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Publié le 25 Juillet 2022

Beethoven, Schubert ... Zemlinsly, Mahler & Liszt  - Lieder allemands
Récital du 23 juillet 2022
Bayerische Staatsoper

Ludwig van Beethoven Adelaide
Franz Schubert Der Musenshon
Felix Mendelssohn-Bartholdy Auf Flügeln des Gesanges
Edward Grieg Ich liebe dich
Robert Schumann Wirdmung
Johannes Brahms In Waldeseinsamkeit
Antonín Dvořák Als die alte Mutter
Piotr Ilitch Tchaïkovski Nur wer die Sehnsucht kennt
Richard Strauss Allerseelen
Hugo Wolf Verborgenheit
Alexander von Zemlinsky Selige Stunde
Gustav Mahler Ich bin der Welt abhanden gekommen

Franz Liszt
Vergiftet sind meine Lieder
Im rhein, im Schönen Strome
Freudvoll und leidvoll (2 Fassungen)
O lieb, solang du lieben kannst
Es war ein König in Thule
Die drei Zigeuner
Ihr Glocken von Marling
Die Loreley

Ténor Jonas Kaufmann
Piano Helmut Deutsch

Ayant du annuler, pour cause de symptômes covid prononcés, sa participation aux représentations de 'Cavalleria Rusticana' et 'Pagliacci' prévues au Royal Opera House de Londres au cours du mois de juillet, Jonas Kaufmann a toutefois maintenu sa présence au récital du 23 juillet proposé par le Bayerische Staatsoper. 

Jonas Kaufmann

Jonas Kaufmann

La soirée est intégralement dédiée à l'art du lied allemand avec, en première partie, 12 mélodies de 12 compositeurs différents que l'on peut retrouver sur le disque édité en 2020 chez Sony, 'Selige Stunde', hormis 'In Waldeseinsamkeit' de Johannes Brahms qu'il interprétait en concert cette saison auprès de Diana Damrau, et, en seconde partie, 9 lieder de Franz Liszt que l'on peut réécouter sur l'enregistrement 'Freudvoll und leidvoll' édité également chez Sony en 2021, aboutissement du regard sur un répertoire que l'artiste ravive régulièrement en public depuis une décennie.

Des microfailles se sont bien manifestées dans les passages les plus sensibles des premières mélodies, mais elles se sont totalement estompées à l'approche des compositions fin XIXe et début XXe siècles les plus profondes et les plus délicates d'écriture. 

Helmut Deutsch et Jonas Kaufmann

Helmut Deutsch et Jonas Kaufmann

Le coulant mélodique de 'Auf Flügeln des Gesanges', 'Ich liebe dich' et 'Wirdmung' est assurément celui que l'on associe le plus facilement au charisme du chanteur car il draine un charme nostalgique qui lui colle à la peau avec une évidence confondante.

Puis, 'Als die alte Mutter' et 'Nur wer die Sehnsucht kennt' s'imprègnent d'une tristesse slave si bien dépeinte par la gravité d'un timbre de voix sombre et doux. Cet art de la nuance, des teintes ombrées et des tissures fines et aérées si 'hors du temps' de par leur immatérialité, s'épanouit ainsi dans un cisellement hautement escarpé comme pour décrire avec la précision la plus acérée les cimes des sentiments enfermés sur eux-mêmes qui parcourent avec une lenteur dépressive les trois lieder composés respectivement par Hugo Wolf, Alexander von Zemlisky et Gustav Mahler.

Jonas Kaufmann

Jonas Kaufmann

Les lieder de Franz Liszt poursuivent ce mouvement introspectif sans se départir d'une écriture qui permette au chanteur d'exprimer une volonté rayonnante. 'O lieb, solang du lieben kannst' est dans cet esprit l'un des sommets de cette seconde partie à propos d'un amour qui doit savoir surmonter les blessures des mots les plus durs, une exhortation à la sagesse que l'on retrouve dans 'Die drei Zigeuner' Jonas Kaufmann semble discourir plus que jamais au creux de l'oreille de l'auditeur.

La beauté contemplative d''Ihr Glocken von Marling' et ses subtils murmures en forme de berceuse qui glissent sur les perles rêveuses du piano d'Helmut Deutsch ne font que précipiter une émotion intérieure subjugée par le sentiment d'une perfection humaine miraculeuse.

Helmut Deutsch et Jonas Kaufmann

Helmut Deutsch et Jonas Kaufmann

Tout au long de ce récital qui se conclura pas 5 bis choisis dans la même tonalité et par un "Heureux d'être de retour à la maison!" de la part du chanteur, son compagnon au piano aura émerveillé tant par la clarté lumineuse et son touché soyeux que par une attitude qui veille à ne laisser aucun épanchement dévier d'une ligne lucide et rigoureuse magnifiquement mêlée au phrasé de Jonas Kaufmann

L'acoustique de la grande salle du Bayerische Staatsoper offre en supplément une enveloppe sublime à une expression intimiste totalement vouée au recueillement.

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Publié le 12 Janvier 2020

Quatuor Van Kuijk (Christian Rivet - 2019, Wolfgang Rihm - 2004, Robert Schumann - 1842)
Biennale de quatuors à cordes - Concert du 11 janvier 2020
Amphithéâtre de la Cité de la musique

Christian Rivet Quatuor n° 1 - Amahlathi amanzi
2019, création mondiale, co-commande de ProQuartet et Het Concertgebow d’Amsterdam
Wolfgang Rihm Quartettstudie
Robert Schumann Quatuor à cordes n° 3

Quatuor Van Kuijk
Nicolas Van Kuijk , violon  Sylvain Favre-Bulle, violon
Emmanuel François, alto     François Robin, violoncelle

8 ans après la 5e biennale des quatuors à cordes à laquelle participait avec un programme Rihm, Schumann et Beethoven le Quatuor Ysayë, le Quatuor Van Kuijk prend la relève de cet ensemble auprès duquel il a grandi, pour interpréter à nouveau Rihm et Schumann mais dans un esprit alternatif à Beethoven qui est à l'honneur de cette 9e biennale à la Cité de la musique.

 Sylvain Favre-Bulle, violon

Sylvain Favre-Bulle, violon

Sur la scène de ce magnifique auditorium surmonté d’un orgue au buffet de bois originalement sculpté en une forme de coupe sacrale (facture Jean-François Dupont 1994), les quatre musiciens ouvrent leur concert par le Quatuor n° 1 - Amahlathi amanzi que Christian Rivet, présent dans la salle, a créé spécialement pour eux, et qu’ils avaient pu préalablement jouer à Amsterdam au cours de l’automne dernier.

Le quatuor Van Kuijk et l'orgue de l'amphithéâtre de la Cité de la Musique

Le quatuor Van Kuijk et l'orgue de l'amphithéâtre de la Cité de la Musique

L’acoustique à la fois chaude et concentrée de l’amphithéâtre permet d’entendre la moindre vibration et sentir la rondeur de chaque trait musical, et les sonorités isolées de cette pièce inspirée par l’ambiance des forêts africaines sont comme un jeu de correspondance entre chaque instrument, et défilent sur un fond de silence comme si l’on parcourait le ciel en rencontrant telle ou telle étoile alors que, parfois, elles se regroupent en une nappe impressive et finement dentelée. L’effet méditatif est par ailleurs renforcé par l’attention totale du public.

Nicolas Van Kuijk et Sylvain Favre-Bulle, violons

Nicolas Van Kuijk et Sylvain Favre-Bulle, violons

La remontée progressive dans le temps s’arrête ensuite sur le Quartettstudie composé par Wolfgang Rihm et créé à Munich le 16 septembre 2004 par le Quatuor Ebène.

La musique s’étire en élongations d’archets quasi-cristallins entrelacés de motifs allègres ou pathétiques, décrit le sentiment nostalgique des souvenirs, change brusquement de rythme, surprend donc l’auditeur, et la fougue des musiciens surgit ainsi de l’intensité avec laquelle ils imprègnent la tension qui irrigue les mouvements qui les relient.

Quatuor Van Kuijk (Amahlathi amanzi - Wolfgang Rihm -   Robert Schumann) Cité de la musique

On retrouve dans la seconde partie du concert cette même intensité saisissante qui correspond si bien aux émotions du jeune Robert Schumann qui débutait sa vie familiale avec Clara à Liepzig en 1842.
Le jeu de regards croisés entre les quatre artistes, second violon (Sylvain Favre-Bulle) vers premier violon (Nicolas Van Kuijk), alto (Emmanuel François) vers violoncelle (François Robin) est une surveillance de tous les instants et prend même des allures ludiques, mais à d’autres moments l’intensité des émotions se charge d’une douce colère et d’une insistance qui entraîne ce 3e quatuor à cordes dans un romantisme quasi-révolutionnaire dont on ressort chargé et empli de densité.

François Robin (violoncelle), Emmanuel François (alto), Sylvain Favre-Bulle et Nicolas Van Kuijk (violons)

François Robin (violoncelle), Emmanuel François (alto), Sylvain Favre-Bulle et Nicolas Van Kuijk (violons)

Et pour finir, sous forme de bis, le quatuor nous fait redécouvrir l'adagietto de l'Arlésienne, musique de scène dédiée aux cordes d'un grand ensemble qui fut composée par Georges Bizet en 1872, dans une interprétation frémissante et inaltérée de la partition originale.

Le concert était enregistré par Radio France, on ne peut qu’espérer le réécouter ultérieurement sur France Musique.

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Publié le 13 Février 2010

Simon Keenlyside
Récital du 12 février 2010 au Palais Garnier
Piano Malcolm Martineau

Faure
Mandoline op 58/1 (Verlaine) En sourdine op 58/2 (Verlaine) Green op 58/3 (Verlaine) Notre amour op 23/2 (Silvestre) Fleur jetée op 39/2 (Silvestre) Spleen op 51/3 (Verlaine)
Madrigal de Shylock op 57/2 (Haraucourt) Aubade op 6/1 (Pomey) Le papillon et la fleur op1/1 (Hugo)

Ravel                                    Schumann
Histoires naturelles                          Dichterliebe

Bis : Schubert : der Einsame, die Sterne D.939, Nachtviolen, Wanderer an den  Mond, Brahms : Wir wandelten

Touchant, avec une unité d’âme qui nous ramène à notre propre intériorité, et une humilité qui balaye si facilement le souvenir des vaines vanités de la vie, Simon Keenlyside offre un chant aussi marqué de gravité, qu’il peut s’éclaircir pour susurrer le charme subtil de la nature.

Le visage s’exprime, et retrouver ainsi une si pure vérité renvoie à chacun, je le crois, l’idée que la sincérité est une affaire de courage.   

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