Publié le 9 Octobre 2010

Purcell, Haendel et les Ballad Opera (1660-1770)

Au XVIIième siècle, le « Masque » - somptueux mélange de musique, de danse et de mime initialisé par Élisabeth Ire, est le traditionnel divertissement de cour.

1653   Mais l’arrivée au pouvoir de l’austère et puritain Oliver Cromwell pousse la cour des Stuart à l’exil.

1656   Les théâtres publics étant toujours fermés, The Siege of Rhodes, œuvre de Davenant, est montée à Londres à Rutland House. Henry Purcell, le père du compositeur, en est un des exécutants.

1660   Avec Charles II, la maison des Stuart revient à Londres avec une connaissance plus large des développements culturels en France et en Italie. Pour ses décors, Davenant s’était ainsi inspiré de la création d’Andromède de Corneille, à Paris.

1671   Inauguration du Dorset Garden Theatre, qui sera pendant vingt ans au centre de la vie théâtrale londonienne.

1689  A l’âge de trente ans, Henry Purcell fils compose son véritable premier opéra : Didon et Enée.
Inspiré par quelques uns des plus grands auteurs du théâtre anglais, il façonne une forme de théâtre musical typiquement anglais (King Arthur  en 1691, The Fairy Queen en 1692).

1711  16 ans après la mort de Purcell, Georg Friedrich Haendel arrive à Londres. C’est un impresario et homme de théâtre allemand ayant découvert Vivaldi et Scarlatti en Italie.
Il compose Rinaldo pour le Queen’s Theater (rue Haymarket).
Il aime Londres et y reste.
Ses opéras italiens y prospèrent (Teseo, Amadigi, Radamisto, Ottone, Flavio). Ce succès repose sur la capacité de la musique à décrire l’action.

1718  John Gay, poète et dramaturge, écrit le livret de l’oratorio de Haendel , Acis et Galatée.

1724  Création de Giulio Cesare qui deviendra, après un oubli de deux siècles, l’opéra de Haendel le plus représenté de nos jours.

1727   En réponse à l’artifice des opéras de Haendel joués au King‘s Theater (nouveau nom du Queen‘s Theater), les Ballad Opera apparaissent.
John Gay crée « The Beggar’s Opera », le plus populaire des Ballad Opera, parodie de Haendel écrite pour le Lincoln’s Inn Fields Theater qui appartient à John Rich.
Dans cet opéra, la scène de la prison, au cours de laquelle Polly et Lucy en viennent aux mains, est inspirée d’un incident arrivé entre deux divas haendéliennes, Bordoni et Cuzzoni.

Les Ballad Opera, traduits et diffusés par  des troupes itinérantes, vont influencer le développement du Singspiel en Allemagne et en Autriche (L’enlèvement au Sérail de Mozart).

1731   The Devil to Pay (Charles Coffey), créé au théâtre de Drury Lane à Londres, sera joué en 1743 à Berlin, en allemand.

1732   La réussite de John Rich lui donne les moyens financiers pour construire sur le site de Covent Garden un nouveau Theatre Royal. L’établissement ouvre avec une pièce de William Congreve, puis, quelques semaines plus tard, The Beggar’s Opera.

1759  A la mort de Haendel, ses opéras disparaissent avec lui pour ne renaître que dans les années 1920 en Allemagne. Dans les 18 dernières années de sa vie, las de la forme rigide de l’opéra italien, il ne composera quasiment plus que des oratorios en anglais (Le Messie, Samson, Semele, Hercules…).

1762  Artaxerxes, sur un livret de Métastase, est l’opéra italien le plus réussi de Thomas Arne.
Le compositeur s’épanouit surtout dans les comédies légères comme Thomas and Sally (1760) ou bien Love in a village (1762).

Mais pendant plus d’un siècle, l’Opéra classique en Angleterre consistera principalement en œuvres italiennes d’importation.

 

L’Opérette anglaise (1870-1900)

1809   Détruit en 1808 par un incendie, le Theatre Royal, Covent Garden est reconstruit.

1838   Michael William Balfe compose Falstaff pour le Queen’s Theater devenu Her Majesty’s Theatre , The Italian Opera House.
Installée à Londres depuis 1834, la soprano milanaise Giulia Grisi participe à la création de l’ouvrage.

1858   A nouveau détruit par un incendie en 1856, le Theatre Royal, Covent Garden rouvre avec une représentation des Huguenots.

1861   A l’âge de 18 ans, la cantatrice italienne Adelina Patti débute à Londres dans la Sonnambula.

1870    Adelina Patti choisit un agent anglais : Richard D’Oyly Carte. Il prend la direction du Royalty Theater (Dean Street, Soho).
A cette époque, il y a plus de 200 music-halls à Londres.

1871    D’Oyly Carte assiste à Thespis or The Gods Grown Old (opéra comique), première collaboration entre W.S  Gilbert, le librettiste, et Arthur Sullivan, le compositeur.

1875    D’Oyly Carte propose à Gilbert et Sullivan une collaboration.
Le lever de rideau sur Trial by Jury est un succès.
13 opérettes sont montées depuis The Sorcerer ( (1877), H.M.S Pinafore (1878) jusqu’au The Grand Duke (1896) 
Cependant, les opérettes de Gilbert & Sullivan ne seront célèbres que dans le monde anglo-saxon.

1881   D’Oyly Carte crée le Savoy Theater (Strand, City of Westminster) consacré à l’Opéra anglais.

1891   L’unique opéra de Sir Arthur Sullivan, Ivanhoe, inaugure l’ouverture de la Royal English Opera House.

1896   Le Theatre Royal, Covent Garden est renommé Royal Opera House.

 

L’émergence de nouveaux compositeurs (1900-1990)

Au XXième siècle, un groupe de compositeurs talentueux émerge : Edward Elgar (Sea Pictures - 1899), Frederick Delius (A village Romeo and Juliet - 1907), Gustav Holst (Les Planètes - 1918) et Ralph Vaughan William (Riders to the sea - 1936).

1932   Le danseur Rupert Doone et son ami peintre, Robert Medley, créent le Group Theater, avec le désir d’unifier plusieurs disciplines artistiques, comme l’avait fait Diaghilev, et de promouvoir le drame musical. Benjamin Britten fait parti de ce groupe.

1945    Benjamin Britten crée Peter Grimes au Sadler’s Wells Theatre de Londres

1946    Puis il fonde l’English Opera Group. Cette compagnie commande des œuvres à Benjamin Britten, Lennox Berkeley, Harrison Birtwistle, William Walton et d’autres.

Elle crée plusieurs institutions nationales, l’Opera Studio, l’Opera School, et le festival d’Aldeburgh (1948) dans la ville où est né Britten.

De nombreux artistes rejoignent Benjamin Britten : le peintre John Piper, l’écrivain Eric Crozier, la librettiste Mary Myfanwy Piper, le ténor Peter Pears, la soprano Joan Cross et le producteur Colin Graham.

Le langage musical de Britten, par ses affinités avec la langue anglaise,  reste très accessible au public.

Parmi ses ouvrages célèbres : Albert Herring (1947 - Festival de Glyndebourne), Billy Budd (1951 - Covent Garden), The Turn of th Screw (1954 - La Fenice de Venise), Gloriana (1953 - Couronnement de la Reine Elisabeth II, avec l'interprétation  de Joan Sutherland), A Midsummer Night’s Dream (1960 - Festival d’Aldeburgh), Death in Venice (1973 - Festival d’Aldeburgh)

1954    Covent Garden donne la première de Troilus et Cressida, unique opéra de William Walton.

1955     Michael Tippett crée The Midsummer Marriage. Sur le modèle de La Flûte enchantée, il explore la richesse de l‘expérience humaine.

1968     Le Sadler’s Wells Theatre se déplace au London Coliseum, et est renommé, six ans plus tard, English National Opera (ENO).

1980     Quatre ans après la mort de Benjamin Britten, le gouvernement de Margaret Thatcher  retire les subventions à sa compagnie, ce qui précipite sa fermeture.

1984     Sous la direction générale de Peter Jonas, artistique de David Pountney et musicale de Mark Elder, l’ENO est la première compagnie depuis D’Oyly Carte Opera Company à se déplacer aux États-Unis d’Amérique.

1984      Gavin Bryars, compositeur et contrebassiste influencé par l'école américaine de John Cage,  crée Médée à l'Opéra de Lyon, dans une mise en scène de Bob Wilson.

1989     New Year, le dernier opéra de Michael Tippett, est créé au Houston Grand Opera

 

Pour aller plus loin, revenir à la rubrique Histoire de l'Opéra

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Publié le 4 Octobre 2010

Il Trittico (Giacomo Puccini)
Créé au New York, Metropolitan Opera le 14 décembre 1918
Répétition générale du 02 octobre 2010
Opéra Bastille

Il Tabarro
Michele Juan Pons
Luigi Marco Berti
Giorgetta Oksana Dyka
Il Tinca Eric Huchet
La Frugola Marta Moretto
Il Talpa Mario Luperi

Suor Angelica
Suor Angelica Tamar Iveri
La Zia Principessa Luciana D’Intino
La Badessa Barbara Callinan
La Maestra delle Novize Marie-Thérèse Keller
Suor Genovieffa Amel Brahim-Djelloul
Suor Osmina Claudi Galli
La Suor Infirmiera Cornelia Oncioiu

Gianni Schicchi
Gianni Schicchi Juan Pons
Lauretta Ekaterina Syurina
Zita Marta Moretto
Rinuccio Saimir Pirgu
Gherardo Eric Huchet
Betto Alain Vernhes
Simone Mario Luperi                                                       Oksana Dyka (Giorgetta)
La Ciesca Marie-Thérèse Keller

Mise en scène Luca Ronconi

Direction musicale Philippe Jordan

Production de la Scala de Milan (2008) et du Teatro Real de Madrid

Les apparitions parisiennes du Triptyque, dans son intégralité, étaient jusqu’à présent limitées à la salle Favart d’abord en 1967, en version française et lorsque l‘Opéra Comique était réuni à l‘Opéra de Paris sous l’égide de la Réunion des théâtres lyriques nationaux , puis en 1987, dans la version originale italienne quand la salle fut directement administrée par l’Opéra National.

Son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris, par la grande porte de Bastille, constitue donc un petit évènement, Nicolas Joel ayant déjà représenté Il Trittico au Capitole de Toulouse en 1997, puis en 2006.

Face à trois œuvres différentes, dramatiquement, musicalement et interprétativement, la question est de savoir comment chacun de nous va vivre leur enchaînement.

Tamar Iveri (Suor Angelica)

Tamar Iveri (Suor Angelica)

Gianni Schicchi est sans conteste l’ouvrage qui fonctionne le mieux car il s’agit d’une satire sociale toujours contemporaine, et très bien construite.

Cependant, avec son atmosphère lourde, grise et sombre, sans espoir, Il Tabarro a laissé ce soir une forte impression.

Oksana Dyka, interprète d’une Giorgetta féminine, sûre d‘elle même, et avec une démarche séductrice, presque provocatrice, est saisissante par l’aplomb avec lequel elle tient tête à son mari, Michele.

Le phrasé est précis, incisif, les nuances restent toujours dans une tonalité assez claire, sans trop de chaleur, et quand vient le moment où la musique exige d’elle qu’elle sorte la douleur rivée au plus profond du cœur, qu'elle sorte les aigus les plus perçants, l’effet dans la salle est dévastateur.

Luciana d'Intino (La Zia Principessa)

Luciana d'Intino (La Zia Principessa)

On connaît la vaillance et la puissance de Marco Berti. Elles ne sont pas les qualités les plus adéquates pour exprimer la sentimentalité d’un homme, mais elles lui permettent de brosser un Luigi rageur, « Hai ben ragione; meglio non pensare », violent dans ses expressions les plus amères.

Juan Pons, réduisant Michele à une loque humaine, et vocalement très usé, ne peut avoir l’impact vocal de ses deux partenaires. Néanmoins, la pitié que suscite son personnage fait qu’on ne lui en veut même pas de son geste final.

Sous les éclairages livides, la brillance de cristal et la finesse de détail des lignes orchestrales, les frémissements froids des cordes, se fondent avec la tonalité d’ensemble qui nous fait même oublier les limites visibles du décor de Luca Ronconi.

Philippe Jordan

Philippe Jordan

Le second volet du Triptyque, Suor Angelica, ne possède pas la même force, d’autant plus que cette histoire de femmes oppressées par la religion renvoie à un passé chrétien peu glorieux.

La visite de la Zia Principessa est véritablement le grand moment de l’ouvrage, car elle met en scène une confrontation avec Sœur Angelique qui évoque celle de l’inquisiteur et de Philippe II dans Don Carlo.

Toutes les intentions les plus malsaines s’entendent dans la musique, et Luciana d’Intino, qui fut Eboli la saison passée, joue à nouveau sur son double registre, prodigieusement grave comme pour engloutir toute velléité de contestation, et flouté dans les hauteurs.

L’authenticité de Tamar Iveri, ses accents touchants et son engagement sincère sont sa force, même si elle donne le sentiment, ce soir, de trop limiter son rayonnement vocal.

Ekaterina Syurina (Lauretta)

Ekaterina Syurina (Lauretta)

Et si l’intrigue ne passionne pas, alors ne reste plus qu’à suivre la direction de Philippe Jordan, toute en souplesse et d’attention pour les chanteurs. Il est l’expression même de la gentillesse qui guide d'une main ferme, une forme d’humanisme inspirant.

Enfin, riche en actions théâtrales, Gianni Schicchi oppose à la lourdeur des deux premiers volets, une forme de détente pour l’auditeur, ramené à une vie plus concrète avec une de ses obsessions les plus fondamentales : l’argent.

Tamar Iveri, Alain Vernhes, Philippe Jordan, Luciana d'Intino

Tamar Iveri, Alain Vernhes, Philippe Jordan, Luciana d'Intino

Juan Pons y est mieux mis en valeur car son mimétisme s’accommode de ses tripatouillages vocaux, et si la lumineuse Ekaterina Syurina  ne peut faire oublier les nuances si particulièrement fraîches et naïves de Maria Callas, Saimir Pirgu, brillant acteur, se montre sensible avec son physique de fils idéal.

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Publié le 29 Septembre 2010

Samedi 02 octobre 2010 sur France3 à 01H10
Le Couronnement de Poppée (Monteverdi)
Enregistré au Festival de Glyndebourne 2008.
Mise en scène Robert Carsen, avec Danielle de Niese, Alica Coote, direction Emmanuelle Haïm.

Samedi 02 octobre 2010 sur Arte à 08H55
Annonciation (Angelin Preljocaj)
Ballet enregistré à la Friche de la Belle de Mai à Marseille en 2002.

Samedi 02 octobre 2010 sur Arte à 20H30
Rigoletto (Verdi)
En direct de la Fenice à Venise. Avec Eric Cutler, Roberto Frontali, Désirée Rancatore, mise en scène Daniele Abbado, direction Myung-Whun Chung.

Dimanche 03 octobre 2010 sur TF1à 03H25
Mireille (Ballet)
Chorégraphie de Jean-Charles Gil, musique de Charles Gounod, par le ballet de l’Europe.

Dimanche 03 octobre 2010 sur Arte à 09H45
One Flat Thing Reproduced (William Forsythe)
Musique de Thom Willems (durée 26mn)

Dimanche 03 octobre 2010 sur Arte à 10H10
Sviatoslav Richter (pianiste)
Documentaire de Bruno Monsaingeon.

Dimanche 03 octobre 2010 sur Arte à 14H55
Sens dessus dessous « Revue anti-dépression »
D’après une pièce d’Henrich Heine, direction Oliver Weder, mise en scène Michael Kliefert.

Dimanche 03 octobre 2010 sur Arte à 19H00
Max Raabe et le Palast Orchester (partie 1)

Dimanche 03 octobre 2010 sur Arte à 22H35
Metanoia en direct de l’Opéra de Berlin
Opéra d’après un texte de René Pollesh. Direction Daniel Barenboïm, mise en scène Christoph Schlingensief.

Lundi 04 octobre 2010 sur Arte à 22H30
Fritz Wunderlich, un ténor de légende.

Mardi 05 octobre 2010 sur France 2 à 00H15
Susanna (Haendel)
Festival d’Ambronay 2009, direction William Christie. Avec Sophie Karthäuser,  Max Emanuel Cencic, David DQ Lee, William Burden, Alan Ewing. 

Jeudi 07 octobre 2010 sur TF1 à 03H10 

La Sylphide

Ballet de Pierre Lacotte sur une musique de Schneitzhoeffer.

Opéra National de Paris (2004) avec Aurélie Dupont, Mathieu Ganio.

Samedi 09 octobre 2010 sur France 3 à 00H10
Manon (Massenet)
Avec Natalie Dessay, Rolando Villazon, direction Victor Pablo Perez.

Grand Theatre du Liceu à Barcelone (2007) 

Dimanche 10 octobre 2010 sur Arte à 09H45
Chaconne de Christian Spuck (Ballet)

Dimanche 10 octobre 2010 sur Arte à 10H35
Leonard Bernstein joue Stravinsky et Bach

Dimanche 10 octobre 2010 sur Arte à 11H30
Leonard Bernstein, réflexion.

Dimanche 10 octobre 2010 sur Arte à 19H00
Gustavo Dudamel dirige Rossini, Bernstein, Ravel.
Concert enregistré le 18 septembre 2010 à Lucerne.

Lundi 10 octobre 2010 sur Arte à 22H30
Leonard Bernstein : The making of « West Side Story » (1984) 

Jeudi 14 octobre 2010 sur TF1 à 02H30 

Capriccio (Strauss)

Avec Renée Fleming, Dietrich Henschel, Rainer Trost, Gerald Finley, Franz Hawlata, Anne-Sofie von Otter, direction Ulf Schirmer, mise en scène Robert Carsen.

Opéra National de Paris (2004) 

Dimanche 17 octobre 2010 sur Arte à 09H45
Leonard Bernstein joue Chostakovitch (1967)

Dimanche 17 octobre 2010 sur Arte à 10H40
Leonard Bernstein : The making of « West Side Story » (1984)

Dimanche 17 octobre 2010 sur Arte à 19H00
Concert Chopin : concerto pour piano et orchestre n°1
Piano : Garrick Ohlsson.

Lundi 18 octobre 2010 sur Arte à 22H30
Le pianiste Yundi Li : jeune et romantique 

Mardi 19 octobre 2010 sur France 2 à 00H20
Cendrillon (Prokofiev)
Ballet de Rudolf Noureev. Opera National de Paris 2007. 

Jeudi 21 octobre 2010 sur Arte à 04H30
One Flat Thing Reproduced (William Forsythe)
Musique de Thom Willems (durée 26mn) 

Jeudi 21 octobre 2010 sur Arte à 19H45
Concours international de piano Frédéric Chopin 2010
En direct de Varsovie.

Lundi 25 octobre 2010 sur Arte à 22H30
Arthur Rubinstein (documentaire)

Jeudi 28 octobre 2010 sur Arte à 22H20
Simon Rattle. Rhythm is it!  

Samedi 29 octobre 2010 sur France 3 à 00H10
L'Heure de Mirella Freni.  

Samedi 29 octobre 2010 sur France 3 à 01H10
Le Château de Barbe-Bleue (Bartok)

Avec Willard White, Béatrice Uria-Monzon, direction Gustav Kuhn, mise en scène La Fura Dels Baus.

Enregistré à l'Opéra National de Paris en 2007.

Dimanche 31 octobre 2010 sur Arte à 09H45
La Rondine (Puccini)

Enregistré au Metropolitan Opera le 10 janvier 2009 (rediffusion)
Avec Angela Gheorghiu, Roberto Alagna, Samuel Ramey, Direction Marco Armiliato

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 27 Septembre 2010

Les Vêpres siciliennes (Verdi) 

Représentation du 26 septembre 2010 

De Nederlandse Opera (Amsterdam)

Hélène Barbara Haveman
Ninetta Livia Aghova
Henri Burkhard Fritz
Guy de Montfort Alejandro Marco-Buhrmester
Jean Procida Balint Szabo
Tybalt Huber Francis
Danieli Fabrice Farina
Mainfroid Rudi de Vries
Robert Roger Smeets
Le sire de Bethune Jeremy White
Le Conte de Vaudemont Christophe Fel

Direction Musicale Paolo Carignani
Mise en scène Christof Loy

 

 

 

                          Barbara Haveman (Hélène)

Après sa création à Paris le 13 juin 1855, et une reprise en 1863, la capitale s'est détournée des Vêpres Siciliennes qui ne fut, par la suite, quasiment plus chantée en français.

L'œuvre disparut même au cours de la première partie du XXième siècle avant de réapparaitre à Florence et à Milan en 1951, renaissance immortalisée par un enregistrement live de la version italienne I Vespri siciliani avec Maria Callas et sous la direction de Erich Kleiber.

Il fallut donc attendre 2003 pour que la version française renaisse à l'Opéra Bastille sous la direction de James Conlon, dans une mise en scène d'Andrei Serban.

En attendant une reprise éventuelle de la part du spécialiste des voix qui dirige actuellement l'Opéra de Paris, sa rareté justifie un déplacement à Amsterdam.

Alejandro Marco-Buhrmester (Guy de Montfort)

Alejandro Marco-Buhrmester (Guy de Montfort)

Le fait que Christof Loy soit le régisseur de la production peut induire une vague appréhension, mais son  travail a au moins le mérite de conserver l'intégralité de la partition et notamment le ballet des quatre saisons.

Dans ce passage de près d'une demi-heure, cédé aux exigences de l'Académie impériale, la musique de Verdi y est facétieuse, enthousiaste, dramatiquement hors sujet, ce qui devient prétexte à une burlesque évocation de l'enfance d'Henri, avec ses jeux et ses bêtises, dans un décor kitsch des années 60.

La mise à profit d'une musique de divertissement pour évoquer un rêve décalé n'est pas nouvelle, Arnaud Bernard y avait eu recours dans La Dame de Pique créée au Capitole de Toulouse en 2008.

Les Vêpres siciliennes. Fin acte III (mise en scène Christof Loy)

Les Vêpres siciliennes. Fin acte III (mise en scène Christof Loy)

Il y a bien quelques frayeurs lorsque l'opéra ouvre directement sur la scène des Français convoitant les Siciliennes, jusqu'à ce que l'ouverture apparaisse entre l'acte I et II pour marquer le temps relativement long qui sépare ces deux phases théâtrales.

Mais dans l'ensemble, bien que le metteur en scène allemand analyse l'évolution psychologique d'Hélène, qui ne peut devenir une femme aimante tant qu'elle n'a pas fait le deuil du meurtre de son frère, on retient surtout de la réussite pour les scènes rayonnant de joie de vivre..

Parmi cet univers banal et souvent vide, rien sur le plan esthétique, pas même les éclairages, ne contribue à une sorte d'emprise mentale, et le travail d'acteur n'est percutant que pour Hélène, le chœur, et quelques rôles mineurs parmi les soldats français. La liberté que s'octroie Loy est un défi engagé avec le spectateur qui doit soit s'en contenter, soit s'en aller.

Barbara Haveman (Hélène) et Burkhard Fritz (Henri)

Barbara Haveman (Hélène) et Burkhard Fritz (Henri)

Ainsi, lorsque le visuel déçoit, intellectuellement parlant, les grandes émotions verdiennes doivent compter sur la qualité musicale.

La sensibilité de Paolo Carignani est gourmande de sensualité, de fusion parfaite entre cordes, cuivres et vents, et de sonorités patiemment polies.

Le chef sait même être léger et entrainant au cours du ballet ou du boléro. Il se refuse en revanche à toute réaction sanguine, aux attaques fulgurantes, aux grondements de terreur, aux grands traits qui soulèvent les passions humaines.

Barbara Haveman (Hélène)

Barbara Haveman (Hélène)

Cette relative placidité se retrouve sur scène, que ce soit Burkhard Fritz, Henri au langage sensible, élégiaque et sans fougue, ou bien Alejandro Marco-Buhrmester (Amfortas dans le mémorable Parsifal mis en scène par Warlikowski en 2008),  Guy de Montfort  humain et dépressif, ou encore Balint Szabo, Jean Procida au grain mûr et aux lignes vocales toujours élégamment modulées.

Mais la grande satisfaction verdienne, sans aucune réserve, se concentre sur Barbara Haveman.

A aucun moment il n’est possible de décrocher d’une incarnation de feu, la souplesse, l’aisance dans les transitions du registre le plus grave aux piani les plus subtiles et les plus élevés, une puissance sauvage et sensuelle, et une présence scénique qui domine ses partenaires masculins.

Barbara Haveman (Hélène). Boléro (Acte V)

Barbara Haveman (Hélène). Boléro (Acte V)

Timbre similaire à celui d’Anna Caterina Antonacci, diction française un peu moins précise que la soprano italienne toutefois, la soprano néerlandaise n’avait pas donné aussi forte impression il y a deux ans dans le rôle de Lisa à Toulouse.

Le chœur, fortement sollicité par l’action à laquelle il participe amplement et avec joie, assume la ferveur enthousiaste de la partition.

Synopsis des Vêpres Siciliennes.

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Publié le 25 Septembre 2010

Der Fliegender Holländer (Richard Wagner)
Représentation du 24 septembre 2010
Opéra Bastille

Daland Matti Salminen
Senta Adrianne Pieczoncka
Erik Klaus Florian Vogt
Mary Marie-Ange Todorovitch
Der Steuermann Bernard Richter
Der Holländer James Morris

 

Mise en scène Willy Decker

Direction musicale Peter Schneider

 

James Morris (Der Fliegender Holländer)

Pour ceux qui n’ont pas oublié l’impressionnante direction de Daniel Klajner (actuel directeur musical de l’Orchestre Symphonique de Mulhouse) en 2002, la reprise du Vaisseau Fantôme peut apparaître comme un gouffre de frustrations, tant l’austère maîtrise de Peter Schneider s’ingénie à confiner toute velléité de débordement à l’intérieur de la fosse d’orchestre, le gris comme étendard d’une neutralité excessive.

Le Vaisseau Fantôme (Pieczoncka - Vogt - Morris) à Bastille

Il n’est alors plus possible de créer une tension dès la rencontre du Hollandais et de Daland, le premier manquant d‘intensité, à ce moment là, le second révélant une usure qui dépareille trop le timbre attachant qu’on lui connaît, le vide de la mise en scène de leur échange limitant encore plus l’intérêt, lorsque l’on connaît déjà le sujet de l’œuvre.

Seul le verbe lumineux aux accents wagnériens de Bernard Richter évoque la lassitude de l’éloignement, l’espoir d’une terre meilleure.

Bernard Richter (Le pilote)

Bernard Richter (Le pilote)

Mais le livret du Vaisseau Fantôme est un livret très bien construit. Plusieurs étapes amènent une progression dramatique bâtie sur la révélation d’évènements intervenus antérieurement.

La complainte de Senta rappelle le défi qu’a lancé le Hollandais, à l’origine de son errance. Adrianne Pieczoncka l’interprète en sage et pure évocation, au milieu d’un salon bourgeois, lieu unique et fermé choisi par Willy Decker pour son aspect contraignant par rapport auquel le romantisme de la jeune femme cherche une échappatoire.

Klaus Florian Vogt (Erik)

Klaus Florian Vogt (Erik)

L’arrivée d’Erik déclenche l’accroche décisive avec le drame, non pas que le personnage en soit le pivot, mais parce qu’il est chanté par Klaus Florian Vogt, incroyable chanteur au timbre jeune, androgyne et suppliant, comme s’il avait gardé quelque chose de son adolescence.

Le duo entre Vogt et Pieczoncka forme le cœur émotionnel de la représentation, les deux voix se situant sur le même plan expressif, large et tragique. Cela tient presque du contre-sens vocal, car ils portent en eux la passion de Siegmund et Sieglinde, et l’orchestre est également plus voluptueux.

La réapparition de James Morris prend ensuite une dimension plus empathique, avec des couleurs blafardes et une réelle attention à l’âme qu’expriment ses sons baillés.
Il n’y a d’ailleurs pas ce désespoir chez Matti Salminen, surtout sonore.

James Morris (Der Fliegender Holländer)

James Morris (Der Fliegender Holländer)

Adrianne Pieczoncka se libère totalement lors du dénouement final, suicide que l’on comprend ici comme l’unique manière de quitter son milieu, puisque le Hollandais ne veut plus d’elle, au lieu d’être un moyen pour rejoindre et sauver celui-ci.

La mise en scène de Willy Decker, bien que peu intéressante dans le détail de la gestuelle, est en défaveur d’Erik, mis à terre par les marins de Daland une fois ce dernier convaincu que l’affaire est réglée entre le mystérieux voyageur et sa fille.

Elle oriente sur l’univers de Senta, sa psychologie, mais n’interroge pas le personnage du Hollandais.

Adrianne Pieczoncka (Senta)

Adrianne Pieczoncka (Senta)

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Publié le 23 Septembre 2010

Joyce DiDonato
Concert du 22 septembre 2010 au Théâtre des Champs Elysées
Orchestre de l’Opéra de Lyon
Direction Kazushi Ono

Poulenc Sinfonia

Mozart «Non son piu» (Cherubino - Noces de Figaro)
             «Deh vieni, non tardar» (Susanna - Noces de Figaro)
Gluck  «Se mai senti spirarti sul volto» (Sesto - La Clémence de Titus)
Mozart «Non piu di fiori» (Vitellia - La Clemenza di Tito)

Gluck  Iphigénie en Aulide, ouverture

Offenbach «La mort m’apparaît souriante» (Eurydice - Orphée aux enfers)
Gluck / Berlioz «Amour viens rendre à mon âme» (air d’Orphée - Orfeo)

Berlioz  Béatrice et Bénédict, ouverture

Rossini «Non piu mesta» (Angelina - La Cenerentola)

Bis Mozart « Parto, parto » (Sesto - La Clémence de Titus)

Etrange soirée où les fanatiques de classification partirent en déroute face à une Joyce DiDonato enflammée aussi bien dans les rôles de mezzos que dans les rôles de sopranos.

Vitellia s'emporte au point d'avaler la salle comme le ferait Waltraud Meier sous les traits d'Ortrude, Mozart n'ayant plus qu'à se recoiffer, Angelina se panache de virtuoses bulles d'ivresse décorées de furtives coloratures fantaisie, le pendant de Rosine par Callas, et Sesto, le héros de Gluck, se laisse aller à une magnifique épure, rêveuse et introspective.

Joyce DiDonato

Joyce DiDonato

Plus discrets, car humainement plus simples, Suzanne et Chérubin se contentent d’être charmants, et « Malgré toi, je saurai t ‘arracher au trépas » seront les intentions les plus intelligibles d’Eurydice.

En parallèle, Kazushi Ono mène un second concert avec l’orchestre de l’Opéra de Lyon, netteté de l’éclat dans Berlioz, fluidité vivante de la Sinfonia de Poulenc, et tous les archers scient l’air avec divers petits décalages en orientation quand la musique de Gluck résonne.

Enfin, Sesto, le héros de Mozart cette fois, vient saluer d’un bis qui sera l’unique de la soirée, engagé et touché par la fatigue de plusieurs jours de travail intense, « Parto, parto ».

Les airs de ce concert seront intégrés au prochain album de Joyce DiDonato, "Diva Divo",  prévu pour janvier 2011.

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Publié le 17 Septembre 2010

Eugène Onéguine (Piotr Ilyitch Tchaikovski)
Répétition générale du 15 septembre 2010
Opéra Bastille

Madame Larina Nadine Denize
Tatiana Olga Guryakova
Olga Alisa Kolosova
La Nourrice Nona Javakhidze
Lenski Joseph Kaiser
Eugène Onéguine Ludovic Tézier
Le Prince Grémine Gleb Nikolski
Zaretski Ugo Rabec
Monsieur Triquet Jean-Paul Fouchécourt

Mise en scène Willy Decker

Direction musicale Vasily Petrenko

 

                     Ludovic Tézier (Eugène Onéguine)

L’ouverture de la nouvelle saison de l’Opéra de Paris laisse le champ à deux portraits d’hommes en errance, le Hollandais du Vaisseau Fantôme et Eugène Onéguine, dans deux reprises créées sous la direction d’Hugues Gall et confiées au metteur en scène favori de Nicolas Joel : Willy Decker.

Dans le cas d’Eugène Onéguine, il nous faut remonter assez loin puisque la production date de 1995, lorsque les nouvelles créations de La Bohème, Billy Budd et Cosi Fan Tutte constituaient, elles aussi, les nouvelles armes de reconquête du rang international de la Maison.

Eugène Onéguine (Guryakova - Tézier - msc Decker) Bastille

Confronter ce spectacle à celui qui vient au même moment d’ouvrir la première saison de Gerard Mortier à Madrid, dans la vision de Dmitri Tcherniakov qu’accueillit Paris il y a deux ans, permet une captivante mise en relief des forces et faiblesses de part et d’autre.

Inévitablement, Madame Larina retombe dans une posture effacée et n’est plus la mère de famille qui rythme la vie dans sa datcha, bien que Nadine Denize restitue un maternalisme naturel.

La nourrice, petite vieille toute courbaturée, est traitée façon Singspiel, façon Papagena toute âgée, alors que Nona Javakhidze la chante avec la légèreté de l’âme en grâce, la seule voix qui pourrait atteindre la jeune fille.

Olga Guryakova (Tatiana)

Olga Guryakova (Tatiana)

Cette jeune fille, Tatiana, Olga Guryakova l’incarne totalement, avec ces couleurs russes, c’est-à-dire ces couleurs au galbe noble et à l’ébène lumineux qu’elle n’a pas perdu depuis son interprétation il y a sept ans de cela sur la même scène.

Le visage tout rond d’innocence, les cheveux parcourus de mèches finement tissées comme en peinture, la puissance de ses sentiments qui passent intégralement par la voix trouve aussi quelques expressions scéniques fortes lorsque, dans une réaction de honte absolue, elle détruit la lettre qu'Onéguine lui a sèchement rendu.

Alisa Kolosova (Olga) et Joseph Kaiser (Lenski)

Alisa Kolosova (Olga) et Joseph Kaiser (Lenski)

Il est vrai que Ludovic Tézier se contente de retrouver cette posture hautaine et méprisante qu’il acquière si facilement, son personnage ne suscitant aucune compassion de la part de l’auditeur, aucune circonstance atténuante.

Peu importe que les tonalités slaves ne soient pas un don naturel, il est la sévérité même qui doit cependant s’abaisser face à l’immense Prince de Gleb Nikolski, un médium impressionnant, quelques limites dans les expressions forcées, tout en mesure dans sa relation à Tatiana et Onéguine.

L’autre couple, Olga et Lenski, trouve en Alisa Kolosova et Joseph Kaiser deux interprètes élégants, musicalement et scéniquement, le second sans doute plus touchant de par son rôle, mais aussi par la variété de ses coloris.

Joseph Kaiser (Lenski)

Joseph Kaiser (Lenski)

L’impeccable et fine diction de Jean-Paul Fouchécourt permet de retrouver un Monsieur Triquet chantant en langue française, principale entorse musicale que Dmitri Tcherniakov s’était alloué dans sa production du Bolchoï en faisant interpréter cet air par Lenski, mais dans un but bien précis.

Le haut niveau musical de cette reprise bénéficie par ailleurs du soutien d’un orchestre et d’un chef intégralement consacrés au potentiel sentimental et langoureusement mélancolique de la partition, une fluidité majestueuse du discours qui en réduit aussi la noirceur.

La gestuelle souple, harmonieuse, de Vasily Petrenko, et son emprise sur les musiciens et les chanteurs s’admirent avec autant de plaisir.

Olga Guryakova (Tatiana)

Olga Guryakova (Tatiana)

Joseph Kaiser (Lenski)

Evidemment, comparée à la richesse du travail dramatique de l’équipe du Bolchoï, vers lequel le cœur reste tourné, la vision de Willy Decker paraît bien sage et naïve, simple dans son approche humaine, attachée au folkore russe qui pourrait rappeler les farandoles de Mireille la saison passée, et classique dans la représentation du milieu conventionnel et sinistre que rejoint Tatiana.

Mais il y a dans les éclairages, le fond de scène la nuit, les lumières d’hiver dans la seconde partie, un pouvoir psychique réellement saisissant.

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Publié le 13 Septembre 2010

Eugène Onéguine (Piotr Ilyitch Tchaikovski)
Représentation du 11 septembre 2010

Théâtre Royal de Madrid

Madame Larina Makvala Kasrashvili
Tatiana Tatiana Monogarova
Olga Oksana Volkova
La Nourrice Nina Romanova
Lenski Alexey Dolgov
Eugène Onéguine Mariusz Kwiecen
Le Prince Grémine Anatolij Kotscherga
Zaretski Valery Gilmanov

Mise en scène Dmitri Tcherniakov

Direction musicale Dmitri Jurowski
Solistes, Orchestre et Chœurs du Bolchoï
 

                                                                                             Mariusz Kwiecen (Eugène Onéguine)

En septembre 2008 Gerard Mortier ouvrait sa dernière saison parisienne avec la volonté de faire connaître au public parisien un nouveau metteur en scène : Dmitri Tcherniakov.

Sa réflexion sur Eugène Onéguine prenait l’apparence d’un classicisme typique de la Comédie Française pulvérisé de toute part par des touches ironiques totalement absentes du livret, et l’on pourrait n’attirer l’attention que sur la manière dont Lenski était tourné en dérision par son entourage, y compris Olga.

Deux ans après, jour pour jour, le Teatro Real de Madrid a donc l’honneur de découvrir ce travail scénique déjà longuement commenté dans ces pages.

Tatiana Monogarova (Tatiana)

Tatiana Monogarova (Tatiana)

On pourrait se croire lassé par une production qui fut également diffusée sur Arte puis éditée en DVD, et pourtant, la libération émotionnelle de Tatiana, seule à sa table et s’ouvrant entièrement à Onéguine avec une tension croissante, engendre un frisson électrisant qui trouve son origine dans une vérité trop justement exprimée.

Il en va de même de cette véritable exécution à cœur ouvert que subit Tatiana, opposée à celui qu’elle aime de part et d’autre des extrémités de l’immense table.

Toute l’approche de Dmitri Tcherniakov est une mise en valeur du courage qu’implique la résistance au mimétisme des attitudes conventionnelles, un constat de la facilité avec laquelle l’entourage social tombe dans le convenu uniforme et le dérisoire.

Et c’est dans les couleurs les plus intimes que l’orchestre du Bolchoï  fond, sous la main de Dmitri Jurowski, un rendu sonore au cœur battant.

En revanche, les scènes de fêtes s’animent d’un élan très contrôlé avec une étrange manière de conclure les mouvements théâtraux avec force excessivement appuyée, quand ce ne sont pas les cors qui exagèrent.

Tatiana Monogarova (Tatiana)

Tatiana Monogarova (Tatiana)

Tous les chanteurs sont conviés à rendre vie à leurs personnages selon des lignes bien précises, Olga (Oksana Volkova) désinvolte et insensible que l’on devine très bien en future Madame Larina - rôle repris par Makvala Kasrashvili avec un peu moins de finesse qu’à l‘Opéra Garnier - , Tatiana qui souffre, sans mépris, son entourage complètement stupide - jeune paysanne dont Tatiana Monogarova décline les tourments d’une voix claire et subtilement ondulée, et avec des regards aussi miraculeux de lucidité et d’humanité que ceux de sa compatriote Ekaterina Shcherbachenko, elle aussi présente en alternance.

Dans ce monde indifférent, Alexej Dolgov se révèle un interprète impulsif de Lenski.
Son être vit au plus près d’une âme aussi entière que celle de Tatiana, mais qui ne peut éviter, par imprudence et manque de distanciation, de tomber et d’y laisser sa peau.
Son chant s’approche moins de la préciosité bourgeoise que de l’authenticité populaire.

Mariusz Kwiecen (Eugène Onéguine) et Alexej Dolgov (Lenski)

Mariusz Kwiecen (Eugène Onéguine) et Alexej Dolgov (Lenski)

Rodé à son rôle d’homme en recherche de contenance et d’un pathétique besoin de reconnaissance au dernier acte, Mariusz Kwiecen est l’immature à la voix mûre, la noirceur charmeuse.

Il retrouve un autre partenaire des représentations parisiennes, Anatolij Kotscherga, plus appliqué à Madrid à affiner une douceur décalée en regard d’une autorité lucide et de fer.

Bien que d’une rondeur plus maternelle, la voix de Nina Romanova ne fait pas oublier celle de Emma Sarkisyan, usée, mais plus humaine par le vécu qu’elle évoquait.

A l’occasion de la Noche en Blanco, la retransmission du spectacle sur la plaza de Oriente a attiré environ deux mille personnes, pas autant que pour une star nationale comme Placido Domingo, mais avec un même enthousiasme, surtout lorsque les artistes vinrent saluer au balcon du Théâtre Royal.

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Publié le 29 Août 2010

Samedi 04 septembre 2010 sur France 3 à 20H35
Rigoletto (Verdi)  Acte I

En direct du Palazzo Te à Mantoue.

Avec Placido Domingo, Vittorio Grigolo, Julia Novikova, Ruggero Raimondi, direction Zubin Mehta. Mise en scène Marco Bellocchio.

Dimanche 05 septembre 2010 sur Arte à 06H00
Découvrir un Opéra : La Mouche (David Cronenberg)

Dimanche 05 septembre 2010 sur Arte à 09H45
Platée (Rameau)
Enregistré à l’Opéra National du Rhin.
Par les Talens Lyriques, direction Christophe Rousset, mise en scène Marianne Clément.
Avec Emiliano Gonzales-Toro, Salomé Haller, François Lis, Judith van Wanroij.

Dimanche 05 septembre 2010 sur France 3 à 14H15
Rigoletto (Verdi)  Acte II

En direct du Palazzo Te à Mantoue.

Avec Placido Domingo, Vittorio Grigolo, Julia Novikova, Ruggero Raimondi, direction Zubin Mehta. Mise en scène Marco Bellocchio.

Dimanche 05 septembre 2010 sur Arte à 19H15
Piotr Anderszewski, piano,  en récital à Varsovie (2008)

Dimanche 05 septembre 2010 sur Arte à 20H40
La Chorale du bonheur (film de Kay Pollack)

Dimanche 05 septembre 2010 sur Arte à 22H50
Musique mon amour (documentaire)
 

Dimanche 05 septembre 2010 sur France 3 à 23H25
Rigoletto (Verdi)  Acte III

En direct du Palazzo Te à Mantoue.

Avec Placido Domingo, Vittorio Grigolo, Julia Novikova, Ruggero Raimondi, direction Zubin Mehta.Mise en scène Marco Bellocchio.

Lundi 06 septembre 2010 sur TF1 à 02H55
Ensemble vocal de l’Ain 2010

Lundi 06 septembre 2010 sur Arte à 06H00
Simone Kermes et le Venice Baroque Orchestra

Lundi 06 septembre 2010 sur Arte à 22H40
Cavalleria Rusticana
Avec Jose Cura, Paoletta Marocu, direction Stefano Ranzani (Zürich 2009)

Mardi 07 septembre 2010 sur France 2 à 00H30
Docteur Ox (Offenbach)

Enregistré en décembre 2004 au Théâtre de l'Athénée Louis-Jouvet.

Mise en scène de Stéphan Druet. Direction Benjamin Levy. Avec Aurélia Legay, Christophe Crapez.

Mardi 07 septembre 2010 sur Arte à 06H00
Concert Bach, Ravel, Beethoven, avec les sœurs Skride

Vendredi 10 septembre 2010 sur France 3 à 23H55
Une journée à Vérone.

Samedi 11 septembre 2010 sur France 3 à 00H25
Vive Offenbach!

Emission présentée par Alain Duault.

Dimanche 12 septembre 2010 sur Arte à 09H50
Les Chœurs d‘Afrique du Sud (Cape festival 2010)

Dimanche 12 septembre 2010 sur Arte à 19H15
Rolando Villazón (Berlin 2005)
Verdi, Puccini, Donizetti, zarzuelas espagnoles et latino-américaines.

Lundi 13 septembre 2010 sur Arte à 06H00
Concert Bach, Ravel, Beethoven, avec les sœurs Skride

Lundi 13 septembre 2010 sur Arte à 22H20
Rolando Villazón : un rêve mexicain

Mardi 14 septembre 2010 sur France 2 à 00H30
Retour à Belgrade : Nemanja Radulovic

Mardi 14 septembre 2010 sur Arte à 06H00
Concert Hartmann : Symphonie n°1 "essai pour un Requiem"

Vendredi 17 septembre 2010 sur Arte à 06H00
Rolando Villazón (Berlin 2005)

Samedi 18 septembre sur France 3 à 00H10

L'Oiseau de Feu (Stravinsky) 

Orchestre de Paris, direction Pierre Boulez (2008)

Samedi 18 septembre sur France 3 à 01H15

 Nabucco (Verdi)

Au stade de France en 2008. Mise en scène de Charles Roubaud. Par l'Orchestre National d'Ile de France, dir Yoel Levi. Avec Roberto Servile, Carlo Guido.

Samedi 18 septembre 2010 sur Arte à 12H55
Rolando Villazón : un rêve mexicain

Dimanche 19 septembre 2010 sur Arte à 10H05
Stravinsky & les Ballets Russes (Théâtre Mariinski)

Dimanche 19 septembre 2010 sur Arte à 19H15
9ième Symphonie de Gustav Mahler 

Direction Claudio Abbado, Festival de Lucerne 2010. 

Mardi 21 septembre 2010 sur France 2 à 00H30
Leonard Bernstein. Documentaire.

Vendredi 24 septembre sur France 3 à 23H55

L'heure de Cécilia Bartoli

Dimanche 26 septembre 2010 sur Arte à 10H30
Musique mon amour (documentaire)

Dimanche 26 septembre 2010 sur Arte à 19H15
Concerto pour violon en ré mineur de Benjamin Britten 

Janine Jansen (Violon), direction Paavo Järvi

Lundi 27 septembre 2010 sur Arte à 22H15
Elina Garanca, cantatrice (2006)

Mardi 28 septembre 2010 sur France 2 à 00H30
Orphée : le mythe retrouvé

Orphée et Eurydice, trentième opéra de Gluck, remanié par David Alagna.

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Rédigé par David

Publié dans #TV Lyrique

Publié le 22 Août 2010

Représentation du 15 août 2010
Festival de Sanxay

Norma Sorina Munteanu
Adalgisa Géraldine Chauvet
Clotilde Marianne Crébassa
Pollione Thiago Arancam
Orovesso Wojtek Smilek
Flavio Paul Rosner

Direction musicale Didier Lucchesi
Mise en scène Jack Gervais

 

 

 

Géraldine Chauvet (Adalgisa) et Thiago Arancam (Pollione)

 

Naturellement, il y a un certain rapprochement historique à faire revivre Norma sur la scène d’un ancien théâtre romain.

Cependant, l’extraordinaire apparaît sur une prise de conscience, lorsqu’il se produit quelque chose de poétique.

Il est vrai qu’il y a quelque péril à aborder d’entrée « Casta Diva », lorsque la voix n’a pas encore toute sa souplesse, et Sorina Munteanu ne peut sortir, dans un premier temps, d’une posture un peu trop glaciale, que la rudesse de certaines sonorités tend à figer.

Jusqu’à ce que ne survienne le duo, très intime, « Sola, furtiva at tiempo » où la jeune Adalgisa révèle son amour pour un homme qui s’avère être Pollione.

 Sorina Munteanu (Norma)

Sorina Munteanu (Norma)

Géraldine Chauvet, chanteuse qui possède non seulement les nuances, la finesse des lignes mélodiques, mais aussi la sensibilité dans la voix qui transmet si naturellement la réalité de ses sentiments, répond à la soprano roumaine à travers un échange mis en scène de façon touchante, chacune s’étant assise le long des marches opposées de part et d’autre du temple.

A cet instant, Sorina Munteanu prend une dimension humaine qui va s’accroitre comme si ce qu’elle vivait intérieurement faisait craquer de toutes parts sa position de grande prêtresse. Le jeu est conventionnel, et pourtant, il s’agit d’un conventionnel très habité, émotionnellement crédible qui exploite la force du regard.

Marianne Crébassa (Clotilde)

Marianne Crébassa (Clotilde)

La voix, elle aussi, devient plus colorée et sensuelle, avec de petites coloratures de ci de là.
Et c’est à ce moment précis que l’on songe à ce qu’il y a de fou à écouter un spectacle lyrique d’une telle qualité en pleine campagne.

Encore très jeune, Thiago Arancam joue un Pollione anti-héro, ce qui ne fait que mettre en relief la haute dignité de toutes les femmes du drame. Le timbre fumé a juste besoin d’un peu plus de puissance pour appuyer la virilité du personnage, mais cette manière si prévisible de bouger mériterait un stage de quelques jours dans les mains d’un Tcherniakov ou bien d’un Warlikowski pour acquérir un minimum de potentiel théâtral.

Sorina Munteanu (Norma)

Sorina Munteanu (Norma)

Le rôle est court mais suffisant pour apprécier l’élégance de Marianne Crébassa (Clotilde) tant physique que musicale, élégance qui rejoindra  l’atelier lyrique de l’Opéra National de Paris à la rentrée prochaine.

Wojtek Smilek (Orovesso) et Paul Rosner (Flavio) sont des partenaires irréprochables, le second ayant en plus un timbre fort qui valorise sa présence.

Le travail scénique se distingue par la simplicité du cadre, les colonnes du temples, les marches, relativement peu d’accessoires, un beau rendu des ambiances lumineuses, des jeux d’ombres et des faisceaux de projecteurs qui illuminent des nuages de vapeurs.

L’orchestre, riche d’une soixantaine de musiciens, soutient l’ensemble du spectacle en réalisant de très jolies choses comme, par exemple, ces pulsations des cordes qui flirtent avec la légèreté ondoyante que développera Wagner plus tard dans Tannhäuser.

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