Publié le 24 Décembre 2024

Visite de l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet avec l’Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris (AROP) - 14 novembre 2024

Inauguré le 07 janvier 1883, l’Eden Théâtre était un grand théâtre, véritable palais du divertissement de style indien situé sur la rue Boudreau, à quelques pas du Palais Garnier, qui connut les premières parisiennes de ‘Lohengrin’ de Richard Wagner, le 03 mai 1887, d’’Ali Baba’ de Charles Lecocq, le 28 novembre 1889, et de ‘Samson et Dalila’ de Camille Saint-Saëns, le 31 octobre 1890.

Les artisans qui contribuèrent à l’édification du théâtre furent les mêmes que ceux qui participèrent à la construction du Palais Garnier, inauguré le 05 janvier 1875.

Entrée principale de l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet, square de l’Opéra

Entrée principale de l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet, square de l’Opéra

Mais cette salle, renommée successivement Théâtre Lyrique – il ne s’agit toutefois pas du célèbre Théâtre Lyrique dont la salle avait été détruite en 1871 – puis Grand Théâtre, ferma pour raisons économiques et fut démolie, hormis un de ses trois foyers qui marchait bien et qui avait été reconverti dès 1893 en un théâtre dédié à la musique et à la danse. 

Créations parisiennes de 'Lohengrin', 'Ali Baba' et 'Samson et Dalila' à l'Eden Théâtre

Créations parisiennes de 'Lohengrin', 'Ali Baba' et 'Samson et Dalila' à l'Eden Théâtre

D'une capacité d'environ 500 places, le théâtre prit le nom de Comédie Parisienne en 1893 – c’est ici que la pièce d’Oscar Wilde, ‘Salomé’, sera créée le 11 février 1896 -, puis fut à nouveau transformé en 1896, ce qui engendra notamment le déplacement de sa façade de style Art nouveau, parcourue de fleurs courbes d’inspiration féminine, du côté du square de l’Opéra afin de rendre son accès plus simple et plus intime.

Ce théâtre était l’un des premiers théâtres électrifiés de la capitale, le désastre de l’incendie de la salle Favart, le 25 mai 1887, ayant entraîné l’obligation de passer tous les théâtres à l’éclairage électrique.

A partir de 1899, Abel Deval y programma des œuvres de Tristan Bernard, Henry Bataille, Jean Richepin, Louis Verneuil, Robert de Flers et Arman de Caillavet.

Hall d'accueil de l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet

Hall d'accueil de l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet

En 1934, Louis Jouvet, acteur, metteur en scène mais aussi directeur de la Comédie des Champs-Élysées, reprit l’Athénée, renommé ainsi depuis l'inauguration de 1896, ce qui enclencha un changement de répertoire. Homme de théâtre complet, il travailla avec le peintre et décorateur Christian Bérard, ainsi que le couturier Christian Dior. Il sera le premier à utiliser de la musique enregistrée.

On lui doit la réalisation de l’actuel rideau de fer de la scène recouvert d’un très beau papier peint doré qui date de l’époque du directeur.

Il fit cependant un malaise lors d’une répétition, le 14 août 1951, et décéda deux jours plus tard au sein du théâtre. Les obsèques furent célébrées à l’église Saint-Sulpice le mardi 21 août, mais vingt mille admirateurs ne purent entrer dans la nef.

Visite des coulisses au cœur de l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet

Puis, en 1977, Pierre Bergé racheta et rénova le théâtre. Il créa les ‘Lundis musicaux’ pour accueillir de grandes voix lyriques, soit plus de 250 récitals avec des chanteurs tels Plácido Domingo, Luciano Pavarotti, Marilyn Horne, José van Dam, Teresa Berganza, Jessye Norman, Montserrat Caballé, Kiri Te Kanawa, Ruggero Raimondi, Felicity Lott, Barbara Hendricks, aventure exceptionnelle qui durera jusqu’en 1989.

C’est seulement en 2014 qu’Alphonse Cemin, ancien membre de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris, décida de remonter les ‘Lundis musicaux’ pour accueillir des chanteur actuels.

Salle Louis-Jouvet

Salle Louis-Jouvet

Pierre Bergé créa également, à la place de l’ancienne réserve de costumes de Louis Jouvet située dans les combles, une petite salle de 90 places baptisée du nom de Christian Bérard.

Initialement dédiée à Yves Saint-Laurent pour qu’il puisse s’essayer à la mise en scène, cette salle est désormais destinée à des cycles de jeunes créations, et soutient notamment l’association ‘Prémisses’ qui accueille en 2024 des spectacles tels ‘La Cavale’ de Noham Selcer mis en scène par Jonathan Mallard, dont le monologue interprété par Ambre Febvre interroge l’origine de la peur ancestrale.

Chaque année, ce sont huit projets joués pour 10 représentations chacun qui sont présentés au public.

Salle Christian-Bérard

Salle Christian-Bérard

En 1982, Pierre Bergé revend cependant le théâtre pour 1 franc symbolique au Ministère de la culture qui en assurera la tutelle. Jack Lang confie la direction à Josyane Horville afin d’offrir un outil de travail aux compagnies subventionnées pour y produire du théâtre pur. Chaque metteur en scène aura la scène pour trois mois, et, au total, une centaine de compagnies seront invitées.

La salle Louis-Jouvet vue de la galerie

La salle Louis-Jouvet vue de la galerie

Puis, Josyane Horville laissa la place à Patrice Martinet en 1993 qui lança une importante campagne de travaux de 1996 à 1997. A cette occasion, fut révélée la présence d’une fosse d’orchestre, ce qui permit d’envisager une programmation musicale. Initialement prévue pour 15 musiciens, cette fosse fut étendue de façon à accueillir jusqu’à 35 musiciens.

Depuis les hauts des cintres de l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet

Depuis les hauts des cintres de l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet

La scène fait actuellement 8m par 8m de largeur et de profondeur, et 6 m de hauteur jusqu’au lambrequin qui orne la partie supérieure.

Un système de perches et un système de commande en chambre permettent de supporter et manœuvrer les décors, mais il est aussi possible d’œuvrer en manuel, ce qui permet de faire des réglages plus fins auprès des comédiens, sans faire de bruit.

Système de commande des perches

Système de commande des perches

Depuis les passerelles, il est possible de voir les tiges en acier avec les commandes en chambre et tout le système qui permet de manipuler les perches.

Ainsi, une fois les pains de contrepoids installés, il n y a plus d’effort physique à faire pour manipuler les perches.

L'envers du plafond du lustre de la salle

L'envers du plafond du lustre de la salle

Au même niveau des passerelles, il est aussi possible de voir le dessus du plafond du lustre de la salle, recouvert de plâtre peint, où subsistent quelques restes de l’Eden Théâtre.

Détails restants de l'Eden Théâtre

Détails restants de l'Eden Théâtre

La salle comprend 216 places à l’orchestre, 154 en corbeille, 122 au balcon et 57 en galerie, soit 549 places au total.

A l’origine, il y avait deux entrées, l’une principale pour l’orchestre et la corbeille, la seconde pour le balcon et la galerie.

Cela a changé depuis, et tout le monde pénètre dorénavant dans le théâtre par la même entrée.

Couloir de corbeille de l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet

Couloir de corbeille de l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet

Enfin, une rénovation eut lieu en 2016 et 2017 afin de revoir la décoration intérieure, et depuis 2021, ce sont Olivier Poubelle et Olivier Mantei qui assurent la direction du théâtre, désireux tous deux d’associer l’Athénée au Théâtre des Bouffes du Nord.

Le foyer-bar de l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet vu depuis le foyer-mezzanine

Le foyer-bar de l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet vu depuis le foyer-mezzanine

Le lien vers le site de l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet https://www.athenee-theatre.com/

Le lien vers le site de Premisses Production https://premissesproduction.com/le-projet/

Le lien vers le site du Théâtre des Bouffes du Nord https://www.bouffesdunord.com/

Le lien vers le site de l' AROP : https://arop.operadeparis.fr/

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Publié le 23 Décembre 2024

La Reine des neiges (Aniko Rekhviashvili – Kyiv, version originale 2016)
Version remaniée du 23 décembre 2022 ( Kyiv)
Livret d’Aniko Rekhviashvili et Oleksiy Baklan
Représentation du 21 décembre 2024
Théâtre des Champs-Élysées

La Reine des neiges Iryna Borysova
Gerda Tatyana Lyozova
Kai Yaroslav Tkachuk
Et aussi Kateryna Kurchenko, Oleksandr Skultin, Olena Karandeeva, Ivan Avdievskyi, Tetiana Sokolova, Kateryna Didenko, Maria Kirsanova, Clément Guillaume, Nikita Kaigorodov, Olesya Vorotniuk, Natalya Yakymchuk, Oleksiy Shidkyi, Denis Turchak
Corps de ballet de l’Opéra national d’Ukraine.

Direction musicale Sergii Golubnychyi
Orchestre Prométhée

Diffusion sur France 5 le vendredi 03 janvier 2025 à 21h05 (durée 1h40)

Inspiré par le Conte de Hans Christian Andersen ‘La Reine des neiges’ (1844), le ballet chorégraphié par Aniko Rekhviashvili (1963-2019) connut sa première à l’Opéra de Kyiv le 03 juillet 2016 sous la direction d’Oleksiy Baklan.

Son livret ne reprend pas l’intrigue originale mais la réadapte pour lui donner une résonance plus actuelle en racontant l’histoire de Gerda partie à la recherche de son ami, Kay, dont le cœur a été changé en glace par la Reine des neiges, femme très sûre d’elle qui a été fascinée par le jeune homme.

Iryna Borysova (La Reine des neiges) et Yaroslav Tkachuk (Kai)

Iryna Borysova (La Reine des neiges) et Yaroslav Tkachuk (Kai)

Sur son parcours, la jeune Gerda rencontrera un jardin magique, deux corneilles, un Prince et une Princesse tout juste mariés, puis des voleurs, avant d’atteindre le Palais glacé de la Reine des neiges où la pureté de la jeune fille viendra à bout du sortilège.

Tatyana Lyozova (Gerda)

Tatyana Lyozova (Gerda)

Initialement, la trame musicale de ‘La Reine des neiges’ était conçue sur un assemblage de musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski, Anatoli Liadov, Alexandre Glazounov, Arthur Rubinstein, Jules Massenet et Edvard Grieg, mais la guerre, menée à grande échelle par la Russie contre l’Ukraine, obligea à réviser complètement la partition.

Yaroslav Tkachuk (Kai) et Tatyana Lyozova (Gerda)

Yaroslav Tkachuk (Kai) et Tatyana Lyozova (Gerda)

Mykola Dyadyura, le directeur de l’Opéra de Kyiv, le chorégraphe Viktor Ishchuk et le chef d’orchestre Sergii Golubnychyi rejoignirent l’équipe de production pour élaborer une nouvelle architecture musicale qui supprime les références aux compositeurs russes. 

Yaroslav Tkachuk (Kai) et Tatyana Lyozova (Gerda)

Yaroslav Tkachuk (Kai) et Tatyana Lyozova (Gerda)

Ils utilisèrent à leur place des compositions de Johan Strauss - ce qui peut surprendre en première partie -, Jacques Offenbach, Augusta Holmès, et même l’inattendu Intermezzo de ‘Cavalleria Rusticana’ de Pietro Mascagni lorsque Gerda rêve mélancoliquement au retour de son ami.

Cette nouvelle version sera jouée le 23 décembre 2022 à Kyiv avant de débuter une tournée internationale qui passe ce soir au Théâtre des Champs-Élysées, et s'y installe pour deux semaines.

Le jardin magique

Le jardin magique

Visuellement, les éclairages créent des ambiances aux teintes de bleue, mauve ou vert qui se fondent avec beaucoup de poésie et brillant aux dessins des décors, créant ainsi une atmosphère naïve et fantaisiste plaisante à regarder – le premier tableau représentant un village enneigé bordant un lac glacé où les danseurs semblent faire du patin à glace est très touchant -, à laquelle s’instille avec subtilité des effets vidéographiques animés.

Scène de rencontre entre Gerda et les deux corneilles

Scène de rencontre entre Gerda et les deux corneilles

La variété des scènes induit un renouvellement constant, d’autant plus que les musiques disparates changent également souvent, même si se ressentent des discontinuités de genres qui donnent surtout l’impression d’assister à un patchwork de scènes manquant d’unité musicale.

Yaroslav Tkachuk (Kai)

Yaroslav Tkachuk (Kai)

Une centaine de personnages sont ainsi incarnés par une soixantaine de danseuses et danseurs, et les chorégraphies comprennent de grands ensembles et des pas classiques dans les scènes du village, du Palais Royal ou du Palais de la Reine des neiges, mais aussi des mouvements plus modernes, notamment avec les quatre diablotins ou bien le très virtuose tableau des brigands dansé sur des musiques traditionnelles, dans la veine de Pavlo Virsky, pour donner une empreinte identitaire, voir orientaliste, au ballet.

La chef des voleurs

La chef des voleurs

Les trois danseurs principaux défendent avec beaucoup de noblesse et justesse leurs caractères, Iryna Borysova donnant une majestueuse impression de fluidité aristocratique à la Reine, alors que Yaroslav Tkachuk incarne un Kai puissant et racé – quelle magnifique portée acrobatique dans le somptueux pas de deux final! – tout en représentant idéalement une forme de romantisme classique aux lignes épurées. Quant à Tatyana Lyozova, d’une très belle souplesse de geste, elle danse tout en laissant transparaître de petits signes de joie qui décrivent un être qui croit en la vie.

Yaroslav Tkachuk (Kai) et Tatyana Lyozova (Gerda)

Yaroslav Tkachuk (Kai) et Tatyana Lyozova (Gerda)

Se distingue aussi la verve du Prince du château royal et la célérité provocante de la chef des voleurs, et il y a même un danseur français parmi la troupe, Clément Guillaume, pour rendre une ardeur enjouée au chef de gang.

Iryna Borysova (La Reine des neiges)

Iryna Borysova (La Reine des neiges)

Dans la fosse, Sergii Golubnychyi obtient de l'Orchestre Prométhée une lecture soignée, bien réglée sur le rythme des danseurs, attentif au contraste des couleurs qui s’épanouit le mieux dans les très beaux pas de deux que recèle ce spectacle accompli et bien à propos pour accompagner la période réflexive de Noël.

Iryna Borysova, Yaroslav Tkachuk et Tatyana Lyozova

Iryna Borysova, Yaroslav Tkachuk et Tatyana Lyozova

Musiques de la partition de 'La Reine des Neiges' (version de décembre 2022)

J. Strauss : Wiener Blut | Sang viennois - Valse
J. Massenet : Visions, poème-symphonique - épisode 1
H. Berlioz: Symphonie fantastique - Mouvement II
J. Massenet: Visions, poème-symphonique - épisode 2
E. Waldteufel: Les patineurs - Valse
A. Ponchielli: Danza delle Ore, extrait de La Gioconda
P. Mascagni: Intermezzo de Cavalleria rusticana
E. Grieg: Peer Gynt - Retour à la maison
E. Grieg: Peer Gynt - Danse d'Anita
J. Massenet: Suite d'orchestre n°4 - "Scènes pittoresques" - I. Marche & IV. Fête bohème
J. Offenbach: Mazurka extrait du ballet Le Papillon
J. Massenet: Le Cid - Aragonaise & Acte 2: Navarraise . National
A. Holmes: Andromède, poème symphonique - épisode 1
A. Holmes: Roland Furieux
A. Holmes: Andromède, poème symphonique - épisode 2
A. Holmes: La Nuit et l'Amour

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Publié le 16 Décembre 2024

Concerto pour violoncelle (Édouard Lalo – 9 décembre 1877, Concerts populaires Paris)
Symphonie n°8 (Anton Bruckner – 18 décembre 1892, Vienne)
Concert du 15 décembre 2024, 14h
Notre-Dame du Perpétuel Secours – Paris

Direction musicale Othman Louati
Orchestre Impromptu
Violoncelliste Askar Ishangaliyev
(ensemble Le Balcon)

 

                                                                Othman Louati

Après la 6e symphonie de Gustav Mahler jouée à l’entrée de l’hiver dernier, l’Orchestre Impromptu, grand orchestre amateur de plus de cent musiciens fondé en 1994, propose à l’approche de Noël d’écouter deux ouvrages qui connurent leur première un mois de décembre, le Concerto pour violoncelle d’Édouard Lalo (9 décembre 1877) et la 8eme symphonie d’Anton Bruckner (18 décembre 1892).

Quatre concerts seront donnés en une semaine, l’un à la paroisse Saint-Gabriel, près du square Sarah Bernhardt, deux autres à l’église Saint-Marcel, boulevard de l’Hôpital, et un quatrième, en ce dimanche, à Notre-Dame du Perpétuel Secours, dans le quartier de Ménilmontant, qui se distingue à l’extérieur par sa flèche très haute et effilée.

Préparation de l'Orchestre Impromptu

Préparation de l'Orchestre Impromptu

La virtuosité du violoncelle est mise à l’honneur en ce début d’après midi avec la pièce concertante qu’Édouard Lalo lui a dédié. Askar Ishangaliyev, soliste de l’Ensemble Le balcon, invite à entendre tout ce que cet instrument a de suavité expressive, mêlant vivacité de traits et attention à homogénéité d’un son riche en vibrations aux teintes pleinement ambrées.

Le violoncelle se détache sensiblement, étant mis au premier plan de par sa position légèrement surélevée située en avant de l’orchestre, si bien que la configuration de l’ensemble a tendance à fondre fortement le délié orchestral, créant une large nappe enveloppante mais moins bien définie. 

A travers cette musique, les motifs subtilement orientalistes que l’on entend, tout en admirant les arches du chœur de l’église, sont du plus bel effet.

Askar Ishangaliyev (Violoncelliste) et Othman Louati

Askar Ishangaliyev (Violoncelliste) et Othman Louati

Après une courte pause, la 8e symphonie de Bruckner replace cependant l’orchestre au premier plan; surtout que ce dernier enclenche un premier mouvement monumental mené avec une noirceur qui s’exprime avec une telle intensité qu’elle en réveillerait les morts. Le regard porté sur la structure gothique de la nef centrale, peu éclairée dans sa partie supérieure, tend même à accentuer la froideur que les jeux d’ombres inspirent sous l’emprise d’une telle musique.

Othman Louati dirige ainsi avec une grande énergie et un allant décomplexé qui auraient pu s’avérer fracassants dans un tel édifice. Pourtant, les cuivres résonnent de tout leur éclat sur les parois latérales de façon spectaculaire, les cors créent des impressions austères plus lointaines mais avec du souffle, et les cordes font entendre aussi bien ces évanescences irréelles romantiques que l’on aime tant chez Bruckner, que des moirures au brillant vif et scintillant qui surplombent la masse instrumentale. Les percussions ont également une très bonne netteté.

Notre-Dame du Perpétuel Secours – Paris

Notre-Dame du Perpétuel Secours – Paris

Il n’est pas toujours évident de dégager ainsi le relief orchestral dans une acoustique qui a tendance à noyer les ondes les plus graves, mais que de poésie quand les lignes des motifs s’évanouissent dans la nef, et surtout quelle constance dans la tension vitale qui est insufflée et qui contribue à donner du nerf sans relâche aux musiciens!

Sous le geste ferme et architectural du chef d’orchestre, la ferveur épique l’emporte grandement dans un tel cadre, mais il y a aussi cette impression, tout au long de l’interprétation, qu’il s’agissait d’une lutte entre des forces sombres et des aspirations à la lumière et à la légèreté de la vie.

L'Orchestre Impromptu

L'Orchestre Impromptu

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Publié le 14 Décembre 2024

L’Oiseau de Feu (Igor Stravinsky
25 juin 1910, Opéra de Paris)
Daphnis et Chloé, suite n°2 (Maurice Ravel

08 juin 1912, Théâtre du Châtelet)
Valse (Maurice Ravel

12 décembre 1920, Concerts Lamoureux, Paris)
Bis : Boléro (Maurice Ravel

22 novembre 1928, Opéra de Paris)

Concert du 09 décembre 2024
Grande salle Pierre Boulez
Philharmonie de Paris

Direction musicale Teodor Currentzis
Orchestre de l’Opéra national de Paris

Chef d’orchestre énormément apprécié par Gerard Mortier qui le fit découvrir au public parisien à travers les lectures verdiennes de 'Don Carlo' et ‘Macbeth’ représentées à l’opéra Bastille respectivement en juillet 2008 et mai 2009, Teodor Currentzis célèbre cette année ses 20 ans de trajectoire artistique extraordinaire depuis la fondation de son premier ensemble, Musica Aeterna, en 2004 au même moment où il devint le chef d’orchestre principal de l’opéra de Novossibirsk.

Cette même année, il dirigea ‘Aida’ dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov qui sera récompensée d’un ‘Masque d’Or’.

Teodor Currentzis

Teodor Currentzis

Depuis, les collaborations se sont poursuivies avec ce génial metteur en scène (‘Macbeth’ – Paris 2009, ’Wozzeck’ – Bolshoi 2009), puis, quelques années plus tard, avec Peter Sellars (‘Iolanta/Perséphone’ – Madrid 2012,  ‘The Indian Queen’ – Madrid 2013, ‘La Clémence de Titus’ – Salzbourg 2017, ‘Idomeneo’ – Salzbourg 2019) et Romeo Castellucci (‘Le Sacre du Printemps’ – Ruhrtriennale 2014, ‘Jeanne au Bûcher’ – Perm 2018, ‘Don Giovanni’ – Salzbourg 2021, ‘Le Château de Barbe-Bleue/De Temporum fine comœdia’ – Salzbourg 2022).

Teodor Currentzis est ainsi un artiste qui a à dire dans tous les répertoires, du Baroque au contemporain, en passant par les grands compositeurs du XIXe siècle ('Das Rheingold' - Ruhrtriennale 2015), faisant entendre des couleurs, des ornementations et des rythmes souvent inhabituels dans ces ouvrages. Il a dorénavant créé un nouvel ensemble, Utopia, qui  regroupe depuis 2022 des musiciens du monde entier dont certains sont Russes et Ukrainiens.

Musiciens de l'orchestre de l'Opéra national de Paris

Musiciens de l'orchestre de l'Opéra national de Paris

Pour ses retrouvailles avec l’orchestre de l’Opéra national de Paris, 15 ans après ‘Macbeth’, le chef d’orchestre greco-russe a choisi un programme classique et couramment enregistré qui regroupe deux œuvres de commande de Serge Diaghilev pour les scènes parisiennes, ‘L’Oiseau de Feu’ de Stravinsky et un extrait de ‘Daphnis et Chloé’, la suite n°2, de Maurice Ravel, complété par une apothéose, ‘La Valse’, née également sous l’impulsion du fondateur des Ballets russes.

La souplesse avec laquelle il dirigera ce soir la phalange parisienne sera un enchantement de bout en bout. Dans ‘L’Oiseau de Feu’, il obtient un son d’un velouté somptueux, les motifs sombres serpentent sous une tension éclatante, et il entraîne les bois dans des jeux de courbes orientalistes qu’il dessine lui même avec son corps comme s’il cherchait à communiquer au subconscient des musiciens une manière de faire vivre la musique. Il peut ainsi passer d’une lascivité hypnotique à une sauvagerie rythmique parfaitement précise qui donne à l’ensemble du ressort et un allant très élancés.

Teodor Currentzis

Teodor Currentzis

Dans ‘Daphnis et Chloé’, puis la ‘Valse’, on retrouve cette même volupté et finesse d’ornementation avec un contrôle des volumes caressant et une frénésie diabolique d’où jaillit un hédonisme sonore fait de chatoiements mirifiques et de peintures chaleureuses au sensualisme véritablement klimtien.

Cette rigueur enrobée d’une tonalité ludique fait ainsi ressentir une volonté d’imprégner l’auditeur en profondeur de ces musiques enivrantes, et de lui offrir une plénitude obsédante.

Le choix du 'Boléro' en bis découle naturellement du thème de l’exposition Ravel Boléro inaugurée six jours plus tôt à la Philharmonie, mais est aussi une manière d’exposer à nouveau cette science de l’envoûtement qu’aime tant arborer Teodor Currentzis.

Teodor Currentzis

Teodor Currentzis

Standing ovation spontanée de la part des musiciens et du public aux sourires béats, et, pour un instant, le rêve d’une rencontre de cœur entre un chef et des musiciens qui puisse se nouer en une grande aventure artistique.

Quoi qu’il en soit, nous retrouverons Teodor Currentzis au Palais Garnier à partir du 20 janvier auprès de son complice Peter Sellars pour interpréter une version de ‘Castor et Pollux’ avec l’Orchestre et les Chœurs Utopia qui pourrait bien être encore source d’innovations musicales inspirantes.

Teodor Currentzis

Teodor Currentzis

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Publié le 2 Décembre 2024

Rigoletto (Giuseppe Verdi – 11 mars 1851, Venise)
Répétition générale du 28 novembre et représentations du 01 et 24 décembre 2024
Opéra Bastille

Rigoletto Roman Burdenko
Gilda Rosa Feola
Il Duca di Mantova Liparit Avetisyan
Sparafucile Goderdzi Janelidze
Maddalena Aude Extrémo
Giovanna Marine Chagnon
Il Conte di Monterone Blake Denson
Marullo Florent Mbia
Matteo Borsa Manase Latu 
La Contessa di Ceprano Teona Todua
Il Conte di Ceprano Amin Ahangaran
Usciere di corte Julien Joguet
Paggio della Duchessa Seray Pinar
Double de Rigoletto Henri Bernard Guizirian

Direction musicale Domingo Hindoyan
Mise en scène Claus Guth (2016)

10e opéra le plus joué à l’Opéra national de Paris depuis le début de la période Rolf Liebermann (1973) avec 143 représentations au 01 décembre 2024 – mais plus de 1230 soirées depuis son entrée au répertoire le 27 février 1885 -, ‘Rigoletto’ représentait initialement, en tant qu’adaptation du ‘Roi s’amuse’ de Victor Hugo, une ouverture à la modernité alliée à la tradition littéraire française, et servait de vecteur de résistance aux œuvres de Richard Wagner qui bénéficiaient du soutien de très influents mécènes au tournant du XXe siècle.

Roman Burdenko (Rigoletto) et Rosa Feola (Gilda)

Roman Burdenko (Rigoletto) et Rosa Feola (Gilda)

Aujourd’hui, il est devenu un drame riche en grands airs et ensembles populaires qui peuvent être très entraînants malgré la façon dont les femmes y sont considérées, drame qui montre comment un homme, Rigoletto, amené à jouer de façon complice avec une société immorale, va voir cette société se retourner contre lui et sa fille, Gilda, totalement inconsciente de la manipulation qu’elle subit du fait du Duc de Mantoue, et pour lequel elle va pourtant sacrifier sa vie de manière insensée.

Rigoletto (Burdenko Feola Avetisyan Hindoyan Guth) Opéra de Paris

Depuis le 11 avril 2016, une nouvelle mise en scène de Claus Guth est régulièrement reprise sur la scène Bastille (voir les comptes-rendus de 2016, ‘Rigoletto (Kelsey-Fabiano-Peretyatko-Luisotti-Guth)’, et 2021, Rigoletto (Calleja - Lučić - Lungu - Sagripanti - Guth)’ qui décrivent en détail son esprit théâtral), production qui accentue le ressenti pathétique du spectateur en représentant en avant scène une immense boite en carton, déployée vers la salle, où toute l’action se déroule. 

Ce dispositif représente ainsi la petite boite qu’a conservé un Rigoletto âgé, incarné par un acteur - il s’agit d’Henri Bernard Guizirian ce soir -, qui se remémore sa vie passée détruite par le jeu sordide auquel il s’est lui même livré. Ne lui reste pour pleurer que la robe souillée de sa fille qu’il conserve maladivement.

Naturellement, tout décor somptueux est évacué pour éviter une séduction facile, et le metteur en scène cherche avant tout à resserrer l’action au plus près du public en compensant ce visuel, abîmé et déchiré, par des jeux d’ombres et de lumières qui mettent en relief la monstruosité des personnages tout autant que l’artifice de la cour de Mantoue.

La chute soudaine du rideau de spectacle bleu final au moment du meurtre de Gilda est particulièrement glaçante.

Henri Bernard Guizirian (Rigoletto - rôle muet)

Henri Bernard Guizirian (Rigoletto - rôle muet)

Pourtant Claus Guth réserve les plus belles images, un peu naïves, pour Gilda, à travers une imagerie vidéographique bucolique et une évocation toute inventée de l’aspiration de la jeune fille au monde de la danse.

Et pour cette nouvelle série, la distribution réunie est particulièrement liée par une implication totalement généreuse, à la mesure de la salle.

Tous ont en effet des voix très sonores et des statures qui leur donnent une présence forte.

Aude Extrémo (Maddalena)

Aude Extrémo (Maddalena)

C’est ainsi le cas du couple formé par Maddalena et Sparafucile dont Aude Extrémo, au galbe noir d’une résonance saisissante, et Goderdzi Janelidze, grande basse au mordant vif et expressif, mettent en relief la dureté de sa mentalité criminelle, mais aussi du Conte di Monterone de Blake Denson qui jette des vibrations violemment fusées au front de Rigoletto avec un aplomb fascinant.

Blake Denson (Il Conte di Monterone)

Blake Denson (Il Conte di Monterone)

Le baryton russe, Roman Burdenko, pourrait d’ailleurs paraître dans la première scène assez réservé, mais il va faire ressortir peu après les blessures de l’âme mélancolique du bouffon en gardant une excellente tenue de voix qui va s'imposer progressivement avec une assise solide et une tessiture assez souple et peu heurtée.

Le chanteur, 40 ans, est encore jeune et peut paraître plus frêle que son collègue acteur, Henri Bernard Guizirian, et pourtant son sens du tragique s’impose à la hauteur d’autres grands caractères verdiens, comme Macbeth qu’il évoque très souvent ce soir. C'est cette nature tragique qui passe d'ailleurs au premier plan, devant la relation paternelle à Gilda.

Liparit Avetisyan (Il Duca di Mantova)

Liparit Avetisyan (Il Duca di Mantova)

Et quel formidable Duc de Mantoue que fait vivre le ténor arménien Liparit Avetisyan, absolument sensationnel par sa manière de préserver l’unité de son timbre tout en tenant des aigus avec un souffle splendide, mêlant des accents graves à sa tessiture mature et très agréable à l’écoute!

Il y a surtout chez lui une impulsivité qui répond au rythme imprimé par le chef d’orchestre, et il se livre à des gamineries et un jeu de jeune homme immature qui rendent crédible son potentiel séducteur. Et la confiance qu'il affiche tout au long de la soirée donne du baume au cœur car elle inspire l'optimisme, surtout qu'elle émane d'un artiste qui vient d'une région du monde qui n'est pas aussi privilégiée que la France, et c'est tout à son honneur.

Véritablement, c’est un personnage entier et passionnant à suivre qu’il décrit avec toute sa joie de vivre et son esprit de liberté, au point de faire parfois oublier l'univers dépravé auquel il participe.

Rosa Feola (Gilda)

Rosa Feola (Gilda)

Entourée par tous ces caractères marquants, Rosa Feola s’en détache par la sensibilité qu’elle est sensée dégager. Son timbre a de la personnalité dans le médium, ce qui lui permet de donner beaucoup d’authenticité et de féminité à Gilda.

Elle est capable d’afficher un rayonnement puissant avec finesse, et de rendre la poésie rêveuse de la jeune fille sans pour autant la confiner dans un rôle transparent. Cette fraîcheur mêlée à une technique expérimentée donne ainsi une entièreté à son personnage que l’on ne ressent pas toujours avec autant de naturel.

Rosa Feola (Gilda) et Marine Chagnon (Giovanna)

Rosa Feola (Gilda) et Marine Chagnon (Giovanna)

Et parmi les seconds rôles, on découvre un jeune ténor néo-zélandais, Manase Latu, en Matteo Borsa, qui tient fièrement les échanges avec le Duc de Mantoue, et plusieurs interprètes de l’Académie et de la troupe de l’Opéra de Paris, Teona Todua, Amin Ahangaran, Seray Pinar, le très sympathique Florent Mbia, en Marullo, et la Giovanna précieuse de Marine Chagnon, qui tous contribuent à la coloration vocale et vivante des différents tableaux.

Domingo Hindoyan

Domingo Hindoyan

Les chœurs sont eux aussi à leur affaire dans ce répertoire qu’ils connaissant si bien, mais dans la fosse d’orchestre, Domingo Hindoyan entretient une fougue et un dramatisme flamboyants d’une grande tension, forçant les attaques pour ne par lâcher l’action, se montrant très souple et plus léché dans les moments détendus où la beauté de l’atmosphère prime, réussissant à ce que la violence de l’action n’induise pas un écrasement des couleurs. 

Rosa Feola et Roman Burdenko

Rosa Feola et Roman Burdenko

La rougeur des cuivres s’amalgame ainsi au flux des cordes et clarté des vents dans un même courant ambré, les contrebasses noircissent l'austérité ambiante, et avec son allure de jeune Verdi ambitieux, le chef d’orchestre vénézuélien nous emporte lui aussi un peu plus vers les régions d’Émilie-Romagne et de Lombardie.

Rosa Feola et Roman Burdenko, le 24 décembre 2024 soir

Rosa Feola et Roman Burdenko, le 24 décembre 2024 soir

Salle comble dès la première représentation de cette reprise, et c’est bien mérité quand un tel éclat et un tel allant emportent les cœurs des auditeurs.

Domingo Hindoyan, Rosa Feola, Henri Bernard Guizirian, Roman Burdenko, Liparit Avetisyan, Goderdzi Janelidze et Blake Denson

Domingo Hindoyan, Rosa Feola, Henri Bernard Guizirian, Roman Burdenko, Liparit Avetisyan, Goderdzi Janelidze et Blake Denson

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Publié le 1 Décembre 2024

Les Offrandes oubliées (Olivier Messiaen – 19 février 1931, Théâtre des Champs-Élysées)
Symphonie n°7 (Anton Bruckner – 30 décembre 1884, Leipzig)
Concert du 21 novembre 2024
Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique

Direction musicale Philippe Jordan
Orchestre national de France
Violon solo Sarah Nemtanu

 

‘Les Champs-Élysées sont aussi pour moi un grand souvenir, car on y a donné ma première œuvre d’orchestre – j’étais à ce moment là un petit jeune homme fort timide de 22 ans -, et c’est Walter Straham qui a dirigé mes ‘Offrandes oubliées’ – c’était, je crois, en 1931 -. J’avais le cœur si tremblant que je n’entendais absolument rien de ce qui se passait sur la scène, mais je crois que l’exécution a été excellente, et l’accueil a été très favorable, ce qui est assez surprenant.’

Ainsi se rappelait Olivier Messiaen de la création de son œuvre lors d’une interview rediffusée sur France Musique, une méditation symphonique décomposée en trois volets, ‘La Croix’, ‘Le Péché’ et ‘L’Eucharistie’, que Cristian Măcelaru avait déjà choisi d’interpréter il y a 3 ans avec l’Orchestre national de France, en ouverture de saison à l’Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique.

Philippe Jordan

Philippe Jordan

Dans sa structure, l’œuvre commence par de lents entrelacs de cordes dont le métal est utilisé pour créer des effets d’irisations, puis, après une brève transition assombrie par les bassons, un déferlement d’attaques décrit une course vers l’abîme, un peu comme dans ‘La Damnation de Faust’, les cisaillements des cordes se faisant âpres, battus par les timbales, jusqu’à une montée prodigieuse mêlant cuivres et percussions. Après une fracture nette, les bassons reprennent leur motif de calme noir pour mener au mouvement lent final, où les violons s’étirent dans les aigus dans une ambiance quasi-mystique.

Philippe Jordan, dont a été annoncé dès le matin avec joie et sourires sa nomination à partir de septembre 2027 à la direction de l’Orchestre national de France, obtient des musiciens une clarté diaphane qu’il affectionne beaucoup dans le répertoire français du XXème siècle, une flamboyance quasi-straussienne dans le mouvement central avec un net effet d’entraînement qui bouscule cette surprenante envolée, avant de retrouver un espace de recueillement intime qu’il va étirer avec finesse jusqu’au long silence conclusif.

L'Orchestre national de France - 7e symphonie de Bruckner

L'Orchestre national de France - 7e symphonie de Bruckner

La pièce principale de la soirée est cependant la 7e Symphonie d’Anton Bruckner rendue célèbre au cinéma par le film de Luchino Visconti ‘Senso’ (1954), à travers laquelle on retrouve sous la gestuelle souple et enveloppante de Philippe Jordan les ombres veloutées et sous-jacentes qu’il sait si bien mettre en valeur dans les ouvrages wagnériens pour lesquels le compositeur autrichien vouait aussi une immense admiration.

Ce soir, la volonté de maintenir un rapport au corps serré avec l’orchestre est saillant ce qui transparaît dans la grande densité de l’interprétation. Les mouvements des contrebasses s’apprécient pour leur moelleux, les cuivres clairs se montrent pimpants et les cors chaleureux, le trait poétique de la flûte est lumineusement coloré, et après un superbe adagio prenant et recueilli, sans virer aux états d’âmes trop crépusculaires, scherzo et final sont menés avec une véhémence flamboyante aux courbes et volumes d’une malléabilité magnifique.

On sent le soin accordé à l’enchantement suscité par des motifs très fins et des piqués légers, et il est très beau de voir comment sous un apparent calme cérémoniel Philippe Jordan peut faire ressortir une effervescence d’un grand raffinement tenue par une ligne aristocratique très élancée.

Philippe Jordan - 7e symphonie de Bruckner

Philippe Jordan - 7e symphonie de Bruckner

Beaucoup d’enthousiasme en fin de concert entre musiciens, public et chef d’orchestre, tant cette soirée est placée sous le sceau de l’évidence, et augure d’un avenir prometteur.

L'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique

L'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique

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Publié le 30 Novembre 2024

TV-Web Décembre 2024 Lyrique et Musique

Chaînes publiques

Dimanche 01 décembre 2024 sur France 3 à 00h15
Alice (Amir Hosseinpour et Jonathan Lunn) - Opéra national du Rhin - musique de Philip Glass

Dimanche 01 décembre 2024 sur France 5 à 14h35
Requiem de Mozart - Palau de la Musica Catalana

Dimanche 01 décembre 2024 sur Arte à 18h45
Le monde de Hans Zimmer

Dimanche 01 décembre 2024 sur Arte à 23h30
Miucha, la voix de la bossa nova

Lundi 02  décembre 2024 sur Arte à 01h10
Claudio Monteverdi - Vêpres de la Vierge - Cathédrale Saint-Pierre de Worms

Lundi 02  décembre 2024 sur Arte à 02h45
L'art de la danse : Cunningham

Vendredi 06 décembre 2024 sur France 5 à 21h05
Fauteuils d'orchestre (Anne Sinclair) - A l'Opéra Comique avec Louis Langrée

Samedi 07 décembre 2024 sur France 2 à 21h15 (direct)
Notre-Dame de Paris - La Grande soirée 

Dimanche 08 décembre 2024 sur France 3 à 00h15
Madame Butterfly (Puccini) - Opéra de Paris - dm Scappucci - ms Wilson

Dimanche 08 décembre 2024 sur Arte à 18h25
Jonas Kaufmann - Les plus belles musiques de film - Salle Smetana, Prague

Dimanche 08 décembre 2024 sur France 4 à 22h35
Notre-Dame de Paris (Roland Petit) - Opéra de Paris

Dimanche 08 décembre 2024 sur Arte à 22h55
La Forza del destino (Verdi) - Scala de Milan - Netrebko, Tézier, Jagde - dm Chailly

Lundi 09 décembre 2024 sur Arte à 02h10
Christmas in Vienna 2019

Mardi 10 décembre 2024 sur France 4 à 21h00
Renaud Capuçon : Au cinéma II

Mardi 10 décembre 2024 sur France 4 à 22h30
The Morricone Duel - Danish National Symphony Orchestra - dm Sarah Hicks

Jeudi 12 décembre 2024 sur Arte à 02h40
Christmas@Home 2021 - Avec Daniel Hope, Lang Lang, Fatma Said…

Vendredi 13 décembre 2024 sur Arte à 00h45
Le moine noir - Festival d'Avignon 2022

Dimanche 15 décembre 2024 sur Arte à 18h30
Beethoven - Symphonie n° 9 - Konzerthaus de Vienne - Baumgartner, Schager, Willis-Sørensen, Fischesser

Dimanche 15 décembre 2024 sur Arte à 23h40
Giselle (Adam - Petipa) - Dutch National Ballet - Olga Smirnova, Jacopo Tissi, Giorgi Potskhishvili 

Lundi 16 décembre 2024 sur Arte à 01h35
Bach, Debussy et Chopin par Beatrice Rana

Lundi 16 décembre 2024 sur Arte à 02h20
Harold en Italie (Berlioz) - Orchestre Philharmonique de Radio France - dm John Eliot Gardiner

Mardi 17 décembre 2024 sur France 4 à 21h00
L'enlèvement au Sérail (Mozart) - Opéra Royal de Versailles - Version française - dm Jarry - ms Fau

Jeudi 19 décembre 2024 sur Arte à 20h55
Les parapluies de Cherbourg (Jacques Demy)

Jeudi 19 décembre 2024 sur France 2 à 23h20
Gautier Capuçon - Voyage musical

Samedi 21 décembre 2024 sur Arte à 00h10
Médée (Charpentier) - Opéra de Paris - dm  Christie - ms Vicars 

Samedi 21 décembre 2024 sur Arte à 18h25
Klaus Mäkelä dirige la 9e de Beethoven

Dimanche 22 décembre 2024 sur Arte à 01h35
Jonas Kaufmann et Diana Damrau - Des lieder de Brahms et Schumann

Dimanche 22 décembre 2024 sur Arte à 18h00
Le Ring de Vienne - L'histoire d'une adresse prestigieuse

Dimanche 22 décembre 2024 sur Arte à 18h55
Messa di Gloria (Puccini) - Pèlerinage au Tessin

Dimanche 22 décembre 2024 sur Arte à 22h50
Ennio Morricone

Lundi 23 décembre 2024 sur Arte à 01h20
Le Turc en Italie (Rossini)  - Teatro Real de Madrid - dm Sagripanti - ms Pelly

Lundi 23  décembre 2024 sur Arte à 23h05
Etre noir à l'Opéra : le danseur étoile Guillaume Diop et la contrebassiste Sulivan Loiseau, une saison dans un Opéra de Paris qui s’ouvre timidement à la diversité

Mardi 24 décembre 2024 sur Arte à 00h05
"Peter I. Tschaikowski", ballet de Cayetano Soto

Mardi 24 décembre 2024 sur Arte à 01h30
Graines d'étoiles, les années de maturité - Opéra de Paris

Mardi 24 décembre 2024 sur Arte à 19h00
Noël en Bavière - avec Elsa Dreisig et Benjamin Appl - Cathédrale de Ratisbonne

Mardi 24 décembre 2024 sur France 4 à 23h55
Notre-Dame de Paris (ballet de Roland Petit) - Opéra national de Paris

Mercredi 25 décembre 2024 sur Arte à 12h15
Un Noël musical avec la famille Kanneh-Mason

Mercredi 25 décembre 2024 sur Arte à 19h00
Lang Lang - Mes mélodies préférées - De Bach à Walt Disney

Mercredi 25 décembre 2024 sur France 4 à 21h00
Sonya Yoncheva, un Noël à Versailles

Mercredi 25 décembre 2024 sur France 4 à 22h00
Il était une fois «Casse-Noisette»

Mercredi 25 décembre 2024 sur France 4 à 23h45
The Morricone Duel

Jeudi 26 décembre 2024 sur Arte à 00h20
Le chant de Noël - Un ballet d'après Charles Dickens

Jeudi 26 décembre 2024 sur Arte à 13h35
La Flûte enchantée (Film de Florian Sigl)

Jeudi 26 décembre 2024 sur Arte à 18h30
Beethoven - Symphonie n° 9 - Scala de Milan

Jeudi 26 décembre 2024 sur Arte à 22h30
Jour de fête chez Offenbach - Avec Patricia Petibon & Cyrille Dubois

Vendredi 27 décembre 2024 sur Arte à 03h40
Etre noir à l'Opéra : le danseur étoile Guillaume Diop et la contrebassiste Sulivan Loiseau, une saison dans un Opéra de Paris qui s’ouvre timidement à la diversité

Vendredi 27 décembre 2024 sur France 5 à 21h05
George Balanchine - Ballet impérial - Who Cares ?

Vendredi 27 décembre 2024 sur Arte à 22h40
Pavarotti

Samedi 28 décembre 2024 sur Arte à 00h30
Les Trois Ténors - Naissance d'une légende

Dimanche 29 décembre 2024 sur Arte à 09h40
Les Trois Ténors - Naissance d'une légende

Dimanche 29 décembre 2024 sur Arte à 10h35
Jonas Kaufmann - Les plus belles musiques de film - Salle Smetana, Prague

Dimanche 29 décembre 2024 sur Arte à 11h35
Pavarotti

Dimanche 29 décembre 2024 sur Arte à 17h15
Puccini, la passion du féminin (Film d'Aurine Cremieu -2024)

Dimanche 29 décembre 2024 sur Arte à 18h10
Gala Puccini à la Scala de Milan (Anna Netrebko - Jonas Kaufmann)

Dimanche 29 décembre 2024 sur Arte à 18h55
Gala Puccini à Venise - La bohème, Tosca, Turandot...

Lundi 30 décembre 2024 sur Arte à 00h00
La Bohème (Puccini) avec Anna Netrebko et Piotr Beczala - Festival de Salzbourg 2012

Mardi 31 décembre 2024 sur Arte à 00h30
Le Messie de Haendel - Festival de Pâques d'Aix-en-Provence - Insula Orchestra - dm Laurence Equilbey 

Mardi 31 décembre 2024 sur Arte à 18h05
Concert de la Saint-Sylvestre 2024 des Berliner Philharmoniker - Avec Kirill Petrenko et Daniil Trifonov

Mardi 31 décembre 2024 sur Arte à 22h45
"Le lac des cygnes" (Tchaïkovski) par Rudolf Noureev

Mardi 31 décembre 2024 sur Arte à 23h30
Un lac des cygnes (Tchaïkovski) par Johan Inger

Mercredi 01 janvier 2025 sur Arte à 01h30
La Flûte enchantée (Film de Florian Sigl)

Mercredi 01 janvier 2025 sur France 2 à 11h15 & 12h15
Concert du Nouvel An du Philharmonique de Vienne - dm Riccardo Muti

Mercredi 01 janvier 2025 sur France 2 à 13h55
Escapades viennoises (Stéphane Bern)

Mercredi 01 janvier 2025 sur France 2 à 14h50
Gautier Capuçon, voyage musical

Mercredi 01 janvier 2025 sur Arte à 18h40
Concert du Nouvel An à la Fenice de Venise

Mercredi 01 janvier 2025 sur France 4 à 20h00
Sortilèges à l'Opéra - Saison 2

Mercredi 01 janvier 2025 sur France 4 à 21h
Concert du Nouvel An du Philharmonique de Vienne - dm Riccardo Muti

Mercredi 01 janvier 2025 sur France 4 à 23h05
Le Berliner Philharmoniker et Zubin Mehta

TV-Web Décembre 2024 Lyrique et Musique

Mezzo et Mezzo HD

Dimanche 01 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Monteverdi : L'Orfeo - Festival d'Opéra Baroque de Bayreuth

Dimanche 01 décembre 2024 sur Mezzo à 23h50
Of Vineyards and Shoeboxes - In search of the perfect concert hall acoustics

Lundi 02 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
David Oïstrakh, artiste du peuple ?

Mardi 03 décembre 2024 sur Mezzo à 23h10
Monteverdi : l'Orféo - Opéra Comique de Paris

Mercredi 04 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Puccini: Tosca - Arena di Verona

Vendredi 06 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
'Les Pêcheurs de perles' de Bizet au Capitole de Toulouse

Vendredi 06 décembre 2024 sur Mezzo à 23h05
Verdi : Un Ballo in maschera - Palau de les Arts, Valencia

Samedi 07 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
La Bohème de Puccini à l'Opéra Royal de Wallonie-Liège

Dimanche 08 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Porpora: Ifigenia in Aulide - Bayreuth Baroque Opera Festival

Lundi 09 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Itzhak Perlman, violoniste virtuose

Mardi 10 décembre 2024 sur Mezzo à 23h45
Bellini: I Capuleti e i Montecchi - Opéra Royal de Wallonie Liège

Mercredi 11 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Magnard: Guercœur - Opéra du Rhin

Vendredi 13 décembre 2024 sur Mezzo HD à 19h45 (direct)
Karlsson: Fanny and Alexander - Théâtre de la Monnaie, Bruxelles

Vendredi 13 décembre 2024 sur Mezzo HD à 22h45
Haendel: Flavio - Festival Baroque de Bayreuth

Vendredi 13 décembre 2024 sur Mezzo à 23h30
'Ernani' de Verdi au Palau de les Arts de Valence

Samedi 14 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Puccini : Manon Lescaut - Opéra de Monte-Carlo

Dimanche 15 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Rachmaninov: Aleko - Bartók: Le château de Barbe-Bleue - Greek National Opera

Lundi 16 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Yehudi Menuhin, le violon du siècle

Mercredi 18 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Verdi: La Traviata - Opéra Royal de Wallonie, Liège

Vendredi 20 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Mozart : La Flûte enchantée - Festival de Salzbourg

Vendredi 20 décembre 2024 sur Mezzo à 22h40
Puccini : Madama Butterfly - Opéra National Grec

Samedi 21 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Puccini: Turandot - Staatsoper Vienne

Samedi 21 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Rameau; Les Fêtes d'Hébé - William Christie, Les Arts Florissants

Dimanche 22 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Monteverdi : Le Couronnement de Poppée - Versailles

Lundi 23 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Jascha Heifetz - Le violoniste de Dieu

Mercredi 25 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
'Les Contes d'Hoffmann' au Staatsoper d'Hambourg avec Benjamin Bernheim et Olga Peretyatko

Vendredi 27 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Lully : Atys - Opéra de Versailles

Vendredi 27 décembre 2024 sur Mezzo à 23h20
La Bohème de Puccini à l'Opéra Royal de Wallonie-Liège

Samedi 28 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
'Roméo et Juliette' de Gounod à l'Opernhaus de Zurich

Dimanche 29 décembre 2024 sur Mezzo HD à 21h00
Johann Strauss: La Chauve-Souris - Opéra de Lille

Lundi 30 décembre 2024 sur Mezzo à 20h30
Jacqueline du Pre A Gift Beyond Word

Mercredi 01 janvier 2025 sur Mezzo à 20h30
Prokofiev: Le Joueur - Festival de Salzbourg

TV-Web Décembre 2024 Lyrique et Musique

Web : Opéras en accès libre (cliquez sur les titres pour les liens directs avec les vidéos)

Sur Operavision, Culturebox, Arte Concert etc...

                            Accès illimité dans le temps

Placido Domingo, l'homme aux mille vies

La Traviata (Chorégies d'Orange 2016) avec Domingo, Jaho, Meli

Le Requiem de Verdi (Chorégies d'Orange)

Le Barbier de Séville (Chorégies d'Orange 2018) avec Peretyatko, Sempey, Hotea

Roberto Alagna - Ma vie est un opéra

Le Royaume des Deux-Siciles (Roberto Alagna)

Patrick Dupond, un danseur chez les étoiles

Michaël Denard, le « prince » de l'Opéra de Paris

Le Lac des Cygnes, l'Ambitieux projet de Tchaïkovski

Maria Callas - Il était une voix

Body and Soul (Opéra national de Paris)

Dans les coulisses de Casse-Noisette

Dans les coulisses de Roméo et Juliette

Dans les coulisses de La Fille mal gardée

Dans les coulisses de Don Quichotte

Dans les coulisses de Mayerling

Martha Graham, danser avec l'âme

Accès Live à l'Opéra Bastille pour « Le Lac des Cygnes »

Accès live à l'Opéra Garnier dans les coulisses de « La Cenerentola »

                          Décembre 2024

Tosca (Teatro Regio di Parma) jusqu'au 01 décembre 2024

International Opera Awards 2024 jusqu'au 02 décembre 2024

Hommage à Patrick Dupond jusqu'au 02 décembre 2024

Don Giovanni (Festival de Salzbourg 2021) jusqu'au 03 décembre 2024

Requiem de Fauré (Panthéon) jusqu'au 03 décembre 2024

Requiem de Mozart (Palau de la Musica de Barcelone) jusqu'au 04 décembre 2024

Manon Lescaut (Poznan Opera) jusqu'au 08 décembre 2024

Grand concert symphonique Saint-Saëns (Auditorium de Radio France) jusqu'au 14 décembre 2024

Le couronnement de Poppée (Gran Teatre del Liceu, Barcelone) jusqu'au 17 décembre 2024

Call me Dancer jusqu'au 17 décembre 2024

Ballet National de España (Festival de Grenade 2023) jusqu'au 18 décembre 2024

Elektra (Festival de Baden-Baden 2024) jusqu'au 19 décembre 2024

Albert Herring (Opera North) jusqu'au 21 décembre 2024

Concert de Noël (Philharmonique de Radio France) jusqu'au 22 décembre 2024

Christmas in Vienna 2019 jusqu'au 23 décembre 2024

Angela Gheorghiu chante La Traviata (ROH de Londres, 1994) jusqu'au 23 décembre 2024

Angela Gheorghiu chante La Traviata (ROH de Londres, 1994) - extraits jusqu'au 24 décembre 2024

Don Carlo (Opéra de Vienne) jusqu'au 28 décembre 2024

Masterclasse Lawrence Brownlee et Brian Jagde jusqu'au 28 décembre 2024

Israël en Egypte (Thomas Hengelbrock et le Balthasar Neumann Ensemble) jusqu'au 30 décembre 2024

Le Concert de Paris 2024 jusqu'au 31 décembre 2024

 

                           Janvier 2025

Il était une fois Casse-Noisette (Karl Paquette) jusqu'au 1 janvier 2025

George Balanchine - Ballet impérial : Who Cares ? (Opéra national de Paris) jusqu'au 3 janvier 2025

Oratorio de Noël (ElbPhilharmonie de Hambourg, 2023) jusqu'au 10 janvier 2025

Samson (Festival d'Aix-en-Provence 2024) jusqu'au 11 janvier 2025

L'Olimpiade (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 12 janvier 2025

Pinocchio - Weinberg (Polish National Opera and Ballet) jusqu'au 12 janvier 2025

Médée (Opéra national de Paris) jusqu'au 18 janvier 2025

Une soirée vénitienne avec Anastasia Kobekina jusqu'au 18 janvier 2025

Le Baiser (National Moravian-Silesian Theatre) jusqu'au 19 janvier 2025

Gala Puccini (Place Saint-Marc de Venise) jusqu'au 19 janvier 2025

Picture a Day Like This (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 19 janvier 2025

Le Turc en Italie (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 20 janvier 2025

Apaches au Palais Garnier (Opéra national de Paris) jusqu'au 24 janvier 2025

Les deux Veuves (National Moravian-Silesian Theatre) jusqu'au 26 janvier 2025

Puccini, la passion du féminin jusqu'au 27 janvier 2025

Hélène Grimaud & Konstantin Krimmel (Festival de piano de la Ruhr 2024) jusqu'au 28 janvier 2025

Requiem de Mozart (Festival d'Aix-en-Provence 2019) jusqu'au 28 janvier 2025

Requiem de Verdi (Accademia Nazionale di Santa Cecilia) jusqu'au 30 janvier 2025

                           Février 2025

Operatic Oniricon (Polish National Opera and Ballet) jusqu'au 02 février 2025

Colorature, Mrs Jenkins et son pianiste - Opéra Grand Avignon jusqu'au 09 février 2025

La Walkyrie (LongBorough Festival Opera) jusqu'au 09 février 2025

Charpentier à l'honneur - Festival de musique sacrée à Madrid jusqu'au 14 février 2025

Il viaggio a Reims (Rossini Opera Festival) jusqu'au 16 février 2025

Voix des Outre-mer (Amphithéâtre de l'Opéra Bastille) jusqu'au 20 février 2025

Il Trittico (La Monnaie) jusqu'au 22 février 2025

Graines d'étoiles, les années de maturité jusqu'au 22 février 2025

Le Comte Ory (Rossini in Wildbad) jusqu'au 23 février 2025

Il Barbiere di Siviglia (Royal Swedish Opera) jusqu'au 28 février 2025

Un chant de Noël (Finnisches Nationalballett) jusqu'au 28 février 2025

                           Mars 2025

Fidelio courte animation jusqu'au 01 mars 2025

La Vestale (Opéra national de Paris) jusqu'au 06 mars 2025

Jonas Kaufmann - Les plus belles musiques de film jusqu'au 07 mars 2025

Sandrine Piau et Les Talens Lyriques (Bayreuth Baroque Opera Festival 2024) jusqu'au 08 mars 2025

La Forza del destino (La Scala de Milan) jusqu'au 08 mars 2025

Ravel, la grande soirée de ballets (Les ballets de Monte-Carlo) jusqu'au 10 mars 2025

Nuria Rial & Fahmi Alqhai (Bayreuth Baroque Opera Festival 2024) jusqu'au 12 mars 2025

La Chauve-Souris (Opéra de Lille) jusqu'au 13 mars 2025

Fauteuils d'orchestre (Opéra Comique) jusqu'au 13 mars 2025

Moise et Aaron (Opéra national de Paris) jusqu'au 14 mars 2025

Aladin de David Bintley (Nouveau Théâtre/Ballet national de Tokyo) jusqu'au 20 mars 2025

Fauteuils d'orchestre (Anne Sinclair) jusqu'au 21 mars 2025

Car/Men (Théâtre municipal de Béthune) jusqu'au 22 mars 2025

"Peter I. Tschaikowski", ballet de Cayetano Soto jusqu'au 22 mars 2025

Maria Callas au cinéma jusqu'au 23 mars 2025

Noël en Bavière jusqu'au 23 mars 2025

Un Noël musical avec la famille Kanneh-Mason jusqu'au 23 mars 2025

Vivaldi et Mozart au musée du Louvre jusqu'au 24 mars 2025

Gala Puccini (La Fenice) jusqu'au 28 mars 2025

Anna Netrebko et Jonas Kaufmann chantent Puccini (Scala de Milan) jusqu'au 28 mars 2025

"La bohème" avec Anna Netrebko et Piotr Beczala (Festival de Salzbourg 2012) jusqu'au 28 mars 2025

Nixon in China (Opéra d'Etat Hongrois) jusqu'au 29 mars 2025

                           Avril 2025

Madame Butterfly  (Opéra national de Paris) jusqu'au 01 avril 2025

D'ARC (Opéra national de Varsovie) jusqu'au 01 avril 2025

Le Messie (Festival de Pâques d'Aix-en-Provence) jusqu'au 03 avril 2025

Max Emanuel Cencic & les Talens Lyriques) jusqu'au 04 avril 2025

Finale IVC 2024 2024 jusqu'au 05 avril 2025

Finale du concours Neue Stimmen 2024 jusqu'au 11 avril 2025

The Shell Trial (Opéra national des Pays-Bas) jusqu'au 14 avril 2025

Finale de chant du concours de Genève 2024 jusqu'au 22 avril 2025

Le Bohème (Opéra de Montpellier) jusqu'au 25 avril 2025

Benjamin Millepied à l'Opéra de Paris jusqu'au 30 avril 2025

                            Mai 2025

Le convenienze ed inconvenienze teatrali (Wexford Festival Opera) jusqu'au 02 mai 2025

La Flûte enchantée (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 07 mai 2025

La Traviata (Théâtre national de Mannheim) jusqu'au 09 mai 2025

Mayerling (Opéra national de Paris) jusqu'au 10 mai 2025

Ifigenia in Auline (Opéra national de Paris) jusqu'au 15 mai 2025

Platée (Garsington Opera) jusqu'au 15 mai 2025

The Rake's Progress (Opéra et Ballet national de Norvège) jusqu'au 22 mai 2025

Guercoeur (Opéra national du Rhin) jusqu'au 24 mai 2025

Guillaume Tell (Opéra de Lausanne) jusqu'au 27 mai 2025

Médée (Opéra national de Paris) jusqu'au 29 mai 2025

Le Monde de Hans Zimmer jusqu'au 30 mai 2025

La Forza del destino (Gran Teatre del Liceu) jusqu'au 30 mai 2025

La Chauve-Souris (Opéra de Lille) jusqu'au 31 mai 2025

Giselle (Dutch National Ballet) jusqu'au 31 mai 2025

                           Juin 2025

Les Voyages de monsieur Broucek (Théâtre national de Brno) jusqu'au 04 juin 2025

Le Mariage (Opéra de Poznan) jusqu'au 08 juin 2025

264, That One Star (Daegu Opera House) jusqu'au 13 juin 2025

Adriana Lecouvreur (Opéra national de Lettonie, Riga) jusqu'au 15 juin 2025

L'Enlèvement au Sérail (Opéra Royal de Versailles) jusqu'au 17 juin 2025

Eugène Onéguine (Opéra national de Finlande) jusqu'au 20 juin 2025

Jour de fête chez Offenbach (Radio France) jusqu'au 22 juin 2025

Sonya Yoncheva, un Noël à Versailles jusqu'au 24 juin 2025

Rigoletto (Teatro Real de Madrid) jusqu'au 26 juin 2025

                       Juillet 2025

Alain Altinoglu et Stéphane Degout (Festival de Colmar) jusqu'au 04 juillet 2025

Être noir à l'Opéra jusqu'au 22 juillet 2025

Afanador (Ballet Nacional de España) jusqu'au 23 juillet 2025

                       Août 2025

Wozzeck (Festival d'Aix-en-Provence 2023) jusqu'au 19 août 2025

                         Septembre 2025

Le Ring sans paroles (Philharmonique de Strasbourg) jusqu'au 06 septembre 2025

Angelin Preljocaj : La visite (Picasso Danse) jusqu'au 19 septembre 2025

The Fairy Queen (Opéra Royal de Versailles) jusqu'au 23 septembre 2025

Zimmer90 (Reeperbahn Festival 2024) jusqu'au 26 septembre 2025

 

                         Novembre 2025

On Danse Chez Vous : Mehdi Kerkouche (Chaillot) jusqu'au 07 novembre 2025

                         Décembre 2025

Camille Saint-Saëns : Oratorio de Noël (Orchestre philharmonique de Strasbourg) jusqu'au 16 décembre 2025

La Fête de la chanson orientale jusqu'au 17 décembre 2025

                           Janvier 2026

Iphigénie en Aulide - Iphigénie en Tauride (Festival d'Aix-en-Provence 2024) jusqu'au 11 janvier 2026

                           Février 2026

Voix des Outre-Mer 2023 (Amphithéâtre Bastille) jusqu'au 22 février 2026

                           Mars 2026

Concert en soutien au peuple ukrainien (Maison de Radio France) jusqu'au 04 mars 2026

                           Mai 2026

Barry Lyndon Tribute jusqu'au 13 mai 2026

Michel Legrand, la musique enchantée (Dessay, Bertault) jusqu'au 13 mai 2026

 

                           Juillet 2026

Kiev, un opéra en guerre (1/4) - Danser pour résister jusqu'au 12 juillet 2026

 

                           Septembre 2026

Kiev, un opéra en guerre (2/4) - Exister ou disparaître jusqu'au 12 septembre 2026

JR, Damien Jalet & Thomas Bangalter : Chiroptera (Parvis du Palais Garnier) jusqu'au 30 septembre 2026

                           Octobre 2026

Barbara Hannigan dirige Ligeti et Stravinsky jusqu'au 10 octobre 2026

                         Novembre 2026

Kiev, un opéra en guerre (3/4) - Exilés jusqu'au 14 novembre 2026

Les trois ballets de Stravinsky (Théâtre des Champs-Elysées) jusqu'au 25 novembre 2026

                         Décembre 2026

Concert du nouvel an de l'Orchestre national de France (Radio France) jusqu'au 30 décembre 2026

   

                          Janvier 2027

Samson (Festival d'Aix-en-Provence 2024) jusqu'au 11 janvier 2027

Madame Butterfly (Festival d'Aix-en-Provence 2024) jusqu'au 13 janvier 2027

                        Février 2027

Kiev, un opéra en guerre (4/4) - Transmettre jusqu'au 08 février 2024

 

                         Avril 2028

Wartime Elegy - Ballet national d'Ukraine  jusqu'au 01 avril 2028

 

                         Juin 2028

Dream Requiem - Rufus Wainwright (Radio France) jusqu'au 13 juin 2028

 

 

                         Novembre 2028

Mikko Franck dirige Dutilleux, Mahler et Strauss (chant Marie-Nicole Lemieux) jusqu'au 21 novembre 2028

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 23 Novembre 2024

Miss Knife Forever (Olivier Py et Antoni Sykopoulos)
Textes d’Olivier Py sur des musiques de Stéphane Leach, Jean-Yves Rivaud, Antoni Sykopoulos et Olivier Py
Récital du 10 novembre 2024
Théâtre du Châtelet

Chant Olivier Py
Piano Antoni Sykopoulos

Le tour de chant de Miss Knife : La Vie d’artiste, Le funambule, Je rêve d’un monde meilleur, Plage de la sirène, La chanson d’Arlequin, Mes amours défuntes, Je suis le vieux poète, Juste le temps d’une chanson, Le rôle est trop court, L’Amour est entre nous, Les cafés du Ve, J’ai trop joué mon personnage, Les ailes noires, Nocturne, Le tango du suicide, Il arrive souvent, J’entends ta voix.

C’est dans la peau de Miss Knife, personnage né d’une pièce ‘La nuit du Cirque’ créée par Olivier Py au ‘Théâtre du peuple’ de Bussang (Vosges) en 1992, que le metteur en scène s’est glissé pour la première fois en 1996 au Festival d’Avignon pour en faire un moyen d’expression poétique très proche de lui-même.

Antoni Sykopoulos et Olivier Py (Miss Knife)

Antoni Sykopoulos et Olivier Py (Miss Knife)

Depuis, il a traversé le temps et parcouru le monde avec elle, et alors qu’il débute sa première saison à la direction du Théâtre du Châtelet, Olivier Py reprend le costume de sa très chère amie pour chanter pendant cinq soirs la vie éphémère de l’artiste - parfois anonyme et teintée de noirceur -, la mort qui souffle l’exaltation pour un amour charnel idéalisé, la beauté de l’univers et l’amour de la vie pour conjurer le cynisme du monde, l’image du bel autre qui envahit le cœur, l’esprit libre du poète et son regard émerveillé sur la jeunesse, l’âme mélancolique au souvenir des amours passées, le tout baigné de chants et de poèmes, la gaîté malgré l’évanescence de la vie, l’approche de la mort qui met le cœur à nu, l’amour comme force invisible, les souvenirs des bonheurs insouciants dans les cafés, le personnage que l’on fait vivre en soi jusqu’à l’ultime révérence, l’âme sombre qui protège, le désir de nuit et les formes de suicides, le retour à la vie et les rêves d’anges.

Ces chansons ont un fond souvent nostalgique et désespéré mais également très lumineux quand elles évoquent les images des êtres aimés, et le travestissement auquel Olivier Py a recours tend à entremêler le sourire de la vie à des mots parfois très sombres.

Grand Foyer du Théâtre du Châtelet et la scène de Miss Knife

Grand Foyer du Théâtre du Châtelet et la scène de Miss Knife

Une scène temporaire (150 places) est installée au centre du Grand Foyer du Théâtre restauré entre 2017 et 2019, et le comédien apparaît depuis l’un des rideaux rouges suspendus sous les oculi finement décorés avec l’aisance déclamatoire qu’on lui connaît bien. 

Affublé d’une perruque blonde – qu’il mettra de côté en cours de spectacle -, de faux cils et d’une robe scintillante, il se rit de l’humeur parfois morbide de ses textes, ce qui donne une tonalité assez originale à l’esprit de cabaret qu’il recrée en faisant ressentir une tristesse joyeuse au souvenir d’une époque heureuse mais assombrie par les drames qui traversèrent les années 80. 

Il forme un duo complice avec le pianiste Antoni Sykopoulos, professeur de chant au sein de l’école de comédie musicale du Théâtre Royal du Parc à Bruxelles, qui, lui-même, donne aussi de la voix, et la chaleur de ce récital ramène l’auditeur à une forme d’essentialisme sentimental, c’est à dire à ce qu'il suffirait de vivre dans la vie s’il ne fallait pas trouver une place dans la société et s'y confronter.

Antoni Sykopoulos

Antoni Sykopoulos

Et quand on connaît certaines de ses mises en scène à l’opéra, telles ‘La Force du destin’ , ‘Le Prophète’ ou bien la  ‘La Dame de Pique’, on est frappé de retrouver dans ces textes certains éléments de sa poétique, comme la figure de l’ange aux ailes noires qui parle des conflits intérieurs entre l’espérance – Olivier Py revendique sa foi catholique - et les pulsions de mort.

Bien entendu, c’est aussi sa personnalité qui se met à nue d’une manière très sensible par le biais de Miss Knife tout en se dissociant du rôle managérial qu’il occupe en tant que directeur du Théâtre.

Probablement ne peut-on voir cela que dans les milieux artistiques de par l’espace de liberté qu’ils représentent plus que jamais aujourd’hui, et c’est pour cela que ce récital apporte un doux sourire aux lèvres, précieux en ce dimanche soir.

Antoni Sykopoulos et Olivier Py

Antoni Sykopoulos et Olivier Py

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Publié le 17 Novembre 2024

Œuvres de Gabriel Fauré, Philippe Bodin et Guillaume Villiers
Concert du 09 novembre 2024
Temple Protestant de Port Royal - Paris XIIIe

Gabriel Fauré (1845-1924)
Barcarolle n°12, La Chanson d’Eve, Prélude n°6, Hymne à Apollon, Nocturne n°13, Le Parfum impérissable, Le plus doux chemin, Mandoline, Au Bord de l’Eau, Green, Le secret
Philippe Bodin (1960-)
La Lune Blanche (2014) sur une poésie de Paul Verlaine
Guillaume Villiers (2005-)
… Et ce soir-là (2024) sur des vers d’Albert Samain

Mezzo-soprano Stéphanie Guérin
Piano Lucas Bischoff

Construite en 1898 le long du boulevard d’Arago dans le 13e arrondissement, l’église réformée de Port-Royal présentait en ce samedi 9 novembre 2024 un hommage à Gabriel Fauré, donné cent ans exactement après sa disparition, interprété par la mezzo-soprano Stéphanie Guérin, artiste lyrique (‘Cosi fan tutte’ – Lausanne 2018, ‘Là-haut’ – Athénée Louis Jouvet 2022) qui aime défendre la mélodie française, et le jeune pianiste Lucas Bischoff, 21 ans, issu du CNSM.

Guillaume Villiers (musicien et compositeur), Lucas Bischoff (pianiste) et Stéphanie Guérin (chant)

Guillaume Villiers (musicien et compositeur), Lucas Bischoff (pianiste) et Stéphanie Guérin (chant)

Au cœur du temple, il faut imaginer un décor avec relativement peu de profondeur, des bancs en bois sombre et robuste provenant de Sibérie, une simple croix rétroéclairée frontale, surmontée d’une coupelle en vitraux figuratifs vers lesquels convergent les arches blanches du dôme.

Une très grande proximité s’installe naturellement entre le public et la scène, et un petit état d’esprit familial se ressent parmi l’audience.

Le programme permet d’entendre des vers de poètes français contemporains du compositeur ariégeois, Paul Verlaine, Leconte de Lisle, Armand Silvestre, ainsi que les poésies de Charles van Lerberghe à travers le cycle ‘La Chanson d’Eve’ qui ouvre le récital. L'observation de la nature y est prégnante.

Le sens de la respiration de Stéphanie Guérin fait immédiatement ressentir une fluidité dans le discours qui, sous l’effet de l’ambiance sensiblement réverbérée, prend une tonalité assez éthérée à laquelle vient se mêler les couleurs plutôt corsées du timbre de voix. Le chant reste bien centré, les teintes graves subtiles, avec un lyrisme délié à cœur ouvert.

Temple Protestant de Port Royal

Temple Protestant de Port Royal

Mais la soirée comporte également deux œuvres de compositeurs présents dans la salle.

La première, ‘La Lune Blanche’ de Philippe Bodin, basée sur les mêmes vers de Paul Verlaine que ceux que Gabriel Fauré mit en musique pour son recueil de neuf mélodies ‘La bonne chanson’, se démarque par une écriture plus aérienne, une véritable ode tournée vers le ciel avec des notes longuement tenues, alors que le piano apporte un contrepoint sombre et très ancré, presque inquiétant.

Puis, Guillaume Villiers, 19 ans, resté auprès du pianiste pour tourner les pages, est à l’honneur à travers l’une de ses compositions de l’année 2024, ‘..Et ce soir-là..’, d’après les vers d’Albert Samain, autre poète dont Gabriel Fauré mit en musique plusieurs poèmes (‘Soir’, ‘Pleurs d’or’, Arpège’).

La nuit est à nouveau évoquée, et le climat musical saisissant enferme l’auditeur dans un intimisme feutré poignant, d’autant plus que Stéphanie Guérin décrit cette fois les états d’âmes mélancoliques d’une tierce personne au bord du désespoir. Et l’écriture musicale, très expressive pour le piano - des effets sonores sont réalisés par pression directe sur les cordes -, suggère profondément un mystère sinistre et un poids émotionnel tout intérieur.

Lucas Bischoff

Lucas Bischoff

Tout au long du concert, le toucher pianistique de Lucas Bischoff est souvent réaliste mais aussi précautionneux quand il accompagne sa partenaire lyrique. Mais quelle surprise lorsqu’au final il propose en bis la mélodie ‘Malagueña’ du compositeur cubain Ernesto Lecuona avec un esprit de liberté ahurissant! Une forme de coda festive qui achève pleinement ce récital si à propos en ce soir d’automne.

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Publié le 11 Novembre 2024

Passion selon Saint-Jean (Jean-Sébastien Bach – 7 avril 1724, Leipzig)
Représentation du 04 novembre 2024
Théâtre des Champs-Élysées

Trame : L'arrestation, l’interrogatoire chez Anne et Caïphe et le reniement de Pierre, l’interrogatoire chez Pilate, la flagellation et le couronnement d'épines, la crucifixion et la mort de Jésus, l'ensevelissement

Soprano Sophie Junker                            Pilate Georg Nigl
Jésus Christian Immler                            Contre-ténor Benno Schachtner
L’Evangéliste Valerio Contaldo              Ténor Mark Milhofer
Ancilla Estelle Lefort*                           Soprano Camille Hubert*
Contre-ténor Logan Lopez Gonzalez*    Servus Augustin Laudet*
Pierre Rafael Galaz Ramirez

* artiste lyrique du Chœur de chambre de Namur

Danseurs Rosa Dicuonzo, Yuya Fujinami, Tian Gao, Eva Georgitsopoulou, Hwanhee Hwang, Annapaola Leso, Jaan Männima, Margaux Marielle-Tréhoüart, Virgis Puodziunas, Orlando Rodriguez, Joel Suárez Gómez

Direction musicale Leonardo García-Alarcón
Chorégraphie, mise en scène Sasha Waltz (2024)
Compagnie Sasha Waltz & Guests
Ensemble Cappella Mediterranea
Chœur de chambre de Namur, Chœur de l’Opéra de Dijon

Production créée le 22 mars 2024 dans le cadre du Festival de Pâques de Salzbourg et reprise à l’Opéra de Dijon les 30 et 31 mars 2024

Animé du désir de consacrer son art au service de l’Église, Jean-Sébastien Bach fit ses débuts comme cantor à Saint-Thomas de Leipzig le 30 mai 1723. Il ne devait pas seulement composer et jouer de la musique sacrée, mais aussi enseigner le chant aux élèves, superviser l’Institution et encadrer les prières du matin et du soir.

Le jour de Noël de la même année, il présenta une première version de son ‘Magnificat’ et, quelques mois plus tard, le 07 avril 1724, il fit entendre la ‘Passion selon Saint-Jean’ pour célébrer Pâques.

Au cours des années qui suivirent, il continua à l’améliorer en ajoutant des airs où en réarrangeant la partition jusqu’en 1749. Mais seules les versions de 1725 et 1749 sont éditées aujourd’hui.

Passion selon Saint-Jean - Photo Sasha Waltz & Guests

Passion selon Saint-Jean - Photo Sasha Waltz & Guests

Le Théâtre des Champs-Élysées est une salle où il est régulièrement possible d’entendre ‘La Passion selon Saint-Jean’, et au cours des 15 ans du mandat de Michel Franck, de 2010 à 2025, l’ouvrage a été représenté en version de concert en moyenne tous les deux ans, depuis l’interprétation donnée par Ton Koopman et l’Amsterdam Baroque Orchestra and Choir en 2011, à celle dirigée par Mark Padmore avec l’Orchestra of the Age of Enlightenment en 2021.

En revanche, il faut remonter au 21 octobre 1985 pour retrouver une version scénique de ‘La Passion selon Saint-Jean’ jouée en ce lieu qui accueillit la production de La Fenice mise en scène par Luigi Pizzi et dirigée par William Christie.

Mais loin de reproduire une imagerie iconographique catholique surchargée, le spectacle de Sasha Waltz est d’une totale intériorité que onze danseuses et danseurs font vivre à partir d’un art du mouvement circulaire et de torsions des corps qui traduisent de façon esthétique et poignante la souffrance mais aussi la grâce de la résistance à cette souffrance.

Les hauts de la salle du Théâtre des Champs-Elysées

Les hauts de la salle du Théâtre des Champs-Elysées

La nudité est d’emblée exposée pour exprimer le dépouillement et la fragilité de l’être humain, et elle s’insère tout au long de l’œuvre sous une lumière pénombrale caravagesque dont le sensualisme se fond au sentiment d’affliction engendré par le chant et la musique de Bach.

Par moments, la chorégraphe berlinoise a également recours à des à-coups théâtraux et des bruitages électroacoustiques pour marquer la violence que subit le Christ, mais les planches qui claquent en tombant au sol altèrent aussi la perception musicale ce qui fera réagir une partie du public. Plus loin, le percement du corps du Christ est suggérer par un ensemble de lances toutes pointées vers lui.

Le symbole du sang n’est néanmoins jamais évoqué.

Une très belle évocation d’un retable vivant est esquissée à partir d’un simple cadre dépliant où danseurs et musiciens prennent pose, toujours dans cet esprit de distanciation vis-à-vis de l’iconographie qui place la chair et le vivant au cœur du drame, et il y a aussi cette impressionnante plongée dans le noir, de toute la salle, au moment où le Christ se libère de la mort, ce qui rappelle le procédé qu’avait employé Dmitri Tcherniakov au Palais Garnier dans ‘Casse-Noisette’ pour signifier un changement de monde. Sauf que ce soir, l’orchestre continue de jouer dans le noir total.

Passion selon Saint-Jean

Passion selon Saint-Jean

L’Ensemble Cappella Mediterranea voit d’ailleurs son unité rompue puisqu’il est divisé en deux sections chacune disposée au pied du cadre de scène côté cour, pour la première, où dirige Leonardo García-Alarcón, et côté jardin pour la seconde. Un fort intimisme se dégage de l’interprétation aux couleurs franches sans effet d’éthérisation prononcé, et la musicalité curviligne s’harmonise naturellement avec la fluidité du mouvement chorégraphique.

Quelques choristes complètent chacun des deux ensembles, mais la surprise provient de cet inhabituel écho des voix qui semble se réfléchir sur les parois circulaires donnant l’impression que le chant vient de toute part. Et ce, jusqu’à qu’une vingtaine de choristes assis parmi les spectateurs au parterre se lèvent, révélant ainsi leur présence et la raison de cet effet de spatialisation saisissant.

L’Ensemble Cappella Mediterranea

L’Ensemble Cappella Mediterranea

Les solistes du drame ont par ailleurs une expressivité qui permet d’apprécier les différences de caractérisation de chaque artiste de façon très nette. Christian Immler traduit la sagesse et l’humanité du Christ avec justesse et une douce humilité, Georg Nigl, en Pilate, a le mordant d’un prédateur et une posture d’une solidité inflexible, l’évangéliste de Valerio Contaldo s’emplit au fil de la soirée d’un dramatisme tragique de plus en plus ancré, Mark Milhofer se montre d’une inépuisable profondeur de souffle, ainsi que d’une tenue de ligne impeccable avec un timbre bien incarné, et Benno Schachtner distille une légèreté rêveuse et mélancolique bien plus diaphane.

Quant à Sophie Junker, elle met à genoux les cœurs dans la déploration finale où les danseurs autour d’elle expriment sentiments de consolation et d’apaisement par des mouvements et étreintes d’une poésie naturelle fort chaleureuse.

Valerio Contaldo, Georg Nigl, Christian Immler et Benno Schachtner

Valerio Contaldo, Georg Nigl, Christian Immler et Benno Schachtner

Salle pleine pour deux soirs seulement, le directeur, Michel Franck, ayant même cédé sa place à la jeunesse, on ressort de ce spectacle fortement imprégné de son atmosphère ambiguë et de ses très beaux jeux de lumières d’apparence simple dans leur mise en place, mais également très impressionné par la manière dont l’interprétation musicale renouvelle notre perception de la spiritualité des corps.

Leonardo Garcia Alarcon, Sasha Waltz et les danseurs

Leonardo Garcia Alarcon, Sasha Waltz et les danseurs

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