamment sur le plafond de la Philharmonie qui se pare de mille reflets orangés, renforce le sentiment d’unité individuelle et collective de ce spectacle grandiose qui, quelque part, peut aussi donner l'impression de vivre une grande cérémonie panthéiste.
Maxime Pascal, Benjamin Lazar, Damien Pass et Richard Wilberforce (Chef de chœur)
Tous ces artistes sont évidemment épatants, que ce soit Elise Gauvin qui surpasse en puissance l’orchestre et les chœurs, Damien Pass, ancien élève de l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris, en Lucifer, excellent comédien d’une très grande présence, y compris dans l’utilisation inventive de ses inflexions de voix, Safir Behloul, qui rend une pureté humaniste à Michaël, ou bien Maxime Pascal qui porte à bout de bras vifs et majestueux les grands mouvements orchestraux pour galvaniser tous les musiciens.
Par ailleurs, les instrumentistes solistes Henri Deléger (trompette), Iris Zerdoud (cor de basset) et Mathieu Adam (trombone) soignent couleurs et précision sonore qui se magnifient naturellement dans l'acoustique immersive de la grande salle.
Enfin, les fascinants effets polyphoniques des chœurs participent de façon déterminante à la formidable sensation d'irréalité qui innerve cette œuvre atypique.
Ensemble, ils réussissent ainsi à dépasser la complexité d’agencement de cette production pour induire chez le spectateur non seulement le merveilleux sentiment de mystère qu'il vient éprouver, mais aussi un grand sentiment d'admiration pour avoir su rendre l'intemporalité de cet acte foisonnant.