Publié le 6 Juillet 2007

Don Giovanni (Version de Vienne)
Theater an der Wien (Vienne)

Représentation du 16 août 2006

Direction Musicale Bertrand de Billy
Mise en scène Keith Warner

Don Giovanni Gerald Finley Donna Anna Myrto Papatanasiu
Leporello Hanno Müller-Brachmann Donna Elvira Heidi Brunner
Le Commandeur Attila Jun Zerlina Adriana Queiroz
Don Ottavio Mathias Zachariassen Masetto Markus Butter

Le mérite de cette production est de porter Don Giovanni à un niveau de drôlerie jamais vu pour ma part.
Nous sommes le 27 janvier 2006 à l’’Hôtel Universal’ où un bal masqué est donné le soir même.
Don Giovanni est le maître des lieux, Leporello le réceptionniste.
 
Le démarrage est époustouflant, Don Giovanni et Donna Anna débarquent à la réception par un premier ascenseur, l’impressionnant commandeur se présente par le second ascenseur, laissant juste à Donna Anna le temps de lancer une épée à son agresseur pour se défendre.
Myrto Papatanasiu est ici d’une agressivité remarquable pour le rôle.
Don Ottavio, venu pour la soutenir, est un homme de foi dépassé par l’action (c’est l’ impression qu’il donne en tout cas).
Mathias Zachariassen ne paraît pas dans son meilleur emploi, car c’est un ténor dont la solidité du timbre évoque plus l’héroïsme que la douceur rassurante.
L’arrivée de la très bourgeoise Donna Elvira est amusante avec son porte-bagages aussi haut qu’elle. Son intervention en costume d’escrimeur, pour sauver Zerline, est tout simplement hilarante. Heidi Brunner est d’un tempérament déterminé et ennobli par la qualité de ses graves.

Cependant, la palme de la musicalité va à Adriana Queiroz. Son duo avec Don Giovanni est délicieux.
Elle incarne une femme de ménage pleine de vitalité, espiègle, tendre : une véritable et réjouissante réussite scénique.
La jeune chanteuse brésilienne est particulèrement mise en valeur, car cette version lui accorde une scène complète avec Leporello au deuxième acte qui n’est pas reprise dans la version classique.
Markus Butter est un Masetto parfaitement à l’aise.

Gerald Finley n’avait pas spécialement marqué Bastille en Don Giovanni. Pourtant ses talents de comédien sont indéniables. Il joue avec une fausse innocence, à en devenir attachant, d’autant que son chant est très correct sans toutefois rendre ‘Deh, vieni a la finestra’ renversant.
Hanno Müller-Brachmann est un Leporello mince, juvénile, tout aussi bon acteur que Finley et qui chante avec soin.

Dans ce décor de couloirs d’hôtel, de salle de danse et de chambres construit en trompe l’œil (c'est-à-dire avec des effets de profondeurs), Keith Warner réalise un travail remarquable de comédie. Il associe autant que possible les moindres mouvements sur scène avec la musique afin d’en accentuer l’effet.
Bertrand de Billy dirige donc également avec cet esprit de coller au plus prêt, se permettant de petites fantaisies par ci par là (comme obtenir de l’orchestre de perturber l’harmonie pour souligner le désabusement de Leporello). L'ouverture surprend par son dramatisme.
Balcon du Théâtre au début de la représentation

Balcon du Théâtre au début de la représentation

On a beau connaître Don Giovanni, ici la comédie dure en réussissant à gommer l’inquiétude, même lors de la scène du cimetière (devenu le local à bagages de l’hôtel). Impossible de ne pas se demander comment cela va basculer.
 
La surprise est totale : la scène du dîner est propulsée dans le temps.
Dans un décor glacial et désolé évoquant les dernières minutes de ‘2001 l’odyssée de l’espace’, on retrouve le séducteur à la fin de sa vie. Elvire (également plus toute jeune) survient et blesse mortellement son ancien mari avant que le commandeur d’Attila Jun (surtout impressionnant par son physique) ne viennent l’emporter dans un bain de sang (sans doute excessif).
L’opéra se termine brutalement sur la mort du héros.

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Publié le 6 Juillet 2007

Lucia di Lammermoor (Gaetano Donizetti)

Représentation du 09 septembre 2006 à l'Opéra Bastille
 
Mise en scène Andrei Serban
Décors et costumes William Dudley  

Lucia Natalie Dessay
Edgardo di Ravenswood Matthew Polenzani
Enrico Ashton Ludovic Tézier
Raimondo Bidebent Kwangchul Youn
 
Direction musicale Evelino Pidò

 

Dément ! je n’ai pas trouvé d’autres mots pour cette scène de folie qui ne vous arrache pas une seule larme mais vous laisse sans voix si j’ose dire.
Natalie Dessay fait de Lucia une femme se dépassant elle-même, ayant tellement accumulé qu’elle ne peut plus que libérer une énergie folle. L’enchevêtrement de tréteaux en est même escaladé sans y penser.
Cette démonstration d’agilité et de puissance (et ce cri d’effroi !), cet engagement inouï, semblent tellement périlleux pour sa voix que j’en ai eu peur pour elle.
On admire également cette propension à rechercher les situations casse-cou comme si Serban n’en faisait pas assez.

A l’inverse, que de sagesse chez Ludovic Tézier. Tout est beau. Jamais son chant ne risque une petite inflexion expressive histoire d’insuffler un peu plus d’énergie à une action limitée.
Tout est dans le regard et la voix. Un Enrico d’une intelligence froide.

Avec Kwangchul Youn nous avons notre ‘Alain Delon de l’opéra’. D’une classe remarquable, son autorité appuyée par la richesse d’une belle voix de basse capte l’attention à chacune de ses interventions.
 
Face à ces trois grand artistes, Matthew Polenzani peine un peu à s’affirmer et la grâce des premières notes de l’air final ‘Tombe degli avi miei’ semblent indiquer que Mozart pourrait être un répertoire qui le mettrait plus en valeur.
Edgar est un ténor un peu plus héroïque et soutenu par un registre suffisamment grave pour exprimer une force qui ici fait parfois défaut.
Cependant la scène de colère à la fin du IIième acte est très convaincante.
Natalie Dessay, Matthew Polenzani et Kwangchul Youn

Natalie Dessay, Matthew Polenzani et Kwangchul Youn

Etant un inconditionnel de Evelino Pido, un mot suffira : flamboyant.

Au rideau final, André Serban récolte les salutations bruyantes habituelles pour les mises en scènes décalées et qui doivent être aussi une forme d’expression de « bonne rentrée » adressée à Gerard Mortier.

Très habile, le metteur en scène revient une deuxième fois saluer seul rejoint alors par Natalie Dessay dont l’enthousiasme à son égard et les gestes moqueurs dirigés vers le public agité sont fort drôles : Quel ringard ce public parisien tout de même.

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Publié le 6 Juillet 2007

Simon Boccanegra (Verdi)
Répétition générale du 07 avril 2007
 (Opéra Bastille)

Simon Boccanegra Dimitri Hvorostovsky
Amélia Olga Guryakova
Gabriele Stefano Secco
Fiesco Franz Josef Selig
Paolo Frank Ferrari

Mise en scène Johan Simons
Direction musicale James Conlon

Une répétition est toujours enveloppée de réserves d’autant plus que dans le cas de Simon Boccanegra les artistes ne semblent pas, pour l’instant, en accord parfait avec l’expression musicale et théâtrale de l’œuvre.

La noblesse de chant de Dmitri Hvorostovsky impose d’emblée un homme d’élite au cœur généreux opposé à l’autorité de Franz Josef Selig, Fiesco massif et dénué de toute force vitale.

 

Olga Guryakova

Olga Guryakova

Franck Ferrari impeccable de perfidie, mais charme, projection et présence de O.Guryakova ne masquent cependant pas les atteintes faites aux lignes musicales : passages en force et décalages extériorisent une nervosité excessive.
Le duo avec Simon Boccanegra impose quand même un temps fort de la représentation.

Stefano Secco absolument magnifique et stupéfiant d’audace pour une générale.

James Conlon accomplit un retour fracassant et accumule dans la fosse toute la violence des rapports politiques.
 
Pour cette reprise, la révision des costumes embourgeoise protagonistes et figurants et les éclairages, dans l’ensemble très assombris, créent également de meilleurs contrastes et de très beau effets chatoyants avec le rideau argenté.

 

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Publié le 6 Juillet 2007

L'Affaire Makropoulos (Leos Janacek)
Répétition générale du mercredi 25 avril 2007 (Bastille)


Direction musicale Tomas Hanus
Mise en scène Krzysztof Warlikowski

Emilia Marty Angela Denoke
Albert Gregor Charles Workman
Jaroslav Prus Vincent Le Texier
Vítek David Kuebler
Krista Karine Deshayes
Janek Ales Briscein
Maître Koleanaty Paul Gay
Hauk-Sendorf Ryland Davies

Représentations du 27 avril au 18 mai.

Avant la répétition générale de mercredi soir, j'avais jugé utile de me faire un petit résumé de l'histoire pour ne pas être trop perdu. Je le restitue ci dessous.

Au début du XVIIème siècle, un élixir prolonge pour des siècles la vie d' Elina Makropoulos.
Tous les 60/70 ans elle doit donc changer d'identité, mais peut conserver ses initiales.

En 1820, sous le nom de Elian Mac Gregor, elle a un fils, Ferdinand (non reconnu officiellement), né de sa relation avec le baron Prus.
A la mort de ce dernier, l'héritage est transmis à son cousin, jusqu'à ce qu'un dénommé Mc Gregor vienne réclamer sa part.
S'en suit un procès "Mc Gregor/Prus" qui va durer un siècle.

Au XXème siècle, Elina Makropoulos s'appelle dorénavant Emilia Marty, une célèbre chanteuse.
Impliquée dans cette affaire, Emilia Marty cherche à récupérer des documents auprès de l'avocat Koleanaty, puis auprès de Prus, qui pourraient être aussi bien le secret de l'élixir de vie que la preuve que Ferdinand Mc Gregor est bien son fils.

Pour compliquer la chose, Albert Mc Gregor (le descendant) courtise Emilia qui est elle même prise en admiration par la jeune Krista dont le fiancé Janek, qui n'est autre que le fils de Prus, va finalement craquer pour cette artiste éternelle.

Cette œuvre est une aubaine pour Krzyzstof Warlikowski, car elle lui permet de projeter sa passion pour l'univers du cinéma Américain des années 30-50 et pour les vedettes immortelles auxquelles hommes et femmes peuvent vouer un amour éternel. 
King Kong semble ici employé pour symboliser cet amour infini et impossible.

L'espace scénique est une alternance entre un studio cinéma décoré de bakélite et l'intimité des salles d'eau où se déroulent les échanges les plus forts entre les protagonistes. 
Chaque acte est précédé de projections vidéo contribuant aussi bien à l'immersion dans ce monde cinématographique qu'à la cohérence de cette transposition. 
 
L'intensité vocale et la performance d'actrice d'Angela Denoke ne devrait laisser personne indifférent.

Lire également les impressions plus détaillées de la reprise de l'Affaire Makropoulos en 2009.

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Publié le 6 Juillet 2007

Die Frau ohne Schatten (Richard Strauss)
Représentation du 08 octobre 2006 (Capitole de Toulouse)


Der Kaiser Robert Dean Smith
Die Kaiserin Ricarda Merbeth
Die Amme Doris Soffel
Barak Andrew Schroeder
Sein Weib Janice Baird

Direction musicale Pinchas Steinberg
Mise en scène Nicolas Joel

Avec un timbre presque surnaturel, comme si les transitions même les plus brutales étaient lissées par un effet de voile, Riccarda Merbeth dresse une impératrice majestueuse et désespérée.
Sa seule excursion dans un registre très expressif au moment où elle réalise la pétrification de l’empereur bouleverse. Cette chanteuse m’a fasciné de bout en bout.

Janice Baird s’empare du rôle de la teinturière avec une théâtralité et une assurance comparable à ce que Waltraud Meier accomplie dans ces rôles de femmes enflammées.
La puissance dans l’émission révèle une dureté un peu limite ? oui, mais quels graves !

On rêve à entendre Robert Dean Smith, tant les ténors cumulant clarté, solidité et aptitude à émouvoir ne courent pas les rues.
Doris Soffel se démarque dans un rôle de nourrice protectrice et grande gueule.

Alors au milieu de ces monstres, Andrew Schroeder nous offre un Barak plus humain, à la fois dur et sensible.
 
Un tel plateau vocal paraît toutefois déséquilibré au regard des dimensions modestes du théâtre et de la lecture toujours aussi fine de Steinberg, orchestre et chanteurs semblant évoluer dans deux dimensions très distinctes.
Le chœur des veilleurs à la fin du Ier acte est d’une grâce…………

Avec beaucoup d’ingéniosité, la mise en scène de Nicolas Joël alterne entre un monde glacé aux lumières bleutées et le taudis rougeoyant, fumant et sale de la teinturière avant de s’achever sur un décor dont les motifs fleuris, les couleurs et l’éclat des costumes évoquent une vision idéalisée de l’humanité proche de Klimt.

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Publié le 6 Juillet 2007

Idomeneo (Mozart)
Répétition générale du lundi 27 novembre 2006 (Opéra Garnier)

Idomeneo Ramon Vargas
Idamante Joyce DiDonato
Ilia Camilla Tilling
Elektra Mireille DeLunsch
Arbace Thomas Moser

Direction Thomas Hengelbrock

Mise en scène Luc Bondy

 

Premières impressions après la dernière répétition.

Quelques réglages seront sans doute nécessaires mais le style de direction que propose Thomas Hengelbrock devrait ravir ceux qui ont été frustrés par la placidité de Gustav Kuhn dans Cosi fan tutte et La Clémence de Titus : attaques vives, sonorités brillantes, motifs qui fusent, aucune lourdeur n’exagère les passages les plus dramatiques.

Le plateau vocal s’annonce plutôt d’une bonne homogénéïté sans forcer sur le volume.

Joyce DiDonato et Camilla Tilling

Joyce DiDonato et Camilla Tilling

Charmante, Camilla Tilling exprime beaucoup de fragilité avec son timbre délicat et une émission parfois fluette, amoureuse d’un Idamante dont la clarté vocale de Joyce DiDonato n’a aucun mal à traduire la juvénilité.
Sans trop de surprise Ramon Vargas est un Idoménéo décidé et révolté et d’une musicalité remarquable par sa constance dans toute la tessiture.
Par ailleurs Thomas Moser touche par la sensibilité de son Arbace. 

En revanche Mireille Delunsch déçoit au départ - la première scène d’Elektra est dénuée de toute rage et n’exprime que lassitude – alors qu’au deuxième acte la tendresse de son personnage est convaincante. Les couleurs dans l’aigu restent discutables.
 
Beaucoup plus sombres que ne le laisse percevoir la retransmission télévisuelle l’année dernière, les couleurs de la scène balayent toutes les variantes du bleu turquoise au bleu Lapis- Lazuli.
L’Ile de Crête est plaquée au sol en relief à côté d’une trappe rouge qui s’ouvre à l’apparition du monstre marin.

Enlèvement du décor

Enlèvement du décor

Les toiles en arrière-plan sont illuminées par des faisceaux rasants provenant uniquement du plateau, jamais de la salle.
Elles évoquent les visages calmes ou agités de la mer d’où surgit même l’œil de Neptune. L’illusion de profondeur est parfois saisissante.

Le sentiment de désolation au troisième acte est poignant.

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Publié le 6 Juillet 2007

Les Troyens (Hector Berlioz)

Représentation du 21 octobre 2006

Opéra Bastille

Cassandre/Didon Deborah Polaski
Enée Jon Villars
Chorèbe Frank Ferrari
Le fantôme d’Hector Philippe Fourcade
Anna Elena Zaremba
Narbal Kwangchul Youn
Hylas Bernard Richter

 
Direction Sylvain Cambreling

Mise en scène Herbert Wernicke

 

On pourra dire ce que l’on veut sur les aspérités vocales de Deborah Polaski, la charpente est solide, l’intensité dramatique telle que Cassandre inquiète et Didon émeut.
Jon Villars, à stature égale, campe un Enée en rien héroïque mais pommé et tiraillé, ce que les modulations lyriques sans grandes élégances suggèrent plutôt bien.
Mais lorsque la voix de trépassé de Philippe Fourcade se fait entendre, le fantôme d’Hector accapare l’espace sonore et l’emprise psychique rend difficile de ne pas laisser échapper quelques frissons.
Les nappes orchestrales se mêlent à cette atmosphère absolument irréelle.

Si le Chorèbe de Frank Ferrari s’efface trop, Kwangchul Youn est toujours aussi classe sans oublier Bernard Richter pour la poésie de son Hylas.

La mise en scène de Herbert Wernicke est magnifique : grandes attitudes figées et nobles, effets sombres, une tristesse diffuse en permanence, et cette façon sobre d’exposer la splendide solitude de Cassandre.
En arrière plan de l’enceinte blanche, la faille est suffisamment large pour laisser les chromatismes de l’horizon évoluer en fonction des sentiments en jeu, ou de l’ambiance naturelle, et ainsi nous impressionner.
Plusieurs structures monumentales vont se succéder dont un avion de chasse écrasé au sol lors de la guerre de Troie, le fameux cheval ou le buste d’une statue de bronze dont la signification m’échappe. 

L’ensemble s’inscrit dans un cadre scénique au format cinémascope, rouge à Troie, bleu à Carthage, teintes que l’on retrouve sur les mains des protagonistes ou sur le rideau lorsque celui-ci est abaissé afin de maintenir un prolongement visuel.
Le duo d’amour est d’une très belle mélancolie et Wernicke pousse le chic jusqu’à nous offrir la vision de la constellation de Cassiopé (en forme de W) juste au dessus de l’horizon.
C’est très réaliste pour le lieu et permet même de situer la scène une nuit de printemps.

La surprise survient au moment de la grande scène de chasse transformée en une obsession traumatique de ce qu’a vécu Enée.
Des scènes de bombardements urbains par des missiles de croisières défilent en boucle tandis que les coups de tonnerre que suggèrent la partition accompagnent les images des tirs d’un croiseur. 
 
Dommage que Sylvain Cambreling n’est pas jugé nécessaire d’accentuer cette violence, mais il semble s’interdire toute exagération théâtrale en général (même lors du présage de Cassandre que sa vie va s’achèver sous les débris de Troie).
A ces quelques réserves près, sa direction délicate fourmille de détails fluidifie le drame et reçoit un accueil enthousiaste mérité. 

La dernière image de Rome ensanglantée ramène au point de départ. Une autre ville sera réduite, d’autres guerres se poursuivront, fondées sur les anciennes frustrations.

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Publié le 6 Juillet 2007

Salomé (Richard Strauss)

Représentation du 23 septembre 2006

Opéra Bastille

 

Salomé Catherine Naglestad
Herodes Chris Merritt
Herodias Jane Henschel
Jochanaan Eugeny Nikitin
Narraboth Tomislav Mužek

Direction musicale Hartmut Haenchen

Mise en scène Lev Dodin

 

Est-il si si étonnant que les cinq jours d’éloignement avec la première représentation aient pu favoriser à ce point là un approfondissement et une meilleure homogénéité musicale ?

Au fur et à mesure que l’on se laisse charmer par la suavité de Tomislav Mužek, l’attention se porte sur l’atmosphère éthérée lentement diffusée par l’orchestre.
Et lorsque Catherine Naglestad entame son délire face à Eugeny Nikitin, ligne de chant raffinée contre inflexions dignes, l’opéra baigne alors dans un océan de sensualité captivant.
La stature divine de Jochanaan s’estompe cependant, un soupçon de puissance supplémentaire n’aurait pas juré.
 
Chris Merritt et Jane Henschel forment un couple magnifiquement contrasté et crédible, tous deux excellents acteurs.
D’une grande clarté de timbre, le ténor exploite les aspects comiques et ridicules du tétrarque, alors que la mezzo prend un plaisir évident à sur-jouer l’hystérie et l’agacement de l’épouse.

Catherine Naglestad entame alors la danse des sept voiles, la fluidité de gestes acquise en fait un temps plein de transport.
L’effeuillage s’achève avec l’exposition provocante, lumineuse voir crâneuse de son corps intégralement nu vers Jochanaan.

Hartmut Haenchen ne déroge pas à sa ligne musicale pure et sensuelle quand la grande scène finale éclate, noyant littéralement les cuivres pour créer une impression feutrée pleine de vrombissements névrotiques au spectaculaire mesuré. C’est en fait sublime.
Après nous avoir joué la jeune fille capricieuse s’enlaçant autour des barreaux de la cellule du prophète, la soprano aborde les intonations sordides et extériorise un chant racé presque trop beau.

Si le jeu d’acteur est relativement conventionnel, je trouve que l’intérêt de la mise en scène résulte dans les variations d’ambiances lumineuses (qui ont l’air d’avoir été retouchées depuis la première).
Les tons nocturnes du début (vert bleuté) évoluent vers un jaune lumineux, puis ocre pour retrouver des couleurs froides. La danse est immergée dans une pénombre très réussie.

Accident mécanique ou bien modification volontaire ? il n’empêche que l’effet de l’éclipse qui se produit cette fois totalement à droite du tableau, partiellement cachée par le décor, est d’un point de vue esthétique bien meilleur.
Et cela évite la distraction d’un mouvement lunaire improbable en Judée (droite vers gauche).

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Publié le 5 Juillet 2007

Une rubrique essentielle pour mieux appréhender le contexte dans lequel des œuvres lyriques ont été créées ou représentées.
Chaque thème listé ci-dessous est un lien avec un article complet.

 

Italie
L'Opéra en Italie de 1570 à 1760

L'Opéra en Italie de 1770 à 1990



Vienne
 
 
Paris
 
 

L'Opéra de Paris depuis 1973
 

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Rédigé par David

Publié le 4 Juillet 2007


1867-1870 Franz Von Dingelstedt

Responsable de la transition et amateur de fastes scéniques auxquels il laisse libre cour avec le ballet ‘Sardanapale’.
Inauguration du nouvel opéra le 25 mai 1969 avec ‘Don Giovanni’
Il obtient la création des Maîtres Chanteurs le 27 février 1870.

1870-1875 Johann Von Herbreck
 
Son engagement le plus important est celui du chef Hans Richter.
Il n’arrive pas à surmonter les difficultés administratives dans le conflit entre l’Intendant général et Wagner sur les œuvres à jouer. Le Ring n’est pas monté.
Faust est tout de même son plus grand succès mais le Krack boursier de mai 1873 précipite la fin de sa direction.

1875-1880 Franz Von Jauner

Ce spécialiste du théâtre à sensation est chargé de remplir les caisses et de calmer les amateurs d’opéras. Il réussit à présenter le Ring et Wagner vient même diriger Lohengrin.
Ainsi voit on également Verdi diriger Aïda, Brahms le Requiem Allemand, Bizet disparaît malheureusement avant de diriger Carmen.
Les Huguenots est l’opéra le plus joué.
Les recettes atteignent un seuil critique alors que décors et costumes sont de plus en plus somptueux.
Un Intendant Général est nommé (Jauner avait obtenu sa suppression au début de son mandat) ce qui pousse le directeur à la démission.

1881-1897 Wilhem Jahn 

Sociable, aimable, spécialiste de la découverte de nouveaux chanteurs, il est apprécié de tous.
Marie Renard, Rosia Papier, Hermann Winchelmann, Theodor Reichmann ou Josef Ritter se produisent à Vienne tout comme à Bayreuth.
Il obtient la création de ‘Werther’ (en allemand) le 16 février 1892 et l’année suivante débute un cycle Wagner.
Le virage artistique de fin siècle (La Sécession) rend nécessaire le remplacement de ce directeur symbole d’un style fastueux et superficiel.

1897-1907 Gustav Malher

La cantatrice Rosia Papier et son mari ont suffisamment d’influence pour imposer Gustav Malher.
Il reconnaît que les belles voix ne suffisent pas et renouvelle la troupe avec de jeunes chanteurs capables d’interpréter des rôles.
Le décorateur Alfred Roller signe ici et jusqu’en 1930 des réalisations crédibles.
Des chanteurs comme Selma Kurtz, Erik Schmedes ou Anna Von Mildenburg font sensation.
Les chefs A.Von Zemlisky, Bruno Walter, Franz Schalk maintiennent un excellent niveau.
Malher n’arrive pourtant pas à imposer Salomé à la censure et sa démission est refusée.
Néanmoins il fait entrer La Bohème et les opéras de Tchaikovsky au répertoire et réussit une sensationnelle mise en scène de Don Giovanni.
Sa forte personnalité engendre des hostilités au moment où le déficit de la caisse augmente.
Cette fois on le laisse partir.

1908-1911 Felix Von Weingartner

Il s’empresse de détruire l’héritage Malher mais ne peut cependant supprimer l’ouverture de Léonore que ce dernier a rétabli dans Fidélio. Roller démissionne bien évidemment.
La troupe de chanteurs est maintenue.
Le baryton basse Victor Madin la rejoint et reste jusqu’en 1968, exemple même du chanteur consciencieux qui ne joue pas la vedette.
Weingartner est à l’origine de la mention du nom du chef et du metteur en scène sur les programmes de l’opéra. Il est de retour pour une transition en 35-36.

1911-1918 Hans Gregor

Beaucoup de nouveautés de la part de ce saxon dont le franc-parler ne plait pas aux Viennois.
Création de Ariane à Naxos (version remaniée), première de Parsifal et enfin Salomé en 1918.
Alfred Roller revient.
Gregor introduit des mises en scènes qui ont leur vie propre ce que les amateurs de pur musique critiquent.
Maria Jeritza et Lotte Lehmann sont les grandes vedettes.
A la fin de la guerre la République est proclamée. Pour le nouvel Intendant le créateur est tout.
Il nomme alors Richard Strauss et Franz Schalk comme nouveaux directeurs.

1919-1924 Franz Schalk / Richard Strauss

L’hostilité à la nomination de Strauss est unanime. A l’époque il passe pour avant-gardiste et cela fait peur. Par contre il reste très apprécié comme chef et les Viennois le réclament dans la fosse.
La collaboration ne fonctionne pas car aucun n’accepte d’être le second de l’autre.
Malgré la tension, le Ring est monté et Strauss offre la création de ‘La femme sans ombre’ en 1919.
Beaucoup d’oeuvres contemporaines rentrent au repertoire (Triptyque, Manon, Die tote stadt).

1924-1929 Franz Schalk

Richard Strauss reste chef d’orchestre.
Le 3 mai 1927 : première de Cardillac (créé à Dresde l’année précédente).
Lothar Wallerstein est engagé comme metteur en scène. Il inaugure le théâtre de metteurs en scène et le public va suivre demandant des interprétations plausibles.
La nomination d’un Intendant général, Franz Scheinderhan, dans un contexte de crise économique pousse Schalk à la démission.

1929-1934 Clémens Kraus

Comme sous le temps de Malher, l’opéra de Vienne se trouve sous le joug d’une volonté artistique inflexible.
Il impose le principe de troupe avec de nouveaux chanteurs : Viorica Ursuleac (qu’il épouse), Jarmila Novotna, Franz Volker …
Son Ring est une grande interprétation.
Il s’intéresse à l’opéra moderne (Wozzeck) et tente une création ‘Karl V’ de Ernst Krenek qui ne sera jouée qu’en 1987 sous la direction musicale de Leinsdorf.
Après l’assassinat de Dollfuss, le mandat de Kraus n’est pas prolongé. Le directeur accepte alors l’invitation de Berlin. Il n’est pas adhérent du parti National Socialiste bien que la plupart des artistes qui le suivent le seront.

1935-1936 Felix Von Weingartner

De retour pour assurer la transition.
L’opéra lui doit la première de ‘L’heure espagnole’ et un ballet très réussi ‘Der Liebe Augustin’ d’Alexander Steinbrecher.

1936-1940 Erwin Kerber

Bruno Walter devient son directeur artistique.
Tristan dirigé par Walter ou Fidélio avec Lotte Lehmann sont de grands moments.
Mais les agressions du parti Nazi contre certains artistes entraînent une hémorragie.
Friedrich Schorr qui a quitté l’Allemagne pour Vienne a droit à des boules puantes dans la salle. Walter, Lehmann, Krips et bien d’autres partent.

1940-1941 Heinrich Karl Strohm

Atteint de graves troubles mentaux il doit être rapidement remplacé.

1941-1942 Lothar Müthel

Il engage Rudof Moralt comme chef d’orchestre très apprécié.
Hans Hotter, Max Lorenz, Erich Kunz, Peter Klein deviennent des habitués.
Müthel insufle un nouveau souffle mozartien qui sera très admiré après la guerre.
Il fait venir le metteur en scène O.F Schuh et le décorateur C. Neher.

1943-1945 Karl Böhm

Il s’intéresse aux opéras de Mozart, Strauss et Wagner et embauche Sena Jurinac, Elisabeth Hïgen et Josef Herrmann.
En automne 44, la guerre totale annonce la fermeture de l’opéra.
Le 12 mars 1945, le bâtiment est la proie des flammes.

 

Pour aller plus loin, revenir à la rubrique Histoire de l'Opéra
 

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